I. Notes biographiques








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Hildegarde de Bingen, un météore ?
Hildegarde apparaît bien souvent comme un météore dans l’Histoire de l’Eglise, rattachée à aucune tradition. Face à cette image il me semble important de souligner le contexte qui lui permet d’écrire son œuvre.

Après quelques indications biographiques et bibliographiques il s’agira donc surtout d’insérer Hildegarde d’une part dans le contexte historique et d’autre part dans la ligne des femmes médiévales qui écrivent. Ce point nous conduira à nous interroger sur la possibilité d’une telle écriture féminine et plus largement sur le statut de la femme au Moyen Age, avant de mesurer la singularité de Hildegarde.

Deux visions de l’abbesse permettront de vérifier cette analyse.
I. Notes biographiques

Hildegarde1 naît aux alentours de 1098 d’une famille de la haute noblesse de la région du Rhin. Comme elle est le dixième enfant, conformément à l’usage de la dîme, ses parents la vouent à l’Eglise. Dans son autobiographie, elle relate sa première vision à 3 ans. Selon la coutume de l’époque, c’est à l’âge de 8 ans qu’elle est confiée comme oblate à l’instruction religieuse d’une veuve consacrée, Uda von Göllheim, en même temps que Jutta von Sponheim, de huit ans son aînée. Trois ans plus tard, les deux filles intègrent un réclusoir que les parents de Jutta ont fait construire pour leur fille. Il est attenant au monastère de Disibodenberg précédemment occupé par des chanoines de Mayence, mais qui venait d’être repris par des bénédictins. C’est en 1112 que Jutta prononce ses vœux perpétuels, donc à l’âge de 22 ans, et devient la tutrice de Hildegarde. Cette dernière prononce ses vœux probablement un an plus tard, donc à l’âge de quinze ans.

Le réclusoir se transforme petit à petit en couvent féminin sous la direction de Jutta et, et après la mort de celle-ci en 1136, Hildegarde est élue comme magistra. Elle a alors 38 ans.
C’est vers 1141, à l’âge de 43 ans, que ses visions deviennent plus pressantes et qu’elle commence à les mettre par écrit. Elle demande l’avis de Bernard de Clairvaux sur le bien-fondé de cette initiative et celui-ci l’encourage dans son entreprise. Lors du synode de Trèves en 1147, le pape Eugène III lui donne l’autorisation de publier ses écrits. Il dit son admiration devant ces révélations, tout en exhortant Hildegarde à l’humilité2.
Son premier ouvrage, Sci vias Domini (sache les voies de Dieu), écrit entre 1141 et 1151, rassemble 26 visions, réparties en trois parties, qui décrivent le chemin du salut depuis la création jusqu’au Jour dernier. Un manuscrit datant de l’époque de Hildegarde, le codex de Rupertsberg, a été perdu durant la seconde guerre mondiale, mais les moniales du monastère Sainte-Hildegarde en avaient fait une copie minutieuse aux alentours de 19303.
Voilà comment Hildegarde décrit l’ordre divin au début de cette œuvre majeure :

Cela s’est passé durant ma quarante-troisième année : pleine de crainte et tremblant d’une attention soutenue, je vis une vision divine. J’ai vu tout d’un coup une clarté très brillante de laquelle émanait une voix forte qui me dit : « Humain misérable que tu es, cendre et pourriture de pourriture, dis et écris ce que tu vois et entends. Mais comme tu es timide à parler, trop simple d’esprit pour expliquer la révélation et incapable d’écrire, parle et écris non à la manière des hommes, non à partir de l’expérience raisonnable humaine ou selon l’art humain de composition selon ta volonté propre, mais tel que tu le vois et entends en la réalité divine des merveilles de Dieu… »4
Il ne faut pas prendre à la lettre cette qualification de Hildegarde de Bingen comme étant timide, inculte et incapable d’écrire. Il s’agit là d’une convention littéraire partagée d’ailleurs par des hommes qui se désignent volontiers comme indignes d’écrire sur des sujets aussi élevés. Hildegarde est bien consciente du rang qu’elle occupe et on reviendra sur le statut de la femme au Moyen Age. Mais il est vrai sans doute qu’elle se fait aider d’abord par Volmar, le prieur de Disibodenberg, ensuite par une moniale du nom de Richardis avec laquelle elle entretient une profonde amitié, et finalement, après le transfert de cette dernière dans un autre monastère, par Guibert de Gembloux. Il est difficile de répartir exactement les rôles des uns et des autres. Mais il est vraisemblable qu’elle dispose d’une certaine connaissance du latin, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture se faisant largement à partir du psautier latin, mais qu’elle n’a peut-être pas disposé d’une formation grammaticale poussée telle qu’elle était d’usage pour les moines. Elle dit son latin « mal limé ». On peut envisager qu’elle écrit un brouillon que d’autres corrigent et peaufinent, tout en discutant avec elle, et que ces discussions l’interpellent et font progresser sa réflexion sur le texte. Elle passe tout de même dix ans sur l’écriture du Scivias, et même si on tient compte du fait qu’il n’y avait pas alors d’ordinateur ni de traitement de texte et qu’il fallait tout écrire et corriger à la main, cela fait beaucoup pour la mise par écrit de 26 visions. Elle a mis donc du temps pour reviser, réfléchir à l’interprétation, corriger, revoir encore et encore. Cette insistance sur son inculture, comme celle sur sa vocation à l’âge de trois ans font partie des clichés utilisés pour garantir l’authenticité de cette vocation. D’ailleurs, la célébration de l’ignorance fait partie de la règle de Saint-Benoît – dont Hildegarde a écrit un commentaire.
Un peu plus loin dans le même texte, elle écrit :

Malgré le fait que j’ai vu entendu et entendu tout cela, je refusai tout d’abord de me mettre à écrire. Non par obstination, mais au service de l’humilité, parce que je doutais de moi et que la parole humaine est équivoque. Alors Dieu me flagella par la maladie. Et enfin je mis ma main à l’écriture.5

Nous voyons là déjà un lien entre maladie et écriture. On y reviendra.
Environ dix ans plus tard, cette partie féminine du monastère Disibodenberg devient trop exiguë pour les dix-huit moniales et la relation avec les moines n’est pas des plus simples, car Hildegarde est tout sauf une femme soumise et docile. Elle fonde alors un nouveau monastère sur le Rupertsberg près de Bingen.

Dans un document de 1141 elle est encore appelée magistra, dans l’acte du concile cité de 1148, le pape Eugène III la nomme praeposita6, l’empereur Barberousse, dans un privilège de 1163, la cite comme abbatissa7.
Hildegarde acquiert rapidement une grande réputation. De ce fait, le monastère reçoit de nombreuses donations. Cette richesse donne lieu à des critiques. On reproche à Hildegarde de permettre à ses moniales de vivre dans le luxe et de n’admettre que les filles de la haute noblesse. Ce dernier trait est cependant caractéristique des monastères allemands du haut Moyen Age qui servaient au placement des filles nobles8. Nous y reviendrons. Toujours est-il que Hildegarde, devant l’accroissement du nombre des moniales de son couvent, rachète en 1165 le monastère des Augustins à Eibingen, y installe une prieure et permet à des filles non nobles d’y entrer.
Elle est devenue entre temps une personnalité importante de son temps. En 1154 l’empereur Barberousse l’invite à Ingelheim. De nombreux voyages suivent, elle sillonne littéralement le pays, à cheval, en bateau, à pied, et partout elle prèche : dans les monastères, mais aussi devant le clergé séculier et les laïcs, à Würtzburg, Bamberg, Trève, Cologne. Elle vitupère contre les défauts du clergé endormi, dénonce les abus des puissants, plaide pour la paix entre pape et empereur, met en garde contre les hérétiques. Une carte qui inscrit les lieux où Hildegarde s’est rendue durant ses voyages est disponible en ligne9.
Hildegarde meurt en 1179 à l’âge de 81 ans.
Son érudition est vaste et variée. On peut la décrire comme une savante universelle comme il pouvait y en avoir à l’époque. Elle est connue pour ses visions, mais aussi ses traités de médecine et encore sa musique.
Citons parmi ses œuvres :
Sa trilogie des visions :

  • Scivias Domini, déjà cité, un livre qui appelle à une vie conforme à la volonté divine.

  • Liber vitae meritorum, le livre des mérites.

  • Liber divinorum operum, le livre des œuvres divines.

Tout au long de cette œuvre complexe, à laquelle elle travaille durant toute sa vie, Hildegarde décrit ses visions, puis en donne une interprétation dont elle précise qu’elle lui a été inspirée et n’est pas de son propre fait. Ses visions sont foisonnantes, intégrant de multiples éléments symboliques dans des structures compliquées dominées par des cercles et autres formes géométriques entrelacées, régis par la science des nombres, très en vogue à son époque. Ce qui peut nous paraître aujourd’hui comme un jeu puéril de l’esprit correspond alors à des spéculations profondes sur l’œuvre divine, si merveilleusement régie par des règles et par cette « mesure » qui est à la fois l’expression profonde de la présence divine dans la création et le maître-mot de la discipline courtoise. Tout dans l’éducation de la future dame et du futur seigneur doit être « mesuré ». Puis Hildegarde emploie la méthode allégorique et typologique pour donner sens à ce qu’elle voit.
Parmi les livres scientifiques citons : Physica, la physique et Causae et curae, des causes et des remèdes ; puis des vitae : celle de Saint Rupert et celle de saint Disibode.

A quoi s’ajoutent des Carmina, les chants, des homélies, un traité sur une langue parlée d’elle seule, à usage mystique, Ignota lingua, ainsi qu’une abondante correspondance, y compris avec tous les grands de son époques, papes et empereurs.
II. Le contexte

Le XIIe siècle est une période de grands bouleversements. La querelle des investitures oppose papes et empereurs avec des prédominances et des alliances changeantes. C’est le siècle des croisades, des réformes de l’Eglise, de la redécouverte des textes de l’Antiquité grecque qu’on traduit en latin, souvent à partir des traductions arabes, et à travers ces traductions on redécouvre l’esprit scientifique de Ptolémée, on cherche à systématiser le savoir médical et on dessine des cartes du monde connu.

Sur le plan politique, le pôle du pouvoir s’est déplacé vers le Nord. Il s’inscrit dans des structures mentales différentes, la culture latine se répand dans des régions germaniques de plus en plus loin vers l’Est et le Nord, le droit romain entre en concurrence avec le droit coutumier. Il en naît une nouvelle culture, celle de la féodalité, marqué sur le plan architectural par l’émergence du gothique. Cette nouvelle synthèse socio-culturelle se répand du Nord-Ouest vers le Sud – c’est pourquoi les cathédrales gothiques sont antérieures et plus nombreuses au Nord de l’Empire. Le système politique est marqué par des liens fortement ritualisés entre suzerains et vassaux. Si ce dernier reçoit du premier un fief, il lui doit en contrepartie garantir son soutien armé. Une hiérarchie complexe structure ainsi l’ensemble de la société10.
La ferveur religieuse touche depuis le XIIe siècle des couches de plus en plus vastes de la population et suscite de nombreuses vocations tant parmi les hommes que les femmes, à l’intérieur de l’Eglise comme à l’extérieur, dans de multiples mouvements hérétiques. Pour ceux et celles qui restent dans l’Eglise, tandis que les hommes ont toute liberté d’embrasser une carrière ecclésiastique, celle-ci est exclue pour les femmes. Même la consécration des vierges continuant à vivre dans le siècle, en usage depuis le IIIe siècle, est supprimée au Xe siècle. Reste le monastère, mais les femmes dépendent des hommes pour l’administration tant des sacrements que des biens temporels – théoriquement, car les nombreux décrets rappelant à l’ordre les abbesses montrent bien qu’elles exerçaient, dans les régions du Nord et cela jusqu’au XIIe siècle, des pouvoirs au-delà du droit canon11. Mais là où les règles ecclésiastiques sont respectées, les moines préfèrent s’occuper de leur propre vie spirituelle que de s’embarrasser des femmes. Ils imposent alors à ces dernières la clôture stricte, ce qui limite l’accès au monastère aux plus riches qui peuvent assurer leur base matérielle par une dot. Durant les siècles précédents, des monastères familiaux servaient carrément au placement des filles qui n’étaient pas destinées au mariage, tout en transmettant le patrimoine familial mis ainsi sous protection royale12. Leurs abbesses sont nommées par le roi, elles jouissent de privilèges royaux et tiennent leur rang à la cour et dans la politique en tant que « princes d’Empire », directement vassales de l’empereur13 - alors que dès la fin du Xe siècle un décret papal pour Quedlinbourg stipule qu’une abbesse doit être élue par l’ensemble des moniales14.

Dans beaucoup de familles nobles les filles peuvent hériter du titre et des fiefs.

Dans les familles d’artisans, l’épouse seconde son mari et, en cas de veuvage, continue l’activité professionnelle de ce dernier. Les filles apprennent à aider leurs parents, épousent un homme de la même profession et deviennent capables de continuer à leur tour le métier. Ainsi les femmes prennent une grande part dans l’activité artisanale et commerciale à tous les échelons et on les trouve engagées de multiples professions dans les listes d’imposition de l’époque15.
L’évolution de la société féodale interagit avec celle de la spiritualité. La féodalisation de la spiritualité va de pair avec une spiritualisation de la féodalité.

La vie humaine apparaît comme un champ de bataille où s’affrontent Dieu et Satan dans un combat imaginé sur le modèle des chevaliers. A l’inverse, le code de l’honneur du chevalier est inspiré de valeurs chrétiennes. On verra un peu plus tard comment cette interpénétration des deux sphères agit sur le statut de la femme16.
Voyons d’abord comment Hildegarde se situe dans la lignée des autres femmes érudites.

Citons d’abord quelques femmes qui précèdent.

Pour sainte Radegonde, au VIe siècle, le monastère est un haut lieu de la culture ; elle est la fille de Berthaire, roi de Thuringe, et devient reine des Francs par son mariage forcé avec Clotaire Ier, fils de Clovis. Elle ne laisse pas d’écrits, mais on sait qu’elle est instruite et a appris le latin.

Boniface, qu’on nomme le missionnaire des Germains, est accompagné dans ses voyages entre le VIIe et le VIIIe siècle par plusieurs femmes, dont Cynehild, qui est la tante de l’évêque de Mayence et devient enseignante en Thuringe, ainsi que Lioba, fameuse pour son érudition, grande amie de l’épouse de Charlemagne, et qui devient abbesse des monastères féminins fondés par Boniface autour de Würzburg.

Mathilde, fille d’Otton Ier, née en 955, devient abbesse de Quedlinburg à 11 ans17 et joue un rôle politique important.

A la même époque, le monastère de Gandersheim, haut lieu de la culture féminine, contient une importante bibliothèque et forme Roswitha, férue de culture classique grecque, auteur de nombreux ouvrages en latin.

Sophie, fille de Otton II, née en 975, entre à Gandersheim à 4 ans. Elle n’hésitera pas plus tard à défendre ses droits d’abbesse par les armes. En 1025 elle accompagne l’empereur lors de sa cavalcade autour de l’empire.

Dame Ava, aux alentour de 1100, n’entre au monastère que tard dans sa vie, après avoir perdu son mari. Elle est connue comme la première poétesse en langue vernaculaire.
Pour la période après Hildegarde, il faut citer Aliénor d’Aquitaine, femme forte et érudite qui ne s’en laisse pas compter. Elle est juste une génération plus jeune que Hildegarde et fait partie des destinataires de ses lettres. Et Marie de France qui écrit ses Lais en langue vernaculaire à la fin du XIIe siècle ; puis surtout les béguines, auteurs d’une grande littérature mystique qui forment le langage pour toute la littérature mystique qui suit. Parmi ces béguines citons Hadewij d’Anvers, Mechthild de Magdebourg et Marguerite Porète18. Les deux premières écrivent au milieu, la dernière à la fin du XIIIe siècle. Toutes trois écrivent en langue vernaculaire.

Angèle de Foligno, née en 1248, entre au tierce ordre des Franciscains en 1291. C’est son confesseur qui transcrit en latin les informations sur sa vie et ses visions.

Citons pour finir Catherine de Sienne qui vit au XIVe siècle, ne sait pas écrire et dicte donc ses lettres à des secrétaires.
En regardant cette lignée, on remarque que les femmes qui écrivent elles-mêmes des textes religieux se situent exclusivement au Nord de l’Empire. Angèle de Foligno et Catherine de Sienne dictent.

Les différents changements socio-politiques et culturels affectent tout particulièrement le statut de la femme. Lors de l’interpénétration entre la langue et la culture latine et celles des peuples germaniques du Nord, ce sont aussi deux anthropologies et deux conceptions du statut de la femme qui s’opposent, se confrontent, puis cherchent à s’harmoniser.

La femme est partout inférieure à l’homme. Mais dans le Sud, cette infériorité est plus qualitative alors que dans le Nord elle est plutôt quantitative. C’est Aristote qui avait inscrit l’infériorité féminine dans l’ontologie. Par contre, les hommes sont égaux, à part les esclaves. On peut même dire que l’égalité des hommes se fait sur le dos des femmes et des esclaves. Mais un esclave peut espérer devenir libre, une femme non. La culture est affaire d’hommes. L’Eglise s’est développée dans le bassin méditerranéen et a donc repris naturellement cette conception. Mais elle est – parfois – moins misogyne que les auteurs païens19.

Dans le Nord, la société est organisée de façon hiérarchique. A chaque niveau, la femme est inférieure à l’homme, mais elle est supérieure à l’homme du rang inférieur. C’est ce qui a permis l’eclosion de la poésie courtoise, où la femme de rang supérieur est chantée comme la dame qu’il faut admirer et servir. Les femmes du Nord, à partir d’un certain rang, sont cultivées. Une loi du Sachsenspiegel, le miroir des Saxons, œuvre de 1210 d’Eike von Repgow qui met par écrit la législation coutumière traditionnelle, voire archaïque, cite parmi les biens qui se transmettent uniquement de femme à femme, entre les coiffes et le mobilier, les psautiers et autres livres relatifs au culte de Dieu, en ajoutant : « car les femmes ont l’habitude de lire »20. A quelle époque remonte cet usage? Il est peut-être très ancien si on tient compte du fait que les tombes féminines contiennent chez les Germains des inscriptions runiques, alors que les hommes sont enterrés avec leurs armes21. Sur plusieurs représentations de couples régnants des XIIe et XIIIe siècles allemands la femme tient un livre comme l’homme tient un sceptre22. Il est même mal vu pour un chevalier de savoir lire et écrire. Cela fait « femmelette ».
A partir de cette époque, Marie est représentée sur ce modèle de la régnante germanique. Lors de l’Annonciation elle tient désormais un livre, attribut de la femme noble – ce que la théoogie prend soin d’interprêter ensuite comme signe de l’accueil du Verbe – chose inimaginable dans l’art des icones de l’Eglise orthodoxe où l’infériorité de la femme exclue toute référence à l’érudition. La plus ancienne représentation que j’ai pu trouver est une plaque d’émaux de 1181 de Nicolas de Verdun du monastère de Klosterneuburg23.
Nous avons donc au Nord de l’Empire des femmes capables d’écrire elles-mêmes. En même temps elles disposent d’un statut social qui leur permet de s’exprimer publiquement. Remarquons que dans le Sud de la France, il y a bien quelques troubairitz dont quelques écrits nous sont parvenus. Et au XVe siècle Christine de Pizan écrit sa Cité des dames, récit allégorique destiné à contrebalancer les œuvres misogynes de l’époque, comme Les Femmes illustres de Boccace. On peut émettre l’hypothèse que par cette écriture essentiellement profane ces femmes cherchent à s’émanciper de l’Eglise et de la tutelle masculine – alors que l’écriture féminine du Nord est religieuse, respectueuse de la hiérarchie sociale et nullement revendicatrice.
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