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II. La reconquête de Toulon.Partisan de la Révolution, il repart pour son île jouer un rôle politique. Mais, en mars 1793, lorsque la Corse se livre aux Anglais, en guerre contre la France révolutionnaire depuis l'exécution du roi Louis XVI, il est proscrit et doit se réfugier en France avec sa famille. Désormais, rallié au gouvernement de Salut public dirigé par Maximilien de Robespierre, il est nommé commandant de l'artillerie à Toulon tombée aux mains des Anglais. Après la reprise de la ville en décembre 1793, à laquelle il a largement contribué, il est promu général de brigade à 24 ans. Mais la chute de Robespierre, au mois de juillet 1794, provoque sa disgrâce. Rayé des cadres, il se lie néanmoins avec Barras, un des cinq responsables du Directoire, qui fait appel à lui pour écraser à Paris une émeute royaliste le 5 octobre 1795 (13 Vendémiaire). En récompense, il obtient le commandement de l'armée de l'Intérieur. La même année, il épouse Joséphine, veuve du général-vicomte de Beauharnais. En 1796, Carnot, un des cinq Directeurs, lui confie le commandement de l'armée d'Italie, chargée de combattre les Autrichiens et leurs alliés piémontais en guerre contre la France depuis 1793. Très vite, il s'imposera aux vétérans des guerres révolutionnaires. II. De Buonaparte a BonaparteÀ la tête d'une armée peu nombreuse (environ 37000 hommes), mal équipée (30 canons), mais aguerrie et enthousiaste, il mène une campagne foudroyante où il révèle son génie militaire, son sens politique et son absence de scrupules. Les victoires fulgurantes de Lodi (10 mai 1796), Castiglione (5 août), Arcole (17 novembre), Rivoli (14 janvier 1797) contre des forces supérieures en nombre le conduisent en moins d'un an (avril 1796 - avril 1797) aux portes de Vienne. Sans consulter le Directoire, il impose à l'Autriche la paix de Campoformio (18 octobre 1797), organise à son gré les territoires italiens conquis qu'il transforme en républiques satellites de la France. Il obtient la cession de nombreuses œuvres d'art qui font aujourd'hui la réputation du musée du Louvre (Paris). Les italiens font un jeu de mot sur son nom « Sono tutti ladri questi francesi,non tutti ma una buonaparte » Virtuose de la propagande, il soigne sa popularité devenue immense et "s'attache une clientèle". L'Angleterre demeurant seule en guerre, Bonaparte se voit alors confier en 1798 par le Directoire, inquiet de sa célébrité, une expédition en Égypte, afin de couper la route des Indes aux Anglais. Emmenant avec lui son armée et de nombreux savants chargés d'étudier l'Égypte, il débarque près d'Alexandrie et se rend maître du pays après sa victoire des Pyramides sur les Mamelouks, le 21 juillet 1798. Bonaparte montre ses qualités d'administrateur et se présente comme un ami de l'Islam; il étudie le tracé d'un éventuel canal de Suez. Mais la destruction de sa flotte par l'amiral anglais Nelson, à Aboukir en août 1798, consacre l'échec de l'expédition qu'il réussit à cacher à l'opinion en mettant en avant ses nombreuses victoires remportées par la suite sur les Ottomans. La reprise de la guerre en Europe et la perte de l'Italie l'incitent à abandonner le commandement de son armée à Kléber pour rentrer en France au mois d'octobre 1799. Devant l'impopularité grandissante du Directoire, il fait figure de sauveur : les Français sont las de la guerre, ainsi que de l'instabilité et des querelles politiques. Soutenu par Sieyès, l'un des cinq membres du Directoire favorable à un renforcement du Pouvoir exécutif, il profite de la situation pour renverser le 9 novembre 1799 (18 Brumaire) le Directoire par un coup d'État. Le pouvoir est accordé à trois consuls, Bonaparte, Ducos et Sieyès, chargés de proposer une nouvelle constitution et de négocier la paix. III.Le premier consulAu lendemain du 18 Brumaire, Bonaparte met en place un nouveau régime, le Consulat. La nouvelle Constitution dictée par ses soins lui permet de concentrer presque toute l'autorité entre ses mains. Nommé Premier consul pour dix ans, il détient à lui seul tous les pouvoirs, même si les apparences républicaines ont été maintenues. Il propose les lois, nomme et révoque les ministres, les ambassadeurs, les officiers et les fonctionnaires. Maître du pouvoir, Bonaparte va réorganiser dans un souci d'efficacité l'administration et la justice, établissant ainsi la plupart des institutions sous lesquelles nous vivons encore aujourd'hui. Il rétablit la centralisation en nommant lui-même les fonctionnaires qui étaient auparavant élus : préfets chargés de "tout surveiller" dans les départements, sous-préfets dans les arrondissements, maires des grandes villes et juges des tribunaux. Les impôts et leur perception sont réorganisés. Il institue la Banque de France (1800), qui reçoit le droit exclusif d'émettre des billets de banque et crée, en 1803, une nouvelle monnaie métallique (5 mg d'argent), le franc germinal, dont la valeur reste stable jusqu'en 1926. Bonaparte rétablit en même temps la paix intérieure par une politique de réconciliation. Il autorise tous les monarchistes émigrés à rentrer, et pacifie la Vendée. Il rallie les catholiques opposés à la Révolution en signant, en 1801, un Concordat avec le pape. La liberté des cultes est garantie, mais l'Église reste soumise à l'État. Le clergé, payé par l'État, prêtera un serment de fidélité. Le droit d'existence est aussi reconnu aux cultes protestant et judaïque. Il institue la Légion d'honneur (1802) afin de récompenser les bons serviteurs de l'État. Pour former les futurs cadres du pays, il crée les lycées (1803), soumis à une discipline militaire. Il fait enfin rédiger le Code civil (1804), qui unifie le droit français et confirme les conquêtes de 1789 : liberté individuelle, égalité devant la loi, droit de propriété, liberté économique, autorité du père de famille... À l'extérieur, Bonaparte met fin, grâce à ses victoires en Italie (Marengo, en 1800) et à celle de Moreau en Allemagne (Hohenlinden, 3 décembre 1800), à dix ans de guerre en signant la paix d'abord avec l'Autriche (traité de Lunéville, 9 février 1801) puis avec l'Angleterre (traité d'Amiens, 25 mars 1802). Sa popularité est telle qu'il peut se faire proclamer consul à vie le 2 août 1802, et se fait sacrer, le 2 décembre 1804 par le pape, empereur des Français sous le nom de Napoléon I er . IV. Tyran ?Despote ?Démagogue ?Empereur, Napoléon I er s'entoure aux Tuileries d'une cour nombreuse, établit une étiquette et crée une noblesse d'Empire. Il fait de sa famille une famille régnante, distribuant des couronnes à ses frères et ses sœurs au fur et à mesure de ses nombreuses conquêtes en Europe. Il instaure en même temps un gouvernement aux allures dictatoriales. Omniprésent, il entend tout contrôler et tout diriger. Ses pouvoirs deviennent illimités et les assemblées instituées sous le Consulat perdent toute importance. Il ne tolère aucune opposition ni contestation. Une police efficace, grâce à un réseau d'informateurs développé par le ministre de la police Fouché, traque les opposants, arrête les suspects. Une censure sévère s'exerce sur la presse et l'édition. Les journalistes, les enseignants, tout comme les prêtres doivent glorifier le régime et enseigner la fidélité à l'Empereur. Afin de mieux contrôler les esprits, il crée l'Université (1808), qui possède le monopole des diplômes. Il réussit cependant à faire oublier son despotisme en donnant à la France prospérité et gloire militaire. V. L’Ogre militaire.La paix instaurée en 1802 est de courte durée, car Napoléon inquiète les monarques. La guerre reprend en 1803 à l'initiative de l'Angleterre, qui ne peut admettre l'hégémonie française sur le continent. Elle va ainsi organiser et financer jusqu'en 1815 cinq coalitions regroupant les principales puissances européennes. Pour y faire face, Napoléon I er dispose de la Grande Armée rassemblant 500000 soldats à chaque campagne. Très entraînés et très résistants, dévoués corps et âme à l'Empereur, les soldats de la garde impériale (90000 hommes) en forment l'élite. En trois ans de campagnes, Napoléon I er a été victorieux de l'Autriche à Ulm (20 octobre 1805), d'Austerlitz (2 décembre 1805), de la Prusse à Iéna et Auerstadt (14 octobre 1806) et de la Russie vaincue à Eylau (8 février 1807) et Friedland (14 juin 1807). Il fait alliance avec le tsar Alexandre de Russie lors de l'entrevue de Tilsit en juin 1807. VI. L'Europe françaiseSeule l'Angleterre, maître des mers depuis la défaite de la flotte française à Trafalgar le 21 octobre 1805, demeure fièrement invaincue. L'Empereur décrète en 1806 un blocus continental. Cette politique va ainsi l'amener à étendre ses conquêtes. Il s'empare des États du pape et du Portugal en novembre 1807, de l'Espagne, d'où il chasse les Bourbons en 1808 (5 mai). Mais, dans ce pays, son armée doit bientôt faire face à la guérilla de tout un peuple aidé par les Anglais. Réprimée avec cruauté, elle renaît encore, immobilisant les meilleures troupes de l'Empereur. L'Autriche reprend les armes : elle est battue à Wagram le 6 juillet 1809. Afin de fonder une dynastie, Napoléon répudie l'impératrice Joséphine qui n'a pu lui donner d'enfant, pour épouser en 1810 Marie-Louise d'Autriche. Un an plus tard naît son fils, l'Aiglon, possédant le titre de roi de Rome. L'empire napoléonien s'étend de Hambourg à Rome et compte 130 départements. Dans les États vassaux, l'Empereur impose le Code civil, une administration moderne, l'abolition des privilèges, l'égalité des droits, la suppression du servage. Mais il exige de lourds impôts et fait vivre son armée sur les pays soumis, rendant la présence française très vite insupportable aux populations locales. Même en France, l'opinion se lasse de son despotisme et du poids des guerres. VI. L’expiation.En 1812, pour obliger le tsar à respecter le blocus continental, Napoléon I er envahit la Russie. Commencée en juin, la campagne s'achève après l'occupation et l'incendie de Moscou par une désastreuse retraite en octobre au cours de laquelle il perd une grande partie de son armée, décimée par le froid et la faim.C’est l’expiation pour reprendre le tire d’un célèbre poème de Victor Hugo L'Empire ne résiste pas à la demie défaite de Leipzig en 1813 (16 - 19 octobre) face à l'Europe coalisée et à l'invasion de la France en 1814. Trahi par ses maréchaux, qui veulent la paix, Napoléon I er abdique le 6 avril 1814 à Fontainebleau et s'exile dans l'île d'Elbe; la royauté est alors restaurée. Profitant du mécontentement populaire provoqué par la maladresse des Bourbons, qui semblent vouloir rétablir l'Ancien Régime, Napoléon décide, un an plus tard, de rentrer secrètement en France. Son arrivée le 1er mars 1815 entraîne aussitôt le ralliement de la population et de l'armée, ainsi que la fuite en Belgique du roi Louis XVIII. Napoléon retrouve alors liguée contre lui toute l'Europe (Les Cent-Jours). Il reconstitue une armée, mais il est vaincu à Waterloo (Belgique) par les troupes anglaises et prussiennes le 18 juin 1815. Déporté par les Anglais sur l'île de Sainte-Hélène, Napoléon y meurt, six ans plus tard. Les Français oublient dès lors son despotisme et ses ambitions démesurées et ne voient plus en lui qu'un héros tragique dont les soldats, les Grognards, répandent la légende dans tout le pays. En 1840, ses cendres seront ramenées et déposées en grande pompe aux Invalides. Petite chronologie napoléonienne. 1769 Naissance de Napoléon Bonaparte 1793 Première coalition (Angleterre et États européens) 1795 - 1799 Le Directoire 1796 - 1797 Campagne d'Italie 1798 - 1799 Expédition d'Égypte 1799 Deuxième coalition (Angleterre, Autriche) 9 - 10 novembre 1799 Coup d'État du 18 Brumaire an VIII. Bonaparte nommé Premier consul 1799 - 1804 Le Consulat 25 mars 1802 Paix d'Amiens avec l'Angleterre 2 décembre 1804 Sacre de Napoléon 1805 Troisième coalition (Angleterre, Autriche, Russie) 1806 Quatrième coalition (Angleterre, Prusse, Russie) 1808 Guerre d'Espagne jusqu'en 1814 1809 Cinquième coalition (Angleterre, Autriche) 1812 Campagne de Russie 1813 Sixième coalition (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie) 1814 Abdication de Napoléon. Première Restauration 1815 Les Cent-Jours. Défaite de Waterloo 1821 Mort de Napoléon à Sainte-Hélène |
![]() | «Histoire et épopée dans le cycle de La guerre Silencieuse de Manuel Scorza», sous la direction de Monsieur le Professeur Claude... |