VIII. Pression sur les média privés et répression de journalistes, 59 - Le 9 Janvier 2004, le chef de l’Etat reçoit à sa résidence de Lomé 2, le Conseil Togolais des Editeurs de la Presse Privée, une association de journalistes, conduite par son Président, Lucien Djossou Messan, Directeur de la rédaction de l’hebdomadaire « Le combat du Peuple ». A l’issue de la rencontre, le Chef de l’Etat remet à celui-ci, une enveloppe de 100 millions CFA (en billets de 10 000 CFA), environ 154 000 euros, à titre de contribution de l’Etat au financement de la presse privée.
Déjà au cours du dernier trimestre de l’année 2003, le Chef de l’Etat avait remis au même CTEP, une enveloppe de 113 millions CFA, environ 174 000 euros. La tranche remise le 9 janvier 2004 complétait à 213 000 0000 CFA l’effort de financement de la presse privée par l’Etat.
En fait, il s’agit là d’une corruption déguisée des journalistes de la presse privée. Il est évident que l’aide de l’Etat à la presse privée est nécessaire. Mais elle doit prendre des voies institutionnelles. La méthode utilisée par le chef de l’Etat n’est rien d’autre qu’un procédé pour s’attacher l’allégeance de ceux qui reçoivent de cette manière de tels dons.
Ces dons posent également la question de la bonne gouvernance. Car, quelle institution de l’Etat prend en compte ces dons dans la comptabilité publique, puisqu’ils sont remis en espèces et de main à main ?
60 - Le 28 août 2003, à Lomé, Carlos Kétohou et Gilles Bocco, journalistes à l’hebdomadaire Motion d’information, sont kidnappés dans la circulation et conduits à la gendarmerie. Ils y sont soumis à un interrogatoire sévère pendant plusieurs heures avant d’être libérés.
61 - Le 14 juin 2003, trois journalistes de la presse privée, Kokou Dodji Dzilan , Jean de Dieu Kpakpabia et Filip Evégnon sont interpellés dans un cyber café. Ils sont conduits à la Direction Générale de la Police Nationale où ils sont détenus pendant onze jours avant d’être déférés à la prison civile de Lomé, le 24 juin 2003.
Au moment de leur arrestation, ils étaient en train de scanner une photo de blessés par balles, prise lors des incidents du 2 juin 2003, dans l’enceinte des bureaux de la Préfecture d’Agou, incidents au cours desquels, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants qui réclamaient le transfert à Lomé, des résultats réels de l’élection du 1er juin 2003.
Pendant leur détention à la Direction Générale de la Police Nationale, les journalistes ont subi d’effroyables tortures. Les séquelles corporelles sur les journalistes à la suite des traitements inhumains subis, étaient si graves que le Procureur de la République a requis une expertise médicale qui a confirmé les actes de torture. ( cf photocopie dans les annexes)
Poursuivis pour « tentative de diffusion de fausses nouvelles », ils ont été condamnés à payer 500 000 CFA, environ 800 euros, d’amendes. Ils ont été libérés le 24 juillet 2003, au bout de quarante jours de détention. Plus de six mois après leur libération, les effets saisis par la Police lors de perquisitions, soit à leur domicile, soit à leurs bureaux, ne leur ont pas été retournés. Il s’agit de : deux ordinateurs, de magnétophones, de jumelles, et de documents de travail.
62- En juillet 2002, Basile Agboh de l’hebdomadaire Akéklé a été interpellé et déféré à la prison civile de Lomé où il a passé plusieurs jours avant d’être libéré.
63 - Le 7 février 2002, à Lomé, après confiscation des équipements de la station, « Radio Victoire » celle-ci est fermée par les autorités sous le prétexte d’absence d’autorisation. A l’époque Radio Victoire à l’instar d’autres stations de radio, fonctionnait avec une autorisation provisoire.
Au cours de la même année, Névamé Klu, du journal « Nouvel Echo » a été arrêté, déféré à la prison civile de Lomé avant d’être libéré au bout de plusieurs jours.
64 - Au cours de l’année 2001, plusieurs journalistes on également été arrêtés et condamnés.
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