X.Intimidations de militants des partis de l’opposition, des populations et harcèlements des responsables politiques 86 - Le 13 janvier 2004, à Lomé, des éléments lourdement armés des FAT, une vingtaine environ, investissent la zone du quartier Lomnava où est situé le siège de l’UFC. Ils font irruption dans les domiciles de militants de l’UFC, qu’ils passent au peigne fin et interrogent les résidents en les intimidant. Après une heure environ, ils se retirent sans préciser l’objet de leur irruption. Ils ont ainsi visité le 61 Rue Koudadzé appartenant à la famille Edjrévo, le 60 Rue Koudadzé, appartenant à la famille Ziggar, le 62 Rue Koudadzé appartenant à la famille Dérégoh. Notons que le 59 Rue Kouadazé est le siège de l’UFC.
Dans la Rue Agbagla, les forces de l’ordre ont également fait irruption au n° 69, maison Méwonévo, au n° 50, maison Amégee et dans la maison Amémaka.
87 - Les 10, 11, et 12 janvier 2004, à Lomé les forces de l’ordre se répandent dans la ville, notamment dans les quartiers de Kodjoviakopé, Bè-Kpota, Adawlato, interpellant et arrêtant des passants sous prétexte de contrôle d’identité et de lutte anti-drogue. En fait, il s’agit de créer une psychose de peur au sein des populations à la veille d’une célébration, celle du 13 janvier, que celles-ci abhorrent. Le 13 janvier est l’anniversaire de l’assassinat du président Sylvanus Olympio.
88 - Le lundi 02 juin 2003, le lendemain de la présidentielle du 1er juin 2003, Akouété ANKOU, directeur du Collège d’Enseignement Général (CEG) d’Amou Oblo, préfecture d’Amou, convoque à son bureau, deux de ses enseignants, MM. Yao TAMAKLOE et Komlan ATSU, deux militants de l’UFC, pour leur signifier leur licenciement immédiat et sans préavis, sur instruction selon lui, du ministre de l’environnement Rudolphe OSSEYI. Il prie ces enseignants de bien vouloir quitter immédiatement l’établissement pour lui éviter des ennuis.
89 - En février 2003, Aimé Tchabouré Gogué, professeur à l’Université de Lomé, ancien Ministre, Vice-Président de l’ADDI, parti de l’opposition démocratique, est licencié de son emploi d’enseignant à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Lomé.
90 - Le 4 juillet 2002, Ninsao Georges Lantame, professeur de droit à l’Université de Lomé, coordinateur de l’Association « SOLIDA », proche de l’ancien Premier Ministre Agbéyomé Kodjo et de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, Maurice Dahuku Péré, est licencié de son emploi d’enseignant à la faculté de droit de l’Université de Lomé, pour activité incompatible avec sa fonction.
91 - Le 19 juillet 2003, le Ministre de l’Intérieur, le chef d’escadron Akila-Esso BOKO, convoque à son bureau MM Hamadou Diabacté et Jean-Pierre FABRE, respectivement quatrième vice-président et Secrétaire Général de l’UFC, pour les mettre en garde contre « les actes que prépare l’UFC sur toute l’étendue du territoire national et qui sont de nature à troubler l’ordre public ». Il les informe que le chef de l’Etat vient de lui dire que l’opposition se prépare à empêcher la cérémonie de sa prestation de serment du lendemain. Devant eux, il demande par téléphone à MM léopold Gnininvi, Secrétaire Général de la CDPA, Akitani Bob, Premier Vice-Président de l’UFC, vainqueur de la présidentielle de juin 2003, Dahuku Péré, candidat à la Présidentielle, présenté par le PSR, de se présenter dans le bureau du Premier Ministre à 15 heures. MM Fabre et Diabacté sont arrivés au Ministère de l’Intérieur à 9 heures ; ils n’en sont ressortis qu’à 14 heures trente.
92 - A 15 heures, le Premier Ministre, Koffi Sama reçoit MM Jean-Pierre Fabre, Emmanuel Bob Akitani et André Kuévi, (UFC), Léopold Gnininvi, Lucas Afantaso et Raymond Téttékpoé (CDPA), Dahuku Péré, Sey Ninsao Lantame (Rénovateurs). Le Premier Ministre était entouré du Général Assani Tidjani, Ministre de la défense, du général Akawilou Walla, ancien Ministre de l’Intérieur, du chef d’escadron Akila Esso BOKO, Ministre de l’Intérieur, de l’Ambassadeur du Togo aux USA, Pascal BODJONA..
Le Premier Ministre déclare qu’un individu qui dit se nommer Télou, accuse Jean-Pierre FABRE, Emmanuel Bob Akitani, Léopold Gnininvi et Dahuku Péré d’avoir organisé, le samedi 14 juin 2003, une réunion au cours de laquelle ils ont donné des instructions à des jeunes dont lui, de semer des troubles dans la ville de Lomé, le jour de la prestation de serment du chef de l’Etat.
Le dénommé Télou, appelé sur les lieux, ne reconnaît ni Fabre, ni Akitani, ni Péré. Il prétend reconnaître Léopold Gnininvi comme ayant participé à la fameuse réunion, mais malheureusement pour lui, au moment où était censé avoir lieu cette réunion, le samedi 14 juin 2003, Léopold Gnininvi était entre les mains de la Police. Le montage du Chef de l’Etat tourne au fiasco.
Face au ridicule de la situation, le Premier Ministre et le Ministre de la défense n’ont eu d’autre solution que de laisser partir les responsables de l’opposition, non sans les menacer de représailles, les mettant en garde contre toute tentative de perturbation de la cérémonie de prestation de serment du Chef de l’Etat. Cet acte est une parfaite illustration du harcèlement dont les responsables de l’opposition sont quotidiennement l’objet de la part du régime.
Le Secrétaire Général de l’UFC, Jean-Pierre Fabre, est l’objet d’une attention particulière de la part des autorités togolaises qui le harcèlent en permanence.
Depuis huit mois, il est en liberté provisoire, sous le coup d’une inculpation de la justice togolaise. Il lui est interdit de quitter le territoire. Son passeport et sa carte d’identité lui ont été confisqués.
93 - Du 28 août 2003, au 1er septembre 2003 inclus, soit pendant quatre jours, Jean-Pierre Fabre a été illégalement assigné à résidence, empêché de sortir de chez lui par les forces de l’ordre, sur instruction, selon elles, du Directeur Général de la Police Nationale.
94 - Le 19 juillet 2003, il a été convoqué le matin dans le bureau du Ministre de l’Intérieur, en compagnie du quatrième vice-président de l’UFC, Hamadou Diabacté et l’après-midi à 15 heures dans le bureau du Premier Ministre, ensemble avec d’autres responsables de l’opposition, accusé de préparer des troubles pour empêcher la cérémonie d’investiture du chef de l’Etat.
95 - Le 3 juin 2003, alors qu’il venait de quitter son domicile en compagnie de Patrick Lawson, 3ème Vice-Président de l’UFC, il a été kidnappé par la Police, interrogé toute la journée à la Direction Générale de la Police Nationale, et présenté menotté à 23 h 30, au juge d’instruction qui l’a inculpé « pour trouble à l’ordre public. »
96 - Le 11 mai 2003, Jean-Pierre Fabre a été interpellé par la Police vers 20 h, interrogé jusqu’à deux heures du matin et perquisitionné jusqu’à environ 6 heures du matin. Les forces de l’ordre ont saisi, lors de la perquisition : 3 ordinateurs, deux imprimantes, un onduleur, trois cartons du projet de société de l’UFC intitulé : « Le Manifeste », des douilles de projectiles (9mm, roquette anti-char etc..), ramassées chez lui lors de l’attaque de son domicile par les Forces Armées Togolaises (FAT), le dimanche 16 août 1998, et divers effets personnels. Malgré toutes les démarches effectuées jusqu’à présent, ces affaires ne lui ont pas été restituées. La Police détient toujours les effets saisis.
97 - Le 20 septembre 2002, Jean-Pierre Fabre a été interpellé et enfermé, avec plusieurs individus couchés à même le sol, dans une cage d’environ 12 m2 à la DGPN, pendant plusieurs heures avant d’être libéré.
98 - Au cours de l’année 2002, il a été convoqué à plusieurs reprises par le Ministre de l’Intérieur, dans le bureau du Garde des Sceau, Ministre de la Justice, pour des confrontations avec des individus qui portent contre lui des accusations les plus fantaisistes.
Le 5 avril 2001, il a échappé, avec plusieurs de ses collègues du bureau national de l’UFC, à une tentative d’assassinat par le feu à Tchamba, dans une préfecture de la région centrale du Togo, comme mentionné plus haut au n°84.
Quand on ajoute les campagnes de dénigrement sur les média publics, on peut dire que Jean-Pierre Fabre est l’objet d’une persécution permanente, de la part des autorités togolaises. Lorsqu’il a informé le Ministre de l’intérieur, le 19 juin 2003, que des agents des forces de l’ordre suivent continuellement son véhicule, celui-ci a répondu. « Je ne fais que mon travail, c’est ce que j’ai appris. Si vous avez remarqué que l’on vous suit, c’est que les agents font mal leur travail, Je vais leur demander de se faire plus discrets. »
Le cas de Patrick Lawson, 3ème Vice-Président de l’UFC, ne peut être dissocié de celui du Secrétaire Général, Jean-Pierre Fabre. Comme celui-ci, il est en liberté provisoire, sous le coup d’une inculpation pour « trouble à l’ordre public ».
99 - Le 7 mai 2003, il a été interpellé, conduit à la Direction Générale de la Police Nationale, interrogé plusieurs heures avant d’être libéré.
Le 3 juin 2003, il a été kidnappé tôt le matin à la sortie du domicile de Jean-Pierre Fabre, conduit à la DGPN, interrogé toute la journée avant d’être présenté, menotté, à 23 heures trente, au juge d’instruction.
Comme pour le Secrétaire Général de l’UFC, il lui est interdit de quitter le territoire. De même que celui-ci, il est sous une étroite surveillance des forces de sécurité.
M. Gilchrist Olympio, le Président national de l’UFC est, en raison de son immense popularité, le souffre-douleur du régime togolais.
100 - En 2003 et en 1993, soit à deux reprises, le régime l’a empêché de se porter candidat à la présidentielle. En 1998, alors qu’il est en train de remporter l’élection présidentielle, le régime arrête le décompte des voix, et, opérant un hold-up électoral, proclame la victoire du chef de l’Etat.
101 - Actuellement, les autorités détiennent son passeport qu’elles lui ont confisqué lors de son arrivée au Togo le 26 avril 2003 au poste frontière d’Aflao, après l’y avoir bloqué pendant trois heures trente minutes. Les autorités refusent également de lui remettre la carte d’identité pour laquelle il a pourtant effectué toutes les formalités requises.
102 - Les média publics déversent quotidiennement des injures sur lui. Depuis le 11 septembre 2002, ces média lui ont trouvé un nouveau nom : « Oussama Ben Laden du Togo ».
Pour être complet, rappelons que le 5 mai 1992, il a été l’objet d’un attentat au cours duquel plusieurs militants de l’UFC ont perdu la vie, dont le médecin, Marc Atidépé. Grièvement blessé, il a été évacué sur l’hôpital militaire français du Val de Grâce. Une enquête conduite par la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) a conclu à la responsabilité directe des FAT sous la conduite de Ernest Gnassingbé, fils du Chef de l’Etat.
103 - Le samedi 14 juin 2003, Léopold Messan Gnininvi, Secrétaire Général de la CDPA est convoqué à la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN). Il lui est reproché d’avoir déclaré sur les antennes d’une radio périphérique sans existence légale -selon la Police- que le chef de l’Etat n’a pas remporté l’élection présidentielle du 1er juin 2003 et que le vainqueur réel de cette élection n’est autre que le candidat de l’UFC, Emmanuel Bob Akitani.
104 - Le 6 juillet 2001, à Niamtougou, Préfeture de Doufelgou, environ 470 KM au nord de Lomé, Madame Jacqueline Awata, membre du bureau de la fédération UFC de Doufelgou, a été interpellée par la Police et a passé la nuit au commissariat. Elle a été libérée le lendemain, sans aucune explication. Sa garde à vue est arbitraire et procède d’une volonté de l’intimider pour la contraindre à renoncer à son engagement politique au sein de l’UFC.
105 - Le 16 mars 2000, le chef El hadj Soulé Alou Tchaa Kouya, chef de canton de Lama-Kpédah, préfecture de la Kozah, considérée par le chef de l’Etat comme son fief, est convoqué par le chef de l’Etat, Gnassignbé Eyadéma, à son domicile de Pya, son village natal. Le Chef de l’Etat, est entouré de dignitaires du régime notamment le général Akawilou Sizing Walla ministre de l’Intérieur à l’époque, ainsi que d’autres chefs de villages et de cantons, tous de l’ethnie kabyè comme le chef de l’Etat. Il demande au chef Soulé d’apposer sa signature au bas d’un document attestant de la possession de terres à Kara-sud par le canton de Pya, son canton natal.
Le chef Soulé refuse, arguant qu’il est l’élu d’une communauté et qu’il ne peut prendre tout seul, la décision que lui demande le chef de l’Etat.
Furieux, le chef de l’Etat ordonne à des agents des forces de sécurité de garder toute la journée debout, sous le soleil, le chef Soulé qui ne rentre chez lui que le soir.
Quelques temps après, le chef Soulé est destitué de sa fonction de chef.
106 - Le mardi 29 avril 2003, M. Gilchrist OLYMPIO est venu à Lomé pour se soumettre aux formalités exigées des candidats à la présidentielle, notamment la visite médicale et l’authentification de sa signature par la Cour Constitutionnelle. Il a été accueilli comme d’habitude par des milliers de togolais qui lui ont témoigné leur sympathie. Plusieurs taxi motos s’étaient placés spontanément en tête du convoi de véhicules pour lui servir d’escortes. Les forces de l’ordre ont chargé les conducteurs de taxi-moto et saisi plusieurs motos. Certaines de ces motos sont gardées au Commissariat Central de la ville de Lomé, d’autres à la Gendarmerie. Toutes les démarches effectuées pour récupérer ces motos sont vaines. Il s’agit des motos : RT 7145 M, RT 6667 E, RT 8129 L, RT 8492 J, RT 5745 P, RT 5612 L, RT 2984.
107 - Le 10 avril 2000, à Lomé, Kaloukouey Hamadou Diabacté, Vice- président de l’UFC, reçoit un arrêté du Ministre de l’Education nationale révoquant sa nomination en tant que directeur d’un Etablissement public d’enseignent général, connu sous l’appellation CEG. L’arrêté n’indique aucun motif justifiant la révocation. Il s’agit d’un acte arbitraire sur ce fonctionnaire originaire du nord qui milite dans un parti de l’Opposition et qui plus est l’UFC.
108 - Le 31 Janvier 2000, à Lomé, Kaffey Kassou Kakou, Vice-Président de l’UFC reçoit un arrêté du Ministre de l’Education nationale révoquant sa nomination en tant que proviseur de Lycée. L’arrêté n’indique aucun motif justifiant la révocation. Il s’agit d’un acte arbitraire sur ce fonctionnaire d’ethnie kabyè, ethnie du chef de l’Etat, qui milite dans un parti de l’Opposition et qui plus est l’UFC.
|