3.2. Indicateurs sociaux
(a) Pauvreté
La reprise macro-économique de la fin des années 90 a été accompagnée d’une réduction modeste du niveau de pauvreté. La proportion des citoyens vivant en dessous du seuil de pauvreté - défini comme le niveau de dépenses totales permettant d’acheter un panier minimum de 2 100 calories par tête - a diminué de 2 % entre 1997 et 19997.
Cette amélioration modeste de la situation n’a été ressentie qu’en milieu urbain. Le phénomène de la pauvreté à Madagascar est donc plus accentué en milieu rural.
La proportion des Malagasy vivant en dessous du seuil de pauvreté est respectivement de 70 % en 1993, 73,3 % en 1997, 71,3 % en 1999, 69,6 % en 2001 et 80,7 % en 2002. Depuis, on constate une nette baisse de l’incidence de la pauvreté qui se situe à 72,1 % en 2004 et 68,7 % en 2005.
Pour lutter contre la pauvreté, Madagascar a mis en place son Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) en juillet 2003. Le premier rapport annuel de mise en œuvre a été publié en juillet 2004, puis le document a été révisé en juin 2005. Actuellement, le Madagascar Action Plan (MAP) a pris le relais.
Tableau 14 Indicateurs de pauvreté par strates en 2004
Unité : %
|
| Ratio de pauvreté
| Intensité de pauvreté
| Part dans la population
| Part des consommations
| Antananarivo
| Urbain
| 39,2
| 11,8
| 8,3
| 13,9
|
| Rural
| 68,2
| 26,6
| 20,4
| 20,2
| Fianarantsoa
| Urbain
| 78,4
| 34,4
| 3,5
| 3,1
|
| Rural
| 87,5
| 41,5
| 18,4
| 12,4
| Toamasina
| Urbain
| 63,7
| 25,3
| 3,4
| 4,1
|
| Rural
| 80,8
| 43,2
| 12,0
| 14,3
| Mahajanga
| Urbain
| 54,3
| 21,3
| 2,3
| 2,7
|
| Rural
| 79,0
| 36,6
| 9,0
| 7,0
| Toliara
| Urbain
| 60,5
| 23,6
| 3,3
| 3,7
|
| Rural
| 75,5
| 31,2
| 12,0
| 10,6
| Antsiranana
| Urbain
| 36,7
| 12,6
| 1,3
| 2,0
|
| Rural
| 71,7
| 30,5
| 6,1
| 6,1
| Ensemble
|
| 72,1
| 31,6
| 100,0
| 100,0
| Source : INSTAT/DSM/EPM 2004
(b) Population active
En 2002, Madagascar, dont la population potentiellement active est estimée à 12 853 100 personnes, compte 8 416 500 actifs.
(c) Taux d’activité
En 2002, le taux d’activité est de 65,5 %. Ce taux a subi une forte baisse de -3 points après la crise de 2002, puisqu’il était de 68,7 % en 2001. C’est en milieu urbain que la baisse est la plus importante : -3,8 points contre -2,8 points en milieu rural. La baisse du taux d’activité est plus importante chez les hommes (-4,2 points) que chez les femmes (-2,2 points).
(d) Emploi Tableau 15 Répartition des emplois pour le secteur d’activité selon le milieu de résidence
| GCU
| CUS
| Rural
| Ensemble
| Agriculture/primaire
| 11,7
| 71,8
| 90,1
| 82,4
| Industrie alimentaire
| 1,6
| 0,4
| 0,2
| 0,3
| Textile
| 6,0
| 0,3
| 0,4
| 0,8
| BTP/HIMO
| 4,6
| 1,4
| 1,3
| 1,5
| Autres industries
| 7,4
| 2,1
| 1,0
| 1,6
| Commerce
| 21,2
| 9,6
| 1,7
| 4,0
| Transport
| 5,9
| 1,5
| 0,6
| 1,1
| Santé privée
| 0,6
| 0,2
| 0,1
| 0,1
| Enseignement privé
| 2,1
| 0,8
| 0,2
| 0,4
| Administrations publiques
| 10,6
| 4,0
| 2,0
| 2,9
| Autres services privés
| 28,3
| 8,0
| 2,5
| 4,9
| Ensemble
| 100,0
| 100,0
| 100,0
| 100,0
| Source : INSTAT/DSM/EPM2004
(e) Revenus salariaux
On estime que 78 % de la population active dans les villes travaillent dans le secteur informel. Au total, 1,6 millions d’individus sont concernés, soit 10 % de la population. Les salaires dans le secteur informel sont particulièrement bas et les conditions précaires.
Le salaire médian d’un travailleur masculin ayant été à l’école primaire dans le secteur informel est la moitié de celui qui a le même niveau d’éducation dans le secteur formel. Le salaire médian des femmes dans le secteur informel est encore plus bas que celui dont disposent les femmes dans le secteur formel. A statut égal, les femmes salariées gagnent en moyenne deux tiers de la rémunération des hommes salariés.
Tableau 16 Rapport des revenus gagnés par les femmes et par les hommes par CSP et secteur institutionnel
Unité : % CSP
| 1993
| 2001
| Cadres supérieurs ou moyens
| 47,6
| 75,3
| Employés et ouvriers
| 64,5
| 59,5
| Main d’œuvre sans qualification
| 60,6
| 74,7
| Ensemble
| 64,4
| 61,8
| Source : INSTAT/DSM, EPM1993 et EPM 2001
En 2002, le niveau annuel moyen des revenus salariaux est évalué à 763 200 Ar et le niveau médian à 516 000 Ar. Les employés en milieu urbain sont mieux rémunérés que ceux en milieu rural. Les occupants des postes d’encadrement gagnent plus que le triple du salaire de la main d’œuvre non qualifiée.
Les emplois féminins dans le secteur privé et le secteur informel sont moins rémunérés.
Une hausse de 8,0 % en terme nominal du niveau de salaire a été enregistrée entre 2001 et 2002.
(f) Chômage
f1 - État du chômage
Les travailleurs du secteur informel ne bénéficient pas de système de protection sociale. Ils sont plus facilement victimes du chômage. La crise politique de 2002 a conduit beaucoup d’entreprises à réduire ou à arrêter leurs activités, ce qui s’est traduit par une augmentation considérable du taux de chômage en ville.
Les résultats de l’enquête EPM2002 donnent un chiffre de 385 400 chômeurs à Madagascar en 2002, soit plus de 90 000 chômeurs de plus par rapport à 2001. Le taux de chômage a gagné près de 1 point en un an allant de 3,6 % en 2001 à plus de 4,5 % en 2002. Cependant, une nette amélioration a été observée en 2004 car ce taux est passé à 2,7 %.
Les jeunes entre 15 et 24 ans constituent l’autre groupe d’actifs connaissant le plus de difficulté pour chercher un emploi. En effet, le taux de chômage au sein de ce groupe est passé de moins de 5,1 % en 2001 à plus de 7,3 % en 2002. Ces résultats sont dus à la mise en chômage technique et aux licenciements massifs opérés dans les entreprises franches durant la crise de 2002.
f2 -Caractéristiques sociodémographiques des chômeurs
Près de 43 % des chômeurs vivent en milieu urbain dont 15 % dans la capitale. Le plus grand nombre de chômeurs se trouvent dans la province d’Antananarivo (plus de 35 % de l’ensemble). Par ailleurs, la province de Mahajanga est le moins touchée avec moins de 8 % de l’ensemble des chômeurs.
f3 Demandes d’emploi
En 2003, le nombre d’actifs ayant déposé une demande d’emploi auprès des services provinciaux de placement s’élève à 6 191 personnes, dont 51,1 % sont des hommes et 48,9 % des femmes. Plus de 85 % d’entre eux ont au moins un niveau secondaire et plus de 18 % possèdent un niveau universitaire. 52,2 % des demandeurs d’emploi sont des primo demandeurs. La proportion des primo demandeurs est légèrement plus importante chez les hommes que chez les femmes.
(g) Santé
Le secteur santé fait partie des secteurs prioritaires de développement, aussi bien dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement des Nations Unies que dans le cadre du Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté de Madagascar. Cette section vise essentiellement à fournir les principaux indicateurs de ce secteur.
La politique nationale de santé introduite en 1995 a annoncé deux grands changements d’orientation :
la décentralisation progressive des services de santé administrés désormais à travers les 111 districts sanitaires et ;
la politique de recouvrement des coûts ou de participation financière des usagers, à travers les frais d’utilisateurs.
Le Gouvernement malagasy a introduit en 2006 dans sa Politique Nationale de Santé l’atteinte des objectifs suivants :
La réduction de 50 % de la charge socio-économique due aux principales maladies transmissibles y compris les maladies émergentes et réémergentes,
La réduction de 20 % de la morbidité due aux maladies non transmissibles,
La promotion de la santé de la mère et de l’enfant,
L’intensification de la lutte contre la malnutrition ; et
L’amélioration de la performance du système de santé.
Les détails de cette analyse seront effectués dans les chapitres ultérieurs.
g1 - Santé maternelle et infantile
Consultations prénatales
En 2002, le taux d’utilisation des services de consultations prénatales au niveau des CSB atteint 63,8 %.
Vaccination
Parmi les femmes enceintes, 54,1 % ont reçu le vaccin ATT deux fois et plus. L’administration de ce vaccin est plus fréquente dans la province de Fianarantsoa avec plus de 69,6 % des cas.
Tableau 17 Naissances protégées contre le tétanos néo-natal au niveau des CSB par province en 2002 Faritany
| Grossesses
Attendues
| Nombre de femmes enceintes ayant reçu le vaccin ATT 2 et +
| Nombre
| % Naissances Protégées
| Antananarivo
| 207 773
| 125 120
| 60,2
| Antsiranana
| 55 300
| 26 917
| 48,7
| Fianarantsoa
| 147 137
| 102 388
| 69,6
| Mahajanga
| 78 285
| 36 267
| 46,3
| Toamasina
| 114 795
| 52 282
| 45,5
| Toliara
| 101 381
| 38 323
| 37,8
| Total pays
| 704 671
| 381 297
| 54,1
| Source : Ministère de la santé et du planning familial
Depuis le dernier rapport, le Gouvernement malagasy a déployé des efforts considérables pour atteindre un taux de vaccination élevé. La situation vaccinale des enfants de 0 à 11 mois a donc connu une nette amélioration. Les résultats suivants ont été enregistrés en 2004 : BCG 89 %, DTC3 78,2 %, POLIO3 78,2 %, Antirougeoleux 95 %.
Accouchement
La majorité des femmes accouchent en dehors des formations sanitaires. Une parturiente sur cinq accouche dans les services de maternité des CSB.
Tableau 18 Utilisation de la maternité au niveau des CSB par province en 2002 Faritany
| Nombre de Grossesses Attendues
| Nombre
d'Accouchements
| Nombre
d'Avortements
| Taux d'Utilisation
de la Maternité
| Antananarivo
| 207 773
| 53 852
| 3 732
| 25,9
| Antsiranana
| 55 300
| 12 691
| 682
| 22,9
| Fianarantsoa
| 147 137
| 29 708
| 1 826
| 20,2
| Mahajanga
| 78 285
| 12 438
| 892
| 15,9
| Toamasina
| 114 795
| 19 318
| 1 056
| 16,8
| Toliara
| 101 381
| 13 066
| 743
| 12,9
| Total pays
| 704 671
| 141 073
| 8 931
| 20,0
| Source : Ministère de la Santé et du Planning Familial
Si l’on analyse les issues des naissances opérées dans les Centres de Santé de Base (CSB), près de 9 cas sur dix se sont passés normalement. Le décès maternel pendant l’accouchement s’est produit dans près de 2,6 % des cas d’accouchement.
Tableau 19 Issues des naissances au niveau CSB par province en 2002
Faritany
|
Accouchements
| Nouveaux-nés Vivants
| Mort-nés
| Décès Maternels
| Nombre
| Enfants à p < 2 500g
| Nombre
| %
| Nombre
| ‰
| Nombre
| %
| Antananarivo
| 53 852
| 52 262
| 4 211
| 8,1
| 1 056
| 2,0
| 132
| 2,5
| Antsiranana
| 12 691
| 12 396
| 1 003
| 8,1
| 361
| 2,9
| 16
| 1,3
| Fianarantsoa
| 29 708
| 29 128
| 2 659
| 9,1
| 917
| 3,1
| 88
| 3,0
| Mahajanga
| 12 438
| 12 239
| 815
| 6,7
| 338
| 2,8
| 55
| 4,4
| Toamasina
| 19 318
| 18 920
| 1 941
| 10,3
| 542
| 2,9
| 43
| 2,2
| Toliara
| 13 066
| 12 691
| 749
| 5,9
| 392
| 3,1
| 26
| 2,0
| Total
| 141 073
| 137 636
| 11 378
| 8,3
| 3 606
| 2,6
| 360
| 2,6
| Source : Ministère de la Santé et du Planning Familial
Après l’accouchement dans un CSB, deux femmes sur trois ont suivi des consultations postnatales auprès de ce type de centre de santé.
g2 - Actions préventives contre le paludisme
L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticides a commencé en 1997 pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.
Le nombre de Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides (MII) est passé de 8 100 en 1997 à 55 500 en 2001. La vulgarisation est assurée par l’Etat Malagasy avec la collaboration des ONGs.
g3 - VIH / sida
La pandémie du sida est devenue une préoccupation nationale. Depuis la découverte du premier cas de séropositivité en 1984 par l’Institut Pasteur, la maladie a connu une évolution exponentielle. Concernant la distribution par sexe des personnes vivant avec le VIH/sida de 1987 à février 2003, on constate que les femmes sont plus nombreuses avec un ratio de 49 % contre 42,5 % pour les hommes8.
Tableau 20 Personnes vivant avec le sida à Madagascar, nombre cumulatif des cas
| 1987
| 1988
| 1989
| 1990
| 1991
| 1992
| 1993
| 1994
| 1995
| Sidéens
| 0
| 1
| 3
| 3
| 3
| 4
| 10
| 18
| 22
| Séropositifs
| 2
| 5
| 8
| 17
| 25
| 32
| 52
| 74
| 101
|
| 1996
| 1997
| 1998
| 1999
| 2000
| 2001
| 2002
| 2003
|
| Sidéens
| 27
| 36
| 37
| 37
| 42
| 45
| 56
| 59
|
| Séropositifs
| 150
| 163
| 197
| 208
| 219
| 226
| 226
| 226
|
| Laboratoire National de Référence (LNR) juin 2003 Note : (*)
en tenant compte de la date de notification. Individus testés : 218 310
Le taux de prévalence du sida, 1,1 en 2004, est devenu 1,5 en 2005.
Les détails de cette analyse seront effectués dans les chapitres ultérieurs.
(h) Éducation
L’État Malagasy a souscrit au plan Education Pour Tous (EPT) défini par la Conférence de Jomtien -Thaïlande en 1990 et de Dakar - Sénégal en 2000. Pour Madagascar, les objectifs prioritaires sont :
L’universalisation de l’éducation fondamentale,
Le taux d’achèvement à 100 % pour le cycle du primaire,
La réduction de 50 % du taux d’analphabètes.
Les efforts du Gouvernement portent sur trois paramètres essentiels, à savoir :
l’accès, c’est-à-dire, l’augmentation des capacités d’accueil pour la scolarisation de tous les enfants malagasy à l’horizon 2015,
l’équité, c’est-à-dire l’assurance d’une évaluation de qualité tant en milieu rural qu’urbain pour réduire le taux d’abandon,
la qualité, c’est-à-dire l’amélioration de l’enseignement et des équipements pédagogiques pour réduire le taux de redoublement à 8 % et atteindre le taux d’achèvement de 100 % en 2015.
Pour atteindre ces objectifs, l’Etat malagasy a bénéficié d’un crédit supplémentaire de 10 000 000 de dollars US dans le cadre du «Fast Track Initiative» ou Initiative de Mise en Œuvre Accélérée.
Des réformes législatives et réglementaires ont été entreprises dans le domaine de l’éducation.
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