La guerre de 39-45 vecue a feyzin et par les feyzinois combattants ou resistants








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Restent donc le Nouvelliste, Lyon républicain et le Salut public d’où nous tirerons maintenant nos informations. Le 12, lendemain de l’invasion de la zone Sud par les Allemands, on peut lire : « les évènements d’Afrique et leur répercussion : les troupes allemandes traversent la zone libre pour aller occuper des positions de défense sur la côte méditerranéenne ». « Une lettre du chancelier Hitler au Maréchal Pétain ». Il justifie sa violation des accords de Montoire par des jérémiades sur l’attitude de la France et de l’Angleterre en 39, de l’Angleterre et de l’Amérique maintenant, en gros : pauvre Allemagne obligée de se défendre. « Le Maréchal de France a reçu le Maréchal von Runstedt et lui a remis une protestation contre des décisions incompatibles avec les conventions d’armistice ». Les 13 et 14 « Nos troupes se replient vers l’intérieur », « l’ordre et le calme règnent en France », « important entretien entre le Maréchal et M. Laval ». Le 17 « Message du Maréchal Pétain : l’amiral Darlan s’est placé en dehors de la communauté française, je le déclare déchu de toute fonction publique et de tout commandement militaire ». Le 19 « en raison des circonstances exceptionnelles et pour lui permettre de faire rapidement face aux difficultés, le Maréchal Pétain décide de donner les pleins pouvoirs au Président Laval ». Le 20, « le Maréchal Pétain : je reste votre guide ». On parle toujours des combats en Tunisie et au Maroc mais parfois la double interprétation pointe le nez : « hier soir encore on précisait à Berlin… » et « si l’on en croit le poste Radio-Maroc contrôlé par les Américains… ». Le 24, «  le Maréchal fait appel à l’héroïsme et à la fermeté des troupes d’A.O.F. ». Le 28, « après la défection de l’Armée d’Afrique, la démobilisation de l’Armée d’armistice, les troupes de l’Axe occupent Toulon ». Le 30, « Comment eut lieu le sabordage de la flotte » et « un ordre du jour du Maréchal aux officiers, sous-officiers, soldats et marins ». L’ordre du jour ressemble plutôt à des condoléances.
Le 4 Décembre « des engagements d’une certaine importance se sont produits en Tunisie » et toujours les titres du type « une France nouvelle ». Le 7 « installation durable » : on parle des restrictions et on met en garde contre l’illusion que cela cessera avec les hostilités. « Intense activité en Cyrénaïque ». Qu’importe la Cyrénaïque ? Le même jour sont annoncées les rations théoriques de matières grasses : en Décembre, huile fluide 85 g, margarine de graisse végétale 25 g, beurre 200 g, c’est bientôt Noël, mais la confiserie au chocolat reste interdite. Le 14, le Maréchal écrit à Hitler que la France est sensible à ses dispositions pour l’aider à reconquérir son domaine colonial. Y croit-il vraiment ? Le 17 « une date historique : la Confédération paysanne a désormais son statut ». Le Maréchal s’obstine à son « Renouveau » en forme de marche arrière, comme si le monde n’était pas bouleversé. Le 27, toujours « la bataille sur le Don ». Sur ce front de plusieurs milliers de kilomètres combattent des millions d’hommes mais on en fait moins de cas que des idées fixes du maréchal. Ne soyons pourtant pas injustes, cette période a produit quelques dispositions qui subsisteront longtemps : « loi sur la protection maternelle et infantile », « décret instituant un carnet de santé », mais le 24 « répression des menées communistes et antinationales : 21 arrestations à Lyon ». Ce jour-là (24 décembre) Darlan est abattu à Alger par Fernand Bonnier de La Chapelle qui est jugé en 24 heures. Le 28 « le meurtrier de l’ex-amiral Darlan a été passé par les armes ». Le 29, déclaration du maréchal après la désignation de l’ex-général Giraud comme chef des forces armées françaises libres « en raison de ses anciennes fonctions au Gouvernement l’Amiral Darlan a pu, malgré mes dénégations répétées, faire croire qu’il exerçait un pouvoir légal. Pour l’ex Général Giraud aucune équivoque n’est possible, il ne détient et ne peut détenir aucun pouvoir légal ».  

Après guerre l’Archiviste départemental et l’Inspecteur d’Académie demanderont aux directeurs d’écoles des détails la façon dont leur commune a vécu cette période. Réponse pour Feyzin : la commune a été occupée par les Italiens, un détachement, (300 hommes en Nov.-Déc. 42) au Fort jusqu’en novembre 43. Ce fait historique est encore peu connu : l’invasion de la zone Sud par l’Allemagne en Novembre 42 marque le début de l’occupation italienne de la rive gauche du Rhône et des Alpes, vieille revendication mussolinienne, qu’Hitler avait d’abord refusée et qu’il accepte maintenant. La frontière entre les zones d’occupation allemande et italienne va du sud de Genève à Vienne, suit le Rhône jusqu’en Avignon et oblique à l’Est. Les Italiens partiront d’eux-mêmes lorsque leur pays sera envahi par les Alliés d’une part et les Allemands d’autre part, en 43.

Le 10 Décembre de Lattre est emprisonné à Montluc. C’est le seul général français ayant refusé d’encaserner ses troupes (des troupes libres, c’est encore une carte à jouer, des troupes encasernées, une carte abattue, dit-il) et commandé à ses soldats de combattre. Après Montluc, il est transféré à Saint-Joseph où les troupes d’action de Combat tenteront d’organiser une évasion, en vain, puis Riom où sa femme, son fils et quelques amis réussiront à le faire évader le 3 Septembre 43. Evasion là aussi acrobatique pour un homme atteint de six blessures de guerre, et que, bien sûr, les journaux subsistants taisent.

Un Résistant feyzinois dans la zone sud : René Lescot, engagé volontaire en 1941 au 64ème R.A. de Meknes, intendance de Grenoble, est démobilisé en Novembre 42 et s’engage aussitôt dans la Résistance. Le décret d’attribution d’une de ses nombreuses décorations indique : « a participé pendant 18 mois à la Résistance active dans la zone sud de la France. Chef de secteur à Lyon, des services de renseignements du S.R. d’Alger, puis rattaché successivement aux services de Lyon-Clermont-Ferrand, Toulouse et Vienne, il a assuré les liaisons radio avec Londres et Alger. Arrêté par la Milice à Toulouse le 25 Décembre 1943 et condamné à mort, il réussit à s’évader avec ses documents. A Vienne le 14 Avril 1944, malgré une blessure à la jambe, il réussit à s’enfuir avec son poste émetteur. Chef de section, il assure du 15 Juin 1944 à la Libération de Lyon de nombreuses et délicates missions de liaison. Il a toujours fait preuve, aux différents postes qui lui ont été confiés, du plus grand courage et du plus grand dévouement. » Sous Lieutenant FFI en juin, il rejoint la Gendarmerie, où il finira sa carrière comme Capitaine.

Un soldat feyzinois chez de Lattre : Pierre Jonchier (1922-1985) engagé à Grenoble en 1941, rejoint le Maroc après l’invasion de la zone libre, débarque en Provence avec la 9ème division d’Infanterie coloniale faisant partie de la 1ère Armée du Général de Lattre de Tassigny, poursuit les troupes allemandes jusqu’en Autriche, sert en Indochine et quitte l’Armée en 1948.
Il n’y a plus de zone relativement libre, plus de raison de retarder ses choix. Des groupes clandestins sont constitués par des anciens des syndicats ou partis interdits. Lyon déjà capitale de la Résistance, surtout à cause de sa proximité avec la ligne de démarcation et la Suisse, le reste. Ses traboules offrent aux fugitifs les deux issues indispensables, mais la Milice les connaît aussi et la Gestapo assez vite.
Appelé et incorporé en Algérie : Méhidine Ben Chérif : Il naît en mars 1921 à Tassafi, village de montagne du département de Constantine. Une centaine d’habitants y pratiquent l’élevage, la culture des arbres fruitiers, et vivent en autarcie avec quelques commerces de subsistance, de la poterie et du travail du bois pour la consommation locale. En 42, les Américains sont en Algérie, Churchill a imposé De Gaulle. Le jeune Ben Chérif est appelé et incorporé dans le 3ème chasseur dont la devise est « tant qu’il en restera un ». Il apprend le maniement d’armes à la caserne de Constantine quoique faisant partie de la cavalerie où l’on n’a pas de fusil, seulement un colt… et d’abord des chevaux, que les Américains supprimeront bientôt au profit des blindés. Quand les Italiens viennent de Libye, via la Tunisie, ils les arrêtent (commentaire modeste de Ben Chérif : heureusement ce n’étaient pas des Allemands, il n’y a pas eu de grande bataille, ils ont déposé les armes tout de suite). De Lattre de Tassigny est déjà Général des Armées d’Afrique. On ne connaît pas Giraud, seulement De Gaulle qui, en Tunisie a serré la main des hommes en disant « on compte sur vous ».
(1) Lyon capitale, Henri Amoretti


1943, Milice, S.T.O. journaux clandestins :

Au Conseil municipal, le 15 Février : création d’un poste de garde champêtre spécialement chargé de la surveillance des récoltes, salaire 1200 F/mois, candidature Grassot, ancien gendarme, indemnité au chef cantonnier de la division Vienne-Nord : 400 F. Le 2 Avril sont indiqués les tarifs du bac à traille, l’assurance des bâtiments, le poste de porteur de dépêches. Le 23 Mai, parrainage d’une commune sinistrée par la guerre, Le Chêne Populeux sinistrée à 65 %, subvention 9130 F (5 F/habitant de Feyzin). Les conditions d’intervention du service Ponts et Chaussées dans les travaux communaux sont précisées. Le compte de gestion 1942 est arrêté : recettes : 446370,90 dont 69956,60 excédent + reliquat 1941 : 171487,40 = excédent 241444 F. Le budget additionnel 1943 est fixé à 245240,40 F, le budget prévisionnel 1944 à 439902 F.
Dans la réponse à l’Archiviste départemental et à l’Inspecteur d’Académie qui demandent aux directeurs d’écoles des détails la façon dont leur commune a vécu cette période, on voit qu’après 43 et le départ des Italiens, la Commune a été occupée par les Allemands. « Corps d’Armée inconnus, aucun rapport avec la population ». Chose curieuse, dans la mémoire populaire l’occupation italienne n’a laissé aucune trace, seul le souvenir des Allemands est resté.
Le Progrès disparu, voyons le Nouvelliste : une feuille par jour ou tous les deux jours, le recto en nouvelles nationales et internationales, le verso en petites annonces. De pleines pages de ventes de biens mobiliers. Apparemment on est heureux de vendre les couverts pour payer le beefsteak. Les attentats et exécution d’otages qui vont se multiplier sont rapportés strictement suivant les communiqués officiels : l’ordonnance du 10 janvier 1943, stipule qu'est "défendue toute publication qui nuit au prestige du Reich allemand, qui est préjudiciable à l'ordre et au calme dans les territoires occupés ou qui met en danger les troupes d'occupation".
Giraud, en Algérie commandant en chef français civil et militaire, est considéré par Vichy comme un traitre, par De Gaulle comme le chef à Alger de la France Libre. Le 12 janvier « un complot en Afrique du Nord, l’ex-général Giraud ordonne 12 arrestations, dont des officiers de police qui auraient su à l’avance l’assassinat du général Darlan », « la France et l’Europe de demain : la France doit choisir, ou elle manifeste par des actes concrets et compréhensibles qu’elle est décidée à entrer sans arrière-pensée dans la voie de la coopération ou elle s’expose à la disparition ». « Un bel effort : les jardins ouvriers sont passés de 32608 en 1941 à 78388 en 42 », et « l’œuvre sociale du gouvernement pour les vieux travailleurs, la Charte du Travail, l’utilisation de la main d’œuvre, le travail protégé et honoré ». Le 5, « de grands combats se déroulent de la Baltique à la Caspienne », « l’activité militaire augmente en Tunisie ». On aura ces deux types de titres pendant des semaines, car la Wehrmacht cale devant l’Armée Rouge et l’Armée française d’Afrique s’apprête à faire sa jonction avec les Alliés. Le Nouvelliste rapporte que la presse britannique fait état d’une éventuelle rencontre Giraud-De Gaulle. S’abriter derrière la presse étrangère est le seul moyen de diffuser des informations que Vichy passe sous silence. Vichy dont l’hypocrisie nous stupéfie : « appel d’hiver du Secours National : tu es pauvre, aide plus pauvre que toi ». Quid des redevances à l’Allemagne, principale cause de la pauvreté ??
Le 9 Janvier, « la bataille va-t-elle reprendre en Tripolitaine ? », « bombardements américains sur Palerme ». Là, on comprend qu’ils vont débarquer en Sicile car le bombardement des villes et des infrastructures est l’équivalent des tirs d’artillerie avant l’assaut dans les batailles de 14-18. Le 12 « la bataille de Russie croît chaque jour en violence ». Et régulièrement « la Relève », on signale un convoi de Français libérés, des convois de travailleurs français partant pour l’Allemagne, sans jamais donner tous les chiffres. Le 14, « un entretien Hitler – Antonesco (chef d’Etat roumain) : accord sur toutes les questions intéressant la poursuite de la guerre ». Inutile de dire que si Antonesco n’était pas d’accord d’avance sur tout, il n’aurait pas été invité. Pour ne pas lasser le lecteur, nous ne noterons plus ce type d’informations. Le 15, « la mise en œuvre de la Charte du travail, le rôle des Comités sociaux qui vont être constitués : à l’intérieur de chaque « famille » tous les membres de la profession, sans exception, sont groupés en cinq syndicats d’employeurs, d’employés, d’ouvriers, d’agents de maîtrise, et une dernière catégorie pour les ingénieurs, cadres administratifs et commerçants. Si donc la Charte maintient le syndicat, elle le limite, le subordonne au contrôle et à l’impulsion des Comités sociaux mixtes. Les Comités sociaux d’entreprise eux, règlent les litiges ». Malgré l’attention constante de Pétain, la Charte du Travail ne sera pas encore opérationnelle à la Libération. Le 16 janvier, « nombreuses arrestations pour menées terroristes et antinationales dans la région de Lyon. Inculpation de 133 personnes en Décembre 42 : dont le responsable de l’organisation « Combat » pour le secteur de Lyon Croix Rousse, deux imprimeurs qui avaient tiré d’importantes quantités de feuilles de propagande gaulliste et antinationale » On ne cite pas de nom, on ne dit pas qu’après torture et incarcération en France, les survivants seront souvent déportés. Louis Jourdan et Brian Stonehouse arrêtés en Octobre 42 doivent faire partie de ces anonymes statistiques.
Arrestation à Feyzin d’un officier du S.O.E (Special Operation Executive) : le 1er juillet 1940, Churchill a créé un corps d’espions, le S.O.E, son réseau Green Heart envoie à Lyon Brian Stonehouse, 24 ans, fils d’une Bretonne et d’un Anglais, qui parle parfaitement français.  Après un parachutage laborieux, il passe plusieurs jours dans les bois pour récupérer son émetteur radio accroché dans les branches, puis rejoint à Lyon le réseau Buckmaster. Il exécute un travail intensif car il est un des derniers opérateurs vivants de la région, sans pouvoir changer de lieu après quelques émissions car il n’y a plus assez de caches. Il est adressé à Monsieur Jourdan par le réseau Buckmaster actif à Lyon, (auquel appartient, entre autres Louis Pradel, futur maire de Lyon) et séjourne plusieurs fois 10 à 15 jours dans cette famille à Hurlevent. La Gestapo et la police de Vichy trouvent la source d’émission et les arrêtent le 24 Octobre 42, avec Blanche Charlet leur courrier, qui réussira à s’enfuir. Après trois jours d’interrogatoires à Lyon, la seule chose qu’il concède est qu’il n’est pas qu’un dessinateur de mode mais un officier anglais. Il est transféré au siège de la Gestapo à Paris puis dans les camps de Mathausen, Netzweiler et Dachau où il est libéré par les troupes américaines le 29 Avril 45. Il reviendra en ami à Hurlevent.

Louis Jourdan incorporé le 6 Sept. 1914 comme simple soldat, puis caporal, sergent, enfin breveté pilote d’avion le 24/4/1917, Croix de guerre avec 3 citations. Engagé volontaire en 1940, blessé à l’entraînement, 17 opérations, réformé en 1941. Engagé dans la Résistance, il est arrêté le 24/10/42 ainsi que sa femme. Deux fois jugé à Vichy et acquitté du crime d’atteinte à la sûreté de l’Etat, il reste cependant 8 mois en prison à Castres. Les voisins qui passent les heures d’alerte dans les caves du château ne s’inquiètent pas de son absence. Silence de plomb.

Le 18 janvier, outre les « violents combats » sur le front de l’Est et les « fortes attaques » que l’armée germano-italienne affronte en Tripolitaine on mentionne le bombardement de Berlin. Les lecteurs constatent que la Royal Air Force atteint maintenant l’Allemagne profonde. Le Nouvelliste, qui a pourtant peu de papier, consacre toujours quelques colonnes à l’histoire de France (par exemple le 20 la mort courageuse de Louis XVI). Exalter les héros du passé n’est pas interdit. Le 26, appel au calme du Préfet Régional Angeli, suite à un attentat, une bombe lancée sur des Allemands par un cycliste qui a réussi à fuir. La riposte est l’interdiction à tous de circuler à vélo ou à pied de 20 heures à 6 heures du matin.

1er Février « création de la Milice française », placée sous l’autorité et le contrôle du Président Laval, mais le véritable responsable de ses opérations est son secrétaire général, Joseph Darnand, fondateur du SOL, précurseur de la Milice. Police politique et force de maintien de l’ordre, la Milice est créée pour lutter contre la Résistance, qualifiée de terroriste. Supplétifs de la Gestapo et des autres forces allemandes, les miliciens participeront aussi à la traque des Juifs, plus tard des réfractaires au STO et de tous les déviants au régime de Vichy. Les dictateurs pérorent toujours « Ni le temps ni les armes ne vaincront la nation allemande » proclame le Führer, tandis que le Maréchal Göring, un ton en-dessous, déclare « vaincre ou disparaître ». Le 4, on annonce la défaite allemande devant Stalingrad, Pierre Laval s’affole « il y a un risque pour l’Europe et aussi pour la France : le communisme ». Mussolini continue ses coups de menton : « jamais nous ne nous inclinerons tant que nous serons en mesure de porter les armes ». On verra ce qu’il en est avant la fin de l’année mais en attendant les lecteurs doivent être perplexes devant ces vantardises paradoxales après chaque défaite allemande. Articles plus réalistes : « plus que jamais les paysans de France doivent produire et surproduire », et « la vannerie peut pallier le manque d’emballage ». Ceci peut réjouir les Feyzinois, vanniers depuis longtemps ! Le 10 « le cent millième prisonnier libéré arrive à Compiègne ». On parle rarement du sort des trois ouvriers français partis pour l’Allemagne pour permettre à un homme épuisé de rentrer. Le 13, « la nouvelle municipalité de Lyon est désignée, le Professeur Bertrand est nommé maire. Le 16, « création du Service allemand du Travail (connu sous le nom de STO) : tous les jeunes gens nés entre le 1er Janvier 1920 et le 31 Décembre 1922 sont concernés ». . Et bientôt ceux nés en 1923.Dans le Rhône 9000 hommes. A la fin de la guerre, 12000 des 600000 travailleurs français en Allemagne (relève et S.T.O. confondus) seront originaires du Département du Rhône. Bon, dans les listes des trains en partance pour l’Allemagne consultées par l’auteure, il y a presque autant de défaillants que de partants, mais il ne fait pas bon pour un jeune homme de traîner après le couvre-feu. Nulle part mention de la rafle de la rue Sainte Catherine à Lyon. Suite à des coups de feu tirés sur deux officiers allemands à Paris, 2000 Juifs sont arrêtés, répartis entre les Préfets Régionaux chez nous Angéli, qui eux-mêmes fixent le nombre par Département : Raoul Didkowski dans l’Isère doit fournir 25 Juifs, Angéli dans le Rhône 68 (on en arrête en réalité 86. De quoi parle-t-on ? Le 20, « la réglementation des chaussures : inscriptions pour le ressemelage à partir du 31 Mars » et : « les conditions du STO : les uns seront maintenus dans les emplois qu’ils occupaient à la date d’appel (surtout les jeunes agriculteurs), d’autres recevront une affectation à un emploi déterminé en France, exploitation agricole ou entreprise industrielle, chantier organisé, d’autres en Allemagne, leur départ permettant de réduire les prélèvements imposés à l’industrie française et à d’autres branches d’activité essentielles (…) le report de ces prélèvements sur l’ensemble des trois années d’âge intéressées constitue une mesure de salut économique et une mesure de justice sociale puisqu’il fait participer toute la nation à une charge supportée jusque là par la seule population ouvrière ». Alors que de Gaulle est « l’ex-Général de Gaulle », Pétain (appelé par la presse « le Maréchal de France, chef de l’Etat ») Laval et Darnand ne sont saisis d’aucun doute sur le bien-fondé de la collaboration. Le STO, l’esclavage de l’époque, est « une mesure de justice sociale ». L’Etat français ratisse à la fois large et serré. Le certificat de travail, délivré par l’employeur ou par le maire de la commune, est obligatoire pour tout Français de sexe masculin de 18 à 50 ans, ce qui facilite le recensement, puis la réquisition des travailleurs et leur envoi en Allemagne ou dans les usines et chantiers de l’organisation Todt. Todt, ancien général de la Luftwaffe responsable de l’équipement et de l’armement de la mère patrie, pille méthodiquement les pays occupés. Hitler désireux de garder son soutien populaire épargne au maximum sa population, même féminine, qui au nom de la règle des 3 K (Küche, Kirche, Kinder, cuisine, église, enfants) doit le moins possible travailler en usine. Aux vaincus de fournir l’effort qui permettra d’autres conquêtes.

En février 43 le rapport de l’Office Départemental du Travail relève qu’à l’usine Lumière 77 hommes et 12 femmes sont mis à pied depuis le 17 janvier, faute de charbon, les autres ouvriers sont occupés de 35 à 40 heures par semaine. C’est partout pareil, la pénurie règne, des grèves sporadiques se produisent dans la région de Grenoble, les supposés « meneurs » sont arrêtés, menacés de licenciement pur et simple la prochaine fois. Ils se défendent en disant qu’ils devaient chercher des aliments et produits de première nécessité. Il est vrai que la grève interdite et les files d’attente interminables, peuvent être des raisons d’absentéisme. Il y a en tout, 286 chômeurs en Isère, dont 64 secourus, plus les 358 demandeurs expulsés ou réfugiés. Le Ministère du Travail a sa solution : dès 1940 il a ordonné le regroupement à Marseille en vue de leur rapatriement des travailleurs nord-africains bénéficiaires d’une allocation chômage, sauf ceux mariés à une femme européenne, ou qui ont en France un enfant légal ou légitimé, les Anciens Combattants… jusqu’à ce que la Préfecture de Marseille dise qu’elle en a déjà 7000 en attente et qu’il ne faut plus en envoyer. Les services de la Main-d’œuvre cherchent des travaux agricoles pour eux(1).

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