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« l’Insurgé » le journal qui, d’après Martinet, n’a pas beaucoup vécu, mais vécu dignement, publie en mars un numéro dont les titres sont : - A Vichy, - La Légion, - La Charte du Travail, - Le procès de Riom, - Le Ravitaillement (long article sur les causes des pénuries : réquisitions allemandes, blocus britannique, ligne de démarcation et restrictions aux échanges), Concluant par : Travailleur ! notre combat est ton combat ! Le 27 mars 1942 part le premier convoi de Juifs vers Auschwitz. Il sera suivi de 60 autres jusqu’à l’invasion de la zone sud, 20 ensuite, jusqu’au 23 juillet 1944. Le 29 mai 1942, l’étoile jaune sera imposée dans la zone occupée à tous les juifs de plus de six ans, l'ordonnance entrant en vigueur le dimanche 7 juin, 400 000 étoiles jaunes sont tissées en quelques semaines et distribuées aux Juifs moyennant 1 ticket de textile. Elle n’est pas portée en zone libre. Le Progrès, dans son effort de résister aux consignes de la censure, emploie parfois le conditionnel du doute : en mars, « A Java les Japonais auraient coupé la voie Batavia-Bandung. » C’est hélas vrai et le 8 mars, le commandant en chef des forces alliées, Ter Poorten, annonce la reddition de l'Armée de terre néerlandaise à Java. Le 11 Avril, le Général Giraud s’enfuit de la forteresse de Koenigstein, en Silésie, perchée sur un roc isolé, soutenue par un mur de 40 mètres. Cette évasion est préparée, depuis fin 40, à Lyon où vit sa famille (1) .Confection d’un câble, franchissement du mur (à 63 ans !), départ en train pour Berlin, au Nord, direction opposée aux recherches prévisibles, traversée de l’Allemagne et de la Suisse en train. Bien sûr silence des journaux mais Combat consacre une page entière de son numéro du 5 mai à « Henri Giraud, général évadé ». Hitler furieux menace de geler toutes les permissions de prisonniers français. Pétain tente d’embrigader le général devenu célèbre mais celui-ci continue à séjourner dans notre région et devient, de facto, le chef de la résistance dans l’Armée. Le 18 Avril, sous la pression allemande, Laval redevient chef du Gouvernement, titre créé pour la circonstance, alors que Darlan reste le successeur désigné de Pétain et conserve le portefeuille de la Défense nationale. En mai, Laval déclare « je souhaite la victoire de l’Allemagne ». Le Gauleiter Sauckel exige de la main-d’œuvre pour l’Allemagne et le gouvernement Laval décrète la Relève en Juin 42 : trois ouvriers spécialisés volontaires partent en échange du retour d’un prisonnier. Aucun enthousiasme. En Septembre un décret stipule que tout Français en âge de travailler doit justifier d’un emploi utile au pays et que tout congédiement doit recevoir l’autorisation préalable de l’Inspection du Travail. Hitler veut une Europe germanique et les Français s’aperçoivent vite que les conditions de l’armistice sont largement dépassées et les exigences des Allemands de jour en jour plus exorbitantes. Dans un tract à typographie soignée encadré de tricolore et portant deux drapeaux tricolores, ce qui prouve son caractère officiel, peut-être son impression en Angleterre car les imprimeurs clandestins se limitaient à une écriture serrée et une présentation sobre, les mouvements de Résistance appellent à manifester le 1er Mai : France – Liberté 1er Mai 1942 Lyonnais ! Pour manifester votre attachement à la Patrie et à la Liberté, contre la trahison des hommes de Vichy, Le Vendredi 1er Mai à partir de 18 h 30 Vous passerez avec vos familles devant la statue de la république, Place Carnot. Vive la France ! Vive la Liberté ! « Le 14 Juillet, symbole de la Liberté, est aussi le symbole de l’Indépendance et de la fierté nationales pour lesquelles nous avons juré de lutter et de vaincre ». Général De Gaulle Un tract, plus petit et plus artisanal répercute l’appel : Français de la zone non occupée ! Vous répondrez à l’appel des mouvements de Résistance
Et en Août 42, édité par Franc-Tireur : Contre l’immonde persécution …suit un texte très dense sur les rafles de Juifs étrangers qui se termine par : Accepter quand on est Français de telles infamies, c’est pire qu’être vaincu. Pour la Libération qui vient ! Si le premier tract occupe une demi page (21/13 cm) le second se contente d’un quart et le 3ème d’un sixième de page, on mesure, c’est le cas de le dire, la pénurie qui règne dans les mouvements de Résistance. Sans compter les difficultés de diffusion. Peu de ces textes ont dû parvenir à Feyzin. Le 4 juin, le Progrès prend le risque d'une suspension de 24 heures en refusant le sous-titre imposé par la censure sur « l'agressivité meurtrière » des bombardements anglais. Le 2 Juillet « Sébastopol est tombée », le 4 « Le Maréchal Rommel est à 50 km d’Alexandrie », le 6, « la bataille d’El Alamein se poursuit, acharnée » et prosaïquement : « la soudure, combat national : allocution de Jacques Leroy-Ladurie, Ministre de l’Agriculture, appel pour avancer la livraison des récoltes aux moulins ». Tous les jours des nouvelles du front de l’Est, bataille sur le Don, puis le Caucase. 6 Août « la bataille du pétrole entre dans sa phase décisive ». Du 18 avril 1942 au 31 décembre 1943 René Bousquet exerce les fonctions administratives de secrétaire général à la police, à ce titre, il est l'organisateur de la rafle des Juifs étrangers et apatrides, puis des autres, du 16 et 17 juillet 1942 à Paris (Rafle du Vélodrome d'Hiver) suivies le 26, 27 et 28 août de rafles en zone libre. Suite à la proposition de Pierre Laval elles n'épargnent pas les enfants de moins de seize ans de ces Juifs étrangers « par humanité, je suggère que les enfants ne soient pas séparés de leurs parents ». Cette proposition surprend tellement les Allemands qu’Eichmann mettra dix jours pour répondre. Le 14 Août « les prisonniers libérés ont franchi la ligne de démarcation. Mâcon et Lyon leur ont fait un émouvant accueil » (article avec photo). Les photos, rares, soulignent les évènements importants. Le 21 « après la tentative de débarquement britannique à Dieppe ». On explique que les assaillants ont été rejetés à la mer. Ce que l’on ne sait pas, c’est que ces tentatives, demandées par Staline pour soulager son front, sont faites à un endroit où ne se fera pas le vrai débarquement, incitant les Allemands à renforcer surtout ces points. Le 11 Août, un train emportant environ 400 Juifs s’arrête une demi-heure en gare de Perrache, encadré par la police qui empêche tout contact. C’est le Préfet Angéli qui l’en a chargé, le général de Saint-Vincent, Gouverneur militaire, refusant le concours de l’Armée. Les autorités ecclésiastiques (le cardinal Gerlier, le Pasteur Boegner et le R.P. Chaillet, fondateur de Témoignage Chrétien, en engageant les parents à signer un papier de désistement de puissance paternelle, parviennent à sauver définitivement une soixantaine d’enfants, qui seront souvent réclamés par Angéli mais l’Association tient bon (Vous n’aurez pas les enfants, répond le cardinal et le tract paru à cette occasion est signé « les mouvements de Résistance »). La presse n’a pas le droit d’en parler, à cette occasion la presse catholique est particulièrement censurée et le cardinal doit organiser des équipes de cyclistes pour remettre l’information à tous les curés de paroisse afin qu’ils la lisent en chaire. Là, l’émotion est grande Le 6 août 1942, Hermann Göring précise « La collaboration de messieurs les Français, je la vois seulement de la façon suivante. Qu’ils livrent tout ce qu’ils peuvent jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus ; s’ils le font volontairement, je dirai qu’ils collaborent ; s’ils bouffent tout eux-mêmes, alors ils ne collaborent pas. Il faut que les Français s’en rendent compte... » : Les rations définies en 1940 correspondent aux tickets reçus, mais pas toujours honorés. Le bœuf, veau et mouton sont interdits à la vente trois jours consécutifs par semaine. Les commerçants doivent collationner les tickets reçus pour se réapprovisionner auprès de leurs fournisseurs. Si tous les tickets sont honorés, un homme consomme 1200 calories/jour, alors qu’il en faut 2400 pour vivre et travailler (un vieillard inactif a droit à 690 calories). Le 26 Août 42, une série de rafles de Juifs en zone Sud, faisant suite à la rafle du Vel’d’Hiv, aboutit à la déportation de 7000 hommes, femmes et enfants. Toujours la bataille de Stalingrad, et les cérémonies du S.O.L. (photos des légionnaires). Le 15 Septembre « lutte acharnée dans la ceinture fortifiée de Stalingrad » et « l’héroïque résistance des défenseurs de Madagascar » (n.b. comme toutes nos colonies, Madagascar est attaquée par les Alliés). Le 16 « la Relève : l’appel d’un libéré aux ouvriers des usines ». Le 21 « de violents combats de rue continuent à Stalingrad ». Le 25 « l’organisation du travail et la Relève », on annonce des avantages nouveaux et substantiels pour les familles des travailleurs partis pour la Relève. La chronique ménagère donne la recette de la gelée de raisin : pommes séchées et raisins de ménage, celle d’une boisson de betterave, et d’un potage Condé : haricots en grains et pommes de terre, allonger à volonté, ajouter si l’on peut des croûtons et du persil. Et puisque nous en sommes aux restrictions, l’auteur se fait un plaisir de communiquer les recettes de sa mère : Semblant de beurre et art d’accommoder les restes : Brioche économique : mettre dans un plat 250 g de farine, 2 œufs, 1 cuillérée à soupe de sucre, une pincée de sel, 15 g de levure de boulanger, 40 g de beurre ou une tasse de crème. Bien mélanger le tout, couvrir la pâte avec un linge et laisser reposer deux heures. Mettre dans un moule en forme de couronne. Cuire au four très chaud ¼ d’heure. La recette actuelle de l’auteur comporte 125 g de beurre pour 250 g de farine ! Boules de poilu : 200 g de farine, 50 g de sucre, 1 œuf, 4 cuillérées de crème, 50 g de beurre, 1 sachet de levure. Travailler le jaune d’œuf et le sucre, ajouter le beurre fondu, la crème, la levure et la farine et en dernier lieu le blanc d’œuf battu en neige. Travailler la pâte en soulevant. Laisser lever 2 h, faire cuire par petites boules. Quenelles ou l’art de grossir la viande : Hacher des blancs de volaille, les piler au mortier, ajouter de la mie de pain trempée dans du lait et pressée, puis deux jaunes d’œufs, les blancs battus, assaisonner, bien travailler le tout, façonner en bâtonnets de la grosseur du doigt, rouler dans la farine, pocher à l’eau. Si l’on n’a pas pu nourrir un chevreau ou un agneau, on se venge sur un lapin, que l’on peut « faire durer » de la manière suivante : Pâté de lapin en conserve : avec un couteau bien aiguisé enlever la viande, la faire mariner une journée dans un peu de vin blanc, sel, poivre, une échalote coupée en petits morceaux. Le lendemain égoutter la viande, la hacher finement, avec du lard gras frais (1 partie de lard pour 3 de lapin). Ajouter un peu de mie de pain trempée dans du lait, saler, poivrer. Ne pas remplir la boîte à conserve, laisser 1 bon centimètre, bien la fermer et la faire cuire 3 heures dans l’eau bouillante. Naturellement, tout reste, viande, poisson ou légumes, finira en croquettes, avec un peu de farine, de miettes de pain et 1 œuf pour 6 personnes. La peau du lapin, tannée avec quelques autres, formera la doublure d’un gilet ou d’un manteau d’enfant. Le 6 Octobre, sur deux colonnes à la une « le ravitaillement du peuple allemand est assuré », « lorsque l’adversaire aura été abattu à l’Est, nous pourrons nous retourner contre l’Angleterre. » Les appels de Laval ou des ministres aux ouvriers français se multiplient pour qu’ils partent pour la Relève. Laval renchérit les 10 et 11 octobre sur les dangers de la non-réussite de la Relève. Le 29, l’Amiral Darlan en Algérie », « les soldats d’Afrique, gardiens de l’Empire, défilent » et « le Maréchal assiste à un défilé des troupes à Vichy » (la France a droit à une toute petite armée mais le Maréchal la fait beaucoup défiler). Le 7 Novembre « Madagascar : après deux mois d’une opiniâtre résistance les héroïques défenseurs de l’île ont été contraints de cesser leur résistance ». Le 7 Novembre la BBC clame « Robert arrive ! » et le 8 novembre, les troupes anglaises et américaines débarquent en Afrique du Nord sous le commandement du général américain Dwight Eisenhower. C'est l'opération «Torch». Il marque le tournant de la guerre sur le front occidental, conjointement avec les victoires britanniques d'El Alamein et soviétique de Stalingrad. La prise d’Alger se fait en un jour grâce à la Résistance, alors qu'à Oran et au Maroc, les généraux de Vichy accueillent d’abord les Alliés à coups de canon, tout en livrant la Tunisie (alors sous protectorat) aux Allemands sans aucune résistance, déclenchant ainsi la campagne. Le 9 le Progrès titre « les Américains et les Anglais attaquent notre Afrique du Nord, le Maréchal donne l’ordre de la résistance (ce mot n’a pas le sens que nous lui donnons aujourd’hui !). Depuis le 8, il est clair que les Allemands vont envahir la zone sud pour empêcher un débarquement en Provence. La petite Armée que nous permet d’armistice, malgré les réserves constituées en secret, n’a pas les moyens de les arrêter. L’invasion a lieu le 11 Novembre, date symbolique pour les Français. Ils envahissent la zone dite libre (Sud de la France et Corse). Le même jour a lieu au Maroc la reddition des troupes françaises vichystes à l’Amérique. Des sous-marins allemands, arrivés sur les lieux le jour du cessez-le-feu, mènent ensuite des attaques devant Casablanca jusqu'au 16 novembre. Giraud refuse de quitter Gibraltar pour Alger où les résistants comptent sur lui, Darlan, après avoir capitulé et s'être rendu aux Alliés, devient le seul interlocuteur susceptible de mettre fin aux combats à Oran et au Maroc. Le 10 novembre, un télégramme de Vichy le désavoue mais sous la pression des Américains, il prend le titre de Haut-commissaire pour la France en Afrique, au nom du « Maréchal empêché », tandis que Giraud devient chef des forces armées françaises. Il obtient en outre le ralliement de l’Afrique Occidentale française. Les Alliés pressent Darlan d’ordonner à la flotte française de Toulon d’appareiller, alors qu’il ne veut la faire partir qu'en cas d'invasion de la zone Sud. Le 27 Novembre lorsque les Allemands entrent dans Toulon, obéissant aux consignes de sabordage de 1940 (ordonnées par Darlan lui-même) pour le cas où une puissance étrangère essaierait de s'emparer des bâtiments français, la Flotte ouvre ses sabords (de là vient l’expression se saborder) et coule. Le Temps veut publier un hommage aux marins, la censure refuse, Le Temps se saborde à son tour. A la Libération, il paiera cher ce faible retard. Combat écrit dans son numéro de Décembre : « Pourquoi ce sabordage ? Est-ce parce que ces journaux disaient la vérité ? Personne ne saurait le soutenir sans ironie. Mais tous, à leur manière, plus ou moins timidement, demeuraient « nationaux » et s’opposaient, fut-ce par la force de l’inertie, à la Kollaboration (…) Ils ont signifié à haute et intelligible voix qu’il n’y avait plus désormais de place dans la presse française que pour le mensonge, la servilité, la duplicité ». Combat n’a pas de reconnaissance : ces journaux n’ont pas fait que de l’opposition « timide », ils ont prêté leurs marbres, leurs locaux, donné du papier, à la presse clandestine qui, sans eux, ne serait même pas née. Deux semaines après l’invasion de la zone Sud, l’Armée française est dissoute en totalité. Le 27 Novembre, Wehrmacht et SS se présentent aux casernes de la Part-Dieu et La Doua, aux forts Lamothe et Montluc et dispersent les régiments français. La troupe sera considérée comme étant en congé dans ses foyers. Beaucoup en profitent pour passer à la résistance active (deux officiers lyonnais, Descour et Bousquet les recensent et les organisent), les services administratifs de l’Armée leur versent leur solde comme aux autres. Certains quittent clandestinement la France pour rejoindre l’Armée d’Afrique(1). Et chez nous ? Les Juifs ou opposants réfugiés en zone Sud n’y sont plus du tout en sécurité. Dans les villes des embryons de manifestations aux cris de « Vive la République » ou au chant de la Marseillaise, chez nous le ravitaillement discret des clandestins, notamment ceux qui occupent la Maison blanche, témoignent que le feu de la Liberté couve sous la cendre des années noires. Quarante ans après, Edmond Misrahi qui, enfant, survit là avec sa famille, témoignera sa reconnaissance envers les riverains du Rhône qui les ont aidés en donnant un concert à Feyzin et un tableau qu’il a peint en 44, « la Maison blanche » tableau actuellement à la Maison du Patrimoine. Bernard Clavel y séjourne aussi quelques temps, surnommé comme d’autres « le Lyonnais qui se cache ». Au soir du 11 Novembre, le censeur veut obliger le Progrès, qui refuse, à publier un de leurs textes mensongers, sinon il ne sera pas autorisé à paraître le lendemain. Il renonce sine die à paraître, tout comme le Figaro pour les mêmes raisons. Les journalistes et typos, plus au courant des réalités de Vichy que le grand public à qui ils ne peuvent pas tout dire, ne veulent plus, par éthique professionnelle, donner une information faussée. Vichy essaie de les dissuader, impossible. Cet échec fait piquer à Laval une mémorable colère. |
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