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Le 22 juin 1941, à quatre heures du matin, l'Allemagne envahit l'URSS. Les historiens prennent cet événement comme point de départ de la lutte armée menée par le parti communiste français contre les Allemands. Staline donne l'ordre aux communistes d'engager la résistance armée contre les Nazis, devenus en une nuit les ennemis du Communisme. Le Parti Communiste français, depuis le pacte germano-soviétique d’Août 1939 hésitant sur l’attitude à prendre, dissout par Daladier en Septembre 1939, clandestin depuis, entre franchement dans la Résistance, il est alors le seul parti français engagé en tant que parti. Hitler, jusque là tranquille à l’Est, se crée lui-même un deuxième front qui entraînera sa perte dans trois ans. Mais le caporal auto-proclamé Commandant en Chef se croit bon stratège. Le 2 Juillet, « réhabilitation du travailleur « manuel », permanence et vitalité du compagnonnage » cette série durera quelques semaines, présentant différents métiers appris par le Compagnonnage. Le 3, « victoire complète à l’est de Bialystok » annonce le communiqué allemand : 160 000 prisonniers. « Nouvelle libération de prisonniers. Source : Ambassade d’Allemagne, quatre catégories nouvelles : 1/ tous les prisonniers de race blanche qui sont encore sur le territoire français ». Cela suffit à montrer le régime raciste sous lequel sera placée la France. « Anniversaire Mers-el-Kebir ». Le 4 juillet « Après une admirable résistance de 13 jours, écrasée par le nombre, notre garnison de Palmyre a succombé » (Syrie), « 768950 tonnes de navires marchands britanniques coulés en juin » annonce Berlin. Mais Le Progrès consacre une colonne à la version allemande et une à la version britannique. Le 5 « la Bérézina est franchie par les troupes allemandes » annonce Berlin, « le nouveau Maire de Lyon : arrêté de nomination de Monsieur Georges Villiers ». Auguste Lumière fait partie des Conseillers nommés. Le 8 Juillet 41, quinze jours après l’invasion de l’U.R.S.S. par l’Allemagne est créée la L.V.F., Légion des volontaires français contre le bolchevisme. Le drapeau est français, l’uniforme allemand. Pétain, qui refuse l’inscription des membres de l’armée d’armistice dans cette légion, dit cependant qu’elle détient « une part de notre honneur militaire » Ses fondateurs attendent 100000 volontaires, ils en trouvent 12000 malgré une solde, hors prime pour départ au front, plus élevée qu’un salaire d’ouvrier. Le 9, « le Maréchal Pétain établit le principe de la future Constitution : l’Etat issu de la Révolution Nationale doit être autoritaire et hiérarchique », « les premiers vélos-taxis », « l’épuration des Russes en France : 8767 arrestations, 8300 libérations », « héros de l’Empire » (c’est ainsi qu’on parle des Français qui défendent la Syrie contre les Britanniques), « taxation des abats et viandes de cheval, âne, mulet et chèvre » (c’est la viande qu’on consomme, si l’on peut). Tous les jours un communiqué de victoire allemand sur le front russe, mais celui qui compare ces communiqués successifs voit une avancée de cent kilomètres en plusieurs mois : qu’est-ce par rapport à l’immensité de l’U.R.S.S. ? On mentionne aussi les mutations, mises à la retraite d’office et révocations parmi le personnel des Préfectures et Sous Préfectures « qui sont restés trop attachés à une politique qui s’est avérés trop liée à des intérêts strictement locaux », « cyclisme : circuit des 4 Provinces », « Pétain a décidé pour la zone libre, demandé au Commandement allemand pour la zone occupée, que le 14 Juillet restera un jour férié, jour de recueillement et méditation ». Tous les jours on signale des vols de légumes, d’un canard, etc. et dans la rubrique « cuisine pour le temps présent » des recettes de ragoûts et terrines ménagères à base de restes et de laitue cuite, « le clapier à l’usine » parle des lapins nourris avec l’herbe des prés, des pelouses et talus. Le 15 juillet, « Est : menace sur Moscou, Leningrad ». « Vichy : le Maréchal Pétain a assisté à une conférence sur Brazzaville et la dissidence au Gabon ». La dissidence au Gabon, c’est l’amorce de la France Libre mais on ne le sait pas encore. Le 18 : « règlement de la profession d’avocat : en ce qui concerne les Israélites, leur proportion ne peut dépasser les 2 % », « émouvante cérémonie, un convoi de prisonniers rapatriés a été reçu à Roanne par le Maréchal Pétain », « le tunnel de la Croix-Rousse est percé », Le 19, article dans l’air du temps sur le travail des femmes : elles travaillent parce que le mari est absent ou prisonnier. Et toujours les pilleurs de jardins. Heureusement le 25 on annonce que « Solaize fournit 200 tonnes d’abricots pour les confitures lyonnaises » qui seront garanties pur fuit. Pur sucre on n’ose pas dire… Par ailleurs « 75000 tonnes de céréales naviguent d’Algérie vers la France », on parle du ravitaillement en médicaments, façon de parler de la pénurie de médicaments due, comme le reste, aux réquisitions allemandes, aux déménagements d’usines en zone dite libre où elles ne fonctionnent guère, et au manque de matières premières. On donne des patrons de « robes à bandes » pour faire un vêtement nouveau avec les parties les moins usées de deux ou trois vêtements anciens « sans utiliser de points de votre carte vestimentaire ». De Gaulle est condamné à mort par contumace le 2 Août sans que sa popularité n’augmente ni diminue, il est mal connu. A l’Est du nouveau ? « Après la Finlande, bataille sur le lac Lagoda ». L’armée allemande ne piétine pas, elle dérape. Le 13 Août, Pétain moralise toujours : « en 1917 j’ai mis fin aux tueries, en 1940 j’ai mis un terme à la déroute, aujourd’hui c’est de vous-mêmes que je veux vous sauver » Tout ça pour annoncer que l’activité de tous les partis politiques doit cesser. Même dans nos banlieues, ça a l’air de prendre : le 28 Août « remise du fanion aux Légionnaires de Vénissieux. » Un genou en terre bien sûr. « Des rations supplémentaires », mais il s’agit de tickets, et pour 250 g de pâtes. Et toujours : « profiteurs de disette » et « blindés allemands à 80 km de Leningrad », « attentat contre MM. Laval et Henriot ». Les attentats se multiplient. Fin Août, « 1er anniversaire de la Légion : 160 000 Légionnaires et amis de la Légion », « les 3 communistes condamnés à mort à Paris exécutés, « répression des menées communistes ». On rapporte toujours que Pétain est acclamé ici ou là et c’est vrai, l’image du général économe du sang de ses hommes en 1917 a été renforcée par l’armistice et l’entrevue de Montoire, il apparaît comme celui qui a limité la casse. Le 21 août 41, sur le quai du métro Barbès, Pierre Georges, le futur colonel Fabien, décharge son 6.35 sur un officier de la Kriegsmarine, l'aspirant Moser. Le 23 août les Allemands annoncent que tous les Français arrêtés seront considérés comme otages. En cas de nouveaux attentats le nombre d’exécutions sera fixé selon la gravité des actes commis. Le 16 Septembre le général Keitel estime « convenable » l’exécution de 50 à 100 otages pour la mort d’un soldat allemand. Le 28, le code des otages d’Otto von Stulpnagel précise qu’ils devront être désignés d’abord parmi les juifs et les communistes et ceux qui rédigent ou diffusent des tracts. Le 7 Septembre « le siège de Leningrad est commencé, Leningrad ne pourra tenir plus de 2 ou 3 semaines. » On crée un musée du terroir à Romenay, pendant qu’un Tribunal d’Etat est institué « pour sanctionner les actes qui risquent de porter atteinte à l’unité matérielle et morale de la Nation. Deux sections siègeront, l’une à Paris l’autre à Lyon ». Ceux qui croient à l’unité matérielle de la Nation seront rassurés par la « préparation de décisions sur les expéditions familiales de pommes de terre », normalement interdites. Le 14 « les directives de l’organisation communiste (internationale communiste) sont illégales pour la France. Elles visent le noyautage des forces qui soutiennent le Maréchal Pétain. C’est ainsi que l’incomparable Lénine a installé ce régime en Russie. Qu’aurait-il fait sans le concours des anarchistes, des francs-maçons et des socialistes ? » se demandent les forces qui soutiennent le Maréchal Pétain. Le 17 « menaces sur la Crimée » les unités allemandes marchent vers l’Est. « 10 otages fusillés à Paris par les troupes d’occupation, suite à des agressions contre des membres de l’armée allemande. Le 21 « les troupes allemandes ont pénétré dans Kiev », « mise à la retraite d’officiers généraux ayant fait partie de la franc-maçonnerie », le 22 « sous les obus et les bombes 1 million de Russes défendent farouchement Leningrad », « la répression du marché noir ». Le 26, « Etats-Unis, vers l’abrogation de la loi sur la neutralité ». Et toujours, en Savoie et à Lyon « le Maréchal Pétain et l’amiral Darlan accueillis avec une patriotique ferveur ». Examen de la Charte du Travail, question des minima sociaux. 1er Octobre, « une nouvelle formation de police : les groupes mobiles de réserve qui ont pour devise : je veille ». « Cuisine : un légume peu connu en France : l’épi de maïs ». Le 4 « le Führer annonce qu’un évènement important se prépare à l’Est », « recette poires Bourdaloue simplifiée : sucre ou saccharine, vanille ou extrait, crème de riz ou à défaut farine tamisée, si vous pouvez ajouter un œuf ce sera parfait », « des repris de justice arrêtés, ils avaient dérobé des cartes d’alimentation ». Le 6, Le Progrès doit se fendre d’un article avec photo sur l’organisation du travail. Sous le titre « les jeunes vendangent en Beaujolais », ce qui n’est pas une nouveauté, on souligne que « l’effort leur fait des yeux brillants et clairs. Pour ces jeunes, la vie est belle. » Ce n’est pas exactement ce que l’auteure a entendu d’anciens des Chantiers de Jeunesse mais, bon… Le 7 « recensement des Israélites auxiliaires de médecine », « la noce en vélo-taxi », « les pommes de terre au Parc de la Tête d’Or », « les femmes mariées qui ne peuvent obtenir une autorisation maritale en raison des circonstances nées de la guerre peuvent y suppléer par une décision de justice », « la grande misère des jardins ouvriers : des gérants ont reçu une lettre recommandée du propriétaire qui vent récupérer son jardin. Le 11 et le 12 « le front soviétique est percé sur une largeur de 500 km » (le caporal Hitler ne semble pas connaître la tactique du recul suivi d’encerclement de l’ennemi, il est fort content de lui et ses propagandistes publient chaque jour un communiqué sur l’avance des troupes allemandes et les centaines de milliers de soldats russes prisonniers). Le 13, « ravitaillement des centres urbains cet hiver : la lutte contre les spéculateurs et trafiquants de faux tickets ». Le 17, « le châtiment des responsables : MM. Edouard Daladier, Général Gamelin, Léon Blum, Paul Reynaud et Georges Mandel sont condamnés à la détention dans une enceinte fortifiée ». « Hyppocrate dit oui : les personnes ayant subi un fort amaigrissement peuvent avoir des diarrhées et parfois un œdème ». Le 22, « du Nord au Sud, la Wehrmacht pousse en direction de Moscou », le 21 « le gouvernement soviétique s’est replié à Kouibitchev » Le 22 « le trafic fluvial rhodanien est arrêté depuis 40 jours » (cela signifie que le commerce qui ne peut se faire avec le Nord, du fait de la ligne de démarcation, ne peut plus se faire au Sud, à cause des destructions), « sur la voie nouvelle, le sport français ne risque plus de s’égarer » Le 23 « un colonel allemand est tué à Nantes à coups de révolver, 50 otages ont été exécutés, 50 autres le seront si le coupable ne se dénonce pas immédiatement », appel officiel à la délation : « un appel du Maréchal Pétain et de l’Amiral Darlan : Français, votre devoir est clair, il faut faire cesser la tuerie (…) dressez-vous tous contre ces complots, aidez la Justice, un coupable retrouvé et cent Français sont épargnés ». Le 24 « Madame la Conseillère célèbre un mariage » (le gouvernement a nommé quelques femmes dans les conseils municipaux). Et toujours les victoires allemandes en Crimée. Le 28 « la Charte du Travail est promulguée ». Le 30 « le lapin des écoles : en Isère les enfants élèvent des lapins qui seront envoyés en ville au Secours National ». Le 31 « interdiction d’écouter certaines émissions radiophoniques : de 200 à 10000 francs d’amende (ordre de grandeur : à cette date, multiplier par 0,3 pour avoir des euros), 6 jours à 2 ans de prison. Le 4 Novembre, « prise de Koursk par les forces du Reich, 53000 soldats soviétiques prisonniers », le retour à la terre : la grande idée de Pétain : « un arrêté va donner des avantages aux retraités et aux vieux travailleurs qui veulent se retirer dans un village de moins de 2000 habitants », « le repas à 4 francs dans les cantines scolaires ». Le 10, « le Tribunal d’Etat connaîtra les affaires de marché noir », le 12 « le 11 Novembre célébré avec discrétion », « le Tribunal d’Etat a prononcé hier deux condamnations : une au bagne perpétuel, l’autre à dix ans de travaux forcés ». Le 18, « le Maréchal Pétain a ouvert la campagne d’hiver du Secours National ». A la fin du mois, « les blindés allemands à 50 km de Moscou ». Le 11 Décembre « les jeunes préparent le Noël des séparés », « l’Allemagne et l’Italie en état de guerre avec les Etats-Unis ». Le 18 « rectification et rétrécissement du front Est » ces deux mots sont les premiers par lesquels on peut déduire que les Allemands ne se contentent plus de marquer le pas, ils commencent à reculer. Le 19 « débarquement japonais à Hon-Kong », le 20 « la ville de Hon-Kong prise par les Japonais ». Le 23, « âpre résistance de la Wehrmacht dans le secteur de Moscou ». Cela doit rappeler les communiqués de guerre français de Mai 40, quand on parle de contre-attaques, c’est qu’on recule. Le 24 il s’agit de « vives contre-attaques » et le 25 « les combats défensifs se poursuivent sans relâche ». L’espoir change de camp, mais c’est un espoir bien mince et payé très cher… Ce qu’on ne lit pas dans la presse : le 24 Décembre, De Gaulle nomme Jean Moulin son représentant pour la zone sud et Délégué du Comité National. 1/ Archives Départementales du Rhône 130 W 139 et 156 à 159 2/ Lumières sur Lumière par Bernard Chardère 3/ le livre d’Amoretti « Lyon capitale, 1940-1944 », a permis à l’auteure de compléter, et surtout recaler ses informations. 1942, le tournant de la guerre, survivre en espérant : Le 24 Janvier, le Compte de gestion de la Commune, exercice 1940 est arrêté à 365 535,69 F, soit excédent de recettes de 1939 et 1940 ; 209 496,80 F, le budget additionnel de 1942 est de: 232 133,80 F, le budget prévisionnel de 1943 : 389 901 F dont 6550 F pour bureau de Bienfaisance. Frais de représentation du Maire : indemnité annuelle portée de 3600 F à 7200 F. D’après le compte-rendu du Receveur Municipal exercice 1941 : recettes 523 352,10 F dont 490,40 d’excédent + excédent précédent 160389,90 = 160 880,30 F. Le 11 Octobre, demande de classement de la Commune de Feyzin en commune urbaine spéciale. Augmentation de salaire des employés communaux : secrétaire auxiliaire : 15000 F/an, garde champêtre 11040 F, cantonnier 14160, fontainier 18300 F. Budget : compte administratif 1941, excédent définitif 165183,70 F, budget additionnel 1942 : 184987,40 F, budget prévisionnel 1943 : 426254 F, vote d’une indemnité de fonction au premier adjoint : 1000 F/an. Vie économique, métiers : Une loi de 1941 prévoyait l’organisation des cultures maraîchères aux abords des villes. En accord avec le Maire de Lyon le Préfet décide de l’appliquer dans un rayon de 25 km autour de la ville et en 1942 écrit aux Préfets de l’Ain et de l’Isère pour leur communiquer la liste des 35 communes de l’Ain et 31 de l’Isère concernées. Notre canton en fait évidemment partie et les Maires reçoivent une circulaire les priant de donner le plan des terrains, jardins publics ou friches, qui pourraient être mis en culture de légumes de plein champ par les entreprises ou organisations sociales qui fourniront à leurs membres outils et semences. Parmi elles, Le Secours National et la Légion française des Combattants semblent faire preuve d’exigences qui, dans certaines communes, créent des contentieux. En janvier 1942, le Service d’Ordre légionnaire (SOL) créé par Joseph Darnand (ne pas confondre avec l’amiral Darlan, Ministre de la Défense Nationale, des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de l’Information etc.), service rattaché à la Légion mais avec une forte autonomie, est en fait une police parallèle, ses 18 000 militants constitueront le vivier de la Milice française. Le 11 janvier 42 Frenay peut annoncer à ses adjoints le premier parachutage d’armes et d’explosifs : cinq containers, dans la région d’Avignon. En Mars le premier dans notre région se fera à Blyes (Ain). Les combattants qui jusque là « récupéraient » des explosifs sur les chantiers, vont pouvoir agir, mais la préparation des atterrissages est extrêmement dangereuse. |
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