La guerre de 39-45 vecue a feyzin et par les feyzinois combattants ou resistants








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Créé par Bernadette Ramillier le 24 Août 2014 la guerre de 39-45 vécue à Feyzin - -


LA GUERRE DE 39-45
VECUE A FEYZIN ET PAR LES
FEYZINOIS COMBATTANTS
OU RESISTANTS

LA GUERRE DE 39-45 VECUE A FEYZIN ET PAR LES FEYZINOIS COMBATTANTS OU RESISTANTS
Avertissement au lecteur : certains de ces textes ont déjà été publiés dans mes « Chroniques de Feyzin, tomes 1, 2 et 3 » Ont été ajoutés des documents familiaux (1940) et les évènements marquants de l’actualité française et mondiale tels que nous les comprenons aujourd’hui avec le recul du temps, les témoignages, les ouvertures récentes d’Archives, et la façon dont ces évènements étaient portés (ou non) à la connaissance de la population par les journaux autorisés et les clandestins. Une large place a été donnée aux difficultés matérielles : « taxation des abats et viandes de cheval, âne, mulet et chèvre » (c’est la viande qu’on consomme, si l’on peut), « la réglementation des chaussures : inscriptions pour le ressemelage » « l’échange des pantoufles : deux paires usagées contre une neuve ». Ces restrictions sont parmi les premiers souvenirs que mentionnent les témoins de cette époque, elles les ont beaucoup marqués.
Joseph Martinet, imprimeur de la Résistance :

la liberté de l’esprit et l'esprit de liberté
En 1975, à l'occasion du 30ème anniversaire de la libération des camps, Le Progrès a organisé dans ses locaux de la rue de la République une exposition sur la presse clandestine pendant l’Occupation. On mentionne que dès 1941, un maître imprimeur tirait sur une machine artisanale le premier numéro de la presse clandestine "les Petites Ailes". Allaient suivre "Vérités", "Combat", « France », Libération", « La Marseillaise », puis lorsque fut arrêté un autre imprimeur clandestin « Franc-Tireur », et le « Courrier du Témoignage chrétien ». Il s’agit des Martinet. Il est né à Lyon en 1903, mort à Vaux-en-Velin en 86, sa femme est née aux Razes le 18 Avril 1907 fille de Jean Vachon, menuisier, et décédée en 2003. Ils ont habité quelques temps les Razes.
L’imprimerie clandestine a besoin d’argent, de papier, de rotatives, très repérables car bruyantes. Le papier et l’encre sont fournis par les parachutages des Alliés ou achetés au marché noir. A Lyon le Progrès en donne jusqu’à son sabordage : son directeur et de nombreux membres du personnel sont résistants ou sympathisants. Les presses sont rares, les écrits souvent rédigés à la main. La diffusion est dangereuse, le Code des otages du 30 septembre 1941 précise que les otages doivent être choisis en premier lieu parmi « les personnes qui ont collaboré à la distribution de tracts ». La transmission de la main à la main et l’information orale répercutent les informations de la presse clandestine, de plus en plus crédible par rapport à la presse collaboratrice dont on voit bien qu’elle ment. Les imprimeurs de la Résistance fabriquent aussi des cartes d’identité, d’alimentation, des feuilles de démobilisation et pour cela les tampons de légalisation et même les cachets allemands. Consommant en une semaine l’allocation d’électricité d’un mois, l’équipe de la rue Viala, grâce à son savoir-faire en matière de faux tampons, en-têtes d’usines allemandes, etc., demande même et obtient quelques temps le régime privilégié des usines travaillant pour l’Allemagne !
Principaux journaux clandestins imprimés par le couple Martinet, au 5 rue Mozart de Villeurbanne, à Crémieu ou rue Viala (atelier attaqué par 150 Allemands et miliciens le 17 juin 44 le 17 juin 44 et incendié tandis que le couple était absent, après quoi Joseph devient « le typo rescapé »  et, bien sûr, très recherché) :
- "Les Petites Ailes" né dans les départements de la zone interdite, Nord et Pas de Calais. Treize numéros diffusés, de 200 à 800 exemplaires, puis le titre change. Il y aura deux éditions, une de chaque côté de la ligne de démarcation, avec un éditorial et certains articles communs. (n.b. la France n’est pas divisée en 2 zones comme on le dit souvent, mais en 4 : l’Alsace-Lorrain annexées au 3ème Reich, une zone interdite tout le long du littoral atlantique de la frontière belge à la frontière espagnole, une zone occupée, le Nord Est de la France et une zone dite libre, au Sud). Fin Août 41, il s’appelle dans la zone Nord Résistance dans la zone Sud Vérités qui, en novembre 1941, fusionnera avec Liberté sous un nouveau titre, Combat (15 exemplaires). Avec Bertie Albrecht et Henri Frenay, son titre fournit au Mouvement de Libération Nationale son nouveau nom, Combat.
- « France », journal du Mouvement Libération Nationale (Henri Frenay et Robert Guédon), suite des Petites ailes de France.
- "Vérités" le 30 août 1940, les Comités français pour la IVe internationale (Parti ouvrier internationaliste à partir de décembre 1942, puis Parti communiste internationaliste en mars 1944) impriment le premier numéro de La Vérité. C'est le premier journal clandestin de la presse française. Son responsable Marcel Hic est déporté en octobre 1943. Les 19 premiers exemplaires sont tapés à la machine à écrire et ronéotés puis il est le plus souvent imprimé. Le journal est tiré à 3 000 exemplaires. Vérités devient un nouveau journal, commun aux trois zones,
- « l’Insurgé » qui d’après Martinet, n’a pas beaucoup vécu, mais vécu dignement.
- « Libération" créé en juillet 1941, issu de la Dernière colonne, groupe mené par Emmanuel d'Astier. Destiné au recrutement et à l'implantation du mouvement, le journal dispose d'un service de propagande-diffusion. La composition était assurée par des typos d’autres journaux, l’imprimeur changeait souvent. Diffusé dans la zone Sud jusqu'en 1944, son tirage atteint 300 000 exemplaires. Donne des consignes claires : boycotter les journaux allemands, les entreprises travaillant pour
-  « Franc-Tireur », dont le couple Martinet reprit l’impression lorsque fut arrêté X, un autre imprimeur clandestin. De tendance radicale-socialiste, "mensuel dans la mesure du possible et par la grâce de la police de Pierre Laval", lancé le 1er décembre 1941 en même temps que le mouvement clandestin du même nom en zone Sud. 39 numéros clandestins paraissent. Légal à la Libération,
- « le Courrier du Témoignage chrétien » publié clandestinement depuis Novembre 41, sous forme d'un opuscule de petit format (d'où le nom de Cahier), rédigé par des Jésuites de la faculté de Fourvière à Lyon et des Protestants. Appelle à s'opposer au nazisme au nom des valeurs chrétiennes, ne traite qu'un sujet à chaque fois et donne naissance, dès mai 1943, au Courrier Français du Témoignage Chrétien, d'un tirage de 100 000 puis 200 000 exemplaires qui revendique une résistance spirituelle, en référence à l'Evangile et aux idéaux chrétiens qu’il oppose au nazisme. Son sous-titre est « Lien du Front de résistance spirituelle contre l'Hitlérisme ».
Les débuts de l’opposition : Dans son livre « Combats dans l’ombre », malheureusement dépourvu de dates, Joseph Martinet raconte l’évolution de la presse clandestine : « les « Petites Ailes » était un bien petit journal mais imprimé au lieu d’être ronéotypé, il présentait mieux. On le tira sur trois feuillets piqués en coin ; cela faisait sérieux comme un compte-rendu financier d’une grosse société anonyme. Il n’était point encore d’opinion gaulliste, simplement anti-allemand et les fléchettes lancées contre le vieux maréchal étaient entourées d’ouate littéraire, à tel point qu’il fallait relire telle phrase dix fois, pour finalement se dire : « mais enfin, il l’engueule ! »
Avec le poids de l’Occupation, les crimes des SS, de la Gestapo et de leurs alliés de la Milice, le ton deviendra plus virulent et tout sera plus dur : obtenir une autorisation de livraison de papier, recruter des ouvriers et distributeurs bénévoles, déménager sans cesse avec le lourd matériel de l’époque. Arrestations, organisation des évasions. Ils envoient des colis-express, en plusieurs départs, sous des noms d’emprunt : « on pesait gravement, dans un conciliabule pénétré, la confiance que pouvait inspirer le titre d’un chanoine, ou celui d’un capitaine breveté d’état-major ; on forgeait des étiquettes d’envoi empreintes de décente bondieuserie, d’un commercialisme planant au-dessus de toute politique. » Les relais devaient être aussi insoupçonnables que possible, par exemple une mercerie à l’ombre d’une église où «deux bonnes demoiselles instrumentaient, glissant comme des ombres, partageant leur temps entre leur boutique et les saints offices. L’une d’elle sortit un message entreposé dans son corsage où certainement nulle main d’homme n’aurait eu l’audace d’explorer, entre les croix, les scapulaires et les médailles bénies ». En Joseph Martinet en tire cette conclusion optimiste : « comment vouliez-vous que la Résistance ne triomphe pas ? »
La Résistance triomphera mais ses effectifs seront décimés. Joseph Martinet apprend la mort de plusieurs de ses compagnons ou compagnes de lutte. L’étau se resserre. Son propre atelier de la rue Viala est incendié et ses collaborateurs massacrés alors qu’il est absent. Dans les milieux de l’imprimerie, on parle trop souvent du typo rescapé. Marcelline, sa femme et principale collaboratrice, et lui décident d’envoyer leur petite fille à la campagne : « il valait mieux qu’on lui apprenne tout doucement que ses parents étaient tués que de les voir abattus sous ses yeux… »
Outre ses relais permanents, la presse clandestine reçoit des aides discrètes. Il raconte que rue Mongolfier, sous un escalier, un petit entrepôt tient lieu de magasin répartiteur. Un soir sans lune, un messager qui connaît mal l’endroit dépose un paquet volumineux dans la mauvaise cave. Le distributeur ne les trouve pas. Angoisse jusqu’à ce qu’un Monsieur distingué, croisant une de leurs estafettes, lui dise : « vous avez entreposé des imprimés dans ma cave, ils sont à votre disposition. » Ils admirent le tact de ce Monsieur dont ils avaient fracturé la cave pour y déposer des choses… qui auraient pu lui valoir Montluc ou alors une prime à la délation, chose qui, hélas en tente plus d’un.
Lorsqu’enfin les Alliés pénètrent dans Lyon, il est le dernier imprimeur de la Résistance. Alors que la fusillade crépite, une ultime livraison de la « Marseillaise » et de « Libération » se fait en carriole à bras, et seulement à Villeurbanne. Il y a longtemps qu’ils ne peuvent plus emprunter ni voiture ni essence… Il ne participe pas au défilé de la Libération, il va fleurir la tombe de ses compagnons massacrés. Ceux qui ont une tombe. Car d’autres ont été déportés ou sont mots sous la torture.
Lorsque le Progrès organisa cette exposition, le petit atelier était déjà menacé par l'expansion de la ville, il n’existe plus aujourd’hui. Mais il a été le cadre de la liberté de l’esprit et de l'esprit de liberté. La vieille Minerve de l’atelier de Joseph Martinet était la pièce maîtresse de l'exposition et devant un public intéressé, il avait repris du service pour quelques tirages spéciaux. Il raconta l'épopée de la presse clandestine et Henri Frenay dira de lui à cette occasion : "Simple artisan de la bonne tradition ouvrière lyonnaise, c'est-à-dire haïssant l'injustice, généreux, serviable, aimant la liberté plus que la vie, il sera avec la Résistance jusqu'au bout, sans défaillance, prenant les risques les plus grands. Après la Libération il fuira les honneurs, modestement, il rentrera dans l'ombre, continuera son métier"
Les discours terminés, Joseph Martinet disparut de nouveau, discrètement, en homme "qui ne fait pas de différence entre l'ouvrage bien fait et le devoir accompli, même si celui-ci comporte les risques les plus définitifs." Après la Libération, il aurait pu devenir l’imprimeur officiel de la ville de Lyon, du Département, et même de Ministères où il avait des amis du temps de la Résistance. Il ne se servit pas des relations nouées à l’époque du danger pour « faire carrière ».
Reprenons l’ordre chronologique, plus commode, et le cadre régional, plus limité :


Evolution de Feyzin pour cette période (1) :



Population


1934

1778

1946

1775

Cultivateurs, jardiniers ou maraîchers

133

186

Ouvriers agricoles, domestiques de ferme

28

8

Employés bureau

46

40

Domestiques

19

11

Ingénieurs, Fabricants, Négociants

9*

14

Ouvriers(ères) d’usine

156**

299

Ouvriers spécialisés, contremaîtres

101

97

Artisans et ouvriers du bâtiment 

44

46

Artisans ruraux : charrons ou maréchaux-ferrants, bourreliers

6

9

Boulangers et mitrons

7

7

Epiciers (res) et coquetière

4

13

Charcutiers ou bouchers

7

6

Cafetiers, restaurateurs

15

23

Autres commerçants, employés commerce

23

25

Employés PLM

30

34

Autres métiers du transport

7

2

Métiers de l’habillement, revendeuses

15

15

Vanniers

15

0

Potiers

7***

0***

Autres artisans et leurs apprentis

2

18

Etudiants

1

21

Rentiers, retraités, écoliers, sans profession ****

691

853

Curé, fonctionnaires, militaires hors du Fort)

16

25



* les métiers sont ceux déclarés par les personnes interrogées

** fermeture de La Soie

*** fermeture poterie Bonnet, puis les Paillet se déclarent agriculteurs

**** les enfants vont à l’école jusqu’à 14 ans.
Entre les deux guerres, les métiers des femmes se sont un peu diversifiés : une gérante de cantine, une accoucheuse, des sténos-dactylos. Des épouses de cultivateurs ou maraîchers sont déclarées cultivatrices, d’autres sans profession. Des teinturiers, dévideuses, moulineuses travaillent à la Soie, des forgerons, chaudronniers, mécaniciens, soudeurs, serruriers, chauffeurs, électriciens, plombiers, un tailleur de pierre, des typographes, dessinateurs, gardes et ouvriers du bâtiment, chez Planchon, Saint-Gobain, les Usines du Rhône, Bâle, Berliet. Dans le transport apparaissent camionneurs, chauffeurs d’auto ou conducteurs de tramway, un marinier, et les salariés du PLM : employés, aiguilleurs, garde barrières, poseurs de rails, chef de gare, venant souvent de l’Ardèche, l’Hérault etc.. Un mutilé de guerre, trois veuves chefs de famille sont sans profession déclarée. Les enfants de plus de 14 ans qui suivent des cours professionnels sont classés « étudiants » (1).
Société : En 1934 (dernier recensement avant la guerre) Feyzin compte 1630 Français et 170 Etrangers. 3 % ont moins de 1 an, 30 % 1 à 19 ans, 28 % 20 à 39 ans, 24 % 40 à 59 ans, 15 % 60 ans et plus. Les moins de 40 ans représentent toujours les 2/3 de la population. Ceci s’explique par une espérance de vie plus faible qu’aujourd’hui et l’appel de main-d’œuvre par les usines.
1/ Archives Départementales de l’Isère 123 M 71, 176, 373, 401

1938 : l’année de tous les dangers. Et de toutes les lâchetés
Au Conseil Municipal, outre la réparation du clocher, le budget, l’assistance, on note la naissance de l’ancêtre de la Communauté urbaine, plus tard Grand Lyon, qui s’appelle alors la région lyonnaise d’urbanisme, syndicat chargé des études préalables pour toutes les communes intéressées. Dans sa page « femmes », Le Progrès commence à dire que « les vêtements les plus sobres sont les plus élégants ». Malgré cela cette rubrique comporte et comportera jusqu’à la fin de parution des modèles de plage, de sport d’hiver, de soirée, voire de « soirée casino », de robes de cocktail ou de manteaux fourrure hors de la portée de la plupart des lectrices et d’ailleurs sans usage pour elles (qui va au ski ? au casino ?). Mais elles les reproduisent, on leur donne d’ailleurs un patron réduit et simplifié. La mode naît chez les grands couturiers et vit dans la rue.
Après l’Anschluss, réalisé par un coup d’état du parti nazi autrichien, suivi d’invasion militaire et annexion de l’Autriche par l’Allemagne le 12 mars, Hitler mesure la faiblesse des démocraties (« les canons parlent toujours le bon langage » dit-il), et multiplie insolences et mensonges. Il joue sur le velours : le souvenir des 19 millions de morts et des 21 millions de blessés de la guerre de 14 a bloqué toute velléité de lui taper sur le museau quand il était temps et qu’il n’avait pas les moyens de ses menaces (occupation de la Rhénanie en 1936). Maintenant, c’est plus difficile, le Reich est surarmé. Le Progrès du 9 Juillet cite la déclaration du Premier Ministre britannique, M. Nevile Chamberlain : « mon premier devoir : éviter la répétition de la Grande Guerre ». A côté des nouvelles politico-militaires, le journal rapporte le concours de boules de l’union locale des produits chimiques de Saint-Fons, les fêtes aériennes de Bron et le Tour de France. Ses pages mondaines parlent de « ceux que Paris va fêter. Un symbole de la vieille et jeune Angleterre, le Roi George VI ». Outre la nécessité pour ce roi grandi à l’ombre de son séducteur de frère de se faire (re)connaître, on veut aussi resserrer les liens entre la Grande Bretagne et la France, les Etats-Unis ayant clairement déclaré qu’ils ne se mêlent plus des affaires européennes. Le 19 Juillet et les jours suivants la visite de George VI et son épouse la reine Elisabeth, leur « accueil d’apothéose » fera sept colonnes à la une. Les nouvelles d’Allemagne sont d’abord anecdotiques : on roulait à gauche en Autriche, à partir de l’entrée triomphale d’Hitler après l’Anschluss, on roule à droite. Quoi d’autre ? L’ancien organisateur du Festival de Salzbourg est sous les verrous, on ne sait pas pourquoi. Des milliers d’autres Allemands y sont aussi, en particulier des handicapés que l’on gaze. L’Eglise luthérienne arrivera temporairement à faire cesser ces crimes mais la presse n’en parle pas. Elle traite du conflit sino-japonais « occupation de Hou Kéou par les troupes japonaises », du rapatriement des volontaires d’Espagne, des incidents graves en Palestine et, dans « Hippocrate dit oui » des moyens de se protéger des attaques aériennes : abris, masques à gaz, discipline dans l’exécution des consignes d’alerte : on prépare l’opinion publique à ce qui vient. Pour le 14 Juillet, M. Chautemps, vice-président du Conseil, déclare à Strasbourg : « Si jamais l’Alsace était attaquée du dehors, des millions de poitrines se dresseraient pour la défendre. » « Le Reich renforce puissamment ses fortifications à l’Ouest » écrit Le Daily Express. Le Progrès annonce l’émission de bons de la Défense nationale et signale l’accord complet entre la Grande-Bretagne et la France, reconnu par toutes les capitales d’Europe.
Hitler poursuit son entreprise de mainmise sur l’Europe. Après l’Autriche, il veut annexer les Sudètes (pays tchèques frontaliers de l’Allemagne) par les mêmes méthodes : revendication des Allemands de cette région, sous la direction du parti nazi -> aide fraternelle apportée par l’Allemagne nazie au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes -> invasion. Contrairement à l’Autriche, il n’est pas le bienvenu en Tchécoslovaquie. Cette annexion est pudiquement baptisée dans nos journaux « la question tchécoslovaque ». 3 Septembre, « la rencontre de Berchtesgaden et l’action britannique » (c’est dans le nid d’aigle que les chefs d’états rencontrent Hitler, il se déplace rarement à l’étranger, sauf après une victoire nazie), « harmonie parfaite entre MM. Hitler et Henlein « le Führer des Sudètes » fondateur du parti nazi des Sudètes, la Süd Deutsch Partei ». Le 5, « Prague refuse de discuter les contre-propositions des Sudètes. Approuvées par Hitler elles n’étaient que la reproduction des huit points de Carlbad (n.b. la création d’un territoire allemand autonome des Sudètes). La négociation se poursuivrait entre Londres et Berlin et l’on songerait à une conférence internationale ». Le 6, « un conseil des Ministres extraordinaire s’est réuni à Prague et a consenti d’énormes sacrifices ».
Toujours le 6, Le Progrès relate « l’ouverture du Congrès national-socialiste, Nürnberg a accueilli le chancelier Hitler » (n.b. Nürnberg est à 120 km de la frontière tchèque), le 7, « Nürnberg : le chancelier glorifie la Grande Allemagne et défend l’autarcie et le racisme » (n.b. les lois votées en 1935 dans cette ville, dites par les nazis « lois pour la protection du sang et de l’honneur allemand », par les autres « lois iniques », aggravées en 1938, privent les Juifs de tous leurs droits, ordonne la confiscation de leurs biens etc. au nom de la pureté de la race germaine, proclamée l’élite de la race aryenne, elle-même proclamée race supérieure.) Le 8 « le nouveau projet de Prague a été remis aux Sudètes » et « au congrès de Nürnberg, bêche sur l’épaule, 40 000 hommes ont défilé hier devant le Führer » tandis que le speaker commente « Nous avons vu comment le Führer, sans un coup d’épée, a conquis un pays. Il a repris son sol natal, la vieille marche germanique de l’Est, et l’a ramené dans le Reich ». Les Autrichiens, jadis à la tête d’un empire sur lequel le soleil ne se couchait pas, apprécient-ils d’être « la vieille marche germanique de l’Est » ?
Chaque jour Le Progrès rapporte les hypocrisies des pourparlers de Prague et les incidents que les nazis savent provoquer pour ensuite se présenter en pompiers. 9 Septembre « l’effervescence de la population tchécoslovaque qui ne veut plus de concessions ». Revues et parades se succèdent à Nürnberg, le 11, « MM. Hitler, Goering et Goebbels exaltent en termes violents la force allemande. A Prague M. Benès souligne avec confiance et sang froid la contribution de son pays à la paix ». Idem les jours suivants, le 12 « Monsieur Hitler parle du sentiment du devoir qui l’anime à l’égard des Allemands vivant hors du Reich », le 19 « le Führer revendique pour les Sudètes le droit de disposer d’eux-mêmes, mais n’écarte pas la possibilité d’un arrangement ». Suivent des incidents sanglants, l’état de siège proclamé par Prague, dont Henlein exige la levée dans les six heures, le refus de cet ultimatum par Prague qui se déclare encore prêt à négocier. En France « le gouvernement poursuit son action vigilante pour le maintien de la paix ». Le 14 « les choses ont l’air de s’arranger, déclare M. Edouard Daladier ». Le 15, « un coup de théâtre : aujourd’hui rencontre Chamberlain – Hitler », et « le Duce en contact permanent avec le Führer », le 16, l’entrevue de Berchtesgaden est qualifiée de « échange de vues large et franc sur la situation politique » (Chamberlain). En même temps on signale « une concentration des francs-tireurs sudètes sur la frontière tchèque » le 18, « une conférence réunit à Londres MM. Daladier, Georges Bonnet (ministre des Affaires étrangères français), Nevile Chamberlain et Lord Hallifax (ministre des Affaires étrangères britannique). Le 19 « accord complet », le 20 « Prague accepterait en principe les propositions franco-anglaises », mais « la Pologne et la Hongrie revendiquent leurs minorités ». Chacun veut un morceau de Tchécoslovaquie. En vénerie cela s’appelle la curée. La menace se précise et « Hier Prague a décrété la mobilisation générale », « le communiqué allemand parle d’un esprit amical », mais le 25 un mémorandum est transmis à Prague, dont Berlin attendra la réponse jusqu’au 1er Octobre ». Le 26 « les ministres anglais et français ont conféré cette nuit à Londres. Les exigences formulées par le Reich à Godesberg dépassent de loin les demandes de Berchtesgaden (vieilles de 10 jours). Le 27 « un appel pour la paix du Président Roosevelt », MM.Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini se rencontrent à Munich. Le 30 voit le comble de la naïveté dans un titre étalé sur toute la page « Une heureuse journée pour la paix. Les Quatre ont signé un accord qui met fin au conflit tchécoslovaque ».
Le 1er Octobre « Mise en vigueur de l’accord de Munich ; les troupes allemandes entrent dans le territoire sudète » et « dans une déclaration commune MM. Hitler et Chamberlain affirment le désir de leurs deux peuples de ne jamais entrer de nouveau en guerre l’un contre l’autre », « l’accueil enthousiaste de Paris au Président Edouard Daladier. Le 2, « Prague accepte de céder la région de Teschen à la Pologne qui en prendra possession aujourd’hui et « dans la ferveur d’une foule émue M. Daladier a ranimé la flamme sur le tombeau de l’Inconnu. ». Le 5, « la Chambre, par 535 voix contre 75, fait confiance au Gouvernement. Il demande une délégation de pouvoir pour réaliser le redressement immédiat de la situation économique et financière du pays ». Le 8 « le nouveau statut de la Tchécoslovaquie : le premier gouvernement autonome slovaque est constitué ». Le 13 « le Roi des Belges, hôte de Paris, inaugure la statue de son père le roi-chevalier » .Le 22, « les troupes japonaises sont entrées à Canton » (idem le 26 à Hang-Kéou), le 25 « la situation redevient à peu près normale à Jérusalem ». Le Japon pratique en Asie les mêmes méthodes qu’Hitler en Europe.
En pages intérieures : « la fédération lyonnaises de boules a fêté ses champions ». Congrès radical et grand débat de politique intérieure à la S.F.I.O. Le 8 Novembre « Un attaché de l’ambassade du Reich à Paris abattu par un jeune israélite polonais. L’agresseur déclare avoir voulu venger ses coreligionnaires expulsés d’Allemagne ». Le 9 « En dehors de colonies, l’Allemagne n’a rien à exiger de la France et de l’Angleterre, déclare le chancelier Hitler. Si  nous n’obtenons pas notre droit par des négociations, nous l’exigerons. » Hitler méprise les Noirs, des salles d’hôpitaux précisent « interdit aux Nègres, aux Juifs et aux chiens. ». Le 16, « M. Roosevelt propose de créer des terres d’asile pour les Juifs persécutés en Allemagne », (chez les autres évidemment). Le 17 « la question juive et les puissances ». Chaque fois qu’Hitler écrase un peuple ou un pays, on rétrograde ça en « question juive », « problème tchécoslovaque », alors qu’il n’y a ni « question juive » ni « problème tchécoslovaque », il y a un peuple juif et un peuple tchécoslovaque qui veulent juste vivre en paix et liberté. Le 18 « le plan de redressement national » et un « appel de M. Paul Reynaud », du 20 au 22 on sait tout sur la visite du roi Carol de Roumanie et de son fils en France, avant l’Allemagne. Conversations franco-britanniques sur la défense nationale et l’action diplomatique. Fin Novembre « une grève générale. Les Anciens Combattants tentent un effort d’apaisement ». Ordre peu suivi. M. Daladier : « ce n’est pas la rue mais le peuple qui est souverain ».
Mussolini tente d’imiter Hitler et le discours annexionniste de Ciano, ses visées sur la Corse, la Savoie etc. donnent dans Le Progrès du 12 Décembre « la presse italienne poursuit sa campagne d’excitation contre la France. Quelle est la politique officielle de Rome ? » le 15, « la France n’acceptera jamais de céder un pouce de son territoire à l’Italie et toute tentative pour réaliser une telle prétention ne pourrait que conduire à un conflit armé. » Le 18, « Demain Cyrano de Bergerac entre à la Comédie Française ». Jusqu’à ce qu’il se saborde, Le Progrès exaltera les héros français, réponse à la tentative de l’Etat de monopoliser le patriotisme. Après les informations sur la vague de froid qui déferle sur l’Europe, on revient à Mussolini et sa pitoyable imitation d’Hitler, maître dans l’appréciation des faiblesses des autres et qui, lui, ne bluffe qu’à coup sûr : le 23, « la dénonciation des accords de 1935 : la réponse de la France à l’Italie est prête. » Le 28 « l’attitude de l’Italie inquiète tous les pays méditerranéens », le 29 « Les prétentions italiennes. Des renforts sont envoyés à Djibouti. », le 31 « l’Angleterre renonce à une médiation entre la France et l’Italie ». En fait, il n’est pas besoin d’une médiation, il n’y aura pas de négociations territoriales, le Duce attendra que la France soit vaincue par l’Allemagne pour l’attaquer et indiquer (à l’Allemagne) ses revendications sur des territoires français.

1939, la reculade jusqu’à la guerre
A Feyzin, l’assistance sociale est évoquée à chaque réunion du Conseil municipal. Le.22 Juin est décidée l’augmentation du salaire des employés communaux, augmentation de 12 % en moyenne des tarifs annuels : fontainier 14375 F, cantonnier 10925, garde champêtre 8280, manœuvres pour chemins vicinaux : la journée 34,50 F. (1 kg de pain à Paris coûte 3,10 F) Le 2 Juillet, le compte de gestion de 1938 est approuvé : excédent de recettes définitif 94859,92 F et le budget prévisionnel de 1940 adopté : 352331 F dont 56902 F pour les chemins vicinaux, et 6360 F pour le bureau de Bienfaisance. Pour comparaison la Peugeot 202 coûte 20900 F, la 402, 27900 ou 28900 F. En Octobre, Plymouth, titulaire de commandes de guerre, demande que M. Ramillier fournisse mensuellement 5000 caisses d’emballage et réclame pour lui des facilités pour s’approvisionner en planches. 5000 caisses d’emballage de fournitures pour l’Armée, chaque mois, donne une idée de l’effort tardif pour rattraper les Allemands.
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