Ce tableau est extrait d’un article de Jean PEYCELON publié dans Les Cahiers de l’Institut Catholique de Lyon, n° 35, 2004
En guise de conclusion : extrait de Philippe Bacq et Christoph Theobald (dir.) : « Une nouvelle chance pour l’Evangile. Vers une pastorale d’engendrement », Lumen Vitae/Novalis/Atelier 2004, p.21-24 « VERS UNE PASTORALE D'ENGENDREMENT (pages 21-24) Naître ensemble à une nouvelle identité [… ] la pastorale d'engendrement touche à l'identité des personnes. C'est un de ses traits majeurs. Elle ne vise pas d'abord à offrir une doctrine, un message ou à proposer une pratique sacramentelle ou autre. Elle désire faire advenir tout un chacun à son identité propre et veille à ce qu'il soit cohérent avec lui-même dans les décisions qu'il prend. Pour elle, la vérité de conscience est première, comme elle l'est dans l'Évangile, comme elle l'était pour les évêques réunis au concile Vatican II. Le responsable pastoral ne cherche pas à attirer l'autre à lui, en le séduisant ou en le dominant. II le renvoie plutôt à lui-même, respectueux de son chemin de liberté. La pastorale, dit avec justesse Christophe Theobald, c'est l'art de rencontrer quelqu'un à hauteur de sa conscience... C'est l'art de susciter; par sa propre présence, l'autre en ce qu'il a de plus singulier… On pourrait utiliser une autre formule: la pastorale c'est l'art d'engendrer des consciences. La pastorale d'engendrement reconnaît que chacun, chacune est unique et elle vise à le promouvoir dans ce qu'il a de plus personnel. […] Proposer l'Évangile Discerner comment Dieu lui-même est à l’œuvre dans la société contemporaine, l'enjeu pastoral est là. Mais comment opérer ce discernement ? Tout d'abord en proposant l'Évangile le plus largement possible. Ce que Jésus opère dans les récits avec ses disciples et avec ceux et celles qu'il rencontre, le Christ ressuscité peut l'opérer aujourd'hui pour les lecteurs des récits. Leur ouvrir le chemin de la Parole, c'est leur offrir une nouvelle chance de se laisser engendrer par Dieu à sa propre vie. Proposer l'Évangile, le lire à plusieurs dans des groupes où les lecteurs sont à portée de voix les uns des autres, se laisser travailler par lui, c'est le cœur d'une pastorale d'engendrement. Au fondement de cette attitude pastorale, une conviction forte: seule la Parole de Dieu peut ouvrir aujourd'hui comme hier « la porte de la foi » (cf. Ac 15,27).
Laisser l'Évangile revenir à nous. Cette décision initiale peut transformer assez radicalement la manière d'envisager la foi chrétienne qu'avait largement répandue la pastorale d'encadrement. Les récits en effet ne proposent pas une seule manière de croire, bien cadrée, codifiée et qui s'imposerait à tous. Autre la manière de croire des judéo-chrétiens et celle des païens convertis. Autres les insistances des évangiles synoptiques et celles du quatrième évangile... L'exégèse est de plus en plus attentive à cette grande diversité des origines, si éclairante pour vivre la culture plurielle qui est la nôtre. Mais d'un récit à l'autre, des convergences se profilent aussi, capitales du point de vue d'une pastorale d'engendrement. Au fil de la lecture se dessinent en effet deux grandes figures de croyants. Des hommes et des femmes signes du Royaume Tout d'abord, une multitude d'hommes et de femmes deviennent fils et filles de Dieu simplement par leur manière de vivre les relations aux autres. Dieu se communique à eux sans qu'ils en aient nécessairement conscience. Dès le début de son récit, Matthieu attire l'attention sur cette foule nombreuse et cosmopolite que Jésus enseigne sur la montagne. Ses premiers mots sont des paroles de bonheur qu'il adresse indistinctement à tous: « Heureux les pauvres de cœur, les doux, les miséricordieux, les artisans de paix, les assoiffés de justice. . . Le royaume des cieux est à eux, ils seront appelés. fils de Dieu..., ils verront Dieu » (Cf. Mt 5,1-12). Dieu les a donc adoptés comme ses fils et ses filles. II les engendre à sa propre vie, leur donnant de manifester dans leur existence quotidienne sa manière à lui de régner sur le monde, dans la pauvreté du cœur, la douceur, la paix et la justice. Voilà pourquoi « le royaume des cieux est à eux ». En d'autres termes, ces personnes mènent une existence dont on pourrait dire qu'elle est déjà sacramentelle en elle-même, car elle signifie et réalise au quotidien le style de vie de Dieu lui-même. Elles sont des personnes signes du Royaume. Au regard de l'Évangile, il n'existe donc pas de « relations simplement horizontales » qui seraient coupées d'une authentique relation à Dieu. Tout comportement véritablement humain est déjà riche de la vie même de Dieu. »
Deux outils :
Service diocésain d’initiation chrétienne et catéchuménat de Lyon : En chemin avec l’évangile de Marc. Parcours d’initiation chrétienne pour adultes, Livre de l’accompagnateur et livre de l’accompagné, éditions Mame/Tardy 2013.
Roland Lacroix : Devenir chrétien…tout simplement, éditions de l’Atelier 2005, 192 p.
jean.peycelon@wanadoo.fr
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