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Ce tableau est extrait d’un article de Jean PEYCELON publié dans Les Cahiers de l’Institut Catholique de Lyon, n° 35, 2004 Ce tableau est très utile pour les enseignants, pour les aider à voir où ils se situent.
Extrait de René Rémond, Jean Delumeau (et al.) : Chrétiens tournez la page. Entretiens avec Yves de Gentil-Bachis, Bayard 2002 (p.139-140) « Demander à l'Église un vague dépoussiérage de ses pratiques ne permettra pas d'inverser la tendance, même si cette démarche est une condition nécessaire. Aujourd’hui, il est indispensable d'aller beaucoup plus loin. Il faut pouvoir témoigner devant nos contemporains, qui s'adressent un peu n’importe où pour trouver des bribes de sagesse, que le christianisme n’est ni un passe-temps occasionnel ni une simple matière à option marginale. Qu'il est au contraire réellement capable d'être l'axe central d'une existence. L'Église catholique est-elle en mesure de faire passer ce genre de message, qui ne se décrète pas par des textes magistraux mais relève de l'expérience ? La question essentielle, comme le dit Albert Rouet, est de savoir « si l'Évangile est bon pour moi quand il est confronté au poids de ma vie. ». Ce poids inclut les temps de doute, de découragement, de souffrances, mais aussi les moments riches et denses où il faut choisir et se décider devant la multitude de possibles qui surgissent au cœur de la vie familiale, sociale et professionnelle. Et cela concerne autant la mère de famille que le chef d'entreprise, le médecin, le syndicaliste, le chercheur... Aussi est-il intéressant de savoir ce que vivent exactement ceux pour qui la foi au Christ est essentielle. Cette foi ne les arrache pas à leur univers quotidien pour les faire vivre dans un monde protégé des contraintes du réel. Elle n'agit pas non plus comme un anesthésique qui effacerait toutes les difficultés. Non, elle suggère à tous, y compris aux plus faibles, un discret mais persuasif « Lève-toi et marche » Et pour ceux qui l’entendent, cet appel n’agit pas comme une force extérieure qui insufflerait magiquement tonicité et courage. La foi en Jésus-Christ est plutôt de l’ordre de la conviction qui met en route, car elle sait que ni l’échec ni la mort ne sont le dernier mot de tout. Elle sait aussi qu’en s'inspirant de l'Évangile, on peut vivre à un niveau plus essentiel de vérité et de liberté dans les rapports aux autres. Et avoir davantage de force devant les aléas de l'existence. En ce sens le christianisme est, pour certains, la « vraie vie ». Aussi, pour ne pas tourner définitivement la grande page du christianisme, les croyants convaincus devront sans doute tourner rapidement les pages poussiéreuses des habitudes figées qui rendent la « bonne nouvelle » difficile à comprendre pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. » En guise de conclusion
Dialogue (fictif) entre François d’Assise et frère Tancrède « Là où nous voyons naturellement une faute à condamner et à punir, Dieu, lui, voit tout d'abord une détresse à secourir. Le Tout-Puissant est aussi le plus doux des êtres, le plus patient. En Dieu, il n'y a pas la moindre trace de ressentiment. Quand sa créature se révolte contre lui et l'offense, elle reste toujours à ses yeux sa créature. Il pourrait la détruire, bien sûr. Mais quel plaisir Dieu peut-il trouver à détruire ce qu'il a fait avec tant d'amour ? Tout ce qu'il a créé a des racines si profondes en lui. Il est le plus désarmé de tous les êtres en face de ses créatures. Comme une mère devant son enfant. Là est le secret de cette patience énorme qui parfois nous scandalise. Dieu est semblable à ce père de famille qui disait à ses enfants devenus grands et avides de prendre leur indépendance: « Vous voulez partir, vous êtes impatients de faire votre vie chacun de votre côté, eh bien, je veux vous dire ceci avant que vous ne partiez: « Si un jour vous avez un ennui, si vous êtes dans la détresse, sachez que je suis toujours là. Ma porte vous est grande ouverte .jour et nuit. Vous pouvez toujours venir. Vous serez chez vous et je ferai tout pour vous secourir. Quand toutes les portes vous seraient fermées, la mienne vous est encore ouverte. » Dieu est ainsi fait, frère Tancrède. Personne n'aime comme lui. Mais nous devons essayer de l'imiter. Jusqu'à présent nous n'avons encore rien fait. Commençons donc à faire quelque chose. - Mais par quel bout commencer, Père ? Dis-le-moi, demanda Tancrède. - La chose la plus urgente, répondit François, est de désirer avoir l'esprit du Seigneur. Lui seul peut nous rendre bons, foncièrement bons, d'une bonté qui ne fait plus qu'un avec notre être le plus profond. Il se tut un instant, puis il reprit : - Le Seigneur nous a envoyés évangéliser les hommes. Mais as-tu déjà réfléchi à ce que c'est qu’évangéliser les hommes ? Evangéliser un homme, vois-tu, c'est lui dire: Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu'il sente et découvre qu'il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu'il pensait, et qu'il s'éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C'est cela, lui annoncer la bonne nouvelle. Tu ne peux le faire qu'en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d'estime profondes. - Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de lutte pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d'atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu'en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d'eux les témoins pacifiés du Tout-Puissant, des hommes sans convoitises et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C'est notre amitié qu'ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu'ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus-Christ. » Le soleil était tombé derrière les monts. Et brusquement l'air avait fraîchi. Le vent s'était levé et secouait les arbres. Il faisait déjà presque nuit et l'on entendait monter de partout le chant ininterrompu des cigales. »
Cela est différent d’une pseudo neutralité. Le désir de ne pas imposer n’implique pas de ne rien proposer. Mais cela demande d’être très attentif à tous les problèmes de dépendance affective, ce qui est valable particulièrement concernant les enfants et les adolescents. Quand un enfant grandit, il est indispensable que d’autres que ses parents prennent le relai pour une proposition de foi de qualité en liberté. Mais cela manque dans un certain nombre de cas. Le relai n’est pas pris.
Il y a un mutisme lié à un sentiment d’incompétence personnelle. C’est important de trouver les mots pour témoigner : mettre des mots personnels sur ce que l’on vit pour pouvoir en parler à d’autres, des mots qui ne soient pas des rabâchages de formules.
Et attention, les clercs ne sont pas les seuls à pouvoir parler de la foi. Lectures : Les évêques de France : « Proposer la foi dans la société actuelle. Lettre aux catholiques de France », éditions du Cerf 1996, 130 p. Pape François : « La joie de l’Évangile », Cerf / Bayard / Fleurus-Mame, 2013, 248 p. PARTIE 5 - POUR DEVENIR CHRÉTIEN : LE CHEMIN DE L’INITIATION CHRÉTIENNE Objectif de la rencontre : Comprendre que le processus d’initiation institué par l’Église (catéchuménat) est fondamental pour devenir chrétien. 5.1. Objectif de l’initiation chrétienne C’est de permettre à l’autre de devenir chrétien c’est-à-dire de donner sa confiance au Dieu, Père de Jésus-Christ. Tertullien dit qu’on ne naît pas chrétien mais qu’on le devient. Cela se fait par le baptême qui n’est pas uniquement un rite avec de l’eau. C’est la manifestation claire de l’entrée dans la dynamique des Evangiles. Dans les Actes des apôtres, le baptême est donné après une parole publique d’adhésion au message de Jésus. C’est une participation au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. La vie d’amour de Jésus-Christ, scellée par sa mort, vient nous sauver. 5.2. Un peu d’histoire 5.2.1. Le catéchuménat aux origines de l’Église A / Au tout début, la plupart de ceux qui demandaient à devenir chrétiens connaissaient très bien l’Ancien Testament (les écritures juives). Mais petit à petit, d’autres, de plus en plus nombreux, ont commencé à le demander alors qu’ils ne connaissaient pas la Bible et avaient une connaissance vague de la vie de Jésus. D’où l’importance d’une solide préparation au baptême, d’autant plus qu’il n’était pas toujours confortable d’être chrétien, puisqu’il y avait régulièrement des persécutions. Le rite baptismal se composait d’un temps particulier de jeûne et de prière juste avant le baptême puis se déroulait la célébration dans laquelle la personne recevait le baptême, la confirmation et l’eucharistie, en même temps. B / On a retrouvé un document où est expliqué comment se passe le baptême à Rome entre 200 à 250. A Rome, entre 200 et 250, le chemin du baptême est un chemin exigeant.
En conclusion, pour être baptisé, il ne suffisait pas de demander, et donc être candidat, il fallait aussi être accepté par la communauté. C / Cette tradition de solide préparation a disparu à partir du Vème siècle pour plusieurs raisons. - les baptêmes ont été généralisés ; il n’y avait alors plus de démarches individuelles. C’était le cas pour les bébés par peur de l’enfer. Il s’agissait alors d’un baptême de masse qui a duré plusieurs siècles (en 1698, Louis XIV promulgue une ordonnance pour que le baptême des bébés soit célébré dans les 24 heures après la naissance). Et aussi pour les adultes pour des raisons politiques, à l’occasion d’invasions…
On entre dans une logique d’automatisme de la foi. Quand les parents sont chrétiens, les enfants sont chrétiens. D / On s’est aperçu par la suite qu’il fallait rétablir le catéchuménat. 5.2.2. La restauration du catéchuménat des adultes A / D’abord à l’étranger. Quand l’Eglise s’est étendue à partir du XVIIème siècle, on a commencé à instituer le catéchuménat à l’étranger. A la fin du XIXème siècle, le cardinal Lavigerie a établi un catéchuménat de plusieurs années avec les sœurs blanches. Mais il n’y avait pas de système particulier en France pour les adultes, car il y avait très peu d’adultes non baptisés. De plus le rituel était en latin et c’était le même rituel que pour les bébés. B / En 1950, l’Abbé Jacques Cellier, de la paroisse de l’Immaculée aux Brotteaux, a remis en place un catéchuménat des adultes. La plupart des curés lyonnais pensaient que c’était inutile. Mais son travail est reconnu et il est nommé responsable diocésain du catéchuménat en 1953. Cette démarche a servi de modèle à l’Eglise. Ce travail a été validé par le Concile Vatican II. C / Actuellement, le catéchuménat des adultes a été rétabli partout avec un très beau rituel, utilisé tout au long du catéchuménat. Et il existe un rituel propre aux adolescents, mis en place dans les années 70, proche de celui des adultes. En 2006, l’épiscopat français a promulgué des orientations fondamentales pour la catéchèse en disant que toute pédagogie catéchétique devait être une pédagogie d’initiation. Pour le Concile, dans le décret Ad Gentes sur l’activité missionnaire de l’Eglise : « Le catéchuménat n’est point un simple exposé des dogmes et des préceptes, mais une formation à la vie chrétienne intégrale et un apprentissage par lesquels les disciples sont unis au Christ leur Maître. Les catéchumènes doivent donc être initiés, de façon appropriée, au mystère du salut et à la pratique des mœurs évangéliques, et introduits, par des rites sacrés, à célébrer à des époques successives, dans la vie de la foi, de la liturgie et de la charité du Peuple de Dieu ». 5.3. Qu’est-ce qu’une « initiation » ? 5.3.1. D’abord un immense « DÉSIR » A / Cela commence par l’articulation de deux désirs, celui de l’initié et celui de l’initiateur. Sans désir, il n’y a pas d’initiation possible : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ». Et il n’y a pas d’astuce pédagogique pour fabriquer du désir individuellement. B / Il faut différencier les demandes de baptême en fonction des motivations (se marier à l’église, être bien vu, être comme les autres, s’intégrer dans un groupe,…). Parfois, à partir d’une motivation superficielle, on peut aboutir à un parcours sérieux. C’est la qualité du dialogue qui compte. Etre attentif aux motivations, c’est entrer dans une relation de confiance. C / Progressivement ; les gens prennent conscience de leur désir le plus profond, qui existe en chacun : celui de vivre au-delà de tout enfermement, de toute mort, de toutes limites. Ce désir ne peut jamais être comblé et il conduit toujours vers l’autre, vers l’au-delà. Il faut que ce désir arrive à émerger. « La problématique du désir se joue à la racine de l’âme, ce point infime, profondément enfoui dans le soi de chaque personne où, de façon unique pour chacun, l’infini de Dieu affleure pour lui donner de le désirer », selon Catherine Chalier, philosophe. Cela demande infiniment de respect et un dialogue plein de finesse, entre le désir de l’initiateur qui a envie de faire découvrir ce qui l’habite et l’autre, qui doit se sentir appelé à grandir en toute liberté et toute responsabilité. La parole de l’initiateur doit être prononcée dans la joie de laisser l’autre devenir lui-même, en sachant qu’un jour il va le quitter (comme les parents). L’initiateur doit laisser l’initié aller. Il ne suffit pas pour l’initiateur de posséder un savoir et une compétence pédagogique. Cela ne remplacera pas le désir de cheminer et la conversion intérieure de l’initié. C’est un travail exigeant. 5.3.2. Une constante dans toutes les cultures mais … Les pratiques d’initiation sont universelles, elles existent dans toutes les cultures, mais elles ne se font pas dans les mêmes conditions : voir le texte polycopié de Michel Meslin. Michel MESLIN : « L’expérience humaine du divin », Cerf 1988, 492 p. Les rituels d'initiation « (p.159-160) Toute initiation est un phénomène complexe et ambivalent. Elle consiste à amener l'individu à la connaissance de certaines choses cachées par la délivrance d'un enseignement et à introduire dans un groupe particulier, une société secrète où il est appelé à vivre une existence nouvelle. Le contenu de cette initiation peut être défini comme un ensemble de rites symboliques et d'enseignements ethico-pratiques plus ou moins développés, qui visent à l'acquisition d’un certain pouvoir et d'une certaine sagesse fondés sur une connaissance ésotérique, et qui aboutit à la modification du statut social ou religieux de l'initié(e). En effet, après avoir été initié et tout en restant le même, l'individu est autre mais non pas « un autre » comme l'affirment certains un peu rapidement car c'est toujours du même homme, de la même femme, avec ses composantes physiques, psychologiques, mentales particulières qu'il s'agit. L'initiation lui a seulement permis d'accéder à un autre statut d'existence. (p.160-161) Le second type d'initiation regroupe les rituels marquant l'entrée, librement décidée par l'individu, dans une confrérie ou dans une communauté religieuse restreinte, parfois seulement ouverte à un seul sexe, et où règne la loi du secret. Cette initiation n’a guère de ressemblance, quant au fond, avec les rites de passage qui sont obligatoires et qui se situent à un moment précis de l'existence. Elle est en effet librement ouverte à tous les âges et se présente souvent comme vocation, un appel à la connaissance du divin. Ce second type diffère encore du premier sur un autre point important : il marque le passage d'un état de vie naturelle, profane, à un état qui a désormais une dimension sacrée. Cette initiation religieuse se trouve ainsi lestée d’une dimension sotériologique plus ou moins nettement affirmée, mais toujours sous-jacente. Elle s'effectue par des « mystères » qui protègent en quelque sorte l'accès au divin qu’ouvre l’initiation et qui ne sont que des rites secrets. (p.170) L'initiation révèle à un individu une vérité fondamentale qui va devenir désormais la structure de son existence. (p.173-174) Il y a un rapport étroit entre l'initiation et le développement de la personnalité. Certes, on l'a dit, le rituel initiatique ne change pas la personnalité de l’initié ; il ne modifie pas le capital spécifique des composantes physiques et psychologiques de chacun, mais il lui confère un nouveau but et un nouveau statut. En plus l’initiation suscite et connote une certaine connaissance de fondamentaux qui justifient la place de l'homme dans une société donnée et qui lui indiquent les actions qu'il doit accomplir. C'est à partir de ce modèle que se développe chez l'initié une véritable créativité personnelle, fondée sur des connaissances techniques précises. S'agissant d'initiation religieuse on voit se développer le désir d'une metanoia, d'une conversion à d'autres valeurs génératrices d'un développement spirituel et d'un dépassement grâce auquel l'individu accède à une existence plus responsable. Son engagement libre et volontaire dans une confrérie, une communauté dont la fraternité paraît d'autant plus chaude et sécurisante qu'elle est tenue secrète est toujours marquée par un serment, ou par des vœux, qui le lie pour tout le reste de son existence. L'initiation constitue une expérience qui s'enrichit de jour en jour parce qu'elle est un approfondissement ininterrompu de la personne, une réponse à un appel à la vie intérieure, à la recherche de l’invisible, au dialogue avec la divinité. Ainsi l'initiation se trouve porteuse d'une sagesse cachée qui, en révélant à l'homme sa véritable nature, en lui donnant pour but de réaliser au mieux ses capacités, apaise son angoisse existentielle. Qu’elle se situe au plan socioculturel ou au plan religieux, l’initiation est ainsi facteur de cohésion personnelle et de cohérence pour les hommes et les femmes qui s'y soumettent, et pour les sociétés qui la pratiquent. » L’initiation est une transformation de l’existence, ce n’est pas seulement un enseignement. Mais les procédés d’initiation sont très divers. L’initiation chrétienne est particulière car :
Voir la lettre à Diognète et la lettre des martyrs de Lyon, en 178, qui ne comprennent pas pourquoi ils sont persécutés alors qu’ils vivaient avec les autres. Ils allaient au forum, aux bains…
- L’initiation chrétienne a le souci permanent de promouvoir la liberté de l’initié. C’est l’opposé des initiatives que subissent les enfants soldats en Afrique ou que subissaient les jeunes des jeunesses hitlériennes, où la liberté est manipulée pour faire ce qu’on veut des initiés. L’initiation est quelque chose avec lequel il faut être prudent car elle peut aliéner. 5.4. Caractéristiques de l’initiation chrétienne Quatre caractéristiques. 5.4.1. La liberté au cœur L’initiation chrétienne, c’est initier à l’acte de confiance qui sauve. Il s’agit de donner sa confiance au Dieu, père de Jésus-Christ. Il est évident que le respect de la liberté de conscience doit être au cœur de l’initiation chrétienne. Il faut donc :
5.4.2. D’une révélation à une identification A / L’initiation chrétienne est la révélation d’un sens de l’existence à partir du récit fondateur qui fait mémoire de l’existence de Jésus, identifié comme Messie et dont on a fini par découvrir qu’il est fils de Dieu. Cela s’est fait sur la base des expériences de rencontres avec le ressuscité, expériences dont nous recevons les témoignages. Cela va beaucoup plus loin que la reconnaissance de Jésus comme prophète et sage. Jésus ne peut pas être reconnu en dehors de la première alliance, de la promesse de l’alliance du peuple juif. Il ne faut donc pas oublier que Jésus était juif, ne pas le séparer de son milieu de naissance et d’existence. B / L ‘identification signifie que l’initié est invité à s’identifier à Jésus en se reconnaissant lui-même aimé de Dieu, comme Jésus. Il entend pour lui cette parole : « celui-ci est mon fils bien-aimé ». Ce temps de révélation n’est pas juste un temps d’information, mais c’est une expérience qui va concerner toutes les dimensions de la personne. Cette révélation critique et remet en question toutes les représentations que l’on peut avoir de Dieu, de la religion et de la relation à Dieu. Il faut faire attention aux représentations de Dieu qui n’ont rien à voir avec le Dieu de Jésus. (Travail intéressant à faire avec un photo langage par exemple pour mettre à jour ces représentations). On peut être obligé de faire le deuil de croyances infantiles. Le travail de l’intelligence est alors important ; « comprendre pour croire et croire pour comprendre ». 5.4.3. Une transformation relationnelle Je m’identifie à Jésus et me sens appelé à le suivre. Je vais adopter le style de vie de Jésus. Il y a des changements de comportement inévitables qui peuvent entraîner des prises de distance avec l’entourage proche (familial, professionnel). On ne peut pas éviter des conflits, des morts symboliques. Parfois, cela peut amener à des séparations mais on trouve de nouveaux frères et de nouvelles sœurs. Le style de vie de Jésus se caractérise par l’hospitalité. Jésus accepte d’être accueilli par n’importe qui et il accueille inconditionnellement. Cet aspect de l’accueil inconditionnel de l’autre est notable dans notre société où la peur de l’autre est particulièrement répandue. 5.4.4. Laisser du temps au temps Le temps de l’initiation est clairement délimité par un commencement, des étapes et une fin, la célébration du sacrement. Chaque étape est une provocation à la liberté et à prendre une décision. Certains arrêtent au cours de la démarche. Ce temps limité ouvre à un avenir ni flou, ni indéterminé car il donne à percevoir un horizon au-delà de la mort. Je sais d’où je viens et où je vais c’est-à-dire vers une résurrection qui est une intimité d’amour avec Dieu. L’initié découvre qu’il n’est pas soumis à l’absurde ni aux répétitions sans fin. Le temps de l’initiation ouvre le temps de l’Espérance. Voir le texte de Michel Meslin, dernier paragraphe. 5.5. L’initiation chrétienne est « sacramentelle » 5.5.1. Les sacrements, c’est quoi ? C’est un cadeau de Dieu, un signe qui exprime l’amour de Dieu de façon gratuite et qui appelle une réponse. Le sacrement instaure ou restaure une relation. Tous les sacrements révèlent et réalisent en même temps une relation d’amour dont l’initiative est du côté de Dieu. Le cadeau fondamental, le sacrement fondamental, c’est le Christ. Tous les sacrements ne font que détailler cette relation authentique avec le Christ. Tout sacrement est une déclaration d’amour qui transforme la relation et l’existence. Je peux refuser ou accepter cette déclaration d’amour. Or, il y a eu deux sortes de problèmes : - à partir du Vème siècle, il n’y a plus d’engagement personnel libre, puisqu’il a disparu avec le baptême systématique des bébés. - De plus, la confirmation a été dévalorisée en fait et en droit dans l’ancien catéchisme. Un parcours d’initiation chrétienne n’est complet que s’il inclut les trois temps que sont le baptême, la confirmation et l’Eucharistie. La confirmation, c’est important car c’est l’acte de l’évêque qui atteste que l’initié fait partie de la communauté chrétienne locale. On n’est pas chrétien tout seul. L’Eglise, c’est le diocèse avec l’évêque. La religion chrétienne, c’est le cadeau de Dieu et la libre réponse de l’homme. 5.5.2. L’initiative aimante de Dieu
A / Cette nouvelle naissance est symbolisée par l’immersion dans l’eau. Je vais vivre symboliquement la mort et la résurrection du Christ. L’immersion dans l’eau, c’est le plongeon dans la mort pour ressortir ressuscité. L’eau du baptême est comme la matrice maternelle d’où va sortir le nouveau baptisé. B / Cette nouvelle naissance signifie aussi la victoire sur le mal et sur la mort. C’est le lieu premier du pardon des péchés. Par l’amour de Dieu, nous ne sommes pas enfermés sans espoir avec nos complicités passives et actives, ni avec nos forces meurtrières. Auparavant, on pensait que le baptême détruisait le péché. Le baptisé ne pouvait pas pécher et il n’y avait pas de sacrement du pardon.
L’Esprit Saint c’est l’esprit de folie pour l’Evangile. C’est un esprit de liberté et un esprit filial car on peut dire Notre Père en s’adressant à Dieu. Il paraît incroyable de pouvoir dire « Notre Père » en s’adressant à Dieu ! Jésus s’adressait à Dieu en disant « Abba », c’est à dire « papa ». Cela montrait une proximité énorme et a permis aux chrétiens de comprendre qu’il est le fils de Dieu.
5.5.3. La libre réponse de l’homme Elle se caractérise par l’obéissance de la foi citée par St Paul. C’est une attitude d’écoute et de confiance. Cela entraîne la conversion qui se traduit par des changements d’attitudes pratiques. La conversion est progressive. Elle est programmée par la triple renonciation de la profession de foi baptismale (le péché, l’amour de l’argent et la volonté de posséder plus et la domination de l’autre). La conversion conduit à la vie filiale et fraternelle qui ne connaît pas de limites et ne supporte aucune exclusion. C’est le respect absolu de l’autre, sans aucune exception. Cela est fondamental. Attention donc quand on dit « je ne supporte pas tel ou tel… ». On peut dire « je ne PEUX pas pardonner », mais pas « je ne VEUX pas pardonner »… Cela correspond aussi à ce qui est contenu dans les textes des évangiles. 5.6. Des temps de parcours différents mais un seul but L’objectif pour tous est d’être complètement initié mais ce n’est pas toujours le cas pour tous les chrétiens, même pour les pratiquants. Et pendant des siècles, cette initiation a subi une longue pause. 5.6.1. A partir du baptême des tout-petits.
C’est également vrai pour toutes les personnes présentes au baptême.
- Quand les parents qui demandent le baptême pour leurs petits ne sont pas au clair avec la foi chrétienne, cela pose un cas de conscience au prêtre. Il y a aussi une responsabilité de la communauté chrétienne. C’est l’Eglise qui s’implique dans le baptême. - Cela suppose qu’il existe une communauté chrétienne, c’est à dire des personnes chrétiennes en lien les unes avec les autres. On peut constituer par exemple un groupe de jeunes patents qui vont cheminer.
Les remises en cause à l’adolescence sont normales. La foi doit alors être proposée par d’autres que les parents. Cela pourra conduire à la confirmation, qui ne devrait pas avoir lieu avant 18 ans. Il faut penser le parcours d’initiation comme un parcours complet. L’initiation n’est pas terminée tant qu’il n’y a pas d’adhésion personnelle au Christ. 5.6.2. A partir des demandes d’adultes Les adultes entrent dans un catéchuménat classique avec une initiation qui dure environ deux ans. Les recommençants peuvent former des groupes qui sont très importants. Ils ont tout fait mais n’ont pas été initiés. Il faudrait un parcours spécifique. C’est une perspective de chemin à prendre ou à reprendre pour accompagner les gens. En tout état de cause, le chemin, c’est le Christ. Cf. Tableau catéchése d’initiation/ formation chrétienne continue
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