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PARTIE 3 ÊTRE CHRETIEN, C’EST QUOI ? Objectif : (Re)découvrir qu’être chrétien, c’est d’abord accueillir une Révélation (une Bonne Nouvelle !), celle de l’amour gratuit (grâce) de Dieu pour tous les êtres humains. 3.1. Petits papiers (Répondre personnellement en 3 mn à une question simple) Répondre à la question « Etre chrétien, c’est quoi ? », en s’imaginant parler à :
Voici le commentaire des réponses, cinq remarques.
3.2. Des réponses qui laissent perplexes 3.2.1. Des vérités à croire ? Des devoirs à pratiquer ? Dans le catéchisme de Lyon de 1919, un chrétien est celui qui a reçu le baptême. Un bon chrétien doit croire les vérités de la religion chrétienne et pratiquer les devoirs qu’elle impose. On apprend la religion chrétienne surtout dans le catéchisme. En 1947, le catéchisme dit que la personne est disciple et frère du Christ en étant baptisé. Le résumé de la religion catholique se trouve dans un petit livre appelé catéchisme. Il y a toujours trois éléments : des vérités à apprendre, des commandements à pratiquer et des moyens pratiques (des secours). Les réponses proposées à la question « être chrétien, c’est quoi ? » induisent une certaine idée de Dieu et de la relation qu’on peut avoir avec lui. 3.2.2. Représentations de Dieu induites Etre chrétien, c’est alors entrer dans un système constitué qui organise l’existence. Il n’y a aucun appel à la liberté personnelle. Le fondateur du système est Jésus-Christ. La question « qu’est-ce-que Dieu ? », qui diffère de « qui est Dieu ? », induit que Dieu est un objet, une réalité objective, qui appelle des concepts philosophiques. Or le Dieu chrétien a commencé à se révéler en Israël, constitué comme peuple et comme témoin. 3.3.3. Dieu se révèle en Israël, « peuple témoin » 3.3.1 Une histoire : des expériences et une découverte Il est capital de retrouver la pleine conscience de nos racines juives. Jésus était juif. Les catéchismes anciens ne disaient jamais que Jésus, Marie et Joseph sont juifs. La force de la révélation judéo-chrétienne est que l’on ne découvre pas Dieu dans un manuel de définitions. On expérimente personnellement une rencontre. Cette rencontre se passe à travers une longue histoire. Dans la Bible, les textes expriment la diversité des expériences humaines réparties sur des siècles. On découvre peu à peu le visage de Dieu. Ces expériences rejoignent les nôtres. Ce sont des expériences personnelles qui se communiquent. Mais il y a un travail de décodage à faire car ce sont des textes anciens. Ces expériences sont celles de :
Cette découverte de Dieu par le peuple juif s’est faite sous le signe d’une alliance vécue et transcrite sous l’expérience d’une élection.
Le peuple d’Israël est élu pour être témoin au milieu des autres. Son problème sera de comprendre qu’être élu ne signifie pas une élection contre les autres qui seraient rejetés, mais signifie être témoin au milieu des autres. Dieu est perçu comme ayant l’initiative et cette initiative est totalement gratuite de se faire connaître.
L’alliance se forme dans une coexistence sur la base d’un contrat qui est la loi. L’enjeu de la loi est de choisir entre la vie et la mort, le bonheur et le malheur. « Je te donne la loi pour que tu choisisses la vie ; mais c’est toi qui choisis. ». Pour Israël, la connaissance de Dieu passe par une éthique, une pratique concrète de promotion de la liberté et de la dignité de tout homme. Les règles sont exigeantes dans la Bible, notamment le respect de l’étranger.
Il y a une promesse que fait Dieu : conduire l’homme vers la vie et le bonheur. Dieu est fidèle et ne laisse pas tomber l’homme. Voir le témoignage de Simone de Beauvoir qui a l’impression que choisir le bonheur, c’est rejeter le Dieu dont on lui a parlé. C’est donc la révélation de Dieu qui veut la vie et le bonheur. 3.3.2. Dieu Tout-Proche et Tout-Autre Dans le cadre du judaïsme, il n’y a pas d’image de Dieu, ni de définition, pas de théorie sur Dieu possible. On ne peut enfermer Dieu dans une définition, mais on peut faire la découverte de quelqu’un avec qui on est en contact en permanence. D’ailleurs, à chaque fois en Israël qu’on pensera avoir mis la main sur Dieu, l’avoir défini, tout s’écroule. Par exemple, en -587, lors du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, les Juifs disent qu’ils ne risquent rien car Dieu est dans le temple. Mais la ville sera prise et c’est le début d’une crise profonde pour le peuple d’Israël. On se dit : soit Dieu n’existe pas, soit Dieu est chez les autres ! Progressivement, se forme la foi en Dieu d’Israël :
Dieu se fait connaître à partir d’une relecture des expériences. Ces expériences sont racontées de génération en génération et des hommes, les prophètes (Isaïe, Jérémie…), en sont les décodeurs. On tire des leçons de ces expériences.
C’est le cas du livre de Job. Dieu dit à Job qu’il a eu raison de protester. Ce processus a accompagné Israël pendant des siècles. Il rejoint nos expériences actuelles et personnelles. On rentre peu à peu dans cette révélation par des expériences personnelles qui se communiquent. D’où l’importance de lire la Bible et de la lire à plusieurs. Jusqu’à Jésus qui est le révélateur final du Dieu que Jésus va présenter comme Père. 3.4. Le « récit » de Jésus, révélateur du Dieu-Père Jésus se présente comme celui qui parle enfin parfaitement de Dieu, et il en parle comme de son Père, il lui parle comme à un père. Dieu est Père et c’est le Dieu des vivants. 3.4.1. Sous Ponce-Pilate La révélation radicale et définitive est assurée par Jésus de Nazareth mort sous Ponce Pilate. Cela est important car inscrit Jésus dans un contexte historique et géographique très précis. Jésus n’est pas une construction mythique, un personnage imaginaire. Il y a un travail historique rigoureux à faire, indispensable, sur Jésus et sur son temps. Ce travail se poursuit par des historiens actuels chrétiens, mais aussi juifs, athées… malgré notre documentation lacunaire. De ces travaux, il y a 4 points à retenir :
Voir les travaux de Raymond Brown (US) sur les récits de la passion (1500 pages) et John Meier (3500 pages) ainsi que le livre plus accessible de Jose Antonio Pagola, « Jésus, approche historique » (2003, Editions du Cerf, collection Lire la Bible, 500 pages). Ce livre est une remarquable synthèse des travaux actuels. 3.4.2. Une pratique originale et dangereuse Une pratique, c’est en même temps une parole et des gestes concrets qui l’accompagnent.
La parole de Jésus est en continuité profonde avec la tradition juive mais il s’oppose aux courants religieux de son époque et à des pratiques très ancrées. 1) Jésus relativise la loi des Pères que sont les traditions données comme définitives et qui privilégient le conformisme religieux. 2) Mais il redonne un sens très exigeant à la loi. St Paul dit que la loi est la perfection de l’amour. Par exemple, la loi dit « tu ne tueras point » et Jésus dit que l’on est meurtrier quand on méprise ou quand on insulte l’autre. Voir Matthieu, chapitre 5. Jésus remet aussi en cause la justice légale, il la relativise en accordant une importance à la bienveillance gratuite et au pardon. Voir Jean, chapitre 8, texte de la femme adultère. Ce texte présente une parole tellement révolutionnaire, qu’il a fallu plusieurs siècles pour que l’ensemble des communautés chrétiennes l’accepte comme texte biblique. 3) Jésus s’attaque au culte en tant que marchandisation de la relation à Dieu. Quand Jésus chasse les marchands du temple, il met en cause le fait d’acheter la faveur et le pardon de Dieu par des sacrifices ou des offrandes. On négocie avec Dieu. On n’est plus dans une relation juste à Dieu, à l’amour de Dieu. La parole de Jésus est gênante en Israël mais elle interroge aussi nos comportements actuels.
Les apôtres disent que Jésus était puissant en actes et en paroles. Nécessité de la cohérence des actes avec les paroles. 1/ C’est d’abord la question des miracles (mot inexistant dans la Bible). En français miracle signifie merveilleux. 2 mots sont utilisés en grec dans les évangiles pour décrire ce qu’on a traduit par miracle : signe et acte de puissance. Dans l’Evangile, Jésus pose des signes qui sont à interpréter. Quand il y a guérison ou exorcisme, Jésus rend la liberté d’exister à quelqu’un en suscitant la confiance de la personne et de son entourage. Il ne dit jamais « je t’ai guéri », mais « Ta foi t’a sauvé ». Mais Jésus n’en profite jamais pour s’imposer, ni pour recruter. La question se pose de savoir qui est Jésus qui libère l’homme de ce qui le détruit. Le scandale abominable est celui de la croix dont Jésus ne se libère pas. 2/ Jésus pratique l’hospitalité inconditionnelle au quotidien. Il se donne tout entier à l’autre ici et maintenant. Il est à la fois l’hôte et il se fait accueillir. Il se laisse toucher (la femme hémorroïsse) et il touche. Toucher une personne lépreuse était un acte très grave à l’époque de Jésus. Jésus accepte toutes les invitations à table (y compris par le publicain, le collecteur d’impôts…). Personne n’est exclu à la différence du fonctionnement social de l’époque. Cette pratique bouscule et bouleverse la société et elle va se révéler dangereuse. 3/ Jésus se refuse à la domination politique alors que certains n’attendaient que cela. Il restaure la liberté de chacun en vue d’une fraternité. L’assassinat de Jésus était fatal. C’est la conséquence d’un risque qu’il a assumé de plus en plus franchement. Jésus est mort comme un maudit de Dieu, un bandit. C’est une mort infâmante. Cela a posé la question de savoir si les paroles et la pratique de Jésus constituaient une impasse. 3.4.3. Le Dieu des vivants Dieu n’est pas autre que celui que Jésus a évoqué.
La foi en la résurrection est au cœur de la foi chrétienne. Dieu nous veut vivant. Les apôtres vont partager cette heureuse nouvelle. André Malraux dit que le christianisme se résume en ces trois mots : Dieu est amour. Cet amour est source de vie. Cf. aussi Jean « Notre Dieu est amour ». C’est le cœur du mystère chrétien, le cœur du mystère pascal.
Remarques sur les croyances en la résurrection au temps de Jésus. Tout le monde ne croyait pas dans la résurrection des morts. Les Saducéens (propriétaires terriens, proromains, familles sacerdotales) ne croyaient pas en la résurrection des morts. Les Pharisiens (courant le plus proche de Jésus) croyaient en une résurrection des morts pour la fin des temps (le troisième jour symbolisait le jour de la fin, celui du salut définitif). Cette foi en la résurrection était récente en Israël. Elle datait de la guerre des Macchabées (150 ans avant JC). Ces princes avaient voulu helléniser la Palestine et une résistance populaire s’était organisée. Les Juifs jeunes et fidèles qui se battaient dans cette guerre mourraient injustement. Cela a conduit à penser qu’ils seraient ressuscités à la fin des temps. Les textes plus anciens ne parlent pas de résurrection personnelle. Auparavant, celui qui était juste avait une vieillesse heureuse. Ceux qui mourraient jeunes ou étaient malades… étaient considérés comme étant punis pour des actes ou pensées impurs. C’est aussi le problème du livre de Job où on ne croyait pas encore en la résurrection. Du coup quand on commence à croire en la résurrection, on reprend les textes anciens (ex, les textes d’Ezéchiel sur les ossements desséchés) et on les relit avec cette nouvelle idée. Or Ezéchiel parlait de la résurrection du peuple en exil (et non pas de la résurrection des personnes).
Cf. texte de Joseph Moingt : « Joseph MOINGT : L’homme qui venait de Dieu, éd. du Cerf 1994, p. 485-487 La route qu'il [Jésus] traçait en passant au milieu des hommes était vraiment un chemin de rédemption pour tout homme qui acceptait de marcher à sa suite, c'est-à-dire de s'approcher des autres pour en être le prochain. En déclarant, en effet, l'amour du prochain semblable à celui de Dieu, il en faisait une voie authentique de salut. Pour toute religion, le culte est la seule voie du salut, celle qui permet à l'homme de se tenir en présence de Dieu, d'obtenir ses bénédictions et d'écarter ses malédictions. La grande révolution religieuse accomplie par Jésus, c'est d'avoir ouvert aux hommes une autre voie d'accès à Dieu que celle du sacré, la voie profane de la relation au prochain, la relation éthique vécue comme service d'autrui et poussée jusqu'au sacrifice de soi. Il est devenu Sauveur universel pour avoir ouvert cette voie, accessible à tout homme. Il l'a ouverte à travers sa propre personne, acceptant de payer de sa vie le blasphème d'avoir dépossédé le culte du monopole du salut. Un autre salut Jésus avait annoncé très tôt le changement qui allait survenir dans le régime du salut. Accueillant la demande de guérison que lui présentait un centurion romain, un païen, en faveur de son serviteur, il s'écrie: « En vérité, je vous le dis, chez personne je n'ai trouvé pareille foi en Israël. Eh bien! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les sujets du Royaume seront jetés dehors, dans les ténèbres » ; et il conclut: « Va, qu'il t'advienne selon ta foi » (Mt 8, 10-13). Il annonçait ainsi que la « foi » serait substituée, comme médiation de salut, aux institutions religieuses du judaïsme et que bien des descendants d'Abraham, qui se confiaient en elles, seraient frustrés d'un salut qu'ils se croyaient réservé et assuré. La foi que Jésus admire tant dans cet homme ne s'adresse pas à lui en tant que Fils de Dieu, c'est avant tout la confiance dans son pouvoir thaumaturgique. Il en va de même dans la plupart des cas où il demande aux gens s'ils croient en lui, ou quand il fait un miracle à cause de leur foi, ou qu'il reproche à d'autres d'en manquer. Mais cette foi n'en est pas moins, dans le contexte de sa prédication, la reconnaissance de sa qualité d'Envoyé de Dieu; et elle ne vise pas seulement le pouvoir que Dieu lui avait donné, mais tout autant l'immense charité et compassion qui le portait à secourir toutes les détresses des foules qui se pressaient autour de lui (Mt 9, 35-36). Il en avait fait le signe de sa mission et de son onction (Lc 4, 17-21). Envoyé par prédilection à ceux qui souffrent, pour « sauver » les corps avec les âmes, il avait reçu de l'Esprit de Dieu une grande force d'aimer, c'est d'elle qu'il tirait sa puissance de guérir et d'attirer à lui, c'est aux signes concrets de l'amour qu'il voulait être reconnu. Ainsi montrait-il par son propre exemple que la charité opère le salut. Jésus en donne confirmation dans la parabole du jugement dernier qui est son dernier discours public et qui a donc valeur de testament. Le roi reçoit dans son Royaume à titre de « bénis de son Père » ceux qui l'ont accueilli et visité, et qui lui ont donné à manger et à boire, de quoi se vêtir et se soigner, alors qu'il était, dit-il, étranger et en prison, affamé et assoiffé, nu et malade. Et eux de s'étonner et de se récrier qu'il ne leur est jamais arrivé de le voir et de le trouver en cet état. « Alors le roi leur fera cette réponse: En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. » La scène se reproduit, inversée, du côté des « maudits » : le roi exclut de son Royaume ceux qui n'ont fait aucun de ces actes de miséricorde « à l'un de ces plus petits », car, leur dit-il, quand vous vous en êtes abstenus, « à moi non plus vous ne l'avez pas fait » (Mt 25, 31-46)18, L'expression: « les plus petits de mes frères », désigne sans doute par priorité les disciples de Jésus, les membres persécutés des premières communautés chrétiennes, mais pas uniquement puisque « toutes les nations » se trouvent « rassemblées devant lui », Ceux qui sont déclarés « bénis » ne le sont pas pour avoir fait du bien aux petits en son nom, par motif de foi, mais simplement par compassion envers ceux qui souffrent ; les autres ne sont pas « maudits » pour s'en être abstenus à cause de leur incrédulité à son égard, mais à cause de leur manque de cœur , et il est même possible qu'il y eût parmi eux des gens qui le connaissaient bien, mais qui n'avaient pas compris que la foi est impuissante sans la charité. La charité seule, surtout celle qui s'adresse à des opprimés, est ici mise en avant comme principe de salut. Elle ne sauve pas parce qu'elle supplée à la foi, mais parce qu'elle marque à la ressemblance du Sauveur; elle est le signe et le sceau de l’Esprit d’amour que Jésus avait reçu du Père pour être le Sauveur de tous. » Le Concile Vatican II va s’interroger en profondeur sur la question de la Révélation, sur la question de comment Dieu se fait connaître et non sur les formules ou sur le fait de trouver de nouvelles formules. 3.5. Vatican II : une révolution culturelle Vatican II ne fabrique pas de nouvelles formules mais s’intéresse à la question de savoir comment Dieu s’est fait connaître. 3.5.1. Dieu « converse » avec les hommes |
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