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LA DIGNITÉ HUMAINE. Philosophie, droit politique, économie, médecine. QUATRIÈME DE COUVERTURE Retour à la table des matières La dignité humaine est partout élevée aujourd'hui, jusque dans l'espace public, au rang d'un enjeu suprême, sinon d'un symbole. Il n'est guère de grandes causes où on ne l'invoque au titre d'argument ultime dans les débats de notre temps. La nécessité d'un accord universel minimal autour d'un principe commun à toute l'humanité, au sein du pluralisme des croyances, des cultures, voire des conceptions de l'humanité elle-même, et te souvenir encore frais des horreurs totalitaires, joint aux nouvelles formes de terrorisme, accentuent l'urgence de toujours mieux la cerner. En même temps, la question du corps se renouvelle et s'avère un premier impératif de l'heure, au milieu des controverses tes plus cruciales provoquées par les innovations de ta science médicale, l'ingénierie génétique, les technologies thérapeutiques, bref la « révolution biologique ». Au vrai, comme s'il le suscitait même, le progrès des sciences s'accompagne du retour en force de l'humain, naguère déclaré « de trop ». Ainsi en va-t-il dans toutes les sphères de ta société, du politique à l'économie, de la médecine au droit. Ce sont justement ces différents champs d'applications concrètes de la référence à la dignité humaine, mais aussi son histoire, que se sont répartis les six auteurs réunis en ce petit volume, trois Français et trois Québécois. Un constat au moins s'impose : nous sommes restés captifs d'une énigme mystérieuse, inéluctable. La reconnaissance de la dignité humaine relève d'une exigence antérieure à toute philosophie. Le cri d’Antigone retentit toujours contre tout effort de réduire l'être humain et sa transcendance ; il est à jamais témoin d'une indéfinissable dignité que l'on peut davantage reconnaître que connaître, procédant de ce qui « élève chacun de nous au-delà de lui-même ». Textes de Thomas De Koninck, Dominique Folscheid, Gitbert Larochelle, Jean-François Mattéi, Jean-François de Raymond, Marie-Andrée Ricard. LA DIGNITÉ HUMAINE. Philosophie, droit politique, économie, médecine. AVANT-PROPOS THOMAS DE KONINCK ET GILBERT LAROCHELLE Retour à la table des matières [9] La « dignité humaine » est sur toutes les lèvres en ce début du XXIe siècle, sa place est centrale dans les débats de notre temps ; il n’est guère de grandes causes où on ne l’invoque au titre d’argument ultime. D’une part, le recul des vérités proposées par les systèmes de pensée rend plus urgente la nécessité d’un accord universel minimal autour d’un principe commun à toute l’humanité, au sein du pluralisme des croyances, des cultures, voire des conceptions de l’humanité elle-même. D’autre part, le souvenir encore frais des horreurs totalitaires, joint aux nouvelles formes de terrorisme, rappelle que les conditions du vivre ensemble ne sont jamais acquises une fois pour toutes. Enfin, la question du corps, longtemps laissée pour compte, revient en force comme un premier impératif de l’heure. Elle devient, en fait, la pomme de discorde des controverses les plus cruciales qu’accentuent les innovations de la science médicale, l’ingénierie génétique, les technologies thérapeutiques, bref la « révolution biologique », dont l’impact incite à repenser les limites de l’intervention sur le corps. La dignité humaine est partout élevée, jusque dans l’espace public, au rang d’un enjeu suprême, sinon d’un symbole. [10] Après les vagues de déconstruction et de relativisme tous azimuts qui ont proclamé tantôt la « mort de Dieu », tantôt celle de l’homme, pour tout rabattre à l’immanence du « rhizome » (Deleuze), la désolation qu’entraîne la ruine du sens de l’existence humaine laisse perplexe. Une fois les valeurs nivelées, les hiérarchies destituées, la question persiste : « Et l’homme dans tout çà ? » Des anciens Grecs à nos jours, d’Emmanuel Kant à Axel Kahn, cette interrogation n’a jamais vraiment cessé de hanter les esprits. Serait-elle devenue aujourd’hui le signe du crépuscule, ou annonce-t-elle, au contraire, l’aurore ? Au vrai, comme s’il le suscitait même, le progrès des sciences s’accompagne du retour en force de l’humain, naguère déclaré « de trop ». Un constat au moins s’impose : nous sommes restés captifs d’une énigme, mystérieuse, inéluctable. Il faut s’être buté à la souffrance, à la détresse ou à l’injustice pour affirmer un monde différent. L’indignation, ou même la révolte au sens de Camus, fait ressurgir la dignité humaine dans toute son évidence. Socrate devant les Athéniens, Zola devant l’exploitation des ouvriers, Nuremberg devant Auschwitz : la confrontation à la vulnérabilité d’autrui n’appelle-t-elle pas la protestation d’un « pourquoi donc » ? La reconnaissance de la dignité humaine relève d’une exigence antérieure à toute philosophie et dont Levinas dira qu’elle se dessine dans le « visage de l’autre » : nulle loi écrite, nul théorème, voire une règle inintelligible pour qui n’entrevoit pas de commencement hors de soi. En quelque sorte ennobli par le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, le vocable dignité humaine emprunte parfois la forme d’un mot d’ordre. C’est ainsi que les affrontements sur les situations de fin de vie, plus précisément sur la décriminalisation de l’assistance à la mort, ont révélé les insuffisances du recours [11] aux seules instances politiques. La vie, a-t-on fait valoir, « n’appartient pas aux politiques ». Mais voici qu’on assiste à la dignité humaine fournissant tantôt la marque de commerce d’une éthique permissive, tantôt l’argument d’un interdit de changement. De tous les côtés, les passions s’enflamment et s’entrechoquent, invoquant soit le critère de la qualité de vie, soit celui de l’intégrité physique de la personne humaine. Les belligérants font état de leur dignité humaine respective, comme si les exigences du débat transformaient la seule transcendance possible en de simples sommations dans la pratique. Ainsi en va-t-il dans toutes les sphères de la société, du politique à l’économie, de la médecine au droit, où la fortune du mot semble avoir emporté la clarté de sa signification. Les six auteurs réunis dans ce petit volume, trois Français et trois Québécois, proposent d’examiner la portée de la référence à la dignité humaine dans ces différents champs d’application. Il fallait cependant d’abord présenter l’archéologie de la notion, retracer son histoire, rappeler ses fondements et son évolution, sans négliger d’indiquer les dérapages auxquels elle est exposée. C’est ce que tente d’esquisser modestement Thomas De Koninck, marquant du même coup à quel point ce concept dépasse le seul héritage des Lumières et de la culture occidentale. Gilbert Larochelle, de son côté, étudie les appels faits au droit pour tenter de statuer sur des questions qui débordent ce dernier de toutes parts. Il examine les ambiguïtés de la rencontre entre le scientisme et le juridisme, en décrivant comment le traitement par la seule voie légale du suicide médicalement assisté ne peut esquiver le problème de la morale dans l’espace public. Au-delà du seul cadre législatif, il appartient sans doute à la sphère politique, comme le pense Marie-Andrée Ricard, de concilier les deux dimensions [12] fondatrices de la dignité humaine, à savoir la liberté ou la souveraineté de la personne d’une part, et la solidarité avec autrui d’autre part, laquelle découle d’une reconnaissance réciproque issue de la vie en commun. Or, insiste-t-elle, la reconnaissance des droits inhérents à la dignité humaine doit passer par la mise en œuvre d’un principe d’équité ou de respect des besoins de tous et chacun dans la société. Nulle part la question de l’inégalité des conditions ne se pose-t-elle avec autant d’acuité que dans l’économie. Jean-François de Raymond démontre que le développement de la mondialisation confère à l’économie un « rôle médiateur central » auquel il convient désormais d’associer une « idée régulatrice de la dignité humaine ». Si l’avoir est sans conteste la chose la moins bien partagée du monde, l’être humain, lui, ne peut jamais se partager stricto sensu, se diviser, se morceler. Étudiant, pour sa part, les pratiques médicales et les dilemmes de tous ordres auxquels elles doivent faire face de nos jours, Dominique Folscheid défend justement lui aussi le caractère totalement irréductible de l’être humain, l’impossibilité d’y opérer une partition pour justifier quelque décision que ce soit : « La dignité [écrit-il] reste ici attachée à la personne elle-même, alors qu’elle en est détachée quand on fait de la qualité de vie un étalon ». Jean-François Mattéi clôt l’ouvrage par une réflexion magistrale sur le « principe d’Antigone », l’héroïne de Sophocle qui sut défendre au prix de sa vie la dignité du cadavre de son frère Polynice à qui la sépulture était refusée. Le cri d’Antigone retentit toujours contre la barbarie et tout effort de réduire l’être humain et sa transcendance ; il est à jamais témoin d’une indéfinissable dignité que l’on peut davantage reconnaître que connaître, procédant de ce qui « élève chacun de nous au-delà de lui-même ». LA DIGNITÉ HUMAINE. Philosophie, droit politique, économie, médecine. 1 “Archéologie de la notion de dignité humaine.” THOMAS DE KONINCK Retour à la table des matières |