télécharger 235.44 Kb.
|
![]() Gerard CLEMENT Page du 20 AU 26 OCTOBRE 2015 ![]() CENTRE RHONE –ALPES D’INGENERIE SOCIALE SOLIDAIRE & TERRITORIALE ![]() ![]() REVUE DE PRESSE Du 20 au 26 OCTOBRE 2015
![]() Salariat et nouveaux modes de travail mercredi 21 octobre 2015 Des analystes actuels prédisent la fin du salariat, en raison du développement de nouveaux modes de travail. Des penseurs du XIXème siècle avaient déjà imaginé sa fin future, remplacé par un travail libéré du lien de subordination à un employeur. Pourtant, on n’en est pas à la généralisation des nouveaux modes de travail – et y sera-t-on un jour ? Cependant, ils connaissent un développement certain : par exemple, Martin Schultz, Président du Parlement Européen, devant le congrès de la CES a évoqué le nombre d’1/3 de travailleurs indépendants aux USA aujourd’hui, alors qu’on ne dépasse guère les 10 % en France. Ces modes atypiques de travail peuvent être regroupés en des typologies différentes :
Deux formes de travail régulées en France
Dans un très grand nombre de cas, il s’agit d’une activité complémentaire au statut de salarié ou de retraité. Quand il s’agit de l’activité principale de la personne, c’est très souvent un statut allégé pour un démarrage d’activité afin de tester la viabilité d’un projet. Le problème vient quand il s’agit d’une activité principale imposée par un employeur pour faire travailler la personne avec un coût salarial inférieur. Des abus existent dans certains secteurs d’activité, tels le BTP, les hôtels et restaurants, les transports routiers, les compagnies aériennes à bas coûts, la culture. Deux formes issues des États-Unis
Cette situation commence à créer des conflits, à commencer par la Californie, où certains ont remis en cause leur absence de statut et revendiquent devant la justice le statut de salarié. De même, le conflit grandit au Canada…
Quelques éléments d’analyse Toutes ces formes de travail ont pour caractéristique commune de pouvoir s’arrêter brutalement si on ne trouve plus de client. Leur point commun est l’importance du risque qui repose sur leur la tête comme une épée de Damoclès. D’autre part, une bonne partie de ces nouvelles formes d’activité sont des activités complémentaires et développent une pluriactivité des salariés. Mais, sous une apparence de liberté, tous ces nouveaux modes de travail comportent en fait une subordination envers les entreprises donneuses d’ordre. Mais les différentes formules sont très différentes en termes de protection et de droits sociaux, depuis des situations intermédiaires entre salariat classique et entreprenariat jusqu’au vide complet. Ce sont donc forcément des questions à se poser en termes de constitution de droits sociaux, généralement de façon collective, de bénéfice de – et de participation financière à - la protection sociale. Cela interroge donc les syndicats, qui déjà – il faut le rappeler – syndiquent les artisans taxis ou les patrons pêcheurs bretons, sur leur volonté et leur capacité à s’adresser à eux et à intervenir pour le développement des droits de ces travailleurs. Mais cela interroge aussi le patronat et les gouvernements pour inventer les nouvelles régulations nécessaires et définir les règles de bonne concurrence. ![]() Les indicateurs alternatifs au PIB sont de retour mercredi 21 octobre 2015 Crise oblige, notre PIB (Produit intérieur brut, mesure de la richesse produite par un pays sur une année) est en berne depuis plusieurs années. Comme c’était le cas en 2008, des experts se sont à nouveau penchés sur l’existence d’indicateurs alternatifs au PIB. Clés du Social passe en revue quelques possibilités. Pourquoi critiquer le PIB ? C’est au cours des années 60 que la critique du PIB a commencé à émerger. Des économistes se sont notamment inquiétés du fait que le PIB mesurait mal certaines productions comme les services non marchands produits par des administrations publiques (comment comptabiliser les services de police, de l’éducation nationale ou de la justice puisqu’ils ne sont pas vendus sur un marché ?). De plus, les sociologues se sont aussi interrogés sur la relation entre la croissance de la production et celle du bien-être. À partir des années 60, on observe notamment aux États-Unis que la croissance du PIB (la production de richesses) ne s’accompagne plus nécessairement d’un accroissement du bien-être de la population (de son bonheur). En cause notamment, la hausse de la pollution, la montée des inégalités sociales et l’inquiétude sur l’emploi. Il ressort de ces interrogations que le PIB ne mesure bien évidemment pas le bien-être mais qu’il est pourtant resté considéré comme un indicateur de niveau de vie. Les critiques du PIB Elles sont régulières. On peut bien évidemment citer les travaux de plusieurs institutions :
Il est en effet difficile encore de nos jours de s’affranchir du PIB. Les tentatives de le remplacer par un autre indicateur ont le plus souvent conduit à quelques expérimentations qui sont restées dans les cercles universitaires ou des comptables nationaux et instituts statistiques. C’est pourquoi, dans la droite ligne du Grenelle de l’Environnement, les ONG françaises et les partenaires sociaux avaient développé dans le cadre du Conseil économique, social et environnemental un tableau de bord de grands indicateurs. Il s’agit alors de remplacer un indicateur comme le PIB par une dizaine de statistiques mêlant des aspects économiques, sociaux et environnementaux retraçant les grands éléments du développement durable. Un nouveau tableau de bord proposé par le CESE et France Stratégies Le Conseil économique, social et environnemental s’est associé avec France Stratégie (ex-Commissariat au Plan) pour réaliser un tableau de bord du développement de notre pays. Dans une optique de développement durable, celui-ci cherche à cerner les trois domaines de l’économie, du social et de l’environnement. Il a aussi été réalisé dans le cadre d’une démarche originale permettant des rencontres avec des responsables de différentes organisations membres du CESE, avec les organismes statistiques ainsi que la consultation des internautes intéressés par le sujet. Il en ressort un tableau de bord de 10 indicateurs phares. Ceux-ci comprennent trois dimensions :
Parmi les indicateurs, on remarque que l’indicateur social d’inégalités est meilleur en France qu’en moyenne européenne. La France se situe dans les pays plus égalitaires de l’Europe où les 10% les plus riches gagnent 7 fois plus que les moins riches contre un rapport de 8 en moyenne en Europe. De même les jeunes sont plutôt davantage formés qu’en Europe, la France étant au 7e rang alors que la moyenne européenne est au 18e. De même l’espérance de vie en bonne santé place la France dans le peloton de tête. Du côté des émissions de carbone, c’est l’indicateur empreinte carbone qui est utilisé. L’empreinte carbone de la production intérieure a diminué, s’établissant à 231 tonnes en 2010 contre 280 tonnes 10 ans plus tôt, mais le carbone importé a largement augmenté, passant de 274 à 360 tonnes… conséquence du recours à des productions importées à la place des productions nationales. Enfin, dans le domaine économique, on constate que la France voit son stock de capital augmenter mais à un rythme beaucoup moins soutenu depuis la crise de 2008. Mais la dette totale des ménages, entreprises et des administrations publiques n’a cessé de monter, sous l’impulsion surtout de la dette publique. Elle atteint ainsi plus de 200% du PIB, un niveau qui la place au 10e rang européen. Au total, ces indicateurs sont donc moins anxiogènes que le seul PIB dont on voit une hausse trop faible. Ils montrent notamment un pays dont les garanties sociales restent fortes et ont limité la précarité, mais qui souffre d’une économie qui ne croît pas assez, n’offre pas assez d’emplois et qui devrait faire des efforts pour l’environnement. Or c’est justement dans ce secteur que se trouvent certainement des gisements d’activité et d’emploi dont notre pays pourrait se saisir.
![]() Faire sauter le verrou médiatique par Serge Halimi Les tentatives de rupture avec les politiques néolibérales se multiplient. Après l’espérance grecque, l’élection imprévue de M. Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, demain peut-être le réveil de l’Espagne… Ces essais ne sont pas toujours transformés, on l’a mesuré à Athènes en juillet dernier. Mais quelques-uns des obstacles sont dorénavant bien identifiés : les marchés financiers, les entreprises multinationales, les agences de notation, l’Eurogroupe, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE), la politique monétariste allemande et ses caudataires sociaux-libéraux. La puissance de ces agents ainsi que la convergence de leurs préférences expliquent pour partie les prudences et les capitulations des uns, les souffrances et les hésitations des autres. Bien que pertinent, un tel diagnostic est incomplet. Car y manque un élément décisif, souvent analysé dans ces colonnes mais largement ignoré ailleurs, en particulier par les forces politiques qui devraient s’en soucier au premier chef. Cet élément a révélé sa nocivité à Athènes lorsque Syriza résistait aux diktats de l’Union européenne ; il s’est d’emblée déchaîné à Londres contre le nouveau dirigeant travailliste, M. Corbyn (lire « Jeremy Corbyn, l’homme à abattre ») ; on l’observera à Madrid si Podemos l’emporte en décembre prochain. Enfin, depuis six mois, il se reconfigure méthodiquement à Paris. De quoi s’agit-il ? Du perfectionnement d’un verrou médiatique susceptible de disqualifier tout projet contraire au pouvoir des actionnaires. Au fond, pourquoi en serait-il autrement dès lors que les propriétaires des médias sont aussi, de plus en plus, les architectes des concentrations industrielles et les bénéficiaires de gigantesques capitalisations boursières ? En France, par exemple, six des dix principales fortunes nationales — la première, la cinquième, la sixième, la huitième, la neuvième et la dixième — sont désormais détenues par des propriétaires de groupes de presse (1). L’un d’eux, M. Patrick Drahi, vient également de débouler en tête des fortunes d’Israël (2). Pourtant, dans ce secteur-clé qui conditionne à la fois l’information publique, l’économie, la culture, les loisirs, l’éducation, on peine à détecter la moindre stratégie politique qui s’emploierait à contrer le danger. Un peu comme si chacun se disait qu’on verrait bien le moment venu, qu’il y a d’autres priorités, d’autres urgences (3). On verra bien ? On a vu… Arrivant au pouvoir à Athènes en janvier dernier, le gouvernement de M. Alexis Tsipras avait escompté, un peu imprudemment, que la solidarité des peuples européens en butte aux politiques d’austérité lui permettrait de mieux résister à l’intransigeance allemande. Bien des raisons liées à la fragmentation et à la faiblesse des alliés continentaux de Syriza, politiques et syndicaux, expliquent que cette espérance ait été déçue. Toutefois, un élément important ne saurait être omis. Pendant six mois, le traitement médiatique de la question grecque a défiguré les termes du débat en cours. Et a tenté d’exacerber dans l’opinion publique européenne le souci de ce que l’effacement de tout ou partie de la dette d’Athènes coûterait à« chaque Français », Allemand, Espagnol, Italien, Slovaque, etc. (4). Les principaux moyens d’information, y compris ceux qui se montrent en général friands de prêches postnationaux, trouvèrent là un moyen assuré de contenir un mouvement de solidarité continental avec la gauche hellénique. Dans une autre configuration médiatique, la Grèce aurait peut-être été présentée non pas comme un mauvais payeur susceptible d’aggraver les difficultés de ses créanciers, y compris les plus pauvres, mais comme l’avant-garde d’un combat européen contre une politique d’austérité ayant échoué. |