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![]() Livret de restitution et préconisations de la Démarche Départementale d’Observation « Les Centres de loisirs de Seine-Saint-Denis : entre consommation d’activités et co-construction citoyenne » Sommaire Page 3 Editorial Page 4 La Seine-Saint-Denis, un département jeune, citoyen et d’éducation Page 9 Les Francas de Seine-Saint-Denis, 40 ans d’Histoire d’Education Populaire Page 12 Des enfants heureux… dans des ACM fragilisés Page 13 L’enfant : un objectif éducatif pour plusieurs accompagnements Page 16 Orientations pour des créativités sociales par et pour l’enfant Page 18 Pistes pour un nouvel élan dans les ACM / Centres de Loisirs Page 23 Un outil pour coopérer Page 26 Quelques éléments de bibliographie Editorial Sous l’impulsion du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, les Francas du 93 ont piloté une enquête transversale sur les pratiques éducatives en Accueil collectif des Mineurs/Centres de loisirs. Suite aux réflexions et analyses éclairées par les constats de terrain, fort de nos conceptions relatives à l’Education, nous avons souhaité argumenter nos positions à l’appui d’investigations des pratiques. C’est ainsi qu’est née la Démarche Départementale d’Observation. Pour ce faire, guidés par un comité de pilotage composé de partenaires institutionnels et de l’Education Populaire, les Francas ont conduit et animé une Recherche-Action participante. Au fil de trois années d’enquêtes variées nous avons rencontré des acteurs des ACM/Centres de Loisirs séquano-dionysiens. En référence aux concepts et outils des Sciences Humaines et Sociales nous avons questionné, interviewé organisateurs, directeurs de services, directeurs de centres de loisirs. Nous avons observé des enfants et leurs animateurs pendant leurs pratiques quotidiennes. Ce que nous cherchions à mettre en évidence : « les conditions réelles de l’implication des enfants de 6-11 ans à leurs loisirs au sein des ACM/Centres de loisirs de Seine-Saint-Denis. » Ce livret constitue la mémoire de ce travail partenarial. Il restitue les analyses des enquêtes. Il présente une palette de recommandations et propose quelques outils très concrets pour mettre en acte la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Le livret est conçu, aussi, comme outil de travail collaboratif destiné plus spécifiquement aux animateurs et directeurs des centres de loisirs de Seine-Saint-Denis. Sur le terrain de nos pratiques, construisons ensemble les réponses à notre préoccupation citoyenne centrale : « La participation des enfants à leurs loisirs, dans les Accueils Collectifs des Mineurs, constitue-t-elle une volonté des équipes éducatives ? Quelles sont les difficultés et les limites éventuelles à l’implication autonome des enfants ? » L’association départementale tient à remercier le Conseil Général pour sa confiance, son implication au fil de ces trois ans. Nous souhaitons témoigner de l’accueil chaleureux et constructif des animateurs, directeurs et enfants qui ont accepté d’être « observés ». Nous avons été sensibles à l’écoute et conseils des élus des collectivités territoriales. Bonne lecture. Le Président Olivier Epron 1- La Seine-Saint-Denis, un département jeune, citoyen et d’éducation Présentation générale du département : Le département de la Seine-Saint-Denis est situé dans la petite couronne de la Région Ile de France, au nord-est de l'agglomération parisienne. Il porte le code postal 93, depuis quelques années plus connue à l'échelle de la France Métropolitaine sous la dénomination « Neuf-Trois ». Il est créé le 1er janvier 1968. Selon, le site officiel du département de la Seine-Saint-Denis, quarante communes sont réparties sur ses 236 km² de superficie. Au total, 1.513.963 personnes qui y habitent (Insee janvier 2010). Ainsi, avec une densité de population qui s'élève à 6 322 habitants au km², ce département est à la fois un des plus petit de France et l'un des plus peuplé. Selon le site de l'INSEE, il se situe en troisième position après Paris (20.696 hab/km²) et les Hauts-de-Seine (8.747hab/km²). Les moins de 20 ans représentent 29,1% de la population totale de la Seine-Saint-Denis. En France selon les chiffres de l'INSEE, ils représentent 24,7% de la population totale. La Seine-Saint-Denis se caractérise en premier lieu comme un département jeune. Par ailleurs, suite aux vagues d'immigration d'après guerres et au développement industriel de la seconde moitié du 20ème siècle, la France a du faire appel à une forte immigration de main d'œuvre afin d'assurer le travail dans les usines. Les immigrés ont été logés en périphérie des grandes villes à proximité des usines et des industries. De ce fait, le département du 93 est aujourd'hui le département français comptant la plus forte population issue de l'immigration. En effet même si aujourd'hui l'immigration de main d'œuvre se fait plus rare, le regroupement familial ainsi que le rêve pour certains de trouver une vie meilleure reste fortement d'actualité. Selon les chiffres du ministère de l'immigration, les immigrés représentent 5,7% de la population Française et 26% de la population de la Seine-Saint-Denis. Deuxième caractéristique, le 93 est donc un territoire multiculturel et très éclectique où 140 nationalités cohabitent. En raison de la crise industrielle qui a marqué les années 1970, la Seine-Saint-Denis est aujourd'hui, un département touché par la précarité. En effet, en 2007, selon la Direction Départementale du Travail, de l'Emploi et de la formation professionnelle, le chômage touchait 10,7% de la population totale. Profession banlieue » recense en 2005, 51.011 bénéficiaires du R.M.I (Revenu Minimum Insertion). Il indique également que 17% de la population vit sous le seuil de pauvreté. La Seine-Saint-Denis est aussi un département dynamique où chaque année sont créées de nombreuses entreprises, de nouvelles technologies : selon le site du département, on compte 3859 création pour l'année 2008. La Seine-Saint-Denis regroupe de plus un important système d'études supérieures avec 3 universités, 5 IUT et 2 écoles d'ingénieurs. Ceci tend à favoriser pour la jeunesse, attractivité et dynamisme du territoire. Une politique éducative volontariste : Le public qui nous intéresse particulièrement pour cette étude est celui des 6/11 ans, c'est à dire les élèves des écoles élémentaires. En 2010, 105 375 enfants sont scolarisés. Certains d'entre eux fréquentent les ACM/Centres de loisirs. (Source J.S 93 – 2009) Voici un tableau récapitulatif :
Les enfants sont plus nombreux à être accueillis les mercredis et au mois de juillet. Le département comprend 647 ACM/Centres de loisirs déclarés (hors accueils de scoutisme et accueils périscolaires exclusifs). La totalité des accueils primaires et mixtes (primaire/maternel) s'élève à 397 centres soit 50,9%. Ces ACM/Centres de loisirs sont gérés par différents types d'organismes (associations, collectivités territoriales, centres sociaux, écoles des sports...). 60% des organisateurs sont des services municipaux. ![]() Les ACM/Centres de loisirs font appel à des directeurs et animateurs pour diriger et animer les enfants. Voici un récapitulatif du personnel recruté et de leur formation. (Source J.S 93 – 2009)
La majorité des animateurs, mais également des directeurs de structures, est aujourd'hui titulaire d'un diplôme non professionnel, type BAFA, BAFD. D'une manière générale, le département de Seine-Saint-Denis agit dans une volonté de favoriser l'éducation pour tous, tout au long de la vie. Un grand nombre de structures pour l'enfance et la jeunesse, autres que ACM/Centres de loisirs, sont implantées en Seine-Saint-Denis. Selon le site Profession banlieue, on compte 58 crèches départementales, 120 crèches municipales (ou associatives), 389 écoles Maternelles, 401 écoles primaires, 117 collèges, 36 SEGPA (section d'enseignement général et professionnel adapté), 120 collèges,64 lycées dont 19 professionnels. Des dispositifs de réussite éducative sont mis en place dans certaines communes comme Aubervilliers, Montfermeil, Villetaneuse..., afin de mener des accompagnements au profit des élèves du premier et du second degré et de leur famille dans les domaines éducatif, périscolaire, culturel, social... De plus, les ACM/Centres de loisirs sont également fortement représentés avec 268 structures maternelles, 310 primaires et 35 adolescentes. Par ailleurs, 40 services enfance représentent les 40 villes du département. Un élu à l'enfance chargé de mettre en œuvre la politique éducative dans sa commune impulse les actions au cœur des structures concernées. Enfin, d'autres organismes comme des associations d'éducation populaire sont implantées dans le 93. Elles ont pour missions de proposer des loisirs éducatifs aux enfants, et de mettre en place des actions départementales qui tendent à favoriser leur participation, l'accès à leur citoyenneté mais aussi à promouvoir leurs droits par le biais de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant. Les Francas, les CEMEA, les Centres sociaux, la ligue de l'enseignement (FOL)... agissent dans cette volonté, en développant entre autres ATEC (Association Temporaire d'Enfants Citoyens), associations Juniors... Le Conseil Général à d'ailleurs été à l'initiative d'un réseau d'éducation populaire. Il a pour but de mettre en commun un ensemble de savoirs, de connaissances et d'agir dans une démarche citoyenne. Il a également pour vocation de partager et de construire ensemble; mais surtout de se rapprocher au maximum de la population et de faire en sorte que celle-ci crée du lien. Grâce à une politique volontariste, tournée sur la richesse humaine, le Département de Seine-Saint-Denis est investi dans les questions relatives à l'éducation de tous et en particulier des plus jeunes. La Démarche Départementale d'Observation que les Francas 93 pilotent en coopération avec le Conseil Général du 93 agit dans cette même volonté de favoriser l'accès aux loisirs éducatifs du plus grand nombre d'enfants possible, en particulier les plus défavorisés d'entre eux. Ce dernier promeut : la participation, l'accès à la citoyenneté et surtout la mise en acte des outils de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, plus spécifiquement sur le temps de loisirs dans les ACM/Centres de loisirs. ![]() 2 - Les Francas de Seine-Saint-Denis, 40 ans d’Histoire d’Education Populaire Une démarche d’éducation populaire Depuis leur création, les Francas de Seine-Saint-Denis mènent une réflexion sur les pratiques d’accueil en Centres de loisirs. Le dialogue avec nos partenaires et notamment le Conseil général de Seine-Saint-Denis a démontré la nécessité d’appuyer ces réflexions sur des observations de terrain. Pour ce faire, les Francas 93 ont souhaité mettre en place la Démarche Départementale d’Observation. Cette démarche fondée sur les principes et les valeurs de l’Education Populaire avait pour objectif de recueillir les points de vue des praticiens et d’en tirer des constats pour améliorer la qualité éducative des accueils de loisirs. En 2007, l’analyse des situations, de modalités d’activités enfance, les comportements sociaux et relationnels montre une transformation profonde des pratiques éducatives sur les temps de loisirs des enfants et des jeunes sur le département. D’autre part, les Francas 93 qui sont particulièrement attachés à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ont souhaité observer la réalité de son application dans les structures éducatives. Il s’agissait de dépasser les représentations, les idées reçues pour construire des recommandations partagées, ancrées dans la réalité. Ces volontés expliquent nos choix dès la conception de cette Recherche-Action :
Une méthodologie scientifique fondée sur la Recherche-Action. Au cours de ces trois années, les Francas 93 ont mis en place des investigations utilisant plusieurs types et modalités d’enquêtes pour détecter les impacts des conditions réunies pour impliquer les enfants à leurs loisirs. ![]() Pour chacun des publics visés, une rencontre préalable s’est tenue pour présenter les objectifs de l’enquête, susciter la participation active des personnels dans un souci coopératif et dissiper dans les esprits la crainte que la DDO s’inscrive dans une démarche de « contrôle » de leurs pratiques. Le dépouillement, le traitement et les analyses réalisés, ont été présentés aux équipes volontaires pour pondérer les interprétations non fondées et vérifier le réalisme des préconisations. Deux journées d’Etudes, avec les participants, ouvertes aux membres du Comité directeur des Francas, du Comité de pilotage, au collectif « Regards Croisés », se sont tenues pour confronter les points de vue, argumenter certaines analyses, étayer les recommandations. Quelques données chiffrées
3 - Des enfants heureux… dans des ACM fragilisés Le réseau des centres d’accueil collectif de mineurs (ACM) animé par les Francas de Seine–Saint-Denis s’interroge de façon structurée, active et partagée sur sa mission éducative. Une préoccupation majeure se dégage : Comment redonner un sens plus profond, une cohérence aux activités conduites dans les ACM/Centres de loisirs ? Comment les nourrir des principes de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) ? Les réponses concrètes à ces deux questions vont promouvoir une vision haute, positive, dynamique des ACM qui ont trois grandes fonctions: La DDO a permis de dégager un résultat essentiel: des ENFANTS HEU-REUX ! C’est là un grand motif de satisfaction pour l’ensemble des acteurs concernés. Nul ne constate de violence, ni d’exclusion. Au vue de ce résultat, l’ACM/Centre de loisirs remplit parfaitement son rôle : l’enfant, acteur et « usager » principal, s’y épanouit. Il serait d’ailleurs intéressant d’interroger les enfants sur les sources de leur satisfaction et les raisons de leur participation aux ACM/Centres de loisirs. Le Centre de loisirs est un espace de socialisation où le développement de l’autonomie de l’enfant est possible. Il offre un espace adapté au mode de vie de l’enfant. Il est animé par des adultes soucieux de son bien-être. Les ACM/Centres de loisirs constituent par ailleurs un outil d’application du principe d’Egalité des « usagers » dans l’accès à un service public de proximité. Dans la DDO, ce premier constat positif est cependant relativisé par les acteurs qui mettent en évidence une fragilisation du projet des Francas 93 en général, et de ceux des ACM/Centres de loisirs en particulier. En effet, les projets sont de plus en plus réalisés par des équipes différentes et qui ne se rencontrent pas. Les orientations politiques fournies sont fondées par des instances différentes, des élus différents qui eux mêmes ne se coordonnent pas entre eux. Les actions éducatives concernant un même enfant ne font pas l’objet de relations instituées, formalisées entre les personnes concernées. Le découpage des temps et des fonctions entraîne inexorablement une atomisation, une fragilisation d’un projet commun. Cette fragmentation dans les activités, dans la gestion des ACM/Centres de loisirs est source de perte de sens, avec une évolution vers un système dominant de « consommation de loisirs ». N’y fabrique-t-on pas, inconsciemment, pensant bien faire, une pauvreté culturelle « territorialisée », alimentée par des modes de vie quotidiens qui ne sont plus réinterrogés par les animateurs ? Eux-mêmes vivant dans le même contexte ! Les territoires des ACM/Centres de loisirs sont caractérisés par une grande diversité culturelle : est-ce une richesse ou une contrainte pour le développement de l’autonomie de l’enfant? Cette diversité culturelle ne semble pas valorisée comme il se pourrait. Plus globalement, les ACM/Centres de loisirs semblent dépassés ou débordés pour donner une plus-value éducative aux loisirs proposés. Comment approfondir le sens et la cohérence des différentes activités proposées par les ACM ? La DDO a permis de débuter une analyse participative, conscientisante, de ce déséquilibre « perçu » entre consommation de loisirs et construction citoyenne. Dans la réalisation de leur mission, les ACM/Centres de loisirs mobilisent différents groupes d’acteurs. Les enfants, principalement. Puis les animateurs, directeurs et parents. Et pour finir, les élus. Examinons ensemble et successivement les analyses issues de la DDO. 4 – L’enfant : un objectif éducatif pour plusieurs accompagnements Enfants Différentes modalités permettent aux enfants de s’exprimer, donc d’être entendus … mais pas écoutés ! En effet, les suites concrètes données à leurs propositions ou analyses sont rares. Parmi les causes évoquées, il y a les contraintes administratives. Elles limitent la responsabilisation des enfants dans les activités et les prises d’initiatives. Les enfants sont par ailleurs reconnus comme des vecteurs d’information pour les familles et leurs pairs. Malgré un taux positif de satisfaction, une baisse des effectifs pendant les vacances scolaires est constatée dans les centres ayant participé à la DDO. Plus globalement, le statut d’acteur à part entière de l’enfant, dans son parcours éducatif et citoyen, est reconnu dans les intentions mais pas dans les faits. Il s’agit là d’une problématique centrale au fonctionnement et au devenir des ACM /Centres de loisirs. Animateurs Les observations effectuées mettent en évidence une situation et des positionnements insatisfaisants : une recherche quantitative serait nécessaire pour en expliquer la nature. Voici trois constats majeurs : La présence des animateurs est discontinue ; leurs engagements sont parfois répartis sur plusieurs centres. Tout cela alimente une certaine instabilité qui se traduit par un manque d’implication, avec une position d’exécutants, où l’obéissance institutionnelle constitue le repère professionnel prioritaire, Le BAFA permet d’obtenir un emploi rémunéré. Ainsi, la recherche individuelle de ressources financières et les calculs économiques guident les positionnements et démarches des animateurs. La plupart ont besoin de renforcer leurs compétences et d’élargir leurs références pour évoluer dans leur mission. Bien qu’ils soient en effet de moins en moins capables de donner du sens à l’action, leur désir d’aller plus loin dans les projets est une réalité… réconfortant après un tel réquisitoire ! Directeurs La gestion du temps devient de plus en plus pressante (oppressante ?). Cela se traduit par une réduction des temps de préparation et une diminution des temps d’échanges collectifs sur le fond de la mission des ACM/Centres de loisirs (les enfants, le sens, les valeurs). Priorité est donnée au fonctionnement et à la logistique des Centres. Il y a peu de temps collectif pour préparer le travail et collaborer : la législation du travail, la diversité des contrats, des statuts et les conditions de vie en sont les causes principales. Cette course contre le temps est aussi aggravée par l’instabilité des équipes qui induit une discontinuité des flux d’information et un sous-effectif chronique. Cette instabilité est également alimentée par les directives changeantes des élus. Par conséquent, la convivialité et le dynamisme diminuent au bénéfice du quantitatif et des tâches administratives… Parents Les parents peuvent avoir deux positionnements par rapport aux ACM/Centres de loisirs : celui d’usagers passifs, de « déposants » d’enfants ou celui, plus rare, de co-acteurs des activités conduites. Les attitudes consuméristes dominent, avec la recherche d’un résultat palpable où l’exigence du court terme (loisir) s’impose sur celle du long terme (éducation). Leur principal intérêt est celui de la recherche d’un mode de garde accessible, flexible. Cet intérêt trouve une réponse adéquate dans les ACM/Centres de loisirs qui proposent une multiplicité d’horaires et de contenus : la logique consumériste, avec un catalogue d’activités à la carte, y est renforcée. Les parents sont opportunistes par rapport aux programmes proposés, en privilégiant la valeur marchande du contenu et du contenant de l’activité ACM. Le système des « inscriptions préalables » joue un rôle positif pour s’assurer de leur engagement effectif. Les parents exercent une pression sociale sur les équipes et il faudrait la caractériser, en approfondir la nature et les causes: de qui vient cette pression? Pourquoi ? Quel en est l’impact sur les activités et les enfants? Quelle est la représentativité des discours et revendications des parents qui l’exercent? Il apparaît nécessaire de proposer une éducation à la parentalité qui permettrait notamment le développement de relations positives et d’une implication croissante dans le fonctionnement des ACM/Centres de loisirs. Elus Les équipes pâtissent de directives changeantes, discontinues, chaotiques de la part des élus : cela complique la gestion des activités proposées et leur mise en perspective éducative, qui suppose un travail dans la durée. Pour les élus, la mise en place de projets éducatifs « stables », durables n’est-elle pas une occasion pertinente de dialogue avec les parents et les équipes? Une occasion également de garantir collectivement une certaine stabilité dans les objectifs, actions et moyens prévus au départ pour réaliser un projet éducatif. En résumé, malgré un incontestable succès auprès des principaux acteurs – les ENFANTS - le système actuel ne permet pas aux ACM /Centres de loisirs de développer un projet éducatif solide, alimenté par la CIDE et qui soit un véritable tremplin pour développer les relations école-loisirs. Il ne permet pas à l’enfant d’être véritablement acteur de son parcours éducatif, donc de développer un comportement citoyen. Comment repenser le système actuel à la lumière du DDO ? 5 – Orientations pour des créativités sociales par et pour l’enfant En s’appuyant sur les problèmes évoqués plus haut, voici l’essentiel des objectifs à poursuivre. Ouvrons le débat … ![]() La recherche-action a permis d’identifier les objectifs à poursuivre pour mettre en place des projets éducatifs où l’ACM /Centre de loisirs propose un apprentissage citoyen. Cette offre éducative est-elle l’unique pour les enfants et adolescents ? Quels sont les autres espaces d’apprentissage citoyen auxquels il a accès? Qui y participe ? Qui pourrait y participer ? Comment retrouver une cohérence globale dans l’accompagnement citoyen d’un enfant / adolescent ? Quelles sont les activités des 80% d’enfants qui ne fréquentent pas les ACM/Centres de loisirs ? Autant de questions que l’approche « Projet », annuel ou pluriannuel, permet d’approfondir, avec une participation active des différents acteurs et une approche intégrée, ouverte sur le monde. Les parents pourraient jouer un rôle différent, plus actif dans le fonctionnement des ACM /Centres de loisirs. Mais selon la Loi, les ACM/Centres de loisirs sont-ils des espaces de vie sociale pour les parents? De façon plus globale, quelles sont les structures qui font vivre les collectifs de parents ? N’y a t-il pas une sur-sécurisation des ACM, avec des règles hors législation ? Une expertise globale sur le thème « Législation et conduite de projet éducatif dans les ACM » doit être produite et partagée pour identifier, notamment pour les directeurs, les zones d’incertitude législative et le potentiel de créativité autorisé par la Loi. Les animateurs et directeurs sont au cœur du dispositif des ACM/Centres de loisirs. Leur rôle doit évoluer. Comment traduire les valeurs promues par les Francas en objectifs éducatifs, en actes ? Comment passer du rêve – de l’enfant notamment - à l’action ? La conduite du changement nécessite de renforcer le fonctionnement des équipes selon deux préalables : Développer la cohésion, l’esprit d’équipe Renforcer la capacité de raisonner, de fonder l’action sur les bases d’une pensée réflexive critique Examinons plus en détail les différentes solutions à mettre en œuvre. 6 – Pistes pour un nouvel élan dans les ACM / Centres de Loisirs L’enfant, un acteur dynamique en devenir Pour fonder de nouvelles dynamiques éducatives dans les ACM/Centres de loisirs, l’idée essentielle est de positionner l’enfant, l’adolescent comme une personne à part entière: sa parole, ses émotions, la mode du moment, ses messages « Je » doivent être considérés comme autant d’éléments à valoriser dans un projet éducatif en général, et dans les activités pédagogiques, ludiques en particulier. Il est important de prendre le temps et le soin d’analyser le sens de sa parole, ses désirs, ses besoins pour construire concrètement avec lui et ses camarades. Par exemple, tester des réunions de programmation avec des animateurs associés aux enfants et adolescents. Le projet éducatif est une précieuse opportunité pour repenser la participation de l’enfant dans le sens d’une plus grande citoyenneté, de plus d’autonomie. La communication sociale, un facteur-clé pour accompagner le changement Les équipes et les administrateurs doivent repenser la communication interne et externe des ACM/Centres de loisirs pour d’une part, permettre aux enfants et parents de jouer pleinement leur rôle et d’autre part, pour améliorer la cohésion et l’efficacité dans l’accompagnement. L’importance de la qualité des échanges entre directeurs et parents doit être soulignée Le « tuilage », le relais, le passage de témoin entre anciens et nouveaux, partants et arrivants, doivent être appliqués systématiquement pour assurer une continuité et une cohérence dans la conduite des activités. La participation des parents doit être formalisée dès l’identification du projet pédagogique de l’ACM /Centre de loisirs : son intégration dans le projet éducatif global de l’Enfant dans la Cité en sera facilité. Les directeurs ont un rôle important à jouer pour associer l’équipe éducative et les parents dans une réflexion de fond sur ce que vivent et réalisent les enfants. La communication avec les parents doit permettre de renouveler la réflexion collective, pour une plus grande responsabilisation dans la préparation et la conduite du projet pédagogique de l’ACM/Centre de loisirs. La diversité culturelle doit constituer un atout pour faire se confronter les points de vue sociétaux / culturels sur les missions d’un ACM /Centre de loisirs. Comment la prendre davantage en compte dans les pratiques quotidiennes (géopolitique, histoire…) ? Une plus grande implication des parents ne passe-t-elle pas également par une plus grande prise en compte des centres d’intérêts et des besoins prioritaires des parents dans une forme de don/contre-don ? Proposer de l’alphabétisation et du Français Langue Etrangère pourrait par exemple être une de ces réponses concrètes dans un nouveau système profitable à chacun. Les services Jeunesse et Sports départementaux, la CAF, le Groupe Education Populaire 93 doivent être systématiquement associés aux journées départementales de l’ACM/Centre de loisirs. Le plaidoyer pour faire face aux changements de directives des élus, aux baisses de moyens et à l’accroissement des contraintes en sera renforcé. D’un point de vue plus technique, il est nécessaire d’améliorer l’efficacité, l’attractivité et la pertinence des réunions. L’animation d’une réunion ou la participation est un art qui mobilise de multiples compétences très utiles pour chaque acteurs des ACM (vie professionnelle, privée, sociale). Les ACM/Centres de loisirs peuvent être un cadre pertinent pour parfaire la préparation de réponses collectives ou d’équipes. Organisation / Structuration Comme l’arbre à objectifs le montre (p14), la qualité du management de l’équipe est déterminée par la qualité du dialogue interne, de la coopération mais aussi de l’ouverture sur les acteurs extérieurs, comme par exemple, dans les formations mensuelles. En terme d’organisation globale, la conception d’un projet éducatif et pédagogique doit être l’occasion d’une redéfinition des responsabilités des élus, des responsables de services, directeurs, animateurs, partenaires, familles, enfants... Leurs relations doivent être clarifiées et adaptées régulièrement aux programmes de travail. Concernant les animateurs, il est important de réexaminer les statuts et les systèmes de rétribution/contribution pour permettre une plus grande continuité, cohérence et qualité dans leurs activités. Une réflexion doit être conduite sur les différences d’implication individuelle entre les ACM associatifs et municipaux : à quoi j’adhère ? Comment je peux m’y investir ? Quelles seront mes limites ? Réalisation des activités Les équipes doivent inscrire les activités dans un projet pédagogique global, réfléchi collectivement, écrit : cela permettra d’améliorer la cohérence entre projets et pratiques quotidiennes pour ainsi éviter les « collisions ». Une option consisterait à expérimenter l’élaboration « à rebours » du projet : du travail de l’animateur vers le projet pédagogique ? Il s’agirait de partir de ce que savent faire les personnes, de moins les enfermer dans des cadres prescrits et se focaliser sur leurs apports pour l’enfant. La conduite des activités nécessite de conjuguer les règles administratives, les plannings des autres, les contraintes de temps / espace, l’anticipation, la préparation d’une part, avec la spontanéité, l’instant « présent », l’intuition, d’autre part. Comment les contraintes de l’action collective peuvent devenir une source de créativité éducative ? Comment la structure peut-elle alimenter le mouvement ? Et vice-versa1 ? L’animation doit permettre d’inventer des ponts entre les différents acteurs, de proposer des activités à réaliser en famille et de redynamiser le suivi personnalisé de chaque enfant par un adulte référent. Dans la programmation, il convient d’éviter l’excès d’activités pour en améliorer la qualité. Le système d’inscription et de badges encourage l’autonomie des enfants : pourquoi ne pas le promouvoir ? Il en est de même pour la « Boîte à idées » qui favorise la responsabilisation, l’implication des enfants et la citoyenneté « en herbe». Formation des animateurs Pour travailler sur la démarche projet, les animateurs ont besoin d’un certain nombre de pré-requis en formation initiale Leur esprit de responsabilité est engagé pour favoriser l’intégration des règles sociales de bonnes conduites. Pour assumer son rôle, il est nécessaire d’être équilibré, avec une photo claire du présent et une vision d’un futur à construire. Pour passer d’une peur de l’inconnu, d’un rejet a priori à une curiosité enrichissante, une ouverture culturelle doit être favorisée, notamment pour la lecture, les visites de Musées ou expositions. Sur ces bases, une requalification des animateurs pourrait être organisée, via le BAFA / BAFD dont la démarche globale est à revisiter selon les axes suivants : Actualisation des contenus sur les questions de réflexion collective et d’encadrement des adolescents /enfants. Une réflexion sur la compatibilité, les synergies possibles entre un emploi rémunéré et la mise en œuvre d’une mission citoyenne. Promotion des dynamiques d’autoformation Un accompagnement adapté pour passer d’une position d’exécutant à celle d’animateur responsable. Le renforcement des compétences doit se centrer sur le référentiel suivant : - proposer des activités en lien avec des valeurs identifiables à promouvoir auprès des enfants - repérer leurs aspirations, leurs besoins et envies. - maîtriser le rythme de vie des enfants - savoir organiser une journée - connaître et promouvoir la CIDE Très précisément l’animateur doit être capable de développer des liens concrets entre projet pédagogique projets d’animation activités quotidiennes. Dans le cursus, un contenu spécifique doit être développé pour promouvoir la Convention Internationale des Droits de l’Enfant : La connaissance historique, les fondements, les pays signataires… La signification éducative, juridique et humaine de la reconnaissance de l’enfant comme une personne à part entière… La connaissance des différents articles et de leurs liens entre eux, leurs liens avec les autres législations françaises Les moyens, les obstacles, les freins pour leurs applications. Cette dynamique de formation peut faire l’objet d’une session mensuelle, ouverte aux autres équipes de la ville. Elle doit être complétée par une formation spécifique des élus et responsables de services sur les métiers de l’animation. Pour valoriser et enrichir leurs connaissances et compétences d’une part, et d’autre part, encourager leur besoin de s’émanciper, les animateurs doivent être encouragés à se mettre en réseau (ex : « réseau jeux »), entre villes notamment. Il faudrait également vérifier si le dispositif de formation permanente de la DDCS est efficace pour participer à ce projet de formation des animateurs. De façon plus générale, ce renforcement de compétences doit être construit sur un « questionnement structuré, partagé, opérationnel » Recherche-action A cet effet, la démarche d’observation analyse préconisations des différents groupes d’acteurs de terrain doit se poursuivre. Un des animateurs ne déclare-t-il pas et c’est un constat classique dans la recherche-action : « Le fait d’être observés nous met une pression : on est plus concentrés. » Voici quelques thèmes relevés qui peuvent constituer des groupes de travail : L’enfant dans le projet de l’ACM/Centre de loisirs : état des lieux des initiatives; position dans le système ACM/Centre de loisirs; potentiel de développement ; innovations possibles… Espaces d’apprentissage citoyen des enfants et adolescents : état des lieux ; types d’accompagnement ; acteurs impliqués ; participation locale ; articulation avec l’éducation primaire/secondaire ; place de la CIDE … Législation et conduite de projet dans les ACM/Centres de loisirs : expertise participative et critique ; ouverture sur la participation des parents ; créativités socio-éducatives potentielles ACM municipaux et associatifs : étude comparé sur le positionnement de l’enfant et l’impact éducatif / citoyen… Le rôle des parents dans les ACM/Centres de loisirs : de la pression, de la revendication à l’implication féconde ; représentativités ; éducation parentale et animation pour les enfants ; relations parents/ACM profitables à l’un comme à l’autre; les collectifs de parents ; valorisation de la diversité culturelle ; prise en compte des besoins des parents … Ces questions peuvent faire l’objet d’un partage d’information sur les modes de fonctionnement des 8-11 ans et des ados dans un même territoire, puis à l’échelle départementale. Elles doivent permettre notamment de donner des outils pour les fonctions éducatives. Pourquoi ce programme de recherche-action ne permettrait-il pas d’élaborer un guide sur « Construire un projet et une séance d’activités quotidiennes » ou « KIT-guide » pratique, une boîte à outil qui donne du sens, pour les équipes des ACM ? Une approche systémique, harmonisant les attentes des différents acteurs, avec les enfants et adolescents au cœur du cycle d’un projet éducatif centré sur la mise en œuvre de la CIDE devrait promouvoir les Centres de loisirs éducatifs de Seine-Saint-Denis de demain. La place de l’enfant dans « son projet de loisirs » serait ainsi au cœur des Projets Éducatifs locaux. Un outil pour coopérer Afin de contribuer à l’application des articles de la CIDE, notamment ceux relatifs à l’expression et la participation des « mineurs », nous vous proposons un premier outil. Simple d’utilisation, il constitue la mémoire de votre engagement personnel, mais également un répertoire d’idées à partager. Mes pratiques qui incitent les enfants à participer à leurs loisirs
Les pratiques à l’initiative des enfants que j’ai repérées
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