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L'Académie des sciences morales contre le chemin de la facilité Le Monde, 10 janvier 1991, page 9 Voici le texte de la déclaration que vient de rendre publique l'Académie des sciences morales et politiques : « L'Académie des sciences morales et politiques, en présence de la préparation de textes réglementaires destinés à définir une réforme en fait considérable de l'orthographe : Tient à rappeler que la langue française avec son vocabulaire, sa grammaire et son orthographe, y compris les irrégularités et même les bizarreries qu'elle comporte, est le véhicule de la culture française, qu'elle n'appartient à personne en particulier mais relève de tous ceux qui parlent le français dans le monde avec respect et amour et d'autant plus que ceux-ci le parlent avec plus de clarté et de culture, avec le sens de l'universel qui est son caractère propre. Elle tient à rappeler : - que l'évolution normale de la langue française ne relève d'aucune puissance publique, de ses lois ou de ses règlements ; que c'est l'affaire du seul bon usage qui résulte à chaque époque de l'histoire reçue, de la langue, modifié à la fois par la manière populaire de parler et d'écrire et par celle des groupes les plus cultivés, compte constamment tenu du sens des mots et de son évolution ; que les particularités traditionnelles de la langue française en ce qui concerne l'usage de l'orthographe, loin d'être nuisibles à l'apprentissage de la langue, constituent une épreuve pédagogique favorable à la culture de la mémoire, de l'attention et de l'esprit ; - bref, que le chemin de la facilité est aussi celui de la platitude et de la médiocrité et qu'il est contraire au génie de notre langue. » L'orthographe en question Des polémiques disproportionnées Le Monde, 10 janvier 1991, page 2 Les récentes polémiques sur la « réforme » de l'orthographe paraissent peu proportionnées à l'enjeu véritable. Avant tout parce que l'examen du rapport du 6 décembre 1990, par lequel il faudrait commencer, fait apparaître qu'il n'y a pas de réforme. Ce mot désigne proprement un changement assez radical pour rapprocher la graphie de la prononciation. D'un tel changement, personne ne veut dans le monde francophone, pour une raison commune à tous ceux qui l'habitent : l'attachement à ce que la forme graphique des mots nous conte de nos cultures successives, cette légende des siècles tissée dans la trame de l'écriture, et dont l'imprécision même est chère aux amants du mot tracé, ne fixant nulle borne à leurs divagations. En outre, les « rectifications » (c'est le titre du rapport) présentent trois traits remarquables : d'une part, elles ne concernent que des points assez particuliers, tels que marques du nombre, trémas, accents, participes, emprunts ; d'autre part, sur ces points mêmes, les propositions paraissent modérées, surtout si on les compare à d'autres, comme celles de 1975, dues à l'Académie française ; en troisième lieu, le projet ne fait qu'apporter, dans le plus grand nombre des cas, une caution publique à des usages attestés. Les spécialistes mandatés pour le proposer, ainsi que l'Académie, priée d'en dire son sentiment, n'ont donc pas fait autrement que cette dernière ne fait depuis plus de trois cent cinquante ans qu'elle en a reçu ministère : enregistrer l'usage et non le précéder. Enfin, on relève une précision importante : les graphies traditionnelles, si elles ne font plus autorité, continuent d'être licites. Ceux qui ne souhaitent pas s'en déprendre demeurent donc en droit intégral de francophonie, ou de « francographie ». L'orthographe est une institution, contrairement au langage, dont personne n'a jamais retrouvé d'acte de naissance issu d'une autorité proclamée (et pour cause, puisqu'il aurait fallu pour cela, circulairement, que l'on sût déjà parler). Toute institution possède une double nature : elle fixe les pratiques, mais, en retour, elle est bousculée par leur pression même ; cela s'applique au cas présent. De 1694 à 1975, l'orthographe française a été l'objet de neuf ajustements, dont une partie au moins a façonné son visage d'aujourd'hui, sans pouvoir faire qu'il ne demeurât des zones de turbulence. Le projet actuel est inspiré par le souci de réduire certaines d'entre elles et de contribuer ainsi à faciliter l'apprentissage scolaire autant qu'à étendre le rayonnement du français. L'orthographe est l'affaire de tous. Ce rapport peut, certes, être amélioré ; mais, plutôt que des flambées de colère, il devrait susciter des questions, des propositions d'amendement, pourvu qu'elles soient étayées d'arguments. Le débat vaut mieux que l'affrontement. Claude HAGÈGE Claude Hagège est professeur au Collège de France. Quelques fanfreluches Le Monde, 10 janvier 1991, page 2 Les rectifications de l'orthographe suscitent dans l'opinion, surtout à Paris, des remous tels que certains parlent d'une guerre de religion. Pour quel enjeu ? La trinité des accents, l'aigu, le grave et le circonflexe, la présence réelle du sens primitif dans les noms composés et quelques autres subtilités. Les adversaires crient au sabordage de la langue française, voire de la Culture, à l'attentat contre l'âme de la France. Le modeste i de oignon est ainsi érigé en rempart de la civilisation occidentale. On oublie que l'orthographe n'est pas la langue, mais son vêtement pour la communication écrite. Jean Dupont dans sa baignoire est toujours Jean Dupont. Il n'est d'ailleurs pas question de déshabiller la langue ; on lui ôte tout au plus quelques fanfreluches. Environ huit cents mots reçoivent une graphie qui n'est pas déjà dans certains dictionnaires, soit un mot sur quatre-vingt-dix dans un répertoire comme le Grand Robert. A titre de comparaison, la huitième édition (1932-1935), peu novatrice pourtant, du Dictionnaire de l'Académie, dont la nomenclature est plus restreinte, a changé l'orthographe d'environ cinq cents mots, soit un mot sur soixante (et il n'y a pas eu de guerre de religion), tandis que la troisième (1740), la plus radicale, en avait modifié plus de six mille, soit un sur quatre. Aucun des cinq cents mots les plus fréquents du français n'est touché, et, sur les mille mots les plus fréquents, le rapport du Conseil supérieur n'en corrige que six. Les rectifications portent souvent sur des mots plus ou moins rares. Vous n'avez pas tous les jours l'occasion de conjuguer : j'agnèle, tu agnèles, elle agnèle... On crie aussi à l'attentat contre la tradition. On ne pourra même plus lire Molière dans le texte, écrit un journaliste. Quelle ignorance ! Prenons dans l'édition du temps n'importe quelle pièce, le Misanthrope, par exemple, qui était alors le Misantrope (sans h). Dans les vingt-deux premiers vers de la dernière scène, je compte quarante-cinq différences entre la graphie d'alors (1) et celle qui nous a été enseignée, mais cette dernière demanderait une seule modification pour tenir compte des rectifications officialisées le 6 décembre. Celles-ci, en effet, concernent un mot toutes les deux pages en moyenne, dans un livre quelconque. Obstination inutile Les livres déjà imprimés ne sont donc pas destinés au pilon. Bien des lecteurs ne s'apercevront de rien (comme ils ne se sont pas aperçus que Proust écrivait nénufar avec un f). Ils écrivaient déjà plus d'une fois selon la nouvelle norme : je l'ai constaté à cinq reprises dans le mémoire rédigé par Philippe et Marie-Josée de Saint-Robert contre les rectifications. Et je ne parle pas ici des quatre cents mots dont la graphie « nouvelle » est déjà enregistrée par certains dictionnaires, comme référendum (avec deux accents), des lieds (avec s), etc. D'autres opposants dénoncent un asservissement de l'orthographe à la phonétique. Accusation sans fondement. Les experts qui ont préparé le rapport ont toujours considéré que la langue écrite avait ses besoins spécifiques et qu'elle ne pouvait se modeler purement et simplement sur l'oral (ce que les variations sociales et régionales rendent d'ailleurs impossible). En dehors de quelques cas particuliers, comme asséner (au lieu d'assener) qui entérine un changement de prononciation, c'est l'orthographe même qui fait l'objet des règles nouvelles. Car il s'agit bien de règles, soit qu'il n'y en ait pas eu jusqu'à présent, par exemple pour conjuguer harceler ou fureter, soit que les règles existantes soient d'application malaisée (un cure-dent, mais un cure-ongles ; des serre-tête, mais des couvre-chefs) ou bien pourvues d'exceptions qu'il était avantageux de faire disparaître (aimé-je) ou de réduire (allégement), en tâchant de donner une justification aux exceptions qui subsistent. La vraie cause de l'opposition est celle-ci : il y a dans tout usager du français un conservateur qui sommeille. Beaucoup de gens sont fâchés parce qu'ils croient qu'on veut les contraindre à changer leurs habitudes, parfois péniblement acquises. Je me suis demandé ci-dessus si elles étaient réellement acquises. Un défenseur de l'accent circonflexe m'envoie une carte manuscrite où il a écrit un pivôt avec un accent... Si vous tenez à oignon, à douceâtre, à chariot, à imbécillité (malgré imbécile), à abrégement (malgré achèvement), à il complétera (malgré il achètera), si vous trouvez que ces graphies sont la fine fleur de la civilisation française, libre à vous d'écrire comme cela jusqu'à la fin de vos jours. Vous auriez des prédécesseurs : quand l'Académie a réintroduit le t en 1835 dans les pluriels comme enfans et parens, la Revue des deux mondes s'est opposée à la réforme ; elle a tenu bon pendant plus de quatre-vingts ans puisqu'elle n'a accepté qu'en 1919 d'écrire enfants et parents. Bel exemple d'obstination inutile. Les adversaires du changement ne se battent pas seulement pour conserver dans leur usage les formes qu'ils ont apprises, même absurdes ou désordonnées. Personne ne veut ni ne peut le leur interdire. Ils se battent pour imposer aux générations futures ces absurdités et ce désordre. Comment faut-il appeler ce genre de réaction ? André GOOSSE André GOOSSE est professeur à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, membre du Conseil supérieur de la langue française. La tentation élitiste Le Monde, 10 janvier 1991, page 2 La nouvelle querelle qui se développe aujourd'hui, autour d'une institution - l'orthographe - depuis trop longtemps figée dans sa norme, n'a donc rien d'inédit pour les spécialistes. On ne compte plus en effet depuis le dix-neuvième siècle, les projets de simplification, qui déclenchent, à chaque fois, campagnes d'opinion et polémiques de lettrés et de grammairiens. Et la surprise est d'autant moins grande que les arguments que brandissent les conservateurs (ceux de droite comme ceux de gauche se retrouvent ici dans une troublante unanimité) pèchent plus par leur faiblesse qu'ils ne touchent par leur originalité. Que les intellectuels défendent leur langue, quand cela se justifie, rien de plus louable et de plus légitime ; encore devraient-ils, même dans ce cas, raison garder dans un pays où naquit, voilà longtemps déjà, l'esprit cartésien... Tentons donc une approche raisonnable. Pour préciser d'abord que, dans le cas présent, la langue française n'est nullement menacée par cette petite « toilette » d'un système graphique par ailleurs fort imparfait. Les inquiets pourront vite se rassurer en prenant connaissance de la liste des graphies rectifiées (JO du 6 décembre 1990). Ils se réjouiront de savoir qu'on écrira désormais, fort logiquement, « évènement » (et non « événement », combien commettaient l'erreur ?), « québécois », « contigüe », « révolver », « téléfilm » et même « relai » comme « délai » ; et peu d'entre eux devraient être gênés par la nouvelle écriture de : « basselissier, bouterole, fèverole, jéjunum, etc. » ! Quant au « nénufar » nouveau, le trouveront-ils moins gracieux, à la surface de l'étang, comme on voudrait le leur faire croire ? L'orthographe française est compliquée, parfois illogique, souvent capricieuse. Que certaines lignes de force du système aient pu être dégagées par les linguistes ne change rien au fait que la transcription de notre langue, et ce contrairement à beaucoup d'autres, ne s'opère qu'au moyen d'un code peu cohérent et incertain. Les opposants à toute évolution, même prudente et modérée, ne contestent pas cette réalité mais croient en tirer avantage : la complexité de l'orthographe ferait tout le charme subtil de notre langue, lequel serait une marque de la richesse de notre culture ! Et, selon cette logique, il ne faudrait surtout pas simplifier l'écriture, sauf à vouloir affaiblir délibérément le rayonnement de la culture française... C'est oublier un peu vite - à dessein ? - que l'orthographe n'est qu'une composante de la langue écrite (et le lexique ? et la morphologie ? et la syntaxe ?), laquelle n'est qu'une des formes de l'expression de notre culture... C'est surtout refuser l'idée que le système graphique puisse s'adapter, en permanence, pour remplir au mieux sa fonction fondamentale de transcription, aux évolutions de la langue et des modes et technologies de communication (on pourrait évoquer, sur ce dernier point, les rapports entre l'informatique et la langue écrite). L'argument selon lequel l'orthographe de 1991, née de l'histoire et de l'usage, doit être respectée au nom du « génie français » (sic), nous paraît donc aussi dérisoire que dangereux. Faire admettre que la complexité de l'orthographe donne sa richesse au français permettrait de justifier les efforts exceptionnels que, par rapport à d'autres langues, chacun doit consentir pour maîtriser notre « belle » langue nationale ! Et si certains n'y parviennent pas, peut-être est-ce parce qu'ils n'en sont pas dignes ? Voilà comment se développe l'argument élitiste, qu'on peut trouver ainsi exprimé : « À qui profiterait une réforme simplificatrice de l'orthographe tendant vers la reproduction phonétique ? Évidemment aux ignorants. Mais qu'importe que les ignorants fassent des fautes ? » (Jean Dutourd, le Monde de l'Éducation.) Pour nous, l'orthographe française ne saurait être un instrument de sélection de l'élite, pas plus qu'un reliquaire précieux de la langue. Elle n'a rien, enfin, d'un objet tabou, et peut donc être simplifiée, ou « modernisée », ou « adaptée », ou « rectifiée », pour peu que les exigences d'une bonne communication l'imposent. L'essentiel, dans ce débat parfois bien léger, est de ne jamais oublier les centaines de millions de francophones ou d'étrangers, élèves ou adultes, qui écrivent notre langue (ou tentent de le faire, à moins qu'ils n'y aient déjà renoncé...) et se trouvent obligatoirement confrontés à l'orthographe. Ni objet de recherches ni divertissement d'esthète, elle est d'abord, pour eux, l'un des moyens obligés de transcrire un message qui devra assurer, avec efficacité, la communication différée. Pour tous ceux qui, durant leur vie entière, dans les situations les plus diverses, ont besoin d'écrire, on peut réclamer la possibilité d'utiliser le code écrit de leur langue d'une manière prévisible et avec autant de rapidité que de facilité. Une première étape est aujourd'hui franchie ; l'orthographe va perdre quelques bizarreries injustifiables et quelques pièges inutiles et gaspilleurs de temps. C'est la langue écrite qui, si l'on continue dans cette voie avec la même prudente détermination, y gagnera en rigueur (et s'apprendra plus facilement !) : un beau progrès pour le rayonnement de la culture française. Vincent LUCCI & Yves NAZÉ. Vincent LUCCI est professeur d'université à Grenoble et Yves NAZÉ est inspecteur d'académie. Nombre de caractères « J’ai cherché, disait A. Féline en 1851, […] quelle serait la dimension des lettres employées (en cas d’une réforme profonde), et celle que j’ai trouvée est de près d’un tiers ; supposons seulement un quart. Si l’on admet que sur 35 millions de Français, un million, en terme moyen consacrent leur journée à écrire : si’ l’on évalue le prix moyen de ces journées à 3 francs seulement, on trouve un milliard, sur lequel on économiserait 250 millions par année. » Il calcule aussi 25 millions sur la composition, le tirage, le port, etc., des imprimés , il ajoute, bien sûr, le fait que les livres coûtant moins cher, il s’en vendrait le double, « et le double encore parce que tout le monde lirait ». De sorte que « ce profit de 275 millions serait doublé ou quadruplé […] et l’économie imperceptible d’une lettre par mot donnerait un bien plus grand bénéfice que les plus sublimes progrès de la mécanique ». CATACH Nina (1989) Les délires de l’orthographe, Paris, Plon, p. 314-315. L'orthographe au ras des pupitres Le projet de réforme ne déclenche de violentes passions ni chez les élèves ni chez les enseignants Le Monde, 17 janvier 1991, page 15 Faire violence à l'orthographe ? Bousculer cette vieille dame respectable qui régente la vie des écoliers ? Adeline n'est franchement pas d'accord. Assise au premier rang d'une classe de CM2, cette petite fille sage secoue la tête, l'air réprobateur. « Nous, on a déjà appris et ça nous prendrait trop de temps de tout recommencer ». Derrière elle, une brunette s'inquiète. « Si ça change, est-ce qu'on aura le droit de continuer d'écrire comme on a commencé ? » Dans cette école primaire du vingtième arrondissement de Paris, l'idée d'une réforme ne paraît guère inspirer les élèves. Sans bien mesurer l'ampleur des changements proposés, ils s'accrochent à leur savoir tout neuf, devant leurs livres de grammaire grands ouverts. Faudra-t-il créer des écoles « réformées », qui concurrenceraient les établissements traditionnels ? Le vénérable livre de Bled doublera-t-il de volume ? Sans parler des parents qui, les pauvres, n'y comprendraient plus rien... L'avalanche des questions enfantines est relayée par la perplexité des enseignants. Loin des combats de titans sous la Coupole, loin des conversations de salons, les instituteurs et les professeurs de collège vivraient en direct une éventuelle réforme de l'orthographe. Peu consultés, parfois mal informés, ils attendent avec circonspection les changements qui leurs seraient imposés « par le haut ». Si l'orthographe venait à changer, c'est la base même de leur enseignement qui serait touchée, au grand dam de certains. Nombre d'enseignants déclarent déjà, en salle des professeurs, qu'ils feront « comme si la réforme n'existait pas », au cas où elle verrait le jour. Qu'ils se déclarent pour ou contre des modifications, beaucoup jugent la « réformette » peut convaincante et, pour tout dire, plutôt mal ficelée. Le gardien du temple Il y a ceux qui repoussent vigoureusement l'idée d'un changement d'envergure, par peur de basculer dans un univers déstructuré. L'orthographe est pour eux le gardien du temple, le cadre qui tient le tableau. « Les enfants ne font pas plus de fautes qu'autrefois et que diront-ils lorsqu'on leur apprendra que des choses déjà apprises n'existent plus ? » demande Mme Jeanine Parmiani, directrice d'école à Paris. Organisatrice, l'an dernier, d'un « concours d'orthographe » à grand succès dans son établissement, Mme Parmiani n'est pas opposée aux modifications de détail, mais rejette les grands bouleversements. De toute façon, explique-t-elle, « l'orthographe n'est plus sanctionnée comme avant. On l'apprend pour ne pas handicaper les enfants, mais elle n'est plus un critère de passage en classe supérieure ». Mme Jeanne Cosson, enseignante au lycée parisien Buffon, juge pour sa part que les normes orthographiques sont indispensables à l'heure où le son et l'image tendent à kidnapper l'attention des élèves. « L'orthographe est un code qui repose sur l'écrit et requiert beaucoup de concentration, contrairement aux activités d'éveil privilégiées dans le primaire », souligne cette enseignante qui fait partie d'un groupe de réflexion sur la réforme, organisé par le Centre régional de documentation pédagogique. Toujours au collège Buffon, M. Jean-Claude Gayaud, professeur en sixième et en cinquième, confirme qu'il faut se battre sans cesse pour « imposer les mots ». D'où sa « gêne » concernant la réforme, qui risque de nuire à la mission des professeurs. « Elle sera considérée par beaucoup d'enseignants comme un recul, un abandon, une simplification sans utilité. » S'il est bon de rendre à la langue une certaine cohérence, M. Gayaud ne pense pas qu'il faille en émonder toutes les aspérités. « On va vers un assistanat complet, affirme-t-il. Il faut conserver des objectifs pour les professeurs et des repères pour les enfants, un sens de l'effort. » Une « réformette » cache-misère Les réactions, en fait, varient sensiblement de l'école au collège. Plus directement confrontés aux problèmes d'apprentissage, les instituteurs se déclarent souvent favorables à une réforme. Ainsi M. Bernard Gallizia, enseignant dans le primaire à Paris, estime qu'il conviendrait d'« évacuer les mots arbitrairement écrits », hérités des fantaisies de quelques moines copistes. Surtout, il préconise, comme tant d'autres, de rationaliser la langue en profondeur et de ne pas se contenter d'un dépoussiérage de surface. La « réformette », en somme, ne serait qu'un cache-misère, servant, tout au plus, à « montrer que l'orthographe n'est plus tabou », comme le déclare M. Jacques Morin, instituteur en CE2 dans le Val-d'Oise. Un vulgaire coup de plumeau qui ne vaut pas qu'on parte en guerre et qui ne mobilise guère dans les salles des professeurs. Le vrai problème serait ailleurs, selon M. Jean-Claude Aparisi, directeur d'école en banlieue parisienne. La réforme, explique-t-il, aurait le mérite de régulariser certaines aberrations, mais aussi l'inconvénient de porter sur des mots peu employés par les petits. La nécessité se fait sentir d'aller plus loin, pour éviter, par exemple, les heures entières passées à étudier les sautes d'humeur des mots en ap-. Quitte à combattre, intéressant paradoxe, le réflexe des enfants qui préfèrent souvent rajouter des lettres lorsqu'ils ne connaissent pas l'orthographe exacte d'un mot. Surtout, constate M. Aparisi, la pédagogie de l'orthographe mériterait d'être revue et corrigée. « Au lieu d'enchaîner les exercices, il s'agirait de faire comprendre aux élèves comment fonctionne le système en leur donnant une vision globale des choses et en analysant les mécanismes », explique-t-il. En attendant, les enseignants dédaignent de se jeter toutes lances dehors dans une guerre picrocholine, à l'heure où la guerre gronde dans le Golfe. Il est vrai que la mise à mort des traits d'union menace moins l'avenir de leurs élèves que les conséquences d'un conflit. Raphaëlle REROLLE La réforme de l’orthographe et les imprimeurs Le texte intégral est disponible sur le site : http://www.sauv.net/ctrc.php?id=553 La Commission, chargée par le Gouvernement de préparer un arrêté relatif à la simplification de l’orthographe, a déposé son rapport. Des revues l’ont publié, les journaux en ont parlé, et le public ne paraît pas s’en être ému. Seuls, les écoliers sont en joie. N’est-ce pas pour eux que la Commission a maternellement travaillé, en ôtant les pierres de leur chemin, en balayant devant eux la piste des examens, depuis le certificat d’études primaires jusqu’au baccalauréat ? Elle leur a dit : “l’orthographe est le fléau de l’école” - et nous n’y contredirons point. Pourtant, dans cette affaire, les collégiens sont-ils seuls en cause ? Ce serait singulièrement ravaler la réforme proposée que de la leur subordonner, et la Commission entend frapper plus haut, en abolissant, dit son Rapporteur, avec la vieille orthographe, une inégalité sociale intolérable, “une distinction artificielle et vaine entre les Français” - selon qu’ils la savent ou ne la savent point -, bref “au vrai sens du mot un mandarinat”. Nous n’avons nullement l’intention de discuter ces principes, mais seulement de demander à la Commission, en nous plaçant d’abord sur son propre terrain, si elle croit atteindre son but par le seul enseignement de l’école, et si elle n’a pas oublié un facteur essentiel dont nous parlerons modestement - comme il sied quand on parle de soi. Le grand maître de l’orthographe n’est pas l’instituteur qui corrige les fautes ; c’est l’œil de l’enfant, plus tard de l’homme. On retient les mots en les voyant. Voilà pourquoi tant de gens sans instruction scolaire écrivent à peu près correctement. Ils ont lu. Le livre, le journal, l’affiche leur ont appris à leur insu la silhouette des mots. L’orthographe est un cliché photographique. Ne croyons pas que l’écolier autorisé (ou dressé) à écrire au gré de la Commission : Cète personne ftisique manje des eufs en garde longtemps la pratique, s’il ne la voit confirmée, c’est-à-dire imprimée, partout où ses yeux se porteront. Tout l’effort du maître restera provisoire et stérile, si l’imprimeur ne le continue, ou plutôt ne l’accompagne et ne le précède même, car c’est par le LIVRE qu’il faut commencer. Et, par le livre, je n’entends pas la grammaire rectifiée ou le manuel dont le domaine est limité aux quatre murs d’une classe, j’entends le livre quotidien, tout ce qui sort journellement de nos presses, et qui fait l’usage, c’est-à-dire la loi : jus et norma... scribendi. […] Je déclare pour ma part que je ne me sens pas la moindre hostilité personnelle contre la réforme, d’où qu’elle vienne, réglée par l’Académie ou la Commission ; j’y souscris d’avance en assurant ces deux Compagnies de ma parfaite soumission : qu’elles se mettent d’accord et j’appliquerai - ou j’essayerai d’appliquer - leurs décisions, en tant que particulier ! Mais en tant qu’imprimeur, quel est mon maître sinon mon client ? - Qu’ils s’inclinent ! s’écrie la Commission : “Le ministère a le droit incontestable et incontesté d’enseigner dans ses écoles ce qui lui plaît.” Soit ! mais nos clients ne vont plus à l’école et ne sont plus candidats au bachot. Au reste, cette omnipotence ministérielle en matière de graphie ne me dit rien qui vaille : il arrive quelquefois, en France, de changer de ministère ; si chacun, par son droit incontestable et incontesté, impose l’orthographe qui lui plaira, qu’allons-nous imprimer ? L’orthographe a ses partis, comme la politique : des réactionnaires, des opportunistes, des radicaux, même des anarchistes, ces derniers (bel exemple de propagande par le fait) n’hésitant pas à placer sous le Dictionnaire de l’Académie une bombe chargée de phonétisme. Aurons-nous à chaque ministère une orthographe ministérielle ? […] Ce à quoi la Commission ne semble pas avoir songé. Se doute-t-elle de la perturbation qu’elle va jeter dans l’industrie du livre ? En ce qui concerne nos compositeurs, ils vont avoir à composer alternativement : maisonnette et maisonète - symphonie et sinfonie, en supposant que le réformiste soit sûr de son fait (et j’en vois qui écrivent le même mot de trois façons différentes dans le même feuillet de copie !). […] Il ne peut pas y avoir d’orthographe facultative : un mot est à l’œil ce qu’une parole est à l’oreille. Il faut une façon fixe d’écrire, comme de prononcer. […] L’incertitude que la Commission laisse planer sur l’avenir de sa réforme, la porte ouverte à de nouvelles et plus radicales simplifications, la menace peu dissimulée du phonétisme prochain : tout cela constitue le plus grave danger pour nos imprimeries qui, dans cette Fronde orthographique, chercheront les lois à tâtons et ne les trouveront plus. […] Ainsi, la réforme de l’orthographe ne saurait se poser comme une simple amélioration scolaire, une indulgence bonne à mettre des coussins sous les coudes des pécheurs. Elle touche à de graves questions industrielles et commerciales ; elle inquiète à bon droit une population ouvrière dont la tâche est déjà suffisamment laborieuse et délicate. Nous ne prétendons pas la résoudre, mais la porter sur son vrai terrain qui est celui de l’imprimerie et non de l’école. Sans doute il est téméraire à un modeste imprimeur bourguignon de prendre la parole au nom des intérêts corporatifs et professionnels. Mon excuse, c’est que j’ai été prié de résumer ce qui se dit dans les imprimeries, ne fût-ce que pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité d’une intervention législative qui assure un juste délai pour le présent - et une sécurité durable pour l’avenir. Georges PROTAT Mâcon, 8 décembre 1906 PROTAT FRÈRES IMPRIMEURS Entretien réalisé auprès d’une élève de lycée professionnel en deuxième année de CAP de bureau (sélection extraite de MILLET Agnès, LUCCI Vincent & BILLIEZ Jacqueline (1990), Orthographe mon amour, Grenoble, PUG, 231-238) Observateur – bon alors pour commencer, j’aimerais bien que tu me dises ce que tu penses de l’orthographe française en général, ce qui te vient à la tête quoi. Enquêté – Ben l’orthographe française, j’ai rien à dire, sincèrement, j’ai rien à dire, c’est difficile, c’est vrai. L’orthographe, c’est vraiment difficile pour moi, particulièrement, et pour plusieurs élèves aussi, c’est difficile. J’ai rein à dire (rires). De toutes manières on est obligé de savoir écrire hein, on est obligé, parce que si on travaille un jour hein on va pas. (…) Si on fait des lettres… si on écrit des lettres, il faudra faire gaffe à pas faire de fautes hein d’orthographe, ça c’est sûr hein. C’est tout ce que j’ai à dire sur l’orthographe, moi je sais pas. Bon, c’est énervant aussi… quand on fait des fautes… Je sais pas. J’ai rien à dire. OBS – C’est énervant… ENQ – Oui, parce que nous on entend des… par exemple, je sais pas on entend par exemple « une fleur »… je sais pas non, quand on écrit, par exemple je sais pas moi, on écrit on veut écrire à notre manière… par exemple, vous me dictez quelque chose, et moi j’écris comme je l’entends, mais y’a toujours… faut toujours faire attention à l’orthographe. C’est ça, c’est embêtant ça ! Ça c’est énervant ! Moi je t’explique j’aime pas ! C’est comme quand on écrit une lettre, y’a tout le temps des fautes d’orthographe, pour un copain ou une copine on lui écrit des lettres, y’a toujours des fautes d’orthographe, parce que y’a personne pour nous les corriger derrière. On écrit à notre manière. C’est sûr celui qui reçoit la lettre, il la reçoit et puis c’est tout hein. Mais quand on travaille c’est différent, quand on est à l’école c’est différent, faut faire a-tten-tion-à-l’orthographe, faut écrire-comme-ça-na-na-na. Voilà ça m’énerve. Oh ça m’énerve ! En fait ouais, ça m’énerve. Je sais pas pourquoi ça m’énerve. (…) Pourquoi écrire…on pourrait écrire simplement, c’est tout ! Qu’est-ce qu’on va rajouter des E à la fin ou des trucs comme ça, des R et je sais pas quoi. « Il voulait » AIT à la fin, on sait même pas si c’est un E et tout, il faut faire attention à ça. Y’a des mots qui prennent des S…heu des X, des jeux…on pourrait mettre. (…) Non c’est pas… bijou, je sais pas quoi là. Ouais, bijou, ça prend un X à la fin au lieu d’un S quoi des bijoux…c’est difficile. Moi je connais pas les règles d’orthographe, alors je sais pas. J’en connais certaines, mais je les connais pas toutes. Moi je trouve que c’est nul moi ce truc, c’est nul ! Pourquoi pas écrire les mots, les choses comme on les entend, c’est tout hein. On se casse la tête. […] OBS – Et tu penses que pour une demande d’emploi, c’est important de ne pas faire de fautes. ENQ- Ben bien sûr parce que si vous envoyez déjà une lettre pleine de fautes d’orthographe. Déjà le patron va s’imaginer… il va avoir une image de vous, il va dire, elle sait pas écrire… elle fait pas attention à l’orthographe et tout. Bon il va dire… ben il va nous répondre… « non ». Qui c’est qui vous dira pas : « faites attention aux fautes d’orthographe » quand il répondra ? OBS - Tu penses que si on tait trop de fautes, ça donne une image ? ENQ - Bien sûr. OBS - Quel genre d'image ? ENQ - Ben une mauvaise image ! Ils vont dire : « elle vient me demander elle sait même pas écrire déjà le français, ben qu'est-ce que ça va être quand elle va venir travailler chez nous ». Si par exemple c'est une secrétaire, elle devra bien taper des... comment ça s'appelle, des lettres, des trucs et tout. Ils vont dire : « bon c'est pas la peine, on la prend pas ». […] OBS - Tu penses que y'en a pour qui c'est important, même si ils vont pas avoir à écrire. ENQ - Ouais, je pense quand même. Parce que de nos jours hein ! Ben nous... regardez on dit ouais... je sais pas les maths on dit qu'on n'en aura pas besoin plus tard, ça y'est quand on sait compter et tout, on n'en aura pas besoin plus tard. Une fois qu'on sait écrire on s'en fout ! En fin de compte c'est pas vrai, quand on réfléchit bien, on dit ça... quand on sera une femme mariée et tout... mais on sait jamais, si un jour on a envie de faire une demande d'emploi ou de faire... je sais pas... ou que nos enfants, ils veulent je sais pas... on devra faire un mot à nos enfants si on fait des fautes d'orthographes, qu'est-ce qu'ils vont s'imaginer... Ils vont dire que la mère c'est une âne, après on s'étonne pas pourquoi le fils c'est un âne. Hé ! C'est vrai c'est énervant, mais y'en a vraiment besoin quand même, parce que bon, comme je le dis, tout le monde pratiquement tout le monde est allé à l'école... et y'en a qui font tout le temps des fautes d'orthographe, parce qu'ils oublient carrément l'école. Pour eux c'est pas important. Pour moi c'est... c'est... je sais pas, c'est... c'est un peu important, parce que c'est l'école, c'est tout, c'est que j'en ai besoin pour l'instant. L'orthographe, bon j'en aurai peut-être toujours besoin de cette orthographe, je l'oublierai pas, je ferai attention quoi ! […] OBS - Et ça t'arrive d'écrire comme tu entends ? ENQ - Ah non ! Pour moi maintenant c'est devenu... j'ai l'habitude maintenant ! Vous pouvez me faire écrire une lettre tout ça... non l'orthographe c'est rentré dans ma tête maintenant, je pourrais pas écrire comme... non, je sais pas... maintenant je connais l'orthographe et tout, maintenant je pourrais pas vous écrire comme... comme je veux, maintenant. Parce que... je sais pas, mais y'a des jours où j'aimerais bien écrire comme je voudrais quoi ! Comme quand j'écris une lettre à quelqu'un, je lui écris... pour rigoler mais... c'est une copine c'est pour ça. OBS - Donc tu penses que suivant à qui on écrit... toi si tu écris à l'école ou à un patron tu feras plus attention... ENQ - Ah ! Bien sûr ! OBS - Par contre si c'est des copains ou des copines, tu pourras te permettre certaines fautes d'orthographes... ça passera. ENQ - Ouais, ouais, et puis à la fin je marquerai : « fais pas attention aux fautes d'orthographes » un truc comme ça. Surtout si on doit écrire à dix copines en même temps, vous imaginez si faut faire attention à l'orthographe ! Et puis je préfère des lettres avec des fautes d'orthographes, j'aime bien ça. OBS - Pourquoi ? ENQ - Je sais pas j'aime bien. C'est marrant, c'est cool, quoi, ça fait jeune. Quelqu'un qui fait pas de fautes d'orthographe, pour moi, c'est pas cool. Ça fait plutôt plaisir, parce que je rigole après. OBS - Tu rigoles de quoi ? ENQ - Je sais pas, parce qu'ils font des fautes d'orthographe, je sais pas, parce que ça fait rire. Parce que ça fait un peu oublier l'école. Ça éloigne un peu l'école. Pour moi pendant les vacances on oublie l'école, on fait des fautes d'orthographe, c'est cool ça. […] OBS - Et... et si on décidait de la changer cette orthographe ? ENQ - Et ben ça serait mieux, ça serait encore mieux, mais si c'est pour la compliquer c'est pas la peine. OBS - Pour la simplifier ! ENQ - Simplifier, oh ouais, ça serait cool quoi, ils enlèveraient quelques lettres... l'orthographe allez hop ! Peut-être que ce serait moins difficile, pour tout le monde c'est difficile pratiquement l'orthographe, parce que c'est... en français, on parle souvent de la difficulté en orthographe. C'est tout. Parce que si un jour on vous donne dans une dictée un mot que vous avez jamais écrit de votre vie, vous le connaissez même pas ce mot, ben là vous l'avez jamais vu, alors vous écrivez à votre manière, là. Quand la prof elle dit…bon je sais pas un mot... je sais pas un mot ! On lui dit: « madame mais on l'a jamais entendu, comment ça s'écrit ? « Ben comme ça se prononce ». Alors on écrit à notre manière, et ça va pas ! C'est ça hein ! […] OBS - Donc ça te paraitrait pas vraiment intéressant de simplifier l'orthographe. ENQ - Ça me parait même pas intéressant. Il faut penser aux autres qui vont arriver qui vont savoir lire, écrire, les petits, ils vont pas apprendre la même orthographe que nous, parce que c'est l'avenir, quoi, les gosses, c'est l'avenir. OBS - Et alors, ça serait bien ou ça serait pas bien ? ENQ - Ça serait mal madame ! Ça serait mal hein ! Parce que comme je vous ai dit mon gosse il m'amène une dictée comme ça écrit la façon b, là, « l'ortografe è la manière d'écrire » et moi je regarde comme ça je dis « putain, mais qu'est-ce que c'est que ça ! ». Et puis il m'amène des mots... je sais pas ils font des copies, souvent en primaire, ils font des copies, une ligne, il va m'écrire l'orthographe, je sais pas façon b, je vais regarder, je vais faire « Oh, mais tu te fous de moi ou quoi, qui c'est qui t'as appris à écrire, qui c'est qui t'as appris l'orthographe ? « Ben c'est à l'école », il va me dire, ben je vais l'engueuler quand même. Je vais aller voir sa prof carrément et je vais lui dire: « écoutez, apprenez bien l'orthographe à mon fils, hein ! ». OBS - Donc ça te parait pas possible de changer. ENQ - Pas possible, on va tout mélanger après, tout mélanger ! Alors y'aura ceux qui écriront l'orthographe de nous maintenant, et ceux qui-z-écriront l'orthographe comme ça. On va tout y confondre, on va tout se perdre. Si nous on change, on a l'habitude d'écrire « théâtre » avec un H, et que ils changent la règle d'orthographe, « théâtre » sans H, et ben je vais vous dire, alors on fera des fautes, plein de fautes on fera, on fera des fautes ! Moi je pense que ça serait difficile pour tout le monde ça. OBS - Et à ton avis si on décidait de changer... si plein de gens voulaient changer, qui c'est qui pourrait... qui c'est qui devrait décider qu'on change ou qu'on change pas ? ENQ- Hein ! Je sais pas moi. Ceux qui s'occupent de l'orthographe, ceux qui-z-ont inventé l'orthographe de toutes manières... je me demande qui est-ce qui a inventé l'orthographe, si je l'attrape je le tue celui-là, oh! là ! là ! je lui fais sa peau, quel con ! ![]() |
![]() | ![]() | «Chemin de Barfleur» via Valognes à Montebourg où on pouvait rejoindre le «Chemin de l’intérieur», venant de Barfleur. Le «Chemin... | |
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