Revue de presse








télécharger 231.03 Kb.
titreRevue de presse
page4/5
date de publication20.12.2016
taille231.03 Kb.
typeDocumentos
l.21-bal.com > loi > Documentos
1   2   3   4   5

Les terreaux du jihadisme européen

Farhad Khosrokhavar

Le terrorisme islamiste menace graduellement la France depuis deux décennies. Il se nourrit d'un petit nombre d'ingrédients.

Vingt ans se sont écoulés entre la bombe déposée à la station Saint-Michel/Notre-Dame sur la ligne B du RER parisien, le 25 juillet 1995, et les attentats de Paris le 13 novembre 2015. Vingt ans où les horizons – algériens, irakiens, bosniaques, syriens… – se sont déplacés, et où les acteurs terroristes – groupuscules jihadistes, loups solitaires ou commandos organisés – ont changé. Le jihadisme est l’un des plus grands bouleversements de notre époque ; il en est aussi le fruit. En France, il se développe en une marche accélérée depuis 2012. Depuis les attentats commis par Mohammed Merah, à Toulouse et à Montauban (7 morts et 6 blessés), un nouveau chapitre s’ouvre dans son histoire. Les attentats se suivent à grande vitesse avec Mehdi Nemmouche (tuerie du Musée juif de Bruxelles), les frères Kouachi (attaque contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier 2015), Amedy Koulibaly (assassinats d’une jeune policière et des clients d’un supermarché juif de la porte de Vincennes le 7 et le 9 janvier 2015), Ayoub el Khazzani (attentat de train Thalys le 21 août 2015), jusqu’aux attentats du 13 novembre 2015 qui marquent l’apogée du terrorisme islamiste. Dans ces phénomènes, qui s’échelonnent sur deux décennies, certains traits saillants se dégagent.

La fratrie comme ciment

La plupart des auteurs d’attentats sont d’anciens délinquants, passés par la prison, issus de familles décapitées, éclatées, avec notamment des pères absents ou démissionnaires. En dépit de l’éclatement familial, l’un des faits remarquables est la récurrence des fratries au sein des groupes terroristes : Mohammed Merah et la complicité plus ou moins grande de son frère Abdelkader (attentats 2012), les frères Kouachi (attentats janvier 2015), les frères Abdeslam (attentats du 13 novembre 2015)…

L’une des premières raisons de ce phénomène vient de son efficacité : les frères s’accordent une confiance absolue qui rend quasiment impossible la pénétration du groupe par les services de renseignement. Par ailleurs, le spectacle de la fratrie soudée reconstitue symboliquement la famille patriarcale. L’unification autour de la même passion, à savoir croiser le fer avec une société que l’on poursuit de sa haine, engendre une harmonie qui reproduit l’image d’Épinal de la famille dans une version « engagée » : désormais on vit ensemble, les frères (et quelquefois même la sœur) reconstituant une unité qui avait éclaté. Ce n’est pas l’égalitarisme qui règne mais la hiérarchie cadet/aîné même si l’aîné symbolique est le cadet en termes d’âge (c’était le cas des frères Kouachi, où le cadet dirigeait et l’aîné suivait). Tout se passe comme si la radicalisation jouait un rôle de ciment pour ressouder des liens passablement ébranlés par la délinquance et l’éclatement familial.

L’Europe des banlieues, armée de réserve

En second lieu, l’Europe des banlieues est devenue l’armée de réserve du jihadisme : tous les terroristes islamistes français proviennent des banlieues. Le fondement anthropologique de leur adhésion à des idéologies haineuses est leur rancune vis-à-vis d’une société qui incarne à leurs yeux la cause ultime de leur mal-être. Des êtres en rupture avec la vie sociale, meurtris par le racisme et les préjugés, expriment leur volonté d’en découdre, mettre à mort et mourir, se venger de la société au prix de la mise à mort de centaines voire de milliers d’innocents. L’islam devient le principe de la sacralisation de leur haine. Le jihad, dans cette conception, est la guerre sans pitié et sans fin contre le monde qui les a rejetés, désormais perçu comme « mécréant ». Dieu s’incarne dans une posture de vengeance aveugle au sein d’une religiosité mortifère qui déshumanise totalement l’adversaire.

Cet état d’esprit est « paneuropéen » : on peut être belge et coopérer avec des Français pour tuer des Français sur ordre de Daesh, qui prend une fonction éminente comme califat ressuscité attirant les jeunes islamistes, tout comme l’Union soviétique attira les jeunes socialistes en 1917, année de sa création. Cette dimension transnationale est l’une des forces du mouvement, et le talon d’Achille des États européens : Il existe une Europe du jihadisme alors que l’Europe de la sécurité n’existe pas. Les polices et les services de renseignement nationaux opèrent surtout sur le territoire national et gardent un atavisme territorial qui facilite la tâche de ceux qui opèrent des deux côtés des frontières.

La crise des utopies sociales et l’essor du jihadisme

L’adhésion au jihadisme ne saurait résulter d’une simple destructivité nihiliste ; elle est aussi une puissante idéologie politique, structurée et attirante. C’est ce que les événements du 13 novembre ont révélé. Le jihadisme se lève là où s’éclipse le politique, comme projet collectif porteur d’avenir. L’idéologie répressive à laquelle les jihadistes s’identifient se substitue à des utopies sociales comme le républicanisme et le communisme. Depuis les années 1990, la crise des utopies « immanentes » a induit l’attrait vers l’islam radical en tant qu’utopie « transcendante » qui comble le vide idéologique des sociétés modernes. La France, en particulier, souffre d’un malaise profond parce que le politique est le fondement de l’être-ensemble après la Révolution de 1789 : le citoyen se définit primordialement par son adhésion au pacte politique qui institue l’État-nation. Le politique est ainsi simultanément un principe d’adhésion à un projet républicain, et l’identification du citoyen à un principe de sens, l’État-nation, qui rendrait possible la réalisation des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité dans un avenir indéterminé. La crise de l’égalité et de la fraternité rend impossible la citoyenneté comme projet d’avenir, surtout pour les exclus. L’extinction de l’espérance dans le politique, dont le dernier témoignage se trouve dans le mouvement pour l’égalité de 1986 – mouvement totalement laïc – fait de l’islam radical un substitut au projet citoyen. Pour les théoriciens du jihadisme, l’égalité se réalise dans la mort, la fraternité dans la mise à mort de l’ennemi et la liberté dans la volonté d’asséner la mort en tant que représentant de Dieu, un Dieu impitoyable et largement méconnaissable dans la tradition islamique.

La guerre civile en Syrie et son impact direct en France

Enfin, il est impossible de comprendre l’attrait qu’exerce cette idéologie aujourd’hui sans considérer le contexte international, et l’implication de la France dans les conflits qui s’y mènent. Désormais, Daesh exporte la guerre civile de Syrie : en Russie (l’explosion de l’avion russe en plein vol à Charm el Cheikh le 31 octobre 2015 tuant 224 passagers), au Liban (les explosions du 12 novembre 2015 tuant au moins 43 personnes), en Tunisie (le 18 mars, les tireurs tuant 19 personnes, surtout des touristes étrangers, le 26 juin tuant 38 personnes, surtout des touristes anglais)… La liste est incomplète. Cette guerre civile induit des effets en France en raison de l’implication de l’aviation française en Syrie. Dès septembre 2015, la France a commencé à viser Rakka, ville du centre du pays, considérée comme le fief de Daesh. Parmi les réfugiés qui ont fui à la fois la répression de l’armée syrienne et les islamistes radicaux, Daesh laisse se faufiler quelques-uns de ses adeptes dont l’un semble avoir mis à exécution son projet de tuerie à Paris (un passeport syrien dont le détenteur serait passé par la Grèce). Le nouvel État islamique cherche à transporter une « guerre totale » dans le monde, des innocents payant pour des actes de guerre menés par les autorités nationales. La distinction entre population civile et combattante semble dépassée pour des islamistes radicaux qui visent d’abord des « Français » et mettent à mort leurs victimes au nom d’une foi solidement ancrée dans leur esprit.

Trois générations de jihadistes

Depuis les années 1980, le jihadisme est passé par plusieurs phases : 


Les «Afghans» : l’origine historique d’Al-Qaïda remonte à l’époque où les islamistes, encouragés par l’Occident, se sont rués vers l’Afghanistan pour lutter contre l’invasion soviétique. 
En 1989, ces vétérans – dont Oussama ben Laden – sont rentrés chez eux et ont lancé le « jihad de l’intérieur ». Ils ont formé le premier noyau, enseignant 
le maniement des armes et 
les techniques de combat.


Les «Irakiens» : une nouvelle génération émerge en 2003, au moment de la guerre d’Irak, dont l’apprentissage se fait beaucoup plus sur la Toile que sur le terrain. Cette génération, fine connaisseuse d’Internet, s’en sert comme outil 
de propagande.
 L’immense majorité des jihadistes français issus de cette génération ont une trajectoire similaire : une enfance passée dans une famille décapitée, une adolescence en banlieue, où la délinquance s’offre comme un contre-modèle à la citoyenneté ordinaire (travail rémunéré, respect des normes sociales…), un passage par la prison, l’illumination de l’islam radical en tant que « born again », et parfois le voyage dans les terres du jihadisme (Pakistan, Afghanistan, Yémen, Syrie…). Leur haine de la société s’imprime dans une religiosité de combat qui leur donne le sentiment d’exister.

Les « Syriens » : une troisième génération apparaît depuis 2013, au moment de la guerre civile en Syrie et de la création de l’État islamique. Son apprentissage se fait dans des pays arabes à État défaillant : Yémen, Libye, frontière algéro-tunisienne et Syrie. Un nouveau profil, alors inconnu en France, coexiste avec les profils précédents : des jeunes issus des classes moyennes, hommes et femmes, qui n’ont pas de casier judiciaire. Leur projet est souvent plus politique que celui de leurs aînés. Ils sont mus par une quête de justice pour la Syrie, où un régime a tué 200 000 personnes et voué à l’errance plusieurs millions d’autres dans les pays voisins. Ils disent défendre leurs « frères de religion ». Le jihadisme leur apparaît comme un projet collectif porteur d’espoirs.

Farhad Khosrokhavar

Du RER au 13 novembre 2015 : vingt ans d'attentats

1994-1995 : l’imam Sahraoui, de l’aile modéré du Fis est mis à mort 
le 11 juillet 1995 à Paris ; le 25 juillet, de la même année, une bombe déposée à la station Saint-Michel/Notre-Dame sur la ligne B du RER parisien fait 8 morts et 117 blessés ; 
le 17 août, un autre attentat a lieu place de l’Étoile à Paris où 17 personnes sont blessées par une bombe artisanale. Il y aura un attentat raté contre la ligne TGV Paris-Lyon 
le 26 août 1995.


Dans ces actes terroristes est impliqué un jeune d’origine algérienne, Khaled Kelkal, tué dans un affrontement avec les forces de l’ordre le 29 septembre 1995. Plusieurs petits groupes prennent le relais, comme le gang de Roubaix dont la plupart des membres ont combattu en Bosnie en 1994-1995, ou la filière des Buttes-Chaumont (d’où est issu Chérif Kouachi, l’un des auteurs des attentats de Charlie Hebdo).

2012-2014 : un jeune Français d’origine algérienne, Mohammed Merah assassine 7 personnes et fait 6 blessés à Toulouse et à Montauban. 
Parmi eux se trouvent 3 militaires, dont 2 musulmans, et 4 Juifs. 


2015 : le 7 janvier 2015, les deux frères Saïd et Chérif Kouachi massacrent 
12 personnes au journal Charlie Hebdo, pour punir les journalistes qui auraient profané le Prophète de l’islam par leurs caricatures. Amedy Coulibaly, lui, 
tue 5 personnes, une policière et 4 Juifs, les 8 et 9 janvier de la même année, en liaison avec les frères Kouachi dont il a connu le cadet
Chérif en prison.

Moins d’un an plus tard, le vendredi 13 novembre 2015, une série d’attaques terroristes coordonnées provoque la mort de 129 personnes à Paris, aux abords du stade de France, au Bataclan, et dans les dixième et onzième arrondissements. Les attentats sont revendiqués par l’État islamique. Parmi les kamikazes et assaillants se trouvent des Français étant passés par les camps d’entraînement en Syrie.

Farhad Khosrokhavar

Farhad Khosrokhavar Sociologue, directeur d'études à l'EHESS, il a récemment fait paraître Radicalisation, Maison des sciences de l'homme, 2014
DÉMOCRATIE

En France et ailleurs, quel attachement aux libertés publiques ?

BÉNÉDICTE WEISS 20/11/2015

En moyenne, les Français chérissent davantage l'égalité des genres, les élections libres et la liberté d'expression que le reste du monde, selon une étude du Pew research center présentée le 18 novembre 2015. Mais d'autres libertés sont moins défendues.

Du 5 avril au 21 mai 2015, 40 786 personnes issues de 38 pays1* ont répondu aux questions du Pew research center, un organisme américain de recherche statistique et sociale. Le but : comprendre leur perception de la démocratie et des libertés qui s'y rattachent, selon leur situation personnelle (pays, âge, etc.). D'après ses auteurs, c'est la première fois que l'institut étudie aussi largement cette problématique. Le résultat, intitulé « Soutien mondial au principe de la liberté d'expression, mais opposition à certaines catégories de prise de parole » a été présenté le 18 novembre 2015 au Conseil de l'Europe, en marge du quatrième Forum mondial de la démocratie à Strasbourg.

« Bien que de nombreux experts aient documenté un déclin des droits démocratiques ces dernières années, les gens du monde entier adoptent les valeurs fondamentales qui s'y rattachent », prévient le rapport en introduction. Il pointe une volonté commune de défendre les « éléments de base de la démocratie » : liberté d'exercer sa religion (74 % de réponses favorables), égalité entre les femmes et les hommes (65%), élections libres et pluralistes (61 %), liberté d'expression (56 %), de la presse (55 %) et d'Internet (50 %). Dans le détail, les États-Unis, le Canada, l'Amérique latine et l'Europe sont les régions du monde les plus attachées à ces principes et, particulièrement, à la liberté d'expression. Tandis que l'Afrique arrive devant les États-Unis pour défendre la liberté religieuse.



En France, c'est l'égalité entre les femmes et les hommes qui arrive en tête, avec 83 % de soutiens, soit bien au-dessus de la moyenne mondiale. Ce sont cependant davantage les femmes qui appuient cette idée. Suivent la liberté d'expression (67 %) et les élections libres (66 %), également au-dessus de la moyenne générale. 



La liberté d'Internet se situe quant à elle au même niveau en France et dans le monde (50 %). « Contrairement à la télévision par exemple, cela n'existe pas depuis très longtemps », nuance Richard Wike, l'un des auteurs de l'étude. Quelle que soit la zone étudiée, ce sont plutôt les personnes jeunes et utilisatrices d'Internet qui soutiennent cette idée. « Dans beaucoup de pays, Internet a créé un nouvel espace public où les débats sur les sujets politiques et sociaux prospèrent », indique l'étude. En revanche, la liberté religieuse est bien moins défendue par les personnes interrogées en France que dans le monde, avec plus de vingt points d'écart (52 % contre 74 %).

La liberté de la presse arrive quant à elle bonne dernière, avec à peine 46 % de réponses favorables

La liberté de la presse arrive quant à elle bonne dernière, avec à peine 46 % de réponses favorables. 54 % des Français interrogés se déclarent même prêts à la mise en place d'un contrôle gouvernemental sur les médias au sujet de la sécurité nationale. Initialement inscrit dans la loi d'état d'urgence de 1955 mais jamais utilisé, celui-ci 
a finalement été abandonné par l'Assemblée nationale ce 19 novembre. En tout dans le monde, 52 % des personnes interrogées disent être d'accord avec l'idée d'un tel contrôle. Cependant, les plus jeunes y sont moins favorables que les autres (47 % des 18-29 ans contre 60 % des plus de 50 ans pour le cas de la France). « Je ne sais pas si cela a trait à l'affaire Snowden2, commente Richard Wike, mais l'écart dans la société est là ».

Pourtant, 80 % des personnes interrogées (89 % en France) estiment nécessaire de pouvoir critiquer les politiques gouvernementales, et 59% (77 % en France) que les médias doivent avoir la possibilité de publier des informations risquant d'induire une instabilité économique.

  • 1.Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Australie, Brésil, Burkina-Faso, Canada, Chili, Corée du Sud, Espagne, États-Unis, France, Ghana, Grande-Bretagne, Inde, Indonésie, Israël, Italie, Japon, Jordanie, Kenya, Liban, Malaisie, Mexique, Nigeria, Ouganda, Pakistan, Pérou, Philippines, Pologne, Russie, Sénégal, Tanzanie, Territoires palestiniens, Turquie, Ukraine, Venezuela, Vietnam

  • 2.Edward Snowden avait révélé les détails de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques NDLR


Lutte anti-terroriste : n’ayons pas peur … des impôts !

de Alain Godard, le 21 novembre 2015

Nous avons tous été choqués et révulsés par ces évènements tragiques du 13 Novembre à Paris.

Les mesures exceptionnelles  arrêtées par le gouvernement pour faire face à cette situation également exceptionnelle sont soutenues par une très large majorité de la population. Et je regrette sur ce plan que quelques députés du PS et de EELV – parmi lesquels deux amies proches- aient voté contre l’extension de la durée de l’état d’urgence : autant ce type de mesures peut être contestable si celles-ci s’inscrivaient dans une  durée illimitée, autant elles sont justifiées pour une durée limitée à quelques mois: c’est la seule façon à court terme de pouvoir faire face le mieux possible à la détermination et à la folie de groupes qui savent que nos démocraties sont facilement attaquables car trop souvent incapables de prendre rapidement des mesures d’exception.

Mais au-delà de ces mesures exceptionnelles, il parait clair à entendre les analystes et experts de la criminalité et du terrorisme qu’il faudra aborder le problème sur le plan structurel et donc engager des moyens financiers nouveaux pour traiter à la fois les causes identifiées, et aussi l’amélioration de nos moyens de renseignements et de défense ,ou pour assurer tout simplement de respect de la loi.

En effet, la poursuite depuis plusieurs années de réduction aveugle des dépenses (le dogme « un fonctionnaire sur deux » représentant l’exemple le plus flagrant) a entrainé une détérioration des réseaux de soutien social  en même temps qu’un renoncement à la présence pourtant nécessaire des forces de l’ordre dans certaines zones. Cette situation est le résultat direct des politiques ultra-libérales menées depuis des décennies.

En matière de renseignement, l’infiltration  des réseaux terroristes  par du personnel formé et professionnel semble avoir été laissé à l’abandon au profit de méthodes basées sur le numérique dont on s’aperçoit qu’elles ont leurs limites.

Sur le plan social, le non financement des structures sensées apporter le soutien minimal à ces zones marginalisées, l’abandon de la police de proximité moquée à l’époque  par Sarkozy, la faillite de l’éducation et l’absence de sens pour tous ces jeunes désemparés par des taux de chômage proches de 50% sont des causes, parmi bien d’autres, de la situation que nous vivons actuellement.

Il va donc falloir recruter de nouveaux fonctionnaires et financer de nouveaux intervenants pour d’une part mener à bien la « déradicalisation » des quartiers, peut-être remettre en place une forme adaptée de service national, et d’autre part assurer de nouvelles tâches de renseignement et de police. Sans doute cela nécessitera-t-il beaucoup plus que les 600 millions d’euros annoncés pour financer en 2016 les recrutements indiqués par le Président.

Sans oublier les actions militaires internationales que nos armées sont de moins en moins capables de mener efficacement et avec un niveau de sécurité acceptable.

La grande majorité des Français est capable  de comprendre cela, et je trouve très dommage que l’on n’ait pas eu le courage de leur dire que «  oui, il faudra des dépenses supplémentaires » et que « oui, pour assurer le financement de ces dépenses régaliennes de l’Etat, il faudra créer des impôts supplémentaires afin d’assurer l’équilibre des comptes de la Nation. »

C’était l’occasion de réhabiliter le rôle de l’impôt , tellement vilipendé par le rouleau compresseur de l’ultra-libéralisme depuis des décennies, et lâché de manière irresponsable par nos dirigeants de gauche depuis 2012, en particulier sous la houlette du ministre des finances d’alors Pierre Moscovici qui avait lancé le très démagogique dogme du « ras-le-bol fiscal ».

Les commentateurs économiques ont beau jeu de mettre en avant nos taux élevés d’imposition par rapport à la moyenne européenne : c’est oublier que l’Europe entière est engagée depuis 15 ans dans un dumping fiscal effréné dont l’impact sur le budget de la France est de 100 milliards d’euros par an par rapport au début des années 2000.(Soit un montant plus élevé que notre déficit budgétaire).

Tous les pays du monde vivaient il y a 40 ans avec des taux d’imposition sur les sociétés de 35 à 40% et cela ne posait aucun problème. Sous la pression du dumping fiscal et de ses lobbies, la norme à atteindre est devenue 20% et on est entré dans une logique mortifère du « toujours moins ».

Il y a une éducation de la population à mener concernant l’importance de l’impôt pour nos démocraties, une pédagogie  qui sorte de la démagogie ambiante : je reviens du Portugal et suis profondément choqué par les mesures d’exonération totale d’imposition pour les riches retraités étrangers, dont un grand pourcentage de Français cyniques au point de se sentir fiers « d’avoir bien eu le gouvernement ».

C’est pourquoi,au lieu de la formule présidentielle « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité » qui laisse penser que la question du déficit est devenue mineure, j’aurais préféré une explication pédagogique sur la nécessité d’avoir à financer ces dépenses nouvelles en appelant à l’engagement et à la contribution de tous, c’est-à-dire à l’impôt.

Tant que les considérations électoralistes prendront le pas sur un langage de vérité que les Français responsables peuvent pourtant comprendre, on ne résoudra qu’imparfaitement les problèmes qui se posent à nous.

Dommage, car sur tous les autres points, la réaction de François Hollande face à cette situation dramatique a été de mon point de vue remarquable.
IL VA NOUS FALLOIR VIVRE AVEC LE TERRORISME : LA GUERRE SE JOUE AUSSI SUR LE TERRAIN ÉCONOMIQUE

C 'est bien d'une guerre qu'il s'agit. Il faut bien en avoir conscience : elle risque de durer. L'enjeu se joue aussi au niveau de l'économie, car si Daesch se comporte comme un proto-Etat et exporte sa guerre, c'est qu'il en a les moyens financiers qu'il importe avant tout de tarir.

 



Horreur absolue, douleurs inextinguibles, sidération, larmes. Ce sont bien des scènes de guerre que l'on a pu voir à Paris, lors des attentats du 13 novembre à l'intérieur du Bataclan et dans les rues de la capitale.

Si la France est l'une des cibles privilégiée de Daesch, c'est qu'au Mali notamment avec l'opération Barkhane, la France joue un rôle essentiel en tentant d'empêcher tous les trafics qui nourrissent le terrorisme. L'armée française présente sur place constitue un maillon essentiel visant à le confiner.

Le problème avec la pieuvre Daesch, organisation la plus riche de toute l'Histoire, c'est qu'elle possède d'importants moyens financiers. Les millions de dollars coulent à flot, permettant de rémunérer ses 50 000 combattants.

Selon les estimations des services de renseignement américains, Daesch engrangerait jusqu’à trois millions de dollars par jour.

 Ce proto-Etat s'en sert pour armer et nourrir ses brigades, leur verser une solde. Il donne également une pension aux familles des militants tués, et doit trouver les moyens d’administrer le territoire qu’il a envahi.

 Premier revenu : le pétrole

 Sa première source de revenu est le pétrole. Les militants extraient du brut dans une douzaine de champs de pétrole dont ils se sont emparés en Syrie et en Irak.

 Ils l’exportent directement ou l’envoient dans de petites raffineries, avant de l’acheminer par d’anciens chemins de contrebande dans les pays voisins, où il est vendu à bas prix au marché noir en Turquie et, en plus petites quantités, au régime syrien.

 Selon certaines estimations Daesch produirait entre 25 000 et 40 000 barils par jour, ce qui lui rapporterait plus d'un million de dollars par jour au marché noir.

 C'est d'ailleurs dans le but de les pénaliser financièrement que les Etats-Unis ont développé les frappes en Syrie, visant notamment des raffineries contrôlées par Daesh.

 Les entreprises ponctionnées

L’autre grande source est constituée par tout un système de taxes et d'impôts dans les territoires qu’il occupe. Le « Council on Foreign Relations » estime que les entreprises, petites et grandes, y contribuent déjà à hauteur de plus de huit millions de dollars par mois, avant même que la deuxième plus grande ville du pays, Mossoul, ne tombe dans ses mains. Daesch contrôlerait ainsi un territoire équivalent à la Grande-Bretagne.

 Il faut y ajouter des millions of dollars grâce au commerce illégal d’antiquités.

 Selon le quotidien britannique le « Guardian », Daesch aurait empoché au moins trente-six millions de dollars dans une seule province syrienne en vendant des objets vieux de parfois huit mille ans.

 Des militants profiteraient principalement de cette manne en autorisant les habitants à creuser sur les sites archéologiques, avant de prélever une taxe sur les sommes récoltées.

 Plus sinistre encore, au rang des ressources, il faut y ajouter les millions récoltés grâce au trafic d’être humains et aux rançons.

 L'inconscience de la communauté internationale

 Lutter contre Daesch va plus que jamais nécessiter de tarir ces différentes sources de financement, à commencer par les puits de pétrole.

 C'est la raison pour laquelle la prochaine bataille, menée par les Kurdes irakiens, qui s'annonce, celle de Mossoul rendue possible par la prise de Sinjar, un verrou essentiel entre l'Irak et la Syrie, va s'avérer essentielle.

 Cette ville qui est aux mains de Daesch regorge de pétrole.

 Au vu de ce qui précède, on se rend compte de l'inconscience de la communauté internationale qui a laissé se développer ce monstre ou qui n'a pas agi suffisamment tôt pour lutter conte lui.

 Une prise de conscience s'est enfin établie. La France se trouve désormais parmi les Etats placés au premier rang de cette lutte. Elle en a tragiquement payé le prix.

Publiée le 16 nov. 2015 par LARGERON Dominique.
LE CLUSTER EDEN SURFE SUR UN MARCHÉ DE LA SÉCURITÉ ET DE LA DÉFENSE EN PLEINE ÉBULLITION

Dominique Largeron

Une croissance de 8 % annoncée pour 2016: les 55 entreprises rhônalpines membres du Cluster Eden devraient créer une centaine d'emplois. Quelques jours après les dramatiques attentats terroristes de Paris, près de la moitié d'entre elles vont participer au salon Milipol à Paris, consacré à la sécurité et à la Défense.

Lyon a acquis sa légitimité et de la visibilité en terme d'industrie de la sécurité, de la sûreté et de défense.

 Certes, la présence d'Interpol sur son sol, mais aussi de l'école de police y aide. Mais le cluster Eden (European Defense Economic Network) avait tapé dans le mille, en créant à Lyon en 2013, le premier Forum Technology against crime (TAC) en juillet 2013 à la Cité internationale qui s'était révélé un succès (630 participants, 65 nationalités).

 Technology against crime

 Bis repetita en 2016, mais cette fois en avril (du 13 au 15). Le cluster rhônalpin compte à nouveau réunir près de huit-cents participants, de haut niveau scientifique et décisionnel : des ministres, directeurs de la police et de la gendarmerie, des professionnels de la sécurité, des scientifiques et des universitaires, des PME de haute technologie, sont attendus. Une convention d'affaires pour start-up et PME de la sécurité est également au programme.

 L'actualité nous le montre de manière dramatique : l'époque est favorable aux entreprises du secteur, dans un monde compliqué et brutal qui a soif de sécurité dans tous les domaines : informatique, sécurité des biens, des personnes, des Etats,

 Le secteur est porteur. Selon le président du Cluster, 100 emplois directs devraient être créés en 2016 dans le bassin lyonnais au sein des entreprises de la sécurité et de la sûreté. « Il faut y ajouter pour un emploi, trois emplois indirects, de services », assure Jean-Luc Logel, le président du Cluster.

 Rien d'étonnant : il s'agit d'un domaine qui a crû cette année de 4 % et qui devrait augmenter la cadence l'année prochaine : + 8 %, voire plus.

 Un frein cependant : du fait de cette vive croissance, les entreprises ont du mal à trouver un certain nombre de profils : ingénieurs études et recherche, commercial export, technicien maintenant export, ingénieur commercial, technico-commerciaux, etc.

 « Nous avons besoin de compétences relativement rares »

 « Nous avons besoin de compétences relativement rares. Compte tenu de la pyramide des âges dans nos entreprises, nous risquons d'avoir des problèmes pour trouver les bons profils », regrette le président du cluster.

 Autre problème : les diplômés se dirigent plutôt vers les grandes entreprises ou les ETI et non les petites PME, pourtant nombreuses dans ce secteur : la moyenne des sociétés rassemblées dans le cluster Eden se situe entre 20 et 40 personnes. « Ce n'est d'ailleurs pas une question de rémunérations, mais d'image des PME », reconnaît Jean-Luc Logel.

 Dernier problème : en face de cette tendance à la hausse des compétences, les emplois non qualifiés se retrouvent en revanche en sureffectifs dans un certain nombre de PME du secteur, comme le montre une étude réalisée pour le compte de la Dirrecte Rhône-Alpes.

 Vingt-et-une entreprises rhônalpines à Milipol

 Dernier événement concernant le cluster : il sera présent au salon Milipol consacré à la sécurité, à la défense et à la sûreté qui se déroule cette semaine, du 17 au 20 novembre et qui aura malheureusement cette année une résonance particulière suite aux attentats terroristes du vendredi 13 novembre à Paris.

 Près de la moitié des membres rhônalpins du Cluster, soit vingt-et-une entreprises seront présentes à ce salon qui se déroulera du 17 au 20 novembre au centre de congrès Paris Nord Villepinte.

 Ces vingt-et-une entreprises (2) se retrouveront sur un pavillon unique, mutualisé : toutes sont spécialisées dans les secteurs de la défense de la sécurité et de la sûreté. Elles développent des produits et services sur des technologies de pointe utilisées par les grands comptes et institutions publiques. 80 % de leur chiffre d'affaires est dédié à la sécurité civile. Insécurité oblige, cette année, les allées de ce salon international devraient être particulièrement fréquentées.

  1. Direction régionale des entreprises de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi de Rhône-Alpes.

  1. Les entreprises rhônalpines présentes à Milipol 2015 : Aero-Surveillance, Banc National d'Epreuve, Bollé Safety, Cerg, Emitech, InPixal, LPSA, Metravib/Acoem, OFC, Ouvry, PGM Précision, Novadem, Prolann SRMP, Rigomer, Siepel, Sofileta, Sofradir, Sorhea, Sysnav, Verney-Carron, Wildsteer.


Le compte personnel d'activité va-t-il révolutionner notre modèle social ?

Sandrine Foulon Alternatives Economiques n° 351 - novembre 2015

Sécuriser les parcours professionnels, telle est l'ambition du compte personnel d'activité, prévu pour 2017. Un beau projet, mais le diable est dans les détails.

Si consensus il y a, c'est bien sûr l'avis de décès du modèle de l'emploi à vie. Tous les ans, 20 % des actifs changent de boulot, les carrières sont de plus en plus jalonnées de périodes de chômage, les contrats courts se banalisent et le non-salariat explose, avec de vrais et de faux indépendants de moins en moins protégés. D'où l'idée de ne plus attacher les droits sociaux à l'emploi occupé à l'instant t mais à l'individu. La réflexion n'est pas nouvelle. En 1995, le rapport Boissonnat, "Le travail dans vingt ans", pointait déjà ces écueils ; en 1999, le juriste Alain Supiot défendait l'idée de droits de tirage sociaux, tandis que les syndicats planchent de longue date sur une sécurité sociale professionnelle.

La loi sur le dialogue social d'août 2015 a donc remis le couvert avec la promesse d'établir un compte personnel d'activité (CPA). Opérationnel dès 2017, il permettrait à chacun de réunir dans un seul "sac à dos" les droits associés à son compte personnel de formation (CPF), les points acquis au titre de la pénibilité (C3P), son compte épargne temps, son épargne salariale et éventuellement ses droits à l'assurance chômage.

Au menu des discussions de la conférence sociale d'octobre dernier, ce futur CPA a fait l'objet d'un rapport exploratoire de France Stratégie qui a dessiné trois scénarios possibles. Un premier CPA axé sur la formation des plus vulnérables sur le marché de l'emploi. Un deuxième modèle privilégierait la liberté des personnes au travail. Il serait possible, grâce à des financements assurés par la solidarité collective d'échanger des droits, par exemple de transformer ses allocations chômage ou son compte épargne temps pour se former, voire pour solvabiliser des activités socialement utiles, y compris non marchandes. Dans sa 3e version, le CPA jouerait un rôle de guichet unique pour toute la protection sociale et de filet de sécurité lors des transitions. En période de chômage ou de création d'entreprise, chacun pourrait mobiliser les points accumulés sur son compte pour faire face à différents risques (chômage, santé, retraite…).

Comme le rappelle France Stratégie, ces pistes "n'épuisent pas le champ des possibles" et peuvent être combinées entre elles. Mais le projet pose moult questions - financières, techniques, mais aussi philosophiques - qui doivent être soumises à un débat approfondi. Ce compte, ouvert dès 16 ans, recèle en effet nombre de chausse-trappes, par exemple une utilisation des échanges de droits pour "dégonfler" en priorité les comptes épargne temps - autrement dit rallonger le temps de travail sans le dire. Il pourrait aussi contribuer à dédouaner les employeurs de former et de conserver des salariés sur le long terme puisque ceux-ci seraient "équipés" de bouées de secours. D'où la nécessité qu'elles soient de bonne qualité. Enfin, si le CPA se borne à pallier quelques insuffisances de la formation et de la protection sociale, il risque de manquer d'ambition. Ce serait dommage, car c'est bien une piste d'avenir pour notre modèle social chahuté.
Nouveau tour de vis pour les retraites

Sandrine Foulon Alternatives Economiques n° 351 - novembre 2015

Alors que le régime de base revient dans le vert, c'est au tour des retraites complémentaires d'être sur la sellette.

C'est à n'y plus rien comprendre. La branche vieillesse de la Sécurité sociale devrait repasser dans le vert dès l'an prochain. Si on fait abstraction de la mauvaise posture du Fonds de solidarité vieillesse, qui prend en charge les cotisations retraites des chômeurs et le minimum vieillesse, dont le déficit devrait rester l'an prochain de 3,7 milliards d'euros, comme en 2015. Mais les retraites complémentaires obligatoires viennent gâcher la fête : les réserves de l'Agirc (pour les cadres) et de l'Arrco (pour l'ensemble des salariés) fondent comme neige au soleil. La survie même de ces deux régimes serait menacée à court terme. D'où de nouvelles coupes décidées en octobre dernier par les partenaires sociaux qui les gèrent.

1   2   3   4   5

similaire:

Revue de presse iconRevue de presse

Revue de presse iconRevue de presse

Revue de presse iconRevue de presse

Revue de presse iconRevue de presse

Revue de presse iconRevue de presse – La mobilité urbaine

Revue de presse iconRevue de presse Février 2009

Revue de presse iconRevue de presse
«loi Travail» Ce que proposent les principaux candidats à l’élection présidentielle

Revue de presse icon«La femme est l’avenir de l’homme» Louis aragon a toutes les femmes revue de presse

Revue de presse iconRevue de presse
«la fin du travail» qui fonde le projet de revenu universel de Benoît Hamon est très contestable

Revue de presse iconVotre revue de presse du lycée !
...








Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
l.21-bal.com