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Après les attentats du 13 novembre Ebriété guerrière

17 novembre 2015

Le 13 novembre 2015, une série de fusillades et d’explosions ont endeuillé Paris et Saint-Denis, provoquant la mort de 129 personnes. Les auteurs de ces attentats, souvent des jeunes Français musulmans, ont motivé leur acte en invoquant l’intervention militaire de leur pays en Syrie contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI). Deux jours plus tard, Paris a procédé à de nouveaux bombardements contre les positions de l’OEI en Syrie, principalement dans la « capitale » de l’organisation, à Rakka. Et, dorénavant, le gouvernement français comme l’opposition de droite s’accordent sur la nécessité de multiplier les « frappes » en Syrie. L’urgence de mener sur le front intérieur une « guerre » implacable ne les distingue pas davantage.

La seule question qui semble faire débat entre eux tient à la composition de la coalition internationale combattant l’OEI. Avec ou sans la Russie ? Avec ou sans l’Iran ? Avec ou sans le gouvernement syrien ? La politique étrangère française, dont le crédit a été largement atteint par une succession d’hypocrisies et de maladresses, paraît à présent se rallier à l’idée d’une alliance aussi large que possible. Une telle position est déjà celle que défendent l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, l’ancien premier ministre François Fillon et l’ancien ministre des affaires étrangères Alain Juppé. Tous exigeaient il y a encore quelques mois, ou quelques semaines, le départ préalable du président syrien Bachar Al-Assad ; tous y ont dorénavant renoncé.

Décidée de manière solitaire, sans débat public, sans participation autre que purement décorative du Parlement, dans un alignement médiatique conforme aux habitudes du journalisme de guerre, l’intervention militaire française soulève néanmoins plusieurs questions de fond.

L’existence d’une « coalition », tout d’abord : celle-ci est d’autant plus large que les buts de guerre de ses principaux membres diffèrent, parfois très sensiblement. Certains participants (Russie, Iran, Hezbollah libanais, etc.) veulent avant tout maintenir au pouvoir le régime de M. Al-Assad, bien que celui-ci soit détesté par une large partie de la population. D’autres (Turquie et Arabie saoudite en particulier), qui ont manifesté de la complaisance envers l’OEI jusqu’à ce que celle-ci se retourne contre eux, aimeraient s’assurer que M. Al-Assad va tomber. Comment imaginer que ce malentendu fondamental ne débouche pas sur de nouvelles convulsions dans l’hypothèse d’une victoire des alliés de circonstance contre l’OEI ? Faudra-t-il alors imaginer une nouvelle intervention pour séparer (ou pour détruire) certains des ex-coalisés ? Les atrocités de l’OEI sont largement documentées, y compris par l’organisation elle-même. Malgré cela, elle a été bien accueillie dans des régions sunnites d’Irak et de Syrie dont les habitants avaient été exploités ou tyrannisés par des milices chiites. Aussi éprouvés soient-ils par la férule qu’ils subissent en ce moment, ces habitants ne se sentiront pas forcément libérés par leurs anciens persécuteurs.

L’autre question fondamentale tient à la légitimité et à l’efficacité des interventions militaires occidentales par rapport même aux buts qu’elles s’assignent. L’OEI n’est que l’avatar un peu plus sanglant d’un salafisme djihadiste encouragé par le wahabbisme d’Arabie saoudite, une monarchie obscurantiste que les capitales occidentales n’ont cessé de dorloter. Au demeurant, à moins d’imaginer que l’objectif que visent à présent les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, etc., soit simplement de s’assurer que le Proche-Orient et les monarchies obscurantistes du Golfe demeureront un marché dynamique pour leurs industries de l’armement, comment ne pas avoir à l’esprit le bilan proprement calamiteux des dernières expéditions militaires auxquelles Washington, Paris, Londres, etc. ont participé, ou que ces capitales ont appuyées ?

Entre 1980 et 1988, lors de la guerre entre l’Iran et l’Irak, les pays du Golfe et les puissances occidentales ont largement aidé le régime de Saddam Hussein, en espérant ainsi affaiblir l’Iran. Objectif atteint au prix d’un million de victimes. Quinze ans plus tard, en 2003, une coalition emmenée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni (mais sans la France) détruisait l’Irak de Saddam Hussein. Résultat, ce pays, ou ce qu’il en reste, est devenu un allié très proche… de l’Iran. Et plusieurs centaines de milliers de ses habitants ont péri, principalement des suites d’affrontements confessionnels entre sunnites et chiites. Pour que le désastre soit tout à fait complet, l’OEI contrôle une partie du territoire irakien.

Même scénario en 2011 quand, outrepassant le mandat d’une résolution de l’Organisation des Nations unies, les Occidentaux ont provoqué la chute de Mouammar Kadhafi. Ils prétendaient ainsi rétablir la démocratie en Libye, comme si ce souci avait jamais déterminé la conduite de leur politique étrangère dans la région. Aujourd’hui, la Libye n’est plus un pays, mais un territoire où s’affrontent militairement deux gouvernements. Elle sert d’arsenal, de refuge aux groupes terroristes les plus divers, dont l’OEI, et de facteur de déstabilisation régionale. Serait-il insolent de réfléchir quelques secondes — voire davantage — au bilan de ces dernières interventions occidentales avant d’en engager une nouvelle, dans l’enthousiasme général évidemment ? L’année dernière, à West Point, le président américain Barack Obama admettait lui-même :« Depuis la seconde guerre mondiale, quelques-unes de nos erreurs les plus coûteuses sont venues non pas de notre retenue, mais de notre tendance à nous précipiter dans des aventures militaires, sans réfléchir à leurs conséquences. »

Comme toujours, le discours de « guerre » se double d’un dispositif sécuritaire et policier renforcé. On sait à quels excès cela a donné lieu aux Etats-Unis. En France, il est déjà question de rétablissement des contrôles aux frontières, de déchéances de nationalité et de modification de la Constitution afin, comme vient de l’expliquer le président de la République, de « permettre aux pouvoirs publics d’agir contre le terrorisme de guerre ».

A l’évidence, nul ne saurait nier la nécessité d’une protection des lieux publics contre des actes de terreur, d’autant que les attentats coordonnés du 13 novembre viennent de témoigner d’une défaillance évidente des services de sécurité. Doit-on pour autant bricoler dans la hâte un nouvel arsenal de restriction des libertés individuelles, alors même que des lois « antiterroristes » n’ont cessé de se succéder, souvent durcies avant même d’entrer en application ? L’actuel climat d’affolement et de surenchère sécuritaire favorise par ailleurs les suggestions les plus inquiétantes. Ainsi celle d’incarcérer les « suspects » de djihadisme, ou de radicalisation, ce qui reviendrait à confier à la police et à l’administration le droit de rendre la justice, y compris pour décider unilatéralement des mesures privatives de liberté.

Après une série de crimes prémédités ciblant des lieux de loisirs et de sociabilité un vendredi soir, l’émotion de la population française est compréhensible. Mais les responsables politiques ont pour responsabilité de réfléchir aux motivations de leurs adversaires et aux dynamiques qu’ils engagent plutôt que d’enchaîner les rodomontades dans l’espoir éphémère de conforter leur popularité flageolante.

On en est loin.
Extension du domaine de la peur

par Alain Garrigou, 19 novembre 2015

Tout à coup, ces choses qui occupent — un rendez vous, un papier à rendre, une course à faire —, voire qui passionnent, comme ce match de foot, ce concert rock, paraissent dérisoires.Cette nuit du vendredi 13 novembre 2015, des millions de téléspectateurs manifestaient la joie d’un deuxième but de leur équipe avant la sidération d’une catastrophe en cours. Rarement autant de gens seront passés aussi soudainement d’une émotion à l’autre. Et à la terrasse des bars, dans la salle de spectacle, la légèreté des conversations ou le tonnerre de la musique rock furent recouverts par le bruit assourdissant des armes de guerre. Un bruit qui n’est pas prêt de se taire.

Lire Jacques Derrida et Jürgen Habermas, « Symptômes du 11-Septembre », Le Monde diplomatique, février 2004.Se souvient-on encore du 11 septembre 2001 quand, pendant plusieurs mois sinon plusieurs années sans interruption, tout tournait autour du terrorisme ? Aucun autre sujet ne suscitait plus l’intérêt. En science politique, on parle d’unification de l’espace social quand, en situation de crise, toutes les pensées, habituellement diverses, hétérogènes, sont focalisées sur la même chose : en l’occurrence la mort, la guerre et le terrorisme donc. On aurait tort, on serait superficiel voire immoral de penser à autre chose qu’à ces attentats, de faire autre chose que compatir… comme si les gens morts à Paris et Saint-Denis n’étaient que des victimes de l’inessentiel, de la vie heureuse, de l’insouciance, de simples victimes en somme. Alors qu’elles sont bien plus.

Il va donc falloir se résigner à traverser le nouveau tunnel que la violence, cette violence très particulière, fait peser sur la vie banale. La réduction forcée et obsessionnelle de l’ouverture au monde est le résultat le plus long du terrorisme. Il repose d’abord, naturellement, sur la peur. Or la civilisation, au sens de Norbert Elias, est d’abord le fruit de l’éradication au moins partielle de la peur parce que l’Etat a revendiqué avec quelques succès le monopole de la violence physique légitime. La peur s’éloignant, l’humanité peut développer ces activités qui deviennent dérisoires aussitôt que la peur reparaît : la musique, l’art, le sport, la paresse, la pensée et donc aller au cinéma, au théâtre, au concert, au stade, s’attabler à une terrasse de café, regarder le spectacle de la rue, bavarder, rire. Rire, on se souvient combien le débat a porté après les attentats deCharlie sur la question de la légitimité du rire. Quoi de plus futile ? Certains ont plaidé en faveur d’une limitation du rire au nom de la sensibilité d’autrui. On a soutenu qu’il fallait seulement rire de soi. Imagine-t-on les saltimbanques ne parler que d’eux-mêmes ? Absurde. Tellement absurde que l’on s’inquiète d’une situation où l’on peut proférer ce genre d’absurdité. On a aussi entendu les religieux de différentes confessions protester contre le droit de blasphémer. Sans paraître se rendre compte que cela revient à interdire tout humour puisque quelqu’un peut toujours se sentir offensé. Et même celui ou celle que l’on veut priver de rire.

La peur est une douleur très spéciale et oubliée dans bien des sociétés. Une souffrance physique comme l’ont vécue les personnes enfermées dans l’enfer du Bataclan, une douleur lancinante qui paralyse les fonctions de l’esprit quand elle devient un état permanent, comme dans les zones de guerre véritable, où l’on ne peut jamais l’oublier sinon très brièvement. Cette expérience, quelques-uns, les djihadistes, voudraient l’étendre aux autres, à tous les autres.

Il faut sans doute se garder d’une certaine rhétorique guerrière qui, traitant les terroristes de barbares, cherche à les déshumaniser pour appuyer son propos. Un autre effet de la décivilisation terroriste est de favoriser la sottise, en imposant en toute urgence des explications qui ne sont souvent que des imprécations. Il s’agit là d’une sorte de réaction vitale, d’une faiblesse humaine bien compréhensible mais fort pauvre, dangereuse et souvent haineuse. Et de chercher des coupables, de susciter la paranoïa collective dans un mélange brouillon de clichés et d’invectives. Au lieu de penser. Ces « barbares » sont de chez nous. L’appellation n’a de sens que si on l’oppose à la civilisation, c’est-à-dire cet état de paix relative, en tout cas suffisante pour nous permettre de penser, d’être humains en somme. Ils mènent bien une guerre contre la civilisation en voulant imposer les conditions de peur qui annihilent toute pensée, toute futilité, tout rire. Certes, on pourra trouver des tas de bonnes raisons à la haine, intérieures et sociales avec l’abandon des banlieues, des familles, de l’école, extérieures et politiques avec le cynisme et les jeux des puissants. Dans le refus incantatoire de la peur, mais aussi dans l’expérience du dérisoire, de la futilité et du rire, cette destruction des conditions de civilisation ne saurait réussir. Les victimes ne sont pas mortes pour rien.

Alain Garrigou

Professeur de science politique à l’université Paris-X-Nanterre, auteur de Mourir pour des idées, Les Belles Lettres, 2010, et deManuel antisondages (avec Richard Brousse), La Ville Brûle, 2011.
Tout comprendre sur l’Etat islamique en quatre questions

YANN MENS

Comment est né l'Etat islamique ? Quels sont ses objectifs ? Pourquoi frappe-t-il la France ? Comment lutter contre le mouvement jihadiste ? Tout comprendre sur ce groupe terroriste en quatre questions/réponses.

1. Comment est né l'État islamique ?

L'État islamique (EI) est un groupe jihadiste sunnite1, héritier de la branche d'Al-Qaïda en Irak (AQI) créée à la suite du renversement de Saddam Hussein en 2003 et de l'occupation du pays par les troupes américaines.

Al-Qaïda en Irak était dirigé par le jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en 2006 dans une attaque aérienne américaine. Le mouvement connaît, après sa mort, des divisions internes et des tensions avec la direction d'Al-Qaïda basée au Pakistan, mais il renaît fin 2006 sous le nom d'État islamique en Irak (EII). Le premier chef de l'EII est tué à son tour en 2010 dans un raid irako-américain.

L'État islamique (EI) est un groupe jihadiste sunnite, héritier de la branche d'Al-Qaïda en Irak (AQI)

Abou Bakr al-Baghdadi, l’actuel chef du groupe, lui succède. En 2012, l'EII lance une campagne d'attentats en Irak et parraine la création en Syrie d'un groupe jihadiste, Jabhat al-Nusra. En avril 2013, Baghdadi déclare que son mouvement s'appelle désormais État islamique en Irak et au Levant (EIIL), et qu'il en est le dirigeant pour les deux pays. Mais Jabhat al-Nusra s'oppose à ce diktat et va ensuite se battre contre l’EIIL.

En janvier 2014, l'EIIL prend le contrôle de la ville de Raqqa, à l'est de la Syrie, après en avoir chassé plusieurs groupes rebelles, puis rompt officiellement avec la direction centrale d’Al-Qaida. Au même moment en Irak, profitant de l'exaspération de la communauté sunnite face au gouvernement à majorité chiite de Nouri al-Maliki, il occupe Fallouja et Ramadi avec d'autres groupes armés. Surtout, en juin 2014, le mouvement conquiert Mossoul, deuxième agglomération du pays, provoquant une spectaculaire déroute de l'armée irakienne.

Le nom « Etat islamique » né en juin 2014

Fin juin 2014, al-Baghdadi change le nom du mouvement en État islamique (EI) et se proclame calife, autrement dit successeur temporel du Prophète et à ce titre, chef politique de la communauté de tous les croyants musulmans du monde.

Fin juin 2014, al-Baghdadi change le nom du mouvement en État islamique (EI)Le titre de calife, dont la création remonte aux premiers temps de l'islam, a été officiellement supprimé en 1922 mais il était déjà depuis longtemps formel. En revanche, il a de prestigieuses résonances historiques, puisque l’un des plus puissants califats de l'histoire du monde musulman, le califat abasside (VIIIe-XIIIe siècles) avait sa capitale à Bagdad.

2. Quels sont les objectifs de l’Etat islamique ?

La proclamation du califat en juin 2014 marque une rupture avec la stratégie originelle fixée par la direction d’Al-Qaida sous l’autorité d’Oussama Ben Laden.

En effet, Al-Qaida envisage aussi l’instauration d’un califat sur toutes les régions du monde qui, dans le passé même lointain, ont été sous la souveraineté d’un pouvoir musulman (jusqu’à l’Espagne donc). Mais cette instauration ne peut, dans l’esprit d’Al-Qaida, se réaliser qu’à un horizon très éloigné, les conditions politiques du succès n’étant pas aujourd’hui réunies.

Pour Al-Qaida il faut exacerber patiemment les tensions entre les masses musulmanes d'un côté, et l'Occident d'autre part

Pour y parvenir, il faut exacerber patiemment les tensions entre les masses musulmanes d'un côté, et l'Occident d'autre part, en multipliant les fronts de façon à ce que l'ennemi le plus puissant, les Etats-Unis, s'épuise militairement et économiquement, et soit contraint de se retirer du monde musulman. Retrait qui provoquera à son tour la chute de ses alliés locaux, les régimes qualifiés d’ « apostats » par Al-Qaida.

Pour l'heure, les jihadistes doivent donc éviter de prendre le contrôle de territoires, car il leur faudrait les administrer et surtout les défendre face à un ennemi mieux armé pour la guerre conventionnelle.

La stratégie à contre-pied de l’EI

En proclamant un califat, et en s’emparant d’une vaste région à cheval entre la Syrie et l’Irak, l’EI prend donc le contre-pied total de cette stratégie. Il n’est sans doute pas indifférent à cet égard que les principaux dignitaires de l’EI soient eux-mêmes des Irakiens. En dépit de la proclamation du califat, leurs priorités apparaissent avant tout régionales. Bien avant le combat contre l’Occident, sauf lorsque celui-ci entrave leurs projets.

Les priorités de l'EI apparaissent avant tout régionales. Bien avant le combat contre l’Occident, sauf lorsque celui-ci entrave leurs projets

Jusqu’à présent, cette stratégie territoriale a réussi à l’EI parce que ses adversaires locaux, seuls acteurs à même de le combattre au sol, sont soit divisés (la rébellion syrienne), soit ont d’autres priorités (le régime de Bachar al-Assad). Du côté des milices irakiennes soutenues par l’Iran – autre adversaire local – leurs exactions contre les civils sunnites qui vivent sous le joug de l’EI n’incitent pas ces derniers à se soulever contre le mouvement jihadiste, lequel fait par ailleurs régner la terreur.

Prestige dans une partie de la mouvance jihadiste mondiale

Contrairement à d’autres mouvements jihadistes, l’EI a en outre réussi à conquérir son autonomie financière en mixant plusieurs types de ressources (vente de pétrole, taxation des populations, extorsion, trafic d’antiquités…). La proclamation du califat, sa conquête d’un vaste territoire, sa capacité jusqu’ici à résister à ses adversaires, singulièrement aux bombardements occidentaux ou plus récemment russes, lui vaut un prestige dans une partie de la mouvance jihadiste mondiale.

Pour accroître la fascination qu’il exerce, il médiatise de manière très professionnelle son ultra-violence (décapitations, recours massifs aux kamikazes). Des groupes de divers pays (Egypte, Libye, Yémen, Algérie, Afghanistan, Caucase du Nord, Nigeria….) lui ont fait allégeance. Lorsque cette allégeance est acceptée par l’EI, leur territoire est proclamée « wilayat » (province) du califat.

3. Comment lutter contre l’Etat Islamique ?

Dans le passé, des groupes jihadistes ont déjà conquis des territoires en dépit des conseils contraires de la direction centrale d’Al-Qaida : al-Shabab en Somalie entre 2009 et 2012 et une coalition emmenée par Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) au Mali en 2012-13. Dans le passé, des groupes jihadistes ont déjà conquis des territoires en dépit des conseils contraires de la direction centrale d’al-QaidaLe premier a perdu l’essentiel de ce territoire suite à une offensive conjointe de l’armée kenyane et des forces du gouvernement somalien de transition. Le second a dû se retirer des villes qu’il contrôlait (Tombouctou, Kidal, Gao) suite à l’opération conjointe menée par les armées française et tchadienne. Offensives qui ont bénéficié du fait que les populations, dont une partie avait parfois accueilli positivement les jihadistes, ne voulaient plus de leur joug brutal. Après avoir perdu leurs fiefs, al-Shabab comme les jihadistes du nord Mali sont revenus à l’action terroriste et ont étendu leur zone d’action à des nouveaux pays.

Une opération militaire compliquée

Une opération militaire contre l’Etat Islamique est plus compliquée à divers titres : les grandes puissances disposant d’un appareil militaire ne sont pas disposées à lancer des opérations au sol qui risqueraient en outre de faire le jeu de l’EIson territoire est plus peuplé et compte notamment de très grandes villes ce qui risque en cas d’offensive de provoquer d’importantes pertes civiles ; autant elles bombardent l’EI, autant les grandes puissances disposant d’un appareil militaire ne sont pas disposées à lancer des opérations au sol qui risqueraient en outre de faire le jeu de l’EI dans une région du monde où l’opposition aux immixtions étrangères est ancienne ;  par ailleurs, ces grandes puissances ne disposent pas au sol d’alliés efficaces contre l’EI.

Des alliés militaires, mais surtout politiques. Car c’est en profitant, en Irak, de l’exaspération de la population sunnite vis-à-vis du gouvernement à majorité chiite de Bagdad que l’EI a pu prendre le contrôle du nord-ouest du pays. Or pour l’instant, aucune proposition politique (autonomie régionale, partage du pouvoir….) en faveur des sunnites ne vient du gouvernement irakien.

 4. Pourquoi l’EI frappe-t-il la France ?

La France participe depuis l’été 2014 aux bombardements contre l’EI en Irak, aux côtés des Etats-Unis. Bombardements décidés après la proclamation du califat en juin de la même année et l’avancée des troupes de l’EI vers la capitale irakienne.

La France participe aux bombardements contre l'EI en Irak et en Syrie

Longtemps la France s’est refusée à participer aux bombardements contre le groupe jihadiste en Syrie, estimant que cela favoriserait surtout le régime de Bachar al-Assad qui ne combat que très peu l’EI, réservant son effort de guerre à d’autres opposants armés, jihadistes ou pas qui menacent l’ouest du pays où se trouvent les intérêts majeurs du pouvoir. Paris a changé de politique en septembre dernier, pour prévenir la préparation en Syrie d’attentats contre l’hexagone.

L’attrait de la Syrie de l’Irak pour des Français

Mais les menaces de l’EI sont antérieures à cette décision. La France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de jihadistes attirés par la Syrie et l'IrakLe 22 septembre 2014, Abu Muhammad al-Adnani, porte-parole de l’EI, appelait à tuer des Américains, des Européens (« spécialement les Français méchants et répugnants »), des Australiens, des Canadiens... Le fait que la France soit aujourd’hui visée par des terroristes qui se réclament de l’EI et dont celui-ci revendique les actes, est vraisemblablement lié à ce qu’elle est le pays européen qui compte le plus grand nombre de jihadistes attirés par la Syrie et l'Irak. En valeur absolue, du moins (500 environ sur place en ce moment). Car rapporté au nombre d’habitants, elle est dépassée par la Belgique et le Danemark.

  • 1.Les musulmans sont divisés en deux courants principaux : les sunnites (entre 85 et 90% des croyants aujourd’hui) et les chiites (entre 10 et 15%). C’est une querelle de succession aux premiers temps de l’islam qui est à l’origine de cette séparation. L’Iran, Bahreïn, l’Irak et le Liban sont les pays du Moyen Orient qui ont les plus forts pourcentages de chiites.

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