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Je me suis senti prêt à aborder le premier volume d’un grand roman qui me travaille depuis longtemps, ‘’Le chant du monde’’. Il comprendrait pour le moment les volumes suivants : ‘’Le fleuve’’ (c’est celui que je commence), ‘’La bête des hauts de la terre ‘’, ‘’Les fruits de la mer’’, ‘’Le livre des prairies d’or’’ et sans doute encore deux ou trois volumes , je les ai tout prêts dans ma tête.». Il les prépara par des séries d’articles dans le journal ‘’L’intransigeant’’ : «Ça a beaucoup de succès si j’en juge par la quantité de lettres reçues et par l’appétit que manifeste ‘’L’intran’’ pour mes articles.» Puis le premier volume devint ‘’Le besson aux cheveux rouges’’, devait avoir 370 ou 400 pages. Il se disait «lancé là-dedans comme un taureau. L’histoire court et galope comme un roman d’aventures avec des tas de choses imprévues qui surgissent, frappent, s’éteignent puis d’autres viennent. Une sorte de saga norvégienne si on peut dire. Un feuilleton paysan avec de l’épique et du pas paysan. Des choses sur la douleur-douleur et sur l’amour et sur le monde, des choses physiques comme des statues et puis des choses du dedans, bien profondes, vivantes comme des viscères dans un corps. Tout ça, c’est moins ce que j’ai fait que ce que je veux faire, bien entendu. Moi, j’ai trouvé la joie au travail à haute dose. Conçu ‘’Le chant du monde’’ en quatre volumes : ‘’Le besson aux cheveux rouges’’ - ‘’La bête des hauts de la terre’’ - ‘’Le poids du ciel’’ - ‘’La roche amère’’.»

En mai, au milieu de la rédaction de son roman, Giono fit paraître dans ‘’Le mois’’ un texte de nouveau intitulé ‘’Le chant du monde’’ qui deviendra en 1935 ‘’Aux sources mêmes de l’espérance’’, titre sous lequel il sera recueilli dans ‘’L’eau vive’’.

Les chapitres sur le pays Rebeillard furent écrits en juin au Revest-du-Bion, chez le peintre Eugène Martel, ami de Giono. Le roman fut terminé le 7 septembre 1933 à Vallorbe, dans le Jura suisse, chez sa cousine germaine, Antoinette Fiorio.

Le temps passa et l'écriture emballée ralentit son élan pour donner naissance à un unique volume, qui commence avec le fleuve. «Je n'avais pas de plan, a-t-il confié à Pierre Citron. Je sais très nettement que j’ai commencé à voir un fleuve, à voir un personnage qui était comme un homme du fleuve qui a été par la suite le personnage d’Antonio, et petit à petit l’action se noue avec Matelot, avec, comme tu le vois au début, la mère du besson qui semblait avoir beaucoup d’intérêt et finalement nous l’avons perdue par la suite, parce que justement je n’ai pas commencé par un plan ; j’ai commencé simplement avec les sens, avec le fleuve ; simplement je me suis vu tout seul à me débrouiller avec un personnage qui nageait dans un fleuve, alors j’ai décrit un fleuve, j’ai décrit la nage, et puis de là l’homme est sorti, j’en ai vu un autre, et puis les actions se sont nouées par la suite, les conversations ont fait penser à un personnage mystérieux qui a disparu ; c’était d’ailleurs un personnage double, celui des deux bessons qui n’étaient plus qu’un seul, et seul parce que c’était un ingénu ; d’abord je les considérais comme deux ; on voit très bien que cette démarche n’était pas arrangée, organisée selon un plan ; c’était simplement une improvisation pure
Intérêt de l’action
Genre : ‘’Le chant du monde’’ est une épopée.

D’abord parce que la nature y joue un rôle essentiel. Le texte est bien traversé par le chant du monde dont la mention revient sans cesse, comme un leitmotiv :

- «On entendait la nuit vivante de la forêt. Ça venait et ça touchait l’oreille comme un doigt froid. C’était un long souffle sourd, un bruit de gorge, un bruit profond, un long chant monotone dans une bouche ouverte.» (page 13) ;

- «on entendait chanter les pins» (page 14) ;

- «le chant grave de la forêt» (page 14) - «le chant grave des sapinières» (page 96) ;

- «le vent haut chantait tout seul» (page 47) ;

- «le vent sonna plus profond ; sa voix s’abaissait puis montait.» (page 81) ;

- «la pluie chante fort» (page 103) ;

- les yeux de Gina la vieille «chantaient tout le temps» (page 108) ;

- «le chant de la race» (page 112) ;

- «Quand le poids des nuages étouffait le bruit des foulons à tanner, on entendait chanter la ville haute.» (page 114)

- «le vin chantait déjà sur le feu» (page 120) ;

- «on entendit chanter sourdement le ciel de métal» (page 205) ;

- «les pâturages charrués de sources nouvelles chantaient une sourde chanson de velours […] La pluie […] chantait dans les arbres.» (page 259) ;

- les arbres «chantaient comme des ruches» (page 273) ;

- «le monde commençait à chanter doucement sous les arbres.» (page 277).
Chacun des éléments de la nature a un rôle amplifié. Les paysages ne sont pas des décors : ils ne font qu’un avec les humains et avec l’action. Le fleuve, les arbres, la forêt, la montagne, le jour et la nuit, les saisons, etc., en qui frémit plus profondément que chez les humains l’âme de la nature, sont des personnages à part entière, sont même les vrais conducteurs de l’action.

Dès le début, Antonio converse avec le chêne qui se trouve «à la belle pointe de l’île des Geais» (page 7). Puis les pages 13 à 15 sont pleines de la vie de la forêt la nuit : «Une vie épaisse coulait doucement sur les vallons et les collines de la terre. Antonio la sentait qui passait contre lui ; elle lui tapait dans les jambes, elle passait entre ses jambes, entre ses bras et sa poitrine, contre ses joues, dans ses cheveux, comme quand on plonge dans un trou plein de poissons.» (page 14).

Le rythme des saisons est essentiel.
Le début du roman a lieu en automne : «Ce matin il y avait un peu de gel dans l’herbe. L’automne s’était un peu plus appuyé sur les arbres. Des braises luisaient dans les feuillages des érables. Une petite flamme tordue échelait dans le fuseau des peupliers. L’étain neuf de la rose gelée pesait à la pointe des herbes.» (pages 20-21).
Puis la deuxième partie est dominée par l’hiver qui impose sa lourde chape (page 138), débute par le grand poème de l’hiver au pays Rebeillard qui est le lieu emblématique de l’hiver parce que la vie réelle y est mise entre parenthèses (pages 138-140) :

- «L'hiver au pays Rebeillard était toujours une saison étincelante. Chaque nuit la neige descendait serrée et lourde [...] Les villes, les villages, les fermes du Rebeillard dormaient ensevelis dans ces épaisses nuits silencieuses. De temps en temps toutes les poutres d'un village craquaient, on s'éveillait, les épais nuages battaient des ailes au ras de terre en froissant les forêts. Mais tous les matins arrivaient dans un grand ciel sans nuages, lavé par une petite brise tranchante. À peine sorti de l'horizon, le soleil écrasé par un azur terrible ruisselait de tous côtés sur la neige gelée ; le plus maigre buisson éclatait en coeur de flamme. Dans les forêts métalliques et solides le vent ne pouvait pas remuer un seul rameau ; il faisait seulement jaillir sur l'embrasement blanc des embruns d'étincelles. Des poussières pleines de lumière couraient sur le pays. Parfois, au large des chemins, plats, elles enveloppaient un homme qui marchait sur des raquettes, ou bien, surprenant les renards malades à la lisière des bois, elle les forçait à se lever et à courir vers d’autres abris. Les bêtes s’arrêtaient en plein soleil avec leurs poils tout salés de neige gelée, dure comme une poussière de granit ; elles se léchaient dans les endroits sensibles pour se redonner du chaud et elles repar­taient en boitant vers l'ondulatio·n lointaine d'un talus. Le jour ne venait plus du soleil seul, d'un coin du ciel, avec chaque chose portant son ombre, mais la lumière bondissait de tous les éclats de la neige et de la glace dans toutes les directions et les ombres étaient maigres et malades, toutes piquetées de points d’or. On aurait dit que la terre avait englouti le soleil et que c'était elle, maintenant, la faiseuse de lumière. On ne pouvait pas la regarder. Elle frappait les yeux : on les fermait, on la regardait de coin pour chercher son chemin et c'est à peine si on pouvait la regarder assez pour trouver la direction ; tout de suite le bord des paupières se mettait à brûler et, si on s'essuyait l'œil, on se trouvait des cils morts dans les doigts. Ce qu'il fallait faire c'est chercher dans les armoires des morceaux de soie bleue ou noire. Ça se trouvait par­fois dans les corbeilles où les petites filles mettent les robes des poupées. On se faisait un bandeau, on se le mettait sur les yeux, on pouvait alors partir et mar­cher dans une sorte d'étrange crépuscule qui ne bles­sait plus. Vers les midi - c'est le moment qu'on choisis­sait pour les petits voyages, les déplacements de ferme à ferme, ou pour se dégourdir un peu quand on s'était rôti devant derrière l'âtre - le pays était parcouru par des hommes, des femmes ou des chevaux marqués. Tout ça marchait lentement avec comme un peu de fatigue ainsi qu'il est d'usage de marcher dans les crépuscules. Ceux qui avaient des masques noirs avaient des gestes encore plus fatigués, ceux des mas­ques bleus un peu moins, mais quand on se rencon­trait on se mettait à se parler lentement sans grand entrain et on redressait péniblement ses reins comme si on était après un gros travail à la fin d'un jour. Pourtant, c'était midi, avec un soleil exaspéré par les cent mille soleils de la neige et on venait à peine de se lever des escabeaux autour du feu. Mais c'était à cause de ces masques de soie qu'on était obligé de porter contre l'éblouissement et parce que dans la tête on avait la couleur du soir.

Enfin, le soir véritable venait. Tous les piétons ren­traient aux fermes et aux villages. Deux ou trois traî­neaux passaient encore à toute vitesse à la lisière des bois dans un gros bruit de galopades et de grelots. On entendait dans le vent des gens qui tapaient leurs raquettes sur le seuil des portes, puis les portes se fermaient et les fermes et les villages se mettaient à suer de la vapeur et de la fumée comme des chevaux qui ont couru de toutes leurs forces dans le froid. La ­carapace des forêts, les épines des buissons deve­naient bleues comme de l'acier, tout l'étincellement de la terre s'éteignait d'un seul coup, deux ou trois grosses étoiles déchiraient le soir, puis, du haut des montagnes, s'écroulait lentement l'entassement des nuages, la neige recommençait à tomber et, la nuit s'étant fermée, il n'y avait plus rien à voir, il ne restait plus qu'à écouter les grands nuages qui battaient des ailes à travers les forêts.» (pages 138-140).

- «Au fond du silence, le craquement des montagnes glacées» (page 174) ;

- «Les arbres et les montagnes étaient pétrifiées sous la poussière blanche du froid. Ni le frémissement de la branche ni le souffle de la haute prairie : un silence minéral. Dans le vaste ciel boueux des forces dorment. Le temps lentement les approche du réveil. Déjà elles sont tièdes. Un paquet de neige tombe du sapin. La branche a à peine bougé. Déjà elle est immobile comme avant. Rien n’est prêt. Pas d’oiseaux. La neige est neuve. Pas de traces sauf les empreintes du vent de la nuit passée.» (page 177).

Mais apparaissent sur le fleuve des signes avant-coureurs du printemps :

- «Vers les dix heures du matin le ciel eut comme un sursaut, un peu de bleu déchira les nuages et la bise secoua deux ou trois fois les arbres en faisant fumer le givre. Il y eut après un beau silence. On ne voyait pas le fleuve. Il était sous la brume. Puis il commença à remuer ses grosses cuisses sous la glace et on entendit craquer et bouger et un bruit comme le frottement de grosses écailles contre les graviers des rives. On n’en pouvait pas douter : malgré l’hiver le fleuve s’échauffait dans de grands gestes et, quand la brume monta boucher tout le ciel, qu’à la place du gel étincelant s’étendit cette blême lumière grise, louche et presque tiède, on s’aperçut que toute la glace du fleuve descendait lentement vers le sud.» (page 176).

- «Il y avait enfin un mouvement dans le monde, au fond de ce golfe que le fleuve tordu creusait dans les champs blancs ; une tache d’eau libre, luisante comme du goudron, s’élargissait.» (page 178).
Enfin, la troisième partie est un hymne au printemps qui s’est déjà amorcé dans la deuxième, renaissance qui est aussi le desserrement de la clôture du Rebeillard :

- «Maintenant, le fleuve soubresautait. De temps en temps on le voyait faire un geste. Il fallait le regarder un moment : il était toujours immobile sous le froid puis on entendait comme la course d’un souffle qui descendait de la montagne. On regardati les arbres, ils ne bougeaient pas et quand on reportait ses yeux sur le fleuve on voyait qu’il avait fait craquer sa vieille peau et qu’une plaque de chair neuve, noire et sensible clapotait entre les glaces. Puis l’eau se ternissait de gel car il faisait encore très froid.

Mais maintenant c’étaient de vrais soubresauts et, parfois, ça jetait dans les champs de gros glaçons qui se mettaient à briller et à flamber, s’éteignaient quand un nuage passait, puis recommençait à jeter de hautes flammes froides dans le soleil. Tout le long des rives, à l’endroit où le fleuve avait pu se frotter conte les arbres durs, il y avait déjà une belle allongée d’eau noire, toute libre. Elle goûtait l’air et elle ne gelait plus, elle faisait seulement la grimace avec des vagues et la moire du grand courant qui la travaillait en dessous. Pour le voir bouger on n’avait plus besoin de guetter le fleuve comme une belette qui fait l’endormie. Il ne se gênait plus. Il prenait même un peu trop de plaisir à faire du bruit et, des fois, il craquait comme d’un bout à l’’autre rien que pour un peu soulever son dos glacé et le laisser retomber. Alors, l’eau libre des bords montait dans les champs et, à force de lécher la neige elle avait fait apparaître l’ancien visage de la terre, celui qu’on avait oublié, celui de peau raboteuse. Il y eut même un jour de pluie. Il parut très court avec son bruit nouveau. Les tuiles chantaient, les ruisseaux claquaient dans les ruelles en pente avec des lanières toutes neuves. Le ciel entier bruissant dans les frémissements d’un vent un peu lourd faisait chanter au balancement de la pluie les sombres vallons de la montagne et l’aigre lyre des bois nus. Ce jour-là le fleuve se gonfla d’une joie sauvage. Plein de tonnerres sourds, il ondula brusquement, arrachant des saules, renversant des peupliers loin de sa bauge ordinaire. Il secoua la forêt de Villevieille. Il lança contre la tannerie de Delphine Mélitta une haute vague debout comme un homme, bourrée de graviers et de glaces qui s’écrasa contre les murs. Les tanneurs couraient dans la neige avec leurs grosses bottes de cuir. Du fond du pays bas monta la plainte des collines. On entendait que le fleuve les serrait pour les écraser. De la falaise de l’arche les oiseaux arrivèrent. Ils tournèrent au-dessus de la ville avec leurs ailes gonflées de pluie, si propres qu’on pouvait voir toutes les couleurs des plumes. Ils montèrent jusqu’à boucher les nuages et ils regardèrent tout le pays en tournant. De là-haut, ils pouvaient voir l’ensemble du pays Rebeillard sous la pluie. Ils disaient entre eux ce qu’ils voyaient. Mais un qui devait être un verdier mâle piqua droit vers les montagnes et disparut dans les nuages. Il revint à toute vitesse et on l’entendait crier sous la brume sans le voir. Il traversa la ronde des oiseaux comme une pierre et tous le suivirent à pleines ailes vers la falaise de l’arche. Le ciel resta vide avec sa pluie. D’ailleurs la pluie s’arrêta au bord de la nuit. Le matin d’après tout était silencieux et écrasé de gel.

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