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Attractivité des filières techniques dans l’Enseignement Supérieur Le cas de l’Allemagne par Dr Yung-Do A. Ducobu notes et quelques réflexions… Problématique et Etat de la question Il convient de réfléchir aux questions suivantes :
Le cas de l’Allemagne nous éclaire et montre que ces filières y sont beaucoup plus populaires(i) même si elles restent dominées par les garçons(ii). Ce sont ce que les Allemands appellent des « Männerfächer ».1 Comme le montrent les différents tableaux statistiques en annexe, les différences tendent à diminuer depuis ces 10 dernières années.
Voici quelques indicateurs de changements comme par exemple des facteurs
Les motivations pour telle ou telle filière sont nombreuses et dépendent alors de facteurs semblables à ceux que nous connaissons chez nous :2
Des indicateurs propres à l’Allemagne peuvent peut-être être avancés à titre d’hypothèses :
Et le constat est le suivant : de la féminisation des études (il y a de plus en plus de filles dans l’Enseignement Supérieur) nous arrivons à un nombre de plus en plus important de filles dans ces filières techniques. Mais attention, est-ce que cette proportion a augmenté parce qu’il y a plus de filles dans le Supérieur ou parce qu’elles sont effectivement plus intéressées par ces filières techniques ? Les conclusions ne seront pas les mêmes. Ne confondons pas non plus cette problématique avec un catalogue de bonnes pratiques visant à encourager les étudiantes à s’engager dans ces filières. Il s’agirait d’une analyse marketing. Concentrons cette recherche sur les choix des étudiantes. Constat de départ pour l’Allemagne : Hausse du nombre de filles dans le Supérieur et Hausse des inscriptions dans les filières techniques L’Allemagne est un cas intéressant. D’après un rapport de l’OCDE, il y a bien une désaffection des étudiants pour les formations scientifiques3 Il y a de moins en moins d’étudiants dans ces filières ; il faut même susciter des vocations jusqu’au débauchage.4 Ce sont même les sciences sociales qui de 2001 – 2008 ont déterminé les choix des étudiants. En second lieu vient l’ingéniorat. Notons ainsi l’inversion depuis 2005 de la prédominance des formations d’ingénieur par rapport aux sciences humaines.5 Ceci étant, en Allemagne, les statistiques montrent que de plus en plus de filles s’intéressent aux filières techniques même si elles restent minoritaires. Notons que encore dans les années 60 les femmes représentaient 24% parce que l’université était considérée comme une institution d’hommes.6 Regardons alors l’évolution du taux de féminisation dans une perspective historique : 7
(ce qui fait plus ou moins 50%) D’après le Bundesagentur für Arbeit, le nombre de filles qui étudient dans le supérieur augmentent toujours. Il cite une étude du Hochschule-Informations-System Gmbh :8 les filles étaient 58% à l’université et dans les FH, 54%. Ventilé par catégories de choix d’orientation, 86% sont des femmes en médecine vétérinaire, 21% ingénieur, 41% les math/sciences de la nature. Pour les domaines techniques, ce sont les garçons qui dominent encore (électrotechnique 92%), Informatique 88% par exemple. Notons qu’au WS 2007/2008 il y avait plus de garçons dans les FH que de filles, lesquelles fréquentent plus l’université.9 D’après le Statistisches Bundesamt, durant le WS 2007/2008, 13000 femmes ont entamé des études d’ingénieures, 13% de plus que le WS précédent.10 Il y a également une augmentation des filles dans les FH (+12%) et dans les universités (+5%). En 2007, 24% des diplômés étaient des femmes. Les filles s’inscrivent toujours dans les filières traditionnelles (Sciences humaines, ce qui était déjà le cas en secondaire) même si de plus en plus de filles s'inscrivent dans les filières techniques.11 En Allemagne, notons que la majeure partie des étudiantes dans les FH viennent d'humanités techniques. Pour devenir ingénieur commercial ou ingénieur les filles préfèrent les FH.12 Dans une perspective historique, de 1995 à 2004 ce sont donc dans les universités et non dans les FH que les filles se sont orientées le plus souvent dans des «Männerfächern» (filières traditionnellement masculines, ingéniorat, fabrication et construction, informatique, électromécanique, ...). Mais de manière globale, c'est dans la filière ingénieur en construction et construction mécanique que les filles sont le plus présentes tant dans les universités que les FH.13 L'informatique semble être préférée à l'université par rapport aux FH. En Belgique, il y a 50 ans, les filles représentaient moins de 20% du total : aujourd’hui, elles sont majoritaires (53%)14 Dans les filières scientifiques et techniques, les filles représentent à peine plus de 30% du total des étudiants (op cit.). L’autre filière de prédilection des hommes est la catégorie technique alors que pour les femmes, il s’agit plutôt des études pédagogiques.15 Que fait-on pour rendre ces filières techniques plus attrayantes : initiatives de (re)valorisation des filières techniques Divers programmes nationaux, internationaux ou privés existent pour encourager la féminisation des filières techniques dans l’enseignement supérieur en Belgique, en Allemagne ou ailleurs. Voici quelques exemples. Au niveau Privé, un exemple
Au niveau international, des exemples
Au niveau national, un exemple
Au niveau académique, un exemple
Une particularité allemande favorisant les filières techniques : l’Allemagne, puissance industrielle & technologique L’Allemagne est le pays des idées, des Sciences et des technologies. Les Technologies de l’information et de la communication sont déjà le troisième secteur économique allemand, derrière la construction automobile et l’électrotechnique/l’électronique. Dans les biotechnologies et le génie génétique, l’Allemagne est le site le plus performant à côté des Etats-Unis et possède même une longueur d’avance dans nombre de secteurs relevant des nanotechnologies. Par exemple, dans le cadre de la stratégie « haute technologie » de l'Allemagne, le pays débloquera 800 millions d'euros pour la recherche et le développement dans les domaines de la recherche en santé et des technologies médicales d'ici la fin de l'année 2009. Dans le domaine des applications des technologies IC par les entreprises, le secteur public ou encore le grand public, l'Allemagne occupe la première position. L’Allemagne était encore en 2006 en tête du nombre de brevet et reste l’une des destinations privilégiées des étudiants étrangers (après les EUA et la GB).20 En Europe, le secteur des machines et équipements industriels représente une valeur ajoutée de 168 Md€ dans l'UE25, soit près de 11 % de la valeur ajoutée industrielle. Il fournit des emplois à 3,6 millions de personnes. L'Allemagne domine le secteur en Europe avec plus du tiers de la valeur ajoutée créée (37,4 %), et plus de 50 % sur le seul segment des machines-outils.21 Dans le domaine des instruments médicaux et machines électriques, l’Allemagne est encore leader. Sur base de telles statistiques, l’attractivité des ces secteurs techniques pour les jeunes n’est plus à démontrer. Une particularité allemande favorisant les filières techniques : L’Allemagne et les Fachhochschules (FH) En Allemagne plus d’un quart des étudiants sont inscrits dans un UIT, appelé « académie professionnelle » dans certains Länder. Ces dernières sont déjà fortement liées au monde le l’entreprise et tournées vers la pratique, ce qui favorise le choix de ces filières techniques. Durant le semestre d'hiver 2007/2008 il y avait 391 institutions supérieures dont 104 universités et 184 FH.22 Ceci dénote du succès des FH en Allemagne et par là même du choix de l’importance des filières techniques dans les politiques allemandes de l’éducation. D'après le Statisches Bundesamt, pour cette période, il y avait plus de garçons qui étudiaient dans les FH qu'à l'université. Cette dernière représentait 71,7% des étudiants alors que les FH englobent 28,1%.23 Créées dans leur grande majorité entre 1969 et 1971, les FH prennent racines dans les anciennes écoles d’ingénieurs ainsi que les académies et écoles de perfectionnement professionnel à plein temps pour le design, le travail social ou l’économie. La Loi qui organise les universités allemandes a été revue en 1998 (Hochschulrahmengesetz, HRG) et a été récemment amandée (2005) afin de répondre aux exigences induites par la mise en place du processus de Bologne. La gestion des universités est totalement décentralisée. Le système allemand est moins scolaire, davantage fondé sur la pratique que sur la théorie, d’ailleurs le système DUAL (alternance) est fortement privilégié et pas seulement dans les FH. Bibliographie Actes du colloque interministériel, Femmes face aux sciences et technologies d’information et de communication, 5 décembre 2005. Bargel, Tino (et al.), Frauen im Studium, Langzeitstudie 1983-2004,Bundesministerium für Bildung und Forschung, Bonn, Berlin, 2005 Bargel, Tino (et al), Bundesministerium für Bildung und Forschung, Studiensituation und studentische Orientierung, Berlin, Bonn, 2008. Brugger, P./Scharfe, S./Stroh,A., Hochschulen auf einen Blick, Statistisches Bundesamt, 2008. CEPES,Centre européen pour l'Enseignement Supérieur , UNESCO DAAD/Deutscher Akademischer Austausch Dienst, Higher Education Institutions, http://www.daad.de. EURYDICE, réseau européen sur l'éducation en Europe, http://eacea.ec.europa.eu Hochschulrektorenkonferenz (HRK), Statistische Daten zur Einführung von Bachelor-und Masterstudiengängen, WS 2008/2009, Statistik zur Hochschulpolitik 3/2008, Bonn, Oktober 2008. J.-J.Droesbeke, I.Hecquet et C.Wattelar, La population étudiante. Description, évolution, perspectives, Bruxelles, ULB Editions, 2001. M. Alaluf et al., Les filles face aux études scientifiques. Réussite scolaire et inégalités d’orientation, Bruxelles, Newtonia, Editions de l’Université de Bruxelles, 2003. OECD, Encouraging Student interest in Science and Technology Studies, 2008, http://www.oecdbookshop.org (en lecture seule). Ministère fédéral de l’Education et de la Recherche, les Fachhoschlen en Allemagne, Bonn, Berlin, 2005. Statistisches Bundesamt, Studierende an Hochschulen, WS 2007/2008, Fachserie 11 Reihe 4.1., 2008 Statistisches Bundesamt, Bildung und Kultur, Schnellmeldungsergebnisse der Hochschulstatistik zu studienenden und Studienanfänger/-innen, Wintersemester 2008/2009. Research project carried out under the 5th European Framework programme for research and technological development, Widening Women's Work in Information and Communication Technology, 2004. Valenduc, G., Vendramin, P.,Guffens, C., La place des femmes dans les métiers des technologies de l’information et de la communication, Centre de recherche Travail & Technologies, Fondation Travail-Université ASBL, Namur, http://www.ftu-namur.org Wüst, Heidemarie, Frau als Ingenieurein – ein richtiger Karriereweg ?, Vortrag 15/02/2007, Postdam. 1 En allemand notez également l’expression „traditionell geschlechtsspezifische Studienwahl“. 2 BMBF, Frauen im Studium, op.cit., p 35 (cf. annexe). 3 OECD, Encouraging Student interest in Science and Technology Studies, 2008, http://www.oecdbookshop.org (en lecture seule). 4 cf. Usinenouvelle.com, L’Allemagne recrute ses ingénieurs au berceau, 17/06/2008, http://www.usinenouvelle.com/article/ 5 HKR, Statistische Daten, WS 2008/2009, p 27 (cf. annexe). 6 Bundesminiterium für Bildung und Forschung, Frauen im Studium – Langzeitstudie 1983 – 2004, BMF 2005, http://www.bmbf.de/pub/frauen_im_studium_1983-2004.pdf 7 from : Frauen im Studium, Studien- und Berufswahl, http://www.studienwahl.de/index.aspx?e1=2&e2=3&e3=0&e4=0&e5=0&e6=0&tn=0 8 commanditée par le Bundesminiterium für Bildung und Forschung WS 2006/2007. 9 Statistisches Bundesamt, Bildung und Kultur, WS 2008/2009; p. 15. 10 from : Hochschul-Informations-System GmbH. 11 from : „Männer dominierte und frauendominierte Fächer“ in : Studiensituation & Studentische Orientierung, BMBF, p. 1. 12 Bundesamt für Bildung und Forschung, Frauen im Studium, p.9 (cf. annexe). 13 Bundesamt für Bildung und Forschung, ibid. (cf. annexe). „Maschinenbau“ traduit par construction mécanique et « Bauingenieur „ par génie civil. 14 Newtonia, Les filles face aux études scientifiques. Réussite scolaire et inégalités d’orientation, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2003. Egalement Cf. Programme d’action gouvernemental pour la promotionde l’égalité des chances, adopté par le gouvernement de la Communauté française le 25 février 2005 http://www.egalite.cfwb.be/fileadmin/sites/sdec/upload/sdec_super_editor/sdec_editor/documents/Accueil/Programme_d_action_gouvernemental_egalite__intercult__incl_2005.pdf 15 Étude par Valter Cortese, Mejed Hamzaoui, Ann Valkeneers et Mathieu Veinstein (Centre TEF/ULB-Travail, Emploi, Formation). Direction : Pierre Desmarez. SPF Economie, Direction générale Statistique et Information économique. Décembre 2007 Enquête Socio-économique 2001 - Working Papers. 16 cf. PSA Peugeot Citroën visant à féminiser l’emploi en attirant les femmes dans l’industrie automobile, http://www.arborus.org/actions/club_labellisees/data/psa/FICHE_BONNE_PRATIQUE_N1_PSA.pdf 17 Secrétariat Général, Direction de l’Egalité des Chances, http://www.egalite.cfwb.be/enseignement-et-recherche-scientifique/ 18 Marcourt, J-C ; revalorisation des filières techniques, site officiel du Ministre, http:/marcourt.wallonie.be/ cf. aussi Skills Belgium, http://www.skillsbelgium.be/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1 19 cf. Prix de la vocation scientifique et technique des filles, Académie de Versailles, mars 2007. 20 from : Tatsachen über Deutschland, op.cit. 21 from : Technologies clés 2010, novembre 2006, http://www.industrie.gouv.fr/techno_cles_2010/html/prod.html 22from : Statistisches Bundesamt, Studierende an Hochschulen, WS 2007/2008, Fachserie 11 Reihe 4.1., 2008. 23from : Statistisches Bundesamt, Studierende an Hochschulen, WS 2007/2008, Fachserie 11 Reihe 4.1., 2008. |