Littérature Française du xviiième Montesquieu








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Littérature Française du XVIIIème

Montesquieu (16891755) Elements biographiques

Il est né près de Bordeaux et son premier nom est Charles-Louis de Secondat. Il fait des études chez les Oratoriens, qui sont un ordre religieux récent (fondé au XVIème siècle), auquel se rattachent des prêtres séculiers (vivent dans le monde et ne sont pas enfermés) et ne prononcent pas de vœux. Ils vont dans le monde pour faire de la prédication et de l’enseignement, ce sont les moyens par lesquels ils amènent les gens à leur religieux.
Après des études équivalentes au lycée chez les Oratoriens, il fait des études de droit à Bordeaux.
Très vite, il va à Paris et entre en contact avec les mondains et les savants, gens qui consacrent leur vie à la réflexion. Il se marie en 1715 (date pas importante) avec une femme protestante. En 1716, il hérite d’une charge qui est la présidence au parlement de Bordeaux, il devient alors Baron de Montesquieu.
En 1721, il publie les Lettres Persanes de façon anonyme, il vit alors entre Paris et Bordeaux. Il se défait assez vite de sa charge au parlement, il préfère « penser ».
En 1727, il est membre de l’académie Française.
Il fera ensuite un voyage dans toute l’europe pendant 3 ans, durant lequel il accumulera énormément de notes.
En 1731, au retour de son voyage, il commence à rédiger l’Esprit des lois.
En 1734, il publie, toujours de façon anonyme et à l’étranger, Considérations sur les causes de la grandeur des romain et de leur décadence (considération des romain)
En 1748, il publie à Genève L’Esprit des lois. S’en suit une querelle, débat dans lequel Montesquieu intervient sans prendre parti.
En 1753, il publie un article dans l’Encyclopédie (le goût), et il publie ensuite un essai sur le goût.
Montesquieu appartient à la 1ère génération des Lumières. C’est un homme en contact avec tous les penseurs de l’époque. Il est connu pour deux ouvrages : Les lettres Persanes et l4esprit des lois. Cependant, il a écrit plein d’autres éléments.
Il écrit surtout dans deux genres : le roman (souvent restés à l’état manuscrit, de façon posthume) et une combinaison entre l’Histoire, la philosophie politique, et des essais. L’Histoire, au XVIIIème siècle n’est pas pareil qu’aujourd’hui. Il n’y a pas ce souci d’exactitude et ce respect du document, c’est plutôt un genre littéraire. Il de pose des questions de philosophie politique : comment gouverner des Hommes, comment sont-ils gouvernés dans la réalité etc. Montesquieu amènera un apport politique absolument énorme à ce niveau-là.
Il s’intéresse aussi à des questions esthétiques, il a par exemple écrit sur le gothique en proposant des idées très intéressantes. Il le considère comme un style plus que comme une époque.

Quelques éléments sur l’Esprit des lois ou du rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce etc.

Le titre entier est déjà tout un programme.
Avant Montesquieu, il y avait déjà des gens qui réfléchissaient aux lois (philosophie du droit). Si l’on observe un élément du titre : « rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce, etc. », on voit que c’est le premier, de façon MASSIVE à réfléchir aux lois en relation avec tout le reste.
Le droit fait donc, selon lui, partie d’un ensemble. C’est pourquoi il est l’un des pères de la sociologie.

Quelques sujets abordés dans le livre :

- une typologie des gouvernements. Gouverner, à la base, est un terme marin. Le capitaine doit avoir le souci de la survivance du bateau et de tout l’équipage. De la même façon que le capitaine va rester au gouvernail pendant la tempête jusqu’à ce que tout le monde soit sain et sauf, la personne qui gouverne doit s’assurer que tout le monde soit sain et sauf.
Il distingue la monarchie (roi mais lois) de la tyranie (chef mais pas de lois).
- La séparation des pouvoirs. Il dit que pour que la liberté des citoyens soit respectée, il faut séparer ceux qui font des lois de ceux qui les appliquent. Quand les deux sont réunies, il en est fini des libertés fondamentales.
- La théorie des climats. Il a cherché à comprendre pourquoi les cultures étaient différentes. Il constate que sur Terre, les différentes contrées sont sujettes à différents climats, et produisaient des aliments différents. On se nourrissait à l’époque du produit de la région. Ces aliments différents vont donner des corps différents, ce qui fait que les Hommes vont être différents. En fonction des températures, les Hommes pourront avoir des habitudes différentes.
Tout cela permet de comprendre la différence des lois.

Les lettres Persanes Montesquieu

Biographie : naissance 1689 près de Bordeaux, son premier nom est Charles-Louis de Secondat. Il fait des études chez les oratoriens (ordre religieux récent, fondé au 16ème auquel se rattache des prêtes séculiers qui ne prononcent pas de vœux. Pour eux, il faut aller dans le monde, pour faire des prédications, et des enseignements, pour amener les fidèles. Beaucoup de communication par le discours, et connecté au monde). Il fait des études de droit à Bordeaux (1705/1708). 1713, il va à Paris, où il a un contact avec les mondains et les savants -> avoir connaissance de l’évolution du savoir. 1715, il se marie avec une femme d’origine protestante (débat religieux centrale -> tolérance). 1716 il hérite d’une charge -> présidence au parlement de Bordeaux -> il devient Baron de Montesquieu. 1721 : publication des Lettres Persanes. Il les publie de façon anonyme, et il vit entre Paris et Bordeaux. Il se défait vite de sa charge de président de parlement (c’est un penseur). 1727 -> membre de l’académie française. 1728/1731 -> voyage dans toute l’Europe. 1731 il commence à rédiger son œuvre, L’esprit des lois. 1734 -> il publie Considération sur les causes de la grandeur des romains et leur décadence. 1748 publication de l’esprit des lois à Genève. S’en suit une querelle -> 1753 -> il publie un article dans l’encyclopédie « goût » -> il tire peu après un essai sur le goût. La fin de sa vie est problématique -> il devient aveugle, il finit par mourir en 1755, à 66 ans.

  • Montesquieu appartient à la première génération des lumières. C’est un homme de son siècle, très au fait de ce qui est produit. En général il est connu pour 2 ouvrages -> Les Lettres Persanes, et L’esprit des Lois. Mais il a écrit beaucoup plus que cela. Il écrit surtout dans deux genres -> roman, récit qui sont souvent à l’état de manuscrit, publié de façon posthume + combinaison entre histoire/politique -> ce sont des « essais » -> l’histoire au 18ème n’est pas ce que l’on entend aujourd’hui (science), au 18ème c’est encore un genre littéraire, sans soucis d’exactitude. Ce qui est fondamentale -> les questions qu’il se pose, une grande partie -> la philosophie politique. Politique ? x de querelle de partie. + question du gouvernement des hommes (comment le sont-ils ? quel gouvernement favorise la liberté ? APPORT THEORIQUE.

Il s’intéresse aussi à des questions esthétiques -> il a écrit sur le gothique, qu’il traite comme un style plutôt que comme une époque.

  • L’esprit des Lois ou du rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce à quoi l'auteur a ajouté des recherches sur les lois romaines touchant les successions, sur les lois françaises et sur les lois féodales.
    Il apporte une grande nouveauté -> des personnes réfléchissaient sur les lois (la philosophie du droit). Il est le PREMIER à réfléchir aux lois en relation avec TOUT LE RESTE. Le droit fait partie d’un ensemble, et c’est pourquoi il est l’un des pères de la sociologie (reconnu par Durkheim). Il a dû énormément s’informer sur les cultures dont il parle. 1er aspect : il met en place une typologie des gouvernements (ème : la séparation des pouvoirs -> pour que la liberté soit respectée, il faut séparer trois types d’activités (essentiellement 2), ceux qui font les lois, ceux qui les appliquent. Quand les 2 sont réunis, plus de lois fondamentales. 3ème : la théorie des climats (connaissances en sciences très réduites), donc un aspect naïf, mais il cherche à comprendre pourquoi les cultures sont différentes -> différences de climats selon les différentes contrées, des aliments qui sont donc différents. On se nourrissait des produits de sa contrée. Ces aliments donnent des corps différents, ce qui est une condition qui fait que les hommes sont différents. Les températures -> comportement de l’homme différent.



  • Les Lettres Persanes :
    -> il s’agit d’un roman épistolaire. Ce genre commence en 1669 Les lettres portugaises de Guilleragues, 1628/1685. Montesquieu va développer ce genre, car il est intéressé par livre de 1684 L’espion turc écrit par Marana (1642/1696) + Les voyages de Jean Chardin (1687). Deux grandes sources du côté de l’orientalisme. En ce qui concerne la position de la personne qui observe, les sources de Montesquieu sont anglaises, car en Angleterre, un périodique nommé Spectator, écrit par Addison. C’est un ensemble d’observation sur la façon de vivre =, vendu à la feuille. L’auteur Le Sage -> le diable boiteux un diable qui se promène et qui observe les gens. Rassemblant cette tendance à créer des personnages d’observateur, du roman épistolaire, et de l’orientalisme -> il en fait un livre. Apres les LP, apparaitront d’autres lettres, qui sont Les Lettres d’une Péruvienne (fait à l’image des LP). Il créer un genre.
    Composition rigoureuse. Des sujets différents. Roman polyphonique. On isole les 21 premières lettres, car Usbek part de Perse et se rapproche de Paris. A peu près 1 an s’écoule. Il part avec un ami, Erika. Pourquoi ? Le désir d’apprendre. Lettre 4 : Usbek aime la vertu, et à la cours d’Ispahan elle ne règne pas, il a des ennemis menaçant. Il laisse derrière lui un sérail, surveillé par des eunuques. Des règles très strictes pour que le calme et la fidélité demeures. 22/89 -> assiste à la fin du règne de Louis XIV (1715), qui a régné 60 ans, menant à cause de ses guerres, la France à la ruine. Il dépeint les mœurs françaises + une société en fin de vie, ruinée par le roi.
    90/137 -> La France de la régence (quand il meurt, son fils et petit-fils sont morts, mais l’enfant du dernier vit encore). Il va falloir attendre que le roi grandisse un peu (5 ans), et ce temps d’attente est la régence. Cette partie est toujours une partie de la vie à Paris, mais sous la régence -> la tonalité change, moins amusant. Il s’étonne moins des usages, et les thématiques proposées sont sérieuses -> la dépopulation du pays.
    138/fin -> le dénouement, se passant à nouveau au sérail. On apprend un ensemble d’évènements cachés, qui s’est déroulé 3 ans avant, contrairement au désir d’Usbek. Un drame qui entraine -> la mort. -> enfermer les femmes ne les mènent qu’à la mort.
    Montesquieu nous montre qu’Usbek n’est pas simple, il aime le savoir, c’est un très bon observateur, il est complexe, car il est très bon pour critiquer les mœurs parisiennes, sans se rendre compte qu’il met en esclavage, des femmes, enfermées des années durant. Dialectique du proche et du distancier, et une non idéalisation du personnage.

I. Les Lettres Persanes

1) Un roman épistolaire

Il est important de le constater car, en 1721, on est au tout début de ce genre, né en 1669, avec un roman par lettres qui s’appelle les Lettres d’une religieuse Portugaise, qui sont des lettres fictives et il a été écrit par Guilleragues. C’était un homme du XVIIème siècle. Au début, ce roman est une forme qui intéresse Montesquieu qui la développera complètement.
En effet, M. est très intéressé par L’espion Turque de Marana (XVIIème), par les Voyages de Jean Chardin (XVIIème également). Ces deux livres sont les deux grandes sources du côté de l’orientalisme.
En ce qui concerne la position de la personne qui observe avec distance, les sources de Montesquieu sont Anglaises. Au début du XVIIIème siècle, un périodique parait en Angleterre par Addison qui s’appelle le Spectator. Il s’agit de descriptions quotidiennes, vendues à la page.
Livre de Lesage : Le diable boiteux, qui est une description de mœurs des gens par un diable.
Tout cela se retrouve rassemblé dans les Lettres Persanes qui forment quelque chose de relativement autonomes, et ce sont elles qui vont lancer un genre.
Après la première publication dans les années 1720, paraissent par exemple les Lettres d’une péruvienne, sur le modèle des Lettres Persanes, Montesquieu a donc lancé un genre.
Il y a une composition assez rigoureuse dans les lettres persanes, c’est un roman épistolaire polyphonique. Des lettres I à XXI, le protagoniste de Perse et se rapproche de Paris petit à petit. Il y a environ un an qui s’écoule. Il a envie d’apprendre, et de trouver la vertu qu’il n’a pas à la cour du roi de Perse. Il se fait des ennemis et sa vie serait en danger.
Des lettres XXII à XXCIX, il est à Paris, assiste à la fin du règne de Louis XIV qui règne depuis plus de 60 ans et meurt en 1711. L’étonnement du protagoniste est très fort car il ne connaît pas du tout la France. La réalité décrite est une société en fin de vie, mais la tonalité reste amusante pour le lecteur.
Lettres XC à CXXXVII, on est face à la France de la régence. Quand Louis XIV mort, son fils et son petit fils sont morts. C’est donc l’arrière-petit-fils qui reçoit la couronne de France. Il a alors 5 ans, et il faut donc attendre qu’il grandisse. Cette période d’attente est la régence.
Lettres CXXXVIII à la fin, on a le dénouement. La fin des lettres persanes se passe à nouveau du côté du sérail. On apprend un ensemble d’évènements dramatiques qui avait été caché mais s’était déroulé trois ans avant. Les ordres stricts qui avaient été laissés par Usbeck n’ont pas été respectés, c’est pourquoi le drame est survenu. Le protagoniste n’est pas un personnage simple, c’est un personnage qui aime le savoir, qui critique les mœurs parisiennes, mais est ignorant de part ce qu’il fait subir aux femmes du sérail.

Les lectures des lettres Persanes

Pendant longtemps on a pensé qu’il s’agissait d’un texte qui était critique de la société. Cette lecture des lettres Persanes.
Depuis le XXème siècle on a complexifié la lecture de ce roman. Au lieu de considérer que dans ce roman il y avait une part sérieuse (critique de la société et des mœurs) et une part strictement romanesque de divertissement, on insiste sur l’articulation entre ces deux aspects. Il ne s’agit pas tout simplement d’étrangers qui viennent en France avec un regard naïf, mais il s’agit pour ces étrangers d’avoir un regard naïf et dénonciateur et d’être eux-mêmes complètement aveugles à leurs propres pratiques en Perse. Il y a autant de politique dans les deux parties, les choses sont à comprendre dans la mise en rapport de l’un avec l’autre.

La clé de lecture

Elle est donnée par Montesquieu lui-même et elle réside dans la double introduction aux lettres persanes.
- L’introduction elle-même. Montesquieu, dans l’introduction à son roman, nous dit qu’il refuse d’écrire une épître dédicatoire (lettre ouverte que l’on met au début d’un ouvrage et où l’écrivain se met sous la protection d’une personne importante). Ce geste de refus doit être souligné dans sa portée subversive puisque Montesquieu refuse ainsi une tradition de l’écrivain soumis à quelqu’un d’important dans la poésie. Cela signifie donc que Montesquieu veut affirmer en tant qu’auteur son indépendance.
- L’auteur ne dit bien sûr pas qu’il est un écrivain subversif (sinon il irait en prison puisqu’on est dans une monarchie absolue de droit divin), il écrit donc un mensonge qui vise à expliquer qu’il ne veut pas être connu et qu’il veut que le lecteur soit directement en rapport avec son livre. Là aussi c’est une façon d’instaurer une relation directe, critique entre le lecteur et lui. C’est aussi une caractéristique de l’esprit des lumières. C’est au lecteur grâce à sa raison, de savoir si le livre qu’il lit est un livre de valeur ou non.
- Montesquieu écrit encore un mensonge lorsqu’il dit que ces lettres sont véritables (ce qui est totalement faux). Il raconte une justification qui est encore intéressante. Il raconte qu’il a logé chez lui des Persans qui avaient confiance en lui, écrivaient des lettres et lui ont montrés, il leur a donc demandé la permission de les copier et de les traduire, avec beaucoup de liberté parce qu’il a voulu les adapter en bon français. Cette justification insistant sur l’adaptation du goût Français conduit le lecteur vers une lecture des lettres doublement transformées. Il ne sera donc pas devant l’objet d’origine. Montesquieu signifie que lorsque nous sommes devant la littérature, nous sommes devant des textes qui ne sont pas des premiers textes. C’est ce que la critique moderne appelle l’intertextualité, ou dialogisme. Cela veut dire que quand nous lisons des textes, la part d’invention de l’écrivain est importante, mais ces textes renvoient toujours à des textes antérieurs qui renvoient eux-mêmes à des textes antérieurs. Cela revient à se poser la question de l’origine du premier texte, question très présente au XVIIIème.
- Cet écrivain qui a reçu les Persans chez lui nous dit que ces derniers sont arrivés à bien connaître les mœurs françaises grâce à la longueur de leur séjour. Cela signifie qu’il faut du temps pour comprendre les mœurs d’un pays. Le moraliste fait son travail dans la durée, ce qui suppose de sa part une longue observation.
- L’auteur finit par nous dire qu’il renonce encore à faire quelque chose : une préface. Sa justification est que les préfaces sont ennuyeuses. Il y a deux implicites dans ce simple constat :
~ Montesquieu insiste sur le fait qu’il se démarque des autres auteurs.
~ Il refuse d’être ennuyeux, il veut donc être plaisant. Il y a donc par inversion un désir d’écrire un livre qui plaise et qui donc s’articule avec cette observation des mœurs. On peut en déduire que Montesquieu, implicitement pratique la double finalité conditionnelle de la littérature qui consiste à plaire et inspirer. Cette double finalité, il ne faut pas la rendre banale, il faut lui donner du relief. La littérature c’est de la pensée qui veut faire penser son lecteur. (instruire = faire penser)
Plaire pourra correspondre à fantasmer. La finalité traditionnelle « plaire et instruire » a toute sa place aujourd’hui, susciter la pensée, susciter le désir.

Réflexion sur les lettres

Le texte tel que réflexion n’existe pas encore. Les lettres persanes ont suscitées une petite querelle, et elles ont eu du succès. Du fait de ce succès, elles ont été rééditées très souvent. Dans l’édition de 1751, Montesquieu veut répondre à quelqu’un qui l’a critiqué. C’est pourquoi il écrit « quelques réflexions sur les lettres persanes ».
Ce texte est très important car Montesquieu nous donne des clés de lectures, un peu mystérieuse, et surtout des fausses pistes.
Il dit que les lettres persanes sont « une espèce de roman » avec le commencement, le progrès, la fin. C’est donc un roman, il affirme la dimension fictive de son œuvre. C’est un roman qui ne ressemble pas aux autres, il a donc conscience d’écrire quelque chose de nouveau. C’est un roman parce qu’il y a un commencement, un progrès et une fin, il affirme donc une organisation générale de son texte, il ne s’agit donc pas d’écrire n’importe comment.
Il dit ensuite « les divers personnages sont placés dans une chaîne qui les lie ». Cette chaîne, il va falloir que le lecteur la repère. Il y a donc entre les personnages une a plusieurs chaîne(s). Ces rapports entre les personnages, quels sont-ils ? Le roman, ce serait donc s’intéresser aux rapports entre les personnages.
Il explique le choix de la forme de la lettre en disant que l’intérêt de l’épistolaire est de permettre la diversité des sujets. Nous allons donc lire un livre plein de diversité. Cela permettrait aussi de traiter différents sujets sans plan préalable. Aujourd’hui, traiter un sujet sans plan c’est un essai.
La conception de liberté par Montesquieu est une liberté très surveillée parce qu’il contrôle tout ça.
Il dit que le lien dont il a parlé est une chaîne secrète et en quelques sortes inconnue. Il va falloir que le lecteur trouve le secret.
Indirectement, Montesquieu a un très grand souci du lecteur.
Il ajoute que les lettres persanes ont eu du succès, mais qu’il n’y aura pas de suite. Il ne cherche donc pas à tirer profit de ce succès, ce n’est pas parce qu’il n’a pas eu d’idées, il a juste pensé que les choses étaient ainsi.

Il revient sur la question du point de vue des persans, et nous dit qu’ils sont tout à coup transplantés (métaphore végétale, idée d’adaptation) de Perse en Europe. Il nous dit qu’au début de leur séjour les Persans sont plein d’ignorance et de préjugés, et ils ont donc des idées singulières. Toutefois, si au début ils sont ignorants, cela suppose qu’ils vont changer.
Il nous dit que cet ouvrage nous produit du plaisir, dû à une alliance entre le sujet et la manière « bizarre » dont les choses sont perçues. Par « bizarre », il entend qu’au XVIIIème, apparaît le « rococo », style par lequel la bizarrerie devient intéressante. Ce n’est donc pas un roman classique, c’est un roman où la bizarrerie est inscrite au cœur même du discours des Persans.

II. Présentation générale du XVIIIème siècle

Le XVIIIème siècle présente une bizarrerie. Commence-t-il en 1700 pour terminer en 1799 ? Non.
Le XVIIIème siècle commence en 1715 (mort de Louis XIV) et fini en 1789 (début de la Révolution Française).

  1. Quelle scansion historique donner au XVIIIème siècle ?
    1) Deux évènements majeurs

1715 : Mort de Louis XIV
1789 : début de la Révolution Française

2) Michel Foucault

Il désigne le XVIIème et le XVIIIème siècle comme « l’age classique ».
Paul Hasard – La crise de la conscience européenne. Cet ouvrage montre que la fin du XVIIème siècle est en fait le vrai début du XVIIIème siècle.

3) Auteurs à cheval sur deux siècles

Fontenelle est né au milieu du XVIIème siècle et mort au milieu du XVIIIème. Il est mort centenaire. C’est un auteur des lumières.
Chateaubriand est né dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle et mort au milieu du XIXème siècle.



Connaissance historique des grandes périodes qui ont marquées le XVIIIème siècle

  1. Trois rois et une régence au XVIIIème

Premier roi : Louis XIV 1662 – 1715 (date du règne) c’était le roi soleil
Régence de Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV de 1715 en 1726.
Deuxième roi : Louis XV 1726 – 1774 (dates du règne) c’était Le bien aimé.
Troisième roi : Louis XVI 1774 – 1792 (dates du règne, jusqu’au début de la république donc).

  1. La monarchie constitutionnelle et l’empire

La Révolution commence en 1789 et il y a une période révolutionnaire puis républicaine très compliquée qui va jusqu’en 1814, moment où Charles X revient.
En 1791 est instaurée une monarchie constitutionnelle, mais le roi à ce moment-là veut s’échapper à l’étranger, mais ça va très mal pour lui. Cela prouve que la monarchie constitutionnelle ne marche pas.
Cela pousse en 1792 à une République. On a une période de Terreur. Cette période de massacres révolutionnaires débouche en 1795 sur une forme particulière de gouvernement : le directoire (1795 – 1799). Dans ce directoire, Napoléon Bonaparte commence à se faire remarquer et devient Consul en 1799 suite à un coup d’état, on a donc un Consulat.
En 1804, il devient Napoléon 1er, on est donc sous un empire.
C’est une période très complexe, extrêmement importe pour ce que nous sommes.

  1. La société des trois états

C’est la société féodale qui se met en place pendant le Moyen Age et les structures se maintiennent jusqu’à la Révolution Française, jusqu’à la nuit du 4 Août où ont été abolis tous les privilèges.
Cette société est divisée en 3 groupes qui ne sont pas des classes, mais des états :
- le clergé, dont la fonction est de mettre en relation la société des hommes avec l’au-delà en priant.
- la noblesse, dont la fonction est de faire la guerre. Elle se créée progressivement, notamment lors des croisades. La noblesse d’origine guerrière est la noblesse d’épée, et la noblesse qui a des fonctions liée à l’application de la loi est la noblesse de robe.
- le troisième groupe n’a pas de nom, c’est le tiers-état. Sa fonction est de travailler. Le travail, avec l’évolution de la société commence par le travail agricole et dans le monde paysan, il n’y a pas beaucoup de moyens. Petit à petit se développent les villes où se fait à la fois le commerce de l’argent et la fabrication des objets, se développe alors à l’intérieur du commerce un groupe qui est plutôt du côté des activités bancaires, et un groupe qui est plus dans la construction d’objet. Ceux qui travaillent dans les bourgs (alentours du château), sont des bourgeois.
Il y a eu beaucoup d’alliance entre la noblesse et cette partie du tiers état originaire des bourgs (bourgeoisie bancaire).

Cette société d’ancien régime est une société de privilèges parce que la noblesse et le clergé avaient un certain nombre de droits qui se passaient de façon familiale et qui ont été abolis à la Révolution. Ces droits étaient divers :
- honorifiques (avoir sa place au premier rang dans l’église)
- droit de porter l’épée
- droit d’être exécuté à la hache et ne pas être pendu
- droit de lever les impôts
- etc.
Il ne faut pas penser les choses en terme d’injustice comme aujourd’hui. Ce n’était pas seulement cette injustice-là qui existait, il y avait surtout une société, où le droit, qui, dans notre société est le même pour tous, n’était pas le même pour tout le monde.

  1. La société d’ancien régime

Les valeurs de la noblesse :
- le cœur (au sens de courage) est la valeur suprême de la noblesse car il faut pouvoir guerroyer pour remplir la fonction de la caste.
- la naissance. Le fait de naître dans une famille noble vous fait noble, et se transmettent le nom et les terres.
- le mariage. Il y avait une conception noble du mariage. Le mariage aristocratique est un mariage où l’on forme une alliance, soit entre deux familles aristocratique (pour agrandir les terres ou faire une alliance politique), soit entre les nobles et la haute bourgeoisie fortunée.
Le mariage aristocratique, en tous les cas ne connaît pas l’amour. Cela nous éclaire sur un ensemble de situations romanesques où la princesse et le prince ont chacun une vie sexuelle et sentimentale en dehors du couple. Cela explique également le statut intéressant de la veuve qui est libérée de la dominance de son mari.
- la vraie noblesse. Pour être reconnu comme un noble à part entière, il fallait avoir les quatre grands-parents nobles.

Les valeurs de la bourgeoisie (partie du tiers-état qui devient importante) :
- le mérite individuel. L’idéologie bourgeoise considère que l’individu (en tant que sujet exceptionnel), peu importe la caste dont on vient, ce qui est important c’est les qualités de la personne.
- l’argent. C’est la bourgeoisie qui en fait le commerce, mais il faut bien comprendre que la noblesse, en général, n’a pas su gérer sa fortune financière, alors que la bourgeoisie a su créer des masses d’argent qui lui ont donné une place importante dans la société.
- le travail. Pour nous, le travail est une valeur, on le juge comme bon ou mauvais. Dans l’ancien régime, celui qui travaillait était dévalorisé, celui qui travaillait, c’était le domestique, le petit du tiers-état, le notaire à l’esprit étroit etc. A tel point que ni le clergé, ni la noblesse ne travaillait.

Au XVIIIème siècle on a une promotion de cette bourgeoisie notamment par les fermiers généraux, qui sont ceux qui collectent les impôts. Lorsque le roi a besoin d’une somme, le fermier général lui prête cette somme, et reçoit en retour le droit de collecter l’impôt dans une province. Ayant le droit d’utiliser la force avec les soldats, récoltant ainsi la somme qu’il souhaite par famille.
Les fermiers généraux sont donc, aux XVIIème et XVIIIème siècle de riches hommes très importants.
Dans le commerce également la bourgeoisie se développe, notamment avec le commerce triangulaire et le commerce oriental.
La bourgeoisie se développe aussi dans la fabrique des objets. L’encyclopédie montre bien les évolutions techniques de cette époque.

PRECURSEURS DU SIECLE DES LUMIERES

Le XVIIIème siècle est appelé siècle des lumières, des philosophes.
On valorise tout ce qui vient de l’esprit. Dire d’eux-mêmes qu’ils sont des lumières, c’est avoir une vision de l’histoire pensée en termes de progrès.
Le siècle des lumières, ça veut dire que les choses ne viennent pas d’elles-mêmes, mais que l’esprit peut apporter une évolution. Un des signes qui montre qu’au XVIIIème siècle on commence à penser que l’histoire ne s’impose pas aux Hommes, mais que ces derniers peuvent avoir une influence déçu : un couplet à la fin du mariage de Figaro : « Le hasard de la naissance l’un fit roi et l’autre berger, l’esprit seul peut tout changer ». C’est une profession de foi dans la valeur individuelle, la valeur de la personne, la valeur de la pensée.
On associe alors lumière à la pratique de la raison. Le sentiment est également un moyen de connaissance au XVIIIème. Les philosophes des lumières ne peuvent exister que s’il y a avant eux des gens qui ont pensés : les précurseurs.
Lock est un anglais du XVIIème siècle. Il a écrit la lettre sur la tolérance, dont l’objet est l’organisation politique consistant à adopter la religion d’un pays est une catastrophe, il essaie donc t’instaurer la tolérance religieuse, la liberté de religion. Pour cela il se livre à une élaboration conceptuelle immense où il théorise la nature des pouvoirs. Il dit qu’il y a deux types de pouvoir :
- Le pouvoir temporel (politique)
- Le pouvoir spirituel (religieux)
Il dit que si nous voulons avoir une liberté de religion il faut séparer ces deux pouvoirs.
Il commence par définir l’Etat en disant que c’est un groupe qui est organisé pour défendre les intérêts de chaque citoyen. L’Etat doit donc avoir le souci de la vie, de la liberté, de la santé, des possessions matérielles. L’Etat doit donc faire des lois. L’Etat doit, selon Lock, utiliser la force pour faire respecter ces lois, parce que ça va permettre de définir l’église.
L’Eglise est un groupe formé par rapport à l’obtention du salut, la vie au-delà. L’Eglise est un groupe qui s’occupe de la vie dans l’au-delà.
Cela posé, il ajoute que dans cette église on y entre ou on en sort librement. La conséquence est que jamais l’église ne doit utiliser la force pour obliger qui que ce soit à penser quoi que ce soit. L’église ne doit s’occuper que de l’au-delà.

Premier extrait de Lock
Autour de quoi la réflexion de Lock s’organise-t-elle ? Cet objet est une conception empirique de l’Homme et du savoir. Elle est extrêmement importante car non seulement les philosophes des Lumières l’adoptent, mais en plus, c’est une conception de l’Homme qui pense l’Homme en mettant la métaphysique à l’écart. La métaphysique n’est pas exactement un au-delà de la physique. C’est au-delà de la physique suppose que les phénomènes du monde ont des causes premières non-suffisantes et qu’en remontant de cause en cause, il y a un moment ou au passe du monde sensible au monde spirituel.
Qu’ils soient ou pas croyant, déiste, ou matérialiste, les philosophes des lumières n’ont plus pour objet d’expliquer l’ici-bas par l’au-delà.
Le regard des savants va se réorienter sur l’ici-bas et va essayer d’expliquer les choses d’abord par l’ici-bas.
Ici, Lock nous explique pourquoi les idées innées correspondent à une notion qui ne tient pas debout. Dans l’extrait suivant nous verrons comment il montre la formation de l’esprit humain qui résulte de l’existence de notre système sensoriel.
Premier élément chez Lock : Refuser l’innéité des idées, c’est refuser qu’il y ait, avant l’existence d’un homme une instance spirituelle. Quand les idées innées existent, on suppose qu’il y ait, avant tout, une instance spirituelle qui va décider de la naissance du monde et des individus. Cette instance décide donc de mettre dans la naissance de l’Homme des idées, qui seront innées. L4innéité des idées implique la métaphysique. C’est ce que Lock commence à combattre avant d’imposer sa conception des choses.
Cette innéité des idées est utilisée par certains philosophes, soit pour expliquer pourquoi l’Homme pense, a des idées, soit pour affirmer le principe divin ou principe spirituel premier, expliquant ainsi que l’Homme pense. L’enjeu philosophique de la critique des idées innées est important parce qu’il s’agit de répondre à une question d’apparence simple et de réalité complexe, car les réponses sont complexes. L’origine du savoir, c’est l’Eden pour les Chrétiens par exemple.
Lock enlève cette instance supérieur et met l’Homme à l’origine du savoir. L’argument de Lock est singulier puisqu’il passe par la négative. En effet, Lock nous dit que si les idées innées existent, tous les Hommes doivent avoir ces idées innées, par conséquent, l’enfant doit déjà avoir ces idées-là, mais aussi l’idiot. Si on prend l’idée du cercle par exemple, qui est abstraite, l’enfant ne l’a pas, et l’idiot non-plus. Dès les premiers philosophes empiristes, un rapprochement est fait entre deux personnages qui ont ensuite une aventure littéraire très complexe et riche : l’enfant et l’idiot. Ces deux figures sont convoquées dans la littérature dans ce siècle pour expliquer certaines choses comme par exemple ce qu’est la poésie.
Ni l’enfant, ni l’idiot n’ont conscience du cercle. Il n’y a donc pas d’idée innée.

Deuxième extrait sur Lock
Après avoir balayé l’innéité, le philosophe va construire. Il se pose la question de l’origine des idées, des connaissances. Son point de départ est que nous naissons avec une âme qui est vide. A partir de cet espace vide, les choses vont se construire par l’expérience. C’est ce dernier mot qui justifie l’expression « philosophie empirique ».
L’expérience : à la naissance, nous avons un esprit vide, et un corps, doté d’un système sensoriel. Les premières expériences que nous avons à notre naissance sont des expériences sensorielles, qui viennent laisser des traces dans notre esprit. C’est donc à partir de notre structure sensorielle que naissent les idées. Cette façon d’expliquer la pensée ne consiste pas à refuser l’idée d’esprit premier, mais à dire que le contenu de nos pensées (ce que contient l’âme) vient de notre corps. Nous pensons parce que nous avons un corps. Cette façon d’expliquer les choses renverse complètement notre conception du savoir. Si nous savons, c’est parce que nous sentons. Toutefois, entre sentir et penser, il y a une différence. C’est cette différence que Lock explique aussi.
La pensée va naître d’une combinaison entre ces traces et notre expérience se complexifie. En effet, dès lors qu’il y a quelques traces qui se sont déposées dans notre esprit, l’expérience va avoir deux sources :
- la source première, l’expérience sensorielle ; le fait que notre corps soit en contact avec la réalité.
- la source seconde : les opérations intérieures à notre esprit qui se font entre ces traces.
Lock essaie d’expliquer comment, à partir des premières sensations, l’esprit humain produit des idées. Bien évidemment, les premières idées que nous avons sont des idées qui restent proches des sensations. Ainsi, l’Homme à l’origine, donc l’enfant, aura assez rapidement des expériences de chaud et de froid, sauf qu’au début, il ne sait pas que ce sont du chaud et du froid. Il a des sensations, et chaud et froid sont des idées. Ces sensations vont déposer une trace dans l’enfant, qui, petit à petit va pouvoir comparer ces traces. L’exercice de la comparaison est très important pour expliquer le passage de la sensation à l’idée. On passe de la perception à l’idée par la comparaison.
La seconde source de nos idées réside donc dans l’esprit même, puisqu’il s’agit d’une interaction entre les traces, pour faire des idées qui permettent une réflexion. L’esprit est une activité, qui, à partir des idées premières va produire de idées de plus en plus abstraites qui elles, vont conduire à la pensée, au raisonnement, etc.
On retrouvera cet empirisme chez tous les philosophes du XVIIIème siècle, qui sont héritiers de ce mouvement. On retrouve par exemple cette pensée dans Le discours préliminaire à l’encyclopédie écrit en partie par d’Alembert et en partie par Denis Diderot. D’Alembert nous dit que pour expliquer l’encyclopédie, il faut remonter à l’origine. On retrouve ce questionnement sur l’origine chez tous les philosophes du XVIIIème. Cette philosophie empirique est une sorte de psychologie. En effet, il est intéressant de voir comment à un moment donné, la philosophie, en tournant le dos à la métaphysique ouvre le champ aux sciences de l’Homme.
Lock est également un extraordinaire penseur politique, un des premiers à avoir théorisé la séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Il considère que le politique et le religieux doivent être séparés si l’on veut pouvoir vivre tranquillement.

Bel (1647 -1706), un philosophe des précurseurs. C’est un protestant, et les guerres de religions ont finies fin XVIème, début XVIIème, mais ce qui se passe à la fin du XVIIème relance les questions religieuses. En 1684, Louis XIV fait une erreur : il révoque l’Edit de Nantes qui permet aux protestants de pratiquer leur culte. A nouveau alors, les protestants sont persécutés avec des bandes armées qui vont jusqu’à tuer les gens qui refusent de se convertir au christianisme.
Il y a donc des gens qui préfèrent mourir plutôt que de se convertir. Il y en a d’autres qui se convertissent sans aucune foie pour ne pas mourir, mais continuent à observer leurs cultes en cachette. Il y en a encore d’autres qui s’exhibent. Or, les protestants constituaient une partie très active de la France. Ils avaient donc suffisamment d’argent pour partir, ils sont donc allés en Hollande. La puissance Hollandaise est donc en partie constituée de Français. Bel, protestant, est pari en 1684, mais comme il n’était pas enfermé dans les préjugés, il a fait l’expérience de l’intolérance catholique mais aussi de l’intolérance protestante. Cela l’a amené à exercer sa pensée critique, il a donc eu des ennuis partout, mais il n’a pas cédé sur sa capacité à écrire ce qu’il pensait.
Il écrit notamment des textes sur la comète. Dans les années 1690, une comète est visible dans le ciel. Son passage déclenche de très nombreux textes interprétatifs. Les interprétations données font majoritairement de cette comète un signe divin. Certes, mais que signifie-t-il ? On bascule vite dans la superstition, et Bel s’y oppose. Il réfute l’idée que les comètes soient des signes de Dieu et en vient à réfuter l’idée que Dieu serait une idée innée. Cette idée ne pourrait être qu’acquise. Il explique cette acquisition par l’éducation. Il nous dit alors que pour connaître l’Homme, il faudrait avoir étudié son premier état : son enfance ; seul l’enfant représente l’Homme à l’état naturel, à l’état d’origine. Si on regarde un enfant à qui on n’a jamais parlé de Dieu, est-ce qu’il parlera de Dieu de lui-même ? Evidemment non. Par conséquent, l’idée de Dieu est acquise par l’éducation, elle n’est pas naturelle, elle est donc produite par l’Homme.
L’importance de considérer un enfant en essayant de voir ce qu’est l’Homme à l’état naturel, est reprise chez Marivaux. Il y a une pièce tardive de Marivaux qui s’appelle La dispute, signifiant débat. L’objet du débat est : qu’est-ce que l’Homme à l’état naturel ? Les personnages de Marivaux ont imaginés de faire l’expérience de l’observation de l’enfant par l’isolement.

Histoire de la dent d’or – Fontenelle

Dans ce passage, il s’agit d’un propos méthodique que F. résume en « assurons-nous bien que ce que nous défendons est juste ».
Fontenelle utilise la fable, non au sens de genre, mais au sens large d’histoire inventée. C’est une histoire comique, donc il faut que ça ne soit pas proche de nous, car on ne peut rire que lorsque l’objet est mis à distance. Il y a toujours, dans le moindre sourire, une dimension critique.
Il s’agit ici d’une critique de la connaissance. Qu’est-ce que la connaissance et qu’est-ce que la bonne connaissance ?
L’histoire de la dent d’or distingue les fausses connaissances de la vraie connaissance qui elle a une exigence d’une vérité. Donc cette fable réfléchit à la connaissance et à ses modalités.

L’origine des fables – Fontenelle

Dans ce texte, plus tardif que le précédent, il s’agit encore de la fable au sens large : l’histoire inventée. A cette époque-là de l’histoire, on désigne la mythologie gréco-romaine sous le nom de Fable.
Tout d’abord, Fontenelle propose d’étudier « l’une des plus étrange production de l’esprit humain ». Il s’agit de faire de ces histoires inventées un objet, non seulement intéressant, mais significatif de l’Homme.
Ensuite, pour comprendre la fable, Fontenelle décide de remonter à l’origine. Ce mouvement de remonter à la source d’un phénomène pour le comprendre est aussi une caractéristique des lumières. Le XVIIIème siècle n’a cessé de vouloir remonter à l’origine des choses. Fontenelle part alors d’un état de l’Homme où l’Homme était ignorant. Cet Homme ne peut alors pas expliquer les phénomènes qui l’entourent. Cette situation le conduit malgré tout à vouloir expliquer ce qui l’entoure, car ce désir de savoir est inscrit dans l’espèce humaine. Ignorant, mais désireux de savoir, l’Homme invente la fable. C’est donc une réponse inventée à une question réelle. Comme tout savoir, il est transmis de génération en génération. En étant transmis, ces récits inventés sont amplifiés, pour différentes raisons :
- On aime plaire à ceux qui nous écoutent
- Quand on reçoit un récit enfant, on a du mal à en prendre la mesure
L’enjeu de ce désir de savoir d’où viennent les fables est tout d’abord la dimension anthropologique. Les Hommes sont la seule espèce à inventer un savoir. De plus, en cherchant l’origine des fables, on cherche l’origine de certaines erreurs. C’est par contre coup essayer de se corriger de ses erreurs et donc faire un pas vers la connaissance fondée, vers ce qui est juste. C’est un enjeu du savoir en général.
Le dernier enjeu est celui de la critique de la religion. A cette époque-là, le catholicisme est obligatoire en France, et est déjà l’objet d’une critique depuis un certain temps, mais elle prend de l’ampleur au XVIIIème. En réfléchissant à l’origine des fables, Fontenelle a dans l’esprit la mythologie, mais également le récit biblique. Cependant, il ne pas les choses ainsi pour ne pas aller en prison.
Il approche la religion comme un ensemble d’invention venant répondre à des questions humaines en inventant ces réponses. Cela signifie que la religion est produite par l’Homme, pour l’Homme et non par Dieu. C’est un refus de l’éducation métaphysique caractéristique des Lumières pour une approche qui, aujourd’hui, est d’avantage du côté des sciences humaines (qui n’existent pas encore).

LA PREMIERE GENERATION DES LUMIERES

Cette génération est à mi-chemin entre deux pôles. D’un côté la mise en place de la raison, et d’un autre côté, le Rococo, une esthétique difficile à définir et correspond en gros à ce qui s’est passé en France dans la première moitié du XVIIIème siècle. C’est un mouvement post-moderne (comme Tarentino), dont le jeu référentiel n’empêche pas un regard critique sur la réalité.
Se pose d’abord la question des genres. Cette première partie du siècle est un moment où les écrivains inventent beaucoup des formes. Montesquieu par exemple a inventé le roman épistolaire, qui connaît un véritable succès.
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