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INTRODUCTION À L’ÉTUDE DU LANGAGE
Malgré le fait que la linguistique ne soit pas un champ de recherche très connu, les influences qu'elle apporte aux autres disciplines sont importantes. Que ce soit en informatique, en philosophie, en psychologie, en ingénierie, en télécommunication, en pathologie du langage ou en anthropologie, la linguistique laisse sa trace, discrètement mais profondément. Cependant, le domaine sur lequel l'influence de la linguistique est sans doute la plus évidente est l'enseignement des langues secondes ou étrangères. D'ailleurs, l'enseignant qui tentera d'enseigner une langue seconde sans avoir de bases en linguistique commettra certainement des erreurs facilement évitables. Il suffit de mentionner la correction phonétique ou l'ordre d'acquisition des structures syntaxiques pour en voir l'importance. Ce fait est d'ailleurs maintenant reconnu par la plupart des universités qui intègrent au programme de formation des enseignants de langues secondes ou étrangères au moins un cours de linguistique. De plus, la linguistique moderne a une visée beaucoup plus large que dans le passé. En effet, la sociolinguistique a fait reconnaître l'importance des contacts sociaux sur l'émergence et les structures du langage. L'étude du bilinguisme comme phénomène tant linguistique que psychologique et social a même amené à réviser certaines théories de l'évolution des langues. Avant de commencer à étudier la linguistique, il faudrait d’abord définir certains termes. Le langage est une capacité cognitive dont le but principal est de permettre la communication entre humains. Il sert aussi à articuler la pensée. En effet, la pensée ne peut émerger sans le langage qui lui sert à se représenter mentalement les concepts et à les manipuler. On notera que le langage et la pensée se développent à peu près en même temps. Par ailleurs, le langage est un outil d'organisation sociale important car il permet aux locuteurs de s'identifier comme membres d'une communauté donnée et ainsi de se distinguer des autres. Ceci est aussi vrai concernant les distinctions entre régions et entre classes sociales. Le langage est essentiellement structuré pour l'oral parce que l'avènement de l'écriture est relativement récent. De plus, même si l'analphabétisme amène plusieurs problèmes individuels et sociaux, entre 5% et 15% de la population canadienne ne sait pas lire son nom alors que 27% des Canadiens ne peuvent pas lire un texte continu ! Ainsi, la lecture vient doubler la parole, mais jamais l'inverse. On peut aussi dire que cette caractéristique quant à l'oralité du langage se transpose aux langues. Il faut cependant se garder de confondre langue et langage. Le langage est un ensemble abstrait qui recouvre toutes les langues; c'est l'ensemble des choix offerts aux langues sur toutes les possibilités de communication orale que permettent le corps pour amener à une communication entre humains. La langue est un ensemble cohérent de choix faits par un groupe social donné sur l'entier des possibilités que nous offre le langage pour communiquer entre humains. C'est une convention de communication qui permet aux membres d'une même communauté de se comprendre. Par ailleurs, il ne faut pas confondre langue et parole. La parole est le résultat de l'application de la langue. La langue est un phénomène social alors que la parole est un phénomène individuel. La langue est aussi en évolution constante. Il semble par exemple que l'on puisse regrouper les différentes langues en familles de langues, grâce aux ressemblances entre les sons (phonétique et phonologie) et entre la structure des mots (morphologie.) L'évolution des langues est aussi influencée par les contacts entre groupes linguistiques. L'étude des langues en évolution s'appelle la linguistique diachronique. Nous ne discuterons pas dans ce cours de diachronie. Nous traiterons dans le cours de linguistique synchronique, c'est-à-dire l'étude des langues en tant que système cohérent à un point donné dans le temps (dans notre cas, aujourd'hui.) Nous ne verrons que très peu de langues comme telles puisqu'en fait, la linguistique s'intéresse beaucoup plus au langage qu'aux langues. Les langues ne nous servent en général qu'à mieux comprendre le langage. Ainsi, le langage est vu ici comme étant une faculté spécifique de la cognition. D'autre part, on ne peut isoler l'humain de la société dont il fait partie. La majeure partie du comportement humain est le résultat de contacts sociaux: l'alimentation, la langue, la façon d'exprimer ses émotions, etc. Or, tout comme le psychologue qui s'intéresse au comportement et à la pensée, ou comme l'anthropologue qui s'intéresse au comportement de l'humain en groupe, le linguiste cherche à mieux comprendre l'humain par la façon dont il s'exprime par le langage. En cherchant ce qu'il y a d'universel et en observant les comportements spécifiques, les psychologues, les linguistes, les anthropologues, les philosophes et les chercheurs des autres domaines des sciences cognitives tentent de comprendre le comportement humain. Dans ce cours, nous prendrons alternativement les rôles d'anthropologues, de linguistes et de psychologues. Il en sera ainsi puisqu'on ne peut pas comprendre le langage sans tenir compte du caractère social et individualiste de l'humain. Ainsi, la linguistique est l'étude scientifique du langage. La linguistique est donc par définition objective (en autant que faire se peut) et ne sert nullement à déterminer une norme de bien-parler ou à juger une classe sociale au profit d'une autre. Le linguiste tente de comprendre le comportement de communication orale entre humains. Les linguistes étudient surtout les différentes variantes des langues, et non pas les formes normalisées comme le "français normal" ou l'"anglais de la reine". Comme toute discipline à aspiration scientifique, la linguistique suit un modèle par étapes d'acquisition des connaissances. La première étape est d'observer un phénomène qui se produit systématiquement. De ces observations, il devra ensuite établir une ou des hypothèses permettant d'expliquer le phénomène en cause. Cette hypothèse doit être vérifiée par les résultats d'une recherche spécifique. Si l'hypothèse est validée par les résultats, elle doit s'intégrer dans un cadre théorique. Sinon, elle est rejetée ou modifiée. Le cadre théorique permet de prédire les phénomènes. L'observation de différences entre la réalité et les prédictions amène le chercheur ou la chercheuse à développer de nouvelles hypothèses, et le cycle de la recherche scientifique continue, presque sans fin. La théorie est ainsi en constante évolution. La réalité de la recherche est parfois relativement loin de cet idéal méthodologique. Malgré tout, il faut essayer, autant que possible, de coller au modèle pour s'assurer de la plus grande généralisation possible des résultats. Un champ de recherche peut par ailleurs avoir plusieurs théories portant simultanément sur les mêmes phénomènes. En effet, l'observation d'un même phénomène peut parfois amener à deux séries d'hypothèses complètement différentes. Trois écoles de pensée composent principalement le canevas théorique de la linguistique; les générativistes (États-Unis) et Canada surtout), les structuralistes européens et les fonctionnalistes américains. D'autres écoles de pensée existent aussi, mais leur popularité est relativement faible (sans pour autant vouloir dire que leur apport est moindre.) Les générativistes cherchent à décrire les universaux du langage (ou grammaire universelle) en tentant de minimaliser les ressources mémorielles. Les structuralistes européens tentent de décrire les langues le plus précisément possible. Leur but n'est pas de prédire mais de bien décrire. Les fonctionnalistes américains essayent de prédire les comportements langagiers selon les diverses situations de communication. Ils cherchent les fonctions universelles que remplit chaque unité linguistique dans l'ensemble des langues du monde. Nous reviendrons parfois sur les différences entre ces écoles de pensée. Le cours ne portera sur aucune des écoles en particulier. Cependant, la compatibilité entre les objectifs de l'école générativiste et ceux de la psychologie cognitive actuelle nous portera à utiliser dans certains cas leur méthodologie plutôt que celle des autres. Notons finalement que le mot grammaire est utilisé en linguistique dans son sens original, c'est-à-dire que c'est l'ensemble des structures phonologique, morphologique, syntaxique et pragmatique d'une langue donnée. Il ne faut nullement la confondre avec les ouvrages de grammaire normative tel que le Grevisse ou la grammaire de Larousse où son sens est réduit à des règles morpho-syntaxiques prescrivant une façon d'écrire ou de parler. Comme nous venons de le dire, le langage est défini en linguistique comme étant la capacité de l'humain à communiquer au moyen de signes oraux. Il faut noter qu'à l'oral s'est greffé l'écriture, sans pour autant modifier le caractère oral du langage. La lecture et l'écriture ne font habituellement pas l'objet de la linguistique (Martinet, 1980). Par ailleurs, l'étude de langues signées telle qu'utilisées par les personnes atteintes de surdité est relativement jeune. Nous n'en traiterons pas de façon spécifique dans ce cours. Si nous savons d'où proviennent les langues (de modifications antérieures de langues sources et contacts interlinguistiques), nous ne savons pas très bien d'où vient le langage. Nous ne savons pas si le langage est né du groupement de l'humain en société ou si la capacité de communiquer par des systèmes abstraits, conventionnels et créatifs a amené l'humain à se regrouper pour former les sociétés. Il se peut aussi que l'un et l'autre aient interagi pour aboutir à des sociétés parlantes. Nous ne savons pas non plus quel type de lien existe entre la pensée et le langage. Il est vrai que pour en connaître les liens, il faudrait savoir ce qu'est la pensée. Cependant, nous avons de bonnes indications que le lien est serré. En fait, il est même permis de croire que le langage constitue les assises sur lesquelles croît la pensée. Nous savons que tous les humains dont l'appareil phonatoire, auditif et le système nerveux central est normal peuvent parler. Nous savons aussi que les besoins de communication minimaux peuvent être partiellement remplis sans avoir besoin de parler; par des expressions faciales, des gestes, des postures par exemple. Cependant, il est clair que la communication est limitée sans la parole ou l'écriture. On peut par ailleurs affirmer sans équivoque que les animaux communiquent. Les limites de leurs systèmes de communication sont toutefois obscures. Ces systèmes diffèrent du langage en plusieurs points. La caractéristique principale des langues humaines est que les unités de sens (signes) sont arbitraires et conventionnelles. En effet, rien dans le son des mots d'une langue ne permet de déchiffrer le sens de ce mot. Les langues doivent être apprises pour être comprises. Les sons du mot "chaise" n'ont aucun rapport physique avec les objets que peut décrire ce mot. On a souvent dit des onomatopées ("cocorico" en français pour imiter le chant d'un coq par exemple) que les sons qui les composent sont liés à l'objet qu'il décrit (dans notre exemple, le chant que fait le coq.) Ceci est difficile à croire lorsque l'on constate que pour un même groupe d'objets, différentes onomatopées seront utilisées pour diverses langues (cockadoodledoo en anglais, kukuriku en russe, quiquiriquí en espagnol, kikeriki en allemand, etc.) Ceci nous amène ainsi à dire que les signes (ou unités de sens constituant un message) sont conventionnels et arbitraires. Les mots d'une langue ont été choisis par des humains pour représenter un ensemble donné d'objets, d'idées ou de phénomènes. Parler la même langue que quelqu'un, c'est donc partager un certain nombre de conventions (pour une discussion systématique de ces sujets, voir Keller, 1985; Ducrot & Todorov, 1972.) Les langues humaines sont aussi dites créatives en cela qu'une personne ne répétera que rarement au cours de sa vie la même phrase plus de quelques fois (exception faite des parents d'enfants moins sages...) Ceci s'explique par le fait que les langues sont constituées de particules divisibles et combinables (discrétude.) Les mots se combinent, se divisent, se modifient, de sorte que des nuances très fines peuvent être exprimées par le moindre changement dans un énoncé. Et un nombre presque illimité de phrases peut être crée à partir d'un nombre limité de mots et de sons. Par ailleurs, le sens d'une phrase n'est pas nécessairement l'addition du sens de chacun des mots qui la compose. De plus, un même mot peut avoir plusieurs sens (polysémie.) Le contexte dans lequel l'énoncé a été produit sert alors à éliminer l'ambiguïté qui pourrait subvenir dans ces cas. Finalement, les langues possèdent la caractéristique qui s'appelle le "déplacement": on peut parler de ce qui est absent, hypothétique, fictif, d'événements passés ou futurs. |
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