Document n°206








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Document n°284


« D’abord les « trente glorieuses » (1945-1975) apparaissent comme une période extraordinaire d’enrichissement du salariat : alors qu’en moyenne, le pouvoir d’achat du salaire a crû d’environ 0.5% par an dans les années 1990, une année moyenne de la période antérieure à 1975 s’accompagnait d’une hausse de 3.5%. Ensuite, l’écart entre cadres et ouvriers (si nous prenions les employés, le résultat serait presque identique), a fléchi après 1968 (le cadre gagnait en moyenne 4 fois plus que l’ouvrier en 1968, et 2.7 en 1984) , un mouvement considérable de rapprochement des salaires entre qualifiés et routiniers a donc eu lieu après 1968 ; ce mouvement résulte notamment d’un renouvellement fort de la population des cadres dans les années 1970 avec l’arrivée précoce et massive des jeunes générations diplômées du baby boom. Enfin, depuis cette date, l’écart est à peu près stable (2.5 en 1998). La fin des Trente glorieuses a donc été marquée par une dynamique doublement favorable à la classe ouvrière (et aux employés) : les écarts se réduisent dans un contexte d’enrichissement rapide et partagé ».

L. Chauvel, « Le retour des classes sociales », in Revue de l’OFCE, n°79, octobre 2001.
Document n°285

"Au cours des trente glorieuses, le débats sur les inégalités a mobilisé les syndicats et les partis de gauche et alimenté la réflexion des intellectuels. La grille des professions et catégories socio-professionnelles (CSP), mise en place par l'INSEE en 1954 et remaniée en 1982, apportait un matériau statistique et des arguments chiffrés.
La prospérité économique, le plein emploi, la législation sociale et les conventions collectives tiraient tout le monde ou presque, vers le haut. Mais le partage demeurait inégal et la réduction des inégalités, qu'il s'agisse des revenus, des conditions de vie, de l'accès à l'enseignement et à la culture, voire des patrimoines pour les plus radicaux, servait de moteur aux luttes sociales. La classe ouvrière revendiquait son dû aux capitalistes. Des années 50 aux années 80, l'écart des revenus s'est effectivement resserré et les modes de vie se sont uniformisés. Tout le monde ou presque, a eu la télé, une voiture, des vacances à la mer et des enfants au lycée. Les cols blancs ont submergé les cols bleus et la culture du bureau a détrôné celle de l'usine. Pendant ces années de croissance, s'est imposée l'idée d'une vaste classe moyenne homogène constituée de salariés - une nouvelle petite bourgeoisie - englobant une partie des ouvriers et des employés qui progressaient vers le haut pour se rapprocher des cadres. A l'opposé, on parlait volontiers de l'éclatement de la classe dirigeante : la bourgeoisie d'affaires et d'Etat semblait perdre ses privilèges au profit de jeunes diplômés, issus du rang et démocratiquement recrutés par concours. Certains sociologues et philosophes, comme Alain Touraine, ont même considéré que les classes sociales avaient disparu dans la société française, que cette grille de lecture n'était plus pertinente, que les clivages passaient désormais entre des catégories "modernisatrices" et d'autres "archaïques".

La thèse de la disparition des classes sociales s'est appuyée sur le recul des sentiments d'appartenance de classe, sensible dans les sondages, tout particulièrement pour la classe ouvrière. Mais aussi sur le fait que le travail et la vie professionnelle ne seraient plus qu'un élément parmi d'autres dans la formation des groupes et des identités sociales, le sexe, la génération ou l'ethnie, par exemple, devenant tout aussi importants.

D. Sicot, "Sous la fracture, les classes", Alternatives éconmiques, n°29, 3° trim 1996.

Document n°286


"Jusqu' au milieu des années 70, la conscience de classe (autrement dit le sentiment d'appartenir à une classe en opposition à une autre) était forte : on était soit ouvrier, soit paysan, soit bourgeois et plus ou moins fier de l'être. Depuis cette conscience de classe a décliné. De moins en moins de français se définissent en fonction de leur classe sociale d'appartenance (à noter toutefois, la remontée intervenue lors des mouvements de décembre 1995). Parmi ceux qui disent appartenir à une classe sociale, de plus en plus se réfèrent aux classes moyennes. Chez les ouvriers, la proportion de ceux qui déclarent appartenir à ces dernières est passé de 13% en 1966, à 30% en 1994".

L. Dirn, "Société française, ce qui a changé depuis vingt ans", Sciences Humaines, juin 1998.
Selon Louis Chauvel, en présentant en ordonnées, l’intensité de la conscience sociale (des identités de classes) et en abscisses l’intensité des inégalités, un modèle dynamique et instable de « spirale des classes sociales » est mis en valeur en partie du fait que les sphères objectives (de la réalité des inégalités) et les sphères subjectives (de leur représentation) connaissent des décalages temporels.


  • La situation 1 de haut niveau d’inégalité et de conscience d’appartenance à une classe (situation de « classe en soi et pour soi ») est conflictuelle et conduit à une issue négociée avec une réduction des inégalités (situation qui tend vers 2, « victoire du prolétariat ») ;

  • L’égalisation des conditions objectives (passage de 1 à 2) conduit à dissoudre après un certain temps la conscience de classe et à affaiblir la force des identités qui s’étaient constituées dans les périodes antérieures de l’histoire sociale ð passage à la situation 3 – « société sans classes » (le maintien au point 2 exige une socialisation difficile à entretenir éternellement : maintenir une forte conscience de classe est la difficulté de la génération qui vient après celle de « l’ouvrier de l’abondance »).




  • En situation 3, les classes favorisées ont intérêt à tendre vers la situation 4 - celle d’un accroissement des inégalités objectives - ð étant donné que le rapport de force est déséquilibré, le glissement de 3 vers 4 est probable (reconstitution d’un système objectif de classes mais sans conscience de classes  conduisant à « l’aliénation » : cas des Etats-Unis aujourd’hui).


Document n°287


- Dyssocialisation et ordre social :
Selon Louis Chauvel, entre la situation objective et les représentations subjectives des inégalités, la relation n’est ni stable ni nécessairement cohérente. L’écart perçu par certains acteurs entre la croyance en une société plus égalitaire et l’expérience qu’ils font de la rigidité des barrières sociales conduit à un risque de dyssocialisation pour les nouvelles générations : contradiction entre les valeurs identitaires transmises par la génération précédente et les situations objectivement vécues. Pour les nouvelles générations, les classes sont une réalité tangible mais vidée de leur sens subjectif. L’emploi précaire, sans protection syndicale et hors du droit fortement répandu parmi les jeunes actifs s’oppose en permanence à un espoir individuel de stabilisation professionnelle. Dans cette perspective, face au risques croissants pesant sur l’avenir en termes d’insécurité sociale grandissante, il en résulte que logiquement, plus la prise de conscience sera tardive, plus elle sera violente, et ce d’autant plus que cette prise de conscience est retardée par un discours dominant qui ignore les réalités objectives des inégalités croissantes.
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