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Ici, il s’agit de revenir à la nature présente de la démocratie sociale en France en tant qu’ « (…)ordre institutionnel distinct de celui organisé par la démocratie représentative »7.Ordre institutionnel distinct certes, mais on y retrouve les mêmes principes : « (…)reconnaissance d’une pluralité des sources de régulation, concurrence assumée, voire organisée entre divers ordres normatifs, tendance à gouverner par le consentement ou le compromis plutôt que par la contrainte et la prescription, nouvelles formes de légitimité »8. 1°) Gouvernance des entreprises, état des relations sociales : quels accords ? quelle représentativité ? a) Gouvernance des entreprises et démocratie sociale Pour commencer, on peut relever que l’on distingue généralement deux modèles de gouvernance de l’entreprise :
Selon R. Pérez, les réflexions sur la gouvernance de l’entreprise, en tant que « management du management » se sont d’abord développées aux Etats-Unis, suite au retour en force du pouvoir actionnarial face au pouvoir managérial, sous l’effet de la financiarisation croissante de l’économie et du poids grandissant des investisseurs institutionnels (fonds de pension). De ces réflexions, se dégage un « modèle boursier » de gouvernance ( ou shareholder), qui place les dirigeants de l’entreprise (managers) sous le contrôle et la surveillance des actionnaires et dont l’objectif essentiel est d’assurer une création de « valeur actionnariale ». Toutefois l’analyse des modes de décision et de régulation des entreprises révèle selon R. Pérez, l’existence de plusieurs modèles de gouvernance :
Dans la même perspective, D. Pilhon relève le caractère trop général de l’opposition entre un modèle de gouvernance de type shareholder et de type stakeholder et souligne l’émergence d’une gouvernance hybride (statut de la société Européenne au sein de l’UE) suite à différents scandales financiers aux Etats-Unis et en Europe et à la pression d’ONG qui souhaitent que le monde de l’entreprise prennent mieux en compte des intérêts sociaux, éthiques ou environnementaux. Dans le cadre de cette typologie des modes de gouvernance des entreprises, nous pouvons pousser l’analyse un peu plus loin en nous intéressant en particulier au développement des approches théoriques autour de la notion d’ « entreprise réseaux » ou « modèle réticulaire » au détriment des approches institutionnelles, mais avant de nous y intéresser, il convient de relever en quoi la démocratie sociale est touchée par le développement de la technique de gouvernement qu’est la gouvernance. - Une démocratie sociale rénovée : une nouvelle gouvernance sociale La démocratie sociale telle qu’elle se dessine, laisse apparaître une disparition de la figure centrale de l’Etat et plus largement une disparition, selon Alain Supiot des figures du droit du travail de l’ère industrielle : « la figure du Législateur et la notion d’Etat-providence ; la figure de l’employeur et la notion d’entreprise ; la figure du salarié et la notion d’emploi »9. « Passé un statut transitoire de « variable d’ajustement », le social n’et plus désormais, comme le dit Alain Supiot, qu’un obstacle à l’universalisation des droits économiques : « cela ne veut pas dire que cette dimension n’existe pas, mais qu’aucune instance n’est habilitée à autoriser les Etats à exciper de considérations sociales pour limiter le jeu du droit de la concurrence »10. « Autoriser les Etats » : l’expression est assez évocatrice de la place des Etats dans l’économie globalisée. L’articulation entre l’économique et le social typique de la régulation fordiste ne tenait en effet que si l’Etat se maintenait comme figure souveraine unique. Or les modes de régulation contemporains, qu’on les considère d’un point de vue de sociologie politique ou plus étroitement juridique, témoignent de la multiplication des pouvoirs capables de s’autoréguler en dehors de la loi des Etats, au premier rang d’entre-eux les marchés financiers et les entreprises qui en sont les opérateurs. Les institutions sociales, qui avaient partie liée avec les Etats, déclinent avec eux, alors que s’affirme la puissance des marchés »11. Une disparition de la figure centrale de l’Etat qui constitue une véritable révolution (contre-révolution !?) au regard du fait que « l’Etat a occupé en France, notamment par la loi, un rôle essentiel dans l’organisation des professions, la codification des groupes professionnels et leurs relations économiques ou contractuelles. En retour, la prédominance des modèles professionnels s’est particulièrement bien adaptée aux logiques de l’Etat providence. C’est ce que montre l’histoire des conventions collectives. Elle révèle un rapport étroit ou une hybridation entre professions, relations professionnelles et « politique ». Prenant avant tout la forme du contrat, la convention collective s’applique et est étendue grâce au concours des pouvoirs publics, de la législation sociale et de l’administration. L’efficacité du système français des relations professionnelles et des régulations juridiques qui l’encadraient prenait ainsi pour assise la « profession ». Celle-ci constituait l’un des éléments essentiels des rapports entre le « politique » et les « relations professionnelles mais aussi l’un des fondements d’un ordre public social fondé sur le droit et les conventions de branche, un ordre très hiérarchisé et constitué de niveaux – la loi, la convention collective, l’entreprise – fortement intégrés. En ce sens, la notion de « relations professionnelles » restait particulièrement adaptée dans un pays comme la France »12. Cette disparition se fait au profit du développement de nouveaux modes de régulations des rapports sociaux de production à différents niveaux : de la promotion du dialogue social au niveau local jusqu’au niveau européen. Document n°258 « La perte de centralité du rôle de l’Etat a eu pour effet la mise en cause des traits les plus performants du modèle français des relations professionnelles comme de ceux qui caractérisaient la notion d’ordre public social et le système fortement intégré qu’elle impliquait. Le reflux de l’Etat a ainsi laissé place à de nouveaux modes de régulations plus ou moins autonomes qui s’érigent aux niveaux local ou européen et qui prennent plus d’importance : à l’Etat traditionnel ou au législateur s’agrègent ainsi l’entreprise, le territoire, la branche, les institutions paritaires, les organismes européens, les instances internationales, les contextes des professions soit autant de systèmes en interactions mais aussi en rivalité, parfois. Ainsi, à l’ancien système intégré fondé sur la notion d’ordre public social et hiérarchisé se substitue un nouvel ordre de régulations marqué par une multiplicité d’instances et régi par un principe, celui de « polycentricité », une « polycentricité des formes de régulation du social et du politique » pour reprendre Commaille et Jobert. Dans ce contexte, les modalités d’action, de coordination et de régulation obéissent moins à des injonctions hiérarchisées ou à des solutions du même ordre et « les systèmes de sens à caractère global » se déprécient ». Duclos L., Groux G., Mériaux O. (ss la dir) (2009), Les nouvelles dimensions du politique. Relations professionnelles et régulations sociales, LGDJ, Montchrestien, p.268. Dans une même perspective, J Commaille souligne que « tout semble concourir (à) l’émergence d’un modèle de régulation politique qui ne soit plus à dominante étatique et inspiré par les finalités de l’Etat social. Ce modèle est un modèle que nous pourrions qualifier de managérial, comme une des expressions de cette substitution d’un régime de rationalité technico-organisationnelle, instrumentale, à un régime de rationalité essentialiste »13. Plus encore, à travers l’étude de la mise en œuvre des 35 heures, J Pélisse souligne que l’on assiste à une managérialisation du droit, au sens où le droit se met « (…) au service de logiques d’efficience et de rationalité propres aux organisations »14. Cette managérialisation de l’Etat, du droit se traduit par l’acceptation, voir la promotion d’une régulation « au plus bas », d’une certaine forme d’application du principe de subsidiarité en matière de relations professionnelles. « Dans beaucoup de cas, les régulations les plus locales s’affirment de façon toujours plus autonomes face aux régulations de type supérieur. En d’autres termes, les régulations et les négociations liées à l’entreprise se développent marge voire au détriment de régulations produites par des instances qui se situent à des niveaux plus globaux de la société »15. - De l’approche institutionnelle au « modèle réticulaire » Pour nombre d’auteurs, nous assisterions au développement accéléré d’organisation en réseau, nouveau mode d’organisation productive qui rend inefficace les modes institutionnelles de régulation. Document n°259 « L’accélération très nette intervenue depuis deux décennies dans le processus de remplacement du modèle hiérarchique traditionnel par des organisation en réseau réglées sur un mode contractuel pose un problème majeur à la logique d’institutionnalisation propre au système des relations professionnelles. Cette logique suppose, en effet, un rapport d’homologie entre les formes d’exercice du pouvoir économique et les contre-pouvoirs accordés à la « partie faible » au contrat de travail. Ce n’est pas tant que l’organisation du pouvoir économique détermine ou conditionne l’organisation du dialogue social, c’est plutôt que l’organisation du dialogue social présuppose toujours une certaine forme d’organisation du pouvoir économique dont elle va, en retour, figer l’image dans la société. Si « les formes de la représentation des travailleurs ont épousé celles que le capital imprimait à l’organisation du travail, c’est », nous dit Alain Supiot, « par un nécessaire mimétisme ». La nécessité en question voulait que « la représentation collective des salariés (soit) toujours calquée sur l’organisation du pouvoir économique patronal, car elle a toujours eu pour objet d’équilibrer le rapport de forces avec les employeurs »16. Tant que le « patron » et, d’ailleurs, le collectif ouvrier restaient une « réalité tangible », la construction d’un face-à-face ne posait pas trop de problèmes (au plan théorique s’entend). L’imputation des actes, des droits et des responsabilités pouvait se satisfaire de la contrainte liée à la personnification des différentes collectivités d’actionnaires et de salariés : en l’occurrence, l’existence d’un « centre unitaire d’action et de volonté », suggéré par cette personnification, ne fait de doute pour personne (on pourra toujours mettre un syndicat devant un patron et vice-versa). Or tout change avec les formations d’entreprise en réseau, qui tendent à diluer le pouvoir économique et à rendre l’organisation de la décision opaque et insaisissable pour les acteurs du dialogue social. Par ailleurs, les phénomènes de triangulation des rapports de travail se répandent, les contrats commerciaux se substituent aux contrats de travail, ce qui permet aux entreprises de transférer les risques du lien salarial vers des filiales, des franchisés ou des tiers et d’échapper, si besoin est, aux conventions collectives de branche les plus contraignantes. Pensée en référence à des structures d’entreprises stables, bien délimitées et fonctionnant sur un mode hiérarchique, l’instrumentation des relations professionnelles (le comité d’entreprise, le délégué syndical, la négociation collective) se retrouve rapidement mise en échec par ces « organisation » mouvantes, aux contours flous et à durée de vie limitée. Des centres de décision ne trouvent en face d’eux aucun collectif de travail ; la représentation des salariés n’est, de la même façon, que par accident en face d’un pouvoir dirigeant ….. Ces nouvelles organisations, en d’autres termes, produisent des décideurs inaccessibles et « irresponsables » au sens propre (qui « ne répondent pas » de leurs décisions). Face à cet « hydre à plusieurs têtes », il est entendu qu’on ne peut plus se satisfaire de la vision que nous procure le droit des sociétés pour organiser les pouvoirs, à fortiori les contre-pouvoirs. Pourtant si l’on ne veut pas que le « développement du dialogue social » confine au formalisme sans substance – une tendance bien réelle – il nous faut bien réévaluer son « précipité juridique ». La confrontation entre les sciences de gestion et la sociologie du droit offre sans doute, dans cette perspective, les pistes de réflexion les plus fertiles. Car paradoxalement, comme le souligne Gunther Teubner, « alors qu’elle vante les mérites de l’organisation en réseaux, la littérature sociologique et économique se distingue par son silence sur la question. Elle se limite à mettre en lumière leur combinaison sophistiquée d’éléments contractuels et organisationnels (…) Personne ne parle des relations internes de pouvoir, (…) de l’absence de responsabilités collectives en dépit de la collectivisation de l’action, (du) déplacement des risques vers des tiers (….) (Ne peut-on considérer que les réseaux) constituent un troisième ordre au-delà du contrat et de l’organisation, requérant une régulation particulière ? »17 ». Duclos L., Mériaux O., art : « Métamorphose de l’institution corporative et crise des politiques de l’intérêt », in Duclos L. Groux G., Mériaux O. (ss la dir) (2009), Les nouvelles dimensions du politique. Relations professionnelles et régulations sociales, LGDJ, Montchrestien, p.47-49. Face à la modification du mode de gouvernement des entreprises et de la régulation des rapports sociaux de production, certains auteurs, comme L. Duclos et O. Mériaux s’interrogent dès lors sur la pertinence du paradigme institutionnaliste ou néoinstitutionnaliste. « Ne faut-il pas plutôt penser que nous sommes confrontés à l’épuisement définitif des solutions de gouvernement par l’Institution (dans sa figure hiérarchique ancienne), par suite d’une incompatibilité radicale entre les conditions requises pour le fonctionnement du paradigme de l’Institution et les formes d’exercice du pouvoir, de la souveraineté et de la responsabilité, tant dans la sphère politique que dans le fonctionnement de nos économies modernes ?»18. La sociologie des organisations s’intéresse désormais moins aux institutions, aux organisations qu’à l’action collective. Du point de vue du droit émerge un paradigme du droit en réseau. Document n°260 « avec la crise du modèle pyramidal, émerge progressivement un paradigme concurrent, celui du droit en réseau (…) les frontières du fait et du droit se brouillent ; les pouvoirs interagisent (les juges deviennent coauteurs de la loi et les subdélégations du pouvoir normatif, en principe interdites, se multiplient) ; les systèmes juridiques (et, plus largement, les systèmes normatifs) s’enchevêtrent ; la connaissance du droit qui revendiquait hier sa pureté méthodologique (mono-disciplinarité) se décline aujourd’hui sur le mode interdisciplinaire et résulte plus de l’expérience contextualisée (learning process) que d’axiomes à priori ; la justice, enfin, que le modèle pyramidal entendait ramener aux hiérarchies de valeurs fixées dans la loi, s’appréhende aujourd’hui en termes de balances d’intérêt et d’quilibration de valeurs aussi diverses que variables ». François Ost, Michel Van de Kerchove (2002), « De la pyramide au réseau ? Pour une théorie dialectique du droit, Presses des Facultés universitaires de Saint Louis cité par Duclos L., Mériaux O., art : « Métamorphose de l’institution corporative et crise des politiques de l’intérêt », in Duclos L. Groux G., Mériaux O. (ss la dir) (2009), Les nouvelles dimensions du politique. Relations professionnelles et régulations sociales, LGDJ, Montchrestien, p.51. b) La question de la représentativité des partenaires sociaux - Du côté des salariés Document n°261 Représentativité, théâtre d'ombres LE MONDE Article paru dans l'édition du 26.02.08 Tous les jeudis depuis janvier 2008, les confédérations syndicales discutent de leur "représentativité" et de leur financement... au siège du Medef, l'organisation patronale. Cette situation paraîtra doublement incongrue. D'une part, on n'a jamais vu des groupes de pression décider de leur futur statut légal et négocier entre eux des prélèvements qu'ils vont s'attribuer sur les fonds publics. D'autre part, les organisations d'employeurs se trouvent en position de décider qui va s'asseoir en face d'elles pour négocier au nom des salariés, tout en échappant à une mise en examen symétrique de leur propre représentativité, qui a été récusée dès le départ.
Comment les états-majors syndicaux ont-ils pu accepter une telle asymétrie ? Ne peut-on y lire des connivences implicites ou l'indicateur de profonds changements dans les relations sociales, même de la part des syndicalistes les plus radicaux ? Naturellement, il existe un problème de "représentativité" syndicale en France. Au début des années 1970, plus d'un salarié sur quatre était adhérent à un syndicat contre un sur quatorze aujourd'hui, soit le taux de syndicalisation le plus faible de tous les pays industriels. En outre, la France est aussi le pays où il y a le plus d'organisations concurrentes (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, UNSA, SUD) sans compter les nombreux syndicats non confédérés d'enseignants, de policiers, de conducteurs de train, de pilotes d'avion... De ce fait, les nombreuses prérogatives des syndicats "représentatifs" semblent de moins en moins légitimes : monopole de candidature au premier tour des élections professionnelles, faculté de négocier dans les entreprises et dans les branches d'activité, gestion des organismes paritaires. Comment en est-on arrivé là ? On évoque beaucoup les difficultés économiques, l'individualisme moderne ou la mauvaise volonté patronale. Mais, dans tous les pays comparables, les syndicats subissent aussi cette conjoncture défavorable et, nulle part ailleurs, ils n'ont connu une telle désaffection des salariés. La vraie différence se situe ailleurs : dans aucun autre pays, les syndicats ne se sont vu offrir des moyens institutionnels, financiers et humains comparables à ceux qui leur ont été accordés en France au cours de ces trente dernières années. Cela couvre largement leurs frais de fonctionnement : dès lors pourquoi recruter des adhérents ? Certes, depuis 1968, toutes les aides et privilèges ont été accordés - puis sans cesse augmentés - avec de très bonnes intentions. Il s'agissait de renforcer les syndicats, de permettre une meilleure défense des salariés, de promouvoir la modernisation négociée des entreprises et des administrations. Nous sommes loin du compte ! D'une part, les réformes sont de plus en plus difficiles. Et le jeu de la négociation entre "partenaires sociaux" ne change rien. Ces réformes sont accueillies avec méfiance et scepticisme. D'autre part, plus les syndicats sont aidés, protégés, plus ils sont faibles, divisés, et moins les salariés leur font confiance pour négocier en leur nom des sacrifices équilibrés. Pourtant, toutes les solutions envisagées consistent à prolonger, voire à accentuer, ce système désastreux, notamment en envisageant d'hypothétiques "élections de représentativité" qui soulèvent des difficultés pratiques quasiment insurmontables... sans parler du bon seuil de "représentativité" (5 %, 10 % ou 15 % des suffrages), chiffre magique qui est censé consolider, sinon rendre plus homogène, le paysage syndical. Aujourd'hui, ne faudrait-il pas commencer par faire la lumière sur les moyens dont disposent les partenaires sociaux ? Ne faudrait-il pas limiter, au strict minimum, les aides et les privilèges ? Cela est d'autant plus nécessaire qu'il serait inconcevable de laisser subsister des "vaches sacrées" alors qu'il faut réduire les déficits budgétaires et sociaux. Enfin, il faut s'interroger sur la place donnée à l'élection dans notre système social. Naturellement, les délégués du personnel et les comités d'entreprise sont des institutions utiles, mais la question est de savoir qui peut s'asseoir en face de l'employeur pour négocier avec lui au nom des salariés de son entreprise. Ne conviendrait-il pas de privilégier, comme dans d'autres pays, un négociateur appointé par le syndicat mais extérieur à l'entreprise, afin de garantir son indépendance et d'éviter les dérives de certains financements. Bien sûr, sa légitimité dépendrait de l'influence réelle de son organisation dans l'entreprise ou la branche d'activité, la réduction des aides obligeant les syndicats à renouveler leur "rencontre" avec les salariés. Les discussions qui sont actuellement engagées au Medef visent pourtant à maintenir et à généraliser un système indéfendable, qui ressemble à un théâtre d'ombres où l'essentiel est caché au spectateur. Il s'agit du démantèlement progressif du droit du travail, protecteur du salarié, en faveur d'un nouvel ordre conventionnel beaucoup plus satisfaisant pour les employeurs. Il ne fait pas de doute que, sur le papier, cet ordre conventionnel présente beaucoup d'avantages par rapport au système actuel, trop rigide, qui freine la modernisation des entreprises et pénalise l'embauche. Mais une condition essentielle manque en France : les salariés ne disposent plus, sur leur lieu de travail, de syndicats vivants, efficaces et réellement indépendants de l'employeur comme du pouvoir politique. Seuls de tels organismes pourraient négocier des compromis équilibrés avec les employeurs tout en leur garantissant la paix sociale pour la durée du contrat. Comment les syndicats peuvent-ils regagner cette crédibilité ? En retrouvant le chemin des ateliers et des bureaux et en prenant en charge les multiples problèmes individuels auxquels se trouvent confrontés leurs adhérents potentiels. Dominique Andolfatto, professeur à l'université de Nancy Dominique Labbé, IEP de Grenoble Document n°262 Représentativité syndicale : l'élaboration des indicateurs soulève des réserves Contestée par les syndicats les moins puissants au moment de son adoption, la loi du 20 août 2008 "portant rénovation de la démocratie sociale" continue d'inspirer de vives critiques et des angoisses quasi existentielles. La mise en application de ce texte est, en effet, une question de vie ou de mort : désormais, si une organisation de salariés recueille moins de 10 % des suffrages exprimés aux élections professionnelles dans une société, elle n'est plus considérée comme "représentative" et ne peut donc plus participer aux négociations. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() A l'échelon national interprofessionnel, c'est la même chose : un syndicat doit atteindre le seuil de 8 %, le ratio étant établi à partir de l'ensemble des résultats électoraux. Ceux-ci sont transmis à un centre qui a ouvert à Louviers (Eure) en début d'année. Géré par Extelia, un prestataire désigné par la direction générale du travail (DGT), il centralise et traite les procès-verbaux (PV) d'élections. Or la construction de ces indicateurs de représentativité, qui doit être bouclée fin 2012, soulève déjà des réserves. Lors d'un débat organisé fin septembre à Paris par l'association Réalités du dialogue social, René Valladon, secrétaire confédéral à Force ouvrière, a indiqué que plus de 70 % des PV collectés à ce jour comportaient des erreurs. D'où le risque, à ses yeux, d'un "contentieux lourd" et de grandes incertitudes sur l'évaluation du poids des syndicats. Le directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle, confirme le pourcentage d'anomalies tout en le relativisant. Il souligne que le dispositif mis en place veille à gommer les imperfections. Un certain nombre d'entre elles n'empêche pas de calculer l'audience électorale, explique Xavier Monmarché, responsable du pôle élection chez Extelia. Il peut s'agir, par exemple, d'un code postal erroné ou d'une faute d'orthographe sur le nom d'une société. D'après M. Monmarché, l'anomalie la plus fréquente, "et de loin", porte sur le code identifiant la convention collective dont dépend l'entreprise : bon nombre de directeurs des ressources humaines omettent de mentionner cette information dans le PV envoyé à Extelia. Lorsque l'erreur constatée nuit au calcul de l'audience électorale, un courrier est alors adressé à la société concernée ; les membres du bureau de vote ou les représentants des syndicats peuvent également être associés aux vérifications, d'après la DGT. Mais ces procédures ne rassurent pas entièrement M. Valladon. Il craint que la pertinence des résultats ne soit sujette à caution. Les mauvaises langues font remarquer que de telles critiques émanent avant tout des syndicats qui sont les plus menacés par la loi de 2008. Une chose est sûre : le sujet, particulièrement sensible, alimente soupçons et rumeurs. En août, certains syndicalistes ont cru que la DGT avait déjà bâti des chiffres provisoires sur la représentativité à partir des PV transmis. M. Combrexelle assure que rien de tel n'a été entrepris. Bertrand Bissuel Le Monde, Article paru dans l'édition du 10.10.10. - Du côté patronal La question de la représentativité n’est pas seulement posée pour les organisations de salariés. Le monde patronal est divisé et les dernières élections prud’homales ont vu l’essor, comme nous l’avons vu des acteurs de l’économie sociale. A cela s’ajoute, la division entre représentants des TPE/PME et ceux des grandes entreprises, mais également, un Centre des Jeunes Dirigeants qui ne cessent de vouloir faire entendre sa différence. Document n°263
Document n°264
2°) Conflits sociaux : où en est-on ? La France championne du monde de la grève ? Les analyses qui suivent en particulier sur la permanence des conflits « classiques » sont très largement redevables aux propos de P. Bouffartigues. a) La thèse du déclin des classes repérable par la modification de la nature des conflits sociaux sous l’effet du changement social : Les théories des nouveaux mouvements sociaux Les théories des nouveaux mouvements sociaux s’appuient généralement sur l’idée, que le mouvement ouvrier n’est plus l’acteur essentiel de nos sociétés. Elles reprennent le plus souvent à leur compte les analyses de R. Nisbet (1959) tentant de démontrer la fin des classes sociales. Document n°265 « Une (…) tentative de démonstration systématique de la fin des classes sociales a été imaginée pour la première fois par R. Nisbet selon qui cette fin proviendraît :
L. Chauvel, « Le retour des classes sociales », in Revue de l’OFCE, n°79, octobre 2001. Ces théories des nouveaux mouvements sociaux cherchent à déterminer quels seront les nouveaux enjeux susceptibles de générer de nouvelles mobilisations des individus. - Les modèles culturels Pour R. Inglehart, plus les sociétés satisfont les besoins élémentaires de leurs membres, plus ceux-ci cherchent à satisfaire des besoins non matériels. L’ère de prospérité des trente glorieuses a généré le développement de nouvelles valeurs post-matérialistes qui sont à la base de nouveaux enjeux politiques, économiques et sociaux et de nouveaux mouvements sociaux (défense de l’environnement, féminisme, antiracisme,...). |
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