télécharger 68.6 Kb.
|
La Théorie de la Régulation, le commun et la monnaie. Pierre Alary1 La Théorie de la Régulation place la monnaie au cœur de ses analyses dans un environnement théorique où elle occupe une place ténue. La monnaie est une institution fondamentale du capitalisme (Boyer 2004) ou encore une condition première de l’ordre marchand (Orléan 2002). Le phénomène monétaire valide des liens sociaux constitutifs2, à cheval sur de nombreux espaces de la vie société et liés aux logiques de dettes (Théret 2008), de confiance (Aglietta, Orléan 1998), etc. Ils reposent également sur des représentations communément partagées qui donnent un sens social aux pratiques. Partagée au sein d’un groupe, la monnaie traduit en un langage simple la complexité des relations sociales et elle homogénéise les comportements. Ce processus rend compatibles les pratiques à l’origine des dynamiques de développement des marchés et de division sociale du travail qui valident à leur tour la cohésion du groupe. Le concept de commun, Dardot-Laval (2013), est intimement lié à l’idée de partage, de pratiques communes et nous voulons démontrer qu’il offre un cadre analytique idoine pour établir l’essentialité de la monnaie. Ce cadre offre un autre éclairage, il ne s’oppose pas aux théories précitées et se fonde au contraire sur leurs apports. Le commun se définit par un acte social, « l’usage » partagé de biens (air, eau, etc), de valeurs (croyance, références, coutumes, etc.), d’institutions (lois, monnaie, etc.), par les membres d’une communauté. Le commun n’est pas un élément sur lequel se fixe une volonté, mais plutôt un usage partagé de ces éléments sans lequel la vie en société ne serait pas possible. Il repose sur des activités et seule la pratique d’un usage collectif peut décider de ce qui est commun. Parce que l’usage partagé de la monnaie valide des pratiques sociales, la monnaie s’inscrit dans l’espace du commun. « L’essence » de la monnaie, son essentialité, repose sur les valeurs partagées par les agents. Ils partagent une représentation monétaire (une vision simplifiée et abstraite qui norme des actes très différents), des pratiques se mettent en place et assurent la reproduction d’un système. Le commun a une expression collective et il est inappropriable, que la propriété soit publique ou privée. Cependant, il existe en même temps des espaces d’appropriation dans la monnaie (réserve de valeur par exemple) que les constructions juridiques survalorisent et étendent. Or l’appropriable n’aurait aucune signification si la monnaie ne s’exprimait pas, avant tout, dans l’espace du commun. L’appropriable pèse peu face au commun, mais elle donne aux possédants un pouvoir remarquable sur la société. Les exemples plus ou moins anciens de monnayages le montrent tout comme la crise bancaire de 2008. Pour démontrer l’appartenance « au commun » de la monnaie, notre analyse se penche sur les pratiques liées à la monnaie contemporaine et à l’origine de la division sociale du travail (DST). Parce qu’elle constitue un lien social fondamental, la monnaie permet la déconnexion entre la production et la consommation au sein du foyer. La monnaie met en œuvre un double jeu de dettes de la société envers l’individu qui valident des droits individuels sur la production des autres. De fortes interdépendances sont ainsi construites entre tous les membres d’une société. La monnaie permet également la commensurabilité de toutes les activités liées à la production et la consommation. Elle homogénéise tous ces actes en unité monétaire, ils deviennent comparables et font ainsi système. Enfin pour terminer le deuxième paragraphe, la monnaie permet une forme de synergie sociale, de coopération et la « force » d’une communauté dépasse largement la somme des actions individuelles de chacun de ses membres. Le troisième paragraphe se penche sur les différents niveaux d’abstraction qui traversent la monnaie. Son importance sociale change selon le niveau et, sans limiter la monnaie aux trois fonctions et au moyen de paiement, la grille d’analyse pour démontrer la « part » ténue de l’appropriable dans la monnaie et sa survalorisation dans nos économies contemporaines, repose sur ces quatre éléments. Cependant, pour éviter tout défaut d’interprétation nous aborderons ce travail par un paragraphe liminaire. Il situe le contexte socioéconomique et pour présenter succinctement le concept de commun. |
![]() | ![]() | «Face à l’arbitraire, se dresse le droit; et le rempart qui semblait de papier ne cède pas toujours au premier assaut de la force... | |
![]() | «premier» Keynes (1923) : une adhésion à la thèse de la monnaie transactionnelle 27 | ![]() | |
![]() | «La monnaie dans les théories économiques» in Cahiers Français Hors Série n°7, Janvier 2015, p. 80-81 | ![]() | |
![]() | «thésaurisation» qui consiste à amasser de la monnaie en dehors du circuit économique, c’est donc une fuite hors du circuit que Say... | ![]() | «arme nucléaire» protectionniste et provoquent un protectionnisme dramatique pour les économies. Fixe le dollar comme monnaie de... |
![]() | «Transition énergétique» dont le texte, même amendé par le Sénat, constitue un précieux soutien. Le résultat concret dépendra, pour... | ![]() | «côté de la théorie n'ont pas été à peu près autant de succès. En fait, «grande théorie» est toujours aussi influent et répandue... |