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吾 亦 如 是 汝 亦 如 是GO YAKU NYO ZE NYO YAKU NYO ZE Moi aussi je suis tel quel, toi aussi tu es tel quel. C'est l'unité profonde du maître et du disciple. Troisième partie : extraits des CR du 24/11/2012 (Genjôkôan) 1°) Mots clés du paragraphe 10 : a) Jô. 常 jô que j'ai traduit dans le paragraphe 10 par le mot "constant" peut être traduit par "la permanence", "la constance" ou "l'ordinaire". C'est un idéogramme composé de deux éléments. Au début de nos séances j'ai parlé de cinq groupes de kanji, là on est dans le quatrième groupe [cf le message "apprendre les kanji" dans la catégorie Kanji du blog] : – 巾 cette partie-là représente une pièce d'étoffe entière (au Japon ça mesure environ 10 m) d'où l'idée de la permanence est à prendre dans un sens très très long – ![]() Tracé de jô : ![]() ![]() b) Jôju 常住. Dans votre texte vous trouvez le terme 常住 jôju car souvent pour souligner la constance on ajoute ju à jô. Ce terme ju vous concerne également puisque 住寺 juji c'est l'abbé d'un monastère ou d'un temple. 住 jû est un idéogramme composé de deux éléments : le radical c'est l'homme 人 et le corps du caractère 主 c'est un idéogramme qui représente initialement la flamme d'une bougie sur le bougeoir donc ça dure, ça demeure. D'où 住 ju en tant que verbe signifie « demeurer habiter… », et 住寺 juji c'est celui qui habite le temple de façon constante c'est donc l'abbé. Tracé de 住 ju : ![]() c) Mujô. 常 jô c'est donc la permanence, et pour nier on ajoute l'adverbe de négation 無 mu ce qui donne 無常 mujô l'impermanence. 無 (mu en lecture on) est un idéogramme composé, et le point de départ de cet idéogramme représente un homme caché derrière un paravent, le reste est aussi un homme qui danse avec des ornements à la main, mais ça c'est transformé et c'est devenu presqu'un symbole. ![]() Dans les temples zen il y a souvent des calligraphies de mu faites par les maîtres zen. ► Oui mais sur les calligraphies ça ne ressemble pas du tout au caractère 無 mu. Y O : Oui parce que c'est une peinture. D'ailleurs moi je ne suis pas capable de calligraphier, il faut s'entraîner à la calligraphie et on stylise énormément jusqu'à ce qu'on ne distingue plus. Mu : ![]() ![]() d) Comparaison des trois caractères de négation : 無 MU, FU, 非 HI. Vous connaissez déjà deux autres adverbes de négation : fu dont le sens étymologique c'est le bouton d'une fleur et puis 非 hi dans le sens étymologique de deux ailes qui s'écartent. Donc vous avez trois caractères de négation. Ce sont trois synonymes mais chaque mot a sa propriété, a un sens spécifique, il n'y a jamais de synonymes parfaits. Donc il est important que vous saisissiez le sens de chaque caractère : bouton de fleur ; ailes écartées ; l'homme qui danse caché derrière un paravent : – 無常 MUJÔ c'est : il n'y a pas la permanence – FUJÔ n'existe pas. – 非常 HIJÔ existe et ça désigne « ce qui n'est pas de l'ordre de la permanence » et si vous avez l'occasion d'aller au Japon vous verrez que 非常口: hijô guchi désigne la sortie de secours (口 désigne la bouche mais aussi la porte) parce qu'ici hijô désigne quelque chose qui n'est pas de l'ordre de l'ordinaire, c'est de l'ordre de l'extraordinaire dans le sens négatif car c'est urgent : donc c'est la sortie d'urgence. Le sens négatif est infiniment plus fort avec hi qu'avec mu ou fu. Avec hi on se situe à un niveau différent, on peut parler d'un saut qualitatif. ► On a vu la même différence fushiryô et hishiryô puisque hishiryô qui désigne « ce qui n'est pas de l'ordre de la pensée » alors que fushiryô veut dire qu'il n'y a pas de pensée. Y O : C'est pour cela que quand il y a mu le non-dualisme est possible, on peut combiner avec l'opposé : jô et mujô ce sont deux qui ne font qu'un, permanence et impermanence en réalité ne doivent faire qu'un. P F : Mujô se présente donc en dualité avec jô et on peut se dire que au-delà de la dualité jô et mujô sont réunies dans un même bateau alors que pour hijô on ne peut pas parler de dualité avec jô, ce n'est pas du même ordre. e) Le contraire de mu c'est u. ► Comment est-ce qu'on écrit « il y a » ? Y O : Il y a c'est 有 u. Si vous connaissez un peu le Shôbôgenzô il y a le texte intitulé 佛性 Busshô (La nature de l'Éveillé), et dans ce texte il y a beaucoup de jeux de mots entre mu et u. ► Puisque u correspond à « il y a » qui veut dire en quelque sorte « c'est », est-ce que 有u correspondrait alors au verbe être ? Je pense à ça parce que dans le Shôbôgenzô il y a le texte intitulé 有時 Uji dont le titre est souvent traduit par "Être-temps". Y O : Là je ne suis pas d'accord, c'est-à-dire que si on veut utiliser le verbe être, dans ce cas-là il faut prendre « être là » car ce n'est pas le "être" métaphysique. En allemand ça correspond à la différence entre sein et dasein (être et être-là). Traduire 有u par être, moi je dis que c'est un contresens, en revanche "être là" c'est bon. 2°) Le terme « Naissance et mort » désigne le samsâra. On va écrire 生死 shôji "naissance et mort" qui désigne le samsâra. [Note : 生死 shôji (et non shôshi car le son shi devient sonore] Le terme 生 shô a plusieurs sens c'est naître mais c'est aussi apparaître ou vivre. Ce qui est important c'est l'étymologie : 生 shô est un idéogramme composé : il y a la terre 土 et une autre partie de l'idéogramme représente initialement une jeune pousse. Donc la conception de l'apparition de la vie en Extrême-Orient, en tout cas dans le domaine sino-japonais, c'est une jeune pousse qui apparaît. C'est donc très lié à la nature. Si vous ajoutez à 生 la clé 忄qui est la simplification du cœur 心 alors 性 shô désigne la nature au sens de l'essence. Ainsi 佛性 busshô désigne la "nature de l'Éveillé". Tout à l'heure on verra la "nature du vent". 死 shi (la mort) est un idéogramme composé : ce côté-là 匕 représente l'homme et là 夕 c'est un morceau d'os. Donc shôji c'est le samsâra. C'est le titre d'un texte du Shôbôgenzô. |
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