Atelier Shobôgenzô








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Atelier Shobôgenzô à l'Institut d'Études Bouddhiques du 21 janvier 2013.

Animé par Yoko Orimo.

Deuxième partie de Udonge

Ceci est la transcription de la majeure partie de la séance du 21 janvier. Les choix de transcription sont les mêmes que pour le compte-rendu précédent. Il peut y avoir des erreurs en particulier au niveau de la transcription des poèmes de la fin.

Ce compte-rendu est mis sur le blog  http://www.shobogenzo.eu.

Le plan est donné en début de séance.

Christiane Marmèche

Y O : Ce soir c'est le deuxième atelier consacré à Udonge (La Fleur d'Udumbara). Et voici le programme de la soirée qui comporte quatre parties :

– en première partie nous allons faire la suite de la lecture du texte au premier niveau c'est-à-dire dans le sens littéral et concret ;

– dans la deuxième partie je voudrais vous initier à la lecture au second niveau c'est-à-dire dans le sens figuré, métaphorique et en l'occurrence doctrinal. Pour cela j'ai fait une fiche complémentaire : « La métaphore filée de la végétation » où j'ai fait une liste non exhaustive qui comporte donc les herbes, les fleurs, la graine etc. Et ceci concerne l'ensemble des textes bouddhiques extrêmes orientaux c'est-à-dire des textes qui ont été écrits, traduits en Chine, en Corée et au Japon. Cela tisse l'arrière-plan littéraire culturel mais aussi doctrinal et philosophique. Grâce à cette fiche complémentaire vous allez voir un autre aspect infiniment plus profond du même texte Udonge. Cette méthode peut être appliquée à n'importe quel texte du bouddhisme sino-japonais. Après avoir fait cette lecture au deuxième niveau vous pourrez faire le sens plénier c'est-à-dire l'unité du sens concret et du sens métaphorique ;

– en troisième partie nous allons essayer de répondre aux trois premières questions qui sont posées dans le guide de travail :

– en quatrième partie je vous ai demandé de composer un poème à l'instar de maître Nyojô. C'est une figure imposée comme le patinage artistique : il faut utiliser les deux expressions : fleur et "dépouillement du corps et du cœur".

Première partie : suite de la lecture de Udonge

Le programme est riche et nous allons commencer la suite de la lecture au premier niveau c'est-à-dire dans le sens littéral et concret, le texte dans sa surface.

Dans le texte Udonge il y a trois parties. Nous avons vu la dernière fois la première partie qui est appuyée sur l'extrait de l'apocryphe chinois et nous passons à la suite.

I) La deuxième partie de Udonge (paragraphes 7 à 10)

La deuxième partie commence par la parole de l’Éveillé-Shâkyamuni tirée du Sûtra du Lotus.

Voici la citation : « L'Éveillé dit : "C'est comme la fleur qui fait les délices de tous les êtres" »

Le Sûtra du Lotus a joué un rôle capital dans le bouddhisme sino-japonais (Chine, Japon et Corée). On va donc s'arrêter un certain temps sur ce corpus.

1°) Le Sûtra du Lotus ; la citation.

a) Les traductions en français du Sûtra du Lotus.

Il y a deux traductions en français du Sûtra du Lotus.

D T : Les deux se trouvent à la bibliothèque de l'I E B, donc dans les locaux où nous sommes.

– Eugène Burnouf. Le Lotus de la Bonne Loi : Traduit du sanskrit, accompagné d'un commentaire et de vingt et un mémoires relatifs au Bouddhisme. Paris 1852 (Imprimerie Nationale).

– Jean-Noël Robert, Le Sûtra du Lotus suivi du Livre des sens innombrables et du Livre de la contemplation de Sage-Universel, Paris, Fayard, 1997.

Y O : E. Burnouf a traduit directement du sanskrit en français au XIXe siècle. On dit que c'est une traduction magistrale. À l'époque il n'y avait pas d'outils d'études.

D T : Dans le livre de Burnouf il y a la traduction, et il y a aussi des commentaires qui sont assez basiques mais intéressants. Cette traduction est l'une des premières traductions de textes sanskrits. Burnouf est le père des études bouddhiques. C'est le tout premier à avoir compris qu'il y avait une seule et même religion qu'on pouvait appeler bouddhisme et non pas : religion de Fo (ou Foe) en Chine, religion de Xaca (= Śākya[muni]) au Japon, religion de Nocodom (?...) en Asie du sud-est, religion de Sagamoni [Ṥākyamuni] à Ceylan Le travail de Burnouf n'a pas tant été d'unifier l'appellation du bouddhisme que de confirmer que ces différentes appellations évoquaient toutes un seul et même fondateur : le Buddha Ṥākyamuni, et qu'il était bien d'origine indienne.

Y O : Burnouf a donc fait une traduction directe à partir du sanskrit et sa traduction est différente de celle faite par J-N Robert qui est basée sur la traduction chinoise réalisée par Kumârajîva.

Si vous êtes intéressé par ce corpus majeur je vous conseille de lire au moins la préface de Jean-Noël Robert (p. 9-40) qui est très concise et qui vous donnera beaucoup d'informations.

Le Sûtra du Lotus est un des rares sûtra dont le manuscrit original en sanskrit soit conservé. C'est pourquoi M. Burnouf a pu réaliser la traduction directe du sanskrit en français. Comme d'habitude il il y a une différence notable entre le manuscrit original en sanscrit et la traduction en chinois.

Le livre d'Eugène Burnouf se trouve en deux versions sur internet : 1) une version scannée est consultable sur : http://www.archive.org/stream/MN40239ucmf_2#page/n5/mode/2up ; 2) le texte avec notes est sur http://fr.wikisource.org/wiki/Lotus_de_la_bonne_loi, on peut faire un copié-collé

b) La formation du Sûtra du Lotus.

Il n'y a pas de datation officielle mais les spécialistes situent la formation du Sûtra du Lotus aux alentours du Ier, IIe siècle de notre ère, non pas d'un seul bloc mais à travers plusieurs étapes de compilation.

Ce qui est sûr c'est que Nâgârjuna 龍樹, qui est d'origine brahmane, originaire de l'Inde du Sud, et fondateur du Madhyamika (la Voie du Milieu), citait déjà dans ses écrits le Sûtra du Lotus. Et comme il était du IIe, IIIe siècle, forcément la formation du Sûtra du Lotus est d'époque antérieure.

c) Les traductions chinoises.

Initialement il existait six versions différentes, mais en réalité seulement trois ont été conservées et elles sont recueillies dans le canon Taishô au Tome 9 où elles sont dans l'ordre suivant avec les numéros de corpus respectifs 262, 263 et 264 :

– la traduction de Kumârajîva qui est la plus importante est la meilleure. Elle surpasse la valeur du texte original en sanskrit. Elle date de 406. Quand on parle de Sûtra du Lotus c'est forcément à cette version-là qu'on fait référence. Le titre intégral c'est Myôhô Renge Kyô 妙法蓮華經.

– la traduction suivante a été réalisée par Dharmaraksha un moine indien, en 286 donc à une époque antérieure. Il y a énormément de différences entre les deux traductions. Le titre de cette version est Shô-hokekyô 正法華経, le « Sûtra du lotus de la Loi correcte ».

– la troisième traduction n'est qu'une copie de la traduction faite par Kumârajîva : elle s'appelle d'ailleurs Tembon-Myôhô Renge Kyô 添品妙法蓮華經 les deux premiers caractères 添品 voulant dire que c'est un sûtra complémentaire. Elle a été réalisée en 601 par deux moines indiens Jnânagupta et Dharmagupta.

Ces trois traductions sont donc recueillies dans le canon Taishô dans un ordre qui n'est pas chronologique car l’ordre y est établi non en fonction de la date mais en fonction de l'importance du corpus. En effet le placement des corpus dans le Canon n'est pas forcément chronologique.

► Je suis étonné que ce soit fait par des moines indiens qui écrivent en chinois.

Y O : Oui, mais j'ai expliqué que lorsque Kumârajîva a fait la traduction il avait sans doute une centaine de collaborateurs chinois, indiens etc. On dit même qu'il n'était pas forcément capable de parler et d'écrire en chinois. Ce sont des moines chinois qui l'ont aidé mais au niveau de la conception c'est Kumârajîva, et il est génial.

d) Le nom de ce sûtra.

Nous avons vu que le sûtra est nommé Myôhô Renge Kyô 妙法蓮華經 mais en abrégé ça devient Hokekyô 法華経 en enlevant trois caractères. Ces cinq caractères sont les suivants :

kyô 經 c'est le sûtra ;

ge 華la fleur mais renge 蓮華 c'est la fleur de lotus en japonais et en chinois, c'est pour cela qu'il s'appelle le sûtra du lotus ;

法 c'est la loi ;

– le premier caractère myô 妙 est un adjectif assez polysémique qu'on peut traduire par sublime, merveilleux ou mystérieux et même mystique.

Donc le titre intégral c'est « le sûtra de la fleur de lotus de la loi sublime » et en abrégé c'est Hokekyô 法華経 par convention : « le sûtra du lotus ».

e) Maître Dôgen et le Sûtra du Lotus.

Une autre chose que je voudrais dire c'est que maître Dôgen utilise ce titre hokekyô à la fois dans le sens concret, donc littéral initial et donc « le sûtra du lotus », mais il l'utilise aussi dans le sens figuré, métaphorique : « fleur de la Loi ».

Il y a un texte du Shôbôgenzô qui est intitulé Hokke ten hokke 法華轉法華 « Le Lotus, Fleur de la Loi tourne le Lotus, Fleur de la loi ». C'est un texte magnifique que j'ai publié dans le tome 4.

f) Le Sûtra du Lotus comme texte fondateur de l'école Tendai.

Le fondateur de l'école Tendai 天台 (Tientai en chinois) est Tendai Chigi 天台智顗 (Tientai Zhanran en chinois), un moine chinois du VIe siècle (538-597) qui a placé au sommet de tous les enseignements bouddhiques ce Sûtra du Lotus. C'est lui le fondateur de toutes les doctrines de l'école Tendai et c'est dans cette école que maître Dôgen a fait ses études pendant cinq ou six ans. En effet il n'a pas commencé ses études bouddhiques à partir de l'école zen mais dans l'école Tendai au mont Hi.ei. Donc le fondement de sa connaissance bouddhique vient de l'école Tendai. Et le Sûtra du Lotus est le corpus le plus fréquemment et le plus massivement cité dans le Shôbôgenzô. Chez maître Dôgen il y a un amour exceptionnel à l'égard de ce sûtra. Simplement il ne fonde pas sa pensée, sa doctrine, sur un seul sûtra particulier contrairement à la tradition de l'école scripturaire.

Vous connaissez sans doute l'opposition entre zenshu 禅宗 et kyôshu 教宗. Le caractère shu 宗 veut dire école. Donc zenshu 禅宗 c'est l'école zen dont le fondement est la pratique de zazen ; et comme le caractère kyô désigne l'enseignement mais surtout l'enseignement écrit, kyôshu 教宗 désigne l'école qui fonde la doctrine sur les Écritures, et souvent même sur un seul sûtra. Ainsi dans l'école Tendai où maître Dôgen a fait ses études c'est le Sûtra du Lotus ; dans l'école Kegon 華厳 (école de l'ornementation fleurie) c'est Kegonkyô 華厳経 (Le Sûtra de l'ornementation fleurie).

Mais ce que j'ai dit est un peu schématique puisque dans l'école zen on se fonde aussi sur des sûtra et que dans l'école scripturaire kyôshu il y a aussi de la pratique. L'école zen L'école zen ne prend pas pour fondement l'autorité des sûtras. C'est pourquoi l'autorité du maître prend beaucoup d'importance : c'est le rapport entre le maître et le disciple qui remplace l'autorité scripturaire.

Et l'attitude de maître Dôgen c'est ni… ni… : il n'est ni dans le camp de l'école zen quand elle s'oppose aux écoles scripturaires, mais il n'est pas non plus dans le camp de l'école scripturaire dans le sens qu'il ne fonde pas sa pensée sur un sûtra particulier ni même sur plusieurs. Ce qui est important pour maître Dôgen c'est toujours la Voie de l'Éveillé qui est fondée sur le canon bouddhique c'est-à-dire la totalité des Écritures. Il cite tous les traités et toutes les Écritures du Petit Véhicule, du Grand Véhicule, de l'école tantrique… Maître Dôgen n'est pas sectaire.

► Dôgen choisit la voie du milieu entre école zen et école scripturaire ?

Y O : Non, il fait l'unité. Ce qui est important chez maître Dôgen c'est que pour lui toutes les écoles comptent. Et s'il est mis à part, lui-même attaque tout le monde aussi !

g) Le contexte de la citation faite dans Udonge.

Il y a donc un petit extrait du Sûtra du Lotus dans Udonge et ça vaut la peine de le situer dans le contexte. Il est tiré du chapitre 2 du Sûtra du Lotus qui s'appelle Hôben bon (« Expédients salvifiques ») où l’Éveillé-Shâkyamuni révèle à Shâriputra, son premier disciple par la sagesse, combien sa sublime Loi est difficile à rencontrer et qu’elle ne peut être compréhensible que pour les éveillés. (Note 22).

Voici la traduction faite par Jean-Noël Robert (en sachant que le mot Udonge que j'ai traduit à moitié par « fleur d'Udumbara », J-N. Robert l'a traduit par « figuier sauvage ») :

« En d'innombrables et incalculables âges cosmiques, entendre cette Loi est aussi difficile ; quelqu'un capable d'écouter cette Loi, de telles gens aussi sont difficiles à trouver. Comparés à la fleur du figuier sauvage qui fait les délices de tous, rare chez les dieux et les hommes, n'apparaissant qu'une fois de temps en temps, ceux qui, à entendre la Loi, exultent et la louent, ne serait-ce que d'un seul mot, cela revient à avoir fait offrande à l'ensemble des Éveillés des trois âges, et de telles gens sont très rares, plus encore que la fleur du figuier sauvage. »

Ce passage souligne la rareté des choses.

2°) Lecture de Udonge (paragraphe 7 à 10).

Paragraphe 7.

« L’Éveillé dit : « C’est comme la fleur d’Udumbara, qui fait les délices de tous les êtres. » Ceux qui sont appelés tous les êtres sont les éveillés et les patriarches qui manifestent leur corps et qui cachent leur corps. C’est l’être-là de la claire Lumière qui demeure de lui-même dans les herbes, les arbres et les insectes. « Qui fait les délices de tous les êtres » veut dire qu’à ce juste moment se vivifient la peau, la chair, les os et la moelle de chaque être. S’il en est ainsi, tous les êtres ne sont autres que la fleur d’Udumbara, et c’est pourquoi il est dit qu’elle est rare. »

Y O : Maître Dôgen reprend le mot « rare » qu'on trouve dans le texte initial.

Pour l'instant restons dans l'apparence du texte sans chercher trop à comprendre.

► Il y a opposition entre ceux qui manifestent leur corps et ceux qui le cachent.

Y O : Oui. Il y a le jeu de se cacher et de se manifester.

► La peau se vivifie et il y a la claire lumière.

► « L'être-là de la claire lumière » : est-ce que « l'être-là » désigne ce qui est employé pour décrire la réalité telle qu'elle est ?

Y O : Non, c'est « il y a » dans le sens de « être-là ». C'est le caractère u 有 qui s'oppose à mu 無 (« il n'y a pas »). Il y a beaucoup de jeu de caractères sur u et mu dans le texte Uji 有時, dans le titre peut être traduit par « le temps qui est là » ou « le temps qu'il y a ».

► Et il y a l'oxymore à la fin du paragraphe.

Y O : Oui on va le voir dans la troisième partie de la séance.

Pour l'instant ce texte est énigmatique mais on verra plus clairement ensuite ce que cela veut dire.

Paragraphe 8.

« Cligner l’Œil désigne le moment où l’Éveillé-Shâkyamuni, assis sous un arbre, changea son œil pour l’étoile du matin. C’est à ce moment-là que l’honorable Kâçyapa lui adressa un sourire. Son visage fut aussitôt transformé et changé par le visage de la trituration d’une fleur. Au moment où l’Ainsi-Venu cligne l’Œil, nos yeux se perdent aussitôt. Ce clignement de l’Œil de l’Ainsi-Venu n’est autre que la trituration d’une fleur. C’est le cœur de la fleur d’Udumbara qui s’ouvre de lui-même. À ce-juste-moment-tel-quel de la trituration d’une fleur, tous les Gotama, tous les Kâçyapa, tous les êtres et nous tous tendons ensemble la main, et triturons ensemble une fleur, et cela n’a jamais cessé jusqu’à présent. Comme il y a encore la concentration de soi qui cache son corps dans la paume de la main, on appelle (ce corps) les quatre éléments et les cinq agrégats. »
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