Retraite de carême à la paroisse saint-léon de paris








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RETRAITE DE CARÊME À LA PAROISSE SAINT-LÉON DE PARIS

MARDI 9 FÉVRIER 2016

Homélie
Frères et sœurs, vous venez d’entendre un extrait de la magnifique prière du roi Salomon pour la dédicace – c’est-à-dire l’inauguration – du Temple de Jérusalem. Ce Temple – demeure de Dieu sur terre – n’existe plus comme édifice ; il a été détruit à plusieurs reprises, la dernière fois il y a bientôt deux mille ans. Mais si ce Temple de pierre a été démoli, un autre est toujours là et celui-ci n’est pas prêt à disparaître, malgré son extrême fragilité. Ce Temple est l’Homme ; son sanctuaire – le Saint des saints – est l’Église, communauté des enfants de Dieu en attente de l’avènement du Règne de leur Père. Si vous ne me croyez pas – on ne sait jamais quelle hérésie ce schismatique pourrait bien proférer –, écoutez alors saint Paul : « Nous, en effet, nous sommes le sanctuaire du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit lui-même : “J’habiterai et je marcherai parmi eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple” » (2 Co 6, 16).
On m’a chargé de vous engager dans une mission singulière le temps du Carême. C’est bien que vous vous êtes remémoré aujourd’hui la dédicace du Temple, parce qu’il y a urgence d’agir pour celui qui subsiste afin qu’il ne lui arrive pas la même chose qu’au premier. Je vous propose donc un emploi complémentaire, en CDD, pour les quarante jours à venir : le contrat d’homme ou de femme de ménage. Mais ne vous en offusquez pas, c’est un métier très noble ! Il convient à tous et spécialement à ceux qui ont une haute estime d’eux-mêmes. Votre travail sera de nettoyer de fond en comble le Temple de Dieu. Comme celui de pierre n’existe plus, nous allons purifier celui de chair qui, miraculeusement, malgré tous les efforts pour le détruire, est toujours là. Ceux qui sont soulagés, en pensant que rien n’est plus facile, seront déçus. Il vous faudra plus d’efforts, plus de persévérance et plus d’ingéniosité qu’à Hercule pour le nettoyage des écuries d’Augias. Une bonne dose d’humilité est indispensable. À ceux qui se disent : « Pourquoi devons-nous croire ce Russe qui prêche comme un Américain ? », je cite saint Paul : « Mes bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit ; achevons de nous sanctifier dans la crainte de Dieu » (2 Co 7, 1).
Mes futurs amis – si vous m’autorisez à vous appeler ainsi, dans l’espoir que nous le deviendrons au bout de ces cinq soirées passées ensemble –, je me fais votre avocat et vous résume le contenu de la lettre de mission pour ce CDD de quarante jours. Votre tache, pendant le Carême, ne consistera pas dans « le lavage de coupes, de carafes et de plats », ni dans les ablutions rituelles et les autres pratiques cultuelles dont l’utilité relative et la signification mineure sont dénoncées dans l’Évangile de ce jour (Mc 7, 1-13). Vos obligations sont les suivantes : 1) retrouver er ressortir les engagements signés avec Dieu, c’est-à-dire vos promesses de baptême, et dépoussiérer votre foi ; 2) faire de l’ordre dans vos cœurs et vos pensées pour enlever le superflu et ainsi dégager de la place pour l’Esprit Saint ; 3) soulager vos ventres et vos frigos : cela fera du bien à vous-mêmes et à la planète. Telles sont vos principales missions pour le Carême.
Quel salaire recevrez-vous ? Aucun ! Ce travail est bénévole. Mais vous y ferez grandir la connaissance de vous-mêmes : le jeûne vous apprendra vos limites ; l’abstinence vous exercera au combat avec les passions ; la charité vous enseignera à renier soi-même et la prière vous dévoilera l’amour de Dieu. Au bout de ces quarante jours, vous n’aurez aucun salaire – le salut ne s’achète pas, il vous est déjà acquis par le sang du Fils de Dieu –, mais vous aurez accru votre expérience. Comme dans les jeux de rôle de vos enfants : vous progresserez de niveau, vous serez un adversaire plus coriace pour toutes sortes de démons et vous affronterez plus impassiblement les épreuves.
Êtes-vous prêts pour cette expérience ? Que Dieu bénisse vos résolutions, qu’il fructifie vos efforts et qu’il compense vos lacunes par sa grâce.

MERCREDI DES CENDRES 10 FÉVRIER
Homélie
Frères et sœurs, le prophète Joël veut que vous déchiriez votre cœur. Certes, il ne s’adresse pas à vous immédiatement, mais aux habitants de la Judée, ravagée par une invasion de sauterelles. Mais l’Église du Christ, nouvel Israël ou plutôt le même peuple élu qui comprend désormais non seulement des Hébreux, mais aussi des Grecs, des Romains, des Français, des Russes, bref, tous les hommes de bonne volonté, cette Église reste à l’écoute des Prophètes, parce qu’elle croit que l’Esprit Saint était avec eux. Donc, « déchirez vos cœurs » (Jl 2, 13), vous dit l’Esprit Saint. Qu’il me soit permis de poursuivre dans l’analogie anatomique et vous inviter ce soir à déchirez votre cœur tout en respirant à deux poumons. Le pape Jean-Paul II vous y encourageait ; il parlait, évidemment, du poumon oriental et occidental de l’Église du Christ que des circonstances historiques tragiques ont séparé, mais qui sont restés unis sur l’importance qu’ils accordent au Carême dans la vie de chrétien.
Ce soir du Mercredi des Cendres, nous avons la chance d’être réunis, vous, paroissiens catholiques de Saint-Léon, avec vos formidables pasteurs, et moi, prêtre de l’Église orthodoxe russe, pour déchirer nos cœurs ensemble. Nous allons le faire à deux poumons, parce que j’ai prévu d’aborder deux sujets. L’un m’a été suggéré par votre Curé. L’autre vient de moi. À la fin je vous dirai peut-être lequel appartient à qui. Ne m’en voulez-pas pour ce suspens : chacun fait comme il peut pour la captatio benevolentiae.
Le premier appel : persévérer dans les bonnes œuvres. C’est le thème favori des prophètes. L’appel déchirant de Joël que vous venez d’entendre est une réaction à l’infidélité d’Israël. Ce prophète de la pénitence dénonce l’inconstance du peuple élu, incapable de persévérer dans le respect de l’alliance conclu avec le Très-Haut. Et il n’est pas le seul. Le psaume 50 que vous venez de réciter, exprime le regret de David de s’être écarté de la voie de la justice. Toute l’histoire d’Israël est une succession des chutes et des conversions, innombrables. La constance a cruellement manqué aux Hébreux ; vous en connaissez les conséquences. Il est donc important que nous en tirions leçon et qu’en ce début du Carême nous nous concentrions sur la vertu de la constance, ce qui signifie concrètement aller jusqu’au bout de nos engagements et de nos résolutions. Je vous rappelle les admirables paroles de saint Paul au sujet de la persévérance : « La persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 4-5).
Le second appel : s’approprier la grâce. Vous avez entendu saint Paul dans la seconde lecture vous exhorter « à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu » (2 Co 6, 1). Quelle est cette grâce ? Ce sont le Fils et l’Esprit. Le Père nous les a donnés en signe de son amour pour nous réconcilier avec lui. « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie “Abba !”, c’est-à-dire : Père ! » (Gal 4, 4-6). Selon le remarquable théologien russe qui a trouvé refuge en France, Vladimir Lossky, « la Trinité habite en nous et nous déifie, nous confère ses énergies incréées, sa gloire, sa divinité qui est la Lumière éternelle à laquelle nous devons participer ». Dieu nous offre la possibilité d’être un avec lui. À nous de décider si cette grâce sera suivi d’effet ou non.
Voilà les deux appels que nous vous lançons ce soir : persévérer dans les bonnes œuvres et s’approprier la grâce. Ils viennent des représentants de deux poumons de la chrétienté et sont les deux clefs qui ouvrent les portes du Royaume de Dieu. Finalement, je ne vous dirai pas qui est derrière quelle invitation pour deux raisons : premièrement, je vous crois capables de le deviner ; deuxièmement, pour souligner notre unité. En effet, nous nous reconnaissons tous les deux dans l’une et l’autre ; nos témoignages se rejoignent. Le soir où saint Paul vous invite à la réconciliation, nous n’allons pas accentuer les distinctions ; au contraire, votre curé et moi vous offrons un exemple de la bonne entente entre les deux poumons de l’Église et vous invitons à le suivre pour que la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ – qui vous attend à la fin de ce Carême – parvienne aux oreilles de tous les habitants du monde.
JEUDI 11 FÉVRIER
Homélie
Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Pourquoi cette fatalité ? Pourquoi le Christ devait-il souffrir et mourir d’une mort violente ? N’y avait-il vraiment aucune autre solution ?
Si, une autre solution existe toujours. Rien n’est jamais fatal.
Le destin du Christ n’est pas une contrainte, mais un choix. Ce n’est pas le choix du Sanhédrin juif, ni du tribunal de Pilate, ni du traître Juda. C’est le choix du Fils lui-même, de son Père et de l’Esprit. Quelle en est la raison ? Une seule : l’amour. C’est pour cette seule raison, croyons-nous, que l’univers existe ; c’est la raison, pour laquelle Jésus de Nazareth est mort sur la Croix. Ce qui a commencé avec la création du monde s’est achevé au Golgotha : il s’agit de la mort de Dieu. Pour que le monde existe, Dieu a accepté de ne pas être tout. Pour que l’homme puisse à nouveau être uni à la divinité, être la même chose que Dieu, le Fils est devenu homme et il a montré jusqu’où peut aller l’amour de Dieu en mourant sur la Croix pour les hommes, tué par les hommes. « Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5, 6-8).
La seule réponse digne d’une telle preuve d’amour est le don de soi : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Lc 9, 23). « Dieu a consenti par amour à ne plus être tout pour que nous fussions quelque chose ; il faut que nous consentions par amour à n’être plus rien afin que Dieu redevienne tout » (Gustave Thibon, en interprète de la pensée de Simone Weil). Simone Weil : « On ne peut offrir que le moi. Sinon tout ce qu’on nomme offrande n’est pas autre chose qu’un étiquette posée sur une revanche du moi ».
Pour résumer, je vais vous citer un formidable saint orthodoxe russe du XIXe siècle, Philarète Drozdov, qui pendant plus de cinquante ans fut évêque de Moscou et un vrai ami des chrétiens d’autres Églises ; il disait au sujet de la mort de Jésus : « L’amour du Père crucifie.
L’amour du Fils est crucifié.
L’amour de l’Esprit triomphe par la force de la croix. C’est ainsi que Dieu a aimé le monde ! »

VENDREDI 12 FÉVRIER
Homélie
« Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. »
Frères et sœurs, pensez-vous que ces jours sont venus ? Le temps des noces est-il fini ? L’Époux a-t-il été enlevé ?
Pour ma part, je crois que non. Notre époque n’est pas celle du deuil et l’Époux ne nous a pas été ôté. Ou plus exactement, l’Époux nous a effectivement été ravi, pendant quelque temps, par ceux qui l’ont arrêté, condamné et mis à mort. Mais il est revenu. Je pense que, dans ces paroles, le Seigneur Jésus fait allusion précisément à ces jours qu’il a passés en prison, puis dans le tombeau. Mais, ni les scellés posés sur son sépulcre, ni les gardes postés devant la pierre de son tombeau, ni surtout les lois de la nature altérés par notre péché et notre mal n’ont pu le retenir dans les ténèbres de la mort. Jésus le Christ, l’Époux de l’Église, est « sorti du tombeau comme d’une chambre nuptiale », il a retrouvé ses disciples pour ne plus jamais se séparer d’eux.
Mais alors, si l’Époux est là, pourquoi jeûnons-nous ?
Pour plusieurs raisons, dont voici les plus importantes : d’abord, en souvenir de la Passion et de la mort du Seigneur ; puis, pour apprendre à maîtriser la partie charnelle de notre nature ; enfin, pour anticiper notre état dans le Royaume des cieux.
Ce qui est important, c’est que nous le fassions non pas pour notre bien-être personnel, même si je souhaite de tout cœur que chacun de vous soit épanoui, heureux et en bonne santé, mais pour notre Époux commun et pour ceux qui sont ses amis : les opprimés, les pauvres, les sans-abris, les affamés.
En le servant lui et nos frères nous pouvons lui offrir notre vie comme il nous a offert la sienne. De cet échange des dons, des énergies, des volontés, jaillit notre salut, la vie nouvelle, qui succède aux ténèbres du tombeau.


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