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date de publication08.10.2017
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« SEGREGATION SOCIALE ET HABITAT »


François Madoré

Problématique de géographie sociale au regard des politiques publiques de l’habitat et de l’urbanisme.

  1. Présentation générale de l’ouvrage




  1. Présentation de l’auteur


François Madoré est professeur à l’Institut de géographie de l’Université de Nantes et chercheur orienté sur le thème « Espaces géographiques et sociétés ».

C’est dans le prolongement de ses recherches que l’auteur a entrepris des travaux sur la « ségrégation sociale et l’habitat ». Il en résulte l’analyse présentée dans l’ouvrage, qui est publiée depuis mai 2004.


  1. Fondements de l’analyse


L’étude de François Madoré part du postulat selon lequel « un lien fort associe l’inégale répartition des catégories sociales et celles des caractéristiques du parc de logement ». En effet, on constate que depuis l’époque industrielle, et surtout à notre époque contemporaine, la ségrégation est devenue nettement plus marquée au sein des villes. L’espace géographique des villes françaises va alors être utilisé comme une grille de lecture de la société pour tenter d’éclaircir le lien entre division sociale et habitat. Cette analyse géographique justifie sa pertinence en ce que le lieu de résidence est un des attributs sociaux des individus qui participe, d’une part, à la construction de l’identité sociale et, d’autre part, à la reproduction sociale.

Cette problématique de géographie socio-résidentielle est ciblée par l’auteur depuis le début des années 1990. Elle s’inscrit dans le contexte d’un encadrement législatif exponentiel relatif au droit au logement (et du devoir de solidarité nationale qui en découle), notamment avec les lois LOV et SRU (cf II.). Les politiques publiques qui ressortent de ces textes vont alors être intégrées dans le travail de décryptage entrepris par François Madoré dans son analyse.

L’enjeu de cet ouvrage, au regard de son contexte, est semble-t-il d’appréhender, dans un premier temps, les configurations socio-spatiales de l’espace urbain au regard des indices habitat et population. Dans un second moment, il s’agit d’identifier les mécanismes à l’œuvre dans la mise en place, la permanence, ou, au contraire, l’effacement de ces configurations. Cela est réalisé à travers les politiques publiques de l’habitat et de l’urbanisme engagées par les acteurs sociaux, ayant pour but de réguler les déséquilibres socio-territoriaux marqués dans la ville, et donc remédier à la ségrégation sociale.

Pour parvenir à dresser un état des lieux géographique à travers une approche socio-résidentielle des villes françaises, l’analyse prend appui sur trois études de cas correspondants à l’agglomération de Nantes et aux deux petites villes moyennes que sont Cholet et La Roche-Sur-Yon.

En conséquence, la finalité de l’étude est d’observer à la fois la façon dont les acteurs sociaux participent à la structuration de l’espace urbain et les configurations socio-spatiales qui en résultent.


  1. Thèmes liés au cours de politiques criminelles


Les pouvoirs publics en France ont placé la lutte contre la ségrégation au cœur des politiques publiques ayant pour finalité la régulation des déséquilibres socio-territoriaux marqués dans la ville.

L’étude qui est entreprise par l’auteur de cet ouvrage sur la ségrégation apparaît en ce sens indissociable de l’analyse de la politique dite de la ville et des politiques locales de l’habitat.

Les notions de « mixité sociale », « ségrégation », « micro-segmentation sociale » ou encore « ghetto » vont alors être appréhendées dans une démarche sociologique à partir d’un microscope géographique ciblé sur différents types de quartiers français.


  1. Synthèse et analyse




L’ouvrage présenté se découpe en deux parties distinctes, à savoir « La division sociale des villes françaises » puis « Les politiques publiques dans le domaine de la ville et de l’habitat en France : effets ségrégatifs vs mixité sociale ».

Nous allons donc reprendre chacune des parties pour en faire un résumé qui s’appuiera sur l’illustration réalisée par l’auteur à travers les trois études de cas.

Première partie : Les grands traits de la division sociale des villes en France.


  • Tout d’abord, l’analyse de la concentration résidentielle en fonction des catégories socioprofessionnelles dégage plusieurs constats :




    • La division sociale des villes française révèle combien l’espace urbain dessine avec précision la hiérarchie sociale et les principales oppositions qui discriminent la structure sociale (ex : opposition entre quartiers bourgeois et quartiers populaire).

L’espace géographique peut alors être appréhendé comme la retranscription des rapports sociaux.

      • Dans l’agglomération Nantaise, les cadres sont les plus éloignés des ouvriers en terme de localisation, les commerçants sont plus proches des cadres et les employés plus proches des ouvriers.

      • Dans les deux petites villes moyennes que sont Cholet et La Roche-sur-Yon, la même observation ressort : deux pôles semblent s’opposer avec d’un côté celui constitué des commerçants et des cadres, et de l’autre les employés et les ouvriers. Les professions intermédiaires se situent en position médiane

Cette antinomie entre les deux extrêmes de la hiérarchie sociale est donc bien l’axe majeur qui structure l’espace socio-résidentiel des villes françaises.


  • L’inégal accès aux équipements et consommations collectives offertes par la ville renforce la hiérarchie socio-spatiale.

En effet, les catégories aisées profitent, dans leur environnement résidentiel, de la plus forte densité en équipements, mais aussi de la présence des établissements scolaires ou de santé les plus prestigieux, tout en ayant une grande maîtrise de l’espace régional par la diversité des réseaux de transport dont elles bénéficient.

Dès lors, un tel patrimoine économique et culturel permet aux classes dominantes de mieux assurer leur reproduction sociale.

S’agissant des catégories les plus défavorisées, sur-représentées en grande banlieue, le cas est diamétralement opposé. Elles sont dans une situation de handicap prononcé, du fait de la faiblesse des équipements présents sur place et d’une capacité limitée à fréquenter l’espace régional pour accéder aux zones bien équipées, pour des questions de coût et de distance.


  • L’augmentation de la concentration spatiale aux deux extrémités de la hiérarchie sociale (cadres et ouvriers)

En effet, ces catégories socioprofessionnelles classées aux deux extrémités de l’échelle sociale sont les plus concentrées dans l’espace urbain.

    • A Nantes, les cadres et professions intellectuelles supérieures ainsi que les ouvriers présentent les plus forts indices de ségrégation en terme de concentration spatiale.

    • A Cholet et à La Roche-sur-Yon, cela se confirme puisque les catégories les moins dispersées dans l’espace urbain sont situées aux extrémités de l’échelle sociale (même si à Cholet, les commerçants sont plus concentrés spatialement que les cadres, tandis qu’à La Roche-sur-Yon, ces derniers sont au même niveau de concentration que les commerçants. La catégorie socioprofessionnelle la moins concentrée spatialement est celles des professions intermédiaires.

Ces deux catégories (cadres / ouvriers) confirment donc leur nette propension à la concentration spatiale dans les villes françaises, ce qui discrimine fortement l’espace social urbain. Cette localisation discriminante est très révélatrice du marquage social de l’espace (notamment en matière d’élitisme sociale).


  • Un effet de taille des agglomérations peu discriminant sur l’intensité de la division sociale.

Il ressort de l’analyse que « les plus grandes villes n’ont pas des quartiers beaucoup plus variés que les villes moyennes ». La taille de l’agglomération n’a donc pas nécessairement d’effet discriminant clair sur l’intensité de la division sociale. L’existence d’intensité variables de la division sociale tient plus à la structure et l’histoire urbaine locale (ex : région industrielle en crise).


        • Les configurations socio-spatiales et leur évolution dans le temps.


Dans les trois contextes urbains étudiés de l’ouest de la France, la structure socio-spatiale n’est jamais strictement sectorielle (correspondants au statut socio-économique d’une population divisée selon les contrastes sociaux), contrairement à ce que l’on pourrait penser, mais plutôt de type radio-concentrique.

          • La configuration socio-spatiale de l’agglomération de Nantes est marquée par un dispositif à la fois sectoriel, qui prédomine à l’ouest, et concentrique, qui s’épanouit surtout à l’est.

Dans le schéma sectoriel, deux axes sont géographiquement et socialement opposés : l’axe populaire à l’ouest qui correspond à la banlieue ouvrière ancienne de Nantes, et l’axe aisé au nord-ouest structuré autour de la Chézine, petit affluent de la Loire qui s’écoule sur le plateau nantais.

A cette configuration sectorielle se surimpose en partie une double auréole se caractérisant par deux ceintures de quartiers populaires.





          • La combinaison des petites villes moyennes de Cholet et de La Roche-sur-Yon renvoie surtout à une image radio-concentrique. Celle-ci est marquée par un centre valorisé socialement où les commerçants et les cadres sont nettement sur-représentés, par un axe radiant de localisation privilégiée des classes aisées et dans certains cas des professions intermédiaires, axe qui vient interrompre la ceinture concentrique des quartiers populaires.



On constate donc que dans les agglomérations des pays de la Loire, « les structures spatiales associées aux disparités sociales selon le statut socio-économique ne sont pas strictement de type sectoriel, contrairement aux théories couramment acceptées en sociologie urbaine. Elles s’organisent plutôt selon un schéma concentrique, en particulier dans les périphéries des grandes villes. Une structure sectorielle s’y surimpose cependant dans la partie centrale et est d’autant plus visible lorsque l’on monte dans la hiérarchie urbaine. ».
S’agissant de l’évolution temporelle des configurations socio-spatiales, il semblerait que « la sectorisation des espaces socio-résidentiels constituent une réalité tangible inscrite dans la durée, parfois même dans la longue durée » et que « les contours de cette sectorisation connaissent généralement des retouches modestes ».

Cet axiome laisse deviner l’existence de processus cumulatifs dans la construction de l’image sociale d’un lieu, celle-ci se fixant très tôt, puisque la production d’habitat est plus ou moins déterminée socialement dès l’origine, générant d’emblée un marquage social source de pérennisation des formes de division sociale.

La relative stabilité dans le temps des schémas de division sociale n’exclut pas des transformations. Celles-ci opèrent généralement par effet de proximité socio-spatiale, modifiant ainsi de proche en proche ces configurations, ce qui conduit à une évolution notamment dominée par un phénomène d’embourgeoisement des communes déjà les plus bourgeoises, et à une tendance à l’homogénéisation du reste du territoire.
L’auteur détermine une voie de recherche féconde pour observer la division sociale à travers le marché immobilier de l’occasion, en sachant que deux fois et demie plus de ménages se portent acquéreurs de leur résidence principale sur le marché de l’ancien que sur celui du neuf.. En effet, les dynamiques de celui-ci ont tendance à reproduire, voire à accentuer les oppositions socio-spatiales et le processus d’embourgeoisement de certains quartiers.

On observe que l’acquisition d’un logement ancien destiné à l’occupation personnelle peut s’avérer très sélectif, en considération de sa position sociale surtout, en particulier dans le centre de villes telles que Cholet et La Roche-sur-Yon.

Ainsi, les dynamiques sociales générées par le marché du logement d’occasion pérennise l’image et la réalité d’un centre valorisé socialement, où dominent les cadres et les commerçants placés au rang de notables de la ville à des adresses de standing.

En revanche, les employés et les ouvriers privilégient une acquisition dans les quartiers péricentraux et périphériques.

Ce fonctionnement très sélectif du marché immobilier de l’occasion est donc un puissant vecteur d’inertie de la géographie socio-résidentielle des villes, puisqu’il a tendance à accentuer les oppositions socio-spatiales existantes.


  • Division sociale et structure de l’habitat : révélation de micro-segmantations sociales.


L’idée pour l’auteur est d’exposer la complexité des très grandes configurations socio-spatiales, conduisant au relatif brouillage des schémas classiques concentriques ou sectoriels, au profit de l’image de la mosaïque sociale à travers la structure de l’habitat.

Ces structures sont très diverses : ainsi, l’auteur expose l’exemple de l’agglomération de Nantes : « Un fait essentiel distingue la périphérie aisée (nord-ouest avec les quartiers nantais du Petit-Port, Talence, Malville/Beuaséjour, vallée d’Orvault et la commune de Sautron) des beaux quartiers sis dans le cœur de Nantes. Il s’agit du statut de propriétaire occupant : celui-ci est largement dominant, avec 70% des ménages, alors qu’il ne représente que 42% dans les beaux quartiers. En revanche, si la proportion de maison individuelles (56%) marque logiquement une forte différence avec les quartiers valorisés du cœur de Nantes (19%), ce pourcentage est nettement inférieur à celui observé dans les périphéries pavillonnaires, où la maison représente plus des quatre cinquièmes du parc de résidences principales. » De même, on observe qu’ « il y a une quasi absence de parc locatif social dans ces secteurs, ce qui semble bien être une marque de distinction majeure des espaces à forte valorisation sociale. ».

Cet exemple confirme la corrélation spatiale entre la répartition des segments du parc de logements et le statut socioprofessionnel des différents territoires constitutifs de la ville.

A partir de ce constat, l’auteur nous fait remarquer que « le maintien de quartiers populaire en situation centrale ou péricentrale dans les villes françaises est menacé par des ménages issus de catégories moyennes et surtout supérieures ou aisées ».

Ce phénomène est d’autant plus avancé que le tendance actuelle est à la sublimation des quartiers anciens, et donc centraux, entretenue par la revalorisation de la notion de patrimoine. Dans cette direction, les pouvoirs publics ont impulsés des actions de rénovation urbaine. Celles-ci ont puissamment contribué « à diluer la coloration populaire des cœurs de ville, en même temps qu’elle a fait reculer l’insalubrité des logements ».Cela conduit évidemment à la « rétractation » des quartiers populaires dans les cœurs des villes.
Cette mise en évidence de grands types socio-morphologiques structurant la ville (à partir de la structure de l’habitat) ne doit pas occulter l’existence de micro-segmentations socio-spatiales. Au-delà des systématisations, la réalité est plus beaucoup plus complexe et hétérogène.

En effet, différentes catégories sociales sont présentes au sein d’un même quartier, ce qui met en évidence des micro-segmentations sociales au sein de la ville. Par exemple, le centre de La Roche-sur-Yon, même s’il est sous la dominante générale des classes aisées, est à la fois un espace fortement ségrégé et un territoire de mixité. D’où l’idée de véritable mosaïque.

Cela s’explique en partie par les contextes socio-morphologiques fortement différenciés et profondément ancrés à la fois dans l’histoire urbaine et la représentation mentale de la ville et de ses territoires urbains. Par exemple, toujours à La Roche-sur-Yon, « les petites maisons basses, dont aucune, sauf exception, n’a l’élégance architecturale ou urbaine qui sied si bien au quartier de la gare, renvoient l’image d’un faubourg qui n’a jamais appartenu, dans l’imaginaire social des habitants yonnais, aux beaux quartiers. Ce contexte socio-morphologique très différent génère donc un processus d’appropriation de cet espace par des catégories relativement modestes ».


Seconde partie : Les politiques publiques dans le domaine de la ville et de l’habitat en France : effets ségrégatifs vs mixité sociale.
Cette partie consiste à observer la façon dont les politiques d’habitat et du logement mises en œuvre par les pouvoirs publics peuvent éclairer, du moins en partie, les contextes socio-morphologiques des villes françaises.


  • 50 ans de politiques du logement génératrices d’un double effet ségrégatif




    • D’une politique centralisatrice à la logique libérale

      • La production de grands ensembles : symbole d’une politique centralisatrice

Dans le contexte des années 50, après la 2ème Guerre Mondiale, la gravité de la crise du logement est telle que ce sont plus de 4 millions de logement qu’il faut construire ou reconstruire pour contrer l’apparition des bidonvilles à la périphérie des villes françaises. A cela s’ajoute le passif écrasant de la France à rattraper.

Pour résoudre cette situation, l’Etat met en place « un vaste projet national et social » où se profile la volonté de faire émerger de nouveaux modes de sociabilité grâce à la mise en place d’un urbanisme rationnel, à l’antithèse de l’éparpillement pavillonnaire.

Les pouvoirs publics, pour se faire, vont débloquer l’offre foncière aussi bien en périphérie urbaine que dans le cœur des villes. Un véritable système public de production de logement se met alors en place. L’Etat fait directement porter son effort sur le secteur HLM.

La logique qui a guidé l’adoption de cette formule urbaine était économique et sociale, au nom d’une logique technicienne et gestionnaire, avant d’être urbanistique ou architecturale.

Dès la mise en œuvre de ce projet titanesque, on constate une satisfaction générale de la population sur les conditions d’habitat ; cette formule urbaine a permis à toute une génération de ménages d’accéder à un logement confortable, la plupart des ménages étant mieux logés qu’auparavant.

Néanmoins, les quatre cinquièmes des ménages interrogés préfèreraient habiter dans une maison individuelle plutôt que dans un immeuble collectif, ce qui traduit le rêve du pavillonnaire.


      • Oscillation de la politique en faveur de l’accession à la propriété ou la libéralisation de la politique du logement.

La période qui s’ouvre en 1963 s’oppose à la précédente, de part la volonté des pouvoirs publics de procéder à un désengagement relatif de l’Etat du secteur du logement, et de promouvoir des mécanismes de financement sur ressources d’épargnes en particulier.

On s’oriente donc vers une logique libérale, en veillant à substituer l’épargne privée et le crédit bancaire à l’aide publique, par la création en 1965 de l’épargne-logement et en 1967 du marché hypothécaire.

Cette oscillation s’est accompagnée d’un recentrage des aides sociales avec les APL. Cependant, la croissance exponentielle de l’APL parallèlement à l’approfondissement de la crise sociale est vite devenue insupportable pour le budget de l’Etat.

Ce dernier va alors réduire considérablement son soutien à la construction neuve à et une large solvabilisation de la demande, même si cela est légitimé par l’accentuation du caractère social des interventions de l’Etat.


    • Les effets ségrégatifs de la politique du logement

      • La dualisation sociale et la crise des grands ensembles

Les grands ensembles deviennent le miroir grossissant du mouvement de dualisation sociale qui remodèle la société française, du fait de la concentration de populations ayant des difficultés d’insertion professionnelle, sociale ou familiale.

Dans un contexte de dévalorisation sociale des banlieues stigmatisées, on assiste à un passage d’une logique de conflit fondée sur la hiérarchisation sociale verticale et la lutte des classes à une logique horizontale opposant inclus et exclus.

La crise des grands ensembles, qui constituent l’essentiel des banlieues stigmatisées de la fin du XXe siècle, tient à la fois à leur forte concentration de populations exclues du marché de l’emploi ou précarisées, ce qui disqualifie socialement cet habitat, et à la tendance à associer, en terme de représentation, ce phénomène à la figure de l’étranger (assimilation à des ghettos).


      • Vigueur du modèle résidentiel promotionnel et ses conséquences socio-spatiales : processus de « moyennisation » de la société française)

La politique du logement visant à orienter le plus grand nombre vers l’accession à la propriété d’une maison individuelle, à partir des années 70, a profondément modifié les modalités de la croissance urbaine, en générant un vigoureux processus de périurbanisation.

Celui-ci se traduit par l’accroissement de la population dans les couronnes périurbaines. La croissance de ces auréoles a été alimentée par des flux migratoires en provenance des pôles urbains.

Au total, la politique de solvabilisation de la demande en accession menée par les pouvoirs publics, en rencontrant le désir de posséder un pavillon chez les français, a puissamment contribué à la fois à l’étalement urbain et périurbain, et au renforcement de la division démographique et sociale des aires urbaines.

En effet, ce sont à la fois les couples avec enfants et les individus insérés professionnellement (les « in »), mais plutôt représentatifs des couches moyennes ou modestes, qui inscrivent de préférence leur cursus résidentiel aux marges des villes (face aux coût du foncier notamment).


  • Politique de la ville et politiques locales de l’habitat : régulateurs des déséquilibres socio-territoriaux




    • La crise des grands ensembles et la politique de la ville

La politique de la ville désigne un processus institutionnalisé d’intervention dans les quartiers urbains présentant des difficultés multiples, principalement d’ordre social.

Tout un discours, émanent en particulier de la sphère politique, justifie en partie la crise des grands ensembles par la ségrégation socio-spatiale dont ils seraient victimes.

Ce discours des pouvoirs publics justifie en retour la mise en place d’actions en faveur d’une plus grande mixité, pour combattre à la fois les formes les plus marquées de ségrégation, mais aussi pour éviter de reproduire, à l’avenir, ces concentrations d’habitats collectifs.

C’est dans le double contexte des émeutes urbaines de l’été 1981 et de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand (qui à l’ambition réformatrice symbolisée par le slogan « changer la vie ») que va se bâtir une politique de la ville fondée sur une géographie prioritaire.

La politique de la ville va avoir pour double mission de requalifier les quartiers cibles et d’expérimenter de nouvelles modalités d’intervention publique.

Un premier dispositif est alors axé sur la formation initiale et professionnelle des jeunes. Le second vise à lutter contre l’échec scolaire avec la création des ZEP en 1981. Le troisième débouche sur la création des Conseils communaux de prévention de la délinquance. Enfin, le quatrième occupe une place centrale : il porte sur le développement social des quartiers (DSQ) qui est un programme lancé en 1982 et qui va constituer pendant une dizaine d’année le point d’orgue de la politique de la ville.

Les années 1990 marquent une nouvelle étape avec l’avènement des contrats de villes, qui se substituent aux DSQ dont l’action était centrée uniquement sur les quartiers en difficulté. L’objectif est de travailler à une échelle plus large (communes, agglomérations). Parallèlement, sont lancés des grands projets urbains (GPU) pour les quartiers les plus difficiles.

Enfin, pour compléter ce dispositif, la loi du 14 novembre 1996 relative à la mise en œuvre du pacte de relance pour la ville instaure une discrimination territoriale positive dans le domaine économique par la création de zones franches urbaines (ZFU), de zones de redynamisation urbaine (ZRU) et de zones urbaines sensibles (ZUS).

Il y a ainsi un élargissement considérable du champ d’intervention géographique d’une politique de la ville qui s’est progressivement banalisée.

A travers les multiples dispositifs, quatre grands domaines d’intervention sont concernés : le bâti et l’urbanisme (réhabilitation du patrimoine HLM et remaniement de la conception urbaine), sociale (missions locales pour l’emploi, ZEP), socioculturel (développement vie sociale et associative au sein des quartiers) et économique (mesures fiscales dérogatoires).


    • La genèse des politiques locales de l’habitat

Dès les années 1970, la prééminence absolue de l’Etat dans la définition des politiques urbaines est remise en cause.

Les lois de décentralisation vont, à partir des années 1990, opérer un partage de compétences en dissociant le logement et l’urbanisme. En effet, le logement reste du ressort du pouvoir central, alors que l’urbanisme devient une compétence communale (chaque municipalité est désormais libre et compétente juridiquement pour définir sa politique d’urbanisme, sous réserve d’un contrôle de la légalité de ses actes).

Les politiques locales de l’habitat naissent de cette nécessité d’intégrer cette double dimension thématique et territoriale, c'est-à-dire de lier à la fois le logement et l’urbanisme, mais aussi d’articuler l’échelle nationale et locale.

La Loi d’Orientation pour la Ville (LOV) du 13 juillet 1991, puis la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain (SRU) du 13 décembre 2000, vont poursuivre la redéfinition du rôle de l’Etat et des collectivités locales à travers la volonté d’une mixité sociale par une meilleure répartition de l’habitat (« le passage d’un urbanisme de séparation à un urbanisme de mixité »).

La pierre angulaire de ces deux textes s’incarne dans un principe de subsidiarité : pour définir leur politique locale de l’habitat (à travers les programmes locaux de l’habitat), les collectivités locales doivent intégrer les objectifs de la politique du logement (en plus de celle de l’urbanisme) et, au nom de la solidarité nationale, respecter le principe de la mixité sociale par la diversification de l’habitat.

Afin que la volonté du législateur de lutter contre la ségrégation sociale ne reste pas un vœu pieux, celui-ci a prévu une disposition coercitive afin d’obliger les communes déficitaires en logements sociaux à rattraper leur retard.

L’architecture du dispositif oscille, dans ce sens, entre l’incitation et la contrainte en laissant le choix de l’alternative aux communes.

Celles-ci ont donc le choix, soit de prendre un engagement triennal en vue de la réalisation de 20% de logements locatifs sociaux (incitation), soit elles payent une contribution financière annuelle (contrainte).


  • Evaluation des politiques de régulation des déséquilibres socio-territoriaux




    • Les politiques de la ville et de l’habitat : bilan des recherches

      • L’exemple de La Roche-Sur-Yon : l’échec de l’insertion par l’économie et la perte d’identité des associations misent en place pour « changer la vie ».

      • L’exemple de Nantes : les difficultés de l’intercommunalité avec des localisations très discriminantes de l’offre (six entités communales concentrent 94% du parc HLM de l’unité urbaine) s’expliquant par l’impossibilité de développer une politique globale de l’habitat et surtout par la volonté, pour certaine communes pavillonnaires, de garder un marquage social favorable (« une banlieue verte à l’abri des problèmes urbains ») en préférant payer la taxe financière anti-logements sociaux.




    • Les politiques de la ville et de l’habitat face au défi de la mixité sociale



  1. Critiques



La lecture de l’ouvrage s’est montrée difficile de premier abord puisqu’il s’agit d’une démonstration géographique et sociologique relativement technique.

L’étude repose en partie sur des chiffres et analyses de 1990. Même si l’évolution post années 1990 est appréhendée par l’auteur et que les grandes tendances sont clairement logiques et compréhensibles, on ne peut que regretter l’absence d’appui statistique nouveau.

Au-delà de ces aspects, l’ouvrage constitue un concentré de connaissances scientifiques sur les causes de telles ségrégations sociales et sur les politiques de la ville et les politiques locales de l’habitat misent en oeuvre pour endiguer le phénomène.

Il nous apprend que les dispositifs de réaménagement urbain, même s’ils sont indispensables pour lutter contre la ségrégation sociale, ne sont pas suffisants à eux seuls pour endiguer la crise sociale des quartiers en difficultés.

Il s’agit d’un combat quotidien porté sur de multiples fronts.

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