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Procédés de Puységur Le marquis de Puységur (Armand-Marc-Jacques de Chastenet), né à Paris en 1751, mort à Buzancy (Aisne) en 1825, maréchal de camp sous Louis XVI et nommé lieutenant général par Louis XVIII, fut un ardent disciple de Mesmer. En 1811, il reprit les expériences de son maître, que la Révolution française avait interrompues, mais au lieu d'employer la cuve magnétique, il lui substitua un gros arbre de sa propriété de Buzancy. Des cordes étaient passées autour des branches et du tronc de cet arbre et les malades en faisaient de même autour de leur corps ; l'opérateur magnétisait l'arbre... et des guérisons se produisaient... comme en d'autres lieux du reste, sans magnétisme animal. On conçoit aisément que les sceptiques avaient beau jeu... De Puységur modifia et simplifia bientôt sa méthode. Il faisait asseoir le malade à côté de lui et l'invitait à être calme ; puis, après s'être recueilli un instant, il lui appliquait une main sur la tête et l'autre sur l'épigastre. Il obtenait ainsi, après un laps de temps plus ou moins long, le sommeil ou l'engourdissement, suivant l'impressionnabilité du sujet. Plus tard, il modifia encore son procédé et ne magnétisa plus qu'à distance. Voici le fait qui l'amena à cette modification : un jour qu'il endormait un jeune homme, il s'aperçut, au bout d'un temps assez long, que le patient n'éprouvait aucun effet. Machinalement, il retira ses mains et, aussitôt, le malade se plaignit d'une douleur dans la région épigastrique et d'une gêne dans la respiration. Il appliqua de nouveau ses mains et les effets cessèrent subitement. Il enleva une seconde fois ses mains, recula un peu et les dirigea, les doigts en pointe, vers le jeune homme, qui ne tarda pas à s'endormir d'un profond sommeil, ce qui indique que, parfois, suivant l'impressionnabilité du sujet, la façon d'opérer a son importance. On attribue communément au marquis de Puységur la découverte du somnambulisme provoqué. Tous ceux qui ont étudié la question savent que cela n'est pas exact et que, bien avant lui et Mesmer, ce phénomène était connu ; néanmoins, il eut le grand mérite d'indiquer les procédés pour l'obtenir, ce que son maître n'avait pas voulu faire. Le somnambulisme donna un grand attrait à l'étude du magnétisme, mais faussa les idées sur l'importance de cette science naissante, parce que les expérimentateurs cherchèrent uniquement à obtenir ce phénomène et négligèrent l'action curative du Mesmérisme. Procédés de l'abbé Faria Faria (Joseph-Custodi de), né à Goa (Indes Orientales) vers 1755, mort à paris en 1819, rentra dans les ordres à Rome. Il vint à Paris pendant la Révolution et se mêla activement au mouvement. Ce mulâtre, au regard vif et pénétrant, doué de beaucoup de sang-froid, avait tous les attributs pour faire un excellent magnétiseur2. Il ouvrit un cours public de magnétisme (1813), qui fut suivi par un certain nombre de savants. L'abbé Faria opérait de la manière suivante : il appliquait pendant quelques instants ses mains sur la tête et sur les épaules du sujet et, quand il jugeait le moment opportun, d'une voix vibrante et impérieuse il lui commandait de dormir. Il réussissait assez souvent à produire, par ce moyen, le sommeil nerveux. Quand une personne se montrait deux ou trois fois réfractaire à sa méthode, il l'abandonnait et la déclarait insensible à l'action magnétique. Comme on le voit, Faria agissait plutôt par la suggestion verbale, et nous aurions dû placer son nom parmi ceux des hypnotiseurs ; d'ailleurs, pas plus que ces derniers, il ne croyait à la transmission de la volonté ; il était, par conséquent, en opposition avec les autres magnétiseurs mais quoiqu'il soit le père des suggestionnistes, nous le mettons avec les Mesmériens, ne devant, en bonne logique, commencer l'étude de l'hypnotisme qu'avec Braid. L'abbé Faria ne s'attachait qu'à produire des effets en public ; il n'eut peut-être pas le temps ni la patience de rechercher les phénomènes affirmés par les magnétiseurs, ce qui demande de la persévérance, et c'est pourquoi il soutint des idées erronées. Procédés de Deleuze Deleuze (Jean-Philippe-François), naturaliste, né à Sisteron (Basses-Alpes) en 1753 mort à Paris en 1835, fut aide-naturaliste au Muséum, dont il devint bibliothécaire. Ce savant, outre ses importants travaux sur le magnétisme animal, publia de nombreux ouvrages sur les sciences, les lettres, la philosophie, etc. Deleuze est d'une grande minutie et d'une extrême délicatesse dans ses procédés. « Lorsqu'un malade désire, dit-il, que vous essayiez de le guérir par le magnétisme, et que sa famille et son médecin n'y mettent aucune opposition ; lorsque vous vous sentez le désir de seconder ses vœux et que vous êtes bien résolu de continuer le traitement autant qu'il sera nécessaire, fixez avec lui l'heure des séances, faites-lui promettre d'être exact, de ne pas se borner à un essai de quelques jours, de se conformer à vos conseils pour son régime, de ne parler du parti qu'il a pris qu'aux personnes qui doivent naturellement en être informées Une fois que vous serez ainsi d'accord et bien convenu de traiter gravement la chose, éloignez du malade toutes les personnes qui pourraient vous gêner, ne gardez auprès de vous que les témoins nécessaires, un seul, s'il se peut, demandez-lui de ne s'occuper nullement des procédés que vous employez et des effets qui en sont la suite, mais de s'unir d'intention avec vous pour faire du bien au malade. Arrangez-vous de manière à n'avoir ni trop chaud, ni trop froid, à ce que rien ne gêne la liberté de vos mouvements, et prenez des précautions pour ne pas être interrompu pendant la séance. Faites ensuite asseoir votre malade le plus commodément possible, et placez-vous vis-à-vis de lui, sur un siège un peu plus élevé et de manière que ses genoux soient entre les vôtres et que vos pieds soient à côté des siens. Demandez-lui de s'abandonner, de ne penser à rien, de ne pas se distraire pour examiner les effets qu'il éprouvera, d'écarter toute crainte, de se livrer à l'espérance et de ne pas s'inquiéter ni se décourager, si l'action du magnétisme produit chez lui des douleurs momentanées. Après vous être recueilli, prenez ses pouces entre vos doigts de manière que l'intérieur de vos pouces touche l'intérieur des siens, et fixez vos yeux sur lui. Vous resterez de deux à cinq minutes dans cette situation ou jusqu'à ce que vous sentiez qu'il s'est établi une chaleur égale entre ses pouces et les vôtres. Cela fait, vous retirez vos mains en les écartant à droite et à gauche, et les tournant de manière que les surfaces intérieures soient en dehors, et vous les élèverez jusqu'à la hauteur de la tête ; alors vous les poserez sur les deux épaules, vous les y laisserez environ une minute, et vous les ramènerez le long des bras jusqu'à l'extrémité des doigts, en touchant légèrement. Vous recommencerez cette passe cinq ou six fois, toujours en détournant vos mains et les éloignant un peu du corps pour remonter. Vous placerez ensuite vos mains au-dessus de la tête, vous les y tiendrez un moment et vous les descendrez en passant au devant du visage, à distance d'un ou deux pouces, jusqu'au creux de l'estomac. Là, vous vous arrêterez un moment, environ deux minutes, en posant les pouces sur le creux de l'estomac et les autres doigts au-dessous des côtes, puis vous descendrez lentement le long du corps jusqu'aux genoux. Vous répéterez les mêmes procédés pendant la plus grande partie de la séance. Vous vous rapprocherez aussi, quelquefois du malade, de manière à poser vos mains derrière ses épaules, pour descendre lentement le long de l'épine du dos, et, de là, sur les hanches et le long des cuisses, jusqu'aux genoux ou jusqu'aux pieds. Lorsque vous voudrez terminer la séance, vous aurez soin d'attirer vers l'extrémité des mains et vers l'extrémité des pieds, en prolongeant vos passes au delà de ces extrémités, en secouant vos doigts à chaque passe. Enfin vous ferez devant le visage et même devant la poitrine quelques passes en travers, à la distance de trois ou quatre pouces. Il est essentiel de magnétiser toujours en descendant de la tête aux extrémités, et jamais en remontant des extrémités à la tête. Les passes qu'on fait en descendant sont magnétiques, c'est-à-dire qu'elles sont accompagnées de l'intention de magnétiser. Les mouvements que l'on fait en remontant ne le sont pas. Lorsque le magnétiseur agit sur le magnétisé, on dit qu'ils sont en rapport, c'est-à-dire qu'on entend par le mot rapport une disposition particulière et acquise, qui fait que le magnétiseur exerce une influence sur le magnétisé, qu'il y a entre eux une communication du principe vital. Une fois que le rapport est bien établi, l'action magnétique se renouvelle dans les séances suivantes à l'instant où l'on commence à magnétiser. » Cette méthode, un peu compliquée, absorbe trop l'attention, qui devrait plutôt être portée sur les effets à produire. Il est plus rationnel de diriger convenablement sa pensée, et de faire le moins possible, de gestes car, si les passes absorbent toute l'attention, on a fort peu de chance de réussir. Or, comme il est rare qu'un insuccès n'amène pas le découragement, l'incrédulité a la partie belle. Procédés du baron du Potet Du Potet (Jules-Denis de Sennevoy, baron), né en 1796 à la Chapelle (Yonne), mort à Paris en 1881, fut le plus ardent propagateur du magnétisme. A peine âgé de 20 ans, il se passionna pour cette doctrine et, afin d'approfondir plus complètement le sujet, il commença ses études médicales, qu'il cessa pour se vouer exclusivement à sa science de prédilection, comme il le dit lui-même. « Du moment, dit-il, qu'on adopte l'hypothèse d'un agent, les procédés doivent avoir pour but unique sa transmission rapide. Les magnétistes ont compliqué ce qui doit être extrêmement simple ; ils ont cherché plutôt dans leur imagination que dans la nature et se sont, de plus en plus, éloignés de celle-ci ; il faut donc y revenir et suivre, autant que possible, les leçons qu'elle nous donne. Mon premier soin, je puis dire ma première étude, fut de comparer les méthodes enseignées par tous les auteurs, de varier l'expérimentation afin d'obtenir des résultats comparatifs, et d'en tirer de justes indications. Ce fut un travail laborieux et difficile, mais il me donna une supériorité marquée sur les magnétistes, mes contemporains, en me permettant d'agir là où ils n'obtenaient rien, et de suivre une opération magnétique dans son développement successif. Ma marche étant éclairée, je savais où j'allais et le magnétisme dès lors n'était plus pour moi une chose vague autant qu'incertaine, mais, au contraire, un principe fixe, un levier d'une puissance incommensurable qu'un enfant cependant pouvait faire mouvoir. J'étudiai particulièrement les propriétés de l'agent magnétique, le dégageant lui-même des attributs de convention, car, s'il est le véhicule naturel qui transmet nos idées et nos sentiments, il a un mode d'action qui lui est propre. Je reconnus les erreurs commises, les fausses idées admises et les phénomènes qu'il m'arrivait de produire avaient dès lors un caractère déterminé et indélébile. Voici, sans autre préambule, les procédés qui me sont personnels : Lorsque le patient peut s'asseoir nous le mettons sur un siège et nous nous plaçons en face de lui sans le toucher. Nous restons debout, autant que possible, et lorsque nous nous asseyons, nous tâchons toujours d'être sur un siège un peu plus élevé que le sien de manière que les mouvements des bras que nous avons à exécuter ne deviennent par trop fatigants. Lorsque le malade est couché, nous nous tenons debout près de son lit et l'engageons à s'approcher de nous le plus possible. Ces conditions remplies, nous nous recueillons un instant et nous considérons le malade avec attention. Lorsque nous jugeons que nous avons la tranquillité, le calme d'esprit désirables, nous portons une de nos mains, les doigts légèrement écartés et sans être tendus ni raides, vers la tête du malade ; puis, suivant à peu près une ligne droite, nous la descendons ainsi jusqu'au bassin en répétant ces mouvements (passes) d'une manière uniforme pendant un quart d'heure environ, en examinant avec soin les phénomènes qui se développent. Notre pensée est active, mais n'a encore qu'un but, celui de pénétrer l'ensemble des organes, surtout la région où gît le mal que nous voulons attaquer et détruire. Quand un bras est fatigué par cet exercice, nous nous servons de l'autre et notre pensée, notre volonté, constamment actives, déterminent de plus en plus l'émission d'un fluide que nous supposons partir des centres nerveux et suivre le trajet des conducteurs naturels, les bras, et par suite les doigts. Je dis supposons, quoique pour nous ce ne soit pas une hypothèse. Notre volonté met bien évidemment en mouvement un fluide d'une subtilité extrême ; il se dirige et descend en suivant la direction des nerfs jusqu'à l'extrémité des mains, franchit la limite de la peau et va frapper le corps sur lequel on le dirige. Lorsque la volonté ne sait pas le régler, il se porte par irradiation d'une partie sur une autre qui lui convient ou qui l'attire ; dans le cas contraire, il obéit à la direction qui lui est imprimée et produit ce que vous exigez de lui, quand toutefois ce que vous voulez est dans le domaine du possible. Nous considérant donc comme une machine physique, et agissant en vertu de propriétés que nous possédons, comme nous l'avons dit, nous promenons, sur les trois cavités splanchniques, nos membres supérieurs, comme conducteurs de l'agent dont le cerveau parait être le réservoir ou tout au moins le point de départ, en ayant soin que des actes de volonté accompagnent nos mouvements. Voici une comparaison qui rendra notre pensée plus compréhensible. Lorsqu'on a l'intention de lever un fardeau, on envoie la volonté, la force nécessaire aux extrémités, et cette force, ce principe de mouvement obéit, car si elle ne s'y transportait point nous ne pourrions de même pour magnétiser. Les effets, dont le développement plus ou moins rapide est le fruit ordinaire de toute magnétisation, apparaissent dès lors en raison de l'énergie, de la volonté, de la force émise, de la durée de l'action et surtout de la pénétration de l'agent à travers les tissus humains. Nous avons toujours l'intention que les émissions magnétiques soient régulières et jamais nos bras, nos mains ne sont en état de contraction ; ils doivent avoir toute souplesse pour accomplir sans fatigue leur fonction de conducteur de l'agent. Si les effets qui résultent ordinairement de cette pratique n'ont pas eu lieu promptement, nous nous reposons un peu, car nous avons remarqué que la machine magnétique humaine ne fournit pas d'une manière continue, et selon notre désir ou notre volonté, la puissance que nous exigeons d'elle. Après 5 ou 10 minutes de repos, nous recommençons les mouvements de nos mains (passes) comme précédemment pendant un nouveau quart d'heure et nous cessons tout à fait, pensant que le corps du patient est saturé du fluide que nous supposons avoir émis. » Tels sont les procédés qu'employait du Potet dans le traitement des maladies. Voici maintenant celui au moyen duquel il obtenait le sommeil magnétique : Il s'asseyait en face de la personne qu'il voulait endormir. Il portait une main à la hauteur de la racine du nez du patient et la descendait lentement jusqu'au creux épigastrique; puis il la remontait et continuait ainsi ses passes jusqu'à l'obtention du sommeil. Quand un bras était fatigué, il se servait de l'autre. Procédés de Lafontaine Lafontaine (Charles-Léonard), né à Vendôme en 1803, mort à Genève en 1892, fut un puissant expérimentateur. C'est lui qui, en 1841, donnant des séances publiques de magnétisme à Manchester, incita Braid à créer l'hypnotisme. Lafontaine dit : « Pour produire les phénomènes magnétiques, il n'est pas nécessaire de croire au magnétisme, il suffit d'agir comme si l'on y croyait. La cause étant une propriété physique de l'homme, elle agit parfois à son insu ; il ne faut qu'un éclair de volonté pour la mettre en mouvement. C'est ce qui explique comment les incrédules ont souvent produit ces phénomènes ; de même que, pour être magnétisé, il n'est pas nécessaire de croire et de vouloir l'être, comme l'ont écrit plusieurs magnétiseurs. Bien plus, nous préférons magnétiser les personnes qui y mettent de la résistance ; celles-ci, ignorantes des lois magnétiques, jettent au dehors en un instant tout le fluide qu'elles possèdent, et, bientôt fatiguées, épuisées, elles succombent promptement au moindre effet qu'elles ressentent de l'action raisonnée d'un magnétiseur expérimenté. Avant de commencer l'opération, il faut prier les personnes présentes de s'asseoir et de garder le silence car il est essentiel que, pendant l'opération, le magnétisé et le magnétiseur ne soient pas distraits, et que celui-ci observe avec attention toutes les sensations qui pourraient se peindre sur le visage du magnétisé. Le magnétiseur en commençant, se concentrera en lui-même et réunira toute sa volonté sur une seule idée, celle d'agir sur le sujet. Le patient et le magnétiseur s'assiéront en face l'un de l'autre, les genoux du sujet entre ceux du magnétiseur, mais sans les toucher, le magnétiseur sur un siège plus élevé, afin de pouvoir atteindre, facilement et sans fatigue le sommet de la tête du sujet ; puis il touchera l'extrémité des pouces du patient avec l'extrémité des siens sans les serrer ; ce contact des pouces mettra en rapport direct le cerveau du magnétiseur avec celui du sujet, les filets nerveux de celui-ci formant un prolongement aux nerfs du magnétiseur, serviront de conducteur au fluide, et rendront plus prompt et plus complet l'envahissement du système nerveux du patient. Le magnétiseur fixera ses yeux sur ceux du sujet qui, de son côté, fera tout son possible pour le regarder ; il continuera ainsi pendant quinze ou vingt minutes. Il est probable que, pendant ce temps, la pupille des yeux du sujet se contractera ou se dilatera d'une manière démesurée, et que ses paupières s'abaisseront pour ne plus se relever, malgré ses efforts. Après l'occlusion des yeux, le magnétiseur continuera à tenir les pouces jusqu'au moment où l'œil ne roulera plus sous les paupières et où la déglutition ne se fera plus ; alors il pourra lâcher les pouces et, éloignant lentement les mains en les fermant, il les élèvera de chaque côté du patient jusqu'au sommet de la tête ; puis il imposera les mains au-dessus du cerveau du sujet, et il les y laissera de dix à quinze secondes ; ensuite, il les descendra lentement vers les oreilles et le long des bras jusqu'au bout des doigts. Il fera huit à dix passes semblables, chacune devra durer à peu près une minute. Après avoir imposé les mains de la même manière il les descendra devant la face, la poitrine et tout le buste, s'arrêtant de temps en temps à la hauteur de l'épigastre, en présentant la pointe des doigts. Il continuera ainsi pendant une demi-heure, une heure. Les impositions et les passes seront faites à quelques pouces de distance sans attouchement. Chaque fois que le magnétiseur relèvera les mains, elles seront fermées ; il le fera lentement, de côté et non en face du sujet, et cela afin de ne pas produire dans la circulation un va-et-vient qui pourrait provoquer une congestion au cerveau, si l'on agissait en face. Le magnétiseur fera aussi quelques passes en imposant les mains au-dessus du cervelet, et en les descendant derrière les oreilles et les épaules pour revenir sur les bras. Depuis le commencement jusqu'à la fin de l'opération, il ne s'occupera que de ce qu'il veut produire afin que, par la concentration de sa volonté, il provoque l'émission du fluide et le transmette au sujet. Le magnétiseur reconnaîtra le sommeil magnétique à une impassibilité cadavérique du visage et au manque total de déglutition. Après avoir ainsi opéré pendant un certain temps, si le sujet paraît plongé dans le sommeil, le magnétiseur pourra lui adresser quelques questions. Si le sujet est seulement dans un état d'engourdissement ou de sommeil naturel, il se réveillera. Il faudra alors cesser l'opération et dégager fortement, car il pourrait arriver que, bien que le patient n'ait point été endormi, il ait été assez envahi par le fluide pour ne pouvoir ouvrir les yeux. Mais si le sujet est plongé dans le sommeil magnétique, sommeil profond dont aucun bruit, aucune sensation ne peuvent le faire sortir, il restera muet. Si le magnétiseur n'est pas trop fatigué, il continuera à magnétiser pour obtenir le somnambulisme, sinon il réveillera. Mais si le sujet a passé par le sommeil magnétique et qu'il soit arrivé au somnambulisme, il entendra le magnétiseur, lorsqu'il lui parlera et il pourra lui répondre. Le magnétiseur pourra alors continuer les questions pendant quelques instants, car il ne faut pas la première fois fatiguer les sujets par des expériences ; puis il réveillera. Lorsque le magnétiseur voudra réveiller, il fera quelques passes des épaules aux pieds, afin de dégager la tête en entraînant le fluide en bas ; puis, en y mettant un peu de force musculaire, il fera vivement, devant les yeux et le visage, des passes longues, en les descendant de côté jusqu'à ce que le sujet donne signe qu'il revient à lui, puis il continuera les mêmes passes devant la poitrine et le corps entier alors le sujet devra être réveillé, mais non encore dans son état normal. Le magnétiseur fera une insufflation froide sur les yeux, il touchera les sourcils depuis leur naissance, afin de dégager entièrement les yeux ; il faudra continuer sans s'arrêter les mêmes passes sur tout le corps, jusqu'au moment où le sujet sera complètement dégagé. Le magnétiseur pourra faire aussi quelques passes transversales devant l'estomac. Il est fort essentiel de bien dégager après avoir réveillé, car souvent il arrive que le sujet qui ne s'est point laissé débarrasser entièrement éprouve, dans la journée, un peu de lourdeur dans la tête ou d'engourdissement dans les jambes, ce qui pourrait dégénérer en un malaise général. Voilà exactement ce qu'il faut faire pour endormir et réveiller sans provoquer d'accident ; mais il se peut que, tandis qu'on agit ainsi, le sujet, par sa nature même, éprouve divers malaises qui pourraient occasionner des accidents, si on ne les faisait pas cesser immédiatement. Par exemple, si le sujet avait la respiration gênée et qu'elle le devînt de plus en plus, il faudrait exécuter vivement des passes transversales devant l'épigastre, afin de dégager les plexus du fluide qui s'y accumule. Si le sujet suffoquait, il faudrait poser les doigts d'une main sur l'épigastre, les y laisser et poser les doigts de l'autre main à la naissance du cou, en les descendant ensuite sur la trachée-artère et sur les bronches, afin de rétablir la circulation, puis faire quelques passes transversales devant l'épigastre. Si le sujet avait des mouvements convulsifs dans les membres, des soubresauts du corps, il faudrait poser le bout du doigt d'une main sur l'épigastre, pour empêcher les contractions du diaphragme, puis faire quelques passes transversales devant l'estomac, et enfin quelques passes longues et lentes, les mains renversées, devant tout le corps pour calmer tout l'organisme. Si le sang montait avec violence à la tête, que la face devînt rouge et qu'il y eût danger d'une congestion, il faudrait attaquer les carotides, en appuyant les doigts dessus et en les descendant devant la poitrine, et y joindre quelques passes longues et lentes. Si, après avoir endormi, il ne pouvait pas réveiller, le magnétiseur se reposerait un instant pour retrouver tout le calme ; il plongerait ses mains dans l'eau fraîche, et après les avoir essuyées il exécuterait les passes indiquées pour réveiller et il réveillerait. Depuis le commencement jusqu'à la fin de l'opération, qu'il y ait eu petits malaises ou non, il est important, très important, que le magnétiseur soit calme et conserve tout son sang-froid. Il faut qu'il soit bien convaincu que, s'il a eu le pouvoir d'endormir, il a aussi le pouvoir de réveiller et de faire cesser tous les accidents. Il est d'autant plus essentiel que le magnétiseur conserve tout son sang-froid que, si malheureusement il se trouble et s'inquiète, il perd toute sa puissance, et que les plus grands malheurs peuvent en être la conséquence. Nous ne croyons pas aux grands malheurs que redoute Lafontaine ; nous indiquerons des procédés plus simples, qui permettront d'éviter tout accident. Si l'on veut suivre attentivement ces indications, nous pouvons assurer qu'on n'aura point d'accident à déplorer, et que l'on produira facilement les phénomènes magnétiques. Par la méthode que nous avons indiquée, nous demandons le contact préalable des pouces, contrairement à plusieurs magnétiseurs, dont nous reconnaissons le savoir ; mais nous insistons avec d'autant plus de force et de raison sur ce procédé que l'action par le contact des pouces est plus puissante et plus complète, que l'envahissement du système nerveux est plus direct, plus intérieur, puisque ce sont les nerfs mêmes du sujet qui servent de conducteur au fluide vital jusqu'aux centres nerveux, qui sont mis en rapport exact, par ce moyen, avec ceux du magnétiseur. On comprend, on doit comprendre que l'envahissement de l'organisme du patient doit être d'autant plus prompt et d'autant plus entier que l'action est plus continue et plus directe. Le magnétiseur est un réservoir dont la soupape est ouverte, et dont le contenu parcourt les canaux qui lui sont ouverts intérieurement. Rien ne se perd, rien ne peut se perdre ; le fluide suit le trajet des nerfs, comme le fluide électrique suit le fil de fer qui lui sert de conducteur dans le télégraphe électrique. Les effets viennent à l'appui de ce que nous avançons : la torpeur, l'engourdissement, l'insensibilité, le sommeil se présentent bien plus souvent et d'une manière bien plus complète, plus exacte et plus prompte, avec le contact des pouces qu'avec la méthode des passes seulement. Avec celles-ci, vous n'obtenez que des effets superficiels, et avec les pouces vous agissez promptement et intérieurement sans secousses, vous ne produisez pas l'ébranlement subit, votre action, continue et douce, s'infiltre insensiblement. Quant à la fascination, elle est utile quoiqu'on la blâme ; elle frappe l'imagination et prédispose le système nerveux à recevoir le fluide qui lui est communiqué. Nous maintenons donc que la méthode du contact des pouces, et ensuite des passes faites à la distance de quelques centimètres, est la plus rationnelle et la plus efficace pour produire le sommeil et pour toute magnétisation généralement. » Polarité du corps humain Avant d'indiquer les procédés qui nous sont personnels, pour être complet, nous devons dire un mot des assertions de Dècle, Sazarain et Durville sur la polarité humaine, dont chacun de ces Messieurs revendique la paternité. D'après ces expérimentateurs, le côté droit du corps est positif et le côté gauche négatif ; chez les gauchers, les rôles sont renversés. Mais une petite complication existe : le côté négatif est également positif, et vice versa. Le bras positif, par exemple le droit, a aussi son pôle négatif ; les doigts d'une main possèdent les deux polarités : c'est légèrement compliqué... Pour produire le sommeil, il ne s'agit que de présenter ou d'appliquer la main droite, pour les droitiers, sur la tête du sujet; la main gauche réveille. Nous avons tenté de nombreuses expériences, pour nous rendre compte de la valeur de ce procédé, mais nous devons reconnaître que, si le somnambule n'est pas éduqué et si la suggestion de la parole ou du geste n'est pas saisie, le résultat est nul. Nous avons assisté, il y a environ trois ans, à une démonstration du docteur Sazarain avec son sujet favori qui servait à ses études depuis de longues années. Les expériences eurent lieu chez un de ses amis, artiste peintre bien connu, et en présence d'autres artistes, d'ingénieurs et de médecins. Chaque fois que des précautions, pour éviter la suggestion, furent prises, le phénomène annoncé par l'opérateur échoua. À notre point de vue - il est vrai que nous pouvons nous tromper- les effets obtenus par les créateurs de cette méthode ne sont dus qu'à l'éducation des sujets. Sommeil provoqué par la compression des artères carotides Cet état, quoique ayant quelque analogie avec le sommeil nerveux produit par le magnétisme ou l'hypnotisme, n'est qu'une espèce de coma occasionné par de l'anémie cérébrale passagère. En comprimant les carotides, on empêche le sang d'affluer au cerveau et une sorte de sommeil se déclare. Cet état dure plus ou moins longtemps, et le patient se réveille tout seul. On a pu, pendant ce coma, pratiquer sans douleurs de petites opérations chirurgicales. Le docteur Steiner a connu cette pratique à l'île de Java, et voici comment il l'a décrite : On place les mains sur le cou du sujet, les doigts se rencontrant sur le haut du cou. L'artère carotide est comprimée avec les pouces en arrière et un peu au-dessous du maxillaire inférieur ; la pression de l'artère est dirigée vers l'épine dorsale. Aussitôt la tête s'incline, et le sujet semble plongé dans un profond sommeil duquel il se réveille seul, presque subitement, au bout de quelques instants. L'effet n'est pas dû à la suggestion, car l'emploi de ce même procédé, sans la compression des artères ne donne aucun résultat. Ce procédé a, en Javanais, un nom qui signifie compression des vaisseaux du sommeil. D'ailleurs, en Russie, le nom populaire de l'artère carotide est : l’artère du sommeil, et carotide ne vient-il pas du mot grec sommeil ? » Le docteur Steiner recommande à la chirurgie ; pour les petites opérations, cette méthode, à cause de sa brièveté, de sa simplicité d'exécution et de la rapidité du réveil. Il n'a jamais entendu parler d'accidents provenant de cette application. Les patients ne vomissent pas et ils n'ont ni incontinence d'urine, ni fécale3. Les migraines les plus violentes, d'après Steiner, cessent instantanément durant ce sommeil. Nous engageons les médecins, mais les médecins seuls, à essayer ce système qui, comme on le voit, n'a rien de commun avec le magnétisme ou l'hypnotisme, mais qui, cependant, trouve sa place ici. |
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![]() | ![]() | «Histoire et société», 1999, 367 p., préface de Michelle Perrot, traduit de l'américain par Claudine Marenco | |
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![]() | «La prise en compte des dimensions linguistiques de toutes les matières scolaires : équité et qualité en éducation» | ![]() | «et du général Ludendorff»; Ludendorff dit : moi, et, neuf fois sur dix, IL ne fait mention d’aucun autre |