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(...) Je vous remercie des détails que vous me donnez sur votre livre. Les journaux français m’ont appris du reste son immense succès, & l’admiration presque universelle avec laquelle on l’a accueilli. Ici, il est toujours strictement prohibé, mais d’après ce que j’ai pu découvrir, on n’a aucune intention de le censurer apertement. Les personnes les plus distinguées ici qui l’ont lu, unissent leur suffrage au commun accord du public & savent apprécier les intentions & les idées de l’auteur. Même à Rome, il y a des esprits qui voient loin, surtout avec le secours télescopique d’un génie étranger. Quand au livre de Lacordaire, il n’y a qu’une voix de pitié & de dérision. Avant-hier, j’ai eu une conversation avec le bon C[ardinal] M[icara] qui me charge de vous transmettre ses bien affectueux souvenirs. Il a fait parfaitement & avec beaucoup de plaisanterie l’analyse de cette chétive abortion d’un homme qui veut probablement se faire un nom en attaquant des idées qu’il ne comprend pas, en y substituant des autres que personne ne peut comprendre. Mais il ne vaut pas la peine de réfuter ou d’écraser de pareilles inepties (...) Rio est arrivé l’autre jour avec sa femme. Je le trouve avancé depuis notre dernière rencontre. Son enthousiasme est plus calme & plus soutenu, ses paradoxes plus unis & plus systématiques, sa religion plus en équilibre avec le reste de son caractère. Toutefois, son esprit a besoin de guide & de règle. Je l’ai trouvé tout effarouché de votre livre & rêvant je ne sais quel juste-milieu en politique et en philosophie, singulier mélange de soumission & d’extravagance. Tout cela provient de son Germanisme mal digéré qui a produit une dyspepsie mentale dont il lui coûtera de se guérir. A force de lui prêcher sans cesse & sans miséricorde, je me flatte que j’ai secoué considérablement ses préjugés & ses lubies. Il est arrivé à Rome dans un moment très favorable pour les étrangers qui voyagent, à la veille des scènes les plus pompeuses & les plus brillantes que puisse étaler la magnificence de Rome aux avides regards de la curiosité ultramontaine. Il part pour Naples aussitôt après la St Pierre & reviendra ensuite passer un mois à Florence, d’où il ira en Allemagne. Il a l’intention de passer l’hiver prochain à Bonn. Il m’a beaucoup parlé d’un projet qu’il a d’établir un journal catholique qui sera exclusivement philosophique et littéraire, sans aucun mélange de politique. Point de nouvelle de M[ontalembert]. Je vais luis lancer au hasard une lettre à Munich, comme je vois par sa lettre au Galignani qu’il y était à la fin mai. J’ai fait dernièrement la connaissance d’un savant anglais, le Dr Foster, homme très remarquable sous tous les rapports. Il s’est fait Catholique il y a quelques ans, & s’est beaucoup occupé de vos ouvrages qu’il a répandus entre ses amis & ses connaissances surtout à Cambridge. Il a même publié, je crois, une démonstration de votre doctrine sur le fondement de la certitude, avec des illustrations fort curieuses. Il est astronome de profession & l’ami intime de Herschel. C’est certainement l’Anglais le plus avancé que j’aie rencontré jusqu’ici dans les matières philosophiques. Il m’apprend qu’il vous a envoyé l’année passée de Bruxelles un gros paquet de livres qui pourraient vous servir dans votre ouvrage philosophique auquel il s’intéresse vivement (...) Il a maintenant le projet de traduire le livre que vous venez de publier, & le répandre en Angleterre. Que pensez vous de ce projet ? Je n’ai eu aucune nouvelle de M. d’Ault. Le cher Milnes est toujours à Venise (...) Je viens d’éprouver une terrible secousse. Un de nos pairs catholiques anglais, Lord Arundell, est arrivé ici la semaine passée, pour fixer sa demeure à Rome. C’était un ancien ami de ma famille (...) il fut attaqué d’une inflammation du bas-ventre, & ce matin de bonne heure, il est mort entre les bras de sa femme qui est dans état proche du désespoir. Il n’avait pas encore cinquante ans (...) Je ne l’avais vu que deux fois entre son arrivée & sa mort. Dans l’une de ces deux occasions, il me raconta une conversation assez curieuse qu’il eut l’autre jour avec le Duc de Modène avec lequel il avait des anciennes liaisons d’amitié (...) le trouvant assez triste et abattu, il lui a fait des questions sur l’état actuel des affaires politiques. Le Duc lui répondit qu’elles devenaient pire tous les jours, qu’il avait devant lui les plans des libéraux italiens, & qu’ainsi il parlait avec connaissance de cause quand il disait que tôt ou tard ils seraient triomphants. Il ajouta que “ce stupide Roi de Naples a conçu l’idée qu’il est destiné à être le Napoléon de l’Italie, & de se mettre à la tête du mouvement italien, que c’est dans cette admirable pensée qu’il entretient une armée si disproportionnée à ses moyens, & que, étant allié secrètement avec la France, il ôtera le masque aussitôt qu’il pourra le faire avec succès, & fera une irruption dans le territoire du Pape”. Je puis vous garantir l’authenticité de cette conversation (...) on dit que le roi est parti pour Palerme avec tous les ministres & les ambassadeurs étrangers, & c’est de là qu’il datera la constitution qu’il va donner. Ce qui est certain, c’est que le Prince de Canosa est à Naples depuis quelques temps, et on prétend même que le Duc de Modène l’a suivi incognito. Les Libéraux seront bien aise sans doute que sa majesté leur donne si beau jeu, mais je ne sais pas s’ils en seront très reconnaissans (...) le fils de Rubichon va arriver incessamment avec trois millions de piastres pour ouvrir la banque. L’affaire dont je vous parlai dans mon avant dernière lettre & sur laquelle vous me donnez des conseils dans la votre, n’est pas encore terminé, mais malgré beaucoup d’obstacles, elle me paraît être en assez bon train. Vous connaissez la lenteur de touts les affaires ici (...) M. Baines est toujours à Rome. Mon cousin me prie de ne pas l’oublier près de vous. Il s’intéresse vivement à tout ce que vous faites. Il vient de lire une dissertation très bonne & très juste à l’Académie de la religion catholique sur la vie & le caractère de Grégoire 7 ; et telles est la peur des pouvoirs temporels de laquelle on est obsédé ici, qu’on a absolument défendu l’insertion d’un article qui en rend compte dans le Diaro di Roma. Ce qui rend encore plus remarquable cet exercice de pouvoir de la part de la Censure, c’est que l’article fut écrit par le Dr Castellini, membre de la Congrégation de l’Index, et examinateur général des livres. Mardi prochain, on nommera quatre nouveaux cardinaux : Canali, Battaglia, Polidori & un évêque sicilien. J’ai raison de croire que Bernetti ne se tient pas trop ferme dans la selle. On dit que son maitre en est entièrement dégoûté. Son successeur serait probablement Gamberini. Je vois quelquefois V[entura]. Il a eu l’autre jour une audience du Pape qui ne lui parla de rien. Il parle toujours avec affection de vous. Ma santé a été faible depuis quelques temps (...). En ps. : D’Alzon vous écrira bientôt. Il vient de recevoir votre lettre. Mille choses à M. Elie. Je suis bien aise qu’il va vous accompagner dans votre solitude (...). |
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