Catalogue d’expertise de livres & de manuscrits








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L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 17 juillet 1825.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 400 / 500 euros
Intéressante correspondance mentionnant plusieurs personnalités féminines, les attaques de l’abbé Feletz et donnant son avis quant à l’évolution de la publication du Mémorial catholique, fondée par l’abbé Gerbet :

Mille grâces, Monsieur le Marquis, et de vos vers et de votre prose (...) comme on en faisait, il y a cinquante ans, ou plus anciennement encore sous ce vieux roi nommé Louis XIV, à cette époque de ténèbre, et vous êtes un obscurant, si vous voulez bien. Mad. de Chastellux aussi est une obscurante, et Mad. de Rohan, et Mad. d’Escars, et Mad. de La Trémoille, malgré son gallicanisme, qui ne lui sera pas compté seulement pour une petite chandelle ; et voilà ce qu’on gagne à pactiser. C’est ce que vous n’avez pas fait avec M. l’abbé Feletz, qui a fait un pacte, je ne sais avec qui, contre le sens commun (...) Je suis tout-à-fait de votre avis au sujet du Mémorial. Il faudrait qu’il prît un nouvel essor (...) Le commencement de l’année prochaine me paraîtrait l’époque convenable pour opérer le changement que vous désirez. On pourrait alors essayer de paraître une fois la semaine. J’espère qu’on aura eu assez de bon goût et d’esprit pour citer quelques-uns de vos beaux vers. Cependant rien, en ce genre, ne va comme il devrait aller, parce que personne ne se mêle assidument de la direction. Je ne négligerai rien pour faire sentir les inconvénients qui résultent de cette espèce d’abandon dans lequel on laisse sous ce rapport le Mémorial (...).

291 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, à Paris (correspondance renvoyée au château de Tubeuf, à Verneuil dans l’Eure). A La Chenaie, 18 août 1825.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.

estimation : 300 / 400 euros

Belles lettre montrant encore une fois l’engagement virulent de Lamennais dans l’actualité politique de son temps, mentionnant ici, Antoine de Salinis dans l’entourage de la Chenaie, et faisant allusion au recueil poétique du marquis, le Songe du roi Charles X, écrit dans les circonstances du sacre de Reims le 27 mai 1825 : Oui certes, Monsieur le Marquis, je garde les lettres que vous me faites l’amitié de m’écrire ; je les garde pour qu’on sache un jour qu’en France, en 1825, il y avait encore de l’esprit, de la raison piquante, des sentiments élevés, et tout ce que M. de Villèle serait fort embarrassé de faire coter à la Bourse. Ne le plaignez-vous pas de l’insurrection qui a éclaté parmi ses sujets à l’occasion de ces tristes et malencontreux trois pour cents, qui devaient, disait-il, ravir tout le monde, lui d’abord, et ensuite ces benêts de rentiers (...) Vous avez vu dans les Débats, comment il a plu à M. de Corbière, de retrancher 4600 F que l’Académie des Inscriptions employait chaque année en distributions de médailles aux personnes qui s’occupent avec le plus de succès de l’étude aujourd’hui si négligée de nos antiquités nationales. Cet hommes, pardon, je veux dire M. de Corbière, a des idées qui ne sont qu’à lui (...) je proposerai de le surnommer Diogène- Vandale. J’attends impatiemment le petit Dialogue que M. de Salinis doit m’apporter de votre part, et je vous remercie d’avance du plaisir que j’aurai à le lire avec deux ou trois personnes (...) Quant à l’idée d’envoyer à Rome la prophétie que vous appelez votre Songe, elle me parait excellente ; mais le mieux serait sans contredit, que vous l’adressassiez directement au Pape avec une lettre, par l’entremise du Nonce. Cela ne souffre aucune difficulté, et le S. Père sera certainement touché de cet hommage dont il est digne. En allant me jetter à ses pieds, j’ai pensé par votre patrie, cette ancienne Corioles, aujourd’hui nommée Bolsena, située sur le bord du lac qui porte le même nom ; la position en est charmante. On aperçoit dans ce lac deux isles, et l’une d’elles rappelle un grand crime, l’assassinat de la reine Amalasonte, que son mari Théodat fit étrangler pour régner plus à l’aise. Il faut que le pouvoir ait toujours eu bien de l’attrait. Le souvenir de cette scène horrible dans un des lieux le plus riant que la nature ait formé, produit une impression profonde. Du reste, Corioles n’est plus qu’un misérable bourg. Nulles traces de son antique splendeur : etiam perire ruina (...) ce que vous retrouverez toujours pendant que je vivrai, c’est une amitié inaltérable, et un dévouement pareil en tout à cette amitié.

292 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, au château de Tubeuf. A La Chenaie, 10 septembre 1825.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
Très intéressante lettre mentionnant Chateaubriand :

estimation : 400 / 500 euros
(...) Nous vivons dans un drôle de temps. Après la reconnaissance touchante de S.M. catholique, qui fait couper le cou à ceux qui l’on replacé sur le trône, viennent les noires amitiés de M. de Villèle, qui a l’air de se ménager, aux dépends de la France et des Colons, une retraite à Haïti. Ce sont les trois pour cent de la morale et de la politique. Je ne doute pas que la religion n’ait aussi les siens, et l’on peut s’en rapporter à Mgr d’Hermopolis. La session prochaine sera une des scènes les plus curieuses de cette grande parade qu’on appelle le représentatif. Et à ce propos, dites, donc à Mad. de La Tremouille, que le gallicanisme n’est que le représentatif dans l’Eglise. Avec autant d’esprit qu’elle en a, et de bon esprit, la question sera jugée pour elle. J’en dirai cependant quelque autre chose encore dans la seconde partie de ma brochure (...) Mon chagrin est que le travail n’avance pas comme je le voudrais. On n’est guère en état d’écrire quand on souffre, et avec une disposition habituelle à l’évanouissement. Quant à la nouvelle attaque de M. Feletz dans les Débats, le Mémorial s’est chargé d’y répondre. Je serai charmé d’y lire votre chapitre sur l’hypocrisie, et l’abbé de Salinis (...) aura l’honneur de vous voir à son retour à Paris, et de vous rappeler nos espérances. Le dialogue de Bycon et de Chrysès est plein de sel et d’une raison fine et piquante. C’est encore vous. Peignez nos mœurs, Monsieur le Marquis, nos opinions et les effets de nos opinions, nos travers, nos ridicules, nos ineptis, nos bassesses : il y a de quoi tenter un talent tel que le vôtre. Je craindrais seulement qu’on vous accusât de défendre votre cause personnelle, en vengeant le bon sens et le bon goût (...) Si je voulais faire un jeu de mots, je dirais que M. de Ch. se débat. A force d’esprit, il est parvenu à jouer le rôle de l’homme qui en aurait le moins ; et par malheur, il le joue en maître. Des opinions fausses l’ont conduit dans une opinion fausse ; et pour en sortir, il fausse encore ses opinions. Cela me paraît un cercle terriblement vicieux. Depuis quatre ans, je n’ai pas eu à me louer de M. de Ch. ; mais j’avoue que je ne saurais me défendre d’une grande pitié, en voyant M. Fiévée tendre d’en haut la main à l’auteur du Génie du christianisme. Oh ! qu’un peu d’orgueil sera souvent utile à la vanité ! Voilà un mois que mon frère voyage pour visiter ses établissements qui s’accroissent d’année en année (...)

293 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, à Paris (renvoyée chez Mme de Mortfontaine à Triel). A La Chenaie, 12 octobre 1825.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 400 / 500 euros
Critique acerbe contre le journal conservateur Les Débats et critiquant amèrement les positions de Chateaubriand :

Il faut être équitable envers messieurs des Débats ; il leur serait assez difficile de trouver une transition de leur prose à vos vers (...) et je conçois qu’ils y rêvent longtemps. Vous savez mieux que moi qu’aujourd’hui justice, raison, goût, bon sens, tout est subordonné aux intérêts de cotterie ou de faction ; et si le divin Homère se présentait pour la première fois avec son Iliade, avant de juger le poëme et d’en parler, on s’informerait d’abord si l’auteur est libéral, doctrinaire, politique ou ministériel. Votre prophétie est, pour certaines gens, ce que serait une Bulle du Pape pour l’archevêque de Cantorbéry. A coup sûr, il n’y verrait qu’une idée particulière, opposée à ses idées particulières ; et voilà où vous en êtes avec les Débats, qui, s’ils avaient la force en main, porteraient peut-être l’esprit de conséquence aussi loin que les Espagnols : rien ne m’étonnerait de pareilles gens (...) n’oubliez pas que vous êtes , suivant eux, un révolutionnaire ; puisqu’il n’y a plus rien de révolutionnaire en Europe que les entremises du despotisme, ainsi que nous l’apprenait dernièrement M. Fiévée. Or je vous soupçonne fort de favoriser ces entremises du despotisme, et vous aurez bien de la peine à sortir net du procès qu’on vous en fera. Mais de grâce, voyez le progrès : que de pareilles choses soient dites en 1825 sous la bannière de M. de Ch. ! Et cette année 1825 n’est pas encore finie ; nous en entendons bien d’autres, si je ne me trompe. Les esprits se précipitent et précipitent la Société dans un abîme dont nul ne connaît le fond. Je défie tous les partis de dire ce qu’ils veulent ; les imbéciles seules l’essaieraient. On travaille aveuglément à détruire, et puis c’est tout. Le succès en ce genre a été si grand qu’il ne reste pas même d’éléments pour reconstruire, après le bouleversement inévitable qui nous menace dans un avenir prochain. Maintenant, tous les efforts se réunissent contre la religion ; elle est le seul ennemi qu’on craigne. Il n’est pas jusqu’à M. de Montlozier qui ne reproche à ces pauvres ministres l’influence qu’ils ont, dit-il, laissé au clergé (...) voilà le cannevas sur lequel une demi-douzaine de journaux et des brochuriers sans nombre brodent chaque jour leurs impertinences, leurs sottises et leurs impiétés. On pousse de toutes parts à une rupture avec Rome, et à l’établissement d’une église nationale, d’une église représentative, qui ne représenterait que la folie, les funestes opinions, le doute pratique, la bassesse et la lâcheté des temps actuels. On poursuit l’ordre jusque dans le sein de Dieu même. Certes, jamais le monde n’avait rien vu de semblable, et nous verrons mieux encore ; ce n’est là que le commencement. Ma santé est si mauvaise que je n’ai pu encore reprendre mon travail. Ménagez la vôtre, Monsieur le Marquis ; elle est précieuse aux gens de bien (...).

294 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, à Paris. A La Chenaie, 6 janvier 1826.

2 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 400 / 500 euros
Intéressante correspondance montrant la virulence de Lamennais contre le gallicanisme ; elle laisse présager la condamnation de l’ouvrage, De la Religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et civil, quelques mois plus tard en avril 1826. Lamennais sera défendu par Berryer :

Vous peignez admirablement, Monsieur le Marquis, cette caricature de société, à laquelle chaque jour ajoute quelque trait hideux ou comique. C’est, en grand, le chariot de Thespis, avec cette différence que les acteurs, aspirent au moment où ils pourront se barbouiller de sang au lieu de lie de vin. Quel avenir, et comme il approche ! Quel espace parcouru en une seule année ! Mais on ne s’aperçoit pas du chemin qu’on fait, parce qu’on est porté par la foule. J’aime beaucoup ces braves gens qui essaient de se rassurer, en se disant l’un à l’autre, j’ai peur (...) Cela vaut, en son genre, le je sens bien que je me perds. Il se croyait sûrement Charles X quand il a dit cela (...) J’appelle cela se prêter le siècle. Vous avez vu la dénonciation de M. Würtz par Me Dupin. Vous avez vu la réponse consolante et satisfaisante que lui fit M. le Président Séguier, qui poursuit solennellement un réquisitoire contre les prêtres ultramontains. Point de réquisitoire cependant, mais pourquoi ? Vous ne le devineriez pas en mille ans ; parce que l’autorité diocésaine a pris les devants, parce qu’elle a interdit la prédication à l’un des plus dignes prêtres de France, pour avoir rempli avec trop de zèle un de ses devoirs de prêtre ; parce qu’elle lui a ôté le pauvre vicariat dont il vivait. J’ai sous les yeux une lettre de ce pauvre vieillard. En voici quelques phrases : “Je n’aurai pas, je crois, le bonheur de comparaître devant les juges pour faire ma profession de foi. Une cause comme celle là vaut bien la peine qu’on aille en prison, que dis-je ? que l’on affronte la mort, si cela est nécessaire. Je n’ai point menti dans ce que j’ai hardiment et ingénument déclaré. Souffrir et mourir pour la cause de Jésus-Christ et de son Eglise, voilà tous mes moyens de défense.” Qu’est- ce qui sera beau, qu’est ce qui sera sublime si cela ne l’est pas ? M. de Chateaubriant nous menace du Pacha d’Egypte ; je le défie bien de surpasser en basses atrocités nos Pachas de France. Enfin, ils se sont résolus à ouvrir la session. Ils ont, à leur manière, le courage des conquérans du Nouveau Monde qui bravaient tout pour de l’argent (...) Bien qu’il y ait peu de spectacles aussi instructifs que celui-là, on ne peut se défendre d’une douleur profonde en songeant à tout ce qu’il suppose, et à tout ce qui le suivra. Si je n’étais retenu par le devoir, je me hâterais de sortir de France, non pour chercher ailleurs un abris contre les dangers qui nous menacent, mais pour chercher quelque diversion aux sentiments qui fatiguent l’âme dans notre malheureux pays. Dieu me fait la grâce de ne rien craindre pour moi. Que peuvent-ils me faire ? Que peuvent-ils m’ôter ? Ma fortune, je n’en ai point : la vie ? C’est la chose de ce monde à quoi je tiens le moins. Cependant, les maux que je prévois, ces maux qui pèseront sur tant d’innocents, cette tempête de crimes dans l’avenir est noir, tout cela me serre le cœur et altère ma santé. Conservez la vôtre, Monsieur le Marquis ; elle est précieuse à la bonne cause (...).

295 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, à l’Hôtel de Mac-Carthy à Toulouse. A La Chenaie, 17 mars 1826.

2 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 300 / 400 euros
Intéressante lettre emprunt d’ironie à propos de la loi contre la presse, évoquant les ennuis de Lamennais traduit en police correctionnelle pour la publication de son ouvrage, De la Religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et civil :

Je suis, Monsieur le Marquis, fort en retard avec vous ; la cause en est que les maux ordinaires ne furent jamais moins en retard avec moi. Si à des souffrances habituelles, vous joignez des occupations aussi tristes que nombreuses, vous vous expliquerez facilement le silence pour lequel je vous dois des excuses (...) Nos chers députés courent peu de risque d’éprouver un regret semblable. La parole, cette session, ne leur a pas manqué pour l’amusement de leurs commettants (...) Quelles admirable manifestation des trésors cachés que recélaient nos départements ! Ecoutez, lisez, et n’oubliez pas que le style est tout l’homme ; et puis j’adopte pleinement vos conclusions, que vous ferez bien pourtant de ne pas rendre trop publiques, car voici ce qui vous arriverait. Le Comité d’enquête établi sur la demande de l’honorable M. de la Boëssière, vous traduirait par devant la Chambre ; la Chambre où il y a des gens d’une grande délicatesse de goût, et dès lors très difficiles sur les jugements qu’on porte d’eux, vous inviterait avec cette politesse légale qui la distingue, à faire une retraite de quelques mois dans une maison soumise à la discipline de M. le Garde des Sceaux, qui vous laisserait le choix entre des distractions toutes plus agréables les unes que les autres, par égard pour les lettre, que lui avait sans doute recommandées son collègue M. de Corbière. Voilà jusqu’à présent la fin de la discussion, le dernier effort de l’amour qui anime M. de Peyronnet ; il aime tant les écrivains qu’il leur promet à tous ce qu’il a tenu sans l’avoir promis à M. Magallon. Ne trouvez-vous pas qu’il est cruel de quitter un pays où l’on entend, où l’on voit de si belles choses ? C’est mon sort cependant. Je m’en vais en Bretagne pour y passer quinze ou dix-huit mois. Là, plus de vie, plus de discours : les jardins parlent peu : nulle autre société que Bossuet, Fenelon, Pascal et autres pareils misérables, vrai gibier de police correctionnelle. Que deviendra, je vous en prie, au milieu de ces gens-là, ma civilisation individuelle ? car je n’aurai pas même de journaux pour me soutenir à la hauteur du siècle et de ses modèles, dont j’ai l’honneur, pour ma quôte part, d’être le représenté. Enfin, enfin, il faut prendre la chose chrétiennement. J’ai vu, il y a peu de jours, Mad. la Mise de Talaru ; elle lutte contre ses infirmités avec un rare courage (...)

296 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, (à Toulouse). Paris, 21 janvier 1827.

2 pp. double feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 300 / 4000 euros
Critique acerbe contre la politique menée par la monarchie, et faisant allusion aux discussions de la Chambre concernant les Jésuites, suite aux fameux mémoires de Montlosier ; discussions qui conduiront aux ordonnances de 1828 :

Je me plains de votre absence, Monsieur le Marquis, mais je ne vous plains nullement de n’avoir pas sous les yeux le spectacle de toutes les passions, de toutes les folies, de toutes les bassesses qu’offre en ce moment la capitale des descendants de Hugues Capet (...) Les trois pouvoirs de l’Etat, comme on les appelle, semblent être une émanation directe de la force, de Ste Pélagie et de Charenton. Il ya de tout cela dans nos gens, avec une fierté niaise, un contentement d’eux-mêmes très curieux à contempler. Le résultat de leurs œuvres est une guerre imminente, une persécution près de commencer, et je ne sais quelle fermentation des esprits qui prend chaque jour un caractère plus alarmant. Préparez-vous à tout, car désormais tout est possible, et adesse festinant tempora (...) L’agonie est pour moi ce qu’il y a pire, et je dirais volontiers à la révolution, comme le Christ à Judas : quod facis, fac citius. Le Roi pense autrement ; chacun son goût. Trop courtois pour exiger de la Révolution qu’elle reste en repos et qu’elle l’y laisse, il lui suffit qu’elle n’aille pas trop vite. Doucement, madame, doucement ! Voilà toute sa politique, sa sagesse et son désir, qui certes n’est pas ultra. La décision des Pairs sur l’adresse de M. de Montlosier sera l’arrêt de mort des Jésuites. L’heure de l’exécution est seule incertaine encore. Puis viendront les missionnaires, puis le parti prêtre en masse, puis, puis... tout ce que vous devinez. L’Espagne et le Portugal embarrassent fort M. de Villèle (...) Le centre seul est imperturbable ; c’est l’optimisme incarné. A chaque destruction nouvelle, ils disent comme le Tout-Puissant lorsqu’il créait le monde : Cela est bien ! (...) Et voilà comme la fin ressemble au commencement (...) Je n’ai pas revu, comme on vous l’a dit, le commencement de ma santé. Je suis toujours faible et souffrant. Ne m’imitez pas (...).

Il salue enfin Mme la marquise de Coriolis et la vicomtesse de Maccarthy. La famille Coriolis était apparentée au Maccarthy, depuis le mariage en novembre 1826 entre Marie-Thérèse Caliste de Coriolis et le vicomte Justin de Maccarthy. Les Maccarthy occupaient depuis le XVIIIe siècle un très bel Hôtel à l’angle de la rue Mage à Toulouse, construit à l’origine par le comte d’Espie. L’hôtel resta dans la famille jusqu’en 1868. C’est par l’entremise de Coriolis que Lamennais fera la connaissance de Nicolas Tuite abbé de Maccarthy, le fameux prédicateur, mais aussi du jeune Charles Maccarthy avec qui il sera en relation étroite, avec Emmanuel d’Alzon, au moment de la rupture avec la papauté, en 1834 à Rome.

297 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, à Paris. S.l., 13 octobre 1827.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marque postale.
estimation : 400 / 500 euros
Belle réponse à une lettre du marquis, et faisant allusion à la tournée de Charles X dans le Nord de la France ; bien que le marquis de Coriolis soit resté ultra, Lamennais ne lui cache pas son désappointement vis-à-vis de la Monarchie ; il annonce ses sympathies pour une démocratie, défendant “la masse du peuple”.

(...) J’ai besoin, je vous l’avoue, de trouver des âmes telles que la vôtre, pour me consoler d’être encore de ce monde si triste et si méchant, de ce monde où, (...) il n’y a de durable que les pleurs (...) L’intérêt que Madame la Mise de Coriolis et MM. vos fils ont bien voulu prendre à ma maladie me touche aussi infiniment (...) Il y a longtemps que la politique n’avait été si muette. Les ministres ont fait comme ces maîtres d’école qui, pris en faute par leurs écoliers et ne sachant que répondre, s’en tirent par un taisez-vous appuié d’une bonne législation pénale (...) Malgré le mécontentement général que le gouvernement inspire, il n’est pas haï d’une haine violente, mais il est profondément méprisé, ce qui est bien pis. On a fait voyager ces pauvres Princes (...) ils ne se savent pas que tout ce qu’ils ont vu n’était qu’un spectacle commandé. Chaque acteur a joué son rôle, et la pièce, en vérité, a paru passablement froide. Bien fou qui s’imagine qu’en France, il reste encore de vieilles illusions dans la masse du peuple (...) Les treize dernières années nous apprennent bien des choses là-dessus ; il ya pourtant des gens à qui elles n’ont rien appris (...).
298 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A la Chenaie, 3 décembre 1827.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marque postale, trace de cachet de cire rouge.
estimation : 400 / 500 euros
Belle page de Lamennais qui pressent la chute du ministère Villèle à la suite des élections de novembre, gagnées à la faveur des libéraux ; Villèle en difficulté, avait demandé au roi une fournée de 73 pairs pour retrouver la majorité à la Chambre ; toutes ces circonstances laissent présager la chute de la monarchie, selon Lamennais. Il s’agit d’une réponse à une précédente lettre du marquis dans laquelle il donnait son jugement sur un texte de Bonald :

Je ne me serais pas douté (...) qu’il fallût absolument venir en province pour lire M. de Bonald (...) Je crois que M. de Villèle n’est pas à se mordre les doigts de sa confiance dans l’opinion publique, et vous ne pouviez choisir un meilleur moment pour lui renvoyer son Soyer tranquille. A voir ce déluge d’écrits qui ont fatigué la poste durant les élections, ne serait-on pas tenté de dire que les ministres ont vidé leurs portefeuilles ?(...) M. le Président du Conseil s’obstine à maintenir qu’il a et qu’il aura la majorité. Il y a là dedans je ne sais quoi qui tient de l’impénitence finale (...) Cet homme est étonnant, mais moins que le Roi, je le dis avec peine. Comment peut-on risquer un trône pour un Gascon ? Il finira, ce Gascon, par s’en aller à la Chambre des Pairs, avec M. le Cte de Corbière et M. le Cte de Peyronnet, et tutti quanti, ce qui ajoutera au relief de ce qu’on appelle si délicatement l’aristocratie du Royaume (...) Tout cela fait pitié sans doute, mais les suites font peur. La révolution triomphe ; elle est dans tous les esprits, et la moitié de la France rêve de nouveaux bouleversements. Que sera-ce, lorsque de la tribune, et peut-être de plus haut, elle échauffera des passions déjà si ardentes (...) Les iniquités, les bassesses, l’ignoble despotisme d’une dégoutante administration, ont fatigué, irrité les âmes au-delà de ce qui se peut exprimer, et la haine monte jusqu’au trône, parce qu’on le croit le point d’appui des hommes qui repousse la conscience publique (...) le Pouvoir a perdu toute force morale ; il n’est plus soutenu que par des intérêts purement matériels (...) tout vient se résoudre en sommes d’argent, et que l’argent est par sa nature, essentiellement démocratique. Le roi lui-même n’est qu’un rentier, le plus riche de tous (...) mais ce n’est pas ce qui rend sa position meilleure ; car l’industrie qui est extrêmement forte sur l’arithmétique, trouve qu’on pourrait, à beaucoup moins de frais, faire signer des ordonnances (...) C’est le gouvernement au meilleur marché de M. de La Fayette (...)

299 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 7 janvier 1828.

2 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 400 / 500 euros
Très belle correspondance politique faisant allusion à la chute du ministère Villèle et présageant la chute de la monarchie :

(...) Vous devez être content de la persévérance de M. de Villèle (...) Son jugement est prononcé, il est sans appel ; et voilà ce que toute la France ne peut parvenir à lui persuader (...) On pourrait s’étonner que le Roi consente à cette fantaisie de son ministre ; car, je vous demande un peu, quel bel honneur pour la royauté de s’entendre dire : Il vous plaît de garder M. de Villèle ; nous en sommes fâchés ; mais il nous plaît à nous, de le renvoyer et il s’en ira (....) Si j’avais l’honneur de m’appeler Charles X, je n’en serais pas assez flatté pour faire naître l’occasion de le recevoir. Chacun a ses idées, et il est vrai que ce n’est plus trop la peine d’être délicat sur certaine choses, et la révolution est reine aussi. Elle le sera bientôt toute seule, si l’on en juge par ce qui se dit et par ce qui se fait. Nous approchons de grands événements. Je ne serai pas surpris que la guerre contre l’Eglise ne commençât dès cette session (...) on nous demandera des déclarations, des signatures, des serments, enfin que sais-je ? Le tout pour être refusé ; après quoi on déclarera que la religion romaine est incompatible avec la Charte et les libertés publiques, et l’on s’occupera de former un clergé national ou gallican. On lui livrera les évêchés, les églises, les presbytères, les séminaires, les écoles (...) Les prêtres romains ne laisseront pas de continuer leurs fonctions, parce qu’il ne leur est pas permis de les abandonner en conscience. On dira qu’ils détournent le peuple de l’obéissance aux lois, et l’on en fera de sanglantes contre eux. Voilà ce que nous sommes destinés à voir (...) Je ne parle pas des changements purement politiques, on les devine assez. Que nous ayons le duc d’Orléans, le prince d’Orange, ou un auguste Président à la manière des Etats-Unis, la guerre extérieure est inévitable (...).

300 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 31 janvier 1828.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales, trace de cachet de cire rouge.
estimation : 300 / 400 euros
Contre la politique jugée anticléricale du ministère Martignac et de Portalis :

(...) qu’il plaise aux Chambres de nous constituer un gouvernement, que bien entendu, elles s’occuperont le lendemain de déconstituer, et le tout très constitutionnellement. M. Portalis s’efforce d’apaiser la grosse faim du libéralisme, en lui jetant, avec les congrégations enseignantes et les écoles diocésaines, une bonne et solide espérance de schisme. Car, bien que le rapport du Gardes des Sceaux, ne parle explicitement que des petits séminaires, ce sont surtout les grands qu’il menace (...) à moins qu’il n’ait su ce qu’il disait, ce qui peut, au reste, se supposer comme autre chose. Les mesures complettes et efficaces, qui doivent se coordonner avec notre législation politique et les maximes du droit public français, n’ont pas, que je sache, de rapport très prochain avec les conjugaisons et la syntaxe. Mais si l’on avait en vue l’enseignement théologique, si les maximes du droit public français, étaient par hasard les maximes de 1682, cela deviendrait plus clair, et peut-être serait-ce l’Eglise elle-même qu’il s’agirait de coordonner avec notre législation politique (...) Nous verrons le résultat des hautes pensées de la commission. Il s’y trouve des noms qui promettent. Quoiqu’il en soit, je regarde cette pancarte signée Portalis, et plus bas Charles, comme une déclaration de guerre au clergé (...) La révolution n’abandonnera pas l’espoir qu’on lui a donné. Ce qu’elle veut avant tout, c’est ce que voulait aussi, un temps fut, M. de Mirabeau, décatholiser la France. Elle n’y parviendra pas, mais elle parviendra, et avant peu d’années, à établir le schisme (...) La perte ou le salut, sous ce rapport, dépendra de Rome, et l’on doit certainement tout espérer de son zèle et de ses lumières (...) Rassurez, Monsieur le Marquis, Mad. de La Trémouille sur les Jésuites. Pour moi, ils ne me font peur que par leur insignifiance (...)


301 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 18 février 1828.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales, trace de cachet de cire rouge.
estimation : 300 / 400 euros
Très intéressante lettre où Lamennais dénonce les fraudes électorales et espère le soutien du Vatican dans son combat contre les positions du ministère Martignac à l’égard de l’Eglise :

J’espère (...) qu’au moment où je vous écris, vous êtes rassuré sur la santé de Mme de Maccarthy (...) Les faits que vous avez eu la bonté de m’apprendre sont extrêmement curieux ; ils aident beaucoup à juger des hommes et des choses du moment (...) C’est à mon avis, une grande faute que de se faire le panégyriste du système constitutionnel, et d’en repousser les conséquences immédiates (...) Royalistes et libéraux, tous, il y a trois mois, tonnaient contre les fraudes notoires qui ont amené illégalement plusieurs députés dans la Chambre. Aujourd’hui, voilà qu’on pallie ces fraudes (...) Le parti révolutionnaire qui (...) a pour lui la raison, le droit, la justice, l’honneur, triomphe dans l’opinion, même lorsqu’il succombe dans la Chambre (...) Vous avez raison de craindre que, dans les circonstances qui peuvent survenir, on ne temporise trop à Rome. Cependant, je suis plein de confiance dans les lumières supérieures et dans le grand caractère du Pape. Il se souviendra sans doute combien de fois, sous Louis XIV, on manqua l’occasion d’abattre le Jansénisme, et comment, pour éviter de légers inconvénients, on finit par créer un péril immense. Fénelon l’avait bien prévu ; il ne cessait d’annoncer le schisme qui faillit éclater sous le Régent et qui naquit enfon en 1791 (...) Pour bien juger de l’avenir, il faut moins regarder les actes du pouvoir, que le mouvement général des esprits (...).

302 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 15 septembre 1828.

2 pp. ? bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 300 / 400 euros

Correspondance dans laquelle Lamennais s’excuse de son long silence ; il poursuit en s’intéressant au sort de l’expédition de Morée à laquelle le fils aîné du marquis de Coriolis participait :
(...) De grands désordres et de grands châtiments sont encore nécessaires pour que le monde rentre dans les voies [de la Providence]. J’en dirai quelque chose dans l’écrit que je prépare et qui ne paraîtra pas aussitôt que je le présumais, parce qu’au lieu d’une brochure, je me suis vu engagé peu à peu à faire une espèce de livre (...) M. votre fils est cause que je vais m’intéresser au Péloponèse. Je cherche comme vous le motif de cette mystérieuse expédition, et comme vous, je ne le trouve point. Si on pouvait l’apprendre aux ministres, on leur rendrait peut-être service, autant qu’à nous (...).
303 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 7 novembre 1828.

3 pp. bi feuillet in-12, adresse au verso, marques postales.
estimation : 300 / 400 euros
Belle page épistolaire de Lamennais dans laquelle il juge une révolution inéluctable :

Je suis, Monsieur le marquis, entouré de malades, l’un desquelles m’a donné et me donne encore de très vives inquiétudes. Il s’en faut beaucoup (...) que je sois moi-même bien portant. Voilà l’explication du retard que j’ai mis à vous remercier de votre souvenir (...) Si ma pauvre tête est épuisée, mon cœur ne le sera jamais pour vous, non plus que pour le cher petit Emmanuel, qui m’a écrit une lettre charmante (...) Je ne suis pas moins sensible aux bontés de Mad. de Maccarthy (...) Lamennais poursuit en faisant remarquer qu’il n’a aucune nouvelle de Mlle de Vitrolles alors en Italie à Florence. (...) [La politique en France] devient chaque jour et plus plate et plus oppressive (...) Il n’est que trop clair qu’un pareil état de choses ne saurait durer. Tout le monde le voit, tout le monde le dit, et je ne trouve personne pour qui l’attente d’une crise ne soit une espèce de soulagement. Voilà où nous en sommes, et le résultat final de quatorze années de Restauration (...).

304 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, A La Chenaie, 19 novembre 1828.

4 pp bi feuillet in-8°.
estimation : 300 / 400 euros
Belle correspondance politique de Lamennais :

(...) Ceci me ramène à la politique, j’entends la haute politique. Savez-vous, Monsieur, qui sera roi bientôt ? Les savans, les artistes et les industriels. Ne vous moquez pas, je le tiens de bonne part ; cela est même presque officiel, puisque je l’ai lu dans le Producteur journal nouveau qui paraît à la Bourse (...) il fait de plus un appel en règle aux gens bien pensants afin qu’ils s’entendent pour détruire tout ce qui reste des idées vagues et mystiques, c’est-à-dire ce monachisme dont la France ne veut plus, comme nous l’assure feu le génie du christianisme. Que dirait aujourd’hui celui qui disait : nos neveux verront un beau tapage ? Sérieusement, nous allons Dieu sait où, et nous allons vite. La société ressemble à ces chars qu’une force invisible et prodigieuse emporte dans des chemins de fers. Peut-être n’y a-t-il plus qu’à la laisser aller, puisque ce mouvement amuse et les rois et les peuples (...) Je me plais tellement dans ma solitude que j’ignore tout-à-fait quand je la quitterai pour Paris (...)

305 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, Dinan, 19 décembre 1828.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales.
estimation : 400 / 500 euros
Belle lettre faisant allusion à la publication prochaine de son ouvrage Des progrès de la révolution et de la guerre contre l’église, véritable réquisitoire contre la monarchie :

(...) Garde malade et malade moi-même, chargé de plus de mille occupations de détail, au milieu desquelles il a fallu que je trouvasse encore le temps d’achever l’ouvrage que vous voulez bien attendre avec une impatience obligeante (...) Mon livre va être ces jours-ci entre les mains de l’imprimeur, et Dieu veuille que de tout cela il résulte quelque bien (...) Espérons que les événements qui se préparent retremperont un peu le courage de tant d’hommes (...) La persécution s’aigrit partout, aux approches de la session nouvelle. On m’apprend à l’instant même que le petit séminaire de cette ville vient d’être fermé, en vertu d’ordres émanés de la double autorité d’un évêque et d’un congréganiste [Feutrier et Vatimesnil]. Ce n’est pas là ce qui m’étonne. Mais est-ce donc que les catholiques au nombre encore de vingt-cinq millions, n’en viendront pas à se demander si (...) ils ne doivent pas compter pour quelques choses dans cette question ? J’ai pitié, grand pitié de la faiblesse qu’on opprime, mais de la lâcheté, point. Le ministre Villèle a dissous complétement tout les centres de résistance qui existaient parmi nous (...) Jusqu’à ce que l’esprit de sacrifice qu’enfante l’esprit de foi, ne devienne le mobile des efforts qu’on tentera pour sauver la France et l’Europe, il n’y aura rien, absolument rien à espérer de l’avenir. Pour vivre, il faut savoir dire, mourons (...) J’espère que les ministres se fatiguent bientôt de leur gloire hellénique, et satisfaits de celle que leur procure la guerre mémorable qu’ils ont déclaré aux écoles ecclésiastiques, rappelleront notre armée de la Grèce, et que vous ne tarderez pas longtemps désormais à revoir votre fils (...)

306 L.A.S. de Félicité de Lamennais au marquis de Coriolis, S.l., ce jeudi 17 (avril 1828).

1 pp. bi feuillet in-12, adresse au verso, marques postales.
estimation : 300 / 400 euros
Invitation dans laquelle Lamennais désire rencontrer le marquis de Coriolis ; absent de la Correspondance générale.

Je me propose, Monsieur le Marquis, d’avoir l’honneur de vous voir lundi vers 3 heures, si toutefois cet arrangement ne vous contrarie en aucune manière. J’aurais bien désiré me procurer plutôt ce plaisir, mais à mesure que mon départ approche, je me trouve plongé de plus en plus dans une mer d’embarras et d’occupations. A ce dernier point près, il ne tiendrait qu’à moi de me croire presque un ministre (...).

lettres de lamennais à Mademoiselle de Cornulier de Lucinière 1820-1835
Lamennais avait fait connaissance de Mlle de Lucinière, lors de son exil à Londres, auprès de l’institution de l’abbé Carron. Fille de Jean-Baptiste et de Jeanne-Pétronille du Bourg-Blanc, Anne Charlotte de Cornulier-Lucinière (1769-1844), dite “Mlle de Lucinière”, avait suivi ses parents en émigration à Jersey dès 1791, puis à Londres en 1795, où elle entra dans les établissements de l’abbé Carron ; elle y enseignait la grammaire française et tenait les registres de la communauté. Elle ne rentra en France qu’en octobre 1815, quand l’établissement de Londres fut transporté à Paris, faubourg Saint-Jacques ; la fondation de l’abbé Carron prit alors le nom d’Institut Marie-Thérèse, vulgairement appelé les Feuillantines. Confidente de Lamennais, elle fut son principal intermédiaire avec les milieux parisiens, et essaiera de le ramener à la foi lors de la première rupture de Féli avec Rome.

307 L.A. de Félicité de Lamennais à Mademoiselle de Lucinière, A La Chenaie, 26 décembre (1819).

3 pp. bi feuillet in-4°, adresse au verso, marques postales, très légers manques dûs à l’ouverture de la missive.
estimation : 500 / 600 euros
Lamennais vient de quitter récemment les Feuillantines à Paris dont il occupait une dépendance, pour s’installer à la Chênaie. Belle lettre dans laquelle il salue ses nièces confiées aux Feuillantines. La correspondance de cette époque est rare.

Il donne des nouvelles de sa famille et de divers proches, salue ses petites nièces ; (...) Pour moi, je vis ici tout-à-fait seul. Vous direz peut-être que c’est voir bien mauvaise compagnie ; au moins, elle n’est pas gênante, quoique parfois un peu ennuyeuse. Je pense souvent aux Feuillantines et ce n’est pas ce qui me rend ce séjour-ci agréable. Mais c’est mon devoir d’y rester pour achever ce que je n’achèverai jamais ailleurs (...) Vous l’avouerai-je ? Depuis que j’ai quitté les Feuillantines, je suis devenu d’une gravité qui me fait craindre d’oublier à rire (...)
308 L.A.S. de Félicité de Lamennais –“F”– à Mademoiselle de Lucinière et en son absence à Mademoiselle de Villiers (...). Rome, 19 juillet 1824.

2 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, trace de cachet.
estimation : 400 / 500 euros
Belle lettre de Lamennais sur l’accueil que lui a réservé Léon XII à Rome et mentionnant le futur cardinal Wiseman :

Cette lettre, mon excellente amie, vous sera remise par M. Wiseman, jeune ecclésiastique anglais (...) je vous prie de le mettre en relation avec nos bons missionnaires (...) J’ignore combien de temps encore je resterai dans ce pays-ci. On m’y a fait le meilleur accueil, et l’on me presse d’y séjourner (...) Mais j’ai un grand désir de me retrouver dans notre chère France. J’ai vu deux fois le Saint Père, qui m’a reçu avec une extrême bonté (...) il faut prier pour sa santé, car c’est un bon et digne Pape, et un homme d’un grand mérite. Je ne vous dirai rien de Rome ; ce sera le sujet de nos conversations à mon retour. Nous avons une chaleur étouffante ; aussi le peuple fait-il ici de la nuit le jour, et du jour la nuit. Je vous avertis que la cuisine italienne est détestable pour nous autres Français. J’ai envie de retrouver un bon bouillon, un bon bouilli et un bon rôti. Voilà un propos bien édifiant dans la capitale du monde chrétien (...) En attendant, priez pour moi, comme je prie pour vous, pour ma bonne Ninette, ma bonne Angélique, ma bonne Villiers, et pour nos chers petits enfants que j’embrasse de tout mon cœur. Mille amitiés bien tendre à M. Carissan ; souvenirs à Jeanne, Jeannette, Peggy (...)
309 L.A. de Félicité de Lamennais & d’Olympe Philippe Gerbet à Mademoiselle de Lucinière, S.l. (La Chenaie), 2 mai 1833.

3 pp. bi feuillet in-8°, adresse au verso, marques postales, trace de cachet.
estimation : 400 / 500 euros
Belle correspondance mentionnant les intrigues royalistes autour de la duchesse de Berry, mentionnant Rome :

(...) je ne vous oublie point, mon excellente amie ; mais ma mauvaise santé, ma faiblesse qui augmente, et les affaires nombreuses dont je suis accablé, tout cela fait qu’une lettre à écrire est pour moi comme une montagne à traverser (...) Si j’étais à Paris, j’irais me délasser et me ranimer près de vous (...) J’aurai besoin de passer encore ici deux ans pour achever certaines choses. Et puis les moyens de vivre, où les trouver ? Je n’ai plus rien que des dettes. Solon disait : je vieillis en apprenant toujours (...) et moi je dis : je vieillis en m’appauvrissant toujours. Quand on jettera dans la terre ma vieille carcasse, ce qui ne tardera guère, elle y tombera nue, à moins que quelqu’un me fasse l’aumône d’un linceul (...) Pourquoi les Légitimistes s’opiniâtrent à nier la grossesse de cette pauvre duchesse. Ils ont par là fourni un prétexte et presque un motif à ses infâmes geôliers de prolonger son emprisonnement. Bêtise d’une part, atrocité de l’autre, voilà ce que je dis. Du reste, plus que jamais, je vois le parti royaliste sans force et sans avenir (...) Une autre époque commence, qu’y voulez-vous faire ? (...) à propos de M. Rausan, qui me rappelle Rome, qui me rappelle le Pape, qui me rappelle mes affaires, je vous dirai que le 28 février dernier, il a été tenu une congrégation de cardinaux où l’on a décidé à l’unanimité qu’on ne tiendrait compte de la censure des évêques et de leur demande en confirmation de cette même censure ; ce qui n’a rien d’agréable pour eux. Quant à moi, ces choses-là m’intéressent à peu près autant, depuis que j’ai vu de près les ressorts qui font tout mouvoir, que ce qui se passe à la Chine, dans le grand collège des mandarins. Et ma petite Hélène, qu’en dit-elle ? (...) Je me rappelle au souvenir du bon abbé Lacroix ; je remercie du leur Jeannette et Caroline (...).
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