Intervention de Jean-Marie LeMéné sur l’ivg et l’img (14 Mai 2005, colloque de la Basilique de St-Raphaël : «Quelle place pour l’enfant à naître ?»)
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Intervention de Jean-Marie LeMéné sur l’IVG et l’IMG(14 Mai 2005, colloque de la Basilique de St-Raphaël : « Quelle place pour l’enfant à naître ? »)Jean-Marie LeMéné, Président de la fondation Lejeune : association créée en 1994 suite à la mort du professeur Jérôme Lejeune, médecin ayant découvert la cause des maladies chromosomiques, c.a.d. la trisomie 21. La devise de la fondation étant de concilier la vérité et la charité. L’avortement : IVG (interruption volontaire de grossesse) 4 chiffres à retenir : 220 000 avortements/an, 6 à 10 millions en 30 ans, 1 femme/2 est touchée par l’avortement, entre 1 enfant sur 3 et un enfant sur 4 sera avorté. Contrairement à ce que l’on attendait, la contraception n’a pas ralenti la progression des IVG, au contraire. Progressivement, depuis la loi Veil du 17 Janvier 1975, l’IVG et l’IMG ont été libéralisés et facilités : en 1982, la loi Roudy autorise le remboursement de l’IVG En 1993, la loi Neiertz créée le délit d’entrave à l’IVG En 2001, la loi Aubry facilite l’accès à l’avortement : le délai légal passe de 10 à 12 semaines, l’autorisation parentale pour les mineurs est supprimée, ainsi que l’entretien obligatoire pour les femmes majeures. Le délit d’entrave à l’IVG est étendu aux pressions morales et psychologiques et la clause de conscience des médecins est fortement entamée. En 2004, le ministre de la santé Ph. Douste-Blazy autorise l’avortement médicamenteux à domicile. Donc, un professionnel de la santé dans un établissement public ne peut interdire les avortements ; il n’est pas obligé de les réaliser lui même mais est obligé de les faire pratiquer : on peut voir là la gravité de cette clause de conscience. L’IMG : interruption médicale de grossesse (anciennement appelée interruption thérapeutique de grossesse) La 1ère cause de retard mental dans le monde est la trisomie 21. Les objectifs de la fondation Lejeune sont la recherche, le soin et la défense des personnes trisomiques. Rappelons que la loi Veil permet l’IMG jusqu’au terme de la grossesse pour les maladies mentales telles que la trisomie 21. L’IMG a tendance a être un avortement déculpabilisé. La décision de l’IMG appartient finalement peu à la femme ; pour une très grande partie du corps médical la T21 implique l’avortement (c’est d’ailleurs la principale raison des IMG).La femme se trouve en réalité engagée après le diagnostic dans le tunnel fatal menant à l’IMG dont il lui est difficile de sortir. La logique du système étant d’aboutir à l’IMG après le dépistage. On peut observer combien la société a choisi d’éradiquer la T21, ne serait-ce déjà qu’en finançant le dépistage anténatal (100 millions €/an). On assiste à un eugénisme évident puisqu’il y a sélection des embryons pour éliminer les indésirables en mauvaise santé. On déculpabilise l’IMG en montrant qu’il ne s’agit pas d’un eugénisme collectif mais d’un eugénisme individuel qui dépend de chaque cas. Certains parviennent même à faire passer l’IMG pour un acte compassionnel qui vise à éviter la souffrance de l’entourage et du fœtus lui même. La décision est encore une fois légitimée car elle résulte du dialogue entre le médecin et la femme et dépend même du programme économique de notre société (un enfant trisomique coûte cher), tout ceci pour déculpabiliser d’avantage la décision. Pourtant, la loi bioéthique dit ceci à travers le code civil français : « toute pratique eugénique tendant à la sélection des personnes est interdite », on peut penser ainsi que la société française est vraiment bien : quel extraordinaire paradoxe !!! Le rajout du terme eugénique protège en quelque sorte la société contre l’illégalité de cette sélection. L’IMG est parfois même positivé, c’est devenu un moyen d’éviter le mal et même de faire le bien (cela évite la souffrance, la douleur…), c’est un moyen de prévention, donc c’est bien. L’acte positif du gouvernement est donc cette prévention qui fait en sorte qu’il y ait le moins possible de T21, non pas en la soignant mais en l’éradiquant. Rappel de l’affaire Perruche : Mme Perruche, suite à la contraction de la rubéole pendant sa grossesse, mit au monde Nicolas alors lourdement handicapé. Suite à des négligences dans le suivi médical, la mère obtenu réparation des dommages pour ne pas avoir été avertie des risques futurs du handicap de son enfant. Elle ne s’arrêta pas là puisqu’elle demanda réparation au nom de son enfant qui avait subi un préjudice. Heureusement, le médecin n’ayant pas causé lui même le préjudice (le handicap) mais étant responsable d’avoir permis indirectement la naissance de Nicolas, la cour de cassation n’a pu donner suite à la demande du plaignant. Tout le monde de la radiologie, de l’imagerie médicale, de la médecine a été mis en émoi d’avoir la responsabilité de faire naître systématiquement un enfant sans handicap. Le ministre de la santé, Bernard Kouchner statua que « nul n’est fondé demander réparation du fait de sa naissance ». La solution donc, pour les médecins s’affiche de plus en plus de proposer l’ IMG. Le monde des personnes handicapées s’est ému de l’affaire Perruche, le monde des médias s’en est ému et à partir du moment où le monde des médias s’en est ému, le monde des politiques s’en est ému. Voici 5 messages pour faire changer les choses :
Pour illustrer cela, le professeur Lejeune avait l’habitude de dire que si l’église catholique cautionnait un jour l’avortement, il ne serait alors plus catholique. Aucun scientifique honnête ne peut nier que l’embryon est membre à part entière de l’espèce humaine, donc, un être humain. Ce qui tente d’être atteint, c’est de donner un statut intermédiaire à l’embryon ( à l’image des prisonniers de guerre, des esclaves, ou des handicapés )
Il y a une charité qui consiste à dire la vérité ( certes avec douceur et compassion ) « Le non est structurant, le non exprime la limite infranchissable au delà de laquelle l’homme perd sa liberté ; le non montre le minimum qui doit être respecté à partir duquel il pourra prononcer d’innombrables oui. » Jean Paul II (Evangile de la Vie). C’est le premier non qui permet les autres oui. Le mot avorteur est dénoncé comme « pas beau » mais le mot est porteur de sens, si on gomme le mot, on gomme la réalité. Et en l’occurrence, si le mot est dur, la réalité l’est encore plus.
Il n’y a pas de compromis politique en ce qui concerne la vie (ceci engage naturellement les électeurs à peser leurs votes lors d’élection de leurs représentants).
Vivre avec un enfant handicapé, c’est difficile, c’est vrai ; mais c’est possible. Souvent, ce n’est pas une épreuve plus importante qu’une autre, la T21 n’est pas la pathologie la plus difficile à accueillir pour les raisons connues : leur spontanéité, leur côté très affectueux, ils sont mobiles, beaucoup vont à l’école et certains même peuvent travailler. C’est donc une épreuve qui peut être surmontée et sûrement pas une catastrophe. Il faut relativiser l’héroïsme que l’on prête aux parents d’enfants trisomiques, cela cautionne l’idée que c’est une épreuve insurmontable. Il est normal que lorsque l’on est prêt à accueillir la vie, on soit prêt à accueillir le handicap.
Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour défendre la vie. En revanche, on ne peut être chrétien sans défendre la vie. Le respect de la vie est au cœur du mystère de l’incarnation : que comprenons nous du mystère du « Je vous salue Marie … Le fruit de vos entrailles est béni » si nous ne défendons pas la vie. Nous sommes créés à l’image de Dieu, « et Dieu vit que cela était bon ». Il est bon que nous rejoignions cette vision de Dieu sur la créature humaine et de voir quelle qu’elle soit, combien elle est belle et juste, de son commencement à sa fin. Retenons ce regard de contemplation auquel nous invite Jean-Paul II dans l’Evangile de la Vie. |
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