Conclusion Au travers de mesures réalisées au cours de 3 campagnes de terrain et de l’analyse d’échantillons par spectrométrie gamma, ce premier examen de la situation radioécologique des sites et de l’environnement de la Division minière de l’Hérault a permis de mettre en évidence un impact environnemental et dosimétrique significatif. L’évaluation de ce dernier n’a pourtant été réalisée en ne considérant qu’une seule des différentes voies d’exposition : l’exposition externe. Les autres voies devront être prises en compte avant de dresser un bilan radiologique complet.
Le réaménagement insuffisant des sites miniers, ainsi que la dispersion de substances radioactives dans l’environnement (par l’utilisation de stériles miniers et par les écoulements) conduisent, déjà par la seule voie d’exposition étudiée, à exposer des personnes à des niveaux de radioactivité qui ne peuvent être considérés comme négligeables au sens des règles de radioprotection. Le seuil de l’inacceptable pourrait même être atteint dans certaines situations. De plus, cet impact radiologique est notablement amplifié par des fragments de minerai d’uranium répandus dans l’environnement. Cette présence de points chauds, qui ne peut être qualifiée d’anecdotique, constitue un risque supplémentaire notable.
A l’issu de ce travail préliminaire, nous pouvons donc formuler plusieurs recommandations prioritaires :
Avant toute utilisation et cession des anciens sites miniers, ainsi que pour les sites déjà banalisés, les dossiers de fin d’exploitation doivent être réévalués par des études détaillées indépendantes de l’exploitant. En effet, la situation radiologique réelle n’est absolument pas mise en évidence par son réseau de surveillance. L’évaluation qui a été transmise à l’administration dans la perspective de la banalisation des sites miniers ne rend pas compte de la réalité des impacts radiologiques. Cette situation est d’autant plus préoccupante que nombre de sites sont en accès libre (d’après des informations que nous n’avons pu vérifier, certains sites auraient même étaient remis dans le domaine public avant même que l’Administration ait rendu son avis).
Des travaux doivent être réalisés afin de palier la dispersion de matières radioactives dans l’environnement. La recherche et l’enlèvement de « stériles miniers » devront être réalisés. D’autre part des études complémentaires devront préciser si une contamination des sédiments et des eaux d’écoulement perdure actuellement et quels moyens doivent être mis en œuvre afin de la juguler.
Compte tenu de la période des radioéléments, une réflexion doit être engagée sur le long terme. En effet, en analysant la situation actuelle, moins de 3 ans après la fin des travaux de réaménagement, on ne peut que s’interroger sur l’évolution de l’impact radiologique qui affectera dans un avenir plus ou moins lointain les populations qui décideront d’utiliser ces sites, ou voudront en extraire des matériaux. Nul ne peut prévoir, aujourd’hui, ce qu’il adviendra des anciens sites miniers lorsque la mémoire collective aura gommé l’épisode des quelques années d’exploitation.
Enfin, il s’avère nécessaire de prendre en considération l’ensemble des risques liés aux niveaux élevés de radioactivité naturelle, notamment de ceux concernant le radon dans l’habitat. Les plans d’occupation des sols devront prendre en compte les zones d’affleurement de roches uranifères. La population devra être également mise en garde contre l’utilisation de telles roches comme matériaux de construction.
S’agissant de zones où ces niveaux de radioactivité avaient été détectés précédemment – leur exploitation ayant été même envisagée – il est regrettable qu’aucune mesure de prévention adaptée n’ait été mise en œuvre. Il importe de rattraper ce retard. Ces zones doivent notamment être déclarées comme prioritaires dans les campagnes officielles de gestion des risques liés au radon, campagnes menées conjointement par plusieurs organismes depuis 1999. Au cours de la dernière campagne de terrain, nous avons entrepris une démarche de sensibilisation des élus de la commune de Saint-Jean de la Blaquière.
Bibliographie Etudes CRIIRAD : Bilan radioécologique de l’ancien site minier des Bois Noirs, commune de Saint Priest La Prugne, Rapports SPLP3, SPLP4, SPLP9, 2002. Etudes radioécologiques sur la division minière de la Crouzille, 1er volume,1994.
Documents COGEMA : Rapports Environnement 1995 et 1997. Rapports Annuels Surveillance de l’Environnement 1996, 1997, 2000, 2000, 2002,
Division minière de l’Hérault. Rapport Annuel d’Activités, Année 1997, Division minière de l’Hérault. Analyses du réseau de Surveillance de l’Environnement, 1989 à 1992, Division minière de l’Hérault. Dossier de Déclaration d’Arrêt Définitif des Travaux et d’Utilisation des Installations Minières,
Site de Puech Bouissou, Division minière de l’Hérault,1998.
Autres documents : ANDRA, Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs, Ou sont les déchets radioactifs en France ? Rapport de l’Observatoire National de l’ANDRA, Editions 2000 et 2002, ANDRA. BARBAROUX L., La Radioactivité gamma Naturelle et ses Modifications par L’Activité Minière Uranifère en Bretagne Méridionale et Vendée, France,
Environmental Pollution, Elsevier, 1985. BAVOUX B., GUIOLLARD P.-C., L’Uranium du Lodévois (Hérault),
Pierre-Christian Guiollard Editeur, 1999. BYRD DAVID M., La France nucléaire matières et sites,
WYSE-Paris, Yggdrasil Institute, 1997. DESCAMPS B., Etude radioécologique du complexe minier de Lodève (France) 1981-1985, Commissariat à l’Energie Atomique, Service documentation CEA,1987. IPSN, Institut de Protection et Sûreté Nucléaire (ouvrage collectif), L’Uranium de l’environnement à l’Homme, EDP Sciences, 2001. MEINRATH A., SCHNEIDER P., MEINRATH G., Uranium ores and depleted uranium in the environment, with a reference to uranium in the biosphere from Erzgebirge/Sachsen, Germany, Journal of Environmental Radioactivity, Elsevier, 2003.
Liste des Tableaux
Tableau I : Cumul des matériaux extraits du sous-sol de 1976 à 1997. 13
Tableau II : Flux gamma et débit de dose ambiant moyen dans divers secteurs des sites miniers du Lodévois 20
Tableau III : Flux gamma et débit de dose au contact de points chauds sur les sites miniers du Lodévois 21
Tableau IV : Principaux résultats des mesures radiamétriques et des analyses en spectrométrie gamma des échantillons prélevés sur les berges des cours d’eau (Bq/kg sec) 28
Fiches « Mesures radiamétriques » F1 à F18 Annexe 5
Tableaux 1a, 1b, 2, 3 : Résultats des analyses en spectrométrie gamma Annexe 6
Liste des Figures
Figure 1 : Carte de localisation de la division minière de l’Hérault 10
Figure 2 : Localisation des sites de la division minière de l’Hérault et des principaux villages environnants 12
Figure 3: Flux gamma au contact du sol, transect sur la largeur d’un chemin à Saint Jean de la Blaquière 22
Figure 4 : Flux gamma au contact du sol, transect sur la rive gauche du Riviéral au lieu dit « le radier » 24
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