Le Cromleck de Rennes-les-Bains








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L'ART DE GUERIR CHEZ LES DRUIDES. – LES EAUX

THERMALES ET MINERALES DE RENNES-LES -

BAINS. – SOURCES FERRUGINEUSES FROIDES DU

CROMLECK
Dion Chrisostôme attribue aux Druides la science de l'art de guérir ; cet art, dit un autre auteur, ne consistait guère que dans la prescription de quelques bains, et Pline décrit avec complaisance les noms des plantes médicinales dont les Celtes faisaient usage, avec les pratiques bizarres employées pour les recueillir. On peut admettre aisément que les Druides connais-

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saient l'art de guérir, et que les bains étaient leurs auxiliaires les plus sûrs et les meilleurs.

Il est tout à fait remarquable, que l'enceinte du Cromleck de Rennes-les-Bains, enferme toutes les sources minérales, chaudes et froides de la contrée. Les Celtes avaient les fontaines en grande estime, et ils avaient dû être tout heureux de rencontrer un pays, se prêtant parfaitement de lui-même à la construction d'un monument celtique complet sous toutes ses faces.

Quelle croyance, quel symbolisme secret voilaient ces eaux jaillissantes, conservant en tout temps leur volume, leur température, et s'échappant sans bruit des entrailles de la terre ? Etait-ce là l'image des faveurs continuelles que la généreuse Providence déverse sur ses créatures, ou bien encore, après avoir représenté par des pierres levées, ménirs et dolmens, les dons essentiels de blé et de pain que Dieu leur accordait pour apaiser la faim, les Celtes voulaient-ils témoigner leur reconnaissance, de ce que le Seigneur donnait aussi des fontaines d'eau pure et limpide, destinées à étancher la soif ? Cette enceinte de pierres, entourant les sources minérales, indiquait-elle que Dieu, nourricier de son peuple, veillait encore au soulagement et à la guérison des maladies corporelles, par les vertus bienfaisantes renfermées dans ces eaux ?

– 268 –
Il est bien difficile de le dire avec certitude. Toutefois, nous sommes loin d'attribuer aux Celtes de l'occupation primitive des Gaules, cette vénération idolâtrique pour les fontaines, que seuls pouvaient avoir les Gaulois de la décadence, trompés par les doctrines païennes des marchands grecs et phéniciens.

Les fontaines enfermées dans l'enceinte du Cromleck sont fort nombreuses : trois sont thermales à des degrés divers de température. La source dite du Bain-Fort, possède une température de + 51 degrés centigrades, tandis que les deux autres, dites de la Reine et du Bain-Doux, atteignent + 41 et + 40 degrés centigrades.

Il est facile d'apprécier la profondeur extrême du siphon amenant à la surface du sol cette eau minéralisée et élevée à ces degrés de chaleur. On sait généralement que la température varie d'une manière fort sensible dans l'intérieur de la terre, suivant les différentes profondeurs auxquelles on peut atteindre. En prenant pour point de départ les caves de l'Observatoire de Paris, qui sont à vingt-huit mètres au-dessous du sol, et où le thermomètre marque constamment + 11 degrés centigrades, on trouve en moyenne un degré de plus de chaleur pour chaque trente mètres de profondeur, en pénétrant plus avant dans l'intérieur de la terre. L'eau du Bain-Fort mar-

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quant + 51 degrés centigrades, qui se réduisent à 40, puisqu'il faut retrancher les onze degrés constants marqués par le thermomètre à vingt-huit mètres au-dessous du sol, dans les caves de l'Observatoire de Paris, le point de profondeur extrême du siphon serait à peu près à douze cent trente mètres, abstraction faite cependant de toute déperdition de chaleur produite par des causes secondaires et accidentelles. Quant aux sources de la Reine et du Bain-Doux, leur degré de température accuserait neuf cent trente et neuf cents mètres de profondeur.

Ces eaux thermales ont pour principes minéralisateurs l'oxyde de fer, des carbonates de chaux, de magnésie ; des chlorures de soude, de magnésie, et des sulfates de soude, de magnésie, de chaux et de fer. Nous mettons, d'ailleurs, sous les yeux, à titre de pure curiosité, le tableau des analyses faites à l'Académie de médecine de Paris en 1839.


19a

– 270 –
QUANTITÉS DE SELS CHIMIQUES
POUR 1,000 GRAMMES D'EAU MINÉRALE.






Bain

Fort.



Bain

de

la Reine.



Bain

Doux.













Température. . . . . . . . . . .

51° c.

41° c.

40° c.

Acide carbonique. . . . . . .

162 c. c.

155 c. c.

148 c. c.

Acide sulfhydrique. . . . . .

 »

Traces

»

Carbonate de chaux. . . . . .

0 gr. 250

0 gr. 120

0 gr. 140

– de magnésie. . . . . .

0, 070

0, 100

0, 030

Chlorure de sodium. . . . . .

0, 071

0, 285

0, 181

– de potassium. . . . . .

Traces.

Traces.

Traces.

– de magnésium. . . . .

0, 280

0, 320

0, 244

Sulfate de soude et de ma-

gnésie. . . . . . . . . . . . .


0, 090


0, 200


0, 120

– de chaux. . . . . . . . .

0, 162

0, 170

0, 180

Silice. . . . . . . . . . . . . . . .










Alumine. . . . . . . . . . . . . .

0, 049

0, 040

0, 037

Phosphates d'alumine et de










chaux. . . . . . . . . . . . .










Oxyde de fer carbonaté et

sans doute crenaté. . . .


0, 031


0, 006


0, 002

Manganèse. . . . . . . . . . . .

Traces.

Traces.

Traces.

Matière organique. . . . . . .

0, 040

0, 020

0, 020













Total. . . . . . .

1 gr. 043

1 gr. 261

0 gr. 954


– 271 –
Cette analyse, en dévoilant les principes minéralisateurs des eaux thermales ferrugineuses de Rennes, nous dit-elle les effets qui vont se manifester à la suite de leur usage ? Assurément non. On a extrait par l'analyse les éléments constitutifs des eaux, mais il a fallu, au moyen de réactifs, les séparer, les disjoindre, les obliger à prendre des combinaisons qui soient connues et qu'on puisse aisément distinguer. Avant leur séparation forcée, quelle était la combinaison réelle des acides et des bases dans ces eaux minérales, quel principe secret leur donnait l'efficacité remarquée en elles ? Il nous paraît impossible qu'on le définisse avec certitude. On peut seulement formuler des conjectures et des suppositions que les effets viendront souvent contredire. L'observation des résultats acquis par l'usage des eaux est un guide plus sûr et plus fidèle, auquel on doit se fier avec quelque assurance. C'est aussi par les résultats obtenus dans la guérison des rhumatismes, que les eaux thermales de Rennes-les-Bains attirent chaque année tant de malades. Sans doute, bien d'autres infirmités humaines peuvent disparaître sous l'influence de ces eaux salutaires ; mais en général, on y voit accourir des rhumatisants à tous les degrés et sous toutes les formes affectées par les rhumatismes musculaire et articulaire.

– 272 –
Cette qualité, cette propriété des eaux thermales et minérales enfermées dans le cromleck de Rennes-les-Bains, était elle connue des savants du Neimheid ? Quelle pouvait être la source fréquentée dans ce temps ? Le terme escatados, appliqué au terrain compris entre le Bain-Doux et le Bain-Fort ne nous apprend rien de certain, car ce mot signifie seulement eaux chaudes. L'appellation de la Reine, distinguant la source thermale située entre le Bain-Fort et le Bain-Doux, pourrait bien faire supposer que c'était la source la plus estimée, la vraie fontaine des Redones, – Rennes ou Reine –, sans nous dire la vertu curative de ces eaux, d'après la pensée des membres du Neimheid. Cependant, on admettra difficilement que les effets obtenus par l'immersion dans l'eau thermale et minérale, aient échappé à leur perspicacité. Les douleurs rhumatismales ne devaient pas être rares parmi les vieux guerriers celtes, à cause de leurs fatigues continuelles, à cause aussi de leurs blessures multipliées ; ils ne se retiraient guère du combat sans porter les traces de la résistance opposée par l'ennemi. Est-il croyable que, possédant un remède si efficace, si propre à leur donner une vigueur nouvelle par l'apaisement de la souffrance, ils l'aient négligé ou méprisé ?

Il est déplorable que les noms celtiques des

– 273 –
sources minérales, chaudes ou froides, ne soient pas arrivés jusqu'à nous par la tradition. Un seul a été conservé, et il s'applique à une des sources ferrugineuses froides du cromleck. Cette fontaine, placée sur la rive droite de la Blanque, se trouve à la distance d'un kilomètre à peu près au sud de la station thermale. On la désigne depuis peu d'années sous le nom de la Madeleine ; mais son nom celtique reproduit dans le cadastre, est celui de la fontaine de la Gode. L'eau de cette source, émergeant avec abondance de la faille inférieure d'une grande roche de grés, est très ferrugineuse, et d'un goût atramentaire fortement prononcé.

A quelques mètres de cette fontaine, sur le même plan, coule une seconde source, peu abondante et saturée d'un sel de fer qui est le sulfate de peroxyde de fer. On retrouve ce sel chimique déposé sur le sol, desséché par évaporation sous l'action de l'air et produit par l'eau suintant le long des roches de grès sous lesquelles cette fontaine prend naissance. Ces roches de grès contiennent abondamment des parcelles de sulfure de fer. Il est facile de voir le travail de décomposition du sulfure de fer, dans une large roche dont la base plonge dans l'eau de la Blanque, et sîtuée sur le côté droit de la fontaine. A certains points, la roche se sépare aisément par

– 274 –
écailles, et on aperçoit le sulfure de fer changé en sulfate de fer d'une belle couleur verte ; sur d'autres points, on voit encore le sulfate de peroxyde de fer tout formé, présentant l'aspect d'un sel blanc grossièrement cristallisé.

Ces deux sources ferrugineuses froides ont reçu des Celtes le nom de Gode, – to goad (gôd), aiguillonner, exciter, animer –. Lorsqu'on donne à une eau minéralisée par le fer, un nom pareil, c'est que les propriétés en sont parfaitement connues, et que l'on sait à n'en pas douter, dans quels cas précis de maladie, ont doit faire usage de cette eau pour aiguillonner, exciter, animer l'économie tout entière.

On ne peut assez regretter que les noms des sources du Pont, du Cercle et des eaux chaudes, soient complétement perdus : ils nous auraient sûrement renseignés sur le degré de science médicale des Druides, en ce qui concerne l'action thérapeutique des eaux minérales dont ils faisaient usage. Les eaux des deux fontaines de la Madeleine ou de la Gode n'ont point encore été analysées. Elles doivent se rapprocher beaucoup de la nature de celles du Cercle et du Pont, dont suit l'analyse faite à l'Académie de médecine de Paris en 1839.

– 275 –






CERCLE.



PONT.

Acide carbonique.........................

indéterminé.

indeterminé.

Carbonate de chaux.....................

0 gr. 060

0 gr. 140

– de magnésie.................

 »  »

0, 070

Chlorure de sodium.....................

0, 050

0, 060

– de magnésium.............

0, 140

0, 150

Sulfate de soude et de magnésie...

0, 100

0, 120

Sulfate de chaux..........................

0, 084

0, 025

– de fer...............................

0, 150

 »  »

Phosphates d’alumine et de

chaux...........................................


0, 017


0, 050

Oxyde de fer carbonaté et sans

doute crénaté.............................


0, 002


0, 003

Matière organique........................

indéterminé.

0, 003










Total............................

0 gr. 603

0 g. 648












Ce tableau fait amplement connaître la composition des eaux froides, et fait soupçonner l'activité qu'elles doivent posséder dans les cas divers où l'on est appelé à en faire usage.

A l'occasion des fontaines du cromleck de Rennes-les-Bains, nous voudrions donner, dans un ordre d'idées bien différent, un exemple frappant de l'avantage précieux que nous offrent les noms

– 276 –
celtiques des fontaines, pour découvrir bien des faits perdus par la tradition et cachés dans l'obscurité des histoires locales.
VII
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