Premiere partie : la vème republique








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Aux yeux des contemporains, la situation très particulière du fonctionnement de la 5ème est vécue comme la pratique très personnelle du général de Gaulle.
En France démocratique, jamais personne n’avait cumulé autant de pouvoir.
Tout se fait en décalage par rapport à la lettre de la constitution.
Cette ambiguïté peut aussi être due de façon plus pernicieuse à la réforme de la constitution de 1962 qui instaure le suffrage universel pour les élections présidentielles.

SECTION 2- UN DOUBLE CIRCUIT DE LEGITIMAION ET D’ATTRIBUTION DU POUVOIR DU GOUVERNEMENT


  1. Dans les régimes parlementaires classiques, un seul pouvoir est issu du suffrage universel direct : le parlement ou l’une des chambres parlementaires, et donc l’attribution du pouvoir revient toujours en dernière instance au parlement.



  2. Dans les démocraties parlementaires modernes, bien évidemment, le parlement joue un rôle beaucoup plus effacé, bien qu’important, et le pouvoir a souvent basculé du parlement vers le PM.

    En Europe, cette domination primo ministérielle ne remet jamais en cause le fondement du parlementarisme : les gouvernants dépendent toujours des élections législatives.


Or, par rapport à cette situation générale, la situation française est tout à fait particulière.

A- La singularité française
Au regard des régimes parlementaires modernes, notamment européennes, la situation française est tout à fait singulière parce qu’au circuit classique, la réforme de 1962 ajoute un 2ème circuit d’attribution du pouvoir, il en résulte une situation extrêmement complexe.
L’attribution complète du pouvoir gouvernant à un camp politique dépend non pas de une, mais de deux élections, qui toutes deux mobilisent le même corps électoral.
Existe bien entendu le risque que ces élections donnent des résultats divergents.

La situation est d’autant plus complexe que ces deux modes d’attribution du pouvoir étaient jusqu’en 2000 déconnectées dans le temps : il existait un cycle de 35 ans.
1958 : élections présidentielles et législatives.

1962 : dissolution de l’assemblée nationale.

1965 : élections présidentielles.

1967 : législatives.

1968 : législatives (dissolution).

1969 : présidentielles (démission de de Gaulle). Pompidou.

1973 : législatives.

1974 : présidentielles. VGE

1978 : législatives.

1981 : présidentielles. Mitterrand.

1981 : législatives (deux mois après présidentielles).

1986 : législatives.

1988 : présidentielles. Cohabitation de 1986 à 1988.

1988 : législatives (dissolution).

1993 : législatives.

1995 : présidentielles. Chirac. Cohabitation.

1997 : législatives. Dissolution.

2002 : présidentielles. Chirac.
De 1958 à 2002, le pouvoir des gouvernants a été attribué pour des durées très variées.

Non seulement on ne sait pas qui gouverne, mais on ne sait pas non plus pendant combien de temps, temps généralement inférieur au mandat de l’assemblée nationale.
Ce double circuit d’attribution du pouvoir instaure un mécanisme qui potentiellement réduit la durée du pouvoir gouvernant et porte atteinte à la stabilité du pouvoir exécutif.
Le cas français est unique.
Examinons maintenant ces deux circuits.

B- Le circuit parlementaire : le 1er ministre, les élections législatives et la majorité
La 5ème institue une bizarrerie institutionnelle unique en son genre dans les régimes parlementaires qui consiste à attribuer le pouvoir aux gouvernants selon deux circuits.
Le circuit parlementaire est le circuit traditionnel des régimes parlementaires, mais cela ne signifie pas que c’est simple.

Evidemment, le problème politique fondamental, c’est que les élections législatives ne donnent pas toujours un résultat politique très lisible, c'est-à-dire qu’elles ne permettent pas toujours de distinguer des majorités cohérentes ou un leader ayant vocation à prendre la tête du gouvernement.
Il n’y a pas d’équation simple permettant de passer des législatives au gouvernement.
Il existe beaucoup de variables liées aux élections, notamment le mode de scrutin.

Certains modes de scrutin favorisent le regroupement des partis et la limitation de leur nombre, alors que d’autres modes de scrutin favorisent le multipartisme, et rendent plus difficile la constitution d’une majorité au gouvernement et favorisent l’instabilité gouvernementale.
Les scrutins majoritaires favorisent une bipolarisation de la vie politique au détriment d’une juste représentation des électeurs, alors que les scrutins de listes sont plus justes, mais moins efficaces pour produire des gouvernements stables.
C’est ce qu’on dit… En réalité, les choses sont beaucoup plus compliquées.
Il faut retenir que le scrutin majoritaire, en dépit de sa dénomination, ne conduit pas toujours à une limitation du nombre des partis et à la mise en place d’une majorité stable.
En effet, pour qu’un mode de scrutin majoritaire conduise à des majorités, il existe toute une série de variables qui vont peser ou pas dans cet effet majoritaire :



  1. Le degré de la polarisation idéologique.

  2. Les types de carrière politique.

  3. Les ressources dont disposent les hommes politiques (partisanes ou non. Si ressources partisanes, discipline du vote stricte.).

  4. Les types de trophées électoraux.

  5. Le couplage ou non de certains types d’élections (locales et nationales…).




Le système majoritaire n’empêche pas l’émergence de partis politique en dehors des forces majoritaires (FN).
Le circuit parlementaire d’attribution du pouvoir au gouvernant ne dépend donc pas que des élections législatives.

C- Le circuit présidentiel : le président élu directement par le peuple
Examinons d’abord l’histoire de cette évolution, puis son cadre juridique.

a- Historique et apprentissages
L’élection du PR au s.u est de toute évidence une évolution majeure, ceci dit, ce n’est pas une nouveauté, et l’idée vient de très loin.

En effet, fin 19ème s début 20ème s l’idée émerge qu’il faut que le PR, pour pouvoir être véritablement le garant de l’intérêt national, doit être au-dessus des politiques partisanes.
Toute la question alors est de savoir quel est le corps électoral qui doit élire le président : l’ensemble des électeurs, ou bien un ensemble plus large que le parlement, mais pas étendu au peuple dans son intégralité :


  1. De façon générale, les réformateurs, de gauche et de droite sont plutôt hostiles au s.u direct, puisque la seule expérience de cela est celle de 1848, avec Louis Napoléon Bonaparte, le renversement de la république et l’instauration de l’empire.



  2. Ce n’est donc pas un hasard par exemple si le général de Gaulle lors de son fameux discours de Bayeux estime que le PR doit être élu par un collège beaucoup plus large que le parlement, mais pas au s.u direct.



  3. Ceci étant, dans la 4ème, les peurs de l’élection présidentielle commencent à bouger.
    Se diffuse l’idée que l’élection du PR au s.u est la chose essentielle pour changer de régime.



  4. Pourtant, en 1958, les constituants ne retiennent pas la solution du s.u, et ce pour 3 raisons :


o De Gaulle craint de se voir opposé le précédent de 1848, et de se voir reprocher un régime autoritaire et plébiscitaire.

o Le PR de 1958 est aussi le président de la « communauté » (hors métropole) : devrait-on faire voter ou non les colonies ?

o La crainte de la victoire du candidat du PC.
Est mis en place un collège électoral élargi, composé de l’ensemble des parlementaires, d’élus locaux, et de représentants de DOM TOM, soit au total un peu plus de 80 000 personnes.

Pour la majorité, ce sont des notables locaux, notamment des communes rurales.

Ce système favorise la France un peu conservatrice.
L’élection de 1965 se fait en appliquant la révision constitutionnelle de 1962, c’est à dire au s.u.
Pourquoi ce changement ?


  1. Tout d’abord, le poids démographique de l’outre mer est moins pressant, pour la simple raison que la France perd une à une ses colonies.



  2. La crainte de de Gaulle se fait moindre (par rapport à la guerre civile, un coup d’Etat…).



  3. Le PC s’est fait scrabouiller…


Toutes ces transformations politiques facilitent l’instauration du s.u.
Mais le régime de la 5ème reste fragile, tout du moins dans la pratique instaurée par de Gaulle, du fait que le régime tient sa signification entièrement sur les épaules du général.
D’ailleurs, le déclencheur de la révision de 1962 est un attentat contre de Gaulle au Petit Clamart… Que serait-il advenu si de Gaulle était mouru ?
Seul contre tous, de Gaulle engage cette révision, et ce sera un succès, adopté par référendum du 28 octobre 1962 à 62,5%.
Double victoire, du fait que les législatives qui suivent sont remportées par les gaullistes.
La question, c’est qu’au-delà de cette victoire, on se demande si l’instauration du s.u suffira à pérenniser la pratique de de Gaulle.


  1. En réalité, non… On pourrait même dire que cela créé plus de problèmes que cela n’en résout.
    On se demande ce qui se passera le jour du départ de de Gaulle : on craint l’effacement du rôle présidentiel, voir même la chute du régime.



  2. Cette crainte se fait particulièrement ressentir chez les réformateurs, qui ont peur que l’élection présidentielle soit sabotée par le cartel des nons, et que les partis présentent aux élections des candidats mineurs pour dévaluer les élections présidentielles.



  3. Est alors lancée l’opération Monsieur X.
    L’idée est de promouvoir, notamment grâce à l’Express, la candidature de Gaston Defferre aux élections de 1965.
    Il faut aussi axer la campagne sur une redéfinition moderne de la France.
    Il faut aussi éviter la mort de l’élection présidentielle par la présentation de seconds couteaux, qui favoriserait une sorte de retour à la 4ème.

    Les partis sont gênés par cette pratique qui les contourne (mise en avant de Deferre).



  4. Les choses se gâtent quand Deferre se rend compte qu’il a besoin d’un parti, et qu’il essaie de créer une confédération… Flop total.



  5. Immédiatement, Mitterrand pose sa candidature, et le MRP présente lui aussi un candidat, Jean Lecanuet.



  6. A la surprise générale, de Gaulle est en ballottage. Il est contraint d’entamer une campagne de second tour.



  7. Ainsi, l’élection du PR au s.u devient la pierre angulaire de la 5ème .

    Cela réaffirme la prééminence du rôle présidentiel au sein de l’exécutif.

    Cette candidature avortée de Deferre va commencer à amorcer le rassemblement des partis de gauche face aux gaullistes, et servir de leçon : on ne peut pas gagner l’Elysée sans majorité partisane.


b- Les règles juridiques constitutionnelles
On va analyser 3 dimensions : la période électorale, la candidature, et la campagne.

La période électorale.
Il faut distinguer la situation normale de celle… pas normale.


  1. La situation normale est celle où les présidents arrivent au terme normal de leur mandat :

    En 1965, en 1981, en 1988, en 1995 et en 2002.

    L’art 7 de la constitution dispose que la nouvelle élection a lieu 20 jours au moins et 35 jours au plus avant la fin du mandat du président sortant.

    On consulte le corps électoral avant la fin du mandat pour éviter une vacance du pouvoir, mais en même temps, il faut éviter une trop longue coexistence entre président sortant et président en cours.

    VGE en 1981 est le 1er à avoir connu cette expérience.



  2. Il existe une situation exceptionnelle : c’est celle où le président arrêterait brutalement son mandat.

    La constitution prévoit la vacance du pouvoir en cas de décès, de démission, d’empêchement…
    Le président du sénat assure alors la fonction présidentielle.



La candidature
La constitution prévoit une élection à 2 tours, du moins si l’un des candidats n’a pas obtenu la majorité absolue des suffrages au 1er tour.


  1. Pour le 1er tour :

    La constitution pose le principe suivant : seules des personnalités d’envergure nationale doivent pouvoir se présenter, et donc il s’agit de faire barrage à des candidatures fantaisistes, uniquement attirés par la publicité personnelle…

    La constitution instaure pour cela un système de parrainage.



o En 1962, il fallait au moins 100 signatures de parlementaires ou d’élus locaux dans au moins 10 départements.

o Mais cela ne suffit pas, et le conseil constitutionnel, le 24 mai 1974, en même temps qu’il proclame l’élection de VGE, propose d’instaurer un filtrage plus sévère aux candidatures.

o Est instauré donc en 1976 un système de filtrage plus sévère :

 dorénavant, toute citoyen ayant capacité d’électeur peut se présenter aux élections à la condition de recueillir le parrainage de 500 élus locaux, parrains devant appartenir à 30 départements différents, et le nombre de parrains issus d’un même département ne doit pas dépasser 10%.
Il suffit en effet d’empêcher la candidature de notables locaux.

 Ce parrainage doit parvenir au conseil constitutionnel 18 jours avant le…1er jour de scrutin (?)

 Les parrains ne peuvent parrainer qu’un seul candidat.

 Les noms des parrains sont publiés (dans la limite de 500).

 La liste des candidats est publiée 15 jours au moins avant le 1er jour de scrutin.

 Les candidats doivent aussi fournir des déclarations de patrimoine : seule celle de l’élu est publiée au JO.


Ce durcissement est très relatif : 16 candidats en 1002.
Si un candidat décède avant la fin des élections, les élections peuvent être faussées.
La constitution dispose désormais, depuis 1976, que :
o Si moins de 30 jours avant la date de clôture des parrainages, une personne a fait connaître son intention d’être candidate. Si cette personne décède dans les 7 jours avant la date de clôture de la fin des parrainages, alors le conseil constitutionnel peut décider du report des élections.

o Si le décès ou l’empêchement intervient après la clôture du dépôt de candidature, à ce moment là, le conseil constitutionnel est obligé de reporter les élections, qui décide seulement de combien elles sont reportées.


  1. Pour le 2nd tour :

    Il ne reste plus que deux candidats : cela permet de renforcer l’autorité du président élu.

    La principale question est de savoir qui est au second tour.
    En effet, si un des deux arrivés en tête se désiste parce qu’il pense avoir engrangé le maximum de voix possible au 1er tour, alors le 3ème peut se présenter.

    … Cf constitution.


La réglementation de la campagne électorale
Officiellement, elle est très brève : 15 jours pour le 1er tour, 8 jours pour le 2nd.

En réalité, elle est beaucoup plus longue : nous sommes déjà en campagne pour les présidentielles de 2007.
Mais ce n’est que cette campagne officielle qui est réglementée, et de plus en plus réglementée :

Elle est placée sous la surveillance d’une commission nationale de contrôle, dont la mission est de s’assurer de l’égalité de tous les candidats sauf dans le domaine audiovisuel (rôle du CSA).

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