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B/ La grandeur de l'époque de Heian (IXe - XIe ) Heian va de 794 à 1192. Mais après le XIe siècle, tout change. Si bien que l'on arrête la partie B en 1084. Heian signifie la paix tranquille. Les historiens on coutume de dire qu'à cette époque le Japon prend de l'indépendance par rapport à la culture chinoise. On verra que c'est assez caricatural et exagéré. En fait, les échanges diplomatiques avec la Chine s'arrêtent, mais les intellectuels japonais continuent à étudier en Chine. La dernière ambassade date de 838-839. En 894, les Tang étant en plein déclin, une ambassade japonaise préfère ne pas partir.
A cette époque, il n'y a qu'une ville, Heian (12 millions d'habitants), monstrueuse, où se trouve la cour. On a changé de capitale, depuis Nara, suite à une épidémie à Nagaoka et un assassinat. La cour aurait quitté Nara à cause de conflits avec des ecclésiastiques. En 770, on exila un moine, Dôkyô, parce qu'il avait la prétention de devenir tenno. Cet incident marqua les consciences, si bien qu'à Heian on décida de limiter le nombre de temples à 2. Heian avait toutes les qualités requises pour devenir une capitale, elle sera renommée Kyôto au XIIème siècle. Kyôto est au nord de la péninsule du Kî, et est située à côté d'axes majeurs Est-Ouest, à proximité du Tôkaido, d'Ôsaka et du lac Biwa. La voie maritime la plus proche, la rivière Uji, qui rejoint le fleuve Yodogawa pour se jeter dans la baie d'Ôsaka, est une des plus importantes du Japon. Si on ajoute à tout cela des sols fertiles et de nombreux cours d'eau, qui augmentent la production agricole, on comprend que Kyôto soit un site idéal pour la cour et l'empereur. Heian (Kyôto) est construite sur le modèle chinois de la capitale des Tang, Chang An. Et selon la coutume chinoise, une ville doit être protégée de directions néfastes, telle que le nord-est. Or le mont Hiei, au nord-est, remplit parfaitement la fonction protectrice, et Heian n'a donc rien à craindre des directions négatives. Heian fait du nord au sud 5,5 Km, et de l'est à l'ouest 4,5Km, ce qui en fait une ville importante, mais nettement plus petite que son modèle Chang An. Heian possède également un mur et des douves, mais ils n'ont pas de réelle utilité. Le plan est en damier, et les rues plutôt larges. Heian, comme Nara, est faite de rues perpendiculaires, de grands axes qui traversent toute la ville. La Suzaku est large de 84m. Tout est construit en fonction du palais impérial, la ville est séparée en deux parties, le sakyô, ville de gauche, et l' ukyô, ville de droite. Il faut bien faire attention, car ces deux parties sont vues du côté du palais impérial. L'empereur regarde vers le sud, tout comme le souverain chinois. L'architecture de la ville est mixte, moitié de style chinois, rouge et vert et clinquant, moitié de style japonais, plus sobre. Au Xème siècle, à peine la moitié de la ville est construite. Le reste est un ensemble de terrain vagues, délabrés, laissés aux miséreux et brigands de tout poil. Tous les bâtiments sont concentrés sur la suzaku. La partie ouest, ukyô, est laissée à l'abandon, alors que la partie est, sakyô, déborde le plan du IXème siècle. Heian est une ville de contrastes et de déséquilibres. La ville est faite de grandes avenues, d'arbres plantés, de canaux, de belles maisons, mais on trouve partout dans les rues cadavres et excréments.
Entre le IXe et le XIe siècles, Heian aurait accueilli en même temps entre 100 milles et 250 milles habitants. Au début, la ville est surtout peuplée de fonctionnaires, mais au XIème siècle, ce sont les domestiques, les marchands et les artisans qui sont le plus nombreux. Au nord de la ville, on trouve les gens importants, fonctionnaires du 3ème rang et supérieur. Plus on s'éloigne du palais impérial et moins les gens sont importants. La Suzaku est réservée aux fonctionnaires à partir du 3ème rang. Contrairement à Chang An, ou Paris, à la même époque, Heian n'a quasiment aucun contact avec l'étranger, et on trouve très peu d'étrangers dans ses rues.
Heian n'est pas à proprement parler une ville facile à vivre. Les tremblements de terre et les incendies ravagent de nombreuses fois la capitale. L'hygiène est quasiment inexistante, comme on l'a vu plus haut. Les Man, mauvais esprits, selon la croyance populaire, répandent des maladies, et des festivités, comme le Gion matsuri, servent à divertir ces Man pour détourner leur colère. Une autre calamité que subissait Heian est l'existence, dans les montagnes environnantes, de moines soldats bouddhistes, qui venaient parfois en ville à 2000 ou 3000 et exerçaient un chantage militaire.
Le premier empereur à avoir sa cour à Heian est Kammu, qui a régné de 781 à 806. C'est un empereur idéal, il est celui qui a opéré le changement de capitale et lutté contre les peuples du nord, les Eso. Il essaye de réformer l'Etat régi par les codes pour avoir plus d'emprise sur les gouverneurs des provinces. Il n'empêche que son beau-père est un Fujiwara. Si bien qu'à la fin du règne de Kammu, ce sont eux qui dirigent. Un des leur obtient le poste de sesshô. Le sesshô est le régent du jeune empereur.. C'est ainsi qu'ils gèrent toutes les affaires du pays, dont les nominations, desquelles dépend le pouvoir économique. Lorsque le jeune empereur est en age de régner, à 13 ans, le régent devient kanpaku (chancelier). Le kanpaku possède un droit de regard le courrier, officiel et officieux, que reçoit ou envoie l'empereur. Au XIème siècle, un fonctionnaire de rang moyen sur deux est un Fujiwara, et tous les hauts fonctionnaires sont des Fujiwara, ou presque. Cet état de fait dure du IXe au XIe siècle. Voyons les raisons qui ont permis aux Fujiwara une telle domination de Heian.
En 1086 pourtant, les Fujiwara déclinent. A partir de 1070, ils n'ont plus de filles à offrir en mariage au jeune empereur. Si bien que finit par devenir empereur Shirakawa, un jeune homme de caractère, et sans aucun lien avec le clan Fujiwara. Il lance une politique appelée insen (politique du monastère). Il abdique et se retire en tant que bonze dans un monastère. Même s'il n'est plus tennô, il continue à diriger la politique pendant 40 ans. Au XIème siècle, ce sont les empereurs retirés qui dirigent, depuis un monastère, avec une cour et des serviteurs. Ce procédé a tellement de succès qu'au XIIème siècle, il n'est pas rare d'avoir un tennô en fonction, un Fujiwara au poste de sesshô ou de kanpaku, un empereur retiré, un deuxième empereur retiré, arrivé après, et même parfois un troisième empereur retiré. Voilà en fait comment le pouvoir retourne dans les mains de l'empereur.
Un bon nombre d'informations que nous avons sur la cour de Heian provient de la littérature de cette même cour, les monogatari et les recueils de poésies. Une belle femme de la cour de Heian a des cheveux longs, des petits yeux, un visage rond, des sourcils épilés, le teint pale et les dents noires. Les femmes sortent rarement des maisons, et passent la plupart de leur temps dans leur chambre, cachées par des rideaux et draperies. Les hommes ne sortent plus de la capitale, et les liens avec la province diminuent notablement. Tant et si bien que le pouvoir en province passe en d'autres mains... Cela explique en partie le déclin de Heian. Lorsque l'on décide de sortir de Heian, c'est pour aller à Uji ou à Kumano. Il n'y a aucun contact entre les gens de Heian et la Chine. On s'ennuie beaucoup à Heian, on compose des poèmes et on pleure beaucoup. Le climat est mièvre et plein de sensiblerie. La vie quotidienne à la cour de Heian, du VIIIe au XIe siècle, est remplie de rites et célébrations diverses, d'origine shinto, bouddhique, taoïste ou confucianiste. Ce sont des rites que l'on accomplit seul comme des rites de groupe. On peut retenir les concours de poésie, ou encore l'ensemble des rites que pratique l'empereur le premier jour de la première lune, à savoir: bain de purification dès le réveil, trois coupes de saké, l'empereur invite ensuite les hauts fonctionnaires de la cour à lui rendre leurs hommages, tout ça suivi d'un banquet où chacun est placé selon son rang dans la hiérarchie. Inutile de préciser que ces banquets tournent souvent à la beuverie généralisée. On appelle l'ensemble des rites le nenjûgyôji. Ces célébrations ponctuent toute l'année. Les deux-tiers des occupations de l'administration centrale consistent en l'organisation de ces rites. Les réunions où l'on boit se nomment nomikai. L'écriture occupe une place importante dans ces rituels. Le Japon de Heian est réellement devenu une civilisation de l'écriture: l'honnète homme japonais sait non seulement lire et écrire, mais il doit aussi être à l'aise avec la poésie chinoise. Tous les hommes composent des poèmes en chinois, ce qui donne lieu à des joutes oratoires, des concours de poésie qui jouent un rôle majeur à la cour. On compile dans des recueils les poèmes les plus réussis. La poésie de cour n'est pas une poésie où l'on exprime ses états d'âme. La poésie est officielle, et son usage strictement codifié. Le but d'un poème est de montrer la grande connaissance de la poésie chinoise de celui qui déclame. L'honnête homme de Heian est aussi calligraphe. Quant aux femmes, elles sont à l'origine de la première forme romanesque du monde: autour de l'an 1000, dame Murasaki Shikibu rédige le Genji monogatari. Le dit du Genji, comme on l'appelle chez nous, raconte les aventures du prince Genji et de son fils Kaoru. La figure de Genji est inspiré d'un homme réel, Fujiwara no Michinaga.
Voici les raisons pour lesquelles la Cour de Heian a décliné.
Il suffit de relire ce cours pour s'en convaincre!
Le népotisme consiste à accorder à ses oncles, neveux, famille proche ou lointaine un poste à la Cour. Entre le VIIIe et le Xe siècle, les postes de hauts fonctionnaires étaient occupés par une trentaine de familles. Au XIème siècle, il ne reste que 3 ou 4 familles pour les même poste, pour cause de népotisme.
Ce sont des relations qui peuvent avoir lieu entre un protecteur et un protégé. Ce n'est pas encore à proprement parler du féodalisme. Le protecteur accorde titres et privilèges au client. Le protégé offre des présents en échange, comme la reconstruction d'un temple, par exemple. Ceux qui se trouvent en dehors du népotisme et du clientélisme sont sur le bas-coté. C'est un gros problème de Heian. Sugawara no Michizana est un des rares à s'être élevé par son seul mérite. Il est très célèbre au Japon. Historien et poète, protégé de l'empereur Uda, il accumule des fonctions de plus en plus importantes, ce qui lui met les Fujiwara sur le dos. A la mort de Uda, ils l'accuseront de complot contre la personne de l'empereur. Condamné à l'exil à Dazaifu, il y meurt en 903. Cette même année, de nombreux fléaux plus ou moins inexpliqués s'abattent sur la capitale. Pour calmer le courroux supposé de Michizana, on le "canonise", et il devient Tenjinsama, le Kami des arts et lettres, que les étudiants prient aujourd'hui encore la veille de leurs examens pour avoir des bons résultats.
Les gens de la province sont méprisés. La province est éloignée. On essaye quand même de garder des contacts. Lorsqu'ils s'aperçoivent que les impôts n'arrivent plus à Heian, les aristocrates marient leurs fils aux filles de gouverneurs de provinces, pour être assuré de toucher des redevances. Inutile de dire que l'Etat régi par les codes est considérablement affaibli.
Petit rappel: Les écoles bouddhiques sont toujours à Nara, le bouddhisme est religion d'Etat depuis un certain temps déjà, le shinto joue un rôle important dans l'administration, et les moines ont un rôle politique de plus en plus important, et de plus en plus de richesses.
On continue à fonder des temples et les individus continuent à se faire moines. Le bouddhisme au Xe -XIe siècle est parfaitement intégré, mais toujours élitiste. Fujiwara no Michinaga rapporte dans son journal qu'en 1008 il a récité pendant cinq jours d'affilée le mantra "namu amida butsu" plusieurs dizaines de milliers de fois. Une pratique religieuse inspirée du taoïsme, le onmyôdô (voie du Yin et du Yang) est très répandue à la Cour. Elle est importée au VIème siècle et officialisée au VIIème. Il existe un bureau du Yin et du Yang. Le onmyôdô repose sur deux dogmes, celui du Yin et du Yang, principes en constante alternance, et celui des 5 éléments, (feu eau terre métal bois) en interaction. La connaissance de ces deux dogmes permet la connaissance du monde. Les spécialistes du onmyôdô sont très appréciés à cette époque. On pense pouvoir repousser les évènements néfastes et attirer les évènements fastes, dans les domaines de l'espace et du temps, si l'on respecte ses principes. Les interdits étaient nombreux et importants, dans la sphère privée et publique, à Heian. Il arrivait qu'on ne puisse sortir de chez soi des journées entières, simplement parce que le spécialiste du onmyôdô le déconseillait. Au XXème siècle encore, on en respecte les principes. En 1966, par exemple, on peut constater une baisse du taux de natalité parce que 1966 est la 43ème année feu aîné cheval, et qu'il est dit que les filles nées cette année ne trouveront jamais de mari.
"ésotérique" signifie que l'enseignement dispensé est confidentiel et réservé à un petit nombre. Le terme japonais est "mikkyô". Saichô, plus connu sous son patronyme bouddhique de Dengyô Daishi, est le fondateur de la secte Tendai. Tendai fait référence à la montagne Tien-Tai, située en Chine, où Saichô a étudié un an (804-805). Shingon, est fondée par Kûkai, dont le nom bouddhique est Kôbô Daishi. C'est la secte de la "parole vraie". Son fondateur est parti étudier en Chine de 804 à 807. Il faut bien comprendre que les mouvements Tendai et Shingon existaient déjà en Chine et qu'ils ont en fait été importés au Japon. Ces deux écoles enseignent que la nature de bouddha n'est pas réservée à certains, et dit même Kûkai, la nature de bouddha est accessible dans ce monde. Tendai et Shingon apportent aussi de nouvelles pratiques spirituelles telles que mandrâ (le geste), mantra (la formule) et mandala (la représentation). Ces trois pratiques permettent de connaître le monde. Les sectes possèdent une réelle puissance temporelle, composée de rizières, de bâtiments, et de nombreuses richesses matérielles. Les quartiers généraux de Tendai sont sur le mont Hiei, et ceux de Shingon sur le mont Kôya, dans la péninsule du Kii. C/ La désagrégation de la civilisation classique: la situation de l'archipel au XIIème siècle La désagrégation de la civilisation classique est en fait le résultat d'une longue évolution depuis le VIIIème siècle. Le déclin qui a lieu au XIIème siècle est juste la dernière étape de cette évolution. Au XIIème siècle, c'est la fin de l'Etat régi par les codes, du moins dans les faits. C'est aussi l'arrivée au pouvoir des samurai, qui n'ont pas grand chose à voir avec l'empereur. C'est la fin d'un système idéaliste qui repose sur l'idée de codes appliqués par des fonctionnaires, et la disparition d'une cour centrale. 3 raisons à ces bouleversements :
L'Etat régi par les codes meurt par l'apparition de domaines privés, qui sont en totale opposition avec le concept d'état régi par les codes. Le terme shôen est utilisé depuis le VIIIe siècle. Il désigne de vastes surfaces territoriales appartenant à des propriétaires privés. C'est un terme d'origine chinoise. Si l'on se penche sur le document 10, on peut observer plusieurs choses: Les shôen occupent au moins la moitié de l'archipel, ils sont très nombreux dans la péninsule du Kii, à cause de la présence importante de temples. Il existe une grande diversité entre les shôen, certains sont petits, grands, ce sont des rizières, des cultures sèches, on paie de lourdes charges, ou très peu d'impôts, etc.... Si l'on regarde le document 11, on s'aperçoit que la famille impériale elle-même grignote les terres publiques et possède des shôen, que la secte Shingon possède un bon nombre de terres, ainsi que les sesshô. Même les terres dites publiques ne le sont pas, les gouverneurs agissent comme des propriétaires, et transmettent leur charge à leur fils. Tant et si bien que dans la péninsule du Kii, toutes les terres sont privatisées. La loi de 743, qui permet de posséder définitivement les terres défrichées, fut un premier pas vers la privatisation. Cette loi est à l'origine de ce que l'on appelle les shôen de première génération. Concernant les shôen de seconde génération, ils apparaissent seulement au Xème siècle. Plus on avance dans le temps et plus les désordres en province sont importants. Les fonctionnaires abusent de leurs privilèges. Les gouverneurs se font de plus en plus violents. Les petits propriétaires remettent leurs terres à des gros propriétaires qui sauront défendre leurs intérêts et les protéger des gouverneurs. Ces petits propriétaires sont des paysans, assez puissants pour payer des impôts, mais pas assez pour se défendre. On les appelle des tato, ou myôshu. Ils confient leurs terres à des aristocrates ou à des établissements religieux, les ryôke. Les terres ainsi confiées deviennent les shôen des ryôke. Mais le climat devenant de plus en plus instable, ces ryôke, inquiets, finissent par remettre leurs terres à des puissants, les honke. Ces honke sont en général des grands sanctuaires, des fonctionnaires au-dessus du 3ème rang, ou des Fujiwara. Ces ainsi que les honke deviennent propriétaires de vastes étendues de terre. Ce sont les shôen de seconde génération. La plupart du temps, les honke et les ryôke possèdent le privilège de ne pas payer d'impôts. Ce sont donc des étendues considérables qui échappent aux taxes. Inutile de préciser que tout cela est hautement préjudiciable à l'Etat régi par les codes. Il est important de différencier les shôen de première génération, des VII-VIII-IXe siècles; et les shôen de seconde génération, des X-XI-XIIe siècles. Les premiers proviennent de la loi de 743, les seconds sont du à la tyrannie des gouverneurs. Entre le VIIIe et le XIe siècle, l'Etat régi par les codes a bien tenté de freiner le processus, mais la politique employée était incohérente et les mesures sans réelle efficacité.
A la fin du XIIème siècle, le Japon, gouverné par les samurai, entre dans le Moyen Age. On trouve, à côté des pouvoirs traditionnels, à savoir l'empereur, l'aristocratie et les moines; un nouveau pouvoir, les grands clans guerriers. Ces clans existent en fait depuis le XIème siècle au moins. Deux clans dominent, les Taira, ou Heike, Heishi et les Minamoto, ou Genji. Ces clans sont divisés en de nombreuses branches. Nous ne nous intéresserons qu'aux clans dominants. Les clans dominants sont appelés tôryô. Ils sont constitués d'une nébuleuse de guerriers disparates appelés bushidan ( groupe de guerriers). Les clans sont composés de guerriers qui ne visent que leur intérêt propre. Il n'y a que peu de liens entre les différent clans. Au IXe-Xe siècles, ces guerriers combattent pour des gouverneurs, des officiers domaniaux, pour des familles puissantes des provinces. Ils font régner l'ordre dans un Japon en proie au chaos. Les chefs des clans de guerriers disposent de pouvoir importants. Ce sont des arrière-petits-fils d'empereur. Les Taira ont pour ancêtre Kanmu, et les Minamoto descendent de Seiwa. Ces petits enfants ont été évincés de la cour et se sont installés en dépit dans les provinces, où ils ont fini par s'enraciner. Ils sont devenus des notables et ont fédéré autour d'eux des guerriers. Les chefs de clan sont des militaires avant tout, ils parcourent la campagne à cheval, portent un sabre et un arc. Ils n'ont pas perdu contact avec la cour pendant ces années. La Cour leur envoie des commissions, c'est à dire des taches ou des missions. Ces commissions consistent à chasser les pirates de la mer intérieure, à empêcher les empiètements de terres, ou à défendre les aristocrates contre des moines guerriers. Du Xe au XIIe siècle les clans reçoivent des commissions. Les Taira doivent leur fortune au commerce et à l'exploitation des littoraux, territoires de l'ouest. On aurait tendance à dire que les Minamoto occupent eux les espaces montagneux et l'intérieur, les territoires de l'est. Le Kami de la guerre Hachiman défend les Minamoto. Les Taira sont eux protégés par le sanctuaire de Miyajima, célèbre pour son torî à moitié immergé. La société japonaise se militarise à partir du Xème siècle. Il existe certes des guerriers de profession, mais toutes les classes de la société prennent les armes. Les temples de Nara et Kyôto arment leurs paysans et petits clercs. En 1039, le Enryaku-Ji, temple principal de la secte Tendai sur le mont Hiei a des soucis avec un autre temple Tendai, le Onjô-Ji. Ces deux temples se livrent bataille pour une question de nomination. Ils font pression sur le kanpaku pour qu'il choisisse un responsable. Ce genre d'évènement pousse les aristocrates à prendre à leur tour les armes, même s'ils ne seront jamais assez puissants pour se défendre par eux-même.
Pendant le XIIème siècle, le pouvoir est partagé entre l'empereur, les Fujiwara, les moines et les guerriers. La Cour commence à passer des alliances avec les guerriers...
Deux incidents, entre 1156 et 1159, ont des conséquences désastreuses pour l'Etat régi par les codes. En 1156, la situation politique est assez normale, on trouve deux empereurs retirés, Toba et Sutoku. Toba meurt en 1156. Sutoku tente de prendre le pouvoir, mais Toba a placé son fils Goshirakawa sur le trône avant de mourir. Il y a donc une rivalité entre Sutoku l'empereur retiré et Goshirakawa l'empereur en titre. Les deux vont demander de l'aide auprès des Fujiwara. Deux frères Fujiwara vont alors prendre parti, l'un pour Sutoku, et l'autre pour Goshirakawa. Jusqu'ici, c'est une situation conventionnelle, du déjà vu. Les choses se compliquent lorsque des clans de guerriers décident de participer au conflit. Minamoto no Tameyoshi aide l'empereur retiré, tandis que Minamoto no Yoshitomo, son fils, prends parti pour Goshirakawa. Un Taira, Taira no Kiyomori, prend lui aussi parti pour l'empereur en titre. Un des deux frères Fujiwara meurt au combat, Tameyoshi est exécuté, et Sutoku est condamné à l'exil. Sans l'intervention des guerriers, ce conflit n'aurait pu se dénouer. Ce sont les guerriers qui ont résolu les problèmes de la Cour. L'autre incident a lieu pendant l'ère Heiji, en 1159, soit trois ans après. Deux anciens alliés s'opposent violemment. Minamoto no Yoshitomo pense que Goshirakawa avantage plus Taira no Kiyomori que lui. Yoshitomo livre donc bataille à Kiyomori, en se servant de la cour. Mais il perd et est contraint au suicide. Lors de cet incident, les guerriers ont en fait exporté leur conflit à la Cour de Heian. A partir de 1159, Kiyomori s'installe à la cour pour une vingtaine d'années. C'est la deuxième étape qui conduit à la disparition de cette même Cour.
Kiyomori est tout puissant. Jamais les guerriers n'ont eu autant d'importance. Il fait une carrière fulgurante qui le mène au sommet de l'administration, de 1159 à 1180. C'est un bouleversement, mais Kiyomori n'a jamais cherché à renverser l'Etat régi par les codes. Kiyomori n'est pas apprécié des aristocrates. Il représente à leurs yeux un guerrier et un provincial, simple gouverneur de la province de Aki. Il n'a rien pour plaire, mais il parvient en 1167 à occuper la fonction laïque la plus élevée, ministre des affaires suprêmes. Il copie la politique matrimoniale des Fujiwara, et devient le grand-père de Antoku. Il exerce une influence, par les membres de sa famille, sur la moitié des 66 provinces. Sa puissance foncière est immense. Il se sert avec art de tous les défauts de la Cour. Il invite même un marchand chinois à la cour pour créer des relations commerciales. Mais Kiyomori devient vite gênant pour les aristocrates: il possède une police secrète, ses origines sont scandaleuses, il dicte ses ordres depuis les quartier populaire de Roku Hara, et il décide même de déménager la Cour à Fukuhara en 1180. Les aristocrates excédés lancent un mot d'ordre contre lui.
Les Minamoto attendaient depuis longtemps cette situation pour réagir. Yoritomo, le fils de Yoshitomo, veut venger son père. Il prend la tête de ceux qui luttent dans les provinces contre les Taira. Yoshitsune, le demi-frère de Yoritomo, le seconde. Une guerre s'engage de 1180 à 1185 entre Taira et Minamoto. Cette guerre est très célèbre. A Dan no Ura, en 1185, une partie des deux armées s'affronte. C'est une bataille navale, dans le détroit de Shimonoseki. La flotte des Taira a beau être plus puissante, la météo (et quelques trahisons) font que les Minamoto prennent l'avantage. Le jeune empereur Antoku se noie. Le Moyen Age japonais commence en 1185 à Dan no Ura. Après cette bataille, Yoritomo et Yoshitsune deviennent rivaux. Yoshitsune a une réputation incroyable à cette époque: c'est un guerrier extrêmement puissant et intègre. Du coup, Yoritomo est sur ses gardes. Les rapports humains avantagent son demi-frère. Yoshitsune est souvent lié à Benkei et Shizuka dans la littérature médiévale. Lorsque Yoritomo demande à son frère de se suicider, en 1189, Benkei se suicide aussi et Shizuka devient moniale. Yoritomo, débarrassé de son frère, va préparer des 1180 les structures du Bakufu. COURS 3 : LE JAPON MEDIEVAL, du premier régime féodal à la bataille de Sekigahara (1192-1600) [Epoques Kamakura, Muromachi, Azuchi-Momoyama] Deux dates délimitent cette période:
Entre ces deux dates clé, quatre siècles s'écoulent. C'est donc une période assez longue. Au XIIème siècle déjà, les Japonais avaient le sentiment qu'ils entraient dans une nouvelle ère, "l'ère des guerriers". 5 caractéristiques importantes du Japon médiéval, à retenir
Beaucoup de gens, à tous les niveaux de la société, possèdent des pouvoirs qui contrebalancent les pouvoirs publics. Cet état de fait finit par plonger le Japon dans l'anarchie, et le XVIe est l'époque des guerres civiles.
La société japonaise change radicalement. L'empereur n'est plus au centre de tout. Les rapports se font d'homme à homme selon des principes féodo-vassaliques. Les valeurs de l'élite militaire sont dominantes. Le régime féodo-vassalique est officiel.
Beaucoup de gens de rang modeste deviennent des puissants pendant cette période. Les Japonais de l'époque ont une expression pour ce phénomène : gekokujô (le monde à l'envers)
Les Japonais reprennent contact avec la Chine et la Corée, mais entreprennent des relations profondes avec les Espagnols, Portugais et Hollandais, qui marquent durablement le Japon.
On assiste à l'apparition de nouvelles formes d'expression artistique, tel que le théâtre Nô ou l'art du thé. |
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