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C/ Une société ouverte sur l’extérieur (Yayoi et Kofun) 1. Pendant Yayoi L’introduction de l’agriculture est un type de relation. Avec cette introduction apparaît la diplomatie. La diplomatie sert à exprimer une relation entre deux Etats. La dynastie des Han est le partenaire essentiel du Japon. Il faut savoir que les Hans sont infiniment plus sophistiqués et infiniment plus puissants que les Japonais. Les Han ont inventé le papier, vers 100 après J.C., ils ont fait construire la Grande Muraille de Chine vers –300. Ils vendent des soies à l’Occident, et ont une bureaucratie évoluée. Le confucianisme et le bouddhisme sont déjà connus des Chinois, alors que le Japon ne connaît qu’une religion primitive et sans textes sacrés. Vers 239, Himiko aurait envoyé un tribut à la Chine. Les Chinois lui auraient renvoyé un sceau et 100 miroirs de bronze. Le commerce est inégalitaire : la Chine exporte, et le Japon importe. Comme le Japon n’a pas de monnaie d’échange, il s’agit surtout de troc. Petit à petit, fin Yayoi, les Japonais importent moins et commencent à fabriquer eux même des objets anciennement importés. 2. Pendant Kofun Les échanges continuent sous Kofun. A partir de 313, la Corée s’éloigne de la Chine, et de nouveaux royaumes apparaissent. Les chefs coréens deviennent des partenaires du Japon. Les rapports avec les royaumes de Kôkuri, Shiragi et Kudara sont plus réguliers qu’avec la Chine (le Japon et la Chine n’entretiennent aucune relation entre 500 et 600). Les Japonais prennent de l’assurance dans leurs relations avec l’extérieur. En particulier avec les royaumes coréens, les rapports deviennent autoritaires. La cour du Yamato se sert des dissensions entre les chefs des royaumes. Certains d’entre eux envoient des tributs à la cour du Yamato. Au cours du VIème siècle, le Japon envoie 4 expéditions militaires sont envoyées en Corée pour régler des problèmes internes. En s’immisçant dans la politique intérieur de la Corée, le Japon affirme sa puissance. Cette politique extérieure qu’on qualifierait aujourd’hui d’interventionniste, a deux conséquences : Pour chaque guerre en Corée, des flots d’immigrants débarquent au Japon, et apportent beaucoup de connaissances aux habitants. Le bouddhisme apparaît aussi de ces relations. Entre 538 et 552, un roi coréen qui avait besoin du soutien des Japonais, envoie au souverain de la cour du Yamato divers cadeaux, dont des Sutras, avec ce message : « Le bouddhisme est une religion efficace, elle assurera la sécurité et le bon ordre du pays. » C’est ainsi que le bouddhisme devient une sorte de pomme de discorde. Fallait-il introduire le bouddhisme à la cour ? Les Soga, favorables à cette idée, s’opposent aux Mononobe et Nakatomi. En 592, à la suite de destructions de statues bouddhiques, l’empereur Shin est assassiné par un Soga, et en 594 les Soga place un des leurs au pouvoir. Grâce à l’impératrice Suiko, le bouddhisme arrive à la cour. COURS 2 : LE JAPON ANTIQUE, de Shôtoku Taishi à Minamoto no Yoritomo (VIIe-XIIe) [Epoques Asuka, Nara, Heian] Le cours 2 couvre l’histoire du Japon de l’an 600, date de l’ouverture d’une ambassade en Chine après un siècle sans contacts, à l’an 1185, date de la bataille de Dan no ura. Suiko, première impératrice du Japon, règne de 592 à 628, après que ceux de son clan, les Soga, aient fait assassiner l’empereur Sushun en 592. Mais en fait le pouvoir est détenu par son neveu Shôtoku Taishi, qui dirige le pays jusqu’à sa mort en 622. Ainsi commence l’époque antique (kodai), qui est une référence culturelle forte pour les Japonais. L’époque antique contient les jidai Asuka, Nara et Heian. Caractéristiques de l’époque :
A/ La mise en place d’une société étatique calquée sur le modèle chinois (VIIe – VIIIe)
En 618, on assiste à un changement de dynastie : on passe des Sui aux Tang (618-907). L’Etat est entièrement centralisé, la bureaucratie est extra-puissante. Il règne à cette époque une unité telle qu’on n'en a jamais vu auparavant en Chine. Le pays est organisé géographiquement autour de la capitale, Chang An. Ce qui change par rapport aux dynasties précédentes, c’est que la Chine des Tang se montre agressive avec les pays voisins, elle envahit la péninsule coréenne et menace le Japon.
Quels sont les sentiments des Japonais vis-à-vis de la Chine ?
Les relations diplomatiques sont plus importantes que jamais. Entre 600 et 804, 15 missions diplomatiques partent du Japon pour la Chine, et 4 de la Chine pour le Japon. Ces ambassades prennent des risques dans leur périple. A titre d’exemple, Ganjin, un moine chinois, arrive au Japon en 753 ; c’est sa 7ème tentative. Les pirates, des tempêtes, ou encore des disciples récalcitrants, l’avaient jusqu’ici empêché de mener à bien sa mission. Les ambassades restent en moyenne un an, voire plus, mais certaines durent jusqu’à 30 ans, et d’autres ne reviennent jamais, et restent en Chine. Les premières expéditions (à partir de 600) sont composés de 4 bateaux en moyenne, mais au fil du temps on voit partir des ambassades de 600 personnes. C’est le signe de l’autonomie du Japon. En 607, l’Histoire des Sui rapporte une anecdote selon laquelle l’empereur du Japon aurait envoyé une ambassade portant une lettre signée « du fils du ciel du pays où se lève le soleil au fils du ciel où se couche le soleil ». Il semblerait que le désir de l’empereur japonais de se placer au même rang que l’empereur chinois n’ait pas plu à ce dernier, et qu’il aurait renvoyé l’ambassade porteuse du message. On trouve de la même manière de nombreux signes de la prise de distance qu’effectue la cour du Yamato vis-à-vis de la Chine :
Même si le Japon prend ses distances sur le plan diplomatique, les rapports avec la Chine restent toujours inégaux. Des Japonais, pendant et entre les ambassades, vont en Chine pour en étudier la culture, et appliquent à leur retour les techniques agricoles, systèmes théologiques, et toutes les autres choses qu’ils ont appris, au Japon. Il y a aussi beaucoup de commerce, par le troc, par l’échange de tributs contre des cadeaux. On rapporte de Chine de l’encens, des parfums, des drogues médicinales, des livres et des icônes bouddhiques. Des le VIIIème siècle, des marchands chinois s’aventurent sur la mer Intérieure jusqu’à Wakasa. Ils importent et exportent.
Au début du VIIème, entre 3 et 4 royaumes occupent la péninsule coréenne. Kudara est l’allié traditionnel de la cour du Yamato. C’est le royaume de Kudara qui offre le bouddhisme au Japon, et c’est au royaume de Kudara que le Japon prête des soldats pour régler les conflits coréens. En 663, Kudara disparaît. Le royaume de Shiragi s’allie avec les Tang contre les autres royaumes et la Corée se retrouve finalement entièrement sous domination chinoise. Ce qui conduit à une deuxième vague d’immigration coréenne au Japon. L’élite coréenne débarquée au Japon transmet aux Japonais la méthode de fabrication du papier, et sa cosmogonie. Les Coréens du Japon jouent un rôle important dans toute la période antique.
L’ambition de la cour du Yamato est de contrôler tout l’archipel. Le Japon adopte le système des codes. Un code est un texte écrit où l’on fixe un certain nombre de règles. Ces règles sont de 2 sortes :
L’ensemble de ces règles est appelé ritsuryô. Ce qui a donné lieu à l’expression ritsuryô kokka, l’ « Etat régi par les codes ». Ces codes sont rédigés et lus en chinois. Ils sont appliqués en 645. Le Japon est dirigé selon le modèle chinois. A cette occasion l’empereur change le nom de l’ère pour Taika (le grand changement). La seule preuve que nous ayons de cette réforme est le Nihon Shoki, histoire du Japon datée de 720. Mais étant donné que c’est le seul livre qui mentionne cet évènement, on ne sait pas si les décrets ont réellement été appliqués cette année là, et quelle a été leur application concrète. Il semblerait que le ritsuryô kokkai aurait supprimé les be (corporations) et les miyake (centres de production), ce qui a du provoquer de grosses réformes.
On sait de sources sures que le système des codes s’est véritablement mis en place dans la deuxième partie du VIIème siècle. Parmi les nombreux systèmes de codes rédigés entre le milieu du VIème et du VIIème siècle, le code Taihô, achevé en 701, est le plus suivi, et son application se poursuivra pour ainsi dire jusqu’en 1867, même si dans les faits il a beaucoup changé. Les codes reconnaissent l’existence de l’empereur. On le nomme tennô dans les codes, mais il a plusieurs noms, selon que l’on s’adresse aux clans ou à la Chine, par exemple. Rien n’est indiqué dans les codes sur les rites d’intronisation, si sur les attributions de l’empereur. On ne sait pas non plus comment fonctionne le système de succession. On pense que cette absence de précisions est due au fait que l’empereur étant irrévocable et surtout fils de la divinité du Soleil, on n’a pas à remettre en cause sa légitimité, et par conséquent, pas besoin de la justifier plus que ça. On sait que l’empereur avait la maîtrise du temps. Au VIIème, après l’abandon du système de nengô chinois, l’empereur impose le système de cycle sexagésimal (voir doc.2). Le temps est divisé par cycles de 60 années, et on donne à chaque année un nom en combinant un signe astrologique (branche) et un élément, « aîné » ou « cadet » (tige). Ce qui donne, par exemple : 1ère année – rat bois aîné ; 2ème année – bœuf bois cadet ; 10ème année – coq eau cadet. Et ainsi de suite. Il existe des croyances fortes envers cette datation. Certaines « combinaisons » sont considérées comme fastes, et d’autres néfastes. La première année du nouveau calendrier japonais est –660, date de l’accession au trône de l’empereur Jimmu, ce qui place le VIIème siècle dans le 21ème cycle, qui est considéré comme faste dans son entier. On crée une administration, on forme un corps de fonctionnaires rétribués organisés en bureaux au service du tennô pour contrôler le pays. Tout cela à partir de rien et selon le modèle chinois. Si la cour du Yamato était si puissante aux VIIe-VIIIe siècles, c’est grâce au corps de fonctionnaires. Voyons les trois principes fondateurs de l’administration :
Les fonctionnaires sont classés en 30 échelons, dont 9 rangs principaux. On crée des écoles (daigaku), pour former tous ces fonctionnaires. Ils y apprennent le confucianisme, la médecine, la poésie. Les fonctionnaires sont rétribués en rizières ou en nature (tissus, riz). On trouve des fonctionnaires en ville et dans les provinces, à raison de 7 par province (voir doc.3) Le Japon est divisé administrativement en 68 provinces, qui correspondent aux départements actuels pour la plupart. Les circuits (dô) regroupent des provinces reliées par une route importante sur laquelle circulent les informations et les impôts vers la cour (doc.3). Le principe de nationalisation fonctionne à plein. Toutes les terres appartiennent à la cour du Yamato. Les uji disparaissent. Les gens deviennent des unités fiscalisables. Chacun possède un lot de terre à vie, suivant son niveau dans la hiérarchie. Le système prévoit une révision des terres tous les 6 ans pour redistribuer en cas de décès ou de changement de statut. Chacun paye des impôts et des corvées. Parmi les corvées, chacun est tenu d’apporter son riz à la cour, d’où qu’il vienne, et on doit prendre les armes lorsque des pirates attaquent, par exemple. On ne sait pas si ce système a fonctionné efficacement, ni jusqu’où il a perduré.
Le tennô (souverain céleste) Jusqu’au VIIIème siècle, le tennô est soit un homme, soit une femme. Entre le 33ème et le 50ème tennô, on trouve 8 femmes. Le tennô est considéré comme un kami visible, descendant d’une déesse importante du panthéon shinto, Amaterasu Ômikami. Tout s’organise autour de lui. Le tennô du VIIe - VIIIe a de réels pouvoirs (contrairement à l’empereur actuel), et s’impose parfois par les armes. La capitale impériale change souvent d’adresse (voir doc.4). Elle se déplace d’Asuka à Fujiwara, puis à Nara, c’est un déplacement prononcé vers le nord au fil des empereurs. A noter que trois empereurs se succèdent à Fujiwara, à partir de 694, ce qui fait de Fujiwara la première capitale fixe du Japon. On pense qu’en fait à cette époque, et depuis longtemps, la mort de l’empereur était une souillure, et qu’il fallait donc déménager la capitale lorsque ce dernier venait à décéder. Cependant le développement de l’administration au cours du VII-VIIIe siècle finit par rendre très coûteux le déplacement de la capitale. Par exemple, la ville de Nara, très peuplée, contenant beaucoup de temples et d’appareils d’Etat, resta capitale de 710 à 784. Ainsi le Japon hésita pendant plusieurs années entre la tradition et la lourdeur des appareils d’Etat. On pense aussi que le fait que les Chinois eux aussi à la même époque commencèrent à stabiliser leur capitale eut une influence sur la cour japonaise. La noblesse, une classe extrêmement hiérarchisée et extrêmement unie Personne dans l’aristocratie japonaise de cette époque n’est égal à personne. Il existe 9 rangs de hiérarchie. On distingue les aristocrates qui sont liés à la famille impériale de ceux qui ne le sont pas. Dans la famille impériale elle-même, chacun a sa place. Pour être une personne réellement influente, il faut être dans les 5 premiers rangs de la hiérarchie. Cependant, tout uni cette classe : il existe à la cour des mœurs extrêmement codifiées, des valeurs que tous partagent, chacun a un rang et une fonction rétribuée, en terres et rizières. Les nobles les plus importants ont des serviteurs, ils profitent du système des corvées, bénéficient d’exceptions fiscales. Les avantages les plus importants sont les privilèges scolaires, car seul les enfants de nobles peuvent intégrer les daigaku, et seul les enfants de fonctionnaires peuvent hériter de la charge de leur père, à partir de 21 ans). Parmi la noblesse, il existe 2 familles réellement influentes : les Soga et les Fujiwara. Les Soga sont supprimés physiquement en 645. Auparavant, ils avaient promu le bouddhisme et avaient établi de bons contacts avec les royaumes coréens. Mais leur peut d’intérêt pour les réformes administratives leur coûtera la vie. Les Fujiwara sont la famille la plus influente à la cour du Yamato jusqu’à la fin du VIIIème siècle. Nakatomi no Kamatari (mort en 669), grand propriétaire terrien habitant à Fujiwara reçoit peu de temps avant de mourir le patronyme de Fujiwara pour services rendus à l’empereur. Son fils Fuhito hérite de ce nom. C’est Kamatari qui fait éliminer les Soga, et qui décide de la grande réforme, taika . Fuhito quant à lui est à l’origine du code de Taihô (701). Les Fujiwara sont célèbres pour leur stratégie matrimoniale. Fuhito parvient à marier 2 de ses filles à des empereurs. Les Fujiwara sont répartis en 4 branches. A la fin du VIIIème, après de nombreuses difficultés, les descendants de Fuhito occupent toutes les charges importantes à la cour, malgré quelques adversaires. Les temples Le développement du bouddhisme fait apparaître au VIIe siècle une nouvelle classe d’hommes et de femmes, les religieux. Comme nous l’avons vu, jusqu’au VIIe siècle, les uji occupaient à la fois les fonctions politiques et sacerdotales. Mais leur disparition et l’expansion du bouddhisme permettent la création de temples. Certains bonzes et certaines bonzesses possèdent à cette époque une grande influence.
Les travailleurs et producteurs Ils représentent l’essentiel de la population. Il faut savoir qu’au VIIe siècle le Japon compte 6 à 7 millions de personnes, alors qu’ils n’étaient que 600 000 à la fin de Yayoi. Les travailleurs payent beaucoup d’impôts, ce qui représente ¼ de la production agricole. Les travailleurs sont divisés en 2 groupes bien séparés : les ryônin (bon , gens) et les sannin (gens inférieurs). Les ryônin sont une majorité qui a le droit de payer des impôts et qui dominent les sannin qui sont des esclaves et qui ne paient pas d’impôts. Entre ces 2 groupes existent des rapports de castes. Un sannin ne peut se marier avec une ryônin, et inversement, et les sannin ne peuvent prétendre à une promotion sociale, sauf lorsqu’ils atteignent l’âge de 76 ans. Dans tous les cas, ryônin comme sannin sont exploités : les uns croulent sous les impôts, les autres sont des esclaves. Les anciens clans Dans le Japon antique on ne parle plus de clans mais de provinces. Une petite partie du Japon échappe au système des provinces. C’est le dazaifu (gouvernement général), situé près de Fukuoka, au nord de Kyûshû. Cet endroit étant au contact proche avec la Chine, ils disposent de certaines prérogatives pour contrer les menaces en cas de conflit. En 713 l’empereur demande à chaque province de rédiger des fudoki (mémoire de géographie régionale). Ces fudoki apportent à la cour beaucoup d’informations pour mieux contrôler les régions. Ce sont des documents hétéroclites où l’on trouve toutes sortes d’informations, de l’énumération de toponymes, de traditions, aux détails sur la production agricole. Il semblerait que ces fudoki aient servi à la rédaction du Nihon Shoki de 720. Des fonctionnaires établissent des rapports pour la cour dès le VIIe – VIIIe siècle. Les « barbares » La pacification du Japon n’est pas totale. Certaines régions échappent (et échapperont longtemps) à la domination impériale. Ôsumi, au sud, est pacifié en 713. Au nord de Honshû, c’est un peuple du nord, les Eso, Ebisu, Emishi, ou peut être même des Aïnous, qui font résistance. Mais ils finiront par être repoussés.
Vers 720, des principes révolutionnaires mettent en cause l’Etat régi par les codes. A cette époque la cour estime ne pas recevoir suffisamment d’impôts. C’est du au fait que la population a beaucoup augmenté, qu’un certain nombre de personnes fuient pour ne pas payer d’impôts, et que d’autres encore s’accaparent les terres sans l’envie de payer des taxes. L’Etat manque donc de terres à fiscaliser. C’est pourquoi il lance en 723 une première politique d’incitation au défrichement. Cette politique permet à ceux qui défrichent une terre d’en avoir la possession pour 3 générations, tout en payant les impôts. Ce système fonctionne moyennement bien, ce qui pousse la cour du Yamato à une deuxième tentative. En 743, l’Etat porte un coup fatal au principe de nationalisation en autorisant que les terres nouvellement défrichées deviennent des propriétés privées sans limite de temps. Même si ce système permet dans un premier temps de récolter beaucoup de fonds, qui permettront notamment la construction d’une grande statue de Bouddha, il renforce la hiérarchie en permettant aux nobles et aux temples de déchiffrer de plus grandes parcelles que les autres.
En 708, pendant l’ère wadô (harmonie , cuivre), on assiste à une émission nationale de monnaie de cuivre. Cette monnaie aurait du servir à payer les fonctionnaires, les taxes ou encore les échanges commerciaux. Mais la monnaie n’eut pas de succès, et les prêtres les accaparèrent et les placèrent dans leur temple, comme des objets précieux.
Lorsque le bouddhisme fait son apparition au Japon, il a en fait disparu de l’Inde depuis longtemps. Le mahayâna (grand véhicule), moins contraignant que le petit véhicule, ou hînayâna est le courant le plus largement diffusé au Japon. On insiste surtout sur l’idée de salut, et sur la mythologie bouddhique, et son panthéon. Ainsi, on fait bien la différence entre trois types de personnages : le bouddha, qui a connu l’éveil, le bodhisattva, qui a failli sur le chemin de l’éveil pour le salut des hommes, et les dieux. On sait que ce sont les Soga qui ont introduit le bouddhisme à la cour du Yamato. Du VIIe au Xe siècle, le bouddhisme est réservé à la noblesse. Il s’est imposé au Japon grâce à sa philosophie de protection de l’Etat, et des individus (par des prières aux dieux), et par le faste de ses offices religieux. 2 empereurs influents ont imposé le bouddhisme : Shôtoku Taishi, qui était en fait sesshô (régent) dont la conception du bouddhisme politique l’a amené à créer la première hiérarchie à la cour. On lui attribue également la constitution de 17 articles. Ce n’est pas une constitution dans le sens où on l’entend aujourd’hui, mais le mot kenpô désigne au Japon la constitution actuelle. Dans la constitution en 17 articles de Shôtoku Taishi, on trouve la première définition morale de ce que doit être l’Etat. L’idée de constitution vient de la Chine, si bien que la constitution de Shôtoku Taishi est remplie de références au taoïsme, au confucianisme et au bouddhisme. 17 est un chiffre taoïste, qui symbolise l’harmonie. 9 est le Yang, 8 est le Yin. Dans la constitution, il est dit que le bien suprême est l’harmonie. C’est un des préceptes majeurs du confucianisme. Enfin, dans l’article 2 il est dit qu’il faut vénérer les 3 trésors que sont Bouddha, les moines et la Loi. Shôtoku fait construire 2 temples, le Shitennôji à Ôsaka, d’inspiration coréenne, et le Horyuji à Nara. Au Japon à cette époque, le bouddhisme est synonyme de création de temples, et de retraite bouddhique des empereurs à la fin de leur règne. Les moines deviennent de plus en plus influents. L’autre empereur important est Shômu, proclamé « protecteur des 3 trésors ». En 741, pour démonter une révolte dans le Kyûshû, il fait construire dans chaque province un kokubunji (temple de chaque province), qui ont pour mission de défendre l’Etat régi par les codes. Ce phénomène est à l’origine d’une grande dispersion du bouddhisme dans tout le pays. A Nara est construit le kokubunji général, appelé Tôdaiji. Ce temple abrite aujourd’hui, dans la plus grande structure en bois du monde, une des plus grandes statues de Bouddha du monde. Shômu, bien avant, y avait fait construire, entre 728 et 749 le Daibutsu, un bouddha, représenté assis, de 16 mètres de hauts, en bronze doré. Cette statue est un puissant message idéologique. Comme on le voit sur le document 6, Birushana (c’est le nom du bouddha représenté) semble faire un geste d’apaisement. Il repose sur une myriade de pétales de lotus. Chaque pétale représente des myriades de mondes. Birushana protège les mondes. C’est une oeuvre gigantesque, symbole du pouvoir de l’Etat. La statue a nécessité 443 tonnes de cuivre, 50 000 charpentiers, et 2 millions de main d’œuvre, selon les textes de l’époque. Shômu voulait sûrement se représenter à travers ce bouddha.
Le bouddhisme est essentiellement élitiste, on médite et on spécule beaucoup, et chinois, car les nombreuses écoles sont chinoises, et il faudra attendre le XIIIème siècle pour voir apparaître des écoles japonaises. On peut aussi dire du bouddhisme que c’est une religion de tolérance, et que sauf exception, il n’a jamais été la cause de querelles profondes. A partir du VIIIème siècle, des moines comme Gyôki commencent à prêcher auprès du peuple, et plus seulement à la cour. Le bouddhisme coexiste sans problème avec le shintoïsme. Le terme de "shinto" est créé aux VIIe -VIIIe siècles en opposition à la voie du Bouddha. C'est en fait la formalisation d'une religion profondément japonaise qui n'a que peu de points communs avec le bouddhisme. Le shinto repose sur la croyance en l'existence d'une myriade d'êtres supérieurs à l'homme, les Kami. Tout ce qui sort de l'ordinaire est un kami: un sorcier, un défunt, une grosse pierre ou une rivière puissante. Certains kami font uniquement l'objet d'un culte régional alors que d'autres font l'objet d'un culte national. Il n'existe pas de préceptes du shinto, on croit aux kami et on ne se pose pas de questions là-dessus. Pour les Japonais, il est nécessaire de rester pur par rapport aux kami. Il faut tenir compte du territoire d'un kami, et ne pas y pénétrer, sous peine de tatari (vengeance) de la part du kami. Les rituels de purifications occupent une place importante dans le shinto. Bouddhisme et shinto coïncident parfaitement aux VIIe -VIIIe siècles, même s'ils ne se mélangent pas encore. Le shinto est un peu plus privilégié dans l'Etat régi par les codes. Le ministère le plus important de l'Etat est le jingikan (ministère des affaires des dieux). Il reste le ministère suprême jusqu'en 1868. Le sanctuaire d'Ise, dédié à Amaterasu Ômikami, existe depuis 478 (date légendaire). Au VIIème siècle, l'Etat décide de reconstruire entièrement tous les 20 ans le sanctuaire d'Ise, par respect pour Amaterasu. Cette coutume persiste aujourd'hui. La raison pour laquelle le shinto est privilégié est qu'il permet en fait de légitimer la famille impériale.
Le Kojiki (chronique des choses du passé), daté de 712, justifie le pouvoir de la famille impériale. Le Kojiki est redécouvert à l'époque d'Edo et considéré aujourd'hui encore comme un texte majeur de l'histoire du Japon. Le Kojiki est une commande de l'empereur, selon l'habitude chinoise. Il semblerait qu'une personne appelée Hieda no Are ait dicté à un scribe tout ce qu'elle savait des mythes et de l'histoire du Japon. Le but officiel du Kojiki était de rectifier les erreurs faites dans les historiographies précédentes. On y apprend comment l'archipel, composé de 8 îles, fut créé par Izanagi no Mikoto et Izanami no Mikoto, deux frère et sœur. Amaterasu Ômikami est leur descendante, et son petit-fils Ninigiro Mikoto, envoyé sur terre, l'ancêtre de Jimmû, premier empereur du Japon. Le Kojiki couvre l'histoire du Japon depuis la création de l'archipel jusqu'à Sumiko. Le Nihon Shoki continue la description de l'histoire du Japon. Le premier est écrit en japonais, et le suivant en chinois. Le Kojiki est une oeuvre ambiguë, mais les mythes cités sont largement antérieurs au Kojiki et forment la religion ancienne du Japon. |
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