Qu’est ce que l’argent ?
D’où vient l’argent ? Qui crée la monnaie ? Fèves, coquillages pierres plumes puis métaux précieux (orfèvre)
Les banques créent la monnaie qu’elle prête
Facilitation du commerce
Location chambre forte
Dépôt contre reçus : effets de commerce)
Prêt de son or déposé contre intérêt puis l’or des dépôts = enrichissement
Prêt sous forme de papier
Déposants demandent un intérêt sur les dépôts
Retrait massif = ruine des banques
Limite = réserve fractionnelle 9 pour 1
Banque centrale soutient les banques de second rang
La monnaie or , argent, La monnaie papier, La monnaie fiduciaire, La monnaie scripturale (chèques, La monnaie magnétique, La monnaie numérique, La quantité de monnaie = réserve or = somme des dettes : 1 pour 10 obligation variaible dans le temps l’espace
Rapport argent créé/argent existant
Réserve 1111,12$
prêt 10000$ = écriture en compte achat
vendeur dépose 10 000$ / 9 = 1111.11
Qu’est ce que l’argent : HistoireLes proto monnaies = marchandises qui ont pu servir aux fonctions d'une monnaie.
= objets pas trop faciles à se procurer (à produire, cueillir ou pêcher), pas trop volumineux et assez solides (ex. les coquillages Cauris = petite monnaie mondiale du fait de leur relative solidité, de leur faible encombrement et de la difficulté d'en trouver) ayant la confiance des parties liés à l'échange.
Pour les transactions de petites valeurs on voit parfois des objets prendre soudain valeur monétaire ex. Allemagne après guerre pour les paquets de cigarettes. En Italie on vit les bonbons acidulés remplacer la petite monnaie sur les autoroutes dans les années soixante, les dévaluations successives de la Lire ayant fait disparaître les plus petites pièces.
Les monnaies métalliques d'or et d'argentLe monnayage = opération par laquelle une quantité d'or ou d'argent est transformée en pièces de monnaie : fabrication d’un alliage dont l'aloi est fixé, inscription (frappe à froid ou moulage) sur les flans d’images et symboles qui donnent l'identité de la pièce et garantissent le poids et l'aloi.
Origine du métal pendant près de 2 millénaires :- pièces "étrangères" dont on interdit la circulation
- produit des mines dont le prince est propriétaire (mines du Laurion en Grèce antique pour l'argent ou du Mont Pangée ou de l'île de Siphnos pour l'or)
- métal récolté par les marchands sur les marchés internationaux (ex. Venise échange entre Europe et Extrême Orient d’or ou d’argent)
- métal confisqué par l'État à des organisations ou des particuliers : pillage des temples païens, destruction des templiers, réquisitions du temps de...
- métal acquis par la victoire militaire, la conquête ou le pillage (ex. sac de Constantinople, conquête de l'Amérique du sud, ruée vers l'or du Klondike, système monétaire de la Prusse établi à partir de la rançon en or versée par la France à Bismark après la défaite de 1870.
- métal présenté à la fonte par des particuliers (bijoux, objets en or etc.).
- progrès technique : ex. or australien au milieu du 19ième siècle = hausse massive de la quantité d'or disponible.
Le seigneuriage et les manipulations monétairesLa création monétaire en système métallique implique le monnayage dans un atelier qui a l'onction des pouvoirs publics.
Sous le nom de seigneuriage, il y a, pendant tout le Moyen Âge, prélèvement pour financer le Royaume.
Les différences de coût du seigneuriage entre pays ont entraîné des compétitions et tensions : un seigneuriage trop élevé pouvait entraîner la fuite du métal suivi d'interdiction des pièces étrangères et de sanctions.
Le coût du seigneuriage des monnaies métalliques a été une des forces qui ont poussé les banques à créer des billets non soumis à ces droits.
L'État monopolise alors l'émission des billets au sein des banques centrales en les nationalisant, récupérant ainsi la rente d'émission.
Les banques obtiennent le privilège du seigneuriage des dépôts qui est la forme de monnaie principale aujourd'hui et développe la monnaie électronique qui n'est pas soumise à un seigneuriage public.
L’abondance ou la rareté en métaux précieux expliquent souvent les guerres, les conquêtes, les dominations, les déclins
Le billet : (apparition au XVIIème siècle : transformation des orfèvres en banquiers)Certificat de dépôt d'espèces métalliques émis par une banque privée et qui circule à la place des pièces,
Instrument émis par une banque spéciale, dotée d'un monopole par l'État (ex. Angleterre)
Billets émis directement par une autorité publique. : ex. billets du congrès émis par les États-Unis d'Amérique pour financer la guerre d'indépendance de l'Angleterre et les "greenbacks" destinés à financer la guerre de Sécession.
La facilité d'utilisation de la "planche à billets" conduit à de nombreuses faillites de banques.
Des tentatives d'élaboration de règles rationnelles d'émission de billets de banque ont lieu au rythme des ruées sur les comptes bancaires des déposants paniqués :
Ex. le "Currency principle" par la Banque d'Angleterre au milieu du XIXème siècle création de monnaie fiduciaire à concurrence des dépôts en monnaie métalliques, 1 pour 1 (autre proposition "banking principle" les billets seraient émis autant que de besoin).
Dans la pratique, on vit coexister de nombreuses pratiques discordantes d'un pays à l'autre malgré la domination progressive d'une certaine orthodoxie monétaire, jusqu'à ce que l'émission de monnaie de papier soit monopolisée par des banques centrales.
Les abus de création de billets (crises hyperinflations) ont conduit les principaux États à interdire la création de monnaie par la Banque Centrale pour satisfaire les besoins publics. Les déficits publics doivent dans beaucoup de pays et notamment dans la zone Euro être financés par l'emprunt.
La création monétaire par les banquiersL’effet multiplicateur du crédit dans le cadre du système de réserves fractionnaires Les banques centrales ne créent que la monnaie « banque centrale » (les espèces (pièces et billets) + soldes des comptes des banques dans les livres de la banque centrale, appelés « réserves »).
La fonction de création de la monnaie scripturale est déléguée aux établissements de crédit, dits « de second rang ».
Le « multiplicateur de crédit » = coefficient mesurant le supplément de crédit dans l'économie résultant d'une augmentation de la « monnaie banque centrale » (la monnaie banque centrale correspond à la monnaie émise par la banque centrale (monnaie fiduciaire) et aux soldes créditeurs des établissements financiers privés auprès de la banque centrale)
F
ormalisation
m multiplicateur du crédit désigne donc le mutliplicateur de crédit de l’économie qui mesure la quantité de monnaie totale présente par rapport à la « monnaie banque centrale ».
Soit :
MBC = Monnaie Banque Centrale = Passif de la banque = B (Monnaie fiduciaire émise) +
RO (Réserves Obligatoires des établissements de crédit) = B + RO
M = Masse Monétaire = M3
m = multiplicateur de crédit = M / MBC (Q. de monnaie totale / Q.Monnaie Banque Centrale)
si :
B = Monnaie fiduciaire
D = Dépôts à vue
RO = Réserves obligatoires
r = taux de réserves obligatoires =

, donc :
MBC = B + RO =
B +
r x
Dm = multiplicateur de crédit =

(Q. de monnaie totale / Q.Monnaie Banque Centrale)
b = propension moyenne des agents non financiers à détenir de la monnaie fiduciaire =

Au final, m =

=

=

car

, et b =

Si b = 12% (propension moyenne des agents à détenir de la monnaie fiduciaire)
r = 12% (taux de réserves obligatoires) m =

= 4,4
pour r = 2%, m = 7,3
Une banque isolée dispose néanmoins d'une capacité de création monétaireConsidérons que la part de marché des autres banques est noté f
Le multiplicateur de crédit d’
une banque est :
m = 1 / b + f (1 - b) + r (1 – b – f (1 – b))
Exemples pratiques
Capacité de création monétaire d'une banque prise isolément:Si la préférence pour les billets est de 12% des dépôts, que le coefficient de réserves obligatoires est de 4% et que la part de marché des autres banques est de 90%, l'application de la formule ci dessus nous indique que pour des réserves excédentaires disponibles de 1.000 en monnaie centrale, la banque pourra proposer des crédits nouveaux à hauteur de 1.092,28
On a donc dans cet exemple un effet multiplicateur de 1,09.
Capacité de création monétaire d'un système bancaire:Si la création monétaire est le fait de l’ensemble du système bancaire commercial, et non plus d’une seule banque, il ne reste plus à considérer que la préférence pour les billets de 12% des dépôts, et le coefficient de réserves obligatoires de 4%. L’'application de la formule ci dessus nous indique que pour des réserves excédentaires disponibles de 1.000 en monnaie centrale, le système bancaire pourra proposer des crédits nouveaux à hauteur de 6.443,28
Sur lesquels:
773,20 se retrouveront en monnaie fiduciaire dans le circuit économique,226,80 se retrouvent en réserves obligatoires auprès de la banque centrale
le retour des dépôts dans le système bancaire sera de 5670,10.
On a donc dans cet exemple un effet multiplicateur de 6,44.
Réserves obligatoires (RRR required reserve ratios en anglais) = réserves financières que les banques doivent déposer auprès de la banque centrale.
Le montant des réserves obligatoires, rémunérées ou non selon les pays, est un pourcentage des encours de dépôts à vue (une partie des dépôts à court terme).
Ex dans la zone euro = % des dépôts, de titres de créance et instruments du marché monétaire, dont les échéances sont inférieures à deux ans.
Ex. une banque a 100 comme dépôts et si le pourcentage de réserve est de 10%, les réserves obligatoires à déposer à la banque centrale s'élèvent à 10.
Le taux de réserves obligatoires (décidé par la BCE) est fonction de la volonté de limiter l'expansion du crédit : c’est un des instruments de la politique monétaire.
En date du 22 juillet 2007, le taux de réserve obligatoire est de
2% dans la zone euro à partir du 22 juillet 2007
12,5% en Chine à partir du 25 septembre 2007
Taux de rémunération BCE des dépôts

Remarque : taux de refinancement = taux de rémunération dépôts + 1%
Extrêmes depuis 04/01/99 : 3.75 % le 02/10/00, 0.25 % depuis le 30/03/09
Notation des banques : ratio de solvabilité bancaireRatio Cooke 1988 = (Accord de Bâle 1)Fonds propres réglementaires > 8% Ensemble des engagements de crédit.
Ces deux notions étant rigoureusement précisées par rapport à un système comptable (comptes concernés, pondérations éventuelles).
Ratio McDonough 2004 (accords de Bâle II)Prise en compte de la qualité de l'emprunteur et du risque de crédit qu'il représente. Mesure par l'intermédiaire d'un système de notation financière interne propre à chaque établissement (dénommé « IRB » pour Internal Rating Based).
Fond propres > 8% des risques de crédits (75%) + de marché (5%) + opérationnels (20%)
Risque de non remboursement
Risque d’évolution des cours de marchés
Risque de défaillance des procédures (fraudes, pannes, guerres…)
Critiques des méthodes actuelles de création monétaireMaurice Allais en 1999, « La Crise mondiale aujourd'hui » considère le système actuel comme instable et risqué, les engagements et les créances n'étant pas nécessairement au même horizon : « L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile ». Il appelle de ses vœux un système où la création monétaire ne relève que de l'État, dans un cadre de régime de change fixe.
James Robertson altermondialiste souhaitent ramener le processus de création monétaire sous le contrôle de l'État : « Le fait que ces banques commerciales créent toujours ces fonds libellés en devises officielles et que cette création de monnaie génère des bénéfices revenant au privé constitue un anachronisme flagrant ». Il préconise que les banques centrales soient seules créatrices de monnaie et que la monnaie créée soit affectée aux dépenses publiques. Les banques de second rang n'auraient plus la possibilité de créer de la monnaie par l'emprunt, le tout dans un système contrôlé par une banque centrale mondiale qui « devrait rendre compte aux gouvernements membres ».
Certains libéraux démocrates préconisent le crédit social ou dividende monétaire : la monnaie libre de dette (augmentation de la masse monétaire centrale) devrait être distribuée à l'ensemble des citoyens de façon parfaitement équitable ; la monnaie créée par l'emprunt (monnaie temporaire) serait mécaniquement limitée à deux fois la masse monétaire centrale (monnaie permanente).
Ceux qui produisent sont endettés envers des gens qui ne font que prêter l’argent : Comment est ce possible ????
Les composantes de la masse monétaire = agrégatsIl y a plusieurs niveaux d'agrégats dans la masse monétaire, selon le degré de liquidité :
M1 correspond aux billets, pièces et dépôts à vue
(515 000 000 000 de billets et de pièces en 2005 dans la zone euro.)
M2 correspond à M1 + dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois (comme, par exemple, pour la France, le livret jeune ou le CODEVI, le livret A et bleus, le compte d'épargne logement, le livret d'épargne populaire...)
M3 correspond à M2 + les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation (ex : OPCVM, certificat de dépôt)
M4 correspond à M3 + les Bons du Trésor, les billets de trésorerie et les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières.
Monnaie fiduciaire (billets et pièces créés par le BCE) = 10% de M3,
Monnaie scripturale = 90 %
Le 23 mars 2006, le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis a cessé la publication de l'agrégat monétaire M3. Il n’y a plus que des estimations.
La BCE publie les agrégats monétaires de la zone euro. Ils sont, au 1er janvier des années référencées et en milliards d'euros de :
M1 M2 M3
2002 2 279 4 616 5 446
2003 2 499 4 915 5 807
2004 2 727 5 232 6 178
2005 2 949 5 570 6 568
2006 3 480 6 075 7 116
2007 3 755 6 630 7 782
À fin septembre 2007, les pièces et billets représentaient 610,6 milliards d'euros sur un total de l'agrégat M1 s'établissant à 3 819,7 milliards d'euros.
Impact des variations de la masse monétaire sur l'inflationLe niveau de la masse monétaire est important parce qu'il a un impact direct sur l'inflation selon l'équation : MV = PQ
M = masse monétaire, V = « vélocité de la monnaie », le nombre de fois qu'une unité monétaire change de main chaque année,
P = prix moyen des produits vendus chaque année, Q = quantité moyenne vendue chaque année.
En d'autres termes, si la masse monétaire augmente plus vite que la croissance du produit national brut, il est plus que probable que l'inflation va suivre
L'endettement et ses limites La Banque de France fournit un indicateur statistique qui s'appelle "Endettement Intérieur Total" (EIT), et qui regroupe tous les crédits aux entreprises, aux administration publiques et aux ménages. Contrairement aux agrégats bancaires précédemment cités (M1, M2 et M3), l'EIT regroupe toutes les formes de crédit, aussi bien celles provenant du système bancaire que des marchés financiers.
Le graphique suivant montre l'évolution de l'EIT, ainsi que celui de ses trois principales composantes. (sources : BdF, Insee, Observatoire de l'endettement des ménages)
Sur les douze dernières années, on constate que l'endettement intérieur total est passé de 142 % à 182 % du PIB. Une telle croissance de l'endettement en si peu de temps est énorme, et pourtant elle est juste à la hauteur de la croissance du crédit et des actifs financiers qui en sont les contreparties. Même si cette croissance peut paraître faible par rapport à celle d'autres grandes puissances économiques (USA, Japon), ceci n'a rien de rassurant, bien au contraire.
En 12 ans, l'endettement des entreprises (sociétés non financières) est passé de 60 % à 72 % du PIB. Celui de l'État de 48 % à 63 %, et celui des ménages de 26 % à presque 40 %. La plus importante croissance concerne donc les ménages dont l'endettement a augmenté de plus de 50% en 12 ans.
Les ménages ne sont pas une entité homogène, et quand on parle de l'épargne ou de l'endettement des ménages il est bien évident que l'on considère deux catégories différentes de ménages. D'un côté les ménages riches qui possèdent un patrimoine financier, et de l'autre les ménages pauvres qui ont recours à l'endettement pour financer leur logement ou leur consommation. Dans ce système, les premiers s'enrichissent grâce au crédit et aux intérêts qui leurs sont versés par les seconds.
La croissance du crédit La monnaie et le crédit sont deux éléments indispensables à tout développement économique. Dans un système de monnaie métallique reposant sur les métaux précieux, la quantité de monnaie disponible dépendait de la quantité de métal existant. La création monétaire, et la croissance économique qui s'y associe, dépendaient alors en grande partie des possibilités d'extraction de métaux précieux.
En 1971, le président Nixon a décroché la valeur du dollar de celle de l'or, et le crédit est devenu l'unique support de la création monétaire. Ce décrochage a entraîné une explosion de l'offre de crédit, et les banques et marchés financiers ont pris une ampleur jusque là inconnue. Il est à l'origine d'une véritable révolution monétaire et financière, dont résulte le système monétaire et financier décrit dans les fiches précédentes
Ce système est une véritable machine à fabriquer du crédit :
- d'une part par la création monétaire, toujours croissante.
- et surtout par les facilités offertes aux particuliers pour placer leur épargne. Que ce soit par l'intermédiaire du système bancaire, ou par celui d'autres établissement financiers opérant directement sur les marchés.
Rappelons que l'épargne des ménages, placée dans les banques ou sur les marchés financiers, constitue l'essentiel du capital financier. Ce sont des particuliers qui possèdent les actifs financiers, soit directement, soit par l'intermédiaire de banques ou autres institutions financières. Même les fonds propres des banques appartiennent en premier lieu à leurs actionnaires.
Le système monétaire et financier est conçu pour faciliter le crédit, et il n'y a alors rien d'anormal ou d'étonnant à ce qu'il prenne une ampleur sans limite apparente. Ampleur d'autant plus facilitée que l'épargne des ménages est soumise à une logique d'accumulation.
L'accumulation de l'épargne
Prenons l'exemple d'un ménage qui aurait une épargne de un million d'Euros, exemple finalement assez banal puisqu'il existait 260 000 ménages millionnaires en France en 2006. Bien sûr, vu l'ampleur de la somme, il ne s'agit pas d'une simple épargne de précaution, mais de ce qu'on appelle pudiquement une "épargne patrimoniale", c'est à dire de capital financier qui rapporte du profit.
Supposons que ce million d'Euros soit placé en actifs qui rapportent 8 % d'intérêts par an, soit 80 000 Euros.
Ce ménage ayant probablement d'autres sources de revenus que ses placements financiers, il se peut très bien qu'il n'ait pas besoin de ces 80 000 Euros et en accumule la totalité à son million d'Euros, ou qu'il en dépense simplement une partie.
Mettons qu'il dépense 20 000 Euros, et qu'il en épargne 60 000.
Cette épargne nouvelle s'accumule alors à son épargne déjà placée, et le million d'Euros devient 1,060 millions d'Euros. L'épargne du ménage aura ainsi augmenté de 6 % en une année. A ce rythme, elle aura plus que doublé en une douzaine d'années.

C'est ce mécanisme d'accumulation qui fait que les ménages riches s'enrichissent toujours plus, et que le capital financier est soumis à une dynamique de croissance. A cause de l'intérêt, il y a toujours plus d'épargne, et son placement entraîne une inévitable croissance des actifs financiers, donc du crédit.
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Seulement, si le crédit correspond à de la richesse pour une minorité de ménages, il présente une autre face qui croît en parallèle, et qui s'appelle endettement ...
Les limites du systèmeSi l'on observe le système du seul côté du crédit et des prêteurs, il est difficile de voir une limite à la croissance du crédit. Ce système reposant sur la possibilité de croissance illimitée du crédit peut alors apparaître durable, mais le paysage n'est pas le même vu du côté de la dette et des emprunteurs.
Pouvoir créer indéfiniment du crédit revient à pouvoir créer indéfiniment de l'endettement, or aucun des trois grands acteurs économiques ne peut s'endetter indéfiniment.Au fur et à mesure de la croissance de son endettement, il devient de plus en plus difficile à une entreprise de trouver de nouveaux fonds. Si certains États arrivent à supporter un taux d'endettement très élevé, comme le Japon avec un taux proche de 180 % du PIB, il n'y a personne pour trouver cette situation saine et durable. Quant aux ménages, il existe des limites à partir desquelles on parle de surendettement, et qui aboutissent à des procédures juridiques.
La crise des crédits "subprimes" résulte de ce besoin inhérent au système de devoir toujours créer de nouvelles dettes. Pour pouvoir prêter toujours plus, on en arrive à devoir prêter à des ménages dont on sait pertinemment qu'ils ne pourront pas rembourser leur dette.
Le système monétaire et financier actuel présente d'énormes avantages par rapport à un système fondé sur la monnaie métallique, hélas, tel qu'il est conçu actuellement il repose sur une incohérence technique. Du fait de l'intérêt de l'argent, et de l'accumulation de capital financier qui en découle, la logique interne de ce système implique une croissance illimitée de l'endettement.
Cette logique interne abouti à deux défauts majeurs :
- le premier est d'ordre moral, le droit privé à l'intérêt de l'argent est générateur d'inégalités socio-économiques croissantes. C'est un privilège pour les plus riches, qui leur permet de s'enrichir au détriment des plus pauvres.
- le deuxième est d'ordre technique, et rend ce système insoutenable à terme.
L'impossibilité de la croissance illimitée de l'endettement rend impossible la croissance illimitée du crédit, ce qui ne peut alors conduire qu'à une rupture systémique, dont la crise issue des crédits subprimes n'est qu'un élément avant-coureur.Le droit privé de prêter contre intérêt n'a rien de naturel, mais relève de conventions sociales et de lois écrites par des humains. Cette pratique, déjà dénoncée dans la Grèce antique par Aristote, a été interdite en France pendant un millénaire.
La durabilité d'un système de "monnaie de crédit" passe par une abolition de ce privilège. La monnaie et le crédit pourront alors devenir des "
biens communs", gérés par des institutions bancaires publiques, non plus au service des seuls intérêts particuliers des plus riches mais à celui de l'ensemble de la société.