Chapitre 2 – La monnaie et le financement de l’économie








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Chapitre 2 – La monnaie et le financement de l’économie


  1. La monnaie : création monétaire et évolution des formes de la monnaie




    1. La création monétaire dans le système monétaire moderne




      1. Les banques commerciales ont un pouvoir de création monétaire ex nihilo


Document 1 : les banques créent de la monnaie « à partir de rien »

Au moins à partir de 1800 dans les pays qui connaissent la révolution industrielle, les pratiques de monétisation de créances par les banques se sont fortement développées. Dès lors, l’idée que les banques sont des simples mandataires et que les crédits qu’elles proposent pourraient tout autant être proposés par d’autres agents en capacité de financement (des ménages, par exemple, mais aussi des institutions financières non bancaires) devient fausse au regard du fonctionnement réel du système monétaire. Les banques ont développé un cœur de métier singulier dans la mesure où leur activité (…) porte sur des opérations de création monétaire. (…) Avec le passage à un système généralisé de cours forcé, le mécanisme par lequel les banques émettent de la monnaie de crédit change radicalement. (…) Le mécanisme du pari bancaire se trouve alors être au fondement du nouveau dispositif institutionnel qui caractérise le système monétaire moderne. Les banquiers monétisent des créances sur la base d’aucune détention préalable de monnaie : elles créent la monnaie qu’elles prêtent. On dit que la création monétaire s’effectue ex nihilo. En dépit de l’image trompeuse selon laquelle les dépôts des épargnants sont le socle à partir duquel les banques procèdent à des crédits (« les dépôts font les crédits »), c’est en réalité le mécanisme inverse qui est à l’œuvre : ce sont les opérations de monétisation de créance des banques qui, générant des flux de richesse et donc de revenus futurs, rendent possibles les dépôts ultérieurs des agents (« les crédits font les dépôts »).

Source : Alain Beitone et Christophe Rodrigues Economie monétaire, A.Colin, 2017, p.87-88
Document 2 : création monétaire dans un système à une seule banque

Supposons dans un premier temps qu’il existe dans l’économie une seule banque (A) qui émet de la monnaie et, qui draine vers elle tous les dépôts de tous les agents de cette économie. Ainsi toute la monnaie qui circule dans cette économie (la masse monétaire) provient nécessairement de cette banque. A chaque fois que la banque A monétise une créance (c’est-à-dire qu’elle transforme une créance non monétaire en créance monétaire), elle augmente, toutes choses égales par ailleurs, le volume de la masse monétaire de manière exactement identique à cette monétisation.

Considérons par exemple le cas d’une entreprise de plomberie (ANF) qui a besoin d’acquérir du capital supplémentaire. (…) l’ANF décide de s’adresser à la banque A pour solliciter un crédit de 100 000 euros. Après examen minutieux du dossier, (…) la banque accepte la demande de crédit. Concrètement cela signifie qu’elle monétise la créance qu’elle détient sur l’ANF : elle crédite pour cela le compte courant de ce dernier du montant de 100 000 euros, sans pour autant puiser la ressource dans le compte d’un autre client. On parle de création monétaire ex nihilo c’est-à-dire … à partir de rien. Bien entendu, ce n’est pas parce que la création est ex nihilo que celle-ci n’a pas de contrepartie et donc qu’elle ne contrebalance aucun passif ; la banque met une nouvelle monnaie en circulation en contrepartie de la créance qu’elle détient vis-à-vis de l’ANF et qu’elle inscrit à son bilan. Ainsi la banque inscrit à son actif la créance qu’elle détient auprès de l’ANF, créance qui lui donne le droit de mettre en circulation les 100 000 euros de monnaie qu’elle crée. En contrepartie de cette créance, la banque crédit le compte de son client du même montant. Il faut par conséquent qu’elle honore son engagement et qu’elle permette à l’ANF de disposer de cette somme comme moyen de paiement général : pour la banque les 100 000 euros de monnaie émise sont une dette, dette qui est inscrite au passif de son bilan. De son côté, l’entreprise de plomberie se trouve également engagée dans une relation de créance et de dette envers la banque. Elle dispose d’une créance monétaire d’une part grâce à laquelle elle va pouvoir financer son investissement, cette créance est inscrite à l’actif de son bilan. D’autre part, elle est endettée dans la mesure où elle devra rembourser le crédit selon les clauses prévues par le contrat : la dette envers la banque est inscrite au passif de son bilan.

Dans ce modèle comportant une seule banque et une seule monnaie, il n’existe aucune contrainte systémique au pouvoir de création monétaire par la banque. Puisque seule la monnaie émise par la banque A circule, cette monnaie ne peut jamais quitter le circuit bancaire : tous les ANF ont un compte auprès de cette banque et pour chaque nouvelle monétisation de créance, la monnaie circulera entre les comptes des ANF auprès de la banque A. La seule limite possible à la création monétaire est l’obligation pour le banquier de ne monétiser que des créances de bonne qualité dont il est assuré qu’elles seront remboursées.

Source : Alain Beitone et Christophe Rodrigues Economie monétaire, A.Colin, 2017, p.92-93
Document 3 : La création monétaire provient également de la conversion de devises étrangères

La création monétaire ne résulte pas uniquement des opérations de crédits. Par exemple, lorsqu’un exportateur apporte à sa banque des devises étrangères et demande des euros en échange, le compte du client est crédité selon les écritures ci-après :



Dominique Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 6ème édition, 2013


      1. Les fuites interbancaires limitent le pouvoir de création des banques commerciales


Document 4 : les fuites « hors du circuit monétaire » des banques commerciales

Le mécanisme de la création monétaire change de manière significative dès lors qu’existent dans le système de paiement plusieurs banques qui émettent chacune leur propre monnaie scripturale. Dans ce cas, les ANF peuvent choisir d’ouvrir un compte dans la banque de leur choix. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, l’entreprise de plomberie (ANF1) contracte un crédit auprès de la banque A pour un montant de 100 000 euros, somme à partir de laquelle l’ANF1 effectue son achat de deux véhicules utilitaires auprès d’un autre (ANF2), le concessionnaire automobile.

Dès lors, deux situations sont envisageables. Soit l’ANF2 dispose également d’un compte auprès de la banque A et le mécanisme est dans ce cas en tout point identique à celui de la banque unique : la banque A retrouve dans son circuit monétaire le flux de monnaie qu’elle a initialement créé. Il lui suffit de débiter le compte de l’ANF1 et de créditer celui de l’ANF2. La seconde situation repose sur l’hypothèse selon laquelle tout ou partie de la nouvelle monnaie mise en circulation sert à régler une transaction auprès d’une autre banque. Supposons par exemple que l’un des véhicules est acheté par l’ANF1 à l’ANF2 (tous deux clients de la banque A), tandis que le second véhicule est acheté auprès d’un autre concessionnaire automobile (ANF3) qui dispose pour sa part d’un compte auprès de la banque B. (…) Dans un tel scénario, la banque A débite le compte d’ANF1 de 100 000 euros, et crédit celui de l’ANF2 de 50 000 euros. Pour sa part, la banque B qui a reçu un chèque émis par l’ANF1 est tiré sur la banque A crédite le compte de l’ANF3 pour le montant correspondant de 50 000 euros. La banque B devient alors créancière de la banque A. (…) La banque B va devoir obtenir de la banque A qu’elle s’acquitte de sa dette. Le système monétaire se trouve ainsi dans une situation qui ne peut pas exister dans le modèle à une seule banque : du fait des transactions entre certains ANF, la banque A et la banque B se trouvent engagés dans une relation de créance et de dette. La monnaie créée par la banque A ne circule plus seulement à l’intérieur de son circuit bancaire, une partie se retrouve inscrite au bilan d’une autre banque. On parle dans ce cas de « fuite interbancaire ». Bien entendu, on peut imaginer que de son côté, la banque B se livre également à une activité de monétisation de créances auprès de ses clients. (…) Cela signifie qu’à la fin de chaque cycle se tient une séance de compensation interbancaire permettant de dégager un solde interbancaire.

Source : Alain Beitone et Christophe Rodrigues Economie monétaire, A.Colin, 2017, p.98-99


      1. La banque centrale est « la banque des banques »


Document 5 : distinguer monnaie scripturale et monnaie centrale

Chaque banque émet une monnaie qui lui est propre, monnaie qui est par nature différente de celles émises par les autres banques. La monnaie de la banque A, qui est nécessairement scripturale dans la mesure où les banques n’ont pas le pouvoir d’émission de billets, est ainsi une monnaie concurrente de celle émise par la banque B : c’est de la monnaie « banque A ». (…) Il existe bel et bien une monnaie « BNP Paribas », « Société générale » … Chacune de ces monnaies étant émise par une banque singulière à l’occasion des monétisations de créances auxquelles elle procède, elle n’a donc de valeur qu’à l’intérieur du circuit bancaire et repose sur la confiance qui se noue entre la banque et l’ANF qui contracte le crédit. Dès lors qu’une fuite interbancaire se produit, il est nécessaire que la relation de créance et de dette qui s’établit entre les deux banques soit soldée par une monnaie de rang supérieur qui ne soit émise ni par l’une, ni par l’autre. La pluralité des banques implique la mise en place d’un dispositif institutionnel hiérarchisé et la création d’une banque des banques, ou encore d’une banque de premier rang, c’est-à-dire la banque centrale. La monnaie de cette banque de premier rang est la seule qui peut être utilisée pour effectuer les règlements interbancaires.

Source : Alain Beitone et Christophe Rodrigues Economie monétaire, A.Colin, 2017, p.98-99
Document 6 : la monnaie scripturale nécessite une monnaie de premier rang

Les banques sont des institutions qui offrent des crédits non négociables combinés à la fourniture de service de paiements. (…) Cette relation connut un grand essor dans la seconde moitié du 19ième siècle lorsque les dépôts devinrent transférables par chèques. Les paiements par chèques transfèrent des dépôts d’une banque à l’autre et créent des positions interbancaires. Si la balance bilatérale quotidienne entre deux banques (…) devait être réglée en espèces, (…) le besoin de réserves liquides pour la satisfaire entraverait l’expansion du crédit bancaire. C’est pourquoi les banques ont trouvé un avantage dans des arrangements coopératifs pour économiser les espèces. Ces arrangements ont fait faire un bond en avant à la technologie des paiements en organisant des chambres de compensation. (…) Mais la solidarité des banques (…) peut les entraîner toutes dans la faillite à la suite du défaut d’une seule. C’est le risque systémique qui est associé à la centralisation des paiements. (…) pour que cette garantie puisse fonctionner, l’ensemble des membres d’un système de compensation et règlement doit accepter collectivement de couvrir le risque de liquidité lorsque l’un d’entre eux est incapable de régler sa position nette à la chambre à la fin de la journée. Les chambres sont donc dotées de pouvoirs réglementaires très strictes : conditions d’accès des banques, exigences en capital, ratios de réserves, accords de partage des pertes, surveillance des situations financières des membres (…), sanction des déviations pouvant aller jusqu’à l’exclusion.

Source : Michel Aglietta La monnaie. Entre dettes et souveraineté. O.Jacob, 2016, p. 157-160

Document 7 : le rôle de la banque centrale est différent de celui des banques de second rang

La monnaie émise par chaque banque est appelée « monnaie banque de second rang » (BSR). La monnaie émise par la banque centrale est appelée « monnaie banque centrale » ou « monnaie centrale ». Celle-ci est utilisée pour effectuer les règlements entre les BSR qui sont nécessaires du fait des fuites interbancaires ; on parle d’opération de refinancement pour les BSR ou encore de refinancement bancaire. (…) Le principe est le suivant : chaque BSR ouvre un compte en son nom auprès de la banque centrale, compte qui est libellé exclusivement en monnaie centrale. En fonction des besoins de refinancement de certaines BSR, la BC est conduite à alimenter leurs comptes en monnaie centrale. Il s’agit de création de monnaie ex nihilo. Cette monnaie centrale est alors utilisée pour éteindre les dettes réciproques qui existent entre les BSR.

Plusieurs enseignements importants peuvent être dégagés de ce modèle à plusieurs banques qui se rapproche du système monétaire tel qu’il fonctionne aujourd’hui dans la plupart des pays.

- La banque centrale ne subit aucune contrainte de liquidité. (…) La Banque centrale dispose du même statut que la banque unique (dans l’exemple ci-dessus). (…)

- Le pouvoir de création monétaire des BSR est influencé par la banque centrale. Plus le système est composé d’un nombre important de banques, (….) plus les fuites sont importantes. (…) Or, la banque centrale peut accroître ou réduire le coût du refinancement pour les BSR en jouant sur le niveau du ou des taux d’intérêt. Pendant longtemps, le levier utilisé par la BC intervenait sous forme d’un refinancement à taux fixe (le taux de réescompte). Dans les économies actuelles, il s’agit plus souvent d’interventions sous forme de refinancement à taux variable avec la pratique de l’open market : la BC joue sur le niveau des taux directeurs qui encadrent le marché interbancaire.

- Les BSR disposent toutefois d’un moyen pour s’approvisionner en monnaie centrale sans devoir consentir le paiement d’un taux d’intérêt : il faut pour cela gagner des parts de marché en attirant vers elles des clients de plus en plus nombreux. (…)

- Avec le mécanisme de la compensation interbancaire, certaines banques constatent chaque jour qu’elles sont créancières en monnaie centrale tandis que d’autres sont débitrices : cela se traduit par des positions d’offre et de demande de monnaie centrale qui se confrontent sur le marché interbancaire. Celui-ci est un compartiment du marché monétaire ; compartiment sur lequel s’échange la monnaie centrale qui circule entre les IFM. Pour les opérations à 24h, cet échange s’effectue moyennant un prix : le taux d’intérêt du marché interbancaire (l’EONIA dans la zone euro).

Source : Alain Beitone et Christophe Rodrigues Economie monétaire, A.Colin, 2017, p.104-105

Document 8 : La banque centrale, la banque des banques

La banque centrale a la particularité d’émettre une monnaie que tous les établissements bancaires d’un territoire reconnaissent comme unité commune de mesure. Il y a donc deux catégories de banques : la banque centrale et les banques de second rang. Toutes deux créent de la monnaie, mais cette monnaie n’a pas les mêmes caractéristiques. La monnaie de la banque centrale à cours légal : nul ne peut refuser un paiement constitué de cette monnaie. Sa valeur est incontestable. Ce n’est pas le cas de la monnaie des autres banques, celles-ci n’acquiert de valeur qu’en raison de sa conversion possible en monnaie centrale. La monnaie émise par la banque d’émission est indispensable aux échanges entre les différentes banques du territoire car aucune ne peut la refuser. Par la détention de cette monnaie centrale, la création monétaire devient contrôlable.

Michel Voisin, Monnaie et politiques monétaires, Thèmes et débats, Bréal, 2006 p.41-42

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