   La politique monétaire
Sommaire 1La liquidité bancaire et le multiplicateur de crédit. 2
1.1La liquidité bancaire 2
1.2Le multiplicateur de crédit 2
1.3Les limites du multiplicateur de crédit 3
2Les outils de la politique monétaire 3
2.1Les objectifs 3
2.3Les instruments 4
2.3.1L’encadrement du crédit 4
2.3.2La politique des taux d’intérêts 4
2.3.3Les interventions sur le marché monétaire 4
2.4Les réserves obligatoires 5
3La désintermédiation bancaire 5
3.1Le financement de l’économie 5
3.3L’économie d’endettement 6
3.4L’économie financière 6
4 La BCE et la politique monétaire de la zone Euro 6
4.1Le SEBC 7
4.1.1Composition 7
4.1.2Les objectifs du SEBC 7
4.1.3Le statut du SEBC 7
4.3Les instruments 8
Annexes 10
Opérations de cession temporaire par voie d’appel à taux fixe 10
Opérations de cession temporaire par voie d’appel à taux variable 10
Rien n’interdit aux banques d’accorder autant de crédits qu’elles le souhaitent, mais elles doivent faire face aux retraits en billets et aux fuites vers les autres banques. Elles doivent donc disposer des avoirs nécessaires en monnaie banque centrale.
Il existe une relation entre la masse monétaire et la monnaie Banque Centrale. En effet, l’augmentation ou la diminution des possibilités de refinancement des B2 par les B1 joue directement sur les possibilités d’octroi des crédits.
1La liquidité bancaire et le multiplicateur de crédit. 1.1La liquidité bancaire Les banques centrales imposent aux banques commerciales d’immobiliser un pourcentage des dépôts de leurs clients au titre de réserve obligatoire. Ces immobilisations se font sous forme de dépôts sur le compte courant des banques centrales. Il s’agit d’une règle prudentielle qui permet d’éviter qu’une banque ne puisse faire face aux demandes en billets de ses clients.
Soit r = 10% le « taux de réserve obligatoire » exigé par la banque centrale. On définit le « degrés de liquidité » comme il suit :



Si le degré de liquidité est positif, la contrainte de liquidité est satisfaite et la banque est dite en « position de liquidité ». S’il est négatif, on dit que la banque est en « position d’illiquidité ».
1.2Le multiplicateur de crédit Le coefficient de préférence pour les billets est définit comme il suit :

Si une banque commerciale accorde des crédits supplémentaires, il se produit des fuites interbancaires et des retraits de billets.
On suppose que les fuites interbancaires sont nulles, que b = 20% et d = 10%. Une banque commerciale dispose de 40 de réserves excédentaires, qu’elle distribue sous forme de crédits. Après retrait des billets par les clients, il ne restera que 32 en dépôts. Ses réserves obligataires devront donc augmenter de 3,2. Bien qu’ayant distribué 40 de crédits, la banque dispose toujours de 28,8 de réserves excédentaires qu’elle peut distribuer à nouveau.
Soit C le montant des crédits distribués à une date t. Le montant des réserves excédentaires suit une suite de raison . Plus le multiplicateur de crédit est élevé, plus les banques commerciales pourront accorder de crédits avec les mêmes ressources, et inversement.
1.3Les limites du multiplicateur de crédit On a longtemps estimé que plus la banque centrale émettait des billets, plus les retraits étaient importants. Dans la réalité, il s’est avéré que le taux de préférence pour les billets était variable, et ce d’autant plus que le comportement des consommateurs est changeant.
De plus, le multiplicateur de crédits n’indique que la limite supérieure théorique de la création de monnaie scripturale. En réalité, les agents non financiers ne sont pas obligés d’utiliser tous les crédits normalement disponibles.
Enfin, lorsque les banques ont suffisamment d’actifs refinançables, la relation entre réserves excédentaires et crédits accordés peut être inversée. Elles peuvent accorder des crédits supplémentaires, et aller chercher la monnaie banque centrale nécessaire par le refinancement. Dans ce cas, on obtient un diviseur des crédits (1/m), qui donne le montant de la monnaie banque centrale nécessaire en fonction des crédits accordés.
2Les outils de la politique monétaire 2.1Les objectifs La politique monétaire consiste à adapter le volume des moyens de paiement aux besoins de l’économie. Si la création monétaire est excessive, il y a risque d’inflation ; si elle est insuffisante, elle est un frein à la croissance.
La stabilité interne de la création monétaire est étudiée au travers de deux indicateurs :
La masse monétaire : la banque centrale fixe des objectifs annuels de croissance des agrégats M1, M2et M3. Jusqu’en 1991, M2 était l’agrégat le plus surveillé, depuis 1991, c’est M3.
Le taux d’intérêt : il permet de jouer sur le niveau d’investissement.
La stabilité externe de la monnaie est assurée par la maitrise du taux de change en devises. Une baisse de la valeur de la monnaie entraine une amélioration du solde commercial, mais aussi une hausse des prix des produits importés. Une hausse de la valeur entraine une détérioration du solde commercial, mais une baisse des prix des produits importés.
2.2 2.3Les instruments 2.3.1L’encadrement du crédit Il s’agit d’un contrôle direct sur la création de monnaie, simple et efficace à mettre en œuvre. Il limite les crédits accordés de manière impérative, mais s’accompagne de crédits désencadrés, pour certains secteurs.
En 1973, le système à subi une évolution. Si les banques accordaient plus de crédits qu’il ne leur était autorisé, elles devaient constituer des réserves de monnaie banque centrale, à un coût prohibitif. Cependant ce système nuisait à la concurrence bancaire, car il fige les structures et les parts de marché, et les banques commerciales pouvant distribuer les crédits désencadrés étaient fortement avantagées.
Avec le plan de rigueur de 1983, ce système a été abandonné en France.
2.3.2La politique des taux d’intérêts 2.3.2.1Le réescompte Traditionnellement, les banques commerciales réescomptaient leurs titres représentatifs de crédit auprès des banques centrales, qui jouissaient ainsi d’une influence sur le taux d’intérêt pratiqué. En cas de dépassement des plafonds par les banques commerciales, les banques centrales réescomptaient à un taux majoré. Il existait également des taux préférentiels pour les crédits à l’exportation.
Cependant, ce système de réescompte à taux fixe empêchait les banques centrales d’avoir une intervention souple sur les opérations d’octroi des crédits, et de faire face aux mouvements de spéculation entre la France et l’étranger.
En 1986, le système est supprimé.
2.3.3Les interventions sur le marché monétaire Le marché interbancaire est une création des banques commerciales, sur lequel elles effectuaient des opérations de compensation jusqu’en 1985.
Après 1985, le marché s’est divisé en deux compartiments :
Le marché interbancaire à proprement parler, qui est toujours réservé au secteur bancaire, et où les banques commerciales se procurent de la monnaie banque centrale, auprès d’autres banques commerciales ou de la banque centrale. Cette dernière n’intervient donc que pour équilibrer le marché et répondre aux besoins de refinancement des banques commerciales.
Le marché interbancaire élargi, auquel tous les agents non financiers ont accès. Il s’agit d’un marché de capitaux à court terme. La banque centrale y pratique trois types d’opérations :
Des opérations à court terme, correspondant à des pensions sur appel d’offre. La banque centrale demande aux banques commerciales la quantité de monnaie qu’elles souhaitent obtenir, puis après centralisation des demandes, elle indique le taux et le montant global accordé. La répartition du montant se fait au pourcentage des différentes soumissions1.
Des facilités de dépôt (taux plancher) ou d’emprunt (taux plafond) pour les banques commerciales. Le taux d’intérêt au jour le jour se situe donc entre ces deux taux.
Des opérations d’open market, qui consistent en des opérations d’investissement, comme le ferait n’importe quel agent non financier.
2.4Les réserves obligatoires La banque centrale impose aux banques commerciales de déposer des réserves obligatoires sur leur compte courant de la banque centrale. Cela provoque une diminution des liquidités chez les banques commerciales, qui ont alors recours au refinancement. Or ce refinancement augmente le coût des ressources des banques et donc le coût des crédits distribués.
Une augmentation des réserves obligatoires provoque donc une baisse de la liquidité des banques et une raréfaction des crédits accordés. A l’inverse, une baisse des réserves provoque une augmentation des crédits.
3La désintermédiation bancaire 3.1Le financement de l’économie Il existe deux modes de financement de l’économie :
- la finance directe (économie de marché) lorsque les entreprises empruntent sur le marché des capitaux.
- l’intermédiation bancaire lorsqu’elles empruntent les sommes nécessaires auprès des établissements de crédit (économie dite d’endettement).
Traditionnellement aux U.S.A. et au R.U. les marchés étaient dominants tandis qu’en France, en Allemagne et au Japon, il y avait une forte intermédiation bancaire. Toutefois, dans les années 1980, la France est passé par un processus de désintermédiation bancaire devenant une économie de marchés financiers.
3.2 3.3L’économie d’endettement Elle consiste, pour les entreprises, à endetter auprès des banques qui sont elles-mêmes endettées auprès de la banque centrale par le refinancement. La banque centrale ne peut refuser les possibilités de refinancement sous menace de mettre en faillite le système bancaire et pratique alors plutôt l’encadrement du crédit
Dans ce système, les banques sont les seuls agents à accéder au marché monétaire. Il y a un manque de concurrence à cause de l’encadrement du crédit et des privilèges pour les banques spécialisées dans les secteurs bénéficiant d’une exception (Crédits bonifiés aux agriculteurs pour le crédit agricole, livrets défiscalisés pour les caisses d’épargne). Pour les besoins de la trésorerie de l’Etat, la banque centrale émettait la monnaie nécessaire, ce qui aurait été une des causes de l’inflation des années 1970.
Or dans ces années 1970, ce système fait face à de nombreux problèmes : les désordres du système monétaire international entraînent un système de changes flottants et les pays se font concurrence pour attirer les capitaux à court terme ce qui provoque une hausse des taux d’intérêt. Parallèlement pour attirer ces capitaux flottants à court terme, il faut développer les marchés avec de nouveaux produits (OPCVM, SICAV…) De plus les entreprises face à la pénurie de capitaux à long terme vont faire pression pour obtenir une réforme des moyens de financement.
C’est au début des années 1980 que se produit en France cette désintermédiation. Le marché monétaire s’ouvre aux agents non financiers, la loi bancaire de 1984 déspécialise les banques, le contrôle des changes est supprimé et les marchés financiers du monde entier vont être reliés les uns aux autres. On aboutit à :
3.4L’économie financière Dans ce cas de figure, les agents se procurent des ressources en émettant des titres sur le marché et le recours au crédit bancaire devient marginal. L’Etat est de même fortement endetté et ses titres (bons du trésor et obligations) alimentent le marché. Par contre l’autofinancement des entreprises est souvent important.
Quand les banques doivent faire face à des fuites, elles revendent leurs titres : la banque centrale va donc désormais contrôler la masse monétaire par des opérations sur le marché.
| Economie d’endettement
| Economie financière
| Autofinancement des entreprises
| Faible (50 à 60%)
| Fort (90%)
| Crédit bancaire
| Rôle moteur
| Rôle complémentaire
| Refinancement
| Incontournable
| Recours non fondamental
| Marché monétaire
| Fermé
| Ouvert
| Dette du Trésor Public
| Limitée vu l’étroitesse du marché
| Importante et fournit une base essentielle par les titres de la liquidité de l’économie
| Taux d’intérêt
| Fixés administrativement
| Flexibles en fonction de l’offre et de la demande
| 4 La BCE et la politique monétaire de la zone Euro 4.1Le SEBC 4.1.1Composition Le Système Européen de Banque Centrale a été instauré par le Traité de Maastricht, en vue de l’instauration de la monnaie unique. Il regroupe la BCE, et toutes les banques centrales de la zone Euro. Ses « actionnaires » sont dont l’ensemble de ces banques centrales.
La direction du SEBC est composée de trois organismes :
Le directoire, composé d’un président dont la voie est prépondérante, d’un vice président et de quatre membres. Tous sont nommés pour 8 ans, non renouvelables. Le directoire met en œuvre la politique décidée par le conseil des gouverneurs.
Le conseil des gouverneurs définit la politique monétaire et les taux d’intérêt directeurs. Il est composé du directoire et de tous les gouverneurs de la zone Euro. Son mode de décision est basé sur le principe de la majorité simple.
Le conseil général, qui est un organe consultatif, composé du directoire et de tous les gouverneurs de l’Union Européenne.
4.1.2Les objectifs du SEBC Les opérations décidées par le SEBC sont réalisées par les différentes banques centrales, selon des modalités uniformes.
Les objectifs du SEBC sont fixés par le Traité de Maastricht. Il doit maintenir la stabilité des prix, et se conformer aux principes d’une « économie de marché ouverte, dans un contexte de libre concurrence, favorisant une allocation efficiente des ressources ». Il peut également apporter son soutient aux politiques économiques générales de l’Union Européenne.
Pour évaluer la situation monétaire de la zone Euro, le SEBC surveille les trois agrégats. Il définit le taux d’inflation, et fixe pour M3 un taux de croissance maximal. Il détermine également les perspectives d’évolution des prix, à partir d’indicateurs nationaux.
4.1.3Le statut du SEBC Contrairement à la FED, les objectifs de croissance et de stabilité ne sont pas placés au même niveau. Le statut est calqué sur celui de la Bundesbank, selon le principe d’indépendance des banques centrales envers les Etats. Le refinancement direct des déficits et le rachat des instruments de la dette sont donc interdits. Cependant le rachat lors du réescompte subsiste.
La politique monétaire a donc été retirée des prérogatives des Etats.
4.2 4.3Les instruments
| Type
| Durée
| Taux
| Modalités
| Périodicité
| Opérations d’open market
| Opérations
de cession
temporaire
| Opérations principales de refinancement
| prise, en pension (apport liquidités)
| 1 semaine
| directeur 4% à taux fixe ou variable
| appel d'offres
normal -24heures
| 1 par
semaine
| Opérations de
refinancement
à plus long terme
| prises-en
pension
(apport liquidités)
| 3 mois
| directeur 4%
à taux variable
| appel d'offres
normal
| 1 par mois
| Opérations de
réglage fin
| apport
liquidités
| -
| -
| appel d'offres
rapide - 1H30
ou voie
bilatérale
| non
déterminée
| retraits de
liquidités
| -
| -
| voie bilatérale
| non
déterminée
| Opérations structurelles
| apport
liquidités
| -
| -
| appel d'offres
normal
| non
déterminée
| Opérations fermes
| ventes ou
achats
définitifs de titres
| -
| -
| voie bilatérale
| non
déterminée
| Certificats de dette
| retraits de liquidités
| < 12 mois
| -
| appel d'offres
normal
| non
déterminée
| Swaps de change
| apports ou
retraits de
liquidités
contre devises
| à date
prédéterminée
| -
| appel d'offres
rapide
ou voie bilatérale
| non
déterminée
| Reprise de liquidités en
blanc
| retraits de liquidités
| dépôt à terme
| -
| appel d'offres rapide
ou voie bilatérale
| Non déterminée
|
| Type
| Durée
| Taux
| Modalités
| Périodicité
| Facilités
permanentes
| Facilité de prêt marginal
| datés
liquidités
| 24 heures
| 5% (1 point
de plus que
taux
directeur)
|
| permanente
| Facilité de dépôt
| retraits de
liquidités
| 24 heures
| 3% (1 point
de moins
que taux
directeur)
|
| permanente
|
| Type
| Durée
| Taux
| Modalités
| Périodicité
| Réserves obligatoires
| Retraits en liquidité
|
| 4,10%
|
|
|
Annexes Opérations de cession temporaire par voie d’appel à taux fixe La BCE décide de fournir des liquidités au marché par la voie d'une opération de cession temporaire selon une procédure d'appel d'offres à taux fixe.
Trois contreparties soumettent les offres suivantes
Contrepartie Offre (EUR millions)
Banque 1 30
Banque 2 40
Banque 3 70
Total 140
La BCE décide d'allouer un total de EUR 105 millions.
Le pourcentage servi est de :

Le montant alloué aux contreparties est de :
Contrepartie Soumission (EUR millions) Volume alloué (EUR millions)
Banque 1 30 22,5
Banque 2 40 30,0
Banque 3 70 52,5
Total 140 105,0
Opérations de cession temporaire par voie d’appel à taux variable La BCE décide de fournir des liquidités au marché par la voie d'une opération de cession temporaire selon une procédure d'appel d'offres à taux variable.
Trois contreparties soumettent les offres suivantes:
Taux d'intérêt
(en pourcentage)
| Montant (EUR millions)
| Banque 1
| Banque 2
| Banque 2
| Offres totales
| Offres cumulées
| 3,15
|
|
|
| 0
| 0
| 3,10
|
| 5
| 5
| 10
| 10
| 3,09
|
| 5
| 5
| 10
| 20
| 3,08
|
| 5
| 5
| 10
| 30
| 3,07
| 5
| 5
| 10
| 20
| 50
| 3,06
| 5
| 10
| 15
| 30
|
| 3,05
| 10
| 10
| 15
| 35
| 115
| 3,04
| 5
| 5
| 5
| 15
| 130
| 3,03
| 5
|
| 10
| 15
| 145
| Total
| 30
| 45
| 70
| 145
|
| La BCE décide d'allouer EUR 94 millions, soit un taux d'intérêt marginal de 3,05 %. Toutes les offres au-dessus de 3,05 % (pour un montant cumulé de EUR 80 millions) sont entièrement satisfaites. Au taux de 3,05 %, le pourcentage servi est le suivant:

Dans cet exemple, le montant alloué à la Banque 1 au taux d'intérêt marginal est de:

Le montant total adjugé à la Banque 1 est de :

Les résultats de l'adjudication peuvent être récapitulés comme suit:
Contreparties
| Montant (EUR millions)
| Banque 1
| Banque 2
| Banque 3
| Total
| Total des soumissions
| 30,0
| 45,0
| 70,0
| 145
| Total adjugé
| 14,0
| 34,0
| 46,0
| 94
| Si l'adjudication est organisée selon une procédure à taux unique (« à la hollandaise »), le taux d'intérêt appliqué aux montants alloués aux contreparties est de 3,05 %.
Si l'adjudication est organisée selon une procédure à taux multiples (« à l'américaine »), des taux d'intérêt différents sont appliqués aux contreparties, par exemple, la Banque 1 reçoit EUR 5 millions au taux de 3,07 %, EUR 5 millions à 3,06 % et EUR 4 millions à 3,05
|