Être résistant de 1940 à 1944








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répression nazie s’abat sur les maquis et a pour conséquence de très nombreuses pertes humaines. C’est le cas au maquis du Vercors en juillet 1944 : 4 000 hommes s'y sont concentrés, avec le soutien des différents mouvements de résistance intérieure, du BCRA et des Britanniques. Les planeurs de la Wehrmacht utilisent une piste d'aviation préparée pour recevoir des renforts alliés -> en plus des 840 morts dont 200 civils, de nombreux maquisards sont ensuite déportés.
De plus, les maquis ont des besoins immenses mais qui ne sont pas satisfaits. Ils se battent avec des armes désuètes, parfois 1 pour 5 maquisards, manquent d’argent... Le 7 mars 1943 les grands chefs de la Résistance appellent Londres à l’aide ! Les chefs militaires des maquis tournent aussi un petit film projeté à Lyon en septembre 1943, à l’envoyé des services secrets anglais en France, pour alerter Londres sur la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les maquis.

Or, les alliés ne sont pas convaincus du poids que peuvent représenter les maquis dans la Résistance en France. Les envoient d’armes et d’argent en direction des maquis sont donc très rares, l’Angleterre privilégiant la mise en place du débarquement.

EX : 1943 : 40 000 armes à feu parachutées contre 400 000 dans la 1ère moitié de l’année 1944.

Gilles Vergnon, sur le maquis du Vercors : « Ce sont des hommes jeunes, qui ont pour la plupart entre 20 et 25 ans. [...] pour se vêtir, les maquisards ont très vite pillé les stocks des Chantiers de jeunesse du Vercors [...]. L’essentiel de la journée est consacré au ravitaillement, en eau et en nourriture, que l’on va chercher au village le plus proche : quand l’argent et les tickets de rationnement volés dans les mairies viennent à manquer, on peut demander gentiment, ou moins gentiment... L’entraînement militaire, en 1943, reste en revanche assez limité, faute d’armes : le Vercors ne reçoit qu’un seul parachutage, en novembre ».


  1. Être résistant en 1944 : participer à la Libération :


Début 1944 : le climat de violence en France est terrible, entre la répression allemande et celle de la milice. Mais en 1944, prendre les armes pour participer à la défaite de l’Allemagne apparait enfin concret. Ainsi, après l’appel 6 juin 1944 du général De Gaulle, des centaines de milliers de résistants se soulèvent. Etre résistant en 1944 est donc bien participer (symboliquement) à la Libération.

En 1944, les Forces Françaises de l’Intérieur comptent des dizaines de millier de nouvelles recrues.


  1. Être résistant implique la confrontation à de nombreux dangers




  1. Les luttes politiques


La résistance englobe une grande diversité idéologique et tout l’échiquier politique. Malgré cela, Olivier Wieviorka explique que les mouvements restent unis car « tous rêvaient de la défaite du Reich et du départ d’un occupant honni ; et tous en vinrent à souhaiter la disparition de l’Etat français. [...] En 1944, tous les mouvements plaidaient pour une république démocratique, militaient pour un système de sécurité sociale... ».

Or, cette unification ne s’est pas réalisée sans heurts. Ainsi, Jean Moulin, représentant du Général De Gaulle en France occupée, doit par exemple faire face aux oppositions virulentes du chef de Combat, Henri Frenay. Les questions qui les opposent sont d’ordre financier, politiques ou s’appuient sur la stratégie à adopter en France. Les chefs des mouvements refusent d’être totalement soumis à l’autorité du Général de Gaulle. Jean Moulin réussit finalement à les soumettre à son autorité lors de la 1ère réunion du Conseil National de la Résistance se tenant à Paris le 27 mai 1943.

En 1943 les Résistants dépendent de Londres, même si les tensions entre gaullistes et communistes restent vives, car le schéma insurrectionnel communiste et le schéma gaulliste s’opposent.
Les luttes touchent également, à partir de 1943, la question des maquis : les Alliés et les gaullistes ne voient que peu leur utilité et refusent avant 1944 de leur envoyer régulièrement des armes et de l’argent. En opposition, Combat et Libération-Sud veulent armer les réfractaires pour une action immédiate, ce qui est impossible sans le soutien de Londres, qui préfère préparer pour le débarquement.

Être résistant peut donc vouloir dire être soumis à des politiques extérieurs. Ainsi, l’historien Jean-Pierre Azéma explique que l’hiver 1943/44 est particulièrement difficile pour les maquis qui ont cru à un débarquement fin 1943 et qui ne reçoivent toujours pas d’armes de la part des alliés. « Churchill avait promis un débarquement sur les côtes françaises dès 1943. Le fait de différer cette promesse provoque une grande désillusion ».


  1. La vie dans la clandestinité :


Presque tous les résistants possèdent un pseudonyme.

EX : Jean Moulin est ainsi Joseph / Jean Mercier, Rex puis Max, Mr. X, Ex.20, Alix, Régis, Richelieu, Joseph Marchand, Jacques Martel. On remarque ici qu’à plusieurs reprises la fausse identité du résistant conserve les mêmes initiales que son véritable nom. Avec le pseudonyme de « Joseph Mercier », Jean Moulin garde donc un lien avec sa véritable identité, ces fausses initiales correspondant aux siennes, et car « Joseph » est le nom de son frère.
Les résistants ont également besoin d'une fausse identité secrète. Cela passe par la confection de faux papiers. Un homme tel Pierre Kahn-Farelle, alias « Pierre des Faux-Papiers », en exécute de remarquables pour Libération-Sud puis pour les Mouvements Unis de la Résistance.
Le résistant passé définitivement à la clandestinité doit se trouver une « planque ». Une planque ou une boîte aux lettres « grillée » ou « brûlée » est connue des services de police et ne doit plus être utilisée. De même, un résistant « grillé » doit changer de ville, prendre le maquis ou quitter la France.

Beaucoup de résistants passés à la clandestinité ont dû modifier leur apparence physique : ils se laissent pousser barbes, moustaches, cheveux, ou au contraire se les rasent.

Beaucoup de résistants ne savent jamais avant la fin de la guerre pour quel groupe ils travaillent, ni n'en connaissent les responsables.
Beaucoup de résistants réfutent l'idée reçue d'un « héroïsme » qui aurait ignoré toute peur. Ainsi, le général Maurice Chevance-Bertin, un des chefs de Combat, évoque dans le titre de ses mémoires ses Vingt mille heures d'angoisse. Lazare Rachline, appartenant au Mouvement de Libération-Sud, rappelle que « seuls sont des héros ceux qui sont morts ».
Etude de Cas : DANIEL CORDIER né en 1920, ce pétainiste antisémite très déçu par l’Appel de Pétain en 1940, rejoint les Forces Françaises Libres à Londres dès l’été 1940. Il devient officier et membre des services secrets de la France Libre avant de devenir pendant presque un an le secrétaire de Jean Moulin à Lyon. Il décrit son activité de résistant clandestin à Lyon :

« j’étais un militaire surentraîné, qui venait de suivre deux ans de formation en Angleterre. Et après mon engagement au sein du BCRA en 1941, pendant une année, j’avais appris à saboter des voies de chemin de fer, à faire sauter des trains et à assassiner des sentinelles, etc. [...] Or, tout ce qu’on me demandait, c’était de passer mes journées à relever des boîtes aux lettres, à distribuer de l’argent, à coder et décoder des télégrammes et rapports ».

Il commence par porter des messages à des contacts de Jean Moulin : « J’avais davantage l’impression d’être un facteur, par moments un touriste, que de faire la guerre ! ». Puis « la nuit, je codais et décodais les télégrammes de Rex [Jean Moulin], échangés avec Londres, ce qui prenait un temps infini. Durant la journée, j’avais de nombreux rendez-vous avec des résistants avec qui j’organisais des réunions au auxquels je distribuais l’argent parachuté de Londres ».

Enfin, l’ancien résistant parle du danger planant au quotidien sur les acteurs de l’action clandestine :

« la Résistance ne respectait absolument pas les consignes de sécurité qui m’avaient été inculquées en Angleterre : ne pas prendre plus d’un ou deux rendez-vous par jour, et jamais dans les mêmes quartiers, ne jamais parler de notre action dans un lieu public. Mais j’ai vite compris que prendre des risques était le seul moyen d’être efficace. Comme tout le monde, j’ai commencé à donner mes rendez-vous dans les trois endroits où se rencontraient tous les résistants à Lyon : la sortie de la gare Perrache, la place Bellecour et la place des Terreaux. [...] Pour la plupart, à l’exception des chefs, nous avions 20 ans et étions inconscients du danger. Il y eut des milliers d’arrestations. A vrai dire, nous étions tous fous. C’est pour cela qu’il y avait si peu de monde. »

Quelques jours avant son arrestation, Jean Moulin lui a confié : « dans une semaine, nous serrons peut-être tous arrêtés ».


  1. Le danger de mort représenté à la fois par les Allemands et par les Français :


-Les Allemands :
Les résistants arrêtés risquent la prison, la torture, l'exécution par fusillade ou décapitation, ou la déportation. Ainsi, à Lyon, de nombreux résistants sont internés à la prison Montluc avant leur exécution ou leur déportation (EX : Jean Moulin). Les femmes étaient plutôt transférées en Allemagne pour y être décapitées. À partir du printemps 1942, les Allemands ont cependant privilégié la déportation en camp de la mort sur les exécutions.

EX : nuit du 1 au 2 septembre 1944, 102 militants du réseau Alliance sont gazés au camp du Struthof.

Les résistants classés Nacht und Nebel par les nazis (à faire disparaître « dans la nuit et le brouillard ») sont la catégorie à avoir le plus enduré. Parmi eux, le général Delestraint, premier chef de l’Armée Secrète, exécuté d'une balle dans la nuque à Dachau en avril 1945.
EX : Jean Moulin, à la suite de son arrestation survenue le 21 juin 1943 à Caluire, alors qu’il allait présider la 2nde réunion du CNR, est interné à la prison Monluc de Lyon et torturé par Klaus Barbie. Il ne dira rien. Le résistant Christian Pineau, également interné à Monluc et chargé par les Allemands de raser Jean Moulin, arrêté de puis plusieurs jours, décrit sa rencontre avec le résistant : « Quelles ne sont pas ma stupéfaction, mon horreur, lorsque je m’aperçois que l’homme étendu n’est autre que Jean Moulin. Celui-ci a perdu connaissance, ses yeux sont creusés comme si on les avait enfoncés dans sa tête. Il porte à la tempe une vilaine plaie bleuâtre. Un râle léger s’échappe de ses lèvres gonflées. Aucun doute, il a été torturé par la Gestapo ».

Être résistant : lutter jusqu’au bout  alors qu’il ne peut plus parler et que son bourreau lui tend une feuille pour qu’il trahisse la Résistance, Jean Moulin dessine la caricature de Klaus Barbie.
Certains se suicident pour ne pas parler sous la torture. C’est le cas à Lyon de Berty Albrecht, compagne d’Henri Frenay, ou encore à Paris de Pierre Brossolette, proche du Général De Gaulle et faisant partie des services secrets de la France Libre.
-Les Français :
A la fin de l’année 1943, un nouveau stade de violence est franchi avec la création de la Milice française, qui traque les Résistants dans l’ensemble de la France : EX : fin novembre 1943, Annecy : miliciens plongent la ville dans le noir avec une panne d’électricité puis vont chez une vingtaine de personnes et tuent des communistes, résistants, Juifs.
Les gestapistes français qui font partie de l’Abwehr (contre-espionnage allemand) puis au service de la Gestapo (printemps 1941) représentent également un grand danger pour les Résistants : ils peuvent devenir des agents de « pénétration » qui infiltrent réseaux et mouvements. Ainsi, la célèbre bande Bonny-Lafont qui contrôle le marché noir et le trafic d’or est renforcée en mai 1943 d’un service de lutte contre la Résistance. Ils ont ainsi infiltré le Mouvement Défense de la France et en juillet 1943 ont réalisé un énorme coup de filet ils arrêtent presque 60 membres du réseau.



  1. Nécessité de nuancer le regard porté sur les Résistants :




  1. Le double-jeu des fonctionnaires vichystes :


Marc Olivier Baruch : double jeu des fonctionnaires vichystes qui, au cours de la guerre, abandonnent leur fidélité à Pétain. Par exemple, se rallier à Giraud permettait à ces élites de Vichy de se placer dans le camp anti-allemand sans trop remettre en cause la Révolution nationale.

Certains font par exemple le choix de lutter contre le STO : Marc Olivier Baruch : « du sous-préfet qui refusait de signer des ordres de perquisition à l’inspecteur du travail qui produisait de faux certificats, du douanier qui aidait les requis à passer en Espagne au gendarme qui revenait bredouille d’une traque au réfractaire, tous les rouages de l’administration surent faire preuve d’imagination pour freiner la mise en place du STO. »
EX : Activistes du comité de Nîmes (aide les internés et réfugiés étrangers en France) fait un coup d’éclat grâce à l’aide d’un fonctionnaire de Vichy le 26 aout 1942 à Vénissieux : après une rafle, 1200 juifs sont parqués dans une caserne. Gilbert Lesage, chef du service social des étrangers à Vichy, a inventé une méthode pour entrer dans ces lieux : les commissions de criblage qui, juste avant que les Juifs ne soient déportés, trient ceux exemptés de déportation -> Lesage et ses compagnons passent 2 nuits et une journée à négocier chaque cas.

D’autres organisent par derrière une immense évasion : des représentants d’associations d’assistance aux Juifs qui ont été admis dans les camps grâce à Lesage convainquent les déportés de leur confier leurs enfants pour les isoler dans une autre baraque. En 2 nuits, ils rassemblent 108 enfants. Des bus de l’évêché arrivent dans la nuit -> à la suite d’une coupure d’électricité organisée par la résistance, ils font en quelques minutes monter tous les enfants dans les bus tandis qu’à l’extérieur, des complices ont intercepté le télégramme de Vichy ordonnant leur déportation immédiate. Grâce au fait que Lesage travaille à Vichy, les bus peuvent partir. Lesage, qui aurait porté secours à 100 000 réfugiés, est aujourd’hui honoré comme Juste Parmi les Nations,


  1. Les Vichysto-Résistants :


Jean-Pierre Azéma a forgé le terme vichysto-résistant pour qualifier ceux qui, après avoir cru dans le régime de Vichy s'en sont détachés et ont rejoint la Résistance. On peut donc être maréchaliste et résistant. C’est par exemple le cas de militaires, qui sont fidèles à Pétain mais s’opposent aux Allemands : EX : Capitaine Henri Frenay, qui devient le chef de l’un de plus grands mouvements de la zone sud : Combat. Plusieurs tournants marquent leurs changements de position :

- avril 1942 : rappel de Laval, l’homme qui incarne la collaboration, à la tête du gouvernement.

- novembre 1942 : débarquement allié en Afrique du nord : dans l’Empire colonial, plusieurs hauts fonctionnaires basculent du côté de la Résistance, comme le futur Maréchal Juin.

EX : général de Lattre de Tassigny : célébré par Vichy comme le « vainqueur de l’Aisne » en 1940, il a combattu pour le gouvernement français. Or, avec l’invasion de la zone libre par la Wehrmacht i rompt avec le gouvernement. Ce dernier le condamne à 10 ans de prison : il s’évade en septembre 1943 et gagne Londres.
EX : Daniel Cordier, né en 1920, antisémite, militant dans l’Action Française, il est révolté par l’appel de Pétain et part à Londres rejoindre les Forces Françaises Libres dès l’été 1940.


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