Résumé La transition énergétique vers des énergies bas-carbone est aujourd’hui un paradigme dominant des politiques publiques liées à l’énergie.








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"Les défis de développement pour les villes et les régions
dans une Europe en mutation"


5-7 juillet 2017, Univerisité Panteion, Athènes, Grèce

Typologie du développement régional des énergies renouvelables en France
Rafik ABDESSELAM,

Université de Lyon, Lumière Lyon 2, COACTIS, EA 4161, 69365 Lyon Cedex 07, France

Patricia RENOU-MAISSANT

Université de Caen Normandie, CREM-CAEN, UMR CNRS 6211, 14032 Caen, France et EconomiX, UMR CNRS 7235, Université de Paris Nanterre, 92001 Nanterre, France

Ferdaous ROUSSAFI

Université de Caen Normandie, CREM-CAEN, UMR CNRS 6211, 14032 Caen, France

Contact : ferdaous.roussafi@unicaen.fr

Résumé

La transition énergétique vers des énergies bas-carbone est aujourd’hui un paradigme dominant des politiques publiques liées à l’énergie. Sous l’impulsion de l’Union européenne, la France a mis en place en 2008 une politique énergétique ambitieuse visant à porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 23% à échéance 2020. L’objectif de cet article est de proposer un état des lieux de la transition énergétique en France et plus précisément d’évaluer les performances des régions en matière de diversification du bouquet énergétique. Des méthodes d’analyse de données multidimensionnelles ont été employées. Une typologie caractéristique du développement régional des ENR en France en 2013 est proposée, elle met en évidence l’émergence de cinq profils différents et révèle un développement des ENR très contrasté selon les filières et les régions. Enfin, les analyses discriminantes réalisées montrent que parmi les six thèmes considérés (l’environnement, la population, les performances économiques, la structure économique, le climat et la géographie ainsi que la politique), cinq permettent de différencier les classes régionales du développement des ENR.

Mots clefs : énergies renouvelables, disparités régionales, analyse de données multidimensionnelles

Introduction

L'énergie joue un rôle essentiel dans le développement des sociétés humaines. En effet, comme pour tout système physique, le système économique nécessite un approvisionnement continu en énergie (Roegen, 1971 ; Odum, 1971 ; Daly, 1985). De nombreux auteurs ont insisté sur le fait que les combustibles fossiles ont permis aux sociétés de prendre le chemin de l'industrialisation (Stern et Kander, 2012 ; Ayres et Voudouris, 2014). A la suite des chocs pétroliers des années soixante-dix, les pays développés ont pris conscience que leur prospérité économique basée sur l’utilisation intensive de ressources naturelles épuisables était menacée. L’étude de la relation entre la consommation d’énergie et la croissance économique a fait l’objet de nombreux travaux empiriques (Kraft et Kraft, 1978 ; Payne, 2009 ; Aspergis et Payne, 2009 ; Lee and Chang, 2007 ; Stern, 2003). Au cours des années 1990, les préoccupations des décideurs politiques en matière d’environnement ont relancé le débat, face aux menaces liées au changement climatiques, il apparaît alors essentiel de réduire la consommation énergétique, de limiter l’utilisation des énergies polluantes et de favoriser le développement d’énergies bas carbone. Les émissions mondiales des six gaz à effet de serre1 (GES) couverts par le protocole de Kyoto ont atteint près de 49 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2010, elles ont augmenté de 80% entre 1970 et 2010, principalement en raison du doublement de la consommation d’énergie dans le monde sur cette période. Le défi est immense : pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, les experts du GIEC2 estiment que 80 % de l’électricité mondiale devra être bas carbone d’ici 35 ans (contre 30 % aujourd’hui). Parallèlement, la demande d’électricité mondiale devrait doubler, il est donc urgent de développer toutes les technologies bas carbone identifiées par le GIEC : renouvelables, nucléaire.

Le développement des technologies de production basées sur l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables doit permettre de réduire considérablement les émissions futures des gaz à effet de serre (Hoffert et al. 2002 ; Rohatgi et al. 2002). L'énergie nucléaire joue un rôle clé dans le développement économique de long terme et dans l’élaboration des stratégies environnementales. Elle a permis de satisfaire les besoins énergétiques de certains pays dans lesquels la croissance de la demande énergétique est rapide (Fiore, 2006). Grâce à l’énergie nucléaire, la France est l’un des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre au monde. Toutefois, la croissance de l'énergie nucléaire est confrontée à un triple défi, à savoir, la sécurité opérationnelle, l'élimination des déchets radioactifs, et le risque de la prolifération des matières nucléaires, ainsi que le défi de l'acceptation publique de l’énergie nucléaire (Toth et Rogner, 2006). Par conséquent, toute transition énergétique est censée s’orienter principalement vers les énergies renouvelables (ENR).

 La transition énergétique vers des énergies bas-carbone est aujourd’hui un paradigme dominant des politiques publiques liées à l’énergie. Torvanger et Meadowcroft (2011) et Aklin et Urpelainen (2013) soulignent l’importance de l’orientation des politiques publiques dans l’accompagnement de la transition énergétique. Les combustibles fossiles continuent de dominer le paysage énergétique en grande partie à cause d'une défaillance du marché, qui amène à négliger le coût de leurs externalités négatives (Unruh, 2000). Les combustibles fossiles bénéficient, en raison des siècles de développement industriel, d'énormes avantages structurels, ce qui les rend plus matures que les alternatives durables comme l'énergie solaire et l’énergie éolienne. Ces handicaps sont encore aggravés par les subventions accordées aux combustibles fossiles3. Par conséquent, l'action gouvernementale est nécessaire pour accompagner les trajectoires de transition énergétique (Unruh, 2002 ; Loorbach, 2010). En effet, un grand nombre de travaux, parmi lesquels ceux de Barrett (2009), Dangerman et Schellnhuber (2013) et Smith et al. (2014) soutiennent que la promotion de la technologie propre est une stratégie clé dans l’atténuation du changement climatique.

L’adoption du paquet climat-énergie lors du Conseil européen du 12 décembre 2008 fait de l’Union européenne la première région au monde à s’être engagée en faveur d’objectifs ambitieux. Ce plan d'action doit permettre à l'UE d'atteindre d'ici 2020 le triple objectif qu'elle s'était fixée en 2007 : réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990, porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation et réaliser 20% d'économies d'énergie. La France a mis en place, depuis 2008, une politique énergétique, inscrite dans le cadre du « Plan national de développement des énergies renouvelables de la France » (2008). En effet, avec le Grenelle de l’environnement, la France a confirmé son engagement à concourir aux objectifs européens dits des « 3x20 ». La France a choisi de porter la part des énergies renouvelables à 23% à échéance 2020. A cela s’ajoute un objectif à plus long terme, consistant à diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% aujourd’hui à 50% en 2025.

Les énergies renouvelables sont fortement liées à la notion de territoire puisqu'elles constituent un mode de production énergétique décentralisé valorisant les ressources naturelles locales (soleil, bois, vent, cours d'eau...). La mise en place du « Plan national de développement des énergies renouvelables de la France » a impulsé une véritable dynamique de territorialisation des énergies renouvelables.

Dans cet article, nous nous intéressons au développement territorial des énergies renouvelables en France, pays à forte tradition étatique centralisatrice. Notre objectif est de fournir pour l’année 2013 une typologie des régions françaises en termes de diversification du bouquet énergétique en considérant des données relatives aux bilans énergétiques des régions (production et consommation par type d’énergie). L'originalité de la contribution réside dans la dimension spatiale retenue. A notre connaissance, aucune analyse statistique comparative du développement des ENR à l'échelle régionale n'a été réalisée à ce jour. L'approche adoptée repose sur une complémentarité de méthodes d'analyses de données multidimensionnelles qui tiennent compte des caractéristiques régionales du développement des ENR. Tout d’abord, une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) a été appliquée sur les facteurs principaux de l'Analyse en Composantes Principales (ACP) afin de regrouper les 22 régions en classes homogènes relativement au développement des ENR. Afin de consolider et d’enrichir la caractérisation des classes de régions, nous avons considéré un large éventail de variables « illustratives », constituées à la fois de variables environnementales, économiques, démographiques, climatiques et politiques. Nous nous interrogeons plus précisément sur les déterminants de la localisation des énergies renouvelables au niveau des régions. Enfin, une analyse discriminante (AD), connue aussi sous le nom de classification supervisée, a été appliquée dans le but de mettre en évidence les liens éventuels entre la partition en classes des régions réalisées la variable à expliquer- et un ensemble de variables explicatives continues relatives à un thème homogène. Autrement dit, nous cherchons à savoir si les classes diffèrent sur l’ensemble des variables prédictives, quelles sont les classes qui se différencient et quelles sont les variables qui les différencient. Six thèmes explicatifs ont été considérés : environnement, population, développement économique, spécialisation sectorielle, climat et géographie, politique.


  1. Transition énergétique et développement des ENR

Dans cette section, afin de mieux appréhender, les enjeux et les difficultés de la transition énergétique, nous proposons une revue de la littérature concernant la relation entre la croissance économique et la transition énergétique, nous abordons succinctement les réglementations mises en place à diverses échelles spatiales dans le but de favoriser la transition énergétique et le développement des ENR et enfin nous présentons en quelques chiffres un état des lieux de la production d’ENR en France pour l’année 2013.

1.1 Croissance économique et transition énergétique

Le concept de croissance économique durable s’est considérablement développé depuis les années 90, cependant ce concept trouve son origine chez les économistes classiques. Malthus et Ricardo, ont été les premiers à envisager la possibilité de limites naturelles à la croissance économique en raison de la croissance rapide de la population et de la raréfaction des ressources naturelles. Le développement durable et en particulier la transition énergétique ne doivent pas se traduire par une diminution du bien- être, mesuré par le potentiel de consommation de biens marchands et de biens environnementaux par habitant, auquel cas le sentier de croissance ne pourrait pas être considéré comme durable (Haveman, 1989). La relation entre la croissance économique et l’environnement est dès lors de première importance. Concilier le développement économique et la protection de l’environnement paraît a priori contradictoire. En effet, les activités économiques nécessitent l’utilisation de ressources énergétiques et rejettent dans l’environnement des polluants, elles ont donc un impact environnemental négatif. Les politiques en faveur de la protection de l’environnement adossées à des réglementations contraignantes et/ou des mesures fiscales constituent alors un frein à la croissance économique. Cette position se fonde notamment sur la théorie pigouvienne des externalités négatives et du principe pollueur-payeur qui en découle. Cependant, certains auteurs considèrent que les conditions de la croissance peuvent induire une compatibilité entre croissance économique et qualité environnementale (Beckerman, 1992). Plus précisément, l’accès à un certain seuil de développement rendrait « la croissance vertueuse » (Zuindeau, 2005). Plusieurs arguments plaident en faveur de cette vision « optimiste » de la croissance : i) le développement économique et son corollaire la tertiarisation de l’économie réduisent l’impact environnemental, ii) l’accroissement du niveau d’éducation et du niveau de vie peuvent induire une forte sensibilité aux préoccupations environnementale et modifier les comportements de consommation, enfin iii) l’innovation et le progrès techniques contribuent activement au développement des techniques de dépollution et à la mise en place de technologies propres. La relation croissance économique et environnement de long terme peut être appréhendée à partir de deux approches complémentaires. La première se situe dans le prolongement des travaux de Kuznets (1955), elle a été proposée par Grossman et Krueger (1991). Elle suppose que les émissions de polluants augmentent avec la croissance puis diminuent, formant une relation en forme de « U » inversé. La seconde approche s’inspire du modèle de croissance de Solow (1956), qui stipule l’existence d’un processus de convergence des revenus : Brock et Taylor (2004) étudient la convergence des émissions de polluants.

La transition énergétique et en particulier le développement des ENR doit permettre de relever le défi environnemental contemporain, cependant se pose également la question de la relation entre la croissance économique et les ENR. En effet, en comparaison avec le nucléaire, l’énergie renouvelable est considérée comme une alternative socialement acceptable aux énergies fossiles, cependant s’agit-il d’une alternative économiquement acceptable ? Tiwari (2011) a analysé les liens dynamiques entre la consommation des ENR, la croissance économique, et les émissions de CO2 en Inde, en utilisant l'approche structurelle VAR. Les résultats révèlent qu’un choc positif sur la consommation des ENR augmente le PIB et diminue les émissions de CO2 alors qu’un un choc positif sur le PIB a un très fort impact positif sur les émissions de CO2. Apergis et Danuletiu (2014) ont examiné la relation entre la consommation d’énergies renouvelables et la croissance économique pour 80 pays en utilisant le test de causalité à long terme de Canning et Pedroni (2008). Leurs résultats indiquent qu’il existe à long terme une relation positive entre la consommation des ENR et le PIB réel pour l’échantillon total et confirment que la consommation des ENR favorise la croissance économique qui à son tour stimule le recours aux sources d’énergies renouvelables. Ces résultats sont confirmés par l’étude de Sadorsky (2009) portant les pays du G7, qui met en exergue une relation positive entre la consommation des ENR et la croissance économique ainsi qu’une causalité bidirectionnelle. Les estimations ont montré que dans le long terme, l'augmentation du PIB réel par habitant est considérée comme un moteur principal pour la consommation d'énergie renouvelable.

Ces résultats légitiment les politiques gouvernementales de développement du secteur des énergies renouvelables. En effet, les ENR peuvent être considérées à la fois comme un facteur de lutte contre le changement climatique, une alternative aux énergies fossiles et au nucléaire et un élément favorisant la croissance économique. Cependant, l’impact de ces énergies sur la croissance est conditionné à la place des ENR dans le mix énergétique et à la mise en place de politiques gouvernementales volontaristes en faveur de leur développement. Les ENR doivent s’inscrire dans le cadre d’une politique de transition énergétique durable dont l’enjeu est double : satisfaire le développement économique et limiter les impacts environnementaux.
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