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Gabriel DEVÉRIA
LA FRONTIÈRE
SINO-ANNAMITE
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à partir de :
LA FRONTIÈRE SINO-ANNAMITE
Description géographique et ethnographique d'après des documents officiels chinois traduits pour la première fois
par Gabriel DEVÉRIA (1844-1899)
Ernest Leroux, Paris, 1886.
Édition en format texte par
Pierre Palpant
www.chineancienne.fr
février 2015
TABLE DES MATIÈRES
Préface
Ouvrages consultés
Explications des abréviations
Première partie : Notes géographiques
Chapitre I. Province du Kouang-tong. Préfecture de Lien-tcheou. Peuplades diverses. Description des montagnes, cours d'eau, défilés ou portes-frontières de la sous-préfecture chinoise de Kin-tcheou. Cartes.
Chapitre II. Province du Kouang-si. Préfecture de Taï-ping fou. Recensement. Peuplades diverses. Description des montagnes, des défilés ou portes-frontières des sous-préfectures chinoises de Sse-ling tcheou, Chang Che tcheou, Ning-ming tcheou, Pin-siang tcheou, Long-tcheou, Chang hia Tong tcheou, Ngan-ping tcheou. Itinéraires de Sse-tcheou au Tong-king, de Long-tcheou à Van-lan. Cours d'eau. Préfecture de Nan-ning fou. Cartes.
Chapitre III. Province du Kouang-si. Préfecture de Tchen-ngan fou. Recensement. Description des montagnes, défilés ou portes-frontières des sous-préfectures chinoises de Hia-lei tcheou, Kouei-chouen tcheou, Siao Tchen-ngan ting. Itinéraire de Tuyên-quang à Siao Tchen-ngan. Cours d'eau. Cartes.
Chapitre IV. Province du Yun-nan. Préfecture de Kouang-nan fou. Sous-préfecture chinoise de Pao-ning hien. Recensement. Peuplades diverses. Cours d'eau. Cartes.
Chapitre V. Province du Yun-nan. Préfecture de Khaï-hoa fou. Sous-préfecture de Ouen-chan hien. Recensement. Peuplades diverses. Description des montagnes et défilés ou portes-frontières. Cours d'eau. Monuments marquant la frontière entre les territoires de Tuyên-quang et de Khaï-hoa sur les bords de la rivière Tou-tcheou à Thú-long. Itinéraire de Tuyên-quang à Thú-long. Cartes.
Chapitre VI. Province du Yun-nan. Préfecture de Lin-ngan fou. Recensement. Peuplades diverses. Kien-chouei hien et Mong-tze hien. Montagnes et défilés. Itinéraire de Mong-tze à la frontière annamite. Route fluviale de Lien-hoa t'an. Itinéraire de Mong-tze à Son-tay par Tchen-lan t'ong, Van-banh, Lam-dao et Hùng-hoa. Itinéraire de Tuyên-quang à Lao-kaï. Cours d'eau. Note sur la manière approximative dont les jésuites ont tracé la frontière méridionale yunnanaise sans s'y rendre. Cartes.
Chapitre VII. Province du Yun-nan. Préfecture de P'ou-eurl fou. Recensement. Peuplades diverses. Le Li-sien kiang ou rivière Noire. Cartes.
Appendices géographiques
Appendice n°1. Nomenclature des préfectures et sous-préfectures des provinces annamites limitrophes de la Chine. Mines de ces provinces.
Appendice n° 2. Carte annamite de la province de Cao-bang. Itinéraires de Cao-bang à différents points de la frontière chinoise.
Appendice n° 3. Itinéraire de Hanoï à Canton par Lang-son, le Kouang-si et la rivière Si-kiang.
Cartes de la frontière sino-annamite.
Deuxième partie : Notes ethnographiques
Introduction.
Chapitre I. Province du Kouang-tong. Les Yao et les Tchouang.
Chapitre II. Province du Kouang-si. Les T'ou ou Thô.
Chapitre III. Province du Yun-nan. Les Pa-y. Les Cha-jen. Les Nong. Les T'ou-lao. Les P'o-la. Les Miao Lolos. Les Mou-ki. Les Pe-jen ou Min-kia. Les P'ou-tch'a. Les Ouo-ni (Ho-nih). Les Lolos blancs. Les Lolos noirs. Les K'ou-ts'ong. Les Tch'e-sou. Les P'ou-jen. Les Mang-jen.
Chapitre IV. Description sommaire des diverses peuplades du Yun-nan occupant les territoires de préfectures non contiguës au Tong-king : Kan Lolos. Tchong-jen ou Tchong-kia. Nou-jen. Kieou-jen. Lo-wou Lolos. Li-mei. Miao-tze. Li-sou ou Lissous. Mo-tch'a. Mo-siè ou Mossos. Kou-tsong. Tibétains Si-fan. A-tchang. Haï Lolos. A-tcho Lolos. Lou-wou Lolos. Me-tch'a. Man-tsiè. Li-mi. Piao, Yao.
Indications bibliographiques.
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PRÉFACE
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p.V Trouvant incomplètes, dans leur partie chinoise, les cartes du Tong-king publiées ces dernières années, j'ai voulu y pointer plusieurs places omises dont certains ouvrages chinois me donnaient la position ; j'eus ainsi l'occasion de constater que ces cartes étaient non seulement incomplètes mais encore inexactes en différents points ; pour les contrôler j'ai dû remonter aux seules sources vraies de notre cartographie chinoise, c'est-à-dire aux travaux de triangulation que les missionnaires ont exécutés de 1708 à 1718 par ordre de l'empereur de la Chine. Aucun des voyageurs qui, depuis cette époque, se sont rendus dans les provinces méridionales du Céleste Empire n'ont renouvelé ou complété les observations qui avaient été ainsi faites sur place au XVIIIe siècle, si ce n'est M. de Kergaradec, en 1877, à Lao-kaï seulement. Les travaux géographiques des missionnaires sont donc, encore à l'heure qu'il est, ce que nous possédons de plus nouveau sur les parties du territoire chinois qui bordent le Tong-king : ils se trouvent résumés dans un grand atlas contenant trente et une cartes gravées dressées au méridien de Péking avec légendes en caractères chinois.
p.VI D'Anville 1, le premier et peut-être le seul de nos géographes qui en tira parti, publia, en 1729, en les laissant au méridien de Péking, les cartes des provinces du Kouang-tong, du Kouang-si et du Yun-nan, cartes qui étaient l'œuvre des jésuites Cardoso et du Tartre pour le Kouang-tong et le Kouang-si, Fridelli, Bonjour et Régis pour le Yun-nan ; ces trois cartes françaises de l'atlas de D'Anville ont les mêmes proportions que les cartes chinoises des jésuites ; elles ont eu deux éditions, l'une de La Haye, l'autre de Paris. Ayant constaté quelques désaccords entre ces deux éditions, j'ai dû examiner les cartes manuscrites de d'Anville qui se trouvent à la Bibliothèque Nationale et j'ai pu établir de la sorte qu'elles n'étaient fidèlement reproduites que par l'édition de Paris mais que malheureusement d'Anville avait commis certaines erreurs que nos géographes n'ont cessé de reproduire et même aggraver, faute d'avoir pu examiner par eux-mêmes, comme je viens de le faire, notre seule base cartographique pour la Chine méridionale, c'est-à-dire l'atlas chinois des jésuites que possède le Département des Affaires Étrangères 1.
De plus, sans doute pour ne pas surcharger ses cartes faites à une petite échelle, d'Anville a volontairement négligé la légende de presque tous les points que les jésuites ont marqués d'un simple cercle ; or, ce signe indique indifféremment les postes-frontières, gorges, cols, passes ou défilés donnant accès de Chine au Tong-king, les stations militaires et les villages, distinctions qu'on ne peut établir que par la traduction de ces légendes qu'il ne faut plus laisser de coté si l'on veut se rendre compte, mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici, de ce qu'est la frontière sino-annamite.
p.VII Telles sont les considérations qui m'ont fait juger nécessaire de refaire au méridien de Paris, une carte reproduisant, en l'agrandissant, toute la partie du travail cartographique des jésuites ayant trait à la frontière méridionale du Céleste Empire. À cette carte 2 j'ai ajouté sous le titre de « Description de la frontière sino-annamite » un recueil de notes destinées à compléter dans une certaine mesure les cartes des jésuites faites à une trop petite échelle pour ne pas offrir elles-mêmes bon nombre de lacunes et quelques imperfections qu'il importait au moins de signaler. Ces notes sont pour la plupart empruntées au texte officiel de deux ouvrages géographiques chinois qui jouissent de la plus grande autorité auprès des fonctionnaires du Céleste Empire : la grande Géographie Impériale et la grande Encyclopédie administrative chinoises.
Ce double travail que nous publions m'a permis de faire les constatations suivantes :
1° La grande Géographie Impériale chinoise donne la distance qui sépare de la frontière annamite les villes chinoises qui en sont les plus voisines ; on peut donc dire que, au moins d'une manière générale, cette frontière existe : on en voit le tracé sur toutes les cartes chinoises et elle est suffisamment bien indiquée tant par la carte des jésuites que par les descriptions de la grande Géographie Impériale chinoise, pour qu'il soit possible de dégager de leur étude la liste un certain nombre de points 3 pouvant servir de jalons au tracé ou à la reconnaissance de cette frontière existante.
2° Même dans les plus récentes éditions des ouvrages géographiques purement chinois la cour de Péking ne p.VIII pourrait rien trouver qui pût corroborer ce qu'ont allégué quelques-uns de ses fonctionnaires, c'est-à-dire que la frontière de Chine est fort mal connue ou délimitée et qu'il existe entre les deux pays une vaste région qu'on ne sait auquel attribuer 1.
Entre les préfectures ou sous-préfectures chinoises du Yun-nan les plus voisines de l'Annam et les préfectures ou sous-préfectures annamites les plus rapprochées de la Chine se trouvent vraisemblablement quelques territoires occupés en partie par des tribus semi-indépendantes de race non chinoise 2 ; tout au plus serait-ce sur le partage de quelques-uns de ces territoires que pourrait s'élever quelque contestation si, dès le siècle dernier, la cour de Péking n'en avait accaparé ce qu'il lui fallait, c'est-à-dire la plus grande partie, pour se créer des marches frontières qui l'ont mise en possession plus ou moins réelle des montagnes et des défilés constituant aujourd'hui les limites naturelles du Céleste Empire. La grande Géographie Impériale nous donne le nom de ces marches, de ces montagnes et de ces défilés ainsi que leur position par rapport à des points connus. Par contre cet ouvrage qui a toute la valeur d'un document officiel, ne fait pas même allusion à aucune des préfectures ou sous-préfectures que les descriptions, statistiques et cartes annamites nous ont fait attribuer jusqu'à présent aux cinq provinces septentrionales de l'Annam qui sont limitrophes de la Chine, c'est-à-dire celles de Quang-yên, Lang-son, Cao-bang, Tuyên-Quang et Hung-hoa.
La Chine ne pourrait donc, sans se mettre en contradiction avec ses propres descriptions géographiques officielles ou p.IX autres, réclamer comme lui appartenant aucune parcelle des préfectures ou sous-préfectures annamites dont notre appendice n° 1 donne la liste.
3° La ligne frontière qu'ont tracée les jésuites sur leurs cartes des provinces du Kouang-tong, du Kouang-si et du Yun-nan est plutôt maxima que minima : au lieu, par exemple, de partager les défilés, cette ligne semble les déborder pour s'arrondir au profit de la Chine.
C'est le fleuve Tieh-lang kiang que la grande Géographie Impériale chinoise assigne comme limite à la province du Kouang-tong du côté du Tong-king, or, les jésuites, sur leur carte, ont avancé vers l'ouest cette limite jusqu'à un cours d'eau qu'ils appellent Ngan-nan kiang (c'est-à-dire fleuve Annamite) et que ne mentionne aucun des textes officiels que nous avons consultés.
Dans la préfecture yunnanaise de Khaï-hoa fou la rivière Tou-tcheou doit, selon la Géographie Impériale, franchir isolément la frontière annamite, or, les jésuites ont fait descendre celle-ci au-dessous du confluent de la rivière Tou-tcheou et de la rivière P'an-long kiang.
Ces erreurs dans le tracé de la frontière yunnanaise peuvent sans doute s'expliquer par ce fait que les jésuites, mathématiciens de l'empereur Kang-hi, n'ayant peut-être pas dépassé dans leurs explorations du Yun-nan les villes les plus méridionales de cette province, ont dû préférer tricher en plus qu'en moins lorsqu'ils ont eu à déterminer au sud des places dont ils avaient observé les hauteurs, une ligne frontière pour le tracé approximatif de laquelle ils n'avaient, disent-ils eux-mêmes, que des indications fournies par quelques voyageurs chinois.
4° Contrairement à ce que nous montrent la plupart de p.X nos cartes, tous les cours d'eau qui, sortant des provinces annamites de Tuyên-quang, Thaï-nguyên et Lang-son, arrosent la partie nord-est du Tong-king, c'est-à-dire la province de Cao-bang, se rejoignent pour couler dans le bassin chinois où ils forment la rivière Long appelée aussi Li-kiang) ; celle-ci déverse ses eaux dans le Tso-kiang ou rivière de Gauche qui elle-même par le Si-kiang ou fleuve Occidental rejoint la mer à Canton.
Long-tcheou, point de concentration des forces chinoises du Kouang-si lors du conflit franco-chinois, se trouve donc mis en communication avec Canton par cette série de cours d'eau dont aucun ne se déverse dans le golfe du Tong-king.
5° Les cartes des jésuites, telles que les Chinois les ont reproduites par leur procédé xylographique, sont trop défectueuses au point de vue orographique pour qu'il nous ait paru utile de reproduire les montagnes telles quelles y figurent. C'est au jugé, d'après la direction des cours d'eau, que d'Anville, en copiant ces cartes, a pris sur lui de tracer les montagnes qui figurent sur les siennes.
Paris, le 30 Mai 1885.
G. DEVÉRIA.
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Avertissement
Ouvrages chinois consultés
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Cartes des jésuites, un grand atlas de 31 cartes chinoises, n° 1648A,
archives géographiques du département des Affaires Étrangères.
cartes n°10 Kouang-tong, 11 Kouang-si, 14 Yun-nan.
p.XI Ce travail commandé aux jésuites par un décret de l'empereur Kang-hi, daté du 10 Juillet 1708, lui fut présenté terminé en l'année 1718. Il est encore aujourd'hui la base des cartes du Céleste Empire publiées par les Européens et par les Chinois.
Les cartes des jésuites sont faites au méridien de Péking (114° 49' 30" de Paris), projection conique, chaque degré est de 200 li soit 10 li pour un mille marin. Le li ainsi compté diffère sensiblement du li ordinaire qui est estimé à 400 mètres.
La copie manuscrite de ces cartes par d'Anville, premier géographe du roi, 1697-1782, se trouve à la Bibliothèque nationale, §2, AMS géogr. mod. 2e partie 3.
Ces cartes de d'Anville sont incomplètes et n'ont pas été très exactement reproduites dans les publications qui en ont été faites à La Haye et à Paris. La reproduction de Paris est cependant la meilleure. Voir Bibl. natle, atlas n° 2, § 5, Atlas général de la Chine, de la Tartarie chinoise et du Thibet par M. d'Anville, à Paris chez Dezauche, in-folio, 64 planches dont 50 cartes. Le Département des Affaires Étrangères ne possède que l'édition de La Haye qui est la moins bonne. Voir aussi sur les cartes des jésuites :
1° Nouvelle géographie de la Chine et de la Tartarie orientale ; ms. du VIIIe s. papier de Chine, Bibl. natle. Fr. 17242 ; 40 feuillets de 4 pages in-f°, l'auteur de ce manuscrit, un jésuite, donne de grands détails sur les cartes dressées par les missionnaires de sa compagnie.
2° Du Halde, Description de la Chine. Préface. p.XII
3° Henri Cordier, Bibliotheca sinica, col. 107 à 112. D'après M. Cordier, un Viennois aurait, après d'Anville, publié en allemand les cartes des jésuites sous le titre de : Atlas von China nach der Aufnahme der Jesuiten-Missionare herausgegeben von Stephan Endlicher. Wien, 1843 in-folio (Fr. Beck's Universitats-Buchhandlung).
4° Mémoire de M. d'Anville premier géog. du Roi, etc. etc. sur la Chine, MDCCLXXVI, petit in-8°, p.p. 47.
5° Édouard Biot, membre de l'Institut. — Dictionnaire des villes de l'empire chinois, 1842. Bibl. Nat. O2n. Avertissement, page 111 :
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« ...Des observations plus récentes faites principalement sur les côtes méridionales et orientales de la Chine par les officiers des marines française et anglaise ont indiqué que les longitudes données par les missionnaires à partir de Péking étaient progressivement trop fortes, ce qui s'explique par l'imperfection des instruments que les missionnaires employaient, conséquemment les longitudes comptées au méridien de Paris, d'après leurs nombres, sont trop faibles pour la Chine occidentale et trop fortes pour la Chine orientale. Les observations récentes peuvent servir à les rectifier sur les côtes mais on ne peut étendre ces corrections dans l'intérieur que par des approximations. La carte des jésuites est le seul travail topographique sensiblement exact que les Chinois possèdent... »
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Grande Géographie Impériale chinoise
Ta-Tsing I-t'ong-tche
Deuxième et dernière édition en 500 livres publiée à Péking en 1764 par ordre de l'empereur Kien-long.
Bibl. nat. n°289, fond chinois. Kouang-tong, vol. 44, 45 ; Kouang-si, vol. 46, 47 ; Yun-nan, vol. 48, 49.
Cette description très détaillée de la Chine nous donne préfecture par préfecture la description de chaque province. Préfectures, sous-préfectures, districts, villes, établissements scolaires, population, taxes, biographie des hommes et femmes illustres de chaque localité, montagnes, cours d'eau, antiquités, monuments, défilés, ponts, défenses, production du sol, telles sont les principales subdivisions de cet ouvrage qui peut être mis en parallèle avec ce que nous possédons de mieux dans ce genre pour notre pays.
p.XIII Les distances d'un point à un autre, comme par exemple d'une ville quelconque du Kouang-si sud-occidental à la frontière d'Annam y sont données en li ordinaires c'est-à-dire d'environ 400 mètres, mais ces distances tout en servant à indiquer la position relative des places décrites ne peuvent être exactement pointées à vol d'oiseau sur une carte, car elles expriment le chemin à parcourir réellement par un voyageur entre deux localités : 100 li ou 10 lieues de chemin de montagne peuvent donc ne représenter sur la carte qu'une mesure beaucoup moindre.
La description de chaque préfecture est précédée d'une carte dont l'exécution laisse à désirer. Ce sont cependant celles que les fonctionnaires chinois consultent le plus souvent. Telle est la raison pour laquelle nous en donnons des fac-simile.
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Planches de la Grande Encyclopédie administrative chinoise,
Ta-tsing Houei-tien-t'ou,
ouvrage en 80 livres, publié en 1818 par ordre de la cour de Péking.
Bibl. natle fond chinois, n°26s.
La Grande Encyclopédie administrative chinoise en 900 livres comprend tout ce qui regarde le fonctionnement des différentes institutions de la Chine dans leurs rouages les plus infimes et l'exercice de toutes les charges officielles.
Les planches qui se rapportent au corps principal de cet ouvrage forment un supplément dans lequel nous trouvons les cartes de toutes les préfectures chinoises avec une description sommaire de leurs cours d'eau.
Ces cartes dont nous avons pris les calques sont d'une exécution bien supérieure à celles de la grande géographie impériale.
Les deux ouvrages que nous venons de décrire jouissent en Chine de la plus grande autorité.
NOTE
Les noms géographiques fournis pour les provinces de Kouang-tong et de Kouang-si ont été traduits par nous selon la prononciation mandarine. Cette prononciation peut n'être pas celle usitée dans ces deux provinces. Le défilé de Pa-k'eou peut être appelé Po-kau au Kouang-si. Le nom de la sous-préfecture appelée en pékinois Hia-che tcheou peut être prononcé Ha-shek tchau par les Cantonnais. On pourrait donc avoir besoin de substituer l'orthographe cantonaise à celle que j'ai employée, c'est afin de faciliter cette tâche que j'ai donné en caractères chinois, autant que je l'ai pu, tous les noms géographiques que j'ai eus à citer.
Pour les noms chinois afférant à l'Annam c'est l'orthographe annamite qui a été adoptée.
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Abréviations
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Les notes qui forment le corps du présent travail sont traduites du chinois et, afin qu'on puisse en contrôler la traduction, j'ai cru devoir ajouter à la fin de chacune d'elles le titre abrégé de l'ouvrage consulté, le numéro du volume et celui de la page :
I. T. T. signifie I-T'ong-tche, c'est-à-dire Grande Géographie Impériale chinoise, ouvrage précédemment décrit, page XII.
H. T. signifie Houei-tien et désigne la Grande Encyclopédie administrative chinoise, ouvrage précédemment décrit, page XIII.
T. K. T. signifie Houang-tsing Tche-kong-t'ou. Description des peuples tributaires de la dynastie Ta-tsing.
L'ordre adopté pour le classement de ces documents est le suivant : Procédant de l'est à l'ouest, je présente ce qui se rapporte à chacune des sous-préfectures chinoises limitrophes du Tong-king dans l'ordre des préfectures chinoises dont elles dépendent administrativement, les montagnes, défilés et cours d'eau décrits occupant le territoire compris entre le chef-lieu de ces sous-préfectures et la frontière annamite.
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PREMIÈRE PARTIE
NOTES GÉOGRAPHIQUES

CHAPITRE I
Province du Kouang-Tong. Préfecture de Lien-Tcheou
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Peuplades diverses. Description des montagnes, cours d'eau, défilés ou portes frontières de la sous-préfecture chinoise de Kin-tcheou. Cartes.
p.001 Du côté de la province du Kouang-tong, le Tong-king est borné par la sous-préfecture chinoise de Kin-tcheou dont le territoire dépend de la préfecture cantonaise de Lien-tcheou fou située à 420 li au sud-est de la frontière annamite (I. T. T. liv. 348, f° 1.)
Kin-tcheou , lat. 21° 54', long. 106° 07' 45", (hauteurs observées sur place par les missionnaires), est situé à 180 li à l'ouest, un peu au nord, de Lien-tcheou ; la frontière annamite en est éloignée de 300 li à l'ouest et de 240 li au sud-ouest. (ubi sup.)
Nom des peuplades diverses vivant sur le territoire de Lien-tcheou : Les Yao-jen . Les Tchouang ou Tchong .
Montagnes de la frontière
p.002 Les monts Lô-feou chang de 65 à 95 li au nord-ouest de Kin-tcheou.
Les monts Che-ouan chan à 200 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Kin-tcheou. Ces montagnes marquent la limite de la sous-préfecture de Chang-sse tcheou (Kouang-si) ; elles sont à 80 li au sud de cette place ; des centaines de ruisseaux sortent de ces montagnes dont la chaîne est une ramification des monts Pa-yang ling . À l'ouest elle atteint Sse-ling tcheou . Elle s'élève et s'abaisse successivement, formant ainsi des ondulations ; elle a 400 et plus de pics. Le fleuve Na-lang y prend sa source ainsi que la rivière Ming-kiang (I. T. T. liv. 348, f° 5 et liv. 364, f° 3).
Les monts Ouang-kouang chan à 170 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Kin-tcheou ; leur chaîne est un contrefort des monts Che-ouan chan (ubi sup. f° 5).
La montagne Fen-mao ling située à l'ouest de la sous-préfecture de Kin-tcheou ; elle s'appuie sur la frontière annamite. D'après la géographie chinoise de la dynastie des Ming, c'est au bas de cette montagne que le général chinois Ma-yuan, surnommé Fou-po, érigea en l'an 43 de J.-C. une colonne de cuivre pour marquer la frontière entre l'Annam et la Chine 1. C'est en descendant p.003 de cette montagne que les troupes chinoises, l'an 74 de J.-C., entrèrent dans la sous-préfecture annamite de Tiên-ân châu (Tien-yen ?). (ubi sup. f° 8 et 15).
La montagne Mo-moh chan à 100 li au sud-ouest de la sous-préfecture de Kin-tcheou ; c'est là que le fleuve Fong-hoang prend sa source.

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