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![]() CAHIER DU PARTICIPANT ![]() L’INTERVENTION INTERCULTURELLE : UNE CONSTRUCTION IDENTITAIRE EN PRÉVISION DU MINI DÉBAT DANS LE CADRE DU COURS COM3109 RELATIONS HUMAINES, COMMUNICATION ET APPROCHES CONSTRUCTIVISTES 6 AVRIL 2009 Claude Castonguay Valérie Ducas Jessica Duquette Lucie Enel Eric LaBrie Josée Rochefort Table des matières Introduction 3
Bibliographie 17 INTRODUCTION Le présent « cahier du participant » s’adresse aux étudiantes et aux étudiants du cours COM 3109. Il vise à documenter un débat en classe, d’un point de vue constructiviste, sur les pratiques du domaine de l’intervention interculturelle au Québec en lien avec la construction de l’identité collective québécoise. Pour ce faire, nous présentons, dans une première partie, le contexte interculturel québécois puis, dans une deuxième partie, le questionnement relatif à l’identité collective québécoise. Nous présentons ensuite des exemples d’interventions ayant cours au Québec pour terminer par notre plan du débat. Nous espérons que ce document saura susciter votre intérêt pour le débat que nous aurons ultérieurement.
Pour qu’un pays devienne soucieux du contexte interculturel qui le caractérise, la question de l’immigration devient impérative. Ainsi, pour bien saisir la pertinence des interventions qui visent à résoudre notre problématique, il importe de dresser les principaux éléments contextuels dans lesquels elles s’inscrivent. Pour ce faire, nous avons jugé pertinent de mettre l’accent sur le contexte migratoire au Québec, les politiques en matière de relations interculturelles, les politiques culturelles des principaux partis au pouvoir et finalement, la question autochtone.
Depuis le milieu du 19e siècle, certains pays industrialisés sont marqués par des vagues migratoires. Au Québec, ce sont actuellement les besoins économiques et démographiques qui motivent le gouvernement à accueillir des immigrants. En effet, depuis les 30 dernières années, on dénote une décroissance démographique au sein de notre province, provoquée par un vieillissement de la population et intensifiée par un taux de natalité en constante diminution (Legault et Rachédi, 2008). En 1956, les nouveaux nés représentaient 3% de la population. Ce taux a graduellement fléchit pour atteindre 1,7% en 2006 (Institut de la statistique du Québec, 2007). L’immigration se révèle comme étant une solution intéressante pour amortir cette situation problématique. De plus, la population invitée à repeupler le Québec est intéressante au plan économique. Particulièrement, la plupart des immigrants accueillis au Québec sont sélectionnés pour leurs compétences professionnelles. Ils sont donc majoritairement scolarisés et ne nécessitent pas a priori de formation complémentaire. Ils ont aussi un bon capital financier, consomment rapidement, paient des taxes et des impôts et n’aspirent qu’à travailler (ibid). Dans ce contexte, notre province a accueilli en 2006 près de 45 000 immigrants (Legault et Rachédi, 2008, p.15). Ils se sont installés pour la plupart dans la grande région de Montréal (85%), à Québec (3,9%), en Estrie (2,6%) et en Outaouais (2,3%) (ibid). Pour s’assurer de l’adaptation à cette diversité culturelle, le gouvernement québécois s’est doté de structures visant à favoriser l’accueil et l’intégration de cette population immigrante.
L’organisme gouvernemental « Québec interculturel » souligne l’importance de la lutte contre le racisme et la discrimination, de la diversité ethnoculturelle au Québec, de la gestion de la diversité en matière d’emploi et des valeurs importantes pour les québécois en matière de relations interculturelles, dont :
L'organisme «Québec interculturel» est chapeauté par le Ministère de l’immigration et des communautés culturelles (MICC), qui est chargé de sélectionner, de promouvoir et de favoriser l’intégration des immigrants au sein de la société québécoise. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de constater que les cinq axes d’intervention qui catalysent les préoccupations de ce Ministère soient en lien direct avec les valeurs énoncées plus haut :
Pour concrétiser cette vision, le MICC a élaboré le programme PARI (Programme d’appui aux relations interculturelles), chargé d’accorder les subventions aux OBNL. Évidemment, ces organismes communautaires doivent avoir une vision congruente avec celle du ministère, notamment:
Ces quelques lignes nous montrent quelles sont les actions gouvernementales concernant l’immigration, l’intégration et les relations interculturelles. Pourtant, lorsque nous nous penchons sur les programmes des quatre partis politiques au pouvoir, la place qu’occupe l’interculturalisme varie d’un parti à l’autre. Le Parti Québécois réclame la pleine intégration des immigrants, particulièrement au niveau de la langue et de l’insertion professionnelle. On retrouve leur position sur ce sujet sous l’onglet «souveraineté». L’Action démocratique du Québec n’écrit qu’une seule ligne et ce, lorsqu’on parle d’économie. Pour ce qui est du Parti libéral du Québec, il s'est avéré plus facile pour nous de devenir fan de Jean Charest sur le site de réseautage Facebook que d’en apprendre sur son programme. Seul le parti Québec Solidaire exprime son point de vue de façon exhaustive et détaillée, ne réduisant pas la problématique aux seuls niveaux de la langue et de l’économie, mais en l'ouvrant également sur l’éducation populaire, entre autres domaines. Sachant que la proportion de résidents québécois d'origine culturelle autre que canadienne-française augmente année après année, la place qu’occupent les relations interculturelles dans l’agenda politique des dirigeants est-elle adaptée à la situation?
Toutefois, il importe de souligner que l’investissement actuel en matière d’immigration et de relations interculturelles n’a pas toujours été aussi important. En effet, du début du 20e siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, des législations xénophobes et des mesures discriminatoires marquaient les politiques canadiennes en matière d’immigration. Particulièrement, elles énonçaient par une hiérarchie des pays d’origine, scindée en trois groupes: les désirables (les Anglais, les États-Uniens, les Français, etc.), les assimilables (les Allemands, les Ukrainiens, les Polonais, etc.) et les indésirables (les Italiens, les Grecs, les Maghrébins, les Asiatiques, les Africains, etc.). Pour dissuader ce dernier groupe à s’établir au Canada, le gouvernement leur imposait une taxe d’entrée qui s’élevait à 500$ en 1903. En 1911, on interdit même l’entrée des immigrants noirs, sous prétexte qu’ils étaient biologiquement inaptes à s’adapter au climat canadien (Gaudet, 2005, p.25-27). Cette situation s’est progressivement améliorée après la Seconde Guerre mondiale. Au début des années 50, le gouvernement a défini de nouveaux critères de sélection plus souples, mais demeurait néanmoins discriminatoire envers les «Noirs» et les «Asiatiques». Cette politique sera abolie seulement en 1960, par l’adoption de la Déclaration canadienne des droits de l’homme. Deux ans plus tard, le gouvernement a enlevé les restrictions et les privilèges des immigrants britanniques et français (ibid, p.28-29). À partir de 1968, le Québec s’est progressivement approprié le pouvoir de sélectionner ses immigrants, d’agir sur le volume et de déterminer les politiques d’intégration. Cette période a donc marqué les débuts idéologiques en matière d’immigration, d’intégration et de relations interculturelles (ibid, p.29-30). Qu’en sera-t-il dans vingt ans, dans cinquante ans? Les décisions que prend le gouvernement québécois dans le contexte actuel décisions qui devancent généralement l’opinion publique– marqueront la manière dont la population expérimentera, percevra et interprétera son rapport avec les autres cultures. Cette évolution dans l’opinion publique marquera, elle aussi, les futures politiques en cette matière.
Malgré les efforts continus de notre gouvernement à élaborer et à appliquer des politiques en matière d’immigration et de relations interculturelles, il semblerait qu’ils aient de la difficulté à appliquer les mêmes idéaux pour notre population autochtone. En 1763, la Proclamation Royale indiquait que les peuples autochtones représentaient une diversité de nations que les Anglais devaient protéger (Lepage, 2005). Puis, avec la Loi sur les Indiens en 1876, anciennement appelé Acte des Sauvages, chaque tribu s’est vu attribué un numéro. À partir de ce moment, ils pouvaient s’émanciper, soit se « libérer » d’être Indien et de leur état « sauvage » pour accéder à un état « civilisé ». Les autorités coloniales considéraient alors être mieux placées pour savoir comment protéger les intérêts et le bien-être des Autochtones (ibid). Il est à noter que ces lois sont encore en vigueur et utilisées lors de procès entre l’État et les Premières Nations (ibid). Enfin, les autochtones ont eu le droit de vote au Québec en 1969 et au Canada en 1960. Pendant la première moitié du 20e siècle, le gouvernement et les institutions religieuses catholiques et protestantes avaient mis en place des pensionnats pour tous les enfants amérindiens et inuit. Les jeunes apprenaient que leur culture était inférieure, impure et sauvage, que ce n’était pas correct de parler leur langue et de pratiquer leurs coutumes. De plus, il y avait présence de plusieurs abus physiques et sexuels de la part des autorités. Lorsque les enfants retournaient dans leur famille, ils ne pouvaient plus échanger avec leur famille, car ils ne connaissaient ni la langue, ni les coutumes. Selon l’Organisation des Nations Unies, un génocide est présent, entre autre, lorsqu’on oblige un transfert des enfants d’un groupe à un autre (ibid). Les pensionnats furent donc une mesure quasi génocidaire lorsqu’on sait que cette politique, comme toutes les précédentes, avait comme objectif de décimer la population des Premières Nations (ibid). Durant les décennies 1980 et 1990, des excuses de la part des Églises catholique et protestante ainsi que du gouvernement ont été formulées à l’égard des Premières Nations (ibid). On dénombre aujourd’hui environ 70 000 autochtones au Québec sous dix nations et répartis en quarante communautés (réserves ou non) (Legault et Rachédi, 2008). Chaque nation a un conseil de quelques représentants élus démocratiquement et gèrent la santé, l’éducation, les affaires municipales, la sécurité, etc. À chaque dépense, ils doivent demander l’accord du Ministère fédéral des affaires autochtones (Lepage, 2005). En rétrospective, la vision gouvernementale a été nettement assimilationniste et inspirée d’un ethnocentrisme colonialiste. Les répercussions des politiques établies occasionnent toujours plusieurs problématiques chez les autochtones comme le chômage, le décrochage scolaire, l’analphabétisme (Lepage, 2005) et le suicide dont le taux demeure plus de trois fois supérieur au taux québécois (Miller Chenier, 1995).
Ainsi, à travers ce flot d’immigration issu de toutes parts, la population québécoise se diversifie jour après jour. Un mélange culturel se crée tranquillement, particulièrement dans la région de Montréal. Ce phénomène amène un questionnement sur les valeurs, les mœurs et les coutumes québécoises, sur l’unicité de notre société et sur le sens de ce qu’est «être québécois».
Cette question identitaire s’est située au cœur de la Commission Bouchard Taylor qui s’est vue comme le symptôme d’une problématique encore plus profonde. En effet, l’introspection collective qu’a suscité cette commission a relevé plusieurs antagonismes catalysés par la création de sens inhérente et constitutive de l’identité (Houston, 2008). Par exemple, Roxanne de la Sablonnière (2007) révèle la possibilité d’attribuer une sémantique inadéquate au voile musulman. D’un côté, une femme qui porte le voile pourrait s’identifier à des valeurs très discordantes d’une femme québécoise. De l’autre, cette femme québécoise pourrait elle-même avoir de la difficulté à admettre que cette femme voilée, associée à des valeurs polarisées, puisse être considérée comme étant «Québécoise». Cette construction péjorative de sens commun, associée à certains symboles religieux, semble donc entraver la possibilité d’établir des relations interculturelles harmonieuses. Ajoutons à ceci le sentiment d’insécurité souligné dans le rapport de la Commission Bouchard-Taylor (2008, p.77-78). En effet, les Québécois francophones vivraient un sentiment d’insécurité, motivé par la crainte de perdre la culture francophone déjà minoritaire, puisque entourée de la culture anglophone canadienne et américaine. Il est écrit que le sentiment de perte de repères et de vide symbolique est généralisé dans ce même groupe et le fait que plusieurs membres de minorités ethniques réclament leur double appartenance culturelle amplifie ces sentiments et ces craintes. Plusieurs Québécois francophones croient donc que leur culture et leur identité sont en péril et, pour les protéger, le réflexe est de se fermer aux pratiques d’harmonisation interculturelle et, parfois, de prendre la population immigrante comme bouc émissaire. |
![]() | «sans objet» dans le paragraphe correspondant. Ceci, pour des raisons de maintenabilité du document | ![]() | «Santé publique» et est destiné aux étudiants en deuxième année de graduat en Sciences Infirmières pour toute les orientations |
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