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IV. Pas de conflit entre l'enseignement de la Foi et celui de la Science. Y a-t-il conflit entre l'enseignement de l'Église et celui de la Science, il sera facile de nous en rendre compte : 1° en comparant les affirmations dogmatiques de l'une et les conclusions certaines de l’autre, et 2° en montrant dans quel cas il faut faire des hypothèses de la Science. 1° Dogmes de la Foi et certitudes de la Science. A. SUR l’ORIGINE DE LA MATIERE qui compose l’univers, il ne saurait y avoir conflit entre la foi et la science. Tandis en effet, que la Doctrine catholique affirme, conformément au récit mosaïque, que l’univers a été créé par Dieu au commencement des temps, la science reste muette, ou ne peut avancer aucune certitude, car l'éternité de la matière mise en avant par les matérialistes ne mérite en rien le nom d'hypothèse scientifique. B. SUR L'ORIGINE DES ÊTRES VIVANTS. La foi enseigne que la vie, que les êtres vivants viennent de Dieu soit directement soit indirectement. La science, elle aussi, admet que la vie n'a pas toujours existé sur la Terre et nous allons voir plus loin par quelles hypothèses elle tente d'en expliquer l'origine. Mais déjà nous pouvons conclure et c’est ce qui importe qu'il n’y a aucune opposition entre les dogmes de la foi et les conclusions certaines de la science. 2° Hypothèses de la science. A. À propos de la FORMATION DU MONDE, la foi peut parfaitement admettre l’hypothèse de Laplace. Sans doute, il n’y pas un accord parfait entre la cosmogonie et le récit de Moïse. Mais nous avons vu que celui-ci n’a aucune prétention scientifique. Il n’importe donc pas qu’il y ait quelques divergences entre les deux et que l’écrivain sacré place, par exemple, la création des plante le 3e jour, bien qu’elle aient eu besoin, pour vivre, du soleil qui n’apparaît qu’au 4e jour, ou bien qu’il fixe la production des reptiles au 6e jour, après celle des oiseaux au 5e jour, lorsque la paléontologie trouve des fossiles des reptiles avant ceux des oiseaux. Il importe peu également que le firmament soit représenté comme une voûte solide qui en réalité n'existe pas ; l'auteur a parlé selon les apparences, et comme il nous arrive tous les jours de le faire. Il n'y a pas davantage à se demander le vrai sens que l'auteur a voulu attacher au mot jour, s'il a entendu parler d'une durée de 24 heures ou d'une longue période indéterminée. L'élément scientifique du récit mosaïque, n'étant que la partie secondaire et tout à fait accessoire, et l’Église n'avant aucun enseignement sur la formation du monde, aucun conflit n'est possible entre la foi et la science et la foi peut accepter toute hypothèse qui suppose la création de la matière26. B. Sur l'ORIGINE DES ÊTRES VIVANTS, voyons à présent quelle est la valeur des hypothèses scientifiques. a) Le transformisme absolu contredit non seulement la foi mais aussi la raison et l'expérience. 1. Il va contre la foi. Il suppose, en effet, trois choses : l'éternité de la matière, la génération spontanée et l'évolution fortuite des espèces. La foi affirme au contraire la création de la matière dans le temps et si elle ne condamne pas les deux autres propositions, elle les croit au moins téméraires, 2. Le transformisme est condamné en outre par la raison. La raison n'admet pas l'évolution d'une matière éternelle. En effet, du moment que le monde passe par des transformations successives, l'on ne saurait comprendre que ces changements aient pu se produire éternellement, vu qu'un nombre déterminé ne peut être infini et qu'on ne peut concevoir une série infinie de changements. 3. Le transformisme absolu n'est pas vérifié par l'expérience. 1) La génération spontanée a été démontrée scientifiquement fausse par Pasteur et Tyndall qui ont prouvé que tout être vivant vient d'un autre être vivant et que, là où l'on a pris soin de supprimer tous les germes qui sont en suspens dans l'air, aucun être vivant ne peut être engendré. 2) L'évolution des espèces n'est pas davantage un point acquis. Les transformistes ont beau invoquer les influences du milieu, de la lutte pour la vie, de la sélection naturelle et de l'hérédité, et parler des modifications qu'elles peuvent causer dans les individus ; les partisans des créations successives n'ont pas de peine à leur répondre que les types ne varient que dans la limite des races et non dans celle des espèces27, et que si l'on se reporte aux temps géologiques, l'on constate que les fossiles n'indiquent aucunement des transformations opérées d'âge en âge et auraient conduit d'une espèce à une autre. b) Le transformisme bien que, à première vue, il paraisse opposé au sens littéral du récit mosaïque peut être soutenu comme une hypothèse probable. Sauf pour l'origine du corps de l'homme, il n'est en opposition, ni avec la foi, ni même, à la rigueur, avec le texte mosaïque, ni avec la Tradition. 1. Il n'est pas en contradiction avec la foi, vu qu'il laisse Dieu à la base, l'évolution des espèces n'empêchant pas que Dieu en reste le créateur, au moins d'une manière indirecte. 2. Le texte de la Genèse peut également être interprété dans ce sens. Les paroles du verset où Dieu commande à la terre de produire des herbes et des arbres selon leur espèce n'affirment pas d'une façon évidente que les espèces furent immédiatement créées par Dieu. 3. En outre, la Tradition n'est pas contraire à la thèse de l'évolution. Plusieurs Pères de l'Église et les scolastiques ont admis la génération spontanée des infusoires ou animalcules vivant dans les eaux stagnantes. Saint Augustin enseigne l'évolution pour les végétaux, les animaux aquatiques et certains animaux terrestres. Saint Thomas semble restreindre aux plantes la génération spontanée. Rien n'empêche donc de soutenir le transformisme mitigé comme une hypothèse probable. CONCLUSION. Comme on peut le voir, il n'y a entre la foi et la science aucune espèce de conflit. Les affirmations dogmatiques de la foi ne sont nullement battues en brèche par les découvertes modernes ; le résultat de ces dernières a été plutôt de ruiner les hypothèses trop avancées des savants incrédules. 58. V. Origine de l'homme. 1° les hypothèses de la science. Les savants qui ont recherché l'origine du monde et de la vie n'ont pas manqué de se poser la même question pour l'homme. a) Les uns : les évolutionnistes et les matérialistes (Darwin, Spencer, Haecel, Vogt) pensent que l'homme vient de la brute sans intervention d'une cause première et par les simples lois de l'évolution. b) Les autres, les transformistes mitigés (Mivart) croient que l'âme a été directement créée par Dieu, tandis que le corps de l'homme tirerait son origine de l'animal et serait le résultat de nombreuses transformations dont les lois auraient été posées par le Créateur. 2° Doctrine catholique. Nos premiers parents ont été créés directement par Dieu, quant à l'âme, et même quant au corps, d'après l'opinion commune des théologiens. La doctrine catholique s'appuie sur la Sainte Écriture, la Tradition et la raison. A. SAINTE ÉCRITURE. Nous lisons dans la Genèse (I, 26 ; II, 7, 18, 21, 22): « Dieu dit: « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel... et sur toute la terre... Dieu forma l'homme de la poussière du sol, et il souffla dans ses narines un souffle de vie... Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul »... Il prit une de ses côtes... il forma une femme et l'amena à Adam. » Il ressort de ce texte pris dans son sens littéral : a) que Dieu forma le corps du premier homme d'une matière déjà créée et lui donna la vie en lui infusant une âme, les expressions bibliques « de la poussière du sol » et « souffla dans les narines un souffle de vie » étant évidemment des expressions métaphoriques ; en d'autres termes, que Dieu créa directement le premier homme, corps et âme, et b) qu'il tira le corps de la première femme du corps du premier homme28. L'hypothèse des transformistes mitigés, d'après laquelle Dieu aurait introduit l'âme raisonnable dans un corps d'animal amené à un état convenable, élevé au degré de perfection voulu pour la recevoir, ne paraît plus actuellement soutenable. Rome ayant condamné en 1895 la thèse du P. Leroy qui reprenait à son compte celle du théologien anglais Mivart, il en résulte que la doctrine catholique semble exiger une intervention spéciale du créateur dans la formation du corps du premier homme. (V. Ami du Clergé, année 1924, p. 489.) B. TRADITION. Les Pères de l'Église, sauf Origène et Cajetan, ont interprété les paroles de la Sainte Écriture dans le sens d'une création directe de l'homme par Dieu. C. RAISON. La raison confirme la doctrine catholique par une double preuve : 1. Preuve indirecte tirée de l'impossibilité où se trouvent les darwinistes de démontrer que l'homme est un animal perfectionné. Rien, en effet, n'atteste la transformation de l'animal en homme. Les darwinistes sont bien incapables de nous apporter les traces de cette évolution chez les hommes des âges préhistoriques. Et par ailleurs, si l'évolution avait été une loi dans le passé, comment expliquer que la nature ait perdu ce pouvoir de développement et qu'elle ne puisse plus nous montrer, aujourd'hui encore, des cas où tels animaux seraient devenus des hommes ? 2. Preuve directe tirée des différences essentielles qui existent entre l'homme et l'animal. Si l'on compare le corps de l'homme avec celui du singe, l'on découvre de nombreuses différences qui repoussent toute idée de parenté directe entre l'un et l'autre : l'attitude verticale propre à l'homme, l'existence de deux mains seulement, la structure du cerveau, la conformation générale de la tête, l'angle facial qui est, en moyenne, de 80° chez la race blanche, de 70° chez la race nègre, et qui descend brusquement à 40° et 35°, chez l'orang outang, le gorille et le chimpanzé. Mais la supériorité de l'homme éclate bien plus encore quand on considère les deux facultés maîtresses de son âme, la raison et la liberté dont nous parlerons dans le paragraphe suivant29. 59. VI. Nature de l'homme. Existence de l'âme. Objections. 1° Nature de l'homme. L'homme est un être composé de deux substances distinctes, le corps et l'âme, unies dans une seule nature. Nous n'avons pas à prouver l'existence du corps, puisqu'elle nous est manifestée par les sens. Nous ne parlerons donc que de l'existence de l'âme. 2° Existence de l’âme. A. ADVERSAIRES. L'existence de l'âme est niée par les matérialistes évolutionnistes dont nous avons parlé dans le paragraphe précédent. N'admettant d'autre substance que la matière, ils prétendent qu'il n'y a entre l'animal et l'homme aucune différence essentielle, que l'homme est sorti de l'animal par voie d'évolution et que la pensée est le produit du cerveau30. B. PREUVES. L'existence de l'âme s'appuie sur le témoignage de la Sainte Écriture et sur la raison.
b) Raison. 1. L'observation nous atteste qu'il y a en nous deux sortes de phénomènes : les phénomènes physiologiques, comme la nutrition, la digestion, la circulation du sang, etc., et les phénomènes psychologiques, comme la pensée ou le raisonnement, le souvenir, etc. Or, comme ces phénomènes sont de nature différente, ils ne peuvent provenir du même principe. Il faut donc admettre dans l'homme deux principes différents, l’un qui explique les faits physiologiques : c'est le corps ; l'autre qui explique les faits psychologiques : c'est l'âme. 2. La conscience perçoit dans notre être un principe qui, à travers les vicissitudes de notre existence, reste toujours identique. Bien que je n'aie plus, à l'âge mûr, mes idées, mes goûts et mes sentiments d'enfant ou de jeune homme, je sens que j'ai toujours été le même à toutes les étapes de ma vie et que la cause qui a produit ces divers phénomènes de mon existence n'a pas changé. Or ce principe identique n'est pas le corps puisqu’il est soumis au tourbillon vital, qu'il se transforme sans cesse, si bien qu'en quelques mois à peine il est complètement renouvelé. Il y a donc un nous un autre principe, distinct du corps, qui reste toujours le même et constitue notre identité personnelle : ce principe c'est notre âme. 1ere Objection. Personne, disent les matérialistes, n'a jamais vu l'âme. Or la science positive n'admet que ce qui peut être vérifié par l'expérience. Il faut donc regarder l'existence de l'âme comme une hypothèse dénuée de fondement. Réfutation. Il est vrai que l'âme ne tombe pas sous les sens. Mais il est faux de prétendre que les sens soient le seul moyen de connaître. Les matérialistes ont-ils jamais vu leurs pensées, leurs douleurs, leurs plaisirs ? Ils se gardent bien cependant d'en nier l'existence. En dehors des connaissances qui nous sont fournies par les sens, il y en a donc d'autres que la conscience nous révèle et qui sont tout aussi incontestables que les premières. 2eme Objection. Le cerveau et la pensée. Contre la spiritualité de l'âme, et de ce fait, contre son existence en tant que principe distinct du corps, les matérialistes invoquent les rapports étroits qu'il y a entre le cerveau et la pensée. Le cerveau, disent-ils, est la cause de la pensée. « Le cerveau, dit K. Vogt, sécrète la pensée comme le foie sécrète la bile et les reins sécrètent l'urine. » Et la preuve que les choses sont ainsi, que la pensée est le produit du cerveau, c'est que, d'une part, plus le cerveau est développé, plus l'intelligence est grande, et d'autre part, si le cerveau vient à se détraquer, l'intelligence en ressent aussitôt le contre coup. Réfutation. Il est incontestable qu'il y a rapport intime entre le cerveau et la pensée, mais ce qu'il s'agit de savoir c'est si le cerveau est la cause ou la condition de la pensée. a) S'il est cause, il doit toujours y avoir corrélation entre l'un et l'autre. Qu'on nous dise alors de quoi dépend la valeur de la pensée ? Du poids ou du volume du cerveau, ou de la finesse de ses circonvolutions, ou encore de la qualité de la substance qui le compose, de sa richesse en phosphore ? Les matérialistes sont bien embarrassés de nous répondre sur ce point. Car, si par exemple ils mettent en avant le poids, nous pouvons leur objecter de suite qu'à côté de cerveau comme celui de Cuvier, dont le poids fait, de 1.830 grammes, on peut leur en citer d'autres comme celui de Gambetta, qui ne pesait que 1.160 grammes. Gambetta n'est pourtant pas regardé comme une intelligence inférieure. L'on ne peut pas prouver non plus que, d'une manière générale, la valeur de la pensée dépend du volume ou des circonlocutions du cerveau. Le matérialisme repose donc sur une hypothèse contredite par les faits. En affirmant que le, cerveau est la cause de la pensée, il dépasse les 1imites de la science positive. b) il faut donc conclure que le cerveau n'est pas la cause de la pensée ; il n'en est que la condition. Que le cerveau soit un instrument nécessaire, la chose ne fait pas de doute, mais dire qu'il est, seul, l'organe de la pensée, c'est oublier l'instrumentiste. Pour tirer des sons d'une harpe, il faut sans doute une harpe, mais il faut aussi, et avant tout, un harpiste. c) Mais si le cerveau est un instrument nécessaire, il n'y a plus lieu de s'étonner que les accidents qui l'affectent, paralysent les fonctions qu'il doit remplir. Avec ou sans instrument, le harpiste n'en est pas moins harpiste ; mais de sa harpe brisée, il ne sait plus tirer de sons. 60. VII. Spiritualité de l'âme. Ses Facultés. La Raison et la Liberté. L'âme humaine, distincte du corps, quoique unie à lui par des liens intimes, est une substance spirituelle dont les deux facultés maîtresses sont la raison et la volonté libre. 1° L'âme, substance spirituelle. A. DÉFINITION. Par substance spirituelle, il faut entendre une substance indépendante de la matière, qui a son action et sa vie propres, qui peut vivre en dehors du corps et par conséquent lui survivre. B. PREUVES. La spiritualité de l'âme découle de l'enseignement de l'Église et du témoignage de la raison. 1. Enseignement de l'Église. La spiritualité de l'âme a été proclamée par le Concile de Latran qui déclare que « Dieu créa le monde spirituel et le monde matériel, puis l'homme formé d'un esprit et d'un corps. » 2. Raison. 1) L'on peut juger de la nature d'une substance par ses actes. Or l'âme conçoit des objets qui n'ont rien de commun avec la matière: telles sont les idées de vrai, de bien, de beau, de vertu, etc. Or c'est un principe admis que la cause doit être de même nature que l'effet. Donc l'âme doit être une substance spirituelle. 2) En outre, nous allons prouver plus loin que l'âme est libre. Or la matière est soumise à des lois auxquelles elle obéit nécessairement. Si l'âme est libre, c'est donc qu'elle est immatérielle. 2° Les facultés de l'âme. A. LA RAISON. Esprit immatériel, l'âme a pour première faculté la raison. Tandis que l'animal n'a que des connaissances sensibles et n'a d'autre moyen de les exprimer que par le langage naturel, l'homme a des idées abstraites qui ne lui sont pas fournies par les images des objets qui frappent ses sens ; il atteint des objets immatériels comme les idées de Dieu, de devoir, de bien, de justice, etc. Ses idées, il peut les comparer entre elles par le jugement et le raisonnement, et il a le pouvoir de les exprimer à l'aide du langage conventionnel. Sachant distinguer entre le bien et le mal, et libre de choisir le bien, l'homme est capable de moralité, de religiosité et de progrès ; l'animal, au contraire, ne connaît ni la loi morale, ni le remords, il n'est pas susceptible d'idée religieuse ; ne suivant d'autre guide que son instinct, il fait irrésistiblement et invariablement ce qu'il a toujours fait. B. LA VOLONTÉ est la seconde faculté maîtresse de l'âme. Or la volonté suppose la liberté. Que serait en effet la volonté, si l'homme par son intelligence connaissait le bien et la loi morale, et n'était pas libre de s'y conformer ? Mais la liberté, qui est la condition de la volonté, existe-t-elle ? Il importe au plus haut point de le savoir, car si l'homme n'est pas libre, il n'est pas responsable, et ni Dieu ni les hommes ne peuvent lui demander compte du bien ou du mal qu'il accomplit. 3° Existence de la liberté. A. ERREURS. La liberté a été niée par les 1. Protestants qui soutenaient que le péché originel a supprimé la liberté 2. par les fatalistes qui prétendent qu'une divinité aveugle et inexorable, que les anciens appelaient le destin, mène tout ici-bas 3. par les déterministes, école positiviste et matérialiste, qui, sous un nom différent et apparemment plus scientifique, professent la même doctrine. Selon eux, le libre arbitre n'existe pas, car tous les actes de notre volonté sont commandés par des causes nombreuses, telles que les influences du climat, de l'hérédité, du tempérament etc. B. LA DOCTRINE CATHOLIQUE. L'homme, même déchu, jouit de la liberté de choisir entre le bien et le mal. Cet article de foi, défini contre les protestants par le concile de Trente, Sess. VI, can. 5, est fondé sur l'Écriture, la Tradition, la raison et le consentement universel. a) Écriture Sainte. 1) Ancien Testament. Dieu dit au peuple juif en lui donnant sa loi : « J'ai mis aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal en te prescrivant d'aimer Jéhovah, ton Dieu, de marcher dans ses voies et d'observer ses commandements... Choisis donc la vie afin que tu vives. » (Deuter., XXX, 15, 16, 19). 2) Nouveau Testament : « Si tu veux entrer dans la vie, dit Notre-Seigneur au jeune homme riche, garde les commandements.» (Mat., XIX, 17). Il ressort de ces textes, d'une part, que Dieu a imposé sa loi à l'homme, et de l'autre, qu'il lui a donné la liberté de déterminer son choix de prendre la voie du bien ou celle du mal. b) Tradition. Tous les Pères de l'Église reconnaissent que l'homme a des devoirs à accomplir, qu'il est libre de choisir entre le bien et le mal ; qu'il est responsable par conséquent et que s'il ne fait pas son salut, c'est qu'il abuse de la grâce et de sa liberté. c) Raison. 1. Non seulement la Sainte Écriture et la Tradition sont là pour nous garantir l'existence de la liberté, mais la conscience nous témoigne que nous avons le pouvoir d'opter entre le bien et le mal. Avant d'agir, en effet, nous délibérons ; au moment d'agir, nous fixons notre choix. Or délibérer et choisir sont deux actes qui prouvent que nous sommes libres. 2. La raison peut apporter une preuve indirecte de l'existence de la liberté en montrant à quelles conséquences graves aboutit la négation du libre arbitre. Supprimer la liberté c'est supprimer du même coup le devoir et la responsabilité, la vertu et le vice, le mérite et le démérite. Le désintéressement, l'abnégation ne seraient que des formes d'égoïsme et n'auraient pas plus de valeur que la lâcheté, la trahison et le crime. Qui oserait soutenir de semblables conséquences ? Ne savons-nous pas, au contraire, que l'homme, loin de suivre ses penchants naturels, les réprime, les discipline et se crée d'autres habitudes, et que c'est là précisément le grand travail de l'éducation, de remplacer l'inclination mauvaise par un penchant meilleur et le désir du bien ? d) Consentement universel. « Non seulement, tous les hommes, depuis que le monde est monde, croient à la liberté ; mais cette croyance est naturelle et invincible... Le sauvage croit à sa liberté, comme le citoyen d'une société civilisée, l'enfant comme le vieillard... Celui qui, à force de méditer, s'est créé un système où la liberté ne trouve pas de place, parle, sent et vit comme s'il croyait à la liberté... Trouvez un fataliste qui n'ait ni orgueil ni remords ! » (Jules Simon) 61. VIII. Immortalité de l'âme humaine. L'âme est immortelle. Cet article de foi, défini par le IVème concile de Latran, est fondé sur la Sainte Écriture, la raison et le consentement universel. 1° SAINTE ÉCRITURE. Tous les passages de la Sainte Écriture qui affirment l'existence d'une récompense ou d'un châtiment sont autant de preuves de l'immortalité de l'âme. Dans l'Ancien Testament, la mort des patriarches est représentée comme une réunion à l'âme de leurs pères. (Gen., XV, 15). Les Psaumes déclarent que Dieu ne laissera pas aller l'âme des justes en Enfer. (Ps., XV, 10). 2° RAISON. a) Argument métaphysique. L'immortalité de l'âme découle de sa nature, c’est-à-dire de ce double fait qu’elle est une substance simple et spirituelle. Substance simple, elle n'est donc pas sujette à la décomposition, comme le corps, dont la mort consiste précisément dans la dissolution ou séparation des éléments qui le composent. Substance spirituelle et, conséquemment, indépendante du corps qu'elle anime (V. N° 60), sa disparition ne saurait être causée par la décomposition du corps. L'âme ne peut donc périr que si Dieu l'annihile. Sans doute Dieu a la puissance de l'anéantir, comme il a celle de la créer. Mais une telle annihilation répugne à ses attributs, et en particulier à sa bonté et à sa justice, comme on va le voir dans les deux arguments qui suivent. b) Argument psychologique. Il doit y avoir proportion entre les penchants naturels de l'homme et les moyens de les satisfaire ; autrement, l'homme serait un être mal fait, et la bonté et la sagesse de Dieu seraient en défaut. Or il y a dans l'homme un immense désir de vivre. Notre cœur tend au bonheur parfait et ne goûte ici-bas que des joies incomplètes et fugitives ; notre intelligence aspire à la vérité et se sent enveloppée de toutes parts par l’inconnu. Or, le seul moyen de satisfaire ces aspirations et d'étancher cette soif de bonheur et de vérité, c'est l'existence d'une autre vie et d'une vie sans fin, car, dit Cicéron (Traité de Finibus) « si la vie bienheureuse peut être perdue, il est impossible qu'elle soit le vrai bonheur.» Il est donc inadmissible que Dieu ait mis en nous ce désir de l'immortalité pour nous illusionner et nous tromper. c) Argument moral. L'immortalité de l'âme est une condition de la morale. Il est conforme en effet à la justice de Dieu que chacun reçoive selon ses oeuvres, que le bien soit récompensé, et le mal puni. Or cette justice n'existe pas ici-bas. Il convient donc que Dieu rétablisse l'ordre dans une autre vie. « Quand je n'aurais d'autre preuve, dit Jean-Jacques Rousseau, de l'immortalité de l'âme que le triomphe du méchant et l'oppression du juste en ce monde, cela soit-il m'empêcherait d'en douter.» 3° CONSENTEMENT UNIVERSEL. Non seulement les Juifs qui avaient les lumières de la Révélation, mais encore tous les autres peuples ont cru à l'immortalité de l'âme, témoin les honneurs rendus à la dépouille des morts, les prières, les cérémonies funèbres que nous rencontrons dans tous les cultes. 62. IX. Unité de l'espèce humaine. 1° Erreurs. L'unité de l'espèce humaine a été niée: a) par les préadamites (De la Peyrère) qui prétendirent qu'Adam ne fut pas le premier homme, qu'il fut le père des Juifs mais non des Gentils; b) par les polygénistes qui soutiennent qu'il existe des espèces humaines complètement différentes les unes des autres, et par conséquent, de différentes origines. 2° Doctrine catholique. D'après l'enseignement de l'Église, le genre humain tout entier est issu d'un seul homme, Adam, et d'une seule femme, Ève31. La doctrine catholique s'appuie sur la Sainte Écriture et sur les conclusions de la science. A. LA SAINTE ÉCRITURE. Il est dit dans les premiers chapitres de la Genèse que Dieu fit l'homme, et non plusieurs hommes, qu'il créa un premier couple : Adam et Ève, qu'Adam donna à sa femme le nom d'Ève parce qu'elle était la mère de tous les vivants. (Gen., III, 20). L'hypothèse des préadamites, qui avait pour origine une fausse interprétation des Livres Sacrés, n'est donc pas soutenable. B. CONCLUSIONS DE LA SCIENCE. L'unité de l'espèce humaine repose sur une double preuve : indirecte et directe : a) Preuve indirecte. Les monogénistes démontrent contre les polygénistes que les trois races, blanche, jaune et noire, ne sont pas séparées par des divergences essentielles. Les traits qui les caractérisent, tels que la couleur, la nature des cheveux, les différences anatomiques, l'angle facial, ont pu être le résultat de causes naturelles comme l'influence du milieu (climat, genre de vie, civilisation) ou de circonstances plus ou moins fortuites. b) Preuve directe. La communauté d'origine ressort des ressemblances physiques et morales qu'on constate dans les différentes races. Il semble donc bien, au seul point de vue scientifique, que l'erreur des polygénistes est de confondre les races avec les espèces. Nous pouvons donc conclure que la science, loin de contredire l'enseignement de l'Église qui affirme l'unité de l'espèce, l'appuie par les arguments les plus solides. 63. X. Antiquité de l'homme. La foi enseigne, et la science n'y contredit pas, que l'humanité tout entière descend d'un couple unique. Une autre question se pose: À quelle époque remonte la création du premier homme ? Époque de la création du premier homme. Cette question peut être envisagée à un double point de vue: au point de vue de la foi et au point de vue de la science. Quelques mots à ce sujet nous permettront de voir qu'il n'y a aucune opposition entre l'enseignement de l'Église et les données de la foi. A. D'APRÈS LA FOI. L'Église n'a rien défini sur l'antiquité de l'homme. Elle n'a, pour déterminer l'âge de l'humanité, d'autres renseignements que ceux de la Bible qui raconte la création du premier homme. Or il est admis par les exégètes que la Bible ne fixe aucune date pour l'apparition du premier homme32. « La chronologie biblique, dit Le Hir, flotte indécise ; c'est aux sciences humaines qu'il appartient de trouver la date de la création de notre espèce.» B. D'APRÈS LA SCIENCE. Que dit la science sur l'antiquité de l'homme ? Rien d'absolument précis. Jusqu'ici les paléontologues n'ont découvert de traces certaines de l'homme (fossiles) que dans les terrains de l'époque quaternaire. La chronologie doit donc, jusqu'à preuve du contraire, s'établir à partir de cette époque. Mais comment apprécier l'âge de l'époque quaternaire ? Les uns lui ont donné plus de deux cent mille ans ; d'autres, dix mille ans seulement. L'écart des deux chiffres montre assez combien la science est peu avancée dans la solution du problème. Conclusion. Nous pouvons donc conclure : a) que la foi ne pourra jamais être en contradiction avec la science, vu qu'elle ne fixe aucun chiffre à l'origine du premier homme ; et b) que la science ne possède pas pour le moment, et il est vraisemblable qu'il en sera ainsi longtemps encore, les données suffisantes pour résoudre un problème qui est de son domaine33. Conclusion pratique. 1° Remercier Dieu de nous avoir donné une âme qui nous met au-dessus de toutes les créatures terrestres. 2° Répondre aux bienfaits de Dieu par l'amour. 3° Lui manifester notre amour par le zèle à accomplir tous ses commandements et à éviter tout ce qu'il défend. 4° « Vous m'avez fait pour vous, Seigneur, et ce n'est qu'en vous que mon cœur agité et tourmenté trouvera enfin son repos. » (Saint Augustin). LECTURES. 1° Les premiers chapitres de la Genèse. Création du monde d'Adam et Ève. Le Paradis terrestre. 2° Lire sur la création de l'homme la IXème Élévation de Bossuet. QUESTIONNAIRE. 1° Quelles sont les questions qui se posent à propos de l'origine du monde ? 2° Quel est le double sens de l'expression « origine du monde » ? Comment Moïse a-t-il raconté la création ? Quels sont les deux éléments du récit mosaïque ? Parlez de l'élément théologique. En quoi consiste l'élément scientifique ? Si la cosmogonie mosaïque est contredite par la science moderne, doit-on conclure que l'écrivain sacré a commis des erreurs ? Quel principe d'exégèse faut-il appliquer ? Comment faut-il considérer le récit mosaïque ? Quels enseignements l'Église a-t elle tirés du récit mosaïque ? 3° Que dit la Science sur l'origine de la matière ? Parlez de l'hypothèse de Laplace sur la formation du monde. Quelle est l'origine des êtres vivants d'après la science ? Qu'est-ce que le créationnisme ? Qu'est-ce que le transformisme absolu ? Qu'est-ce que le transformisme mitigé ? 4° Y a-t-il conflit entre l'enseignement de la foi et celui de la science ? La foi est-elle en contradiction avec la science sur l'origine de la matière ? Et sur l'origine des êtres vivants ? L'hypothèse de Laplace sur la formation du monde est-elle en opposition avec la Foi ? Que pensez-vous du transformisme absolu ? Le transformisme mitigé est-il admissible ? 5° Quelles sont les hypothèses de la science sur l'origine de l'homme ? Que nous enseigne la doctrine catholique ? Sur quoi s'appuie-t-elle ? 6° Quelle est la nature de l'homme ? Qui sont ceux qui nient l'existence de l’âme ? Quelles sont les preuves de l'existence de l'âme ? Qu'objectent les matérialistes ? Peut-on conclure que l'âme n'existe pas parce qu'on ne la voit pas ? Le cerveau est-il la cause ou la condition de la pensée ? 7° Qu'entend-on par « substance spirituelle » ? Quelles sont les preuves de la spiritualité de l'âme ? Quelles sont les facultés de l'âme ? Parlez de la raison et de la volonté. Par qui la liberté est-elle niée ? Quelles sont les preuves de son existence ? 8° Comment démontre-t-on le dogme de l'immortalité de l'âme ? 9° Par qui l'unité de l'espèce humaine a-t-elle été niée ? Quel est l'enseignement de l'Église sur ce point ? Sur quoi la doctrine catholique s'appuie-t-elle ? 10° Quelle est l'époque de la création de l'homme d'après la foi ? Et d'après la science ? Y a-t-il conflit entre les deux enseignements ? DEVOIRS ÉCRITS. 1° Comment l'homme peut-il être l'image de Dieu soit par son corps, soit par son âme ? 2° Développez les preuves de l'existence de la liberté humaine. 3° Preuves de l'immortalité de l'âme. |
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