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TOGO : Les activistes en lutte contre le tabagisme interpellent le gouvernement Le 31 Mai de chaque année est dédié par la communauté internationale à la lutte antitabac. C’est dans ce cadre que les acteurs de la société civile qui s’inscrivent dans la logique de cette lutte ont organisé une conférence débat au jour d’incidence pour amener les décideurs politiques à intensifier les mesures dissuasives à l’égard des firmes de tabac. La conférence débat tenue à Lomé, a connu la participation du ministre de la santé, du Représentant Résident de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Togo, près d’une centaine d’agents de l’Etat et de la société civile. Elle est l’initiative de l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (ACTA), de l’Alliance nationale des consommateurs et de l’environnement (ANCE-Togo) et le Réseau des journalistes pour la lutte antitabac au Togo (REJAT-Togo) qui demandent au gouvernement du Togo d’appliquer strictement l’Article 5.3 de la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT). La communauté internationale a célébré jeudi dernier la journée sans tabac. L’OMS a placé la célébration de cette année 2012 sous le thème : « l’ingérence de l’industrie du tabac ». Pour ne pas rester en marge de cette célébration, ACTA, ANCE TOGO et REJAT TOGO ont organisé une conférence débat autour du thème de l’année. Le Secrétaire exécutif de ACTA/ANCE, EBEH Kodjo Fabrice, a au prime abord présenté brièvement la Convention –cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) le thème de l’année avant d’ouvrir le débat aux participants issus des départements ministériels, leaders d’opinion, ONG œuvrant dans le domaine de la lutte antitabac et de la santé, journalistes des médias publics et privés et le grand public. Parlant de l’interférence de l’industrie du tabac, EBEH Kodjo a évoqué le cas du Togo. Selon ses explications, l’industrie du tabac cherche à intimider les autorités du ministère de la santé en alléguant qu’au cas où elle n’est pas associée à l’élaboration des décrets d’application de la loi togolaise sur le tabac, elle les attaquera au tribunal. Or l’article 5, alinéa 3 de la CCLAT est très clair lorsqu’il dispose: «En définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac..». Par ailleurs, la Directive pour l’application dudit article adoptée par la Conférence des Parties à Durban en Afrique du sud en Novembre 2008, insiste sur le fait que l’industrie du tabac ne devrait être partenaire d’aucune initiative liée à l’élaboration ou à l’application des politiques de santé publique, étant donné que ses intérêts sont en contradiction directe avec les objectifs de santé publique. Cette même Directive demande clairement aux Etats de «refuser toutes formes de partenariats et d’accords non contraignants ou sans force exécutoire avec l’industrie du tabac». Le Togo a marqué un pas décisif dans la mise en œuvre de cette convention en adoptant la loi N°2010-017 du 31 décembre 2010 portant production, commercialisation et consommation du tabac et de ses produits dérivés. L’article 28 de cette loi stipule : « Tout fonctionnaire ou représentant de l’Etat qui viole les dispositions de la présente loi en se rendant complice d’un fabricant, d’un importateur ou d’un distributeur du tabac et de ses produits dérivés, en participant, autorisant ou acceptant le commerce illicite de ces produits est puni d’un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans et d’une amende d’un million (1 000 000) à dix millions (10 000 000) FCFA ou l’une de ces peines seulement ». Pour contrecarrer ces ingérences de l’industrie, l’ANCE-Togo, l’ACTA et le REJAT demandent que la CCLAT soit reconnue comme un outil majeur permettant d'optimiser la santé et le développement au Togo. Le tabagisme est en effet un facteur de risque majeur des maladies non transmissibles (MNT), qui entravent de plus en plus le développement et menace la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Et plusieurs recherches ont identifié la mise en œuvre de la CCLAT comme la mesure la plus efficace et la plus rentable de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT). L’ANCE-Togo, l’ACTA et le REJAT, demandent donc au gouvernement togolais de prendre des dispositions pour renforcer la coopération interministérielle et notamment entre le Ministère de la Santé, le Ministère du Commerce, le Ministère de l’Economie et des Finances, le Ministère de la Justice, le Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales, le Ministère de la Sécurité, le Ministère de la Communication, le Ministère des Enseignements Primaires et Secondaires, etc. pour l’application effective de l’Article 5.3, ainsi que la loi N°2010-017 du 31 décembre 2010. Ce n’est qu’à ce prix qu’on pourra sauver des vies humaines et promouvoir le développement durable du Togo. Le tabagisme est l’une des principales causes de décès évitables. Cette épidémie mondiale tue près de 6 millions de personnes chaque année, parmi lesquelles 600 000 sont des fumeurs passifs. Sans actions efficaces, le nombre des victimes pourrait atteindre 8 millions d’ici à 2030, dont plus de 80% dans les pays à revenus faibles ou moyens. La prévalence du tabagisme au Togo tourne autour de 31,3% et la consommation du tabac se généralise de plus en plus, en particulier chez les jeunes avec un taux de prévalence de 14%. Le Ministre de la Santé, Charles Kondi AGBA et le Représentant de l’OMS, Dr Pierre MPELE, ont félicité les initiateurs de cette conférence débat. Jean-Baptiste ATTISSO |