D. Les ressources existantes
Malgré ces éléments, la question de l’alimentation est une thématique qui est très travaillée par les acteurs de la ville et de nombreuses ressources existent.
La PMI,
Le lieu d’accueil parents-enfants, qui est une structure municipale dans laquelle les parents viennent avec leurs enfants pour participer à des groupes de parole avec d’autres parents,
L’Epicerie Sociale, le Bel Epi, a pour objectif de répondre aux besoins alimentaires les plus urgents des personnes et des familles en grande précarité,
Les bons alimentaires du CCAS dans le cadre du pôle famille / enfance,
Les Restaurants du Cœur,
Le Secours Catholique,
Le Programme de Réussite Educative,
Les établissements scolaires, les services de santé scolaire et de restauration scolaire
La Mission jeunesse
Les maisons de quartier
Le PIJ26 propose un accueil, de l’information, un cyber espace… Il met également en œuvre des actions de prévention en lien avec le « réseau santé » sur l’hygiène alimentaire et corporelle avec les associations la Case et Olympio.
Les associations de parents d’élèves,
E. Les propositions
Néanmoins, 8% des propositions faites par les habitants proposent de mettre en place des actions d’éducation à la santé : « mettre en place une action de prévention de l’obésité pour les enfants », «organiser des campagnes de prévention basées sur l’information et le dialogue », « ouvrir un centre de prévention », … Encore une fois, compte tenu du nombre d’actions déjà menées sur cette thématique, il paraît essentiel de rendre visible l’existant mais aussi d’accompagner une véritable démarche d’évaluation de ces actions afin de mieux savoir quel est le public concerné, quels sont les effets de ces actions, comment les renforcer, les faire évoluer…L’Atelier Santé Ville doit être une ressource pour mener ce genre de démarches. Les échanges lors des restitutions auprès des habitants et des professionnels ont également insisté sur l’importance de partir des savoir-faire et des pratiques culturelles des habitants pour mener ce type d’actions. En effet, nous voyons bien actuellement les effets de messages nationaux peu adaptés aux réalités quotidiennes des habitants vivant dans les quartiers prioritaires. Il est donc important que l’ASV aide les acteurs à élaborer, avec les habitants concernés, des messages adaptés, qui leurs parlent et qu’ils puissent mettre en œuvre facilement. Enfin, les supports de communication de la ville pourraient également être des supports à la diffusion de ces messages élaborés par et avec des habitants. IV. Mal-être Le mal-être tel que nous l’entendons ici relève de la souffrance psychosociale. Selon le Haut Comité de la Santé Publique, la souffrance psychosociale : « est actuellement, dans le domaine de la santé, le symptôme majeur lié à la précarité […] ; son ampleur ne peut être ignorée dans la mise en place de dispositifs de prise en charge médico-psychosociale. Toutefois, la souffrance psychosociale n’est pas seulement liée à la précarité, au manque de formation, de logement, de travail, aux ruptures affectives… C’est tout cela plus la perte de la qualité du lien qui nous uni tous, implicitement. C’est la disparition ou l’altération de ce lien qui crée chez ces personnes un état que l’on peut appeler "souffrance psychique"»27.
Nous entendrons donc par souffrance psychosociale, une souffrance psychique qui est « en partie d’origine sociale et qui pose un problème politique, celui du vivre ensemble. […] Cette souffrance psychique, individuellement vécue par un grand nombre de personnes, apparaît de fait, comme un problème collectif ; elle est en effet corrélée aux phénomènes sociaux tels que le chômage ou l’exclusion, mais aussi aux sentiments douloureux d’un changement sociétal qui fait douter de l’avenir et surtout des capacités des décideurs comme de soi-même à y faire face »28. Il ne s’agit pas ici de « psychiatriser » le malaise social mais plutôt de mettre en évidence comment des difficultés sociales agissent sur la santé, telle que définie par l’OMS. A. D’après les habitants Un certain nombre de questions permettaient de repérer l’état de santé mentale ressenti par les personnes.
Les résultats laissent apparaître un mal-être très prégnant et la présence d’une réelle souffrance psychique.
Seulement 21% des répondants se déclarent en pleine forme. 63% estiment avoir un niveau de forme « normal ».
A l’inverse,
34% se sentent déprimées (cela concerne 34% des habitants des Carreaux),
33% des personnes se sentent tristes sans raison particulière (cela concerne 50% des habitants de la Cerisaie, la gare, Val Roger et les Cascades et 32% des habitants des Carreaux),
26% se disent très fatigués (essentiellement à cause de la maladie et du travail),
21% des personnes ressentent un mal-être (surtout dû à leur sentiment d’insécurité),
17% se sentent sans valeur (cela concerne 16% des habitants des Carreaux et 15% des habitants des Charmettes),
9% des répondants ont le sentiment que leur vie est vide (surtout dû au fait que leur famille est éloignée et qu’elles se sentent seules),
7% déclarent avoir des pensées suicidaires (cela concerne 8% des habitants des Carreaux).

Ce graphique met en évidence que le mal-être est plus exprimé par les moins de 55 ans.

De façon plutôt classique, se sont plus les femmes qui expriment leur mal-être que les hommes. Néanmoins, les hommes déclarent un peu plus que les femmes avoir des pensées suicidaires.

Nous voyons que les sentiments de tristesse sont surtout présents sur les quartiers de la Cerisaie, des Cascades et des Carreaux. C’est aussi sur les Carreaux et Puits la Marlière que les sentiments dépressifs sont les plus exprimés. Enfin, les pensées suicidaires sont surtout présentes chez les répondants des Carreaux, de la Cerisaie et des Cascades.
Les chiffres concernant les familles monoparentales montrent que ces personnes manifestent un certain mal-être. En effet, on observe que 36% se sentent déprimées (contre 34% dans la population générale des répondants), 31% se déclarent tristes sans raison particulière (contre 33% dans la population générale des répondants) et 6% déclarent avoir des pensées suicidaires (contre 7% dans la population générale des répondants).
Enfin, 22% des répondants déclarent avoir rencontré des souffrances psychiques, essentiellement dues à des dépressions ou du harcèlement.
72% de ces personnes sont des femmes. On sait que les femmes déclarent plus facilement avoir des difficultés sur le plan de la santé mentale. Mais nous pouvons observer toutefois que 23% des hommes disent rencontrer des difficultés psychiques. 23% des personnes de moins de 55 ans sont elles aussi concernées, contre 22% des personnes de plus de 55 ans. Autrement dit, l’âge des personnes n’a pas d’effet sur leur santé psychique. 36% des familles monoparentales disent elles aussi rencontrer des difficultés de cet ordre là. 35% des personnes qui déclarent rencontrer des difficultés psychiques habitent les Carreaux, 18% habitent Puits la Marlière, 9% habitent les Charmettes et 8% habitent le Village. Près de 17% des répondants disent également consommer des médicaments pour dormir. 73% de ces personnes sont des femmes. Cela concerne 27% des personnes de plus de 55 ans et « seulement » 8% des familles monoparentales. Parmi ces consommateurs, 32% déclarent se sentir très fatigués et 25% ressentent un mal-être. 12% des personnes disent consommer des médicaments contre la dépression (Lexomil, Lixancia, Stablon, Stilnox, Xanax, Temesta …).
67% sont des femmes et 29% sont des hommes.
29% de ces consommateurs habitent Puits La Marlière et 26% habitent les Carreaux.
15% des personnes âgées de plus de 55 ans déclarent en consommer.
Parmi ces consommateurs, nous pouvons observer que 40% ont déclaré ressentir un mal-être et 36% déclarent se sentir très fatigués. 67% avaient déclaré se sentir déprimés. 40% avaient déclaré se sentir tristes sans raison particulière. 21% avaient déclaré avoir des pensées suicidaires. Finalement, les personnes de plus de 55 ans ne semblent pas particulièrement touchées par ces ressentis négatifs. En revanche, les familles monoparentales et les habitants des Carreaux semblent particulièrement fragiles du point de vue de la santé mentale.
B. D’après les professionnels
Les professionnels avaient déjà remarqué le mal-être des habitants. Ils avaient en effet posé plusieurs constats :
La souffrance des jeunes liée aux difficultés à trouver sa place dans la société renverrait aux comportements de certaines personnes dans les lieux de proximité : « de nombreux jeunes souffrent de dépression et expriment leur malaise par rapport à leur environnement quotidien. Cela se traduit soit pas un repli sur soi, soit par de la violence vers soi ou vers autrui », « la 1ère des causes de consultations au CMPP sont les troubles du comportement », « beaucoup de jeunes s’enferment dans un mutisme. Se sont des enfants qui souffrent intérieurement et qui ne savent pas exprimer leur souffrance », « les jeunes présentent effectivement des troubles du comportement qui s’expliquent par leurs difficultés à se projeter dans l’avenir », « c’est une population qui nous échappe. Parce que ce n’est pas une population qui exprime une demande ou alors cela se fait au travers d’évènements sociaux ».
Les difficultés scolaires et en particulier les retards dans la scolarité et la sortie de 3ème de certains jeunes sans orientations : « les élèves de 3ème qui n’ont pas pu trouver de solution d’orientation acceptable au collège Léon Blum », « Fin juin 2006, 80 élèves de Villiers-le-Bel environ étaient sans affectation »29.
Les difficultés d’accès à l’emploi des jeunes : Effectivement, il a été souligné que « le rapport à l’emploi ou à la scolarisation sont difficiles parce qu’ils (les jeunes) intériorisent certaines choses qui peut se traduire ensuite par de la violence. Parfois se sont des bombes à retardement », « des jeunes qui sont mal à l’aise dans la société, qui ont le sentiment d’un manque de reconnaissance ».
La maladie psychique des enfants et des jeunes s’illustrerait ici par l’augmentation de la file active du CMPP. Celle-ci « est plus importante que jamais et est de l’ordre de 300 enfants. Plusieurs hypothèses d’explications sont posées :
la santé de la population se dégrade
le CMPP réalise un gros travail de partenariat puisqu’il participe à environ 300 réunions partenariales par an : « on est plus connu donc on est plus sollicité ».
Le secteur hospitalier est débordé. Le CMP30 de Sarcelles a 18 mois d’attente pour les enfants.
Le CMPP n’étant pas sectorisé et pratiquant la politique de l’accueil systématique, toutes les personnes sont reçues.
L’Education Nationale développe la politique d’intégration. De ce fait, le CMPP suit une population d’enfants handicapés, ce qui représente un public nouveau ».
Comme le soulignait le CMPP, « même si la liste d’attente est « virtuelle » car il faut évaluer ce qui, dans cette liste, relève réellement du CMPP, elle informe sur une tendance qu’il est important de prendre en considération ».
La Mission Locale a également souligné rencontrer « des jeunes qui ont des troubles psychiatriques : schizophrénie… Je ne peux pas mesurer mais je vois une évolution et je me demande comment est-ce qu’ils ont pu arriver jusque là sans être pris en charge ». Une des explications proposées consiste à dire que « les parents ont toujours été seuls pendant la jeunesse de leur enfant, ne savent pas à qui demander de l’aide et lorsque le professionnel a repéré un besoin en termes de prise en charge psychiatrique, il faut réorienter le jeune vers un autre professionnel ». Autrement dit, une fois que le jeune et sa famille ont accepté le suivi, il faut leur expliquer que c’est une autre personne qui va les suivre.
La souffrance psychique des adultes semble également importante sur Villiers-le-Bel : « aujourd’hui, au centre d’alcoologie de Gonesse, on voit de plus en plus de troubles psychiatriques et pas de prise en charge ».
La souffrance psychique des personnes âgées : « on rencontre une population qui a beaucoup de problèmes de santé mentale, ça n’est pas lié à l’âge mais 90% sont des personnes âgées », « les soins physiques des personnes âgées sont bien pris en charge mais les soins psychologiques non. Parce que le secteur psychiatrique est surchargé et parce que ce n’est pas dans la culture des personnes âgées d’avoir un suivi psychiatrique », « il y a aussi beaucoup de personnes âgées qui sont des aidants de leurs parents. Ca les renvoie à beaucoup de choses ».
Les professionnels de première ligne qui ne sont pas formés à recevoir cette souffrance et à l’orienter : « les animateurs jeunesse ne sont pas forcément formés à ces situations »
La difficulté des professionnels à orienter vers le secteur psychiatrique. Cette difficulté semble liée à plusieurs éléments :
Surcharge du secteur : « se sont les médecins addictologues, qui sont généralement des généralistes avec une formation en addictologie qui prennent en charge ces troubles parce qu’il n’y a pas de relais dans le secteur psychiatrique, parce que les délais d’attente sont trop longs ou encore parce que la personne ne veut pas ».
Pas de structure pour les grands adolescents : « le CMP adultes ça fait peur et ils sont trop grands pour être suivis par le CMP enfants ».
La démarche de soins du secteur psychiatrique : « la réponse psychiatrique est souvent médicamenteuse. J’oriente de plus en plus vers les conseillères conjugales ».
Les personnes qui n’ont pas de demande : « le public vulnérable dont on s’occupe n’ont pas de demande particulière », « la grosse difficulté c’est que les gens disent non »
C. D’après les données quantitatives
Il est intéressant de noter que le taux de suicide à Villiers est équivalent à celui du reste de la France. En effet, 1,9% des décès à Villiers étaient dus à des suicides contre 2% dans le département et en France. Il reste difficile de commenter ce taux à l’échelle de population considérée (petits chiffres)
D. Les ressources existantes Des ressources qui peuvent accueillir, orienter ou encore prendre en charge la souffrance psychique des personnes existent.
les professionnels de proximité : Maisons de quartier, CCAS, la PMI, association de prévention IMAJ, Circonscription de Vie Sociale, la Mission jeunesse et le Point Information Jeunesse (PIJ), les associations caritatives, les médecins libéraux, le centre de planification familiale
La PMI qui intervient aussi lorsqu’il y a un problème adolescent dans la famille, que la famille ait un enfant suivi à la PMI ou non puisque la PMI intervient, avec le service social, dans le cadre de la protection de l’enfance avant qu’il y ait un mandat.
Le Programme de Réussite Educative propose un accompagnement social et psychologique individualisé auprès des enfants et leurs familles. Dans ce cadre là, la souffrance psychique, les troubles du comportement, les problèmes d’acculturation, la déscolarisation (projet en cours avec le CCAS, l’association Enfants de France et Cultures du Monde) sont travaillés. Des permanences hebdomadaires dans chaque secteur sont également organisées.
les permanences de psychologues dans les services municipaux (maisons de quartier, Pôle RMI).
L’APCE mène des permanences dans les maisons de quartier Camille Claudel et Allende autour de la médiation familiale, du soutien à la parentalité et de l’appui psychologique individuel.
les établissements scolaires, santé scolaire et RASED
le CMPP, CMP enfants, CMP adultes.
Le CMPP soulignait qu’une grande partie de sa file active avait entre 4 et 12 ans. Cela s’expliquerait par le fait que les enfants de cette tranche d’âge sont très bien dépistés et orientés par les acteurs tels que la PMI ou l’Education Nationale. « On se rend donc compte que c’est plus intéressant en termes d’efficience de sensibiliser les partenaires plutôt que de sensibiliser la population elle-même ».
Synergie (travail conduit dans le cadre du réseau de réflexion sur la souffrance psychique des jeunes), Rivage, Vie libre, ANPAA 9531
E. Les propositions
6% des propositions faites par les habitants visent à lutter contre l’isolement : « des lieux et moments d’échanges », « que les gens communiquent plus entre eux », « informer, rester à l’écoute de chacun », … Enfin, une proposition faite par le comité de pilotage consiste à aider et soutenir les parents afin de leur permettre d’assurer la confrontation à ces problématiques et à ne pas se cantonner au symptôme. Cela pourrait prendre la forme d’échanges entre parents, de la création ou du soutien à des réseaux d’aide…. A partir du croisement de tous ces éléments, nous pourrions proposer à ce que la prise en compte de cette souffrance soit d’avantage développée au sein des structures de proximité (insertion, action sociale, maisons de quartier, service jeunesse…). Cela pourrait se faire à travers des temps de formation des professionnels à l’écoute, au repérage de la souffrance et à l’orientation des personnes vers des structures de prise en charge.
La mise en place d’un réseau pluridisciplinaire pourrait également appuyer ce travail. Il pourrait réunir des professionnels de la psychiatrie, de la médecine générale, du secteur social… confrontés à ces problématiques. Le développement du travail en réseau avait d’ailleurs était une forte demande des professionnels impliqués dans l’ASV. Le mal-être étant parfois lié à la question de l’isolement social, il pourrait être envisagé de profiter de l’organisation d’évènements conviviaux et festifs sur les quartiers pour porter une attention particulière aux questions d’isolement et de mal-être des personnes. Autrement dit, il s’agirait de partir des évènements organisés sur les quartiers pour créer les conditions de développement du lien social entre les habitants. Là aussi, l’expérience montre qu’il est très mobilisateur d’impliquer des habitants dans l’organisation et la mise en œuvre d’évènements festifs et que les effets vont souvent bien au-delà de ceux attendus. L’ASV pourrait également rechercher les possibilités d’implantation de lieux d’écoute. La Maison des adolescents devrait ouvrir en 2010 à Gonesse et sera destinée aux adolescents de Gonesse mais aussi des environs, dont Villiers-le-Bel.
L’ANPAA souhaite mettre en place un pôle jeunes sur la commune à la fois pour l’écoute et l’orientation des jeunes en souffrance. Cet espace pourrait être destiné aux adolescents et aux parents, soit ponctuellement soit de façon régulière. Il serait intéressant d’intégrer les éléments de ce diagnostic pour constituer un tel pôle mais de réfléchir également aux modalités de consultation des jeunes de Villiers-le-Bel. Enfin, il s’avère essentiel de porter également une attention particulière à la souffrance des professionnels de proximité.
Sentiment d’insécurité
Nous présentons ici l’axe sentiment d’insécurité bien qu’il n’ait pas été jugé prioritaire pour l’année 2009-2010 par les habitants, les professionnels et le comité de pilotage. Néanmoins, ces aspects sont apparus de façon très importante dans les réponses des habitants, et ont un impact sur l’état de santé des habitants. Il s’avère donc essentiel de ne pas les occulter et de travailler cela dans le cadre d’un dispositif plus spécialisé comme par exemple le Contral Local de Prévention de la Délinquance (CLSPD). A. D’après les habitants Le 2ème risque santé perçu exprimé par les habitants est lié à l’insécurité et aux violences (14% chacun). 16% des répondants estiment que les relations qu’ils entretiennent avec leurs voisins influent sur leur santé, dans un sens ou dans un autre.
Toutefois, 49% des répondants déclarent subir des troubles du voisinage.
Pour 58% de ces personnes, ces nuisances sont liées à des nuisances sonores au sein même des logements ou des immeubles (travaux, enfants qui pleurent, fêtes, cris…). Pour 16%, les nuisances sont liées aux jeunes (motocross, disputes entre jeunes, agressions entre jeunes, incivilités…). Enfin, pour 14% les nuisances sont liées à des problèmes d’hygiène (odeurs, ordures, animaux…).
4% des répondants disent que le calme et la sécurité sont des éléments favorables à la santé.
Or, 17% des répondants déclarent avoir été victimes de violences au cours des derniers mois (dont 64% sont des femmes), et 30% disent avoir été témoins de violences (dont 64% sont des femmes).
29% des habitants de Puits La Marlière ont été victimes de violences et 25% des habitants de Derrière Les Murs Monseigneur.
47% des habitants de Puits La Marlière, 43% des quartiers non CUCS (La Cerisaie, la gare, Val Roger, les Cascades) et 37% des habitants de Derrière Les Murs Monseigneur déclarent avoir été témoins de violences.
Ces résultats ne veulent pas dire que les violences subies ou les violences dont ils ont été témoins se sont déroulées sur ces quartiers. Néanmoins, cela signifie que c’est chez les habitants de ces quartiers que les conséquences de ces actes sont plus fréquents.
Ces violences relèvent généralement d’agressions, de vols à l’arrachée, de violences verbales, de bagarres entre groupes de jeunes et pour quelques personnes de cambriolages ou de braquages. B. D’après les professionnels La question de la violence était également ressortie dans le discours des professionnels :
La banalisation du rapport à la violence chez certains jeunes : un acteur a insisté sur le rapport banalisé que certains jeunes auraient face à la violence : « je remarque que certains jeunes ont été confrontés à des rapports de violence et sont dans la banalisation de ces rapports à la violence, je ne parle pas de comportements violents. Ce qu’ils vivent de leur environnement est violent, dans les institutions, dans leurs familles… en tous cas, ils le vivent comme violent ».
Les violences conjugales ou familiales ont également fait l’objet d’un certain nombre de constats : « les violences sont nombreuses », « nous avons souvent des difficultés à entrer en contact et à travailler avec les hommes sur la question des violences ». Nous n’avons toutefois aujourd’hui aucun élément qui permette d’évaluer la « fréquence » de ces situations.
En ce qui concerne la maltraitance des enfants, aucun chiffre n’est également disponible pour le moment, mais le discours de certains acteurs montrerait que la maltraitance existe : « il y a beaucoup d’enfants violentés par les parents, sans que les parents se rendent compte que c’est de la violence », « il y a aussi la violence verbale ; les humiliations, une fois c’est aller jusqu’à raser les cheveux d’une jeune fille », « il y a ce que certains parents appellent la violence « éducative » qui consiste à donner une fessée quand l’enfant a eu une mauvaise note, c’est plutôt fréquent ». C. Les ressources existantes Là encore, de nombreuses ressources existent sur la ville et les acteurs sont sensibilisés à ces questions :
La PMI
Le centre de planification familiale
Le Service social du Conseil Général
La CAF qui est présente dans toutes les maisons de quartier
La Mission jeunesse et les actions du PIJ :
Atelier radio sur la violence et les relations garçons filles avec les maisons de quartier et le collège St Exupéry
Théâtre interactif et groupes de paroles garçons et filles par les associations Rivage et Plaine de France
la formation des professionnels de première ligne pour ce qui est de l’identification des ressources.
Les établissements scolaires et la santé scolaire :
mise en place d’espaces de paroles, à travers notamment le théâtre forum (explicitation des interactions et situations, approche des différences dans la perception des risques, jeux de rôle, approche de l’expérience propre aux femmes, des problèmes rencontrés – stigmatisation, souffrance, suicides – par les jeunes homosexuel(le)s, etc.).
Les maisons de quartier :
Maison de quartier Camille Claudel et Mission Locale : le café citoyen en direction des jeunes sur des thématiques choisies par eux (justice, violence, développement durable…).
Le travail de promotion de la bientraitance qui a été conduit en partenariat entre la Ville, l’Education Nationale et le Conseil général. Ce travail a permis de construire un outil de signalement de la maltraitance. Puis, une formation à la bientraitance a été organisée pour les professionnels. Enfin, des groupes de parole d’habitants devraient se mettre en place autour des questions de bientraitance.
La mission locale
Le CLSPD et en particulier le groupe opérationnel « Violences faites aux femmes » :
Mise en œuvre d’un réseau local d’information et d’orientation
dans le cadre de ce dispositif, il est envisagé que le CIDFF coordonne l’ensemble des actions menées sur la thématique des violences.
Le représentant de la Police Nationale sur les questions de violence. Ce fonctionnaire a pour rôle de recevoir les victimes mais également de former ses collègues et de conduire des actions de prévention sur les violences. Par ailleurs, le commissariat accorde 3 nuits d’hôtel aux personnes victimes de violences.
Le psychologue de la Police de Sarcelle
La Maison de la justice et du droit qui accueille des permanences du CIDFF32
Loginter, dans le cadre de l’hébergement d’urgence dispose de 45 places en appartements
Du côté des femmes a pour objectifs de favoriser l’autonomie des femmes et leur parole, et d’accompagner les femmes victimes de violences et leurs enfants.
Le CMP enfants, le CMP adultes, le CMPP
Les établissements scolaires
D. Les propositions 16% des propositions faites par les habitants visent à instaurer un cadre rassurant et sécurisant :
des propositions sécurisantes (10%) : « mettre en place une vidéosurveillance », « demander à la police de faire des rondes de 3 à 6h du matin », « renforcer la police pour la sécurité des gens », « encadrer des bandes pour éviter les dérives », « favoriser la communication entre les gens », « rétablir la confiance entre les habitants », …
18% des répondants vivant à Derrière Les Murs Monseigneur ont fait ce type de propositions.
des propositions visant à développer les liens sociaux (6%) : « rétablir la confiance entre les habitants », « que les gens communiquent plus entre eux », …
Même s’il ne s’agit pas directement de santé, il est important de prendre en compte ce sentiment qui influe sur l’état de santé. Autrement dit, il ne s’agit pas ici d’apporter une réponse sécuritaire mais plutôt de réfléchir plus globalement à cette question : qu’est-ce qui fait que les gens ne se sentent pas en sécurité sur leurs territoires de vie ? Comment pouvons-nous, avec les habitants concernés, rétablir un cadre rassurant ? Nous pouvons également proposer de privilégier les évènements visant à développer la solidarité et à réduire l’isolement pour travailler sur ce sentiment d’insécurité, car ils ont très liés. Enfin, il paraît important de réfléchir à la mise en place ou au renforcement de lieux permettant de recueillir les demandes et d’exposer les expériences vécues par les personnes touchées par ces difficultés.
VI. Conduites à risques Cet axe là n’a pas été choisi comme prioritaire par les habitants, les professionnels et le comité de pilotage. Néanmoins, il nous paraît important de présenter les éléments qui y sont liés. A. D’après les habitants De façon générale, les habitants qui ont répondu au questionnaire sont moins nombreux à déclarer consommer des produits psychoactifs que dans les enquêtes en population générale. Ces résultats sont peut-être liés à la structure par âge des répondants, ici plus âgée. 19% des répondants déclarent consommer de l’alcool, dont 30% en consomme de manière régulière (plus de 2 verres par jour) (D’après l’enquête ESCAPAD, en 2005, 35% des 18-75 ans interrogés déclaraient consommer de l’alcool au moins une fois par semaine, 37% déclaraient en consommer occasionnellement33).
Parmi eux, 48% sont des femmes et 41% sont des hommes, contrairement aux données nationales où les hommes sont des consommateurs plus importants que les femmes. 18% des personnes fument, dont la moitié fume plus de 10 cigarettes par jour (D’après l’enquête ESCAPAD, en 2005, plus d’un tiers des 18-75 ans interrogés se déclaraient fumeurs de tabac au moment de l’enquête). Parmi elles, 43% disent avoir déjà engagé une action pour arrêter ou souhaite entrer dans une telle démarche. Parmi la sous-population famille monoparentale, un répondant sur 3 fume. 3% consomment du cannabis, dont la moitié de façon occasionnelle. Il s’agit le plus souvent de consommations « intégrées » (individuelles, pour des personnes ayant des activités ordinaires, par ailleurs sur le plan du travail ou des loisirs) 35% des répondants constatent la présence de problèmes de drogues illicites dans leur environnement. B. D’après les professionnels Les professionnels, eux, avaient insisté sur la question des addictions :
la consommation de psychotropes et notamment l’alcool. Le groupe avait du mal à identifier les autres produits consommés par les jeunes et par les adultes. Ces pratiques de consommation fonctionneraient comme un « refuge contre le mal-être », « On constate l’usage intensif du cannabis qui dérègle leurs comportements (16-25 ans). Ils n’ont plus de rythme, des problèmes de concentration… Ils consomment pour oublier, c’est en lien avec leur mal-être ».
Ces consommations semblent également très précoces (à partir de 12 ans).
Les addictions aux jeux vidéo et à la télévision semblaient être un phénomène en forte expansion. Les acteurs présents avaient insisté sur le temps important que les jeunes passaient sur les jeux vidéo, l’ordinateur ou la télévision. Il semblerait que ce temps contribue aussi à la dérégulation des rythmes de vie des jeunes…
Les addictions aux jeux d’argent ont également été citées lors d’un comité de pilotage. Il semblerait en effet qu’elles soient très fréquentes sur la ville : « les représentants du PMU nous ont dit que Villiers-le-Bel était une ville très rentable ». Les membres du comité de pilotage avaient alors fait le lien entre les jeux d’argent et la situation économique des familles. Pour eux, si les habitants jouent aux jeux c’est pour gagner de l’argent rapidement car ils sont dans des situations économiques précaires.
Le déni et la méconnaissance des risques liés à ces pratiques
C. D’après les données quantitatives Les données quantitatives mettent en évidence une légère sur-représentation des décès liés à la consommation d’alcool et à la consommation de tabac sur la commune.
Les décès liés à la consommation de tabac
Les résultats montrent que les décès liés à la consommation de tabac sont plus importants à Villiers que sur le reste du pays.
Ainsi, on note que les tumeurs malignes de la lèvre, de la cavité buccale et du pharynx ont été la cause de 1,3% des décès à Villiers le Bel contre 1,1% sur le Val d’Oise et 0,8% en France entre 2003 et 2005. Dans le même sens, les tumeurs malignes du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon expliquent 8,8% des décès à Villiers le Bel contre 6,4% dans le Val d’Oise et 5,4% en France. Enfin, les maladies chroniques des voies respiratoires confirment ce constat. Puisque, 2,1% des décès étaient dus à cette cause contre 1,4% sur le département et 0,2% en France.

Les décès liés à la consommation d’alcool
Il semblerait également que la consommation d’alcool explique à Villiers-le-Bel plus de décès que sur le reste du département ou du pays. En effet, les données montrent que les décès liés directement à l’abus d’alcool représentaient entre 2003 et 2005 à Villiers, 1,3% des décès contre 0,1% sur le Val d’Oise et 0,5% en France. De la même façon, les décès liés à des maladies chroniques du foie représentaient 3,2% à Villiers, 1,7% dans le Val d’Oise et 1,5% en France.
 Autrement dit, la consommation d’alcool semble être préoccupante à Villiers.
D. Les ressources existantes Là encore, de nombreuses actions de prévention sont conduites sur la ville. Il existe également quelques structures de soins dans les environs :
La PMI qui intervient aussi lorsqu’il y a un problème adolescent dans la famille, que la famille ait un enfant suivi à la PMI ou non puisque la PMI intervient, avec le service social, dans le cadre de la protection de l’enfance avant qu’il y ait un mandat.
Le centre de planification familiale
Le Programme de Réussite Educative propose un accompagnement social et psychologique individualisé auprès des enfants et leurs familles.
Le Programme d’Education Local
La Mission jeunesse et PIJ
Les actions de prévention conduites addictives dans les écoles
les Volontaires de la Santé : animation de prévention en CM2
informations cannabis dans tous les établissements scolaires
interventions de RIVAGE au niveau du Collège St Exupéry
interventions de l’ANPAA 95 au niveau du collège
L’association IMAJ
L’association de prévention « Plaine de France »
Les actions de prévention dans les maisons de quartier :
prévention des conduites addictives sur les Carreaux et Derrière-les-Murs Monseigneur
le chantier éducatif en partenariat avec la Maison de quartier Camille Claudel et l’association de prévention Plaine de France
Synergie, Rivage, Vie libre, ANPAA 9534
Le CMP enfants, Le CMP adultes, Le CMPP,
Les établissements scolaires,
Le service de portage de repas aux personnes âgées
Le Point santé de la Mission locale : qui fonctionne comme « un espace d’écoute pour les jeunes ».
Les associations caritatives
…
E. Les propositions Comme pour les actions sur l’alimentation, nous pouvons proposer qu’une démarche d’évaluation soit mise en place afin d’évaluer la pertinence et la cohérence de ce qui est fait. Il semble également important de développer les actions de proximité (information, réduction des risques, relais pour consultations et suivis…). Enfin, il semble important d’articuler les actions de prévention des conduites addictives avec la prévention en santé mentale car il est aujourd’hui reconnu qu’il existe des déterminants communs au niveau des conditions de vie et des styles de vie.
CONCLUSION GENERALE
Finalement, ce que nous devons noter de l’ensemble de cette démarche, c’est le fort investissement des acteurs de terrain qui ont contribué au succès de la consultation des habitants mais qui ont également participé à l’ensemble du diagnostic en apportant leurs connaissances du territoire, en présentant ce qui existe sur la ville et en nous fournissant des données chiffrées. Nous devons également souligner que la démarche de consultation des habitants a été très mobilisatrice puisque 382 personnes ont répondu et près d’une centaine d’habitants souhaitent participer à la construction et à la mise en place d’actions. Néanmoins, il convient aussi de noter que les jeunes ont très peu participé à cette consultation, même si ceux qui ont répondu ont été mobilisés par la Mission locale. Autrement dit, l’ASV devra réfléchir à des modalités spécifiques de consultation et de mobilisation de la population jeune qui bien qu’elle ne se soit pas exprimée à travers le questionnaire, semble avoir de véritables préoccupations (mal-être, accès aux soins, conduites addictives …).
Suite au croisement de l’ensemble de ces données, les résultats ont été présentés en Bureau municipal le 19 février 2009. Puis, une restitution auprès des habitants et des professionnels a été organisée le 1er avril. 18 personnes étaient présentes. Cette rencontre a été l’occasion de présenter l’ensemble des résultats et de les alimenter ou de les illustrer à partir des remarques des participants.
Les participants ont également proposé que les 4 axes prioritaires à travailler dans le cadre de l’ASV soient :
l’état de santé, l’accès aux soins et l’accès aux droits
l’environnement et le cadre de vie
l’alimentation
le mal-être
Un comité de pilotage s’est ensuite réuni le 8 avril. Les 4 axes prioritaires ont été validés. A partir de là, d’autres restitutions plus en proximité vont être organisées lors des conseils de quartier avant l’été 2009. Mme Maceira, élue à la santé et au handicap, et Mme Paolella, nouvelle coordinatrice ASV présenteront les résultats, les axes prioritaires et mobiliseront des habitants pour qu’ils participent à la construction et à la mise en œuvre des actions.
LES PERSPECTIVES Le rôle de l’ASV Cette démarche de diagnostic marque le point de départ de l’Atelier Santé Ville de Villiers-le-Bel. Elle doit constituer une base de travail qui nécessitera une actualisation régulière. Autrement dit, l’ASV devra devenir une sorte « d’observatoire » de la santé des Beauvillésois. Pour cela, il devra être à l’écoute des préoccupations des habitants, des professionnels et des élus, et se doter d’outils de suivi. Il devra aussi trouver les articulations entre ces besoins locaux et les priorités régionales de santé publique. L’ASV devra également être une instance de soutien des professionnels, notamment à travers le renforcement ou le développement du travail en réseau. En effet, les acteurs professionnels avaient exprimé leur :
besoin de mise en cohérence entre les ressources existantes. D’après eux,
il existerait de nombreuses ressources sur la commune en termes d’accès à la santé ; qu’il s’agisse d’actions, de structures, de personnes relais… ;
ils auraient peu de visibilité quant à ces ressources, alors que dans le cadre de leurs missions quotidiennes ils ont souvent un rôle d’orientation de leurs usagers.
De notre côté, nous avions fait le constat :
d’une diversité des ressources
de la complémentarité des ressources, tant dans leurs missions que dans leurs modalités d’actions (positionnements associatifs ou institutionnels, modalités d’interventions, …)
Il est donc essentiel que l’ASV travaille à cette mise en cohérence afin: - d’apporter aux acteurs locaux plus de visibilité sur ce qui existe
- de permettre une meilleure réponse aux situations d’urgence vécues par la population.
Ce travail pourrait se faire à partir de l’utilisation des fiches de présentation des structures qui avaient commencé à être élaborées dans le cadre du diagnostic : « il ne s’agit pas de refaire un annuaire, mais plutôt un outil de réseau avec des gens qui s’engagent ». Besoin de construire ensemble des principes de travail commun Lors du 1er groupe de travail, les acteurs ont insisté sur le fait que pour dynamiser un travail partenarial la mise en place de principes de travail communs était indispensable. Tout au long de la démarche de diagnostic, quelques principes de travail ont pu être exprimés et mis en œuvre : Aller vers les populations les plus en difficultés
Avoir une attitude de bienveillance
Avoir une attitude de non jugement
Instaurer un climat de confiance
Garantir la confidentialité
Pratiquer l’écoute active
Mieux prendre en compte la culture d’origine des personnes dans les actions de santé,
Partir de ce que les gens font pour construire avec eux des actions Lors d’une rencontre, le groupe de travail avait proposé la mise en place de temps d’échanges de pratiques. Sur d’autres territoires, la mise en place d’un réseau et d’un cadre de travail partagé est passée par la rédaction d’une Charte qui présente les principes de travail reconnus et partagés par les acteurs « adhérents ». Cela pourrait être discuté avec les acteurs. Les réponses à ces besoins seront à construire avec l’ensemble des acteurs impliqués dans l’ASV.
Le CUCS a vocation à dégager une approche globale et cohérente des différentes composantes produisant et reproduisant un certain nombre d’inégalités. L’ASV peut, de ce point de vue, contribuer à établir des ponts entre plusieurs déterminants sociaux de la santé, mais aussi entre plusieurs registres de ressources.
|