III. Alimentation et rapport au corps
En lien avec les constats effectués par les professionnels, plusieurs interrogations renvoyaient à l’alimentation et au rapport au corps.
A. D’après les habitants 61% des répondants déclarent se sentir bien dans leurs corps.
Toutefois, 31% estiment être trop gros. 72% de ces personnes sont des femmes. Parmi les personnes qui se trouvent trop grosses, près de 66% déclarent avoir entrepris ou comptent entreprendre un régime. Parmi les 29% des personnes qui s’estiment trop grosses, seulement 33% déclarent pratiquer un sport de façon régulière ou occasionnelle.
Néanmoins, 60% considèrent avoir une alimentation équilibrée.
Parmi les 23% qui estiment ne pas avoir une alimentation équilibrée, 69% sont des femmes, et 44% sont des familles monoparentales. Par ailleurs, 25% des répondants ont le sentiment de ne pas être bien informé quant à l’alimentation.
 Un lien très significatif a été noté et discuté en comité de pilotage entre la déclaration de dépressivité et celle relative aux problèmes d’alimentation. Plus de 51% des personnes se considérant « trop grosses » déclaraient en même temps un problème de dépression, contre 25% des personnes ne mentionnant pas de problèmes sur le plan de leur rapport à l’alimentation.
Il s’agit de deux composantes de la santé mentale qui traduisent une dérégulation dans le rapport à soi (attention morale) qui accentuent la vulnérabilité des personnes déjà confrontées à des difficultés sociales et/ou familiales.
B. D’après les professionnels
Le constat fait par les acteurs présents et par les professionnels de la restauration scolaire consistait à dire que les enfants auraient une alimentation déséquilibrée : « les fruits sont complètement absents dans certaines familles », « les enfants préfèrent boire des jus de fruit ou des sodas plutôt que de l’eau », « Le matin, il n’y a plus la traditionnelle biscotte avec du beurre, tous les enfants prennent des céréales »… Pour certains acteurs, cette alimentation s’expliquerait par le faible niveau de revenus des familles. En effet, concilier les recommandations d’une alimentation équilibrée avec les petits budgets que les familles doivent gérer au quotidien est difficile. Les familles consomment alors plutôt des produits peu chers, produits qui sont souvent plus gras, plus sucrés et de moins bonne qualité nutritionnelle : coca-cola, chips, gâteaux apéritif, MacDonald … D’autres acteurs expliquent cela par la culture d’origine des familles : « les populations turques ou d’Afrique se tournent plus facilement vers les produits sucrés », « il y a des habitudes alimentaires qui se sont installées ». Enfin, une autre hypothèse d’explication consiste à dire que les produits sucrés ont une fonction « thérapeutique » en ce sens que « le sucre, c’est bon, ça remonte le moral, ça attire,… ». La conséquence est que quelques acteurs ont relevé que certains enfants présentaient une obésité : « on voit de plus en plus d’enfants obèses ».
Une autre conséquence est le mal-être des adolescents vis-à-vis de l’image de leurs corps : « jusqu’à 10-11 ans, les enfants veulent consulter pour leur poids. Mais après c’est fini, les adolescents ne veulent plus être aidés, ils s’enferment, on dirait qu’il y a une rupture avec l’extérieur qui s’opère. L’adolescent n’a pas envie qu’on parle de lui, qu’on lui donne des conseils. D’ailleurs, entre 12 et 15 ans, les jeunes ne viennent plus à l’infirmerie ». La non-fréquentation des cantines scolaires interroge également certains acteurs.
C. D’après les données quantitatives
Les résultats des bilans de santé réalisés par la PMI en 2007 auprès des enfants de 3-4 ans mettent en évidence une sur-représentation des enfants en surpoids ou souffrant d’obésité à Villiers-le-Bel. En effet, les chiffres montrent que 22,1% des enfants vus en bilans de santé à Villiers le Bel présentent un surpoids contre 8% sur Val de France et 5,3% dans le Val d’Oise. De la même façon, on note que 10,8% des enfants de Villiers ayant bénéficié d’un bilan de santé sont atteints d’obésité contre 4,1% à Val de France et 2,5% dans le Val d’Oise.
 Autrement dit, les constats des professionnels et des habitants sont confirmés par les chiffres liés à la petite enfance. Beaucoup s’accordent pour considérer que les actions au niveau de la petite enfance sont parmi les principales qui permettent de réduire les inégalités sociales de santé…(cf. travaux de l’INPES).
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