V. La démarche proposée
Dans ce contexte, la démarche proposée visait à construire un diagnostic partagé et participatif en ce sens qu’il devait permettre à l’ensemble des partenaires (habitants, élus, professionnels…) d’exprimer leurs besoins et de construire collectivement des priorités d’actions. Pour l’Institut Renaudot, l’intervention locale en santé est le fait d’une multitude d’acteurs et de collectifs aux formes juridiques les plus diverses (des institutions de santé, éducatives, culturelles, des professionnels, des élus, des associations, des habitants organisés ou isolés …).
Dans ce contexte, le diagnostic vise d’abord à créer du lien dans la diversité du territoire, à mobiliser les acteurs sur la question de la santé et à construire un socle de connaissances, d’attentes partagées prenant appui sur les réalités du territoire et de ses besoins. Son but est, ensuite, de permettre de déterminer des priorités d’actions et de sortir d’une logique de cloisonnement.
La spécificité de ce type d’approche est de permettre une réappropriation par les acteurs des questions et dynamiques de santé. Il ne peut s’envisager qu’avec l’implication de ces derniers, implication source de pérennité par la suite. Un diagnostic partagé suppose une analyse quantitative et qualitative des ressources (services, acteurs, projets existants, dispositifs…) dans le domaine préventif, curatif, social et psychologique. Cela suppose également de repérer les pratiques de partenariat et de transversalité existantes afin de connaître les potentialités et les freins à la mise en commun. L’analyse des indicateurs socio-sanitaires, économiques, environnementaux, culturels a pour but d'aider à déterminer les besoins. Elle ne peut se faire qu’à partir des données pré-existantes et des besoins ressentis par les différents acteurs.
Il est intéressant pour les acteurs locaux de poursuivre cette analyse par une réflexion sur les indicateurs de santé pertinents et leur production dans la durée, pour se doter d’un « tableau de bord » d’observation des besoins de santé. Les pratiques et les demandes des habitants en matière de santé, éléments centraux d’un diagnostic partagé, supposent une participation effective de la population. Cette participation peut s'engager à partir d'une contribution au recueil d’information, en allant vers la population, elle peut se poursuivre par la négociation des priorités avec les autres acteurs de la santé et à la mise en œuvre de certaines actions. Cette démarche conduit à ne plus envisager les habitants en terme de manque, mais en terme de capacités et à créer les conditions pour qu’ils deviennent acteurs de leur santé. Le recueil des données du diagnostic doit aboutir à la mise en commun de trois approches :
L’analyse des besoins de santé repérés par les indicateurs chiffrés et le point de vue des professionnels,
L’analyse des besoins exprimés par la population elle-même,
L’analyse des réponses existantes et potentielles.
Un diagnostic partagé n’est qu’un moyen de produire de la concertation locale pour aider à la programmation et à la mise en œuvre d’actions de santé. Il faut donc penser le processus de façon pérenne, et prévoir des instances de pilotage et d’action :
un comité de pilotage avec les financeurs potentiels, qui valide et facilite la démarche,
un portage politique de la démarche par des élus qui vont être garants de la démarche,
un animateur ou coordinnateur local pour maintenir la dynamique transversale.
Le diagnostic partagé, au-delà de ses effets de décloisonnement des acteurs et d’apport de connaissances en santé, permet d’initier des actions dans une démarche transversale, planifiée, basée sur des priorités collectivement portées et pertinentes pour le territoire. La dynamique qu’il produit pourrait faciliter l’articulation avec les orientations prises au niveau régional en matière de santé publique.
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